Archives du mois de avril 2019

Petite note sur les Delouart-Billac-Laxague du quartier Pocalette à Ciboure : un intéressant document de l’année 1806 (?) à propos des habitants de ce quartier

14avr

Et voici que, poursuivant mes recherches sur les ascendants maternels de Maurice Ravel à Ciboure,

je viens de mettre la main sur un très intéressant document
datant de 1816
_ et non 1806, comme indiqué, pour je ne sais quelles raisons de mauvaise lecture : pourtant Philippe Durut, qui a mis en ligne ce document, m’a assuré, le 23 septembre 2019, de l’authenticité de cette date du 1er janvier 1806 ; j’en déduis que les déclarations orales des personnes ainsi recensées dans le quartier de la rue Pocalette de Ciboure (et tout particulièrement ce qu’ils affirment de leur âge et de leur situation de famille) constituent des éléments encore plus passionnants à décrypter ! _
qui répertorie, maison par maison,
et pour le seul quartier cibourien de Pocalette
_ le reste du document concernant les autres quartiers de Ciboure a été perdu ou détruit _,
les membres, un par un, des familles _ de pêcheurs principalement : la rue Pocalette est la plus proche du quai et du port ! _, qui y étaient alors domiciliées, à la date du 1er janvier.
Or, on peut y découvrir que dans la maison Moutanearguinenia,
résidaient alors
Jacques Billac, 40 ans, marein _ 40 ans est aussi l’âge que celui-ci a déclaré être le sien le jour de son mariage, le 14 septembre 1814 ; Jacques Bilac (sic) est en fait né à Ciboure le 5 septembre 1772 (et il a donc 33 ans révolus ce 1er janvier 1806) ; en fait foi l’ordonnance du roi Louis-Philippe en date du 14 juillet 1838 fixant l’état des pensions et demi-soldes à régler aux anciens marins et personnels de la marine ; cf aussi l’ordonnance du 19 novembre 1840 fixant l’état de la pension de reversion de sa veuve, Marie Delouart (née à Ciboure le 29 juin 1782)… : deux documents capitaux ! _ ;
Marie Deloirte _ c’est-à-dire Delouart, selon l’orthographe la plus courante et qui s’est normalisée _, épouse, 24 ans _ et en effet Marie-Baptiste Delouart est bien née le 29 juin 1782 ; elle a donc 23 ans révolus ce 1er janvier 1806 ; ce qui milite pour le caractère bien effectif de la date du 1er janvier 1806 pour ce recensement du quartier de Pocalette à Ciboure... _ ;
Lasaga Chabadin _ c’est-à dire Sabine Laxague, veuve de Gratien Delouart depuis le 21 août 1798 _, tante _ en fait belle-mère de Jacques Billac ; et mère de l’épouse de celui-ci, Marie-Baptiste Delouart _, 64 ans _ ce qui fixerait la naissance de Sabine Laxague en 1742 : à vérifier, bien sûr, aux archives de Ciboure ! _ ;
Marie, fille _ de Sabine Laxague, et pas de Jacques Billac et de son épouse _, 32 ans _ soit née en 1774 : mais cet âge ne convient pas (pour une différence de dix ans) à la Marie Delouart qui est née le 17 juin 1784, et devient épouse Etcheverry le 17 août 1814 ; et c’est là un indice qui m’avais fait supposer que le recensement avait eu lieu en 1816 plutôt qu’en 1806… _ ;
Marie, fille _ même remarque que pour la précédente _, 25 ans _ ce qui fixe sa naissance en 1781, et ne convient guère pour celle qui est née le 17 août 1786 ; et qui sera épouse Goyenague, le 28 février 1821 _ ;
Jean Deloirte, fils _ lui aussi, de Sabine Laxague et Gratien Delouart ; et donc frère des trois Marie Delouart _, 28 ans _ ce qui fixe sa naissance en 1778 : or notre Jean Delouart est né, lui, le 27 août 1788, et n’aura 28 ans qu’en 1816 (nouvel indice qui m’avait fait pencher pour dater ce recensement de 1816, et non 1806) ; et c’est le 30 août 1823 que notre Jean Delouart épousera Marguerite Larrea, fille de feu Jean Larrea et son épouse Marie Mignagoren : probablement une cousine des Delouart, celle-ci, puisque la sœur de Gratien Delouart (1748 – 1798), Marie-Baptiste Delouart (1746 – 1825), avait épousé Bernard Mignagoren (décédé en 1796), dont il semble, d’après Jean-Noël Darrobers, qu’elle a eu quatre enfants (dont Darrobers n’indique hélas ni les prénoms, ni les dates de naissance…) ; cette Marie Mignagoren, veuve de Jean Larrea (né le 6 octobre 1772 et décédé le 2 septembre 1807), et future belle-mère, en 1823 de Jean Delouart, le mari de sa fille Marguerite Larrea ; et qui a déclaré avoir 50 ans à la date du 1er janvier 1816, et habite maison Jeanotenia, selon le document du recensement nommant chacun des habitants du quartier de Pocalette (elle est née le 30 octobre 1767), pourrait être la fille de Bernard Mignagoren et Marie-Baptiste Delouart (laquelle, née en 1746, décèdera en 1825, âgée de 79 ans), et donc la sœur aînée de Gratien Delouart, feu le père du futur marié de 1823… _ ;
Chabadin _ c’est-à-dire Sabine _, sœur _ mais de qui ? elle est ici documentée sans nom de famille _, 8 ans _ ce qui fixe sa naissance en 1798 si le recensement a bien eu lieu en 1806 (et pas en 1816) ; et si le recensement avait eu lieu en 1816, il pourrait bien s’agir ici de Sabine Delouart, la fille de Marie-Baptiste, née le 11 mars 1809 ; et qui a bien 8 huit ans, en effet, en 1816 ; et c’est elle qui sera, via sa propre fille Marie Delouart (née le 24 mars 1840, et de père à nouveau inconnu), la future grand-mère de Maurice Ravel… _ ;
et Marie-Baptiste Deloirte, fille, 1 an _ si le recensement a bien eu lieu en 18o6, cette enfant serait née en 1805 ; mais elle pourrait ne pas avoir longtemps vécu ensuite ; et on sait combien était très importante alors la mortalité infantile. Au vu de son nom, Delouart et non Billac, ce pourrait être à nouveau une fille née de père inconnu, qu’aurait eue Marie Delouart l’aînée, en dehors de son mariage avec Jacques Billac qui a eu lieu le 14 septembre 1814. Les dates ont une certaine importante pour nous aider à nous repérer un peu dans la chronologie. Et ce n’est qu’après 1816 que Marie Delouart, devenue épouse Billac le 14 septembre 1814, sera mère de plusieurs enfants Billac : une Marie-Baptiste, née en 1817 (et qui décèdera à Ciboure le 17 août 1855) ; une Engrace Billac, née à Ciboure 2 juin 1819 (et qui décèdera le lendemain) ; un Pierre Billac, né en 1821 ; et notre Gracieuse Billac, la future « chère tante Gachuch » de Maurice Ravel : née à Ciboure le 15 mai 1824 et qui décèdera à Saint-Jean-de-Luz, au domicile des Gaudin, 41 rue Gambetta, le17 décembre 1902… Il me faudra contrôler tout cela sur les registres d’état-civil conservés à la mairie de Ciboure…
Mais on peut aussi constater _ et c’est aussi bien intéressant ! _ que les noms des résidents, en 1806 _ ou 1816 ? cela reste difficile à trancher… _, des maisons de ce quartier cibourien de Pocalette
sont pour nous des noms déjà rencontrés dans notre recherche des parentés cibouriennes de la famille maternelle (les Delouart) de Maurice Ravel :
les Larrea, Etcheverry, Casaubon, Anchochury, Hiriart, Murgui, Halzouet, Mignagoren, Etcheto, Fortala, Desparmet, Dupuy, Diharce, Passicot, Goyenague, Cigarroa, Chourito, Duhart, Curutchet, Lafitte, Hirigoyen, Naguille, Halty, etc.
Ce sont des voisins et des proches ;
et on comprend qu’ils aient pu assez souvent se marier entre eux.
À suivre…
Ce dimanche 14 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Superbe et indispensable coffret « Vers le Nord » de l’intégrale de l’oeuvre pour clavier de Bach, par le toujours parfait Benjamin Alard

