Comparer deux approches discographiques de la « Schéhérazade » Op. 35 de Rimsky-Korsakov : celle, symphonique bien sûr, d’Antonio Pappano, et celle, pianistique (parce que transposée), de Florian Noack…
25avr
En mon article « Approfondir le piano de Florian Noack via sa discographie, en commençant par ses très beaux Lyapunov… » du 15 avril dernier, je faisais un peu étrangement l’impasse sur l’apport propre de son tout dernier très beau CD « Florian Noack – I tanna be like you – The Pianos Transcriptions« , le très remarquable CD La Dolce Volta LDV 121 _ enregisré à Mons du 3 au 6 janvier 2023 _ dont m’avait tout spécialement littéralement enchanté la transcription _ de Florian Noack, comme pour toutes les pièces proposées en ce CD… _ de la « Schéhérazade » Op. 35 de Nikolai Rimsky-Korsakov, au point que j’étais allé dénicher en ma discothèque personne l’interprétation, assez époustouflante, déjà, de Fritz Reiner…
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Aussi la lecture hier 24 avril de l’enthousiaste article de Jean-Charles Hoffelé, intitulé « Cauchemars et rêves« , consacré au tout récent CD « Rimsky-Korsakov – Shéhérazade – Mussorgsky – Night on Bald Mountain – Original versions of 1867 & 1880« , soit le CD Warner Classics 5054097933691 _ enregistré à Rome aux mois d’octobre 2014, mai 2019 et août 2022 _, m’a-t-elle très vivement incité à aller y jeter un peu plus qu’une oreille…
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CAUCHEMARS ET RÊVE
Claudio Abbado le premier réfuta l’efficace vêture dont Rimski-Korsakov avait assagi la vision de Moussorgski _ en « La Nuit sur le Mont Chauve« … Fatalement, Antonio Pappano se sera souvenu de cet acte fondateur, est-ce trop d’écrire qu’il y surclasse _ tiens, tiens ! _ son glorieux ainé ?
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Non, ce sabbat est simplement inouï _ voilà _, tout le génie du compositeur de Khovanchtchina y éclate sous cette baguette hallucinée _ voilà _, les Romains se surpassant pour la précision, l’élan, le caractère _ voilà _ : écoutez comme les pupitres attaquent, comment les timbres fusent, écoutez la précision des rythmes, l’échelle dynamique si variée.
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Antonio Pappano arde cette première version, et grave à sa suite la scène de l’Acte II de La Foire de Sorotchintsi, l’ultime opéra resté inachevé et orchestré avec brio par Vissarion Chebaline : Gritsko y voit en rêve le Sabbat infernal mené par Tchernobog, idéalement incarné par Dejan Vatchkov, Dieu noir tonitruant qui préside aux déchaînements sataniques menés grand train par les chœurs romains….
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Dans ce tumulte, Antonio Pappano parvient à faire entendre l’inspiration fantasque des nouvelles ukrainiennes de Nicolas Gogol, tour de force qui se prolongera au long d’une splendide lecture de Schéhérazade _ de Rimsky-Korsakov, en 1888 _ où le sous-texte des Mille et une nuits transparaît dans le violon diseur de Carlo Maria Parazzoli, dans l’orchestre empli de paysages et d’actions mené grand train, capté par une prise de son d’anthologie _ et ce n’est pas là un simple point de détail, bien entendu…
Spectaculaire _ c’est le mot !
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LE DISQUE DU JOUR
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Nikolai Rimski-Korsakov
(1844-1908)
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Schéhérazade, Op. 35*
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Modeste Mussorgski
(1839-1881)
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Une nuit sur le mont Chauve (version originale, 1867)
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Une nuit sur le mont Chauve (version 1880, adaptée en 1930 par Vissarion Shebalin, avec basse et chœur, d’après une scène de « La Foire de Sorotchintsi »*)..;
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*Carlo Maria Parazzoli, violon solo
**Dejan Vatchkov, basse
**Coro dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia
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Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia
Antonio Pappano, direction
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Un album du label Warner Classics 5054197933691
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Photo à la une : le chef d’orchestre Sir Antonio Pappano – Photo : © DR
Et c’est ainsi que, assez étrangement pour la plupart des mélomanes, ma préférence va décidément à la transposition pour piano seul _ de Florian Noack lui-même _ de cette « Schéhérazade » Op. 35 de Nikolaï Rimsky-Korsakov si merveilleuseent distillée _ et avec quelle divine sensualité ! _ par le piano subtil de Florian Noack _ sur ce stupéfiant CD-ci de Florian Noack, jeter ce coup d’œil-ci à l’article « Madeleines » de Jean-Charles Hoffelé en date du 5 avril dernier ; et voici ce que celui-ci disait de cette « Schéhérazade« de Florian Noack : « Paul Gilson avait brillamment transcrit la Schéhérazade de Rimski-Korsakov. Qu’à cela ne tienne, Florian Noack affiche crânement sa propre lecture, débordée de couleurs, et emplie d’un érotisme qui fait entrer l’imaginaire de l’orchestre dans l’admirable Steinway – aigus sans clairon, medium argenté, basses toutes en timbres – si bien capté par Martin Rust« …