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« Le plus beau pour la fin : « Wolfgang Sawallisch, grand chef d’opéra, était aussi pianiste accompagnateur » : ré-écouter à l’infini le parfait double album avec Dietrich Fischer-Dieskau « Richard Strauss – Lieder », paru en 1984 ; ou Wolfgang Sawallisch, un maître de la clarté et de la vie… »

29sept

En quelque sorte en post-scriptum à mon article d’hier samedi 28 septembre « « ,

je fais ici le choix, extraits du coffret Decca 485 4364 « Wolfgang Sawallisch – The Complete Recordings on Philips & Deutsche Grammophon » de 43 CDs, des deux ultimes CDs 42 et 43  de ce coffret, de Wolfgang Sawallisch accompagnant de son piano Dietrich Fischer-Dieskau,

soient un choix de 49 Lieder de Richard Strauss par Dietrich Fischer-Diskau, baryton, et Wolfgang Sawallisch au piano _ enregistrés à Munich en octobre 1981 et à Berlin en septembre 1983 _, repris d’un double album Deutsche Grammophon 447 512 – 2, paru en 1984 _ et que je possède depuis sa parution.

Et entre les 49 Lieder de ce double album-ci, en probable priorité d’écoute,

j’élis « Ständchen » TrV 149/2, sur un poème d’Adolf Friedrich Graf von Schack _ écoutez-en ici le podcast d’une durée de 2′ 17 _,

et le sublime « Morgen« , le N°4 des « Lieder » TrV 170, sur un poème de John Henry Mackay _ écoutez-en ici le podcast d’une durée de 4′ 04 _,

aux plages 9 et 25 du CD 42 de ce coffret « Wolfgang Sawallisch – The Complete Recordings on Philips & Deutsche Grammophon« …

Et aux deux articles de Jean-Pierre Rousseau « Wolfgang S. : les retards d’un centenaire« (du 4 mai dernier), et « En scènes : Alagna, Sawallisch et le Domino noir« (du 23 septembre dernier) que j’ai cités hier samedi,

j’ajoute ce dimanche ces renvois-ci à quatre autres articles, « Pas si sage«  (de Jean-Charles Hoffelé, le 23 juin 2024), « Wolfgang Sawallisch, l’inspirant«  (de Pierre-Jean Tribot, le 27 juin 2024), « Jugendzeit«  (de Jean-Charles Hoffelé, le 21 juillet 2024) et « Le centenaire oublié de Wolfgang Sawallisch » (de Christophe Huss, le 26 août 2024), qui ont été publiés à propos des trois récents copieux coffrets _ Decca 48543 64 de 43 CDs « Wolfgang Sawallisch – The Complete Recordings on Philips & Deutsche Grammophon » ; Warner Classics 5054197832178 de 65 CDs « Wolfgang Sawallisch – Complete Symphonic, Lieder & Choral Recordings«  ; et Warner Classics 5054197949463 de 31 CDs « Wolfgang Sawallisch – Complete Opera Recordings«  _ consacrés au legs discographique de Wolfgang Sawallisch (Munich, 26 août 1923 – Grassau, 22 février 2013), parus cette annnée-ci 2024, pour honorer, avec un an seulement de retard, le centième anniversaire de la naissance, à Munich, le 16 août 1923, de Wolfgang Sawallisch…

Voici donc ces quatre récents articles, deux de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia, un de Pierre-Jean Tribot, sur le site du magazine belge Crescendo, et le quatrième de Christophe Huss, dans le journal Le Devoir, de Montréal, au Québec,

aux titres déjà, chacun, assez parlants :

_ en date du 23 juin 2024, sous la plus de Jean-Charles Hoffelé, l’article intitulé « Pas si sage » :

PAS SI SAGE

Beethoven, Brahms, Schumann ? Walter Legge, signant Wolfgang Sawallisch, lui proposa un pas de côté. Plutôt Dvořák, pas la « Nouveau Monde » (elle suivra bientôt), mais la Huitième (alors noté « Quatrième »), puis ce Scherzo capriccioso qui sous sa baguette prend un chic fou. Ce sera l’amorce d’un tropisme pour la musique tchèque qui se poursuivra lors d’une dizaine de concerts avec la Philharmonie tchèque (partiellement documentés dans un précieux petit coffret Supraphon), et trouvera son aboutissement dans une poignée d’albums Dvořák durant l’ère à Philadelphie, occasion d’une mémorable gravure du Concerto pour violoncelle avec Natalia Gutman.

Avec l’orchestre londonien de Karajan, Wolfgang Sawallisch, jeune encore (dans la trentaine), osait des libertés d’accents, des tempos fulgurants, une clarté aiguisée de la balance, le tout produisant des lectures de fort caractère, où certains croiront ne pas reconnaître son art. Epatantes ! les Suites du Lac des cygnes et de Casse-noisette ; Le Bourgeois gentilhomme pétille et persiffle (et quels souffleurs !), les Ouvertures de Weber vous ont des airs de contes noirs, les accompagnements pour Johanna Martzy, Annie Fischer ou Dennis Brain n’hésitent pas à prendre le primus. Toute une époque et une façon singulière qu’avait annoncé un stupéfiant Carmina Burana à Cologne, rareté enfin rééditée (avec les remerciements de Carl Orff, présent aux sessions, l’éditeur les a placés en postlude à l’enregistrement).

Wolfgang Sawallisch au piano, avec le baryton Dietrich Fischer-Dieskau à ses côtés – © Susesch Bayat/Deutsche Grammophon

 


Autre rareté, et même première en CD, l’album des Lieder orchestraux de Pfitzner, voulu autant par Dietrich Fischer-Dieskau que par Wolfgang Sawallisch, couronnement de leurs grandes anthologies de Lieder (Mendelssohn, Brahms) où le chef retrouvait son instrument premier, le piano. Quel accompagnateur inspiré _ oui ! _, guidant les premiers sillons Schumann de Thomas Hampson (et le guidant pour Winterreise), distribuant avec un art gourmand les Lieder de Strauss à Lucia Popp, Margaret Price et Barbara Hendricks en trois programmes exactement calibrés pour leurs voix. Le texte de Rémy Louis insiste avec raison sur cette part de l’art de Wolfgang Sawallisch, il sera un guide précieux pour voyager dans cette somme couvrant plusieurs décennies.

Le reste est plus connu, parfois hors du temps à force de perfection et d’évidence (le cycle Schumann à Dresde évidemment, toute la musique chorale, sacrée et profane de Schubert _ oui !!! _ avec ses équipes de la Bayerische Rundfunk), parfois surprenante à la réécoute (le cycle Beethoven au Concertgebouw, magnifique !, il avait trouvé l’orchestre idéal pour son Beethoven dès l’époque Philips, une « Pastorale » splendide le rappelle dans un coffret regroupant tous ses Philips (voir chronique prochainement), souvent plus attendu, comme la somme Brahms avec le London Philharmonic : les Concertos avec Stephen Bishop Kovacevich doivent s’entendre avant les Symphonies, la perle de l’ensemble est ajoutée en quelque sorte : le Trio avec cor où il retrouve son piano pour Frank Peter Zimmermann et Marie-Luise Neunecker. Les trois albums avec Berlin – la Lobgesang, le Concerto de Beethoven avec Zimmermann, surtout la Messe de Schumann, font regretter la minceur du legs.

