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Savoir interpréter les Lieder et Mélodies de Liszt : André Schuen, baryton, après Cyrille Dubois, ténor

17déc

Le mardi 5 novembre dernier

en mon article  ;

puis le lundi 25 novembre suivant,

en mon article ,

j’ai souligné la délicieuse performance du jeune ténor français Cyrille Dubois _ né en 1985, il a 34 ans _

dans un magnifique récital O lieb ! _ soit le CD Aparté AP200 _, accompagné par l’excellent pianiste Tristan Raës.

Et voici que nous est proposé un nouveau très remarquable CD de Lieder et Mélodies de Liszt,

intitulé Franz Liszt Petrarca Sonnets 47 – 104 – 123 _ le CD Avi-music 8553472 _

par le non moins jeune baryton allemand André Schuen _ né en 1984, il a 35 ans _,

accompagné par le non moins remarquable pianiste Daniel Heide.

Ces deux CDs ont en commun

les Tre Sonetti di Petraca

ainsi que la mélodie française, sur des vers de Victor Hugo, Oh ! Quand je dors.

A cette nuance près qu’André Schuen interprète les deux versions, de 1842-46 et de 1864-82,

de ces Tre Sonetti di Petrarca pour voix et piano

_ Daniel Heide interprétant la version pour piano seul de ces Tre Sonetti di Petrarca, extraites de la Deuxième année : Italie, des Années de pèlerinage, de Liszt ; cf mon article du 27 juin dernier à propos de l’interprétation par Francesco Piemontesi (CD Orfeo C 982 191) de ces mêmes Tre Sonetti di Petrarca pour piano seul : _,

alors que Cyrille Dubois en interprète seulement la première version (de 1846).

Quant à la mélodie Oh ! Quand je dors,

André Schuen en interprète la version de 1842 revisitée en 1859,

alors que Cyrille Dubois en interprète la seconde version, de 1859.

Et voici ce qu’a dit du CD d’André Schuen et Daniel Heide

Maciej Chiżyński en un article sur le site de Res Musica du 14 décembre dernier,

intitulé Tre sonetti del Petrarca de Franz Liszt dans trois versions du compositeur :


Tre sonetti del Petrarca de Franz Liszt dans trois versions du compositeur

 


Une confrontation d’interprétations passionnante,

pour deux très remarquables CDs.

Ce mardi 17 décembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

In memoriam Paul Badura-Skoda (suite)

27sept

Ce vendredi 27 septembre 2019,

Res Musica, sous la plume de Maciej Chiżyńsk,

propose une présentation un peu fouillée

de l’artiste rare qu’a été Paul Badura-Skoda,

qui vient de nous quitter :

Paul Badura-Skoda, l’un des premiers virtuoses du piano-forte au XXᵉ siècle

Paul Badura-Skoda, l’un des premiers virtuoses du piano-forte au XXᵉ siècle



Un passionnant portrait !

Et un très juste hommage…


Cf mon petit article d’hier :

Ce vendredi 27 septembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’inventivité de Johannes Pramsohler

26juin

Sur le site Res Musica,

une intéressante interview de l’inventif Johannes Pramsohler,

JOHANNES PRAMSOHLER, VIOLONISTE POUR SORTIR DES SENTIERS BATTUS

par Maciej Chiżyński


Le violoniste Johannes Pramsohler s’est affirmé ces dernières années comme l’un des instrumentistes les plus inspirés, tout autant que les plus inspirants dans le domaine de la musique baroque. Ayant fondé l’Ensemble Diderot et son propre label, Audax Records _ voilà ! _, il a maintenant la liberté dans le choix du répertoire qu’il voudrait aborder et présenter au public.


« La crise du disque a profondément changé le rapport entre label et artistes. »



ResMusica : Vous avez étudié auprès de grands maîtres du violon, notamment Reinhard Goebel et Rachel Podger. En quoi leur approche est-elle différente ?


