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Décès de Ned Rorem (1923 – 2022), compositeur américain attachant…

20nov

C’est un article du ResMusica de ce jour qui m’apprend la nouvelle du décès de Ned Rorem (Richmond, 23 octobre 1923 – New-York, 18 novembre 2022).

Décès du compositeur Ned Rorem

 …

Originaire de Richmond (Indiana), né en 1923, le pianiste, écrivain, compositeur et song-writer américain s’est éteint à son domicile de Manhattan le 18 novembre 2022, à l’âge de 89 ans. Sa fréquentation de personnalités telles que Leonard Bernstein, Samuel Barber, Virgil Thomson et d’autres encore ne modifie pas son écriture musicale reposant sur un idiome musical tonal revendiqué, éloigné et étranger des habitudes expérimentales et atonales majoritaires à son époque. Élève d’Aaron Copland _ mais aussi de Nadia Boulanger… _, sa Symphonie n° 3 de 1958, créée à Carnegie Hall par Bernstein avec le New York Philharmonic, constitue un excellent exemple de son écriture orchestrale riche et  généreuse, brillante héritière revendiquée du passé classico-romantique de ses prédécesseurs. Néanmoins sa notoriété indéniable n’a qu’épisodiquement bénéficié à la diffusion de son catalogue riche de plusieurs opéras (huit), de symphonies (trois), de concertos pour piano (quatre) entre autres, de pièces orchestrales avec ou sans chœur, de musique de chambre et de pièces pour piano. Ses œuvres et son inspiration française _ via Nadia Boulanger… _, prolixe, sont redevables également de ses séjours parisiens _ oui _, de son intérêt profond pour la mélodie, de l’élégance de son inspiration qu’il destinait au grand public et nullement à quelque cénacle élitiste. (J.L. C)

Cf aussi cet article plus détaillé de Léopold Tobisch paru sur le site de Radio-France dès le 18 novembre :

« Mort de Ned Rorem, compositeur américain majeur du XXe siècle » :

Mort de Ned Rorem, compositeur américain majeur du XXe siècle

Par Léopold Tobisch
Le compositeur et écrivain américain Ned Rorem est mort

Le compositeur et écrivain américain Ned Rorem est mort

© Getty – Arnold Newman

Le compositeur et célèbre « diariste » américain Ned Rorem, prix Pulitzer de la musique en 1976, est décédé ce vendredi à New York. Il avait 99 ans.

C’était un nom incontournable de l’horizon musical américain. Tant connu pour ses œuvres orchestrales et ses mélodies que pour ses journaux intimes, ses « diaries », le compositeur Ned Rorem est décédé ce 18 novembre à New York, a annoncé son éditeur Boosey & Hawkes. Figure atypique de la musique américaine, Ned Rorem restera fidèle aux principes de la tonalité chromatique tout au long de sa carrière, ne souhaitant pas suivre les forces dominantes du sérialisme et de l’atonalisme. Ce choix de s’écarter et d’avancer à contre-courant fera de lui le vilain petit canard de l’avant-garde musicale américaine.

Au cours d’une carrière qui recouvre presque trois quarts de siècle, il laisse un répertoire d’œuvres conséquent dont dix opéras et plusieurs dizaines d’œuvres pour orchestre et notamment trois symphonies et onze concertos. Sa composition Air Music : Ten Etudes of Orchestra (1975), commandée pour le bicentenaire des États-Unis par le Cincinnati Symphony Orchestra, lui vaudra le prix Pulitzer de la musique l’année suivante. Mais la réputation de Ned Rorem repose principalement sur plus de 500 mélodies _ oui ! _ qui feront de lui l’un des grands compositeurs américains du XXe siècle.

Ned Rorem naît à Richmond dans l’Indiana, le 23 octobre 1923. Sa famille s’installe ensuite à Chicago. Musicien précoce, il est d’abord initié au piano et aux œuvres de Debussy et de Ravel. La musique de ces derniers sera une révélation pour le compositeur en herbe.