Coda à Philadelphie, avec en concert une Sinfonia Domestica savoureuse, un remarquable album Hindemith, un Lac des cygnes d’une troublante beauté, immense symphonie sans ballet, vous herboriserez les autres Strauss, les Dvořák, pour mieux revenir à deux disques inoubliables, cet Empereur, ces 17e et 20e Concertos de Mozart, où Wolfgang Sawallisch, retrouvant le Philharmonia, écoute Youri Egorov _ oui, oui, oui.

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Sawallisch, direction, piano


The Warner Classics Edition
Complete Symphonic, Lieder & Choral Recordings (1954-1997)

CD 1
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre No. 17 en sol majeur, K. 453
Concerto pour piano et orchestre No. 20 en ré mineur, K. 466
Youri Egorov, piano – Philharmonia Orchestra (1985)

CD 2
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre No. 21 en ut majeur, K. 467
Concerto pour piano et orchestre No. 22 en mi bémol majeur, K. 482
Annie Fischer, piano – Philharmonia Orchestra (1958)

CD 3
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour violon et orchestre No. 3 en sol majeur, K. 216
Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
Concerto pour violon et orchestre No. 2 en mi mineur, Op. 64, MWV O 14
Johanna Martzy, violon – Philharmonia Orchestra (1954)

CD 4
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour violon et orchestre No. 3 en sol majeur, K. 216
Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 77
Frank Peter Zimmermann, violon – Berliner Philharmoniker (1995)

CDs 5-9
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Les Symphonies (Intégrale)
No. 1 en do majeur, Op. 21
No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55
No. 2 en ré majeur, Op. 36
No. 8 en fa majeur, Op. 93
No. 4 en si bémol majeur, Op. 60
No. 7 en la majeur, Op. 92
No. 5 en ut mineur, Op. 67
No. 6 en fa majeur, Op. 68 “Pastorale”
No. 9 en ré mineur, Op. 125 “Chorale”

Margaret Price, soprano – Marjana Lipovšek, mezzo-soprano – Peter Seiffert, ténor – Jan-Hendrik Rootering, basse – Städtischer Musikverein zu DüsseldorfRoyal Concertgebouw Orchestra (1991-1993)

CD 10
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 5 en mi bémol majeur, Op. 73 « L’Empereur »
Youri Egorov, piano – Philharmonia Orchestra (1982)

CD 11
Carl Maria von Weber (1786-1826)
Euryanthe, Op. 81, J. 291 – Ouverture
Der Beherrscher der Geister, Op. 27, J. 122
Abu Hassan, J. 106 – Ouverture
Jubel-Ouvertüre, Op. 59, J. 245
Der Freischütz, Op. 77, J. 277 – Ouverture
Preciosa, Op. 78, J. 279 – Ouverture
Oberon, J. 306 – Ouverture

Philharmonia Orchestra (1958)

CD 12
Franz Schubert (1797-1828)
Chor des Bayerischen RundfunksCapella Bavariae (1977-1983)

Lied im Freien, D. 572
Die Bürgschaft, D. 435 (extrait : Räuberlied, « Hinter Büschen, hinterm Laub » – Acte II)
Die Advokaten, D. 37
Albert Gassner, Anton Rosner, ténors – Peter Schranner, basse
Trinklied, D. 148
Peter Schreier, ténor
Wilkommen, lieber schöner Mai, D. 244
Erika Rüggeberg, Karin Hautermann, Irmgard Lampart, sopranos – Albert Gassner, Anton Rosner, Heinrich Weber, ténors
Fischerlied, D. 364
Trinklied, D. 267
Trinklied, D. 356
Peter Schreier, ténor
Bergknappenlied, D. 268
Ruhe, schönstes Glück der Erde, D. 657
Trinklied im Winter, D. 242
Albert Gassner, Anton Rosner, ténors – Josef Weber, basse
Gott in der Natur, D. 757
Naturgenuß, D. 422
Der Schnee zerrinnt, D. 130
Frühlingsgesang, D. 740
Trinklied im Mai, D. 427
Frühlingslied, D. 243
Albert Gassner, Anton Rosner, ténors – Josef Weber, basse
Widerspruch, D. 865
Mondenschein, D. 875
Peter Schreier, ténor
Nachtmusik, D. 848
Gold’ner Schein, D. 357
Adelheid Schiller, Renate Freyer, mezzo-sopranos – Gudrun Greindl-Rosner, contralto
Frühlingslied, D. 914

CD 13
Franz Schubert (1797-1828)
Chor des Bayerischen RundfunksCapella Bavariae (1977-1983)

Nachtgesang im Walde, D. 913
Ernst Dörflinger, Willy Beck, Günther Weber, Olaf Klamand, cors
Der Gondelfahrer, D. 809
Die Nacht, D. 983c
Peter Lika, Peter Schranner, Josef Weber, basses
Nachthelle, D. 892
Peter Schreier, ténor
Die Nachtigall, D. 724
Lacrimoso son io, D. 131b
Erika Rüggeberg, Karin Hautermann, Isolde Mitternacht, sopranos
Der Entfernten, D. 331
Mailied, D. 129
Albert Gassner, Anton Rösner, ténors – Josef Weber, basse
Zum Rundetanz, D. 983b
Anton Rösner, ténor – Peter Lika, Peter Schranner, Josef Weber, basses
Wein und Liebe, D. 901
Geist der Liebe, D. 747
Liebe säuseln die Blätter, D. 988
Erika Rüggeberg, Karin Hautermann, Irmgard Lampart, sopranos
Andenken, D. 423
Albert Gassner, Anton Rösner, ténors – Peter Schranner, basse
Leise, leise lasst uns singen, D. 635
Erinnerungen, D. 424
Widerhall, D. 428
Anton Rösner, ténor – Peter Schranner, Josef Weber, basses
Lacrimoso son io, D. 131a
Albert Gassner, Anton Rösner, Heinrich Weber, ténors
Gesang der Geister über den Wassern, D. 714
Membres de l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise
Sehnsucht, D. 656
Peter Lika, basse
Im Gegenwärtigen Vergangenes, D. 710
Bootgesang, D. 835

CD 14
Franz Schubert (1797-1828)
Chor des Bayerischen RundfunksCapella Bavariae (1977-1983)

Bardengesang, D. 147
Trinklied aus dem 16 Jahrhundert, D. 847
La pastorella al prato, D. 513
Klage um Ali Bey, D. 140
Erika Rüggeberg, Karin Hautermann, sopranos – Juliana Falk, mezzo-soprano – Gudrun Greindl-Rosner, contralto
Schlachtlied, D. 912
Der Geistertanz, D. 494
Ständchen, D. 920
Brigitte Fassbaender, mezzo-soprano
Das Dörfchen, D. 598
Mailied, D. 202
Juliana Falk, mezzo-soprano – Gudrun Greindl-Rosner, contralto – Kurt Richter, Ernst Dörflinger, cors – Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Trinklied, D. 75
Dietrich Fischer-Dieskau, baryton
Dreifach ist der Schritt der Zeit, D. 69
Vorüber die stöhnende Klage, D. 53
Albert Gassner, ténor – Peter Schranner, Josef Weber, basses
Unendliche Freude, D. 51
Hier strecket der wallende Pilger, D. 57
Dessen Fahne Donnerstürme wallte, D. 58
Hier umarmen sich getreue Gatten, D. 60
Unendliche Freude, D. 54
An den Frühling, D. 338
Frisch atmet des Morgens lebendiger Hauch, D. 67
Punschlied, D. 277
Selig durch die Liebe, D. 55
Albert Gassner, ténor – Peter Schranner, Josef Weber, basses
Ein jugendlicher Maienschwung, D. 61
Thronend auf erhabnem Sitz, D. 62
Majestät’sche Sonnenrosse, D. 64
Wer die steile Sternenbahn, D. 63
Liebe, D. 983a
Anton Rösner, ténor – Peter Lika, Peter Schranner, Josef Weber, basses
Die zwei Tugendwege, D. 71
Albert Gassner, ténor – Peter Schranner, Josef Weber, basses
Dreifach ist der Schritt der Zeit, D. 43