Johannes Pramsohler : Je ne suis pas vraiment un « élève » de Reinhard Goebel au sens propre, car je n’ai jamais eu de cours de violon avec lui. J’ai eu la chance de travailler avec lui dans plusieurs projets d’orchestre ; et seulement depuis un an, je suis dans sa classe d’« interprétation historiquement informée » au Mozarteum de Salzbourg. Reinhard part toujours de l’analyse de l’œuvre, et il cherche une « vérité » dans la musique avec une grande passion. Il donne la priorité absolue à la fidélité au texte. L’approche de Rachel Podger est plus spontanée et plus libre. J’avais déjà suivi un cursus en violon moderne, mais je n’ai eu l’impression de vraiment comprendre la technique violonistique qu’au cours de mes années d’étude avec elle. Je suis gaucher, et elle m’a guidé avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité pour acquérir une solide technique de l’archet. Finalement, les deux se ressemblent dans la technique violonistique avec un bras droit parfaitement maitrisé et le poignet bas et contrôlé.

RM : Sur quel violon jouez-vous ?


JP : J’ai la chance de jouer sur le magnifique Pietro Giacomo Rogeri construit à Brescia en 1713, qui appartenait à Reinhard Goebel. C’est un violon avec un spectre harmonique très riche et équilibré qui est mon « partenaire » sur scène depuis maintenant dix ans. Reinhard me dit toujours : « Le violon connaît déjà l’œuvre, maintenant il faut juste que tu le travailles ». (rires) Pour mes projets avec des orchestres modernes, j’ai la chance d’avoir la possibilité de jouer de magnifiques Stradivarius et Guadagnini de la collection de la Royal Academy of Music de Londres.


RM : Vous avez fondé votre propre label. Pourquoi l‘avez-vous fait ?


JP : Généralement, les artistes enregistrent des disques pour laisser une trace ou avoir une « carte de visite ». Pour moi, cela se double d’une envie d’enrichir le répertoire.
La crise du disque a profondément changé le rapport entre label et artistes. Les stratégies de long terme avec des engagements sur plusieurs disques ne sont plus possibles ; et de surcroît, l’artiste doit dorénavant apporter une majeure partie du financement au label. Mes choix artistiques sont de plus difficiles à défendre auprès de directeurs de maisons de disques qui recherchent une rentabilité immédiate _ hélas. Avec Audax Records, j’ai une totale liberté, du programme jusqu’à la pochette, et même le marketing. Et le concept à 360° que nous poursuivons avec l’Ensemble Diderot permet de rester très flexible _ c’est bien.


RM : Quel est l’objectif du label Audax ? Qu’est-ce qui distingue cette étiquette des autres maisons de disques se spécialisant dans le domaine de la musique ancienne et baroque ?



JP :
Audax Records est un label d’artistes. C’est la plateforme d’expression des musiciens de l’Ensemble Diderot _ voilà. Il est géré par nous-mêmes, et chaque projet est construit avec soin et passion. L’objectif principal est d’enrichir le paysage musical avec des enregistrements d’œuvres méconnues voire inédites _ c’est bien ! _ et de proposer des programmes surprenants et toujours aussi un peu « didactiques ». Nous construisons des projets qui sortent des sentiers battus avec une réelle exigence musicale et musicologique, mais nous ne nous adressons pas à une « niche ». Nous nous adressons au public le plus large possible en le guidant vers de nouveaux territoires : la compréhension et l’illustration de l’entourage _ oui _ d’un compositeur connu (comme Bach ou Haendel), une plongée dans la vie musicale d’une ville, d’un pays ou d’une époque, ou encore la connaissance d’un genre musical précis _ soit un élargissement.


« Je ne cherche jamais activement des œuvres inédites : elles me tombent dans les mains ! »



RM : Quels critères choisissez-vous en abordant le répertoire méconnu ? Comment vous procurez-vous les partitions ?