En 1940, il est inscrit à l’Université de Chicago Laboratory School, puis à l’American Conservatory of Music. Il poursuit ses études à la Northwestern University avant de rejoindre le Curtis Institute de Philadelphie, où il étudie aux côtés du célèbre compositeur d’opéras Gian Carlo Menotti _ et c’est à relever. Il rejoint ensuite Bernard Wagenaar à la Juilliard School de New York. Au cours de ses études, Ned Rorem reçoit plusieurs bourses prestigieuses, dont la bourse Fullbright en 1951 et la bourse Guggenheim en 1957.

Jeune compositeur fraichement diplômé, il travaille en tant que copiste pour le compositeur et critique américain Virgil Thomson. Il rejoint également le compositeur Aaron Copland au Tanglewood Music Center, avant de quitter les États-Unis en 1949 pour s’installer en France pendant neuf ans _ voilà.

Ned Rorem, célèbre « diariste »

Largement applaudi à travers les Etats-Unis et à l’étranger pour ses créations musicales, Ned Rorem se fera autant connaitre pour ses écrits que sa musique. En 1966, il publie Le Journal de Paris de Ned Rorem, suivi par Later Diaries 1951–1972 (1974) et The Nantucket Diary of Ned Rorem, 1973–1985 (1987), où il retrace notamment ses années en tant que jeune compositeur parmi les figures artistiques majeures de l’Europe d’après-guerre _ notamment auprès de Nadia Boulanger.

Dans un style aussi drôle qu’incisif, les écrits de Ned Rorem ne manquent de séduire par leur sincérité et leur honnêteté. Il évoque librement son homosexualité, sujet encore peu discuté ouvertement, et notamment ses relations avec plusieurs célébrités dont Leonard Bernstein, Samuel Barber, Virgil Thomson et le dramaturge Noël Coward. Ses écrits feront de lui notamment l’un des hérauts de la Gay Liberation américaine de la fin des années 1960.

Il signe également de nombreux écrits sur la musique, tous aussi francs et incisifs que ses journaux intimes, n’hésitant pas à prendre pour cible des figures telles que Pierre Boulez. Mais c’est dans ses écrits autobiographiques que Ned Rorem évoque sa relation la plus intime de toutes, celle avec la musique :

« Pourquoi est-ce que je compose la musique ? Parce que je veux l’entendre – c’est aussi simple que ça. D’autres sont peut-être plus talentueux, ont un plus grand sens du devoir. Mais moi je compose uniquement par nécessité _ et c’est bien là l’essentiel ! _, et personne d’autre ne produit ce que je cherche », confie le compositeur dans son livre A Ned Rorem Reader, publié en 2001.

Cf aussi cet article de Dean Olsher :

« Ned Rorem, major American composer and diarist, has died at age 99 » :

November 18, 2022 11:10 AM ET

 …

American composer Ned Rorem has died at age 99. The Pulitzer Prize winner was best known for his art songs — and his controversial diaries. Rorem died Friday morning at his home in Manhattan. His publisher, Boosey & Hawkes, confirmed his death from natural causes to NPR.

Ned Rorem was quietly defiant, in more ways than one. The first was through the music he chose to write. While he did compose symphonies, concertos and operas — the kinds of pieces that will win you a Pulitzer — his reputation rests on his enormous body of more than 500 art songs.

The song « The Lordly Hudson » won Ned Rorem his first award. The composer got an early start with a scholarship to study at Philadelphia’s prestigious Curtis Institute of Music when he was just 19. Then came a Fulbright, then a Guggenheim and, in 1976, the Pulitzer for his orchestral work Air Music: Ten Etudes for Orchestra.

Air Music was an exception when it came to the composer’s musical language — something that marked another bit of defiance on Rorem’s part. In general, he held on to a conservative approach at a time when the prevailing style was academic and atonal « serial music » in which practitioners did away with traditional tonality and favored series of notes that were meant to seem unfamiliar.

And as Rorem told NPR in 2003 with his typical wit, his defiance meant nobody paid any attention to him.