CD 15
Franz Schubert (1797-1828)
Chor des Bayerischen RundfunksCapella Bavariae (1977-1983)

Lützows wilde Jagd, D. 205
Johannes Ritzkowsky, Günther Weber, cors – Membres de l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise
Die Einsiedelei, D. 337
Totengräberlied, D. 38
Mailied, D. 199
Juliana Falk, mezzo-soprano – Gudrun Greindl-Rosner, contralto – Albert Gassner, Anton Rösner, ténors – Kurt Richter, Ernst Dörflinger, cors – Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Flucht, D. 825b
Der Morgenstern, D. 203
Juliana Falk, mezzo-soprano – Gudrun Greindl-Rosner, contralto – Kurt Richter, Ernst Dörflinger, cors – Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Coronach, D. 836
Wehmut, D. 825
Grab und Mond, D. 893
Anton Rösner, ténor – Peter Lika, Peter Schranner, Josef Weber, basses
Ewige Liebe, D. 825a
Zur guten Nacht, D. 903
Dietrich Fischer-Dieskau, baryton
Mirjams Siegesgesang, D. 942
Hildegard Behrens, soprano – Erika Rüggeberg, Karin Hautermann, sopranos – Juliana Falk, mezzo-soprano – Gudrun Greindl-Rosner, contralto
Jünglingswonne, D. 983
Das stille Lied, D. 916
Albert Gassner, Anton Rösner, ténors – Paul Hansen, Josef Weber, basses

CD 16
Franz Schubert (1797-1828)
Chor des Bayerischen RundfunksSymphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (1981-1983)

Kyrie en si bémol majeur, D. 45
Kyrie en ré mineur, D. 49
Messe en fa majeur, D. 105*
Messe en sol majeur, D. 167
Lucia Popp, *Helen Donath, sopranos – Brigitte Fassbaender, mezzo-soprano – Adolf Dallapozza, *Peter Schreier, ténors – Dietrich Fischer-Dieskau, baryton

CD 17
Franz Schubert (1797-1828)
Chor des Bayerischen RundfunksSymphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (1981-1983)

Messe en si bémol majeur, D. 324
Deutsches Salve Regina, D. 379
Stabat Mater en fa mineur, D. 383*
Salve Regina en si bémol majeur, D. 386
Lucia Popp, *Helen Donath, sopranos – Brigitte Fassbaender, mezzo-soprano – Adolf Dallapozza, *Josef Protschka, ténors – Dietrich Fischer-Dieskau, baryton

CD 18
Franz Schubert (1797-1828)
Chor des Bayerischen RundfunksSymphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (1981-1983)

Messe en la bémol majeur, D. 678
Helen Donath, soprano – Brigitte Fassbaender, mezzo-soprano – Francisco Araiza, ténor – Dietrich Fischer-Dieskau, baryton
Messe en ut majeur, D. 452
Lucia Popp, soprano – Brigitte Fassbaender, mezzo-soprano – Adolf Dallapozza, ténor – Dietrich Fischer-Dieskau, baryton

CD 19
Franz Schubert (1797-1828)
Chor des Bayerischen RundfunksSymphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (1981-1983)

Messe en mi bémol majeur, D. 950
Tantum ergo en mi bémol majeur, D. 962*
Offertorium, D. 963**
Helen Donath, *Lucia Popp, sopranos – Brigitte Fassbaender, mezzo-soprano – Francisco Araiza, **Peter Schreier, ténors – Dietrich Fischer-Dieskau, baryton

CD 20
Franz Schubert (1797-1828)
Chor des Bayerischen RundfunksSymphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (1981-1983)

Kyrie en ré mineur, D. 31
Kyrie en fa majeur, D. 66
Salve Regina en si bémol majeur, D. 106*
Totus in corde, D. 136**
Stabat Mater en sol mineur, D. 175
Tres sunt, D. 181
Gradual, D. 184
Salve Regina, D. 223**
Tantum ergo en ut majeur, D. 461***
Tantum ergo en ut majeur, D. 460
Magnificat en ut majeur, D. 486
Auguste jam coelestium, D. 488
Lucia Popp, **Helen Donath, ***Erika Rüggeberg, sopranos – Brigitte Fassbaender, ***Juliana Falk, mezzo-soprano – Adolf Dallapozza, *Francisco Araiza, ***Albert Gassner, ténors – Dietrich Fischer-Dieskau, baryton – ***Peter Lika, basse – Elmar Schloter, orgue

CD 21
Franz Schubert (1797-1828)
Chor des Bayerischen Rundfunks – **Capella BavariaeSymphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (1981-1983)

Salve Regina, D. 676*
Antiphonen zum Palmsonntag, D. 696
Psalm XXIII, D. 706
Tantum ergo en ut majeur, D. 739
Tantum ergo en ut majeur, D. 750
Salve Regina en ut majeur, D. 811**
Deutsche Messe, D. 872
Psalm XCII, D. 953**
Hymnus an den heiligen Geist, D. 948**
*Helen Donath, **Erika Rüggeberg, **Karin Hautermann, sopranos – **Juliana Falk, mezzo-soprano – **Gudrun Greindl-Rosner, contralto – **Dietrich Fischer-Dieskau, baryton – Elmar Schloter, orgue

CD 22
Franz Schubert (1797-1828)
Lazarus, oder die Feier der Auferstehung, D. 689
Maria Venuti, Helen Donath, Lucia Popp, sopranos – Robert Tear, Josef Protschka, ténors – Dietrich Fischer-Dieskau, baryton – Chor des Bayerischen RundfunksSymphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (1981-1983)

CD 23
Franz Schubert (1797-1828)
Winterreise, D. 911
Thomas Hampson, baryton (1997)

CD 24
Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
Symphonie No. 2 en si bémol majeur, Op. 52, MWV A 18 « Lobgesang »
Krisztina Laki, soprano – Mitsuko Shirai, mezzo-soprano – Peter Seiffert, ténor – Chor des städtischen Musikvereins zu Düsseldorf e.V.Berliner Philharmoniker(1987)

