Archives du mois de avril 2024

Comparer deux approches discographiques de la « Schéhérazade » Op. 35 de Rimsky-Korsakov : celle, symphonique bien sûr, d’Antonio Pappano, et celle, pianistique (parce que transposée), de Florian Noack…

25avr

En mon article «  » du 15 avril dernier, je faisais un peu étrangement l’impasse sur l’apport propre de son tout dernier très beau CD « Florian Noack – I tanna be like you – The Pianos Transcriptions« , le très remarquable CD La Dolce Volta LDV 121 _ enregisré à Mons du 3 au 6 janvier 2023 _ dont m’avait tout spécialement littéralement enchanté la transcription _ de Florian Noack, comme pour toutes les pièces proposées en ce CD… _ de la « Schéhérazade » Op. 35 de Nikolai Rimsky-Korsakov, au point que j’étais allé dénicher en ma discothèque personne l’interprétation, assez époustouflante, déjà, de Fritz Reiner…

Aussi la lecture hier 24 avril de l’enthousiaste article de Jean-Charles Hoffelé, intitulé « Cauchemars et rêves« , consacré au tout récent CD « Rimsky-Korsakov – Shéhérazade – Mussorgsky – Night on Bald Mountain – Original versions of 1867 & 1880« , soit le CD Warner Classics 5054097933691 _ enregistré à Rome aux mois d’octobre 2014, mai 2019 et août 2022 _, m’a-t-elle très vivement incité à aller y jeter un peu plus qu’une oreille… 

CAUCHEMARS ET RÊVE

Claudio Abbado le premier réfuta l’efficace vêture dont Rimski-Korsakov avait assagi la vision de Moussorgski _ en « La Nuit sur le Mont Chauve«  Fatalement, Antonio Pappano se sera souvenu de cet acte fondateur, est-ce trop d’écrire qu’il y surclasse _ tiens, tiens ! _ son glorieux ainé ?

Non, ce sabbat est simplement inouï _ voilà _, tout le génie du compositeur de Khovanchtchina y éclate sous cette baguette hallucinée _ voilà _, les Romains se surpassant pour la précision, l’élan, le caractère _ voilà _ : écoutez comme les pupitres attaquent, comment les timbres fusent, écoutez la précision des rythmes, l’échelle dynamique si variée.

Antonio Pappano arde cette première version, et grave à sa suite la scène de l’Acte II de La Foire de Sorotchintsi, l’ultime opéra resté inachevé et orchestré avec brio par Vissarion Chebaline : Gritsko y voit en rêve le Sabbat infernal mené par Tchernobog, idéalement incarné par Dejan Vatchkov, Dieu noir tonitruant qui préside aux déchaînements sataniques menés grand train par les chœurs romains….

Dans ce tumulte, Antonio Pappano parvient à faire entendre l’inspiration fantasque des nouvelles ukrainiennes de Nicolas Gogol, tour de force qui se prolongera au long d’une splendide lecture de Schéhérazade _ de Rimsky-Korsakov, en 1888 _ où le sous-texte des Mille et une nuits transparaît dans le violon diseur de Carlo Maria Parazzoli, dans l’orchestre empli de paysages et d’actions mené grand train, capté par une prise de son d’anthologie _ et ce n’est pas là un simple point de détail, bien entendu…

Spectaculaire _ c’est le mot !

LE DISQUE DU JOUR

Nikolai Rimski-Korsakov
(1844-1908)


Schéhérazade, Op. 35*


Modeste Mussorgski
(1839-1881)


Une nuit sur le mont Chauve (version originale, 1867)


Une nuit sur le mont Chauve (version 1880, adaptée en 1930 par Vissarion Shebalin, avec basse et chœur, d’après une scène de « La Foire de Sorotchintsi »*)..;

*Carlo Maria Parazzoli, violon solo
**Dejan Vatchkov, basse
**Coro dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia

Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia
Antonio Pappano, direction

Un album du label Warner Classics 5054197933691

Photo à la une : le chef d’orchestre Sir Antonio Pappano – Photo : © DR

Je ne suis pas un familier de la musique russe, et ce n’est pas non plus au répertoire de la musique symphonique que va ma prédilection, mais à une musique un peu plus intimiste…