JP : Je m’intéresse beaucoup aux biographies _ oui _ des compositeurs ; et ça m’amène aussi à lire les catalogues des bibliothèques _ c’est bien. J’ai des contacts étroits avec des musicologues du monde entier _ oui _ qui me permettent de trouver des réponses très vite à mes questions. C’est un travail continu qui a pour but de comprendre _ systématiquement, en proifondeur _ un compositeur ou une époque. Je ne cherche jamais activement des œuvres inédites – elles me tombent dans les mains en quelque sorte au cours de mes recherches. Ensuite, une chose mène à la suivante _ voilà ; tout s’enchaîne _ avec toujours de nouvelles idées de programmes.


RM : Combien de temps à l’avance démarrez-vous la mise en œuvre de vos projets discographiques ? Ces projets ont-ils un dénominateur commun ?


JP : La plupart des programmes subissent un temps de « maturation » d’environ cinq ans _ wow ! On commence par une idée et on essaie d’intégrer les œuvres dans nos programmes de concert ; et, peu à peu _ voilà _, le projet discographique se construit. On a beaucoup de projets qui ne voient jamais le jour. Le dénominateur commun est de ne jamais cesser d’être curieux _ oui ! _, ainsi qu’avoir une franche passion _ oui ! _ pour la musique.


Johannes_Pramsohler


RM : Vous trouvez également du temps pour donner des concerts, en solo, et avec l’Ensemble Diderot. Qu’est-ce que vous avec joué récemment ?


JP : Je viens de faire un programme Mozart avec un orchestre symphonique. Un Academie-Konzert comme le faisait Mozart à Vienne dans les années 1780 en mélangeant un concerto, de la musique de chambre, un air de concert, et le tout encadré par les mouvements d’une symphonie. J’aime travailler avec des orchestres « modernes », je trouve important de rester ouvert et curieux, et ces projets m’enrichissent aussi pour mon travail avec mon propre groupe.


À la Royal Academy of Music de Londres, j’ai récemment joué l’intégrale des sonates de Bach. Avec l’Ensemble Diderot, nous sommes en pleine tournée pour le lancement de nos deux disques The London Album et The Paris Album avec des sonates en trio du XVIIe siècle français et anglais.


La tournée de Didon et Énée de Purcell avec une mise en scène de Benoît Benichou se poursuit pour l’Ensemble Diderot qui s’est, pour l’occasion, élargi de son propre chœur. Il sera donné au Festival d’Hardelot, ainsi qu’en tournée sur la saison 2020-2021.


RM : Pourriez-vous nous annoncer vos prochaines activités musicales, et surtout les parutions discographiques ?



JP :
Notre prochain grand projet avec l’Ensemble Diderot est une production scénique de L’Offrande musicale de Bach. Damien Caille-Perret construit une scénographie sensible avec trois immenses écrans, et Pierre Nouvel va créer des vidéos illustrant l’œuvre d’une nouvelle façon, presque « immersive ». On donnera ce spectacle en tournée en Italie, Autriche et France durant l’automne 2019, de même que cinq représentations à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet à Paris en mai 2020.


Sinon on se penchera dans les prochaines années encore sur la musique du XVIIe avec le désir d’approfondir davantage notre connaissance des débuts de la sonate. La musique française ne manquera pas avec notamment un nouvel enregistrement des magnifiques sonates en trio de Leclair _ c’est bien ! Nous commençons également un travail important sur la musique berlinoise du milieu du XVIIIe avec plusieurs projets discographiques.