« When the serial killers came along, a lot of very tonal composers defected to the other camp, and they wrote what was being written in those days, » he said.  » A few still do. But some defected, and came back. I felt like the prodigal son’s older brother — I’d always been a good boy. »

A lot of people saw things quite differently when it came to things non-musical. In fact, Rorem was « licentious » and « highly indiscreet, » in the words of The New Yorker writer Janet Flanner. She was talking about his prose, and she meant it as a compliment. Over the years, Rorem became known for his diaries — perhaps even more than for his music. It started in 1966 with his Paris Diary, which included an explicit chronicle of gay life long before such a thing became routine.

Tim Page, a Pulitzer Prize-winning music critic himself, is a fan of Rorem’s prose. « Even though I admire his compositions a lot, » Page says, « I would say that in some ways, the diaries and the criticism are the things which mean the most to me. The bracing thing about Ned is that even when you disagree with him, he gets you thinking — and I think that’s one sign of a real master critic. »

Rorem, who was born Oct. 23, 1923 in Richmond, Ind., shared different parts of himself depending on which medium he was working in. The written word is where he shared the details of his personal life. In his music, not so much.

« Ned almost prided himself on a certain emotional detachment, on a certain sort of craftsmanship. His diaries were where he kept his diary — his music was something else, » Page says.

Here’s how Rorem himself put it in one of his books, called Lies:

« I don’t believe that composers notate their moods, they don’t tell the music where to go. It leads them … Why do I write music? Because I want to hear it. It’s simple as that. Others may have more talent, more sense of duty. But I compose just from necessity, and no one else is making what I need. »

 

De ce compositeur en effet attachant _ cf mon article du 28 mars 2022 : «  » … _et auteur d’un très intéressant « Journal parisien (1951 – 1955)« ,

ma discothèque possède 12 CDs :

6 du label Naxos, série American Classics (dont un avec les « Flute Concerto » et « Violin Concerto« , par le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, sous la direction de José Serebrier) ;

3 du label New World Records (dont l’album double de l’opéra « Our Town« ) ;

1 du label Erato (« Songs of Ned Rorem« , par Susan Graham et Malcom Martineau) ;

1 du label Linn (« On an echoing road« , par l’ensemble vocal the prince consort) ;

et 1 du label Deutsche Grammophon (le « String Quartet n°4« , par l’Emerson String Quartet)…

Un esprit libre et créateur !

Ce dimanche 20 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et les quelques taches aveugles qui demeurent dans mon effort pour comprendre qui sont exactement les frères et soeurs de Valentine Bitôt-Lourreyt, la mère de Marie-Amélie Lourreyt-Droin, la commanditaire-propriétaire de la sublime Villa Téthys du Pyla, en 1928 : 1) la question…

28sept

Les éléments de généalogie que m’ont fournis,

d’une part, et sur son site accessible à tous, le pilatais _ d’ascendance paternelle (les Vialard) lozérienne : du village d’Ussels (commune de Brion), situé sur le très beau plateau d’Aubrac, à la jointure des départements actuels de la Lozère et du Cantal, et à proximité de l’Aveyron…Raphaël Vialard (né en 1942),

et, d’autre part, cette fois sur ma demande explicite et précise, au tout début du mois de mars 2017, le cantalien _ et plus précisément maursois d’ascendance paternelle (les Bersagol) : Maurs est cependant limitrophe du Lot, et proche de Figeac… _ qu’est Jean-Luc Bersagol (né en 1959),

ne me permettent pas encore d’établir un tableau tout à fait complet de la famille Bitot-Oré,

je veux plus précisément parler ici de la fratrie complète des enfants nés du mariage _ mariage dont, déjà, j’ignore le lieu, assez probablement Bordeaux, et la date, en 1848 au plus tard, au vu de la date de naissance de leur tout premier né : Marie-Thérèse Bitot, née le 8 octobre 1849… _ du podensacais Pierre-Anselme Bitôt (Podensac, 23 mars 1822 – Bordeaux, 2 février 1888) et son épouse la bordelaise Catherine-Pauline Oré (Bordeaux, 2 novembre 1825 – Bordeaux, 15 octobre 1898) ;