13avr

Le volume 2 _ en un coffret de 4 CDs _ de l’intégrale _ qui débute _

de l’oeuvre pour clavier(s)

de Johann Sebastian Bach,

tient déjàn toutes les promesses du volume premier,

sous les doigts véloces et justes

du superbe Benjamin Alard

_ en ce coffret Harmonia Mundi HMM 902453.56 de 4 CDs.


Parmi cette initiation _ magistrale ! _ du jeune Bach

au Stylus fantasticus

des maîtres de l’Allemagne du Nord,

Buxtehude et Reincken,

je veux mettre l’accent à la fois

sur le 3ème CD tout entier :

un choix de 16 chorals,

où intervient le soprano merveilleusement souple et chantant

de Gerlinde Sämann ;

et aussi

à la place réservée,

soit à des œuvres, soit à des adaptations par le jeune Bach, d’œuvres

de Dietrich Buxtehude,

mais encore de l’immense Johann Adam Reincken (1643 – 1722) ;

en l’occurrence le grandiose choralfantasie An Wasser flüssen Babylon,

dans le CD n°2,

ainsi que le tendrissime adagio d’après une sonate de Reincken, dans le CD n°4

_ Reincken, un génie musical bien trop méconnu…

Voici dès maintenant un indispensable !


Ce samedi 13 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Les trois Marie Delouart : nouvelles précisions sur les parentés cibouriennes de Maurice Ravel au XIXème siècle

12avr

Voici une nouvelle suite au feuilleton de mes recherches sur les parentés cibouriennes de Maurice Ravel :
En fonction de la poursuite de mes recherches, et surtout de ce que je ne cesse d’y découvrir (!!),
 
j’ai remanié mon quatrième article
sur la parenté cibourienne de Marie Delouart (1840-1917), la mère de Maurice Ravel ;
et ses cousinages cibouriens (les Delouart, Billac, Goyenague, Larrea, Cerciat, Etchepare, etc.) _ sur lesquels ma recherche est en cours…
Cette fois, je me suis penché plus précisément sur la grand-mère de Marie Delouart-Ravel, Marie-Baptiste Delouart (Ciboure, 29 juin 1782 – Ciboure, 28 août 1855),
d’abord mère célibataire de Sabine Delouart, née le 11 mars 1809 à Ciboure ; puis épouse de Jacques Billac, marin (le mariage a lieu à Ciboure le 14 septembre 1814) ;
ainsi que sur sa _ seconde _ sœur cadette _ et grand-tante de Marie Ravel-Delouart _, Marie Delouart (Ciboure, 17 août 1786 – Ciboure, après 1756 _ et peut-être en 1872 : à vérifier _), épouse de Michel Goyenague, marin (leur mariage a eu lieu à Ciboure, le 28 février 1821) _ soit la troisième de la fratrie des quatre enfants de Gratien Delouart et Sabine Laxague ; peut-être faut-il en adjoindre un cinquième, si l’on suit Jean-Noël Darrobers : Baptiste-Jean Delouart…    