Crédits photographiques : Portrait 1 © Julien Benhamou ; Portrait 2 © Johannes Pramsohler

Ce mercredi 26 juin 2019, Titus – Curiosus – Francis Lippa

Le beau travail de Johannes Pramsohler _ et des disques Audax (suite…)

02août

Le 28 avril dernier, sur ce blog,

et à propos du CD Audax German Cantates with Solo Violin (le CD Audax ADX 13715),

je rendai déjà hommage au très beau travail _ de musicien comme d’éditeur _ de Johannes Pramsohler _ et les disques tout à fait passionnants ! de sa marque Audax _ :

La superbe entreprise du violoniste Johannes Pramsohler et des disques Audax

Aujourd’hui, 

c’est au tour du site Res Musica,

et sous la plume de l’excellent critique _ à l’ouïe très fine _ Maciej Chiżyński,

de rendre à nouveau, trois mois plus tard, également hommage

et à la firme de disques Audax _ que dirige ce remarquable musicien qu’est Johannes Pramsohler _,

et très précisément à ce même CD German Cantates with Solo Violin (le CD Audax ADX 13715),

par son article CANTATES ALLEMANDES D’AVANT BACH PAR JOHANNES PRAMSOHLER.

Voici d’abord quel était le samedi 28 avril dernier mon article La superbe entreprise du violoniste Johannes Pramsohler et des disques Audax

sur mon blog _ toujours aussi discret sur la page d’accueil Mollat… _ En cherchant bien :

Ce n’est pas le premier CD de la marque Audax qui attire mon attention,

et plus encore me séduit.

Mais il me faut reconnaître qu’avec le CD German Cantates with Solo Violin (le CD Audax ADX 13715) un nouveau palier de perfection de réalisation vient d’être atteint.

Le passionnant programme de ce magnifique CD _ dans le registre de l’intimité d’une foi grave et profonde : voilà ! _ concerne des compositeurs _ décédés en 1697 (Nicolaus Bruhns), 1703 (Johann Christoph Bach I), 1704 (Heinrich Ignaz Franz Biber), 1706 (Johann Pachelbel) et vers 1715 (Daniel Eberlin) _ qui touchent de très près _ sauf peut-être l’autrichien Biber _ la très concrète formation musicale de Johann-Sebastian Bach, né le 21 mars 1685 à Eisenach ; et la ville même d’Eisenach.

Magnifique compositeur, Johann-Christoph Bach I (Arnstadt, 6-12-1642 – Eisenach, 31-3-1703) était le cousin germain de Johann-Ambrosius Bach (Erfurt, 22-1-1654 – Eisenach, 22-1-1695), le père de Johann Sebastian ; ainsi que l’oncle de Maria Barbara Bach (Gehren, 20-10-1684 – Köthen, 7-7-1720), la première épouse de Johann Sebastian.

Johnnn Pachelbel (Nuremberg, 1-9-1653 – Nuremberg, 3-3-1706) fut organiste une année à Eisenach, en 1677, où Daniel Eberlin dirige la musique de la cour du duc de Saxe ; et où il devient l’intime de Johann Ambrosius Bach ; Eisenach qu’il quitta le 18-5-1678, pour Erfurt _ où il va demeurer 12 ans _, et où il est logé par un autre cousin Bach, Johann Christian I (qui décédera en 1782). Le lien est fort entre Pachelbel et les Bach…

Daniel Eberlin (Nuremberg, 4-12-1647 – Kassel, ca 1715) est maître de chapelle à Eisenach de 1689 à 1692.

Quant à Nicolaus Bruhns (1665-1697), élève de Dietrich Buxtehude, sa musique fut très tôt connue et aimée et étudiée de Johann Sebastian Bach…

Seul le rapport entre Johann Sebastian Bach et Biber (1644-1704) demanderait à être davantage éclairci, dans la mesure où leurs chemins _ à la fois géographiques, si je puis dire, et familiaux… _ ne se sont pas croisés.

Bref, un programme aussi passionnant et merveilleux

que magnifiquement interprété,

avec une émotion intense somptueusement perceptible.

Ce samedi 28 avril 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et voici quel est ce jeudi 2 août l’article de Maciej Chiżyński sur le site de Res Musica :

CANTATES ALLEMANDES D’AVANT BACH PAR JOHANNES PRAMSOHLER

CD, Musique d’ensemble

Œuvres de Heinrich Ignaz Franz Biber (1644-1704) ; Johann Christoph Bach (1642-1703) ; Johann Pachelbel (1653-1706) ; Nicolaus Bruhns (1665-1697) ; Daniel Eberlin (1647–vers 1715).