CDs 25-26
Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
Schlafloser Augen Leuchte, WoO 4/1, MWV K 85
2 Lieder, WoO 17 (MWV K 87, MWV K 75)
12 Gesänge, Op. 8 (2 extraits : No. 4. Erntelied, MWV K 37 ; No. 8. Andres Maienlied (Hexenlied), MWV K 33)
12 Lieder, Op. 9 (extraits : No. 6. Scheidend, MWV K 50)
6 Gesänge, Op. 19a [MWV K 56, 63, 72, 70, 71, 65]
6 Gesänge, Op. 34 (4 extraits : No. 1. Minnelied, MWV K 80 ; No. 2. Auf Flügeln des Gesanges, MWV K 86 ; Np. 3. Frühlingslied, MWV K 89 ; No. 6. Reiselied, MWV K 90)
6 Gesänge, Op. 47 (5 extraits : No. 1. Minnelied, MWV K 97 ; No. 2. Morgengrüß, MWV K 100 ; No. 3. Frühlingslied, MWV K 101 ; No. 4. Volkslied, MWV K 102 ; No. 6. Bei der Wiege, MWV K 77)
6 Lieder, Op. 57 (5 extraits : No. 1. Altdeutsches Lied, MWV K 104 : No. 2. Hirtenlied, MWV K 103 ; No. 4. O Jugend, o schöne Rosenzeit, MWV K 106 ; No. 5. Venetianisches Gondellied, MWV K 114 ; No. 6. Wanderlied, MWV K 108)
6 Lieder, Op. 71 (5 extraits : No. 1. Tröstung, MWV K 120 ; No. 3. An die Entfernte, MWV K 126 ; No. 4. Schilflied, MWV K 116 : No. 5. Auf der Wanderschaft, MWV K 124 ; No. 6. Nachtlied, MWV K 125)
3 Lieder, Op. 84 (2 extraits : No. 1. Verschwunden, MWV K 69 ; No. 3. Jagdlied, MWV K 82)
6 Gesänge, Op. 86 (3 extraits : No. 1. Das Fenster, MWV K 29 ; No. 4. Allnächtlich im Traume seh ich dich, MWV K 78 ; No. 5. Der Mond, MWV K 122)
6 Gesänge, Op. 99 (2 extraits : No. 1. Erster Verlust, MWV K 110 ; No. 5. Fahrwohl, MWV K 121)
Der Blumenkranz, WoO 7, MWV K 44
Warnung vor dem Rhein, WoO 16, MWV K 105

Dietrich Fischer-Dieskau, baryton (1970-1979)

CDs 27-29
Robert Schumann (1810-1856)
Symphonie No. 1 en si bémol majeur, Op. 38 « Le printemps »
Symphonie No. 4 en ré mineur, Op. 120
Symphonie No. 2 en ut majeur, Op. 61
Ouverture, Scherzo et Finale, Op. 52
Symphonie No. 3 en mi bémol majeur, Op. 97 « Rhénane »
Manfred, Op. 115 – Ouverture

Staatskapelle Dresden (1972)

CD 30
Robert Schumann (1810-1856)
Messe en ut mineur, Op. 147
Mitsuko Shirai, soprano – Peter Seiffert, ténor – Jan-Hendrik Rotring, basse – Chor des städtischen Musikvereins zu Düsseldorf e.V.Berliner Philharmoniker (1987)

CD 31
Robert Schumann (1810-1856)
Liederkreis, Op. 24
Der arme Peter, Op. 53 No. 3
Dichterliebe, Op. 48
5 Lieder und Gesänge, Op. 127 (2 extraits : No. 2. Dein Angesicht ; No. 3. Es leuchtet meine Liebe)
4 Gesänge, Op. 142 (2 extraits : No. 2. Lehn’ deine Wang’ ; No. 4. Mein Wagen rollet langsam)
Thomas Hampson, baryton (1994)

CD 32
Richard Wagner (1813-1883)
Götterdämmerung, WWV 86D – Siegfrieds Rheinfahrt & Trauermarsch
Tannhäuser, WWV 70 – Ouverture
Die Meistersinger von Nürnberg, WWV 96 – Prélude de l’Acte I
Philharmonia Orchestra (1958)

CD 33
Richard Wagner (1813-1883)
Das Liebesverbot, WWV 38 – Ouverture
Symphonie en mi majeur, WWV 35 (extrait :I. Allegro con spirito)
Eine Faust-Ouvertüre, WWV 59
Wesendonck-Lieder, WWV 91 (version orchestrale : Hans Werner Henze)
Rienzi, WWV 49 – Prélude
Marjana Lipovšek, mezzo-soprano – The Philadelphia Orchestra (1995)

CD 34
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 4 en mi bémol majeur, WAB 104 « Romantique »
The Philadelphia Orchestra (1993)

CDs 35-38
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 68
Schicksalslied, Op. 54*
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 73
Variations sur un thème de Haydn, Op.56a
Symphonie No. 3 en fa majeur, Op. 90
Ouverture pour une fête académique, Op. 80
Symphonie No. 4 en mi mineur, Op. 98
Ouverture tragique, Op. 81
*Ambrosian SingersLondon Philharmonic Orchestra (1989-1991)

CD 39
Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en ré mineur, Op. 15*
2 Gesänge, Op. 91**
Stephen Kovacevich, piano
*London Philharmonic Orchestra (1991)
**Ann Murray, mezzo-soprano – *Nobuko Imai, alto (1992)

CD 40
Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour piano et orchestre No. 2 en si bémol majeur, Op. 83*
5 Lieder, Op. 105**
Stephen Kovacevich, piano
*London Philharmonic Orchestra (1993) – **Ann Murray, mezzo-soprano (1994)

CD 41
Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour violon, violoncelle et orchestre en la mineur, Op. 102
Frank Peter Zimmermann, violon – Heinrich Schiff, violoncelle – London Philharmonic Orchestra (1996)
Trio pour cor, violon et piano en mi bémol majeur, Op. 40
Frank Peter Zimmermann, violon – Marie-Louise Neunecker, cor (1996)

CDs 42-44
Johannes Brahms (1833-1897)
6 Gesänge, Op. 3 (extrait : No. 4. Lied aus dem Gedicht « Ivan »)
6 Gesänge, Op. 6 (4 extraits : No. 2. Der Frühling ; No. 3. Nachwirkung ; No. 4. Juchhe! ; No. 5. Wie die Wolke nach der Sonne)
6 Gesänge, Op. 7 (3 extraits : No. 1. Treue Liebe ; No. 4. Volkslied ; No. 6. Heimkehr)
8 Lieder und Romanzen, Op. 14
5 Gedichte, Op. 19 (2 extraits : No. 2. Scheiden und Meiden ; No. 5. An eine Äolsharfe)
4 Gesänge, Op. 43 (3 extraits : No. 1. Von ewiger Liebe ; No. 2. Die Mainacht ; No. 3. Ich schell mein Horn ins Jammerthal)
4 Lieder, Op. 46
5 Lieder, Op. 47 (4 extraits : No. 1. Botschaft ; No. 2. Liebesgluth ; No. 3. Sonntag ; No. 4. O liebliche Wangen, ihr macht mir Verlangen)
7 Lieder, Op. 48 (4 extraits : No. 1. Der Gang zum Liebchen ; No. 2. Der Überläufer ; No. 5. Trost in Thränen ; No. 6. Vergangen ist mir Glück und Heil ; No. 7. Herbstgefühl)
5 Lieder, Op. 49
8 Lieder und Gesänge, Op. 57 (7 extraits : No. 2. Wenn du nur zuweilen lächelst ; No. 3. Es träumte mir ; No. 4. Ach, wende diesen Blick ; No. 5. In meiner Nächte Sehnen ; No. 6. Strahlt zuweilen auch ein mildes Licht ; No. 7. Die Schnur, die Perl an Perle ; No. 8. Unbewegte laue Luft)
8 Lieder und Gesänge, Op. 58
8 Lieder und Gesänge, Op. 59 (7 extraits : No. 1. Dämmrung senkte sich von oben ; No. 2. Auf dem See ; No. 3. Regenlied ; No. 4. Nachklang ; No. 6. Eine gute, gute Nacht ; No. 7. Mein wundes Herz verlangt nach milder Ruh ; No. 8. Dein blaues Auge hält so still)
9 Lieder und Gesänge, Op. 63
7 Lieder, Op. 95 (extrait : No. 3. Beim Abschied)
4 Lieder, Op. 96 (extrait : No. 3. Es schauen die Blumen)
6 Lieder, Op. 97 (5 extraits : No. 1. Nachtigall ; No. 2. Auf dem Schiffe ; No. 3. Entführung ; No. 5. Komm bald ; No. 6. Trennung)
5 Lieder, Op. 105 (4 extraits : No. 1. Wie Melodien zieht es mir ; No. 3. Klage ; No. 4. Auf dem Kirchhofe ; No. 5. Verrat)
5 Lieder, Op. 106
5 Lieder, Op. 107 (3 extraits : No. 1. An die Stolze ; No. 2. Salamander ; No. 4. Maienkätzchen)
4 ernste Gesänge, Op. 121
Mondnacht, WoO 21
Dietrich Fischer-Dieskau, baryton (1973)