...
Mais voici maintenant que je viens de découvrir qu’existe aussi _ ou plutôt encore _ une troisième sœur Delouart nommée elle aussi Marie-Baptiste Delouart,
fille des mêmes parents Gratien Delouart et Sabine Laxague, à Ciboure _ et la seconde dans l’ordre de naissance de ces trois sœurs _ ;
et que cette Marie-Baptiste Delouart-ci (la  seconde des trois, en fait) fut une épouse Etcheverry !!! :
le mariage avec Jean Etcheverry, marin _ fils naturel, le 6 août 1786, de la cibourienne Gana Curutchet _, lui aussi, et cibourien, eut lieu à Saint-Jean-de-Luz, et non pas à Ciboure _ alors que tous deux étaient cibouriens ! _ le 17 août 1814 _ pour quelles raisons Jean Etcheverry et son épouse Marie-Baptiste Delouart furent-ils dès lors domiciliés à Saint-Jean-de-Luz, et non plus Ciboure, je l’ignore. Mais ce fait constitue peut-être la raison pour laquelle cette Marie-Baptiste Delouart-là (la seconde des trois) est restée à l’écart de l’attention des chercheurs qui se sont penchés sur les ancêtres Delouart de Maurice Ravel ; ainsi, aussi, que des flottements et confusions concernant les dates de naissance des diverses filles de Gratien Delouart et Sabine Laxague, comme je l’ai constaté, sans en comprendre immédiatement les raisons, au début de mes propres recherches… 
Et quant au frère _ du moins le premier de deux _ de ces sœurs nommées toutes les trois Marie _ ou Marie-Baptiste _ Delouart, Jean Delouart (né à Ciboure le 27 août 1788, et décédé à Ciboure en 1872 _ sans plus de précision jusqu’ici : à rechercher ! _), marin, fils et petit-fils de marins,
il a épousé, lui, Marguerite Larrea
_ née à Ciboure le 18 décembre 1798, fille de Jean Larrea, marin, né à Ciboure le 6 octobre 1772 (lui-même fils de Jean Larrea, marin, et Marguerite Lafitte), et de Marie Mignagoren, née à Ciboure le 30 octobre 1767 (elle-même fille de Jean Mignagoren, marin, et de Marie Daguerre) ;
j’ignore à ce jour quel est le lien de parenté de ce Jean Mignagoren (et de sa fille Marie Mignagoren), avec Bernard Mignagoren, décédé en 1796, l’époux de Marie-Baptiste Delouart (née à Ciboure en 1746 et décédée à Ciboure en 1825), la sœur aînée de Gratien Delouart _ mais oui ! _, et qui fut mère de quatre enfants Mignagoren, dont parle Jean-Noël Darrobers en son article de 1987… ; les quatre enfants Mignagoren (Jean-Noël Darrobers n’indiquait hélas pas leurs prénoms dans l’article !) issus de cette Marie-Baptiste Delouart (1746-1825) et Bernard Mignagoren, étaient cousins germains des (quatre _ au moins _) enfants issus de Gratien Delouart (1748-1798) et Sabine Laxague… : la généalogie des Mignagoren au XVIIIème siècle demande elle aussi à être mieux établie ! _,
à Ciboure, le 30 avril 1823.
Mais, alors que pour Saint-Jean-de-Luz, sont accessibles à distance par le web, les actes civils de naissance, de mariage et de décès,
pour Ciboure, sont pour le moment accessibles seulement les actes civils de mariage _ l’accès aux actes de naissance et décès à Ciboure est exclusivement par la consultation des archives d’état-civil conservées à la mairie de Ciboure.
Dans les actes civils de mariage de deux des sœurs nommées Marie Delouart _ la seconde et la troisième _,
celui du 17 août 1814 (à la mairie de Saint-Jean-de-Luz), avec Jean Etcheverry, marin,
comme celui du 28 février 1821 (à la mairie de Ciboure), avec Michel Goyenague, marin,
la mariée, nommée les deux fois Marie Delouart,
est aussi indiquée les deux fois comme étant la fille de Gratien _ ou Gracien _ Delouart et Sabine Laxague…
Mais c’est aussi le cas pour le mariage le 14 septembre 1814 (à la mairie de Ciboure) de la première Marie-Baptiste Delouart avec Jacques Billac.
Telle est ma source décisive pour démontrer l’effective complète sororité de ces deux Marie Delouart-là _ ainsi qu’avec leur sœur aînée, l’ancêtre de Maurice Ravel.
La Marie-Baptiste Delouart, épouse _ le 17 août 1814 à Saint-Jean-de-Luz _ puis  veuve _ le 15 novembre 1841 à Saint-Jean-de-Luz _ de Jean Etcheverry ;
qui résidait à Saint-Jean-de-Luz _ rue Serpente au N° 10, lors des naissances de ses deux premiers enfants, Jean-Baptiste (le 15 juin 1815) et Marie (le 21 juin 1817) ; rue Serpente, mais au N° 7, lors des naissances de ses deux enfants suivants, Charles (le 12 août 1819) et Jean (le 22 février 1822) ; et enfin rue Neuve au N° 19, lors de la naissance de la seconde Marie (le 20 novembre 1824 _,
et qui y décède _ au 30 rue Neuve _ le 3 janvier 1742 à l’âge de 57 ans
_ sa naissance remontait à lannée 1784, le 17 juin native de Ciboure, elle est, elle aussi, fille de Gratien Delouart et Sabine Laxague ;