Et c’est ainsi que, assez étrangement pour la plupart des mélomanes, ma préférence va décidément à la transposition pour piano seul _ de Florian Noack lui-même _ de cette « Schéhérazade » Op. 35 de Nikolaï Rimsky-Korsakov si merveilleuseent distillée _ et avec quelle divine sensualité ! _ par le piano subtil de Florian Noack _ sur ce stupéfiant CD-ci de Florian Noack, jeter ce coup d’œil-ci à l’article « Madeleines » de Jean-Charles Hoffelé en date du 5 avril dernier ; et voici ce que celui-ci disait de cette « Schéhérazade«  de Florian Noack : « Paul Gilson avait brillamment transcrit la Schéhérazade de Rimski-Korsakov. Qu’à cela ne tienne, Florian Noack affiche crânement sa propre lecture, débordée de couleurs, et emplie d’un érotisme qui fait entrer l’imaginaire de l’orchestre dans l’admirable Steinway – aigus sans clairon, medium argenté, basses toutes en timbres – si bien capté par Martin Rust« 
Bien sûr c’est là, cette préférence _ et je l’admets fort bien _, une position très paradoxale, qui juge d’abord et surtout mon goût…
Ce jeudi 25 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

De nouveau un excellent article, sur ResMusica, sur le magnifique CD « Wagner In the Shadows » de cet exceptionnel interprète qu’est Michael Spyres : un disque-culte ! Sur la genèse cachée, idéalement servie, de l’idiosyncrasie d’un compositeur d’exception…

24avr

Comme venant à la rescousse des précédents articles consacrés à ce très beau CD Erato 5054197879821 « Wagner – In the Shadows » de l’extraordinaire Michael Spyres, avec ici Les Talens lyriques dirigés par Christophe Rousset _ cf, à propos de ce magique CD, mes articles «  » du 29 mars 2024,

« «  du 13 mars 2014,

et «  » du 5 mars 2024…  _,

voici encore, ce mercredi 24 avril, un très judicieux article de Charlotte Sauneron, intitulé « Les influences de Richard Wagner selon Michael Spyres« , sur le site de ResMusica  :

Les influences de Richard Wagner selon Michael Spyres

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Peu importe le manque de lisibilité du marketing mis en place pour défendre ce projet de Michael Spyres sur Wagner : c’est un disque culte _ oui ! absolument !.. _ qui est entre nos mains.

Et pourtant, s’il y a bien une démarche artistique que le principal protagoniste de ce disque en la personne de Richard Wagner aurait détesté _ en effet ! _, c’est bien celle que Michael Spyres initie aujourd’hui dans cet enregistrement intitulé « In the Shadows ». C’est seulement en lisant la note de présentation rédigée par le ténor que l’acquéreur de ce disque cerne le fil conducteur de cette proposition : sortir de l’ombre les prédécesseurs de Richard Wagner (d’où le titre !), ceux l’ayant influencé. La suffisance et l’aura du compositeur a longtemps masqué l’apport de nombre de ses prédécesseurs _ voilà ! _, à un point tel que cette programmation musicale est particulièrement intéressante pour deux raisons : par la démonstration de ces filiations étonnamment convaincante _ oui ! _ et par l’originalité et la qualité des ouvrages présentés _ et c’est stupéfiant, en effet _ offrant un large éventail totalement cohérent _ oui.

Une histoire du chant en dehors des sentiers battus _ voilà qui est très juste et va à l’essentiel de ce projet et cette réalisation !

Le récital est donc construit chronologiquement _ oui _, des œuvres françaises du début du XIXe siècle (Joseph d’Etienne Méhul) au récit du Graal (Gralserzähling) de Lohengrin. Intelligemment, le lien entre ces pièces trouve sa genèse dans les répertoires des premiers interprètes wagnériens de l’époque _ voilà _, le ténor Josepf Tichatschek en tête. Avant une analyse de la technique compositionnelle du chant, c’est d’abord une analyse de la carrière des chanteurs de Wagner que Michael Spyres a entrepris _ c’est très juste.

Avec Joseph _ de Méhul _, c’est le rapport au théâtre qui sera transformé pour un Wagner admirant cette intégration idéale de l’orchestre dans le déroulement du drame _ voilà. Pour cet air du rôle-titre, « Vainement Pharaon, dans sa reconnaissance…Champs paternels », c’est l’occasion pour Michael Spyres d’offrir une ligne de chant d’une pureté remarquable _ oui _, soutenue par un legato velouté _ oui _ et une diction impeccable _ absolument.