ce mariage Bitot-Oré

dont proviennent notamment leur fille Valentine-Marie Bitôt (Bordeaux, 4 juin 1852 – Bordeaux, 1931), épouse, à Bordeaux, le 26 octobre 1880, de Charles-Louis-Alfred Lourreyt (La Guerche-sur-L’Aubois, 31 août 1855 – Bordeaux, 5 janvier 1914),

puis, notamment aussi, leur petite-fille Marie-Amélie Lourreyt (dont j’ignore encore non seulement le lieu et la date de naissance, mais aussi le lieu et la date de décès ; je connais seulement le lieu, Dax, et la date, le 1er août 1910, du mariage de celle-ci avec l’avocat parisien Georges Droin (Paris, 4 février 1885 – 22 avril 1943) _ comment se sont-ils donc connus, et dans quelles circonstances ? lui, le parisien, et elle, la dacquoise… _,

la commanditaire et propriétaire, avec son mari Georges-A.-Laurent Droin, de la sublime Villa Téthys, de l’Avenue de la Plage, au Pyla (en 1928)…

Je vais tâcher d’avancer un peu dans ces élucidations généalogiques et familiales qui m’intriguent,

et provoquent ma présente curiosité…

À suivre :

demain, les investigations…

Ce mercredi 28 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir le génie puissant et singulier, profond, de László Lajtha (Budapest, 1892 – Budapest, 1963) en son Quatuor avec piano Op. 6 (de 1925), dans l’interprétation splendide, intense et profondément poétique, du jeune Notos Quartett…

30août

Je remercie très vivement l’excellent article « Divertissement et chef d’œuvre » de Jean-Charles Hoffelé, sur son site Discophilia, le 22 août dernier,

de m’avoir fait découvrir _ et adorer ! _ ce chef d’œuvre intense et profond, marquant, qu’est le Quatuor avec piano, Op. 6, de Laszlo Lajtha (Budapest, 30 juin 1892 – Budapest, 16 février 1963),

dans l’interprétation elle-même profonde et intense, percutante ainsi qu’infiniment poétique, du jeune Notos Quartet,

en le très récent excellent CD « Paris Bar« , du label Sony Classical 19439986682.

DIVERTISSEMENTS ET CHEF-D’ŒUVRE

Paris, jonction des années vingt-trente, un parfum de folle époque règne encore _ par delà le traumatisme indélébile de la Guerre Mondiale _, quelques musiciens étrangers, installés au bord de la Seine, s’en emparent ; rythmes vifs, écriture faisant la part belle aux danses du temps, harmonies pimentées, cela se retrouve, avec quelques touches éclatantes toute polonaises, dans la brillante Suite-Divertissement qu’Alexandre Tansman écrit en 1929 pour le Quatuor Belge, formation regroupée autour du piano de Marcel Maas.

Les harmoniques chaudes, belles comme celles des fauves, l’écriture dansante, toujours sur les pointes, les motifs savoureux et évidemment cette suractivité qui est la marque de fabrique du Polonais _ un compositeur absolument majeur ! _, éclatent au long des six mouvements, mais courrez d’abord aux étrangetés mystérieuses du Nocturne, un peu Bartók. Les Notos y sont prodigieux de vivacité, de précision, d’humour et de lyrisme lorsqu’il faut, tout comme pour le Divertissement de Jean Françaix, partition délicieusement piquante, un peu mozartienne aussi par l’allégement de l’écriture.

Puis vient le chef-d’œuvre _ le voilà !!! _, le vaste nocturne inquiet _ oui _ qu’est le Quatuor avec piano de László Lajtha, pièce manquante du génial trio de Budapest qui ne devrait plus tarder à rejoindre _ contre notre paresseuse incuriositéBéla Bartók et Zoltán Kodály dans leur empirée _ à mieux reconnaître !