et devient mère, le 20 novembre 1824 à Saint-Jean-de-Luz, de Marie Etcheverry (laquelle épousera à Saint-Jean-de-Luz le 27 août 1851 le luzien Bernard Dargaignaratz, maître au cabotage, né à Saint-Jean-de-Luz le 17 juin 1815, et fils de Martin Dargaignaratz, officier de marine) ; mais auparavant, le 21 juin 1817, lui était née, à Saint-Jean-de-Luz aussi, une première Marie Etcheverry (qui épousera à Saint-Jean-de-Luz le 10 novembre 1846, Jean-Baptiste Hiriart, né à Saint-Jean-de-Luz le 10 avril 1816, qui sera tonnelier ; et, via leur fils, Dominique Hiriart, né à Saint-Jean-de-Luz le 28 janvier 1849, il se trouve que Jean-Baptiste Hiriart et Marie Etcheverry sont les grands-parents paternels de Magdeleine Hiriart (née à Saint-Jean-de-Luz le 11 mars 1875), la future épouse de Charles Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 19 novembre 1875 – Bimbo, au Congo français, 12 septembre 1910), l’aîné des sept enfants Gaudin-Bibal de la maison située au n° 41 de la Grand’Rue – rue Gambetta, à Saint-Jean-de Luz : cette Magdeleine Hiriart-Gaudin que Maurice Ravel nomme « ma chère cousine«  en sa lettre de condoléances du 8 octobre 1910 pour le décès de son mari… _,
n’est ni la Marie-Baptiste Delouart _ mère de Sabine Delouart, la grand-mère maternelle de Maurice Ravel _ qui épouse à Ciboure le 14 septembre 1814 Jacques Billac, marin ;
ni, non plus, la Marie Delouart qui épouse à Ciboure le 28 février 1821 Michel Goyenague, marin.
Je note que les deux mariages,
Delouart-Billac (à Ciboure, le 14 septembre 1814)
et Delouart-Etcheverry (à Saint-Jean-de-Luz, le 17 août 1814)
eurent lieu à même pas un mois d’intervalle…
Non seulement la vraisemblance implique qu’il s’agissait là bien évidemment de deux sœurs, et pas de la même personne ! 
Mais nécessite aussi de l’admettre, l’indication que ces deux Marie-Baptiste Delouart sont, toutes deux _ nées à Ciboure, la première le 29 juin 1782, et la seconde le 17 juin 1784 _, semblablement filles de Gratien Delouart et Sabine Laxague
_ de même que la troisième sœur nommée elle aussi Marie Delouart, la mariée lors du mariage Delouart-Goyenague du 28 février 1821 à Ciboure ; née, elle, à Ciboure le 17 août 1786 ;
et qu’est fils de Gratien Delouart et Sabine Laxague, leur frère Jean Delouart, le marié lors du mariage Delouart-Larrea à Ciboure, le 30 août 1823 ; né, lui, à Ciboure le 27 août 1788.
Et donc que celle qui épouse _ à Saint-Jean-de-Luz le cibourien _ Jean Etcheverry
ne peut pas être la mère de Sabine Delouart et de Gracieuse Billac.
Marie Etcheverry,
née à Saint-Jean-de-Luz le 20 novembre 1824 _ du mariage des cibouriens (mais désormais domiciliés à Saint-Jean-de-Luz, rue Serpente) Jean Etcheverry et Marie-Baptiste Delouart, la seconde des filles ainsi prénommées au sein de la fratrie des quatre enfants (du moins ceux clairement répertoriés que j’ai pu repérer ; il faut aussi tenir compte de Baptiste-Jean Delouart, le benjamin de la fratrie) de Gratien Delouart et son épouse Sabine Laxague _,
et épouse, à Saint-Jean-de-Luz le 27 août 1851, de Bernard Dargaignaratz, maître au cabotage,
ne peut donc pas être la sœur ou la demi-sœur de Sabine Delouart _ née à Ciboure le 11 mars 1809 _ et de Gracieuse Billac _ sa date de naissance à Ciboure est encore incertaine : en 1819 ? _ ;
non plus que la sœur ou la demi-sœur des enfants Simon, Jacques et Marie Goyenague _ nés à Ciboure successivement les 21 novembre 1821, 16 octobre 1823 et 26 juillet 1827.
Elle est seulement leur cousine germaine.
De même qu’est aussi, forcément leur cousine germaine, la propre sœur de cette Marie Etcheverry-Dargaignaratz, nommée elle aussi Marie Etcheverry, qui épouse à Saint-Jean-de Luz, le 10 novembre 1846, Jean-Baptiste Hiriart (10 avril 1816 – 24 septembre 1859), tonnelier _ fils d’Etienne Hiriart (Saint-Jean-de-Luz, 13 mai 1784 – Saint-Jean-de-Luz, 10 août 1823), cordonnier, et de Françoise Berduqueu (Bidart, 5 juillet 1789 – Saint-Jean-de-Luz, 12 mai 1864) ; et petit-fils de Michel Hiriart (1744 – 23 février 1814), également cordonnier, et de Marie Duhamel.
Si les actes civils disponibles à distance par le web sont précis pour la naissance de la troisième des sœurs Delouart prénommée Marie, et épouse Goyenague : elle est née à Ciboure le 17 août 1786,
ils le sont moins pour sa sœur aînée Marie(-Baptiste),
d’abord mère célibataire de Sabine Delouart, à Ciboure le 11 mars 1809 ; puis épouse, à Ciboure, de Jacques Billac, marin, le 14 septembre 1814 ;
et en cet acte de mariage, la mariée est dite âgée alors de 32 ans ; ce qui ferait remonter sa naissance à 1782 _ et de fait elle est née le 29 juin 1782
Or dans mes notes, j’ai retrouvé que j’avais bien indiqué pour sa date de naissance cette date du 29 juin 1782.
Ce qui donne pour les naissances, à Ciboure, des quatre enfants _ ceux clairement répertoriés, du moins _ de Gratien Delouart et Sabine Laxague,
comme indiqué dans divers actes civils, dans chacun de leurs quatre cas ; et ce qui permet de les distinguer opportunément d’autres (cousins) Delouart de Ciboure, issus, eux, de la branche aînée de la famille, comme l’indique Jean-Noël Darrobers en ses articles de 1987 et 1997 :
_ le 29 juin 1782, pour Marie-Baptiste Delouart _ la sœur Marie Delouart n° 1  : la grand-mère, via sa fille Sabine Delouart, de la mère de Maurice Ravel ; et qui est aussi, après son mariage avec Jacques Billac, la mère de Gracieuse Billac, la future marraine de Maurice Ravel (et sa « chère tante Gachoucha ») : et nous trouvons ici le lien basique du compositeur avec les Bibal-Gaudin de Saint-Jean-de-Luz, chez lesquels Gracieuse Billac est gouvernante (ou « domestique« )… _ ;