CD 45
Antonín Dvořák (1841-1904)
Symphonie No. 8 en sol majeur, Op. 88, B. 163
Scherzo capriccioso en ré bémol majeur, Op. 66, B. 131
Philharmonia Orchestra (1954)

CD 46
Antonín Dvořák (1841-1904)
Symphonie No. 7 en ré mineur, Op. 70, B. 141
Symphonie No. 8 en sol majeur, Op. 88, B. 163
The Philadelphia Orchestra (1989)

CD 47
Antonín Dvořák (1841-1904)
Symphonie No. 9 en mi mineur, Op. 95, B. 178 « Du nouveau Monde »
Ouverture « Carnaval », Op. 92, B. 169
Philharmonia Orchestra (1958)

CD 48
Antonín Dvořák (1841-1904)
Symphonie No. 9 en mi mineur, Op. 95, B. 178 « Du nouveau Monde »
Scherzo capriccioso en ré bémol majeur, Op. 66, B. 131
The Philadelphia Orchestra (1988)

CD 49
Antonín Dvořák (1841-1904)
Concerto pour violoncelle et orchestre No. 2 en si mineur, Op. 104, B. 191
Variations symphoniques en ut majeur, Op. 78, B. 70
Natalia Gutman, violoncelle – The Philadelphia Orchestra (1991)

CD 50
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Le Lac des cygnes – Suite, Op. 20a, TH 219 (version courte)
Casse-noisette – Suite, Op. 71a, TH 35
Philharmonia Orchestra (1957, 1958)

CDs 51-52
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Le Lac des cygnes – Ballet, Op. 20, TH 12
The Philadelphia Orchestra (1993, 1994)

CD 53
Richard Strauss (1864-1949)
Also sprach Zarathustra, Op. 30, TrV 176
Burleske pour piano et orchestre en ré mineur, TrV 145
Don Juan, Op. 20, TrV 156
Emanuel Ax, piano – The Philadelphia Orchestra (1995)

CD 54
Richard Strauss (1864-1949)
Der Bürger als Edelmann – Suite, Op. 60b, TrV 228c
4 sinfonische Zwischenspiele aus « Intermezzo », TrV 246a (extrait : I.a. Walzerscene)
Philharmonia Orchestra (1958)

CD 55
Richard Strauss (1864-1949)
Ein Heldenleben, Op. 40, TrV 190
Concerto pour hautbois et petit orchestre en ré majeur, TrV 292*
Richard Woodhams, hautbois – The Philadelphia Orchestra (*1994, 1995)

CD 56
Richard Strauss (1864-1949)
Festliches Präludium en ut majeur, Op. 61, TrV 229
Till Eulenspiegels lustige Streiche, Op. 28, TrV 171
Sinfonia domestica, Op. 53, TrV 209
The Philadelphia Orchestra (1993)

CD 57
Richard Strauss (1864-1949)
Concerto pour cor et orchestre No. 1 en mi bémol majeur, Op. 11, TrV 117
Concerto pour cor et orchestre No. 2 en mi bémol majeur, TrV 283
Denis Brain, cor – Philharmonia Orchestra (1956)

CD 58
Richard Strauss (1864-1949)
Rote Rosen, TrV 119
Die erwachte Rose, TrV 90
Begegnung, TrV 98
8 Gedichte aus « Letzte Blätter », Op. 10, TrV 141
5 Lieder, Op. 15, TrV 148 (extrait : No. 5. Heimkehr)
3 Lieder, Op. 29, TrV 172 (extrait : No. 2. Schlagende Herzen)
4 Lieder, Op. 31, TrV 173 (extrait : No. 3. Weisser Jasmin)
4 Lieder, Op. 36, TrV 186 (2 extraits : No. 2. Für fünfzehn Pfennige ; No. 3. Hat gesagt—bleibt’s nicht dabei)
6 Lieder, Op. 37, TrV 187 (extrait : No. 3. Meinem Kinde)
5 Lieder, Op. 39, TrV 189 (extrait : No. 1. Leises Lied)
5 Lieder, Op. 41, TrV 195 (2 extraits : No. 1. Wiegenlied ; No. 5. Leise Lieder)
5 kleine Lieder, Op. 69, TrV 237 (extrait : No. 5. Schlechtes Wetter)
Lucia Popp, soprano (1984)

CD 59
Richard Strauss (1864-1949)
8 Gedichte aus « Letzte Blätter », Op. 10, TrV 141 (3 extraits : No. 1. Zueignung ; No. 3. Die Nacht ; No. 8. Allerseelen)
6 Lieder, Op. 17, TrV 149 (extrait : No. 1. Seitdem dein Aug’ in meines schaute ; No. 2. Ständchen)
Schlichte Weisen, Op. 21, TrV 160 (extrait : No. 1. All’ mein Gedanken, mein Herz und mein Sinn ; No. 2. Du meines Herzens Krönelein)
4 Lieder, Op. 27, TrV 170
5 Lieder, Op. 39, TrV 189 (extrait : No. 4. Befreit)
5 Lieder, Op. 41, TrV 195 (extrait : No. 1. Wiegenlied)
5 Lieder, Op. 48, TrV 202 (4 extraits : No. 1. Freundliche Vision ; No. 2. Ich schwebe ; No. 3. Kling! ; No. 4. Winterweihe)
Margaret Price, soprano (1986)

CD 60
Richard Strauss (1864-1949)
8 Gedichte aus « Letzte Blätter », Op. 10, TrV 141 (3 extraits : No. 4. Die Georgine ; No. 7. Die Zeitlose ; No. 8. Allerseelen)
5 Lieder, Op. 15, TrV 148 (extrait : No. 5. Heimkehr)
Mädchenblumen, Op. 22, TrV 153
4 Lieder, Op. 27, TrV 170
4 Lieder, Op. 36, TrV 186 (extrait : No. 1. Das Rosenband)
6 Lieder, Op. 68, TrV 235 (2 extraits : No. 2. Ich wollt’ ein Sträusslein binden ; No. 3. Säusle, liebe Myrthe! – versions orchestrales)*
Vier letzte Lieder, TrV 296*
Barbara Hendricks, soprano – *The Philadelphia Orchestra (1995, *1994)