Nahuel di Pierro, basse. Andrea Hill, mezzo-soprano. Jorge Navarro Colorado, ténor. Christopher Purves, basse. Johannes Pramsohler, violon solo et direction. Ensemble Diderot.

1 CD Audax Records.

Enregistré en mars 2017 à l’abbaye Notre-Dame de Fontevraud.

Textes de la notice en anglais, allemand, français et japonais. Durée : 77:40

audaxJohannes Pramsohler, à la tête d’un quatuor de solistes et de l’Ensemble Diderot, rend hommage aux cantates allemandes sacrées pour une ou deux voix, violon et basse continue, écrites par des compositeurs nés avant Johann Sebastian Bach, celui qui perpétua le modèle du genre.

En parlant des enregistrements consacrés aux cantates allemandes élaborées avant que les premières écritures de Bach aient vu le jour, on pense tout de suite à des projets semblables entrepris jadis par les dignes prédécesseurs de Pramsohler : Reinhard Goebel (et à son disque intitulé De profundis, édité chez Archiv Produktion) et Philippe Herreweghe (Deutsche Kantaten, Harmonia Mundi). Si le fondateur et directeur du Musica Antiqua Köln nous fait percevoir une certaine austérité, voire une sècheresse sonore (pas émotive) des pages abordées, mais également l’une des voix de basse les plus envoûtantes de ce répertoire, le chef gantois offre une vision poétique et humaniste des œuvres interprétées en y apportant – par l’intermédiaire de son chœur – de la luminosité et de l’ardeur.

Johannes Pramsohler combine ces deux approches en les enrichissant d’éléments de brio (les nombreux passages pour violon seul) et de couleurs _ voilà. C’est de cette façon que dans les cantates proposées, il cherche (et trouve !) autant de lyrisme que de virtuosité _ oui _, de limpidité narrative que de l’intensité expressive _ absolument. Pour équilibrer ces paramètres, et afin de rendre ces prestations parfaitement cohérentes, il met en lumière la finesse _ oui _ des contours, la douceur _ oui _ des accents et des harmonies, la majesté _ certes _ vocale, de même qu’une bonne dose de ferveur _ oui _ et de tension _ oui _  dramatique, celles-ci résultant particulièrement de la lecture rhétorique du texte et de l’apport émotionnel assuré par les musiciens placés sous sa direction, également ceux du continuo.

En ce qui concerne les solistes, la voix de basse de Nahuel di Pierro, satinée et chaleureuse _ oui _, résonne comme une cloche, par la pureté du timbre et le raffinement des phrasés, et en révélant une profondeur _ absolument _ d’ordre spirituel. Celle d’Andrea Hillse fait remarquer par sa légèreté et la délicatesse _ voilà _ des teintes, celle de Jorge Navarro Colorado se caractérise par la netteté _ oui _ et la fermeté de sa ligne de chant, tandis que celle de Christopher Purves – qui n’apparaît que dans la cantate Laetatus sum pour deux basses, violon, trois altos et basse continue de Biber, pour laquelle il se joint à Nahuel di Pierro – déçoit par son manque de relief et d’engagement _ voir mon commentaire tout à fait concordant de cette remarque ci-dessous. Quand au violon solo (construit en 1713 par Pietro Giacomo Rogeri), Pramsohler fait vibrer ses cordes avec aisance, assurance et beaucoup de sentiment _ c’est décisif _, émerveillant par un jeu brillant et énergique _ oui _, au timbre clair et juteux _ c’est cela _, et orné de nombreuses colorations et humeurs _ parfaitement.