_ le 17 juin 1784, pour Marie Delouart, épouse Etcheverry _ la sœur Marie Delouart n°2 : la mère des deux luziennes Marie Etcheverry, la future épouse Hiriart et la future épouse Dargaignaratz ; les références à la seconde branche (Dargaignaratz, puis Zozaya) de ces descendantes des Delouart semblent absentes de la Correspondance de Ravel ; ce qui n’est bien sûr pas le cas pour la première (Hiriart), même si Maurice Ravel ne précise pas la nature et l’histoire de ce cousinage avec Magdeleine Hiriart-Gaudin… _ ;
_ le 17 août 1786 pour Marie Delouart, épouse Goyenague _ la sœur Marie Delouart n°3 : la mère de Simon Goyenague, le futur « parrain », lui, de Maurice Ravel _ ;
_ et le 27 août 1788, pour leur frère Jean Delouart _ guère de référence non plus de ce côté-là dans la Correspondance du compositeur, via ses enfants Sabine Delouart (née à Ciboure le 24 juin 1825, et épouse, à Ciboure, de Bernard Cerciat, le 12 août 1852) ; Marie Delouart (née à Ciboure le 30 juin 1827, et épouse de Guilhen Etchepare, à Ciboure, le 21 décembre 1853) ; et Jean Delouart (âgé de 28 ans le jour de son mariage, à Ciboure, le 13 novembre 1861, avec Dominique Etchepare, sœur de Guilhen). 
Connaître leurs descendances respectives serait assurément fort intéressant !
Et un arbre généalogique précis de la descendance _ issue de Gratien Delouart et son épouse Sabine Laxague _ des Delouart de Ciboure du XIXème siècle
serait précieux pour éclairer ces parentés cibouriennes _ peu visibles et méconnues _ de Maurice Ravel…
...
Marie-Baptiste Delouart, veuve Billac, est décédée le 28 août 1855, à Ciboure ;
Marie-Baptiste Delouart, veuve Etcheverry, est décédée le 3 janvier 1742, à Saint-Jean-de-Luz ;
Marie Delouart, veuve Goyenague, est décédée à Ciboure après le 23 avril 1856 (où elle assiste, à Ciboure, au mariage de son fils Jacques Goyenague, marin, avec Catherine Larrea _ fille du marin cibourien Martin Larrea, mort noyé en rade de Socoa, le 4 avril 1841, et de son épouse Silvestre Chourito _) ; et ;
Jean Delouart, époux de Marguerite Larrea _ née à Ciboure le 18 décembre 1798 et décédée à Ciboure le 30 septembre 1844 ; elle était la fille de Jean Larrea, marin (né à Ciboure le 6 octobre 1772, et décédé le 2 septembre 1807) et de Marie Mignagoren (née à Ciboure le 30 octobre 1767)… _, est décédé, lui, à Ciboure en 1872 _ sans plus de précision non plus jusqu’ici : à établir précisément ! _, au domicile d’une des ses filles (laquelle ? Sabine, épouse Cerciat ? ou bien Marie, épouse Etchepare ? ou une autre ?), veuve et mère de quatre enfants
_ Bernard Cerciat, l’époux (à Ciboure, le 12 août 1852) de Sabine Delouart (elle est née à Ciboure le 24 juin 1825 ; mais j’ignore la date et le lieu de son décès), est décédé le 9 mars 1868 : son épouse Sabine Delouart est donc alors veuve ;
mais de leurs quatre éventuels enfants Cerciat, je n’en ai jusqu’ici identifiés que deux :
Jean-Baptiste Cerciat, né à Ciboure le 20 septembre 1854 (et décédé à Ciboure le 26 novembre 1914 ; avec plusieurs descendants, dont Marianne, Jean-Vincent et Marie-Louise Cerciat) ;
et Jean Cerciat (né à Ciboure le 19 avril 1859 ; avec lui aussi plusieurs descendants, dont Elina, Raymond et Andrée Cerciat, nés à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie…) ; j’ignore pour le moment qui sont les deux autres enfants de Sabine Delouart et Bernard Cerciat… _ ;
quant à Guilhen Etchepare, marin, l’époux (à Ciboure, le 21 décembre 1853) de Marie Delouart (elle est née à Ciboure le 30 juin 1827), il a péri en mer, et sa veuve a touché une pension de reversion : mais tout cela demeure à préciser… _ ;
et dans la misère, selon ce qu’en a écrit Jean-Noël Darrobers.
Les Delouart, les Billac, les Goyenague, les Etcheverry, les Larrea, les Cerciat, les Etchepare, les Anchochury : soit le tout premier cercle des familles cibouriennes alliées aux Delouart et Mignagoren _ de la branche cadette des Delouart à Ciboure :
Marie-Baptiste Delouart (1746-1825), la sœur aînée de Jean Delouart (1748 – 1798), avait  épousé un Bernard Mignagoren (décédé en 1796), dont elle eut 4 enfants, nous a aussi appris Jean-Noël Darrobers, en son bel article Marins et corsaires, les ancêtres de Maurice Ravel, dans le numéro 22 de la revue Ekaina, en 1987…
Mais quid
de Sabadin Quinior
ou d’Eslonta Maicourné
que Maurice Ravel évoque _ ces noms proviennent de ce que lui dit alors sa mère : phonétiquement…parmi ses cousinages cibouriens
avec les Anchochury et les Goyenague,
en sa lettre _ importante pour nous par là ! _ à Marie Gaudin du 22 juin 1911,
à la page 266 de la Correspondance réunie par Manuel Cornejo ?
Je poursuis ma recherche.
Ce vendredi 12 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Kristian Bezuidenhout : aussi magnifique dans Haydn que dans Mozart !