CD 61
Hans Pfitzner (1869-1949)
Herr Oluf, ballade pour baryton et orchestre, Op. 12
An den Mond, Op. 18 (version orchestrale)
4 Lieder, Op. 4 (extrait : No. 2. Sie haben heut’ abend Gesellschaft – version orchestrale)
Lethe, pour baryton et orchestre, Op. 37
4 Lieder, Op. 15 (2 extraits : No. 3. An die Mark ; No. 2. Zorn – versions orchestrales)
Der arme Heinrich (extrait : Dietrichs Erzählung, extrait de l’Acte I, « Auf grüne Wipfel lacht nun wonnig der Lenz »)
Dietrich Fischer-Dieskau, baryton – Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (1978)

CD 62
Paul Hindemith (1895-1963)
Symphonische Metamorphosen über Themen von Carl Maria von Weber
Nobilissima Visione – Suite de concert
Mathis der Maler – Symphonie
The Philadelphia Orchestra (1994)

CD 63
Carl Orff (1895-1982)
Carmina Burana
Agnes Giebel, soprano – Paul Kuen, ténor – Marcel Cordes, basse – Chorus of the Westdeutschen RundfunkKölner Rundfunk-Sinfonie-Orchester (1956)

CD 64. Twentieth-Century Trumpet
Henri Tomasi (1901-1971)
Tryptique
Bohuslav Martinů (1890-1959)
Sonatine
Georges Enesco (1881-1955)
Légende
Alexandre Glazounov (1865-1936)
Albumblatt en si bémol majeur
Alexander Goedicke (1877-1957)
Etude concertante en sol mineur, Op. 49
Niels Viggo Bentzon (1919-2000)
Sonate pour trompette et piano, Op. 73
Edvard Hagerup Bull (1922-2012)
Perpetuum mobile
Eugène Bozza (1905-1991)
Rustiques
Gabriel Parès (1860-1934)
Fantaisie-Caprice
Jacques Ibert (1890-1962)
Impromptu
Paul Hindemith (1895-1963)
Sonate pour trompette et piano
Ole Eduard Antonsen, trompette (1996)

CD 65. Stokowski Transcriptions
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Schafe können sicher weiden (No. 8, air pour soprano, de la Cantate « Was mir behagt, ist nur die muntre Jagd » BWV 208)
Choral « Wachet auf, ruft uns die Stimme » (de la « Cantate, BWV 140 »)
Ein feste Burg ist unser Gott » Chorale (de la « Cantate, BWV 80 »)
Toccata et Fugue en ré mineur, BWV 565
Luigi Boccherini (1743-1805)
Quintette à cordes No. 1 en mi majeur, Op. 11 No. 5, G. 275 – III. Minuetto e Trio
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 14 en ut dièse mineur, Op. 27 No. 2 « Clair de lune – I. Adagio sostenuto
Frédéric Chopin (1810-1849)
Prélude en mi mineur, Op. 28 No. 4. Largo
César Franck (1822-1890)
Panis Angelicus (No. 5, extrait de la « Messe en la majeur, Op. 12, CFF 203 »)
Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893)
Quatuor à cordes No. 1 en ré majeur, Op. 11, TH 111 – III. Andante cantabile
6 Romances, Op. 38, TH 101 (extrait : No. 3. Sred’ shumnogo bala)*
Claude Debussy (1862-1918)
Suite bergamasque, CD 82 (extrait : III. Clair de lune)
Préludes, Livre I, CD 125 <small<(extrait : X. La cathédrale engloutie)
Sergei Rachmaninoff (1873-1943)
Prélude en ut dièse mineur, Op. 3 No. 2
*Marjana Lipovšek, mezzo-soprano – The Philadelphia Orchestra (1995)

Un coffret de 65 CD du label Warner Classics 5054197832178
Acheter l’album sur le site du label www.jpc.de ou sur Amazon.fr

Photo à la une : le chef d’orchestre Wolfgang Sawallisch, vers 1969, à Hambourg – Photo : © DR

 

_  en date du 27 juin 2024, sous la plume de Pierre-Jean-Tribot, l’article intitulé « Wolfgang Sawallisch, l’inspirant » :

Wolfgang Sawallisch, l’inspirant

LE 27 JUIN 2024 par Pierre Jean Tribot

Wolfgang Sawallisch. The Warner Classics Edition. Complete Symphonic Lireder & Choral Recordings. 1954-1997. Livret en anglais, allemand et français. 66 CD Warner Classics.

Warner réédite en deux temps le legs du chef d’orchestre Wolfgang Sawallisch (1923-2013) avec un premier coffret consacré aux œuvres orchestrales, chorales et aux lieder alors qu’un second coffret centré sur les gravures lyriques sera publié cette automne.

Wolfgang Sawallisch, c’est certes un immense chef d’orchestre et un pianiste raffiné à son aise tant dans la musique de chambre que dans l’exercice pas si simple de l’accompagnement de récitals, mais c’est un chef d’orchestre comme on n’en fait plus ! Un chef au répertoire assez vertigineux, à l’aise avec la création de son temps (on oublie trop souvent les premières mondiales qu’il a donné avec des partitions de Gottfried von Einem, Wolfgang Fortner, Wolfgang Rihm, Isang Yun…), mais aussi un musicien tout autant à son affaire au pupitre symphonique qu’en fosse lyrique ou à la tête d’un choeur ! Une flexibilité totale qui dénote à notre ère de spécialisation à outrance et de fuite devant la fosse des poupons des podiums, trop vite jetés dans la bain du star system…Analysons ce coffret en 4 temps.

……

Le jeune virtuose de la baguette

Les débuts de carrières du jeune Wolfgang Sawallisch sont fulgurants. Il débute avec le philharmonique de Berlin en 1952 ! En 1953, il est chef d’orchestre à Aix-la-Chapelle, puis Wiesbaden et Cologne (1960-1963). Il est repéré par Walter Legge, le légendaire producteur de disques qui lui offre en 1954 son premier enregistrement avec le Philharmonia Orchestra à Londres.  A partir de 1957, il est un invité régulier du Festival de Bayreuth, où il retourne chaque année jusqu’en 1962 _ voilà. Il est l’un des piliers du renouveau du festival et il répond par sa musicalité tranchante à la nouvelle vision scénique épurée d’un Wieland Wagner qui cherche à dépoussiérer la dramaturgie scénique des opéras : Tristan und Isolde, Lohengrin, Der Fliegende Holländer et Tannhäuser marquent leur temps.  De 1961 à 1970, il est directeur musical des Wiener Symphoniker.  Car le jeune  Wolfgang Sawallisch impressionne et pas qu’un peu. Son style rigoureux et vif _ voilà _, change de celui des chefs allemands de la génération précédente, comme l’explique Alain Pâris, chef d’orchestre et auteur du Dictionnaire des interprètes chez Robert Laffont : “ après les chefs germaniques légendaires que furent Furtwängler, Knappertsbusch ou Karajan, Sawallisch a été l’un des premiers à mettre fin à des excès stylistiques qui avaient enfermé la direction d’orchestre allemande dans un excès de dramatisme et la recherche d’une pâte sonore parfois éloignés de la vérité des textes. Avant lui, on peut en trouver les prémices chez Bruno Walter ou Fritz Busch, mais leur lecture passionnée n’avait pas encore cette rigueur qu’il a su concilier avec la tradition germanique ». Dès lors à l’écoute de ses premiers enregistrements avec le Philharmonia Orchestra, on peut apprécier ce style fait de clarté des textures _ oui _, de lisibilité des lignes mélodiques _ oui _ et d’une énergie vigoureuse et dégraissée _ voilà. Dès lors, écoutons les Symphonies n°8 et n°9 de Antonín Dvořák, coupantes comme l’épée et vives __ voilà, voilà _ comme un ruisseau de montagne _ de Bohème… C’est un Dvořák décapé et énergique qui s’impose comme une référence alors que le Philharmonia Orchestra est en parade avec des pupitres aiguisés ! Autres grandes références les Ouvertures de Weber, tissées par un maître des saynètes et des extraits wagnériens épiques et nerveux _ oui. Du côté de Richard Strauss, les suites assez mineures du Bourgeois Gentilhomme et le Divertimento d’après Couperin, que le chef fait exploser dans un torrent d’énergie et de virtuosité, parvenant à transcender ces exercices de styles souvent besogneux.  L’accompagnement de concertos _ oui, oui _ était également l’une des grandes qualités du chef qui est aussi à l’aise avec des personnalités aussi variées que la pianiste Annie Fischer (Mozart), la violoniste Johanna Martzy (Mendelssohn et Mozart) ou le corniste Denis Brain.  Mention très bien pour un inattendu albums d’extraits des ballets de Tchaïkovski, de la musique de ballet allégée et nerveuse !