Voici un excitant voyage au cœur du baroque allemand, pour lequel Johannes Pramsohler et ses camarades nous font découvrir quelques raretés méconnues du répertoire. Le résultat est aussi fascinant qu’aiguisant notre appétit _ mais oui ! _ pour plus d’enregistrements, surtout que l’une des pièces présentées ici se voit immortalisée pour la première fois au disque : la cantate Ich will in aller Not de Daniel Eberlin, auteur oublié – officiellement nommé maître de chapelle de la cour ducale d’Eisenach en 1685, l’année de naissance de Bach –, dont on ne connaît même pas la date exacte du décès

Pour, de ma part, ce 2 août,

cette remarque de détail _ tout à fait concordante avec celle de Maciej Chiżyński ! _

à propos de la basse Christopher Purves _ interprète d’Arcangelo, que dirige l’excellent Jonathan Cohen _,

voir mon article tout récent (de samedi dernier, 28 juillet) :

Arcangelo et son chef, Jonathan Cohen : suite…

Pour poursuivre mes éloges de l’Ensemble Arcangelo et de son chef Jonathan Cohen

_ cf mes articles récents du 18 avril, 10 juin et 19 juin derniers :

Un merveilleuxx Magnificat de Jean-Sébastien Bach, par Arcangelo et Jonathan Cohen

Un chef baroque vraiment épatant : Jonathan Cohen à la tête d’Arcangelo

et A nouveau Arcangelo et Jonathan Cohen dans de parfaites Leçons de Ténèbres de Marc-Antoine Charpentier _,

je désire signaler

que ma relative déception _ voilà ! _ à l’égard du CD tout récent Handel’s Finest Arias for Base Voice-2, de l’ensemble Arcangelo et la basse Christopher Purves (un CD Hyperion CDA 68152), enregistré en 2016 et 17, et paru en 2018,

est largement compensée par l’écoute _ bien plus satisfaisante _ du premier volume Handel’s Finest Arias for Base Voice par les mêmes interprètes (CD Hyperion CDA 67842),

enregistré et paru en 2012.

Le contraste résulte

et du vieillissement de la voix du chanteur _ la basse Christopher Purves _,

mais aussi, probablement, du choix du répertoire interprété :

une veine lyrique et tendre _ telle celle de Polyphème dans Acis & Galathée _

lui convenant audiblement mieux qu’une veine un peu plus héroïque…

Ce samedi 28 juillet 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Voilà !

Ce jeudi 2 août 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour en apprendre un peu plus sur Johannes Pramsohler, violoniste et créateur des disques Audax

13mai

Voici déjà quelques temps que j’apprécie les CDs Audax

que publie _ et interprète parfois _ le violoniste italien (du Sud-Tyrol) Johannes Pramsohler :

ainsi les excellents CDs

Bach & Weiss, par Johannes Pramsohler, baroque violin, et Jadran Duncum, baroque lute (Audax ADX 13706),

Handel Works for keyboards, par Philippe Grisvard (ADX 13709),

French Sonatas for Harpsichord and Violin, par Philippe Grisvard et Johannes Pramsohler, violin (ADX 13710)

et German Cantatas with Solo Violin, par Nahuel Di Pierro, basse, Johannes Pramsohler, violon, Andrea Hill, soprano, Jorge Navarro Colorado, tenor, Christopher Purves, basse, et l’Ensemble Diderot (ADX 13715) _ sur ce dernier CD cf mon article du 28 avril dernier : _

Or voici que le site Res Musica vient de publier hier un excellent article sur le double CD Audax 13710 des Sonates françaises pour clavecin et violon, par Philippe Grisvard et Johannes Pramsohler.

Le voici donc _ avec l’ajout de menues farcissures miennes, en vert _ :

 

SONATES FRANÇAISES POUR CLAVECIN AVEC ACCOMPAGNEMENT DE VIOLON

CD, Musique de chambre et récital

Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) : Sonata I en sol mineur ; Sonata VI en la majeur.