11avr

Les sonates pour piano de Mozart par Kristian Bezuidenhout

étaient merveilleuses d’alacrité

en même temps que d’élégance et de vie.


Quelle miraculeuse justesse !


En bien,

le premier volume de ses sonates pour piano de Josef Haydn (Hob.XVI: 6, 20 & 48) par lui

_ le CD Harmonia Mundi HMM 902273 _

sont tout aussi miraculeuses

de joie !

 

Et je me retrouve à nouveau cette fois

du même avis que Jean-Charles Hoffelé

en l’article de son blog Discophilia, du site Artamag,

intitulé Caprices et rêveries.

CAPRICES ET RÊVERIES


Son cycle Mozart achevé, Kristian Bezuidenhout rend une visite à Haydn dont on espère les mêmes prolongements, car dès l’entre-deux de l’Allegro moderato de la Sonate en ut mineur, tout est dit : la fantaisie jusqu’à l’étrange, le sens des notes qui se disent à demi, les ponctuations plus suggérées qu’assénées, tout un vocabulaire subtil qui est celui du sentiment plutôt que l’humeur.

Et quel phrasé, quelle conduite articulée, quelle précision dans la diction du clavier tout au long de l’Andante : affaire de pianiste, certainement, mais d’instrument aussi : le Paul McNulty d’après Walter & Sohn (1805) si goûté par Viviana Sofronitzky, est vraiment une merveille dont le jeu élégant et précis de Kristian Bezuidenhoutépouse chaque subtilité.

C’est Haydn qui en sort grandi, à force de tendresse et de fantaisie, jusque dans le choix des arpèges et des ornements qui se varient selon les œuvres pour le sentiment comme pour le langage : la Partita en sol, œuvre de jeunesse, éclate d’une vitalité impertinente.

Les deux merveilles sont gardées pour la fin, les deux mouvements si contrastés de la Sonate en ut sont saisissants sous les doigts du jeune homme, avec leur caractère d’improvisation capricieuse, et les Variations en fa mineur regardent vers le Sturm und Drang derrière leurs charmes. Magique. Vite, la suite.


LE DISQUE DU JOUR












Franz Joseph Haydn (1732-1809)


Sonate en ut mineur, Hob. XVI:20
Variations en sol majeur sur le thème « Gott erhalte Franz, den Kaiser », Hob. I:430
Partita (Divertimento) en sol majeur, Hob. XVI:6
Sonate en ut majeur, Hob. XVI:48
Variations en fa mineur, Hob.XVII:6

Kristian Bezuidenhout, pianoforte

Un album du label harmonia mundi HMM902273

Photo à la une : le pianofortiste Kristian Bezuidenhout – Photo : © Marco Borggreve

Ce jeudi 11 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Nathalie Castagné à la Compagnie des auteurs sur France-Culture : précieuses précisions sur la vie de Goliarda Sapienza

10avr

En avant-première à la parution prochaine

de mon propre entretien avec Nathalie Castagné

hier à 18 heures au Studio Ausone,

mercredi 3 avril dernier,

à l’émission La Compagnie des auteurs, sur France-Culture,

et à l’occasion de la très marquante publication, ce mois de janvier 2019,

des merveilleux Carnets de Goliarda Sapienza,

a eu lieu un très riche et très éclairant entretien de Nathalie Castagné

avec Matthieu Garrigou-Lagrange

à propos de la vie _ très riche et fort diverse, kaléidoscopique même : en archipel… _ de Goliarda Sapienza.

Son écoute (de 56′) est passionnante.

Et en complément de ce podcast,

voici aussi une très remarquable interview de Nathalie Castagné

pour Un dernier jour avant la fin du monde,

en date, elle, du 24 décembre 2015 :

Interview de Nathalie Castagné


Nathalie Castagné est écrivain et traductrice de l’italien. Elle est l’auteur de L’Harmonica de cristal (Seuil) et, sous le pseudonyme d’Eilahtan, de Perséphone (récit poétique, La Différence) et Sebastian ou la perdition (La Différence).
Entre essais, poèmes et romans, elle a traduit plus d’une trentaine d’ouvrages ainsi que des livrets d’opéra. Comme vous l’avez compris, l’œuvre de Goliarda Sapienza est entre ses mains _ oui : on ne saurait mieux dire ! _, et c’est à ce sujet qu’Un dernier livre avant la fin du monde a eu le plaisir de l’interroger…


Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs en quelques lignes ?


*Méditerranéenne, mais liée à l’Europe centrale (ma mère était polonaise), j’ai eu le sentiment de trouver pleinement ma terre en me mettant à chanter, vers dix ans. Ma première passion a ainsi été pour le chant lyrique, que l’écriture a fini par supplanter, après des années de division entre ces deux chemins, l’un et l’autre nécessaires et vitaux. J’avais fait entretemps un peu de philosophie et beaucoup de séjours en Italie, qui ont commencé à m’en apprendre la langue, déjà pratiquée, parmi d’autres, dans le chant.

Vous êtes à la fois écrivain et traductrice, par quoi avez-vous commencé ? Est-ce la traduction qui vous a poussée vers l’écriture ou l’inverse… ?

*J’ai commencé par l’écriture, plus de quinze ans avant de faire la moindre traduction (autre que scolaire…). Traduire a été pour moi le fruit du hasard, puis a plus ou moins relevé du mariage de raison, à l’exception de quelques grandes aventures comme L’Art de la joie.

Les textes que vous traduisez sont-ils toujours une demande d’éditeurs ?