Le héros _ Florestan, de « Fidelio » _ de Beethoven fait ensuite son apparition avec l’air « Gott ! Welch Dunkel hier !… In des Lebens Frühlingstagen » sous les impulsions dramatiques de la direction de Christophe Rousset qui met en exergue la couleur profonde et la majesté d’interprétation des Talens lyriques. Pour Michael Spyres, Florestan, par son registre dramatique, « représente le prototype du heldentenor wagnérien » _ voilà _ que l’on retrouvera dans l’ario de Pollione « Meca all’altar di Venere » de Norma _ de Bellini (piste 8). Là encore, la variété d’intentions du chanteur est admirable tant par sa puissance que par sa majestuosité _ oui. On retrouve ensuite l’écriture du « baryténor » et son mélange de dramatisme et de virtuosité (quelle cadence sur près de trois octaves dans l’air de Leicester « Della cieca fortuna un tristo esemio » extrait d’Elisabetta, regina d’Inghilterra _ de Rossini!) que l’interprète a défendu dans un précédent disque,

De Meyerbeer (air du Crociato « Suona funerea » _ in Il Crociao in Egitto _) l’orchestration cuivrée, de Weber (air de Max « Nein, länger trag’ ich nicht die Qualen, Durch die Wälder, durch die Auen » extrait de l’opéra Der Freischütz) le surnaturel des apparitions de Zamiel avec un Michael Spyres particulièrement engagé et ardent, d’Auber (air de Masaniello « Spectacle affreux ! O Dieu ! Toi qui m’as destiné » de La Muette de Portici) le grand opéra français retranscrit en allemand…

La souplesse de la voix du ténor met en lumière un trésor lyrique  _ oui !! _ avec l’air d’Heinrich « Der Strom wälzt ruhig seine dunklen Wogen » extrait d’Agnes von Hohenstaufen de Spontini (dans sa version initiale en allemand). Superbe lamento sombre par les couleurs des vents, la douceur des intonations belcantistes et l’éloquence de la déclamation d’un ténor à son apogée _ tout cela étant d’une parfaite justesse. Ce parcours pré-wagnérien se termine avec une autre découverte _ oui _, l’opéra Hans Heiling d’Heinrich Marschner où Michael Spyres finit de démontrer son adaptabilité sans pareille – dans un récital qui reste toutefois irréalisable sur scène – dans un phrasé exemplaire.

Le chant selon Wagner

La fougue des Talens Lyriques, dans ses vagues orchestrales comme dans ses silences, porte un Michael Spyres inspiré dans cet univers fantastique des Fées (air d’Arindal « Wo find ich dich, wo wird mir Trost ? ») où le jeune Wagner s’inscrit dans les codes en respectant la forme usuelle de l’époque : récitatif accompagné, aria et strette finale. Sa singularité s’affirmera dans son Rienzi (air de Cola Rienzi : « Allmächt’ger Vater, blick’ herab ! ») avec des intentions vocales qui évoluent dans une profondeur et une résolution appréciables, l’intensité de son chant trouvant son éclat _ splendide _  dans le dernier air de ce récital avec Lohengrin (« Mein lieber Schwan !). Pour ces deux derniers airs, Les Talens Lyriques se caractérisent par leur subtilité et leur délicatesse, autant dans l’équilibre et la fusion des pupitres, que dans leurs couleurs et la texture instrumentale _ oui. Il n’y a pas à dire, Michael Spyres est prêt cet été pour _ la scène de _ Bayreuth !

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« In the Shadows ».

Œuvres d’Etienne Méhul (1763-1817), Ludwig van Beethoven (1770-1827), Gioachino Rossini (1792-1868), Giacomo Meyerbeer (1791-1864), Carl Maria von Weber (1786-1826), Daniel Auber (1782-1871), Gaspare Spontini (1774-1851), Vincenzo Bellini (1801-1835), Heinrich Marschner (1795-1861), Richard Wagner (1816-1883).

Michael Spyres, ténor. Julien Henric, ténor. Jeune chœur de Paris (chef de chœur : Marc Korovitch). Les Talens lyriques, direction musicale : Christophe Rousset.

1 CD Erato. Enregistré en décembre 2022 à la Salle Colonne à Paris.

Notice de présentation en anglais, français et allemand.

Durée : 84:49

Un disque culte, oui, vraiment !