L’œuvre est d’une beauté aussi suffocante qu’amère _ oui _, ces splendeurs sombres sont si émouvantes dans la lecture intense _ voilà _ des Notos qu’on a peine à croire qu’il s’agit du premier enregistrement de cet opus majeur _ oui ! _ des années vingt où ce génie trop oublié affirmait d’emblée son inextinguible singularité _ oui, oui, oui.

LE DISQUE DU JOUR

Paris Bar

Jean Françaix (1912-1997)
Divertissement


Alexandre Tansman (1897-1986)
Suite-divertissement


László Lajtha (1892-1963)
Quatuor avec piano, Op. 6

Notos Quartett

Un album du label Sony Classical 19439986682

Photo à la une : les membres du Notos Quartett – Photo : © DR

Les deux autres œuvres de ce splendide et nécessaire CD du Notos Quartett _ Sindri Lederer, violon ; Andrea Burger, alto, Philip Graham, violoncelle ; et Antonia Köster, piano ; l’enregistrement a eu lieu à Leipzig en février 2021… _ ,

la Suite-Divertissement (de 1929) d’Alexandre Tansman ( Łódź, 11 juin 1897 – Paris, 15 novembre 1986), et le Divertissement (de 1933) de Jean Françaix (Le Mans, 23 mai 1912 – Paris, 25 septembre 1997),

loin d’être, comme leurs titres pourraient l’incliner à penser, superficielles ou simplement anecdotiques,

complètent superbement le très vivant, passionnant et très juste portrait réalisé par les jeunes musiciens du Notos Quartett

de ce bouillant Paris de l’après Première Guerre Mondiale _ années vingt, début des années trente : les années de composition du principal de l’œuvre de mon cher Lucien Durosoir (Boulogne-sur-Seine, 5 décembre 1878 – Bélus, 4 décembre 1955)  _, si puissamment attractif alors tout particulièrement pour des musiciens originaires d’Europe orientale… 

Et si je me permets de rapprocher ainsi ce profond Quatuor avec piano Op. 6 de László Lajtha, composé en 1925, et créé à Budapest le 23 janvier 1927, de l’œuvre si singulier de Lucien Durosoir,

c’est pour ce que ces œuvres singulières si intensément poétiques surmontent de la Guerre Mondiale qui les a tous deux si puissamment marqués en leur humanité…

Un CD tout à fait important, en conséquence… 

Ce mardi 30 août 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Où se recoupent les perspectives fonctionnelles du Directeur de recherches et publications du Palazzetto Bru-Zane, et celles de l’objet ici ciblé à explorer, « l’exposition de la musique », du livre « Exposer la musique Le festival du Trocadéro (Paris, 1878) » : la féconde et passionnante piste de recherche travaillée par Etienne Jardin, sur un pan jusqu’ici délaissé de la musique française, entre Berlioz et Debussy

05juil

C’est autour du concept  même d’ « Exposer la musique« ,

tel qu’il s’est initialement formé et développé dans l’esprit inventif, patient et à terme efficace, d’Ernest L’Épine (Paris, 12 septembre 1826 – Paris, 4 février 1893), le promoteur finalement heureux de l’intuition originale publiquement exprimée dès 1854, puis rappelée avec énergie en 1863 et 1876 _ « les textes d’Ernest L’Epine réclament, pour la musique, l’équivalent du Salon de peinture et de sculpture« , lit-on  à la page 93 du livre d’Étienne Jardin ; et « sa formulation à la veille de chaque exposition parisienne _ de 1855, 1867 et 1878 _ indique bien que ce type d’événement apparaît à son auteur comme un moment stratégique pour lancer ses auditions périodiques« , qui lui tiennent puissamment à cœur !.. _ d’intégrer à l’Exposition universelle de Paris, qui doit se tenir au Trocadéro, en 1878, une série éminemment spectaculaire pour le public d’auditions de concerts, qui se dérouleront effectivement du 6 juin au 10 novembre 1878, dans une très vaste salle de concerts spécialement édifiée ad hoc pour de telles exhibitions musicales, d’une part,