*Oui, à l’exception d’un autre livre qui me semblait lui aussi m’être en quelque sorte destiné, La Virgilia, de Giorgio Vigolo. Pour celui-là, finalement publié aux éditions de La Différence en 2013, j’ai cherché un éditeur pendant bien deux ans. Mais dans des cas de moindre nécessité intérieure, j’ai le plus grand mal (et même une véritable incapacité) à me proposer.

En tant que traductrice êtes-vous avant tout rattachée à des maisons d’éditions ou à des écrivains ?

*Ni aux uns ni aux autres ; mais la seule fois où il m’a fallu choisir – pour Goliarda Sapienza justement -, c’est l’écrivain qui l’a emporté.

Comment avez vous découvert Goliarda Sapienza ? L’Art de la joie est-il le premier texte que vous avez lu d’elle ?

*Oui, L’Art de la joie est le texte par lequel j’ai découvert Goliarda Sapienza. Voici comment les choses se sont passées : à la fin de 2003, on (c’est-à-dire Frédéric Martin, qui à l’époque y travaillait) m’a appelée des éditions Viviane Hamy, pour qui j’avais déjà fait quelques traductions, et quelques notes de lecture, pour me demander si je pouvais lire un livre déniché par Waltraud Schwarze, une célèbre agente allemande, livre qui avait à peu près tout contre lui (très long, passé inaperçu lors de sa publication dans son pays d’origine, œuvre d’une femme morte depuis plusieurs années), mais qui ne ressemblait à rien de connu et qui était susceptible d’intéresser Viviane. J’ai accepté et, au début janvier 2004, j’ai commencé à lire, et lu quasiment d’un trait, le roman, à la fois survoltée de découvrir quelque chose d’aussi prodigieux et inquiète à l’idée que le livre pourrait ne pas tenir la distance. Et j’ai été totalement convaincue de la nécessité de réparer l’injustice subie par ce roman _ voilà ! _ en lui offrant la chance d’une nouvelle publication – fût-elle en langue et pays étrangers _ et ce fut un imense succès ! aux répercussions mondiales…

Comment décririez-vous Goliarda Sapienza à travers son œuvre et, par la suite, le témoignage d’Angelo Pellegrino ?
Qu’est-ce qui vous a le plus touchée/marquée dans son œuvre/sa vie ?

*Singulière, libre, irréductible… _ oui _ et parfois immensément fragile (mais jamais faible). Ce sont ces traits par lesquels je la décrirais qui m’attirent dans sa personne. Elle peut se fourvoyer, mais n’a pas de petitesse _ c’est très important. Et son sens poétique – et cosmique – me frappe _ oui _, alors qu’elle se réclame du matérialisme _ celui d’Epicure et Lucrèce, qu’a traduits Angelo Pellegrino. De même, quelque chose de rare résulte du mélange, chez elle, de rationalité revendiquée et de passion.
Mais je ne peux oublier, dans son œuvre et sa vie, alors confondues, la façon dont elle s’est coupée de tout (tout le superflu et l’extérieur, bien sûr), dont elle a renoncé à tout _ oui _, pour mener à bien l’entreprise de L’Art de la joie. Et il me faut bien dire que ce sont d’abord des pages de ce livre – sa première Partie en entier ; les retrouvailles avec Carmine, ensuite ; les toutes dernières pages du roman – qui me viennent à l’esprit si l’on me demande ce qui m’a le plus marquée de ce qu’elle a écrit. Mais peut-être aussi parce que c’est par là que je l’ai connue…
Quant à ce qui me touche le plus dans sa vie, c’est le fait qu’à cause des refus éditoriaux répétés, notamment de L’Art de la joie, elle ait quasiment cessé d’écrire, et vécu ce qui l’avait rendue justement triomphante – son accomplissement artistique le plus profond sans doute – comme la mise au monde d’un enfant mort-né _ d’où l’idée proprement géniale d’Angelo Pellegrino de lui offrir, en 1976, ces carnets, afin que, sans la moindre visée de publication, simplement pour elle-même, de temps en temps, et à sa simple inspiration ou fantaisie, elle continue à écrire quelque chose ; à l’écart de l’idée même d’œuvre…

Comment expliquez-vous l’enthousiasme que son œuvre est capable de déclencher ?

*Par le fait que, loin de l’idée selon moi aberrante des “êtres de papier”, Goliarda Sapienza met sa chair et son sang _ rien moins ! voilà _ dans les personnages qu’elle crée – je préfèrerais dire : qui lui viennent _ oui et s’imposent à sa vision-transcription d’eux. Et dans ceux qu’elle ressuscite (ceux de la “vie réelle”), par l’engagement _ intense et calme, dominé, à la fois _ de son écriture, également. C’est du reste ce trait-là que j’aurais dû citer comme étant celui qui m’enthousiasme moi-même (mais… qui m’enthousiasme, plutôt que me marquer ou me toucher).

Comment expliquez-vous le refus des éditeurs italiens de publier L’Art de la joie pendant près de vingt ans ?

*Par le scandale que la première partie quasi sadienne du roman (avec inceste, matricides, homosexualité, masturbation…) a dû _ leur _ inspirer _ quant à la visée de publication en vue de tel et tel lectorat envisagé-escompté… _, mais aussi par l’indifférence souveraine de Goliarda à ce qui se faisait, à ce qui “doit se faire”, en littérature également _ oui : les normes lui indiffèrent ; ou même elle les exècre ! Ajoutons à cela, peut-être, qu’elle était assurément ingérable, chose peu appréciable pour un éditeur… Et aussi qu’au bout d’un moment, elle-même n’y a plus cru ; ses tentatives, s’il y en avait encore, devaient être vidées d’énergie.

Comment s’est passée sa première publication en France aux éditions Viviane Hamy ?