Louis-Gabriel Guillemain (1705-1770) : Sonata V en ré majeur ; Sonata VI en sol mineur ; Sonata IV en do mineur.

Jacques Duphly (1715-1789) : « La de Casaubon », « La du Tailly », « La de Valmallette » ; « Ouverture », « La de May », « La Madin ».

Michel Corrette (1707-1795) : Sonata IV en mi mineur.

Claude Balbastre (1724-1799) : Sonata I en sol majeur.

Luc Marchand (1709-1799) : Première suite avec accompagnement de violon en la mineur.

Charles-François Clément (c. 1720-1782) : Sonata I en do mineur.

Philippe Grisvard, clavecin ; Johannes Pramsohler, violon.

2 CD Audax Records.

Enregistré en avril 2016 au SWR Studio Kaiserslautern.

Textes de présentation en français, anglais, allemand et japonais.

Durée : 1:50:23

Le claveciniste Philippe Grisvard et le violoniste Johannes Pramsohler nous présentent, pour leur troisième album enregistré en duo, une dizaine de sonates pour clavecin avec accompagnement de violon, genre en vogue sous le règne de Louis XV, dans les années 1740-1760. En offrant un beau bouquet de compositions méconnues, parmi lesquelles cinq sont des premiers enregistrements mondiaux, cette production est une aubaine _ mais oui ! _ pour tous les admirateurs de la musique d’alors.

L’âge du baroque tardif a vu naître en France un nouveau genre de musique instrumentale _ voilà ! _ : la sonate pour clavecin avec accompagnement de violon. Une telle combinaison d’instruments, sous forme de sonates en trio, avait déjà été proposée par Jean-Sébastien Bach pour son cycle BWV 1014-1019, composé aux alentours des années 1720-1723, pour lequel, cependant, la voix supérieure du clavecin et celle du violon étaient mises sur un pied d’égalité, tandis que pour les sonates françaises, la partie de violon était estimée de moindre importance par rapport au rôle tenu par l’instrument à clavier _ telle est donc la différence…

En parlant de cette innovation, nous pouvons résolument utiliser le terme _ expression plutôt _  de « révolution esthétique » car, jusqu’alors, dans la musique pour plus d’un instrument, que ce soient des sonates ou des suites, l’accompagnement était destiné à être réalisé par le continuo _ voilà. Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville décide – en vue d’explorer de nouvelles manières de s’exprimer – de confier au clavecin aussi bien la basse qu’une voix de dessus, et de les enrichir de « commentaires » donnés par une seconde voix de dessus exprimée par le violon. C’est ainsi qu’il fait publier, en 1740, ses Pièces de clavecin en sonates avec accompagnement de violon. Dans l’avant-propos de ce recueil, il note : « Il y a peut-être plus que de la témérité à donner aujourd’hui de la musique instrumentale au public. On a mis au jour depuis quelques années un nombre si prodigieux de sonates de toute espèce qu’il n’est personne qui ne croie que ce genre est épuisé. Cependant […] je me suis appliqué à chercher du nouveau » _ oui.

D’une part, les sonates de Mondonville présentent une division en trois mouvements empruntée à la sonate italienne ; d’autre part, on y perçoit un certain raffinement des lignes et le culte du détail caractéristiques de la musique française de l’époque _ bien sûr !

Le paysage de la musique de chambre en France fut dès lors changée de manière considérable. D’autres recueils, publiés par les contemporains de Mondonville, lui ont succédé : les Sonates pour le clavecin avec un accompagnement de violon que Michel Corrette fait éditer en 1742, pour lesquelles il affirme qu’elles peuvent être exécutées « sur le Clavecin seul », et celles de Charles-François Clément (1743), pour lesquelles la position du violon est affermie (du moins d’après leur titre : Sonates en trios pour un clavecin et un violon) par rapport à celle du clavecin. En 1745 voient le jour les sonates de Louis-Gabriel Guillemain, pour lesquelles la partie de clavecin, très athlétique, surpasse, du point de vue des difficultés techniques, celle laissée par Mondonville ; puis en 1747 sont publiées les suites de Luc Marchand, dans lesquelles le clavecin se voit rejoint non seulement par le violon, mais également par d’autres instruments ; en 1748 paraissent trois Pièces de Clavecin en Sonates avec accompagnement de violon de Claude Balbastre ; finalement, Jacques Duphly fait sortir, en 1756, son Troisième Livre de Pièces de Clavecin, renfermant six courtes pièces écrites selon le modèle laissé par Mondonville _ cet éclairage historico-musicologique est très intéressant.