Ou la genèse idéalement servie de l’idiosyncrasie d’un compositeur d’exception…

Ce mercredi 24 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quelques précisions sur les 7 dédicataires des 6 pièces du « Tombeau de Couperin » de Maurice Ravel : une sublime oeuvre de résilience

23avr

Il n’est pas aisé de trouver des indications biographiques précises _ lieu et date de naissance ainsi que de décès _ concernant les 7 dédicataires _ tous décédés au champ d’honneur, durant la Grande Guerre _, des 6 pièces du « Tombeau de Couperin«  _ pour piano à deux mains _ de Maurice Ravel (Ciboure, 1875 – Paris, 1937), composées entre avril 1914 et 1917 :

Jacques Charlot (1885-1915) pour « Prélude« ,

Jean Cruppi (1892-1914) pour « Fugue« ,

Gabriel Deluc (1883-1916) pour « Forlane« ,

les frères Pierre (1878-1914) et Pascal (1883-1914) Gaudin pour « Rigaudon« ,

Jean Dreyfus (1896-1917) pour « Menuet« 

et Joseph de Marliave (1873-1914) pour « Toccata« …

Les voici donc :

Jacques Louis Albert Charlot : Paris 17e, 13 septembre 1885 – Col de la Chapelotte (Meurthe-et-Moselle), 3 mars 1915 ;

Jean Louis Cruppi : Paris, 17 novembre 1892 – Messines (Belgique), 4 novembre 1914 ;

Jean Marie Gabriel Deluc : Saint-Jean-de-Luz, 1er octobre 1883 – Souain-Perthes-lès-Hurlus (Marne), 15 septembre 1916 ;

Léon Pierre Justin Gaudin : Saint-Jean-de-Luz, 7 février 1878 – Oulches-Hurtebise (Aisne), 12 novembre 1914

et Pascal Victor Gaudin : Saint-Jean-de-Luz, 31 janvier 1883 – Oulches-Hurtebise (Aisne), 12 novembre 1914 ; 

Jean Dreyfus : Sao Polo, 13 décembre 1896 – Rancourt (Somme), 14 octobre 1917 ;

Joseph Marie de Marliave : Toulouse, 16 novembre 1873 – Senon (Meuse), 24 août 1914.

« Le Tombeau de Couperin » : une sublime œuvre de résilience _ de la part d’un athée pas du tout pessimiste, aimant profondément le cadeau de la vie :

cf ces mots très justes de Michael Hopcroft à propos précisément du caractère non triste du sublime « Tombeau de Couperin« … : « When asked why his piece wasn’t as somber as much of the memorial music produced in the aftermath of the Great War, Ravel is reported to have said: « The dead have sorrow enough« . Ravel was mourning the deaths of his friends, but also grateful that they had lived at all. Which may be why this music is so sprightly and optimistic« 

Ce mardi 23 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sur un trés réussi panorama sur cinq siècles de musique à Florence (entre 1250 et 1750), un bienvenu judicieux aperçu de Frédéric Muñoz sur ResMusica…

22avr

Comme à la rescousse du plaisir que j’exprimais le 3 avril dernier en mon article «  » à propos du double CD « « , l’album Ramée 1206,

voici que l’excellent Frédéric Muñoz développe un très intéressant aperçu sur ce superbe et passionnant double album Ramée 1206 en son article « Splendeurs musicales à Florence du Moyen-Âge au Baroque, par La Morra et Theatro dei Cervelli » de ResMusica en date d’avant-hier samedi 20 avril :

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Accompagnant un livre du même titre d’Anthony M. Cummings consacré à l’âge d’or de la musique à Florence, ce double CD est le reflet sonore idéal pour appréhender cette riche période qui a duré cinq siècles.

Deux ensembles spécialisés dans ces répertoires, La Morra et Theatro dei Cervelli, en compagnie du claviériste Francesco Corti, proposent grâce à cette anthologie lumineuse et variée, un passionnant voyage dans le temps.

L’album réhabilite quelque peu l’importance qu’a pu avoir Florence dans l’Histoire, en particulier celle de la musique. En effet ce centre culturel est d’avantage célèbre pour les humanistes ou les savants tels Machiavel ou Galilée _ ou pour la peinture… Pour autant, l’art musical occupe lui aussi _ en effet _ une place d’importance puisque cette ville est aussi le berceau du madrigal de la Renaissance _ ou du moins l’un d’entre eux _, de l’opéra _ idem _ et du piano _ du moins son invention. Cinq siècles de musique sont ainsi suggérés et représentés en une grande évocation _ voilà _, permettant en même temps de suivre l’évolution du style musical _ très divers ! _ au cours de ce demi-millénaire.