mais aussi, d’autre part, eu égard aux fonctions mêmes de la très dynamique Fondation du Palazzetto Bru-Zane – Centre de musique romantique française, et du riche travail méthodique, précis et excellemment documenté, d’exploration de son Directeur des recherches et publication qu’est Étienne Jardin, je veux dire, ici, en cette mission d' »exposer la musique« ,

et donc au carrefour-rencontre de perspectives _ naissantes, déjà, au XIXe siècle, et archi-développées aujourd’hui… _ de regards spécialement dynamisés par cet objectif très ciblé d’exposer le mieux possible au public les concerts mêmes de musique _ à une époque où n’existaient bien sûr pas encore les enregistrements discographiques ni radiophoniques… : le grand public ne pouvait donc découvrir-entendre-écouter la musique qu’interprétée effectivement au concert… _,

que prend place aujourd’hui le passionnant et très fécond travail de 384 pages, que vient nous offrir, avec son livre « Exposer la musique Le festival du Trocadéro (Paris, 1878)« , qui vient de paraître aux Éditions horizonsd’attente,

Étienne Jardin.

Et la démarche de recherche d’Étienne Jardin se penche donc aussi, au delà de l’histoire assez récente alors des expositions universelles _ Londres, 1851 ; Paris, 1855 ; Londres, 1862 ; Paris, 1867 ; Vienne, 1873 ; Philadelphie, 1876 ; Paris, 1878 _ sur l’histoire bien intéressante, elle aussi, et bien plus en amont, des concerts publics, dans l’histoire de la musique.

Quant à l’usage ici, par Étienne Jardin, du terme de « festival » pour cette dense succession de 105 concerts donnés lors des cinq mois de cette exposition universelle de Paris en 1878, s’il n’est jamais prononcé par quiconque pour cette manifestation de 1878 : de fait, « les observateurs de l’époque se bornent à ne considérer que des séries de concerts, entremêlées certes, mais tout à fait dissociées. (…) La notion de festival telle que nous la connaissons aujourd’hui n’est pas encore forgée en 1878. Le mot se voit d’ailleurs encore utilisé pour désigner une grande réunion d’artistes, un concert monstre unique. Faute de terme pour le penser, l’unité de ces auditions échappe aux commentateurs« , lit-on page 298.

Et il faut attendre 1881, avec le « Rapport administratif sur l’Exposition universelle« , pour obtenir « le premier document à traiter le festival dans son unité. Au chapitre « Notice sur les auditions musicales », après une nouvelle description par séries, le rapporteur considère le phénomène dans son ensemble et calcule tous les concerts pour donner une idée de l’ampleur de la tâche accomplie : « Ces auditions musicales, dans les 108 séances qui se sont données, dont 65 pour la France et 43 pour l’étranger (…) ont fait connaître les écoles et les interprètes de tous les pays. Quels rapprochements curieux, quelles comparaisons fécondes… », lit-on encore page 301. Voilà.

La venue et le rassemblement en un laps de temps limité _ au moins une journée au cours des cinq mois allant du 6 juin au 10 novembre 1878 _ et en un même lieu _ au Trocadéro, à Paris _ d’une énorme foule, tant nationale qu’internationale _ les moyens de transport ont connu un formidable essor au XIXe siècle _, fournissait ainsi une formidable occasion à saisir de mettre en présence, aux yeux aussi des très nombreux spectateurs, et pas seulement à leurs oreilles, ce qui se donnait à connaître en matière de composition musicale à leur époque _ depuis 1830 surtout, et après la précédente exposition universelle à Paris, en 1867 _ et en les diverses nations représentées pour l’occasion à l’exposition ;

et cela en une période de l’histoire de la musique plutôt négligée jusqu’ici par les historiens de la musique en France, disons entre les noms majeurs de Berlioz et de Debussy…