Prestations puissantes, élégantes et ciselées

Pour ce qui est des exécutions, Philippe Grisvard et Johannes Pramsohler mènent une conversation galante _ voilà _ qui, malgré un léger manque de théâtralité rhétorique, convient étonnamment au goût français, en s’inscrivant dans la tradition qui consiste à mettre en lumière aussi bien la beauté même de la musique que la richesse des nuances _ oui : un goût français _ dont celle-ci s’accompagne. C’est ainsi qu’on admire la netteté du contour et la maîtrise des ornements (dont la majorité ont été annotés de la main des compositeurs _ c’est à souligner : marquant un tournant d’époque _), de même que l’importance de la mise en valeur de la pulsation _ oui _ et, pour la plupart des mouvements extrêmes, d’une certaine vivacité des tempi. Celle-ci accuse le côté expressif, voire émotif _ oui : anticipant en quelque sorte le moment de l’empfindsamkeit _ de ces partitions, et pourtant, n’affecte pas leur charme ni leur grâce, en y apportant au contraire de la fraîcheur _ très bien.

Pour la plupart des compositions présentées dans cet album, le violon s’implante _ voilà _ au sein du tissu acoustique du clavecin afin de perfectionner la partie de ce dernier, conçue comme un centre de gravité _ voilà _ autour duquel tourne son satellite. Si dans cet enregistrement l’instrument à clavier se caractérise par un geste simple et introverti (ce qui ne veut pas dire qu’il a tendance à se retirer du dialogue), à savoir étudié plutôt que spontané, et équilibré plutôt qu’impératif – en quelque sorte, le contraire de ce que nous propose Christophe Rousset dans sa récente interprétation de la Sonate en sol majeur de Balbastre –, le violon se montre un meneur de jeu éblouissant _ voilà _ de virtuosité (sonates de Mondonville et Guillemain), de poésie (celle de Corrette), de tendresse (celle de Clément) et de douceur (la suite de Marchand et la sonate de Balbastre) _ c’est remarquablement dégagé.

Accordés à une fréquence de 415 Hz, les deux musiciens déploient une belle sonorité baroque, se distinguant par un large éventail de teintes et, surtout pour le violoniste – jouant d’un instrument construit en 1713 par Pietro Giacomo Rogeri, ayant appartenu à Reinhard Goebel à l’époque des plus grands succès de Musica Antiqua Köln – par une articulation agile, précise et, à la fois, élégante _ à la française. Les phrasés « chantants » de Johannes Pramsohler impressionnent autant par la délicatesse et la densité que par la clarté, voire la luminosité du timbre _ mais oui. On doit admettre que cet instrument a trouvé un digne successeur ! _ à Reinhard Goebel…

Voici une belle proposition discographique _ oui _ dont ne peuvent se passer les amoureux de la musique instrumentale baroque _ en un des pans méconnus. En trouvant le plaisir d’écouter les enregistrements offerts par le tandem de luxe Philippe Grisvard-Johannes Pramsohler, il faut espérer que ce répertoire continuera à être exploré.


Merci à Maciej Chiżyński de cette qualité d’écoute,

au service de l’intelligence de sa propre curiosité musicale.

..

Et la passion de la curiosité est immensément féconde.

Et merci à Res Musica.

Ce dimanche 13 mai 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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