Le premier CD nous plonge dans l’ambiance vocale de la dernière période du Moyen-Age correspondant au XIIIᵉ siècle. C’est une musique dédiée à l’église avec divers chants issus de la tradition grégorienne et d’autres plus spécifiques de l’art florentin. La plupart sont anonymes, mais certains compositeurs émergent dont Francesco Landino ou Andrea da Firenze. Le début de la Renaissance apporte de nouvelles manières de disposer la musique, notamment la polyphonie qui s’installe _ voilà ! _ à la fois pour des œuvres instrumentales ou vocales. Les anonymes sont toujours représentés aux côtés de musiciens tels Alexander Agricola ou Henricus Isaac. La suite de cette période se situant en plein XVIᵉ siècle apporte un cadeau de grande valeur que fit Florence _ mais pas seulement elle… _ au monde musical : le madrigal. Le disque nous en offre plusieurs et on remarque au passage les noms de compositeurs qui ont fait la gloire de cette période, le plus célèbre étant Alessandro Striggio.

La fin du premier CD voit le début de l’ère baroque qui occupe également le second CD. L’auditeur retrouve là un style plus familier sous divers aspects de situations (Église, Théâtre, Palais). On entend de grands maitres comme Girolamo Frescobaldi _ le ferrarais _, Antonio Brunelli ou Francesco Feroci. Aux côtés des musiques vocales et instrumentales, la musique pour clavier prend une place importante grâce à la présence d’instruments prestigieux : les orgues à l’église et divers clavecins dans les lieux plus profanes. Quelques anonymes sont encore représentés. Le programme s’achève avec diverses pièces pour orgue de Domenico Zipoli, célèbre compositeur jésuite qui partit au Paraguay _ oui ! Et il y mourut _ évangéliser « en musique ».

Deux ensembles nourrissent ce programme par des sonorités vocales et orchestrales des plus raffinées _ oui. La captation sonore dans deux acoustiques distinctes apporte une variété dans les ambiances, ce qui rend l’écoute apaisante. L’ensemble Theatro dei Cervelli est enregistré en Italie à l’église Sainte-Marie de Cortona, là même où se trouve un magnifique orgue historique du XVIIᵉ siècle que Francesco Corti fait sonner avec beaucoup d’élégance _ et de perfection du jeu. Ces œuvres au clavier font apparaitre des thèmes récurrents dont ceux de La Monica ou du Ballo del Granduca. L’ensemble la Morra lui, a été enregistré en Suisse à l’église St-Leodegar de Möhlin. Ces deux ensembles, complètement informés des divers styles successifs qui ont rythmé ces nombreux siècles offrent au mélomane une anthologie de référence _ voilà ! _ dans la connaissance de l’univers musical florentin. Les directions inspirées et éblouissantes de Corina Marti, Michal Gondko et Andrés Locatelli _ ainsi que le jeu du magnifique Francesco Corti ! _ font de cette album une grande réussite _ tout à fait.

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Musiques de l’âge d’or à Florence (1250-1750) : Compositeurs de la fin du Moyen-Age, de la Renaissance et de l’ère baroque.

Ensemble La Morra, direction : Corina Marti et Michael Gondko ; Ensemble Theatro dei Cervelli, direction : Andrés Locatelli ; Francesco Corti, clavecin Tony Chinnery (2005) et orgue Cesare Romani (1613) de l’église Sainte-Marie de Cortona (Italie).

2 CD Ramée.

Enregistrés en octobre 2022 et en janvier 2023.

Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée totale : 2:41:57

Un double album Ramée passionnant.

Ce lundi 22 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

D’un Rigaudon l’autre : d’une interprétation pleine de vitalité du « Rigaudon » pour orchestre du « Tombeau de Couperin » M 68a (de 1919) par John Wilson et son Sinfonia of London, à la recherche d’une aussi excellente interprétation du « Rigaudon » des « Six Pièces pour piano deux mains » M 68, de Maurice Ravel…

21avr

Mon article d’hier samedi 20 avril «  » dont m’a tout spécialement touché _ regarder ici la vidéo de cet extrait… _ le « Rigaudon » preste, intense et subtil (M 68a, de 1919) tel que donné dans le CD Chandos CHSA 5324 « Ravel – Berkeley – Pounds – Orchestral Works« ,

m’a incité à rechercher quelle interprétation _ au disque _ de la pièce originale (M 68) pour piano seul de ce « Rigaudon« -là de Ravel, orchestré plus tard, en 1919, pourrait procurer une similaire vitale joie d’écoute.