*A la suite de l’envoi de ma note de lecture, Viviane a immédiatement décidé de publier le livre. A peine la traduction terminée, la première page du roman, avec la photo de Goliarda jeune qui allait l’illustrer en couverture, a été envoyée à divers libraires, critiques, etc. Le livre entier, en épreuves, a dû aussi être envoyé à un certain nombre de gens, avec l’avance voulue pour leur donner la chance de lire quelque chose d’aussi long, avant la fournée écrasante de la rentrée littéraire, à laquelle L’Art de la joie allait participer. Bref, le feu _ éditorial _ a pris et a été entretenu _ par l’énergique et dérerminé Frédéric Martin _ sans relâche. Et au moment de la parution, le succès _ auprès tant des libraires, des médias, que des lecteurs _ a été fulgurant _ voilà. Il a très vite fallu faire des tirages en plus de ce qui était prévu…

Comment s’est faite la collaboration avec Le Tripode par la suite ?

*Frédéric Martin, qui avait quitté les éditions Viviane Hamy, et créé sa propre maison d’édition, a pris, selon le souhait d’Angelo Pellegrino, la suite de la publication de l’œuvre de Goliarda Sapienza. Le désir d’Angelo et de Frédéric était que j’en continue la traduction, je me sentais moi-même attachée _ voilà _ à cette œuvre et à celle _ Goliarda _ qui l’avait sortie des profondeurs d’elle-même (sans parler des liens d’amitié qui s’étaient créés autour de l’aventure et de l’événement de L’Art de la joie) : et c’est ce qui l’a emporté, ainsi que je vous l’ai dit, dans une situation conflictuelle qui m’a profondément navrée, car j’étais attachée à Viviane aussi.

Lettre ouverte et Le fil de midi, deux textes rassemblés dans Le fil d’une vie pour l’édition française _ aux Éditions Viviane Hamy _, sont beaucoup plus morcelés, chaotiques, que ses autres récits _ ultérieurs _ autobiographiques. La période à laquelle ils ont été écrits (crise existentielle, psychanalyse) peuvent l’expliquer ; peut-on dire qu’ils sont le terreau, désordonné, des textes qui ont suivi (plus fluides et construits, plus distanciés aussi) ?

*Je pense – comme je l’ai écrit dans la préface au volume qui les rassemble – qu’ils sont pour une part le terreau de L’Art de la joie, ce que j’ai appelé son archéologie ; en revanche ils ne me semblent pas être celui des textes autobiographiques qui ont suivi, ceux d’après le roman, qui ont plutôt sans doute bénéficié de la décantation _ voilà _ inhérente à l’énorme travail de transmutation de l’œuvre de fiction _ et la puissante libération de l’imageance de Goliarda.

Peut-on dire que L’Art de la joie, seul texte fictionnel de Goliarda Sapienza, est une forme d’aboutissement de ses récits autobiographiques ?

*S’il faut s’en tenir à la chronologie, on ne peut pas le dire, puisque la plupart de ces récits autobiographiques sont postérieurs à L’Art de la joie. Cet unique “vrai” roman – chargé d’éléments de la vie de Goliarda, mais les débordant et les transmuant – serait plutôt l’autre versant du premier grand projet qu’elle avait conçu, celui qui devait réunir – et qui j’espère, un jour, réunira – ses divers récits autobiographiques sous le titre d’Autobiographie des contradictions.

Existe-t-il beaucoup de textes encore inédits en Italie ? En France ? (Est-ce des textes autobiographiques ? Des poèmes ?)

*Il reste, inédits en France, un recueil de poèmes, Ancestrale, un recueil de courtes nouvelles, Destino coatto, le Journal, ou les Carnets, de Goliarda, publié en deux volumes en Italie (Il vizio di parlare a me stessa et La mia parte di gioia), mais qui seront peut-être _ ce fut bien le cas _ rassemblés en un seul en France – c’est à cette traduction que je travaille actuellement –, un dernier roman autobiographique, mais dont le personnage central n’est pas Goliarda, Appuntamento a Positano, la correspondance _ a priori bien intéressante ! _  et enfin le théâtre, mais pour ce dernier, j’ignore si le Tripode a l’intention de le publier.
En Italie, la correspondance va bientôt paraître, je pense. Le théâtre, je ne sais pas. Il me semble que tout le reste de l’œuvre a paru ou reparu chez Einaudi, sauf – pour l’instant en tout cas – Lettera aperta et Il filo di mezzogiorno, sans doute encore disponibles dans d’autres éditions, et qu’on ne peut donc leur “reprendre”.

*

Merci à Nathalie Castagné pour sa collaboration et pour avoir fait traverser _ oui ! _ l’œuvre de Goliarda Sapienza au-delà des frontières italiennes, à commencer par celle de la langue.

Nathalie Castagné, ou la passeuse de Goliarda.


Post-scriptum :

Nathalie Castagné est aussi la traductrice d’un livre splendide, éblouissant dans sa profonde minutieuse justesse, et qui m’a personnellement beaucoup marqué, Petit Guide sentimental de Venise _ c’est-à-dire Venezia ritrovata… _, du vénitien Paolo Barbaro : le plus beau livre qui existe pour découvrir vraiment _ à pied dans les calli, et en bateau sur les canaux et parmi la lagune…la vraie Venise.

Cf la série de mes cinq articles _ d’août à décembre 2012 _ de déambulations vénitiennes,

lors de ma participation au colloque Un Compositeur moderne né romantique : Lucien Durosoir (1878 – 1955), en février 2011, au Palazzetto Bru-Zane :

Et Nathalie est aussi la traductrice en français des premiers romans _ dont La Première extase _ de mon amie romaine Elisabetta Rasy.

Sur Elisabetta à Rome,

cf mon article du 22 février 2010 :   ;

article dans lequel j’ai inséré le texte (de 2004) de ma lecture _ enchantée ! _ d’Entre noustexte que j’avais intitulé Sur les chemins de la présence : tombeau de Bérénice avec jardin.

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