Étienne Jardin précisant, à ce sujet, que le choix des œuvres présentées à écouter interprétées aux concerts donnés à ce « festival » du Trocadéro de 1878, selon la sélection de la commission réunie ad hoc lors de multiples séances de préparation, privilégiait le point de vue des compositeurs demandeurs de présentation-exposition de leurs œuvres, plutôt que celui des attentes supposées de la part du public, très divers, susceptible d’assister à ces auditions de musique interprétées par les instrumentistes de l’orchestre et les chœurs de chanteurs, voire au grand orgue Cavaillé-Coll construit expréssément pour l’événement :

« Le concert montre les interprètes. Son public vient entendre des pièces dont il contemple l’exécution. (…) La musique, au concert, est exhibée pour elle-même« , lit-on ainsi page 33…

Ce mardi 5 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un premier regard de recul rétrospectif, après une première lecture, sur le passionnant très riche travail de recherche d’Etienne Jardin en son très remarquable « Exposer la musique Le festival du Trocadéro (Paris 1878) », aux Editions horizonsd’attente…

22juin

 

Voici le courriel que je viens d’adresser ce matin à Étienne Jardin,

après un premier regard de lecture sur les 384 pages de son très riche et passionnant « Exposer la Musique Le festival du Trocadéro (Paris (1878) », qui vient de paraître hier, 21 juin _ jour de la Fête de la Musique ! _ aux Éditions horizonsd’attente.

Cher Étienne,

alors que, pour qualifier la brillante singularité de votre enquête, je m’étais proposé à moi-même l’image d’une « carotte géologique à fouiller » dans la musique du XIXe siècle, à partir de l’événement ponctuel _ de cinq mois et quatre jours : les 108 séances (page 301) de concerts « exposés » de ce très riche festival de musique ont eu lieu du 6 juin au 10 novembre (page 233), avec plus de 750 œuvres jouées (page 304) _ de l’Exposition universelle de Paris en 1878,
voici que,
et à côté de votre propre métaphore du « pli à ouvrir » dans l’histoire de la musique (à la page 340 du livre, et à la page 339, l’expression a été en quelque sorte reprise, a posteriori, afin de donner son titre au sous-chapitre qui traite de cela : « Dans un pli à ouvrir dans l’histoire de la musique »), afin de « scruter une génération oubliée, certes, mais pas stérile » _ même si Étienne Jardin applique alors spécifiquement cette métaphore à la question du répertoire, avec toutes ces œuvres (dont le contenu effectif de certaines, non conservé, perdu, manque aujourd’hui !) et tous ces auteurs effacés de notre mémoire collective _,
Rémy Campos, lui, propose, à la page 10 de sa Préface, l’image superbe d’ « un sismographe (fiché dans la société française des débuts de la Troisième République) dont il fallait avoir l’idée d’analyser les mouvements »,
pour beaucoup d’entre eux quasi inaperçus jusqu’alors de la recherche historienne de la musique, assez peu curieuse jusqu’ici de ce moment précis-là, la décennie 1870, de la musique en France…
Fouiller la richesse d’une carotte géologique enfoncée et extirpée de la profondeur historique d’un sol, à la façon dont procèdent, par exemple, les archéologues pour affiner leurs datations,
ouvrir un pli, dans la double acception de ce terme : d’abord et surtout un pli (leibnizio-deleuzien) à déplier dans la richesse de ses multiples (voire infinies) connexions à révéler et comprendre ; mais aussi un courrier à parcourir et explorer dans le menu détail de ce qu’il s’avère receler !,
analyser les différentiels des variations complexes des infra-mouvements saisis d’un sismographe :
trois gestes ou opérations de recherche imaginative et méthodique fondamentalement dynamiques…
Puis savoir en proposer une synthèse ramassée, à la fois précise et éclairante pour le lecteur : ce que le livre réalise parfaitement.

Bravo !
La richesse de votre moisson est passionnante.
Francis
À suivre, bien sûr !
Ce mercredi 22 juin 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
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