À cette fin,

je viens, ce dimanche matin 21 avril, de procéder à une écoute comparative de 18 interprétations que j’ai réussi à dénicher dans le désordre des CDs de ma discothèque personnelle de ce « Rigaudon » pour piano à deux mains (M 68) ;

dont voici les interprètes, ainsi que les références discographiques :

_  1) Robert Casadesus in double CD Classics MH2K _ enregistré à New-York en décembre 1951 : 3′ 10 ; écoutez-ici : peut-être ma version ancienne préférée ! Quelle vie, et quel chic !
_  2) Marcelle Meyer in coffret EMI Classics 0946 384699 2 6 _ enregistré à Paris en mars 1954 : 3′ 07
_  3) Walter Gieseking in double CD Warner Classics 0190 295 7755063 _ enregistré à Londres en mars 1954 : 3′ 10
_  4) Samson François in coffret Erato 0190 295 651 473 _ enregistré à Paris en 1957 ou 1958 : 2′ 36
_  5) Samson François in coffret Erato 0190 295 651 473 _ enregistré à Monte-Carlo en juin 1967 : 2′ 27 ; écoutez-ici, et c’est splendide !
_  6) Vlado Perlemuter in CD Nimbus NI 5011 _ enregistré à Birmingham en août 1973 : 3′ 20
_  7) Yvonne Lefébure in CD FY FYCD 018 _ enregistré à Paris en janvier 1975 : 2′ 35

_  8) Jean-Yves Thibaudet in coffret Decca 478 3725 _ enregistré à Amsterdam en mars 1991 : 3′ 03
_  9) Dominique Merlet in double CD Bayard Musique 308 631.2 _ enregistré en 1991 : 3′ 07
_  10) Alice Ader in CD Fuga Libera FUG 592 _ enregistré en 2002 : 3′ 47
_  11 ) Jean-Efflam Bavouzet in double CD MDG 604 1190 – 2 _ enregistré en janvier 2003 : 3′ 10 ; écoutez-ici, c’est très bien !

_ 12) Alexandre Tharaud in double CD Harmonia Mundi HM 901 811.12 _ enregistré à Paris en avril 2003 : 3′ 02 ; écoutez-ici, c’est tout à fait superbe !
_ 13 ) Roger Muraro in double CD Accord 476 0942 enregistré en mai 2003 : 3′ 11

_ 14) Steven Osborne in double CD Hyperion CDA 47731/2 _ enregistré à Londres en septembre 2010 : 3′ 01 ; écoutez-ici, c’est magnifique ! 
_ 15) Bertrand Chamayou in double CD Erato 08256 460 2681 enregistré à Toulouse en 2015 : 3′ 06 ; écoutez-ici, c’est vraiment excellent !

_ 16) Clément Lefebvre in CD Evidence EVCD 083 enregistré à Hardelot en avril 2021 : 3′ 25 : écoutez ici, ce n’est pas mal du tout !
_ 17) Philippe Bianconi in double CD La Dolce Volta LDV 109.0 _ enregistré à Metz en avril 2022 : 3′ 00

_ 18) Martin James Bartlett in CD Warner Classics 5054197896804 _ enregistré à Londres en mars 2023 : 3′ 05 : écoutez-ici ce preste et dansant Rigaudon

Quel bel hommage à Pierre et Pascal Gaudin, les deux beaux-frères (décédés, au front, le 12 novembre 1914) de Magdeleine Hiriart-Gaudin, la cousine, mais oui !, de Maurice Ravel _ cf mon article «  » du 17 août 2022… 

Réussir à bien attraper le naturel si subtil, intense, fluide et moiré de Ravel est assurément difficile…

S’en approcher est déjà un bonheur !

Et revoir maintenant la vidéo de l’extrait plein de vitalité de ce « Rigaudon » (de 1919) par John Wilson et son orchestre…

Et encore, en forme de bonus à cet article-ci,

écoutez aussi ici (24′ 32) l’orchestation des Six Pièces pour piano à deux mains réalisée _ pour la Fugue et la Toccata, restées non orchestrées par Ravel lui-même, par Zoltan Kocsis… _ par Zoltan Kocsis en un complet « Tombeau de Couperin » pour orchestre,

et dirigé ici par lui à la tête de l’Orchestre Philharmonique National Hongrois ; disponible en un CD Hungaroton Classic 10286 paru en 2003 :

quelle extraordinaire œuvre ! C’est vraiment très très beau !

Ce dimanche 21 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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