Schumann, Beethoven et Brahms en intégrales  


3 grosses intégrales symphoniques sont regroupées dans ce coffret: Schumann, Beethoven et Brahms.

Référence des références, l’intégrale des symphonies de Schumann complétée de l’ouverture Manfred et du triptyque Ouvertüre, Scherzo und Finale avec la Staatskapelle de Dresde enregistré en RDA en 1972. Wolfgang Sawallisch était très à son aise avec cette phalange avec laquelle il avait enregistré une magistrale intégrale des Symphonies de Schubert mais pour les Néerlandais de Philips.  Le chef d’orchestre atteint une quadrature du cercle entre la puissance du souffle romantique, la cursivité de son geste, la beauté fabuleuse de l’orchestre et la capacité à cerner l’originalité du geste compositionnel de Schumann _ tout cela est très juste. Prenons la Symphonie n°4, qui combine la puissance tellurique avec une finesse apportée aux transitions avec un esprit parfois dansant ou chambriste. Bien sûr, une telle vision ne serait pas possible sans la complicité avec des musiciens tantôt félins, tantôt hautement poétiques. Certes, la discographie de ces symphonies est de très haut vol, mais 50 ans après son enregistrement, cette somme peut légitimement être considérée comme un absolu _ pas moins !

Au fil des années, le chef perd un peu de son influx nerveux pour garder l’approche rigoureuse et équilibrée au service de la musique. Il en va ainsi de son intégrale des Symphonies de Beethoven (la seule qu’il a laissée alors qu’il existe des témoignages au fil de sa carrière dans l’une ou l’autre symphonie), enregistrée avec rien moins que le Concertgebouw d’Amsterdam dans les années 1990. A sa sortie, ce cycle n’avait pas été très bien reçu par les critiques qui ne juraient alors que par les expériences historiquement informées. Certes, tout est contrôlé avec cette direction qui soigne la lisibilité sans jamais alourdir  le propos. Ce concept de “mesure” s’applique à toutes les symphonies, point de puissance tellurique dans la Symphonie n°5 ou de transe endiablée dans le finale de la Symphonie n°7, mais un contrôle parfait qui construit le geste musical. Prenons le final de la Symphonie n°7, Sawallisch y construit le gradations et apporte une grande exigence aux transitions thématiques, jamais brutales mais toujours limpides _ voilà, voilà. C’est la logique de l’architecte qui édifie pierre par pierre une cité imposante et impressionnante !  Forcément, les symphonies n°3 ou n°6 sortent plutôt renforcées par cette approche alors que les autres symphonies se dévoilent avec une ampleur dynamique considérable. En apothéose de ce cycle, la symphonie n°9 en impose par sa puissance dramatique !

Autre grande intégrale tardive : les symphonies et œuvres orchestrales de Brahms avec le London Philharmonic, des lectures, complétées par des concertos pour avec Stephen Kovacevich au piano, Frank Peter Zimmermann pour le concerto pour violon (mais avec les Berliner philharmoniker) et le double concerto avec le même  Frank Peter Zimmermann et Heinrich Schiff au violoncelle. Tout est très bien fait et mesuré, mais les symphonies ne masquent pas un certaine forme de distance, d’ennui dirons certains. Les concertos sont assez décevants avec un  Stephen Kovacevich certes virtuose et puissant mais plus massif que cursif et un Frank Peter Zimmermann un peu lisse et distancé dans le Concerto pour violon. Seul l’album composé du Double concerto superbement automnal et complété par une lecture magistrale du trio avec cor (avec une dream team : Wolfgang Sawallisch au piano, Heinrich Schiff au violoncelle et Marie-Luise Neunecker au cor) peut s’affirmer comme une référence.

De ces trois intégrales, on retient celle consacrée à Schumann qui reste une immense référence, et on réécoute avec attention celle dédiée à Beethoven qui est une leçon de direction et un festival orchestral.

Philadelphie, la machine à jouer 

En 1993, à l’âge de 70 ans, Wolfgang Sawallisch, au sommet de sa gloire, auréolé de l’immense succès de son mandat de Staatsoperndirektor de l’Opéra d’Etat de Bavière à Munich, accepte la direction musicale du Philadelphia Orchestra désireux de ne se concentrer que sur le répertoire symphonique, ce mandat durera 10 ans. Mais le chef n’est pas du style à prendre son rôle à la légère ! Dès sa première saison, c’est retour aux fondamentaux avec une symphonie de Haydn à chacun de ces programmes car le chef d’orchestre considérait qu’il n’y avait pas meilleure école pour un orchestre, même pour une phalange de légende. Mais cette période est celle de la transition du marché du disque classique et l’orchestre perd en 1996 son rémunérateur contrat avec EMI, et il s’ensuit une grève des musiciens pendant 64 jours. Dès lors, le legs étasunien de Sawallisch n’est pas numériquement le plus important. On place aux sommets trois albums Richard Strauss dont une incroyable Sinfonia Domestica captée en concert, l’un des absolus de la discographie par la plastique vertigineusement belle de l’orchestre et l’impact incisif de la direction et une Heldenleben, épique, virtuose et qui s’appuie sur la beauté magique des cordes de cette phalange au galbe phonogénique. Autre grande réussite, un album vrombissant Hindemith avec le trio symphonique de démonstration : les pétaradantes Variations sur un thème de Weber, la linéarité contemplative de la symphonie Mathis der Maler et les sympathiques Nobilissima visione, la mécanique orchestrale est rutilante et ça en met les oreilles !  Quand on pense Philadelphia Orchestra, le nom de Stokowski revient vite à notre mémoire et en guise d’hommage, le chef a enregistré une sélection de ses orchestrations auxquelles il apporte une rigueur bienvenue qui met en avant la science de l’orchestre de son prédécesseur, mais sans les excès parfois dégoulinants de kitsch de ce dernier.  Saluons également des solides lectures de la Symphonie n°4 de Bruckner et un disque l’autre Wagner avec les plus rares ouvertures de  Wagner (Das Liebesverbot, Eine Faust-Ouverture, Rienzi) avec en complément le mouvement de la Symphonie en mi majeur et les Wesendonck-lieder dans une orchestration de Hans Werner Henze avec la _ magnifique _ mezzo slovène  Marjana Lipovšek).   On est par contre moins fans du ballet intégral du Lac des cygnes, un peu lourd et des symphonies n°7 à n°9 de Antonín Dvořák bien menées mais trop neutres.

La passion des voix 

Wolfgang Sawallisch était par sa carrière et sa culture, un passionné de la voix _ oui ! _, qu’il soit au clavier en tant qu’accompagnateur de lieder, chef de chœur dans la musique sacrée et profane de Schubert ou encore chef d’orchestre dans des fresques chorales comme la Symphonie n°2 de Mendelssohn, la rare Messe en Ut ou même d’excellentes et inattendues Carmina Burana de Orff pour lesquelles le chef avait même reçu les félicitations du compositeur.

En matière d’accompagnement de lieder que ce soit au piano ou à l’orchestre (superbe album d’airs de Pfitzner avec Dietrich Fischer-Dieskau), est toujours à son sommet au service des chanteurs _ oui, absolument. Bien sur le tandem avec  Dietrich Fischer-Dieskau dans les lieder de Brahms et Mendelssohn, le duo est sans égal, mais le pianiste sait tout autant s’adapter aux timbres si différents de Margaret Price et Lucia Popp dans Richard Strauss. tout en parvenant à canaliser une Barbara Hendricks.

L’intégrale de la musique profane et sacrée de Schubert est sans aucun doute l’un des absolus du legs du chef _ absolument ; et on ne le redira jamais assez. En compagnie du Chœur et de l’Orchestre de la Radio Bavaroise, il rend à ces partitions leur saveur et leur esprit _ oui, oui, oui. Fervent dans les Messes, il est un narrateur passionné _ oui, jamais neutre _ dans les petites partitions pour chœurs, certes souvent mineures, mais qui respirent l’esprit de Schubert _ oui ! _ par cette simplicité poétique et touchante _ tout à fait… Les solistes vocaux, quand ils sont requis par les nomenclatures sont des immenses chanteurs comme Lucia Popp, Helen Donath, Peter Schreier et même Dietrich Fischer-Dieskau en personne. Cette passion et cette dévotion, alliées à cette qualité artistique vertigineuse ne seront sans doute jamais égalées _ probablement…   

Dès lors, malgré quelques faiblesses notées, ce coffret est un indispensable _ oui !!! _ d’un maître de la musique, d’un parangon de la rigueur interprétative et de dévotion exemplaire _ et d’une absolue justesse, voilà _ pour la musique. Un modèle qui doit inspirer les générations futures par son éthique musicale _ oui.

Note globale : 10

Crédits photographiques : Abe Frajndlich et Reg Wilson

_  en date du 21 juillet 2024, sous la plume de Jean-Charles Hoffelé, l’article intitulé « Jugendzeit » :

JUGENDZEIT

Rémy Louis, dans le foisonnant texte qui accompagne cette boîte exemplaire, rappelle le mot d’Hans Knappertsbusch découvrant Wolfgang Sawallisch lors de ses débuts à Bayreuth : « Le jeune est super ! ». Il prônait pourtant l’envers même de l’art de son aïeul : une clarté, un allant, une vigueur _ voilà ! _ qui regardaient plutôt vers l’Italie que vers l’Allemagne.

Cette vertu méditerranéenne n’est pourtant pas restée dans l’imaginaire des mélomanes, comme la nature même de l’art de Wolfgang Sawallisch, trop d’années munichoises vouées d’abord à l’opéra, trop de fréquentations répétées du grand répertoire romantique l’auront ancré dans une certaine tradition germanique dont certains auront déduit une minoration de son art, le rétrogradant au rang de kappellmeister, ce que les habitués du Staatsoper savaient absolument improbable et qu’infirment les gravures viennoises qui ouvrent ce voyage en « sawallie ».

Pour le disque, le jeune Wolfgang commença sous la houlette de Walter Legge, avec le Philharmonia de Karajan, rien moins (voir ici le coffret édité par Warner), c’est encore l’esprit de Karajan qu’il retrouva chez les Wiener Symphoniker dont le jeune prodige avait illuminé la balance, éclairé les timbres, discipliné les pupitres.

Son fluide et vif, orchestre sans pesanteur _ voilà, voilà _, l’envers de tant de formations germaniques, mais un idéal sonore que Sawallisch raffina encore et qui culminera dans un cycle Brahms, Symphonies, Ouvertures, Variations, Requiem allemand, Schicksalslied que viendra couronner l’étreignante _ absolument !Rhapsodie avec Aafje Heynis. Partout un élan, une clarté, une fougue _ oui ! _, et ces tempos vifs qu’il ne retrouvera pas à Londres des décennies plus tard.

Cet ensemble parfait, cette fois magnifiquement réédité, ne doit pas masquer les autres gravures viennoises : irrésistible 9e de Schubert entre tendresse et brio, poésie et éclat, un modèle trop oublié qui sera la porte d’entrée pour musarder dans les Première, Cinquième et Huitième. Il reprendra le cycle au complet avec la Staatskapelle de Dresde, magnifique certes, mais sans ce sourire encore mozartien qu’il mettait également aux Haydn, à l’Italienne de Mendelssohn si envolée, fruits dorés de ses années viennoises dont émergent aussi des albums Johann Strauss un peu surveillés et deux disques Wagner transcendants de théâtre et de poésie : écoutez cette Siegfried-Idyll, l’érotisme de ce Venusberg annonçant son prodigieux Tannhäuser de Bayreuth.

De Londres, avec le New Philharmonia Orchestra, toutes les Symphonies de Mendelssohn fuient le classicisme pour l’espressivo, intégrale majeure et trop oubliée ; de Dresde, les deux grandes Messes de Schubert d’une sidérante puissance, annonceront l’intégrale bavaroise à venir.

Un triptyque étonne plus encore : 5e de Tchaikovski, d’une fébrilité, d’un emportement, d’une violence où semble passer l’ombre d’un Van Kempen, 6e et 7e de Beethoven fabuleuses simplement, il s’en souviendra, gravant le cycle complet avec les Hollandais pour EMI.

Un rare album d’extraits d’opéra (Cavalleria rusticana avec Schech et Pease en allemand et en italien) inaugure la collaboration avec Deutsche Grammophon qui ne sera reprise que bien tardivement, et d’abord par l’accompagnateur de lieder pour les Strauss de Fischer-Dieskau, les Liebeslieder-Walzer de Brahms avec Karl Engel et un faramineux quatuor de gosiers. Suivra ce Château de Barbe-Bleue hypnotique, resté à part dans la discographie.

Mais côté lieder, le plus beau _ nous y venons _ reste ce Winterreise et ces Strauss pour Hermann Prey, son alter-ego en pur lyrisme. Puis Bayreuth, dont il fut le héros rénovateur au côté de Pierre Boulez. Au Français Parsifal et Tristan (qu’il fera aussi), à l’allemand Fliegende Höllander, Tannhäuser, Lohengrin, trois spectacles historiques réinventés où venait se brûler pour l’éternité la fabuleuse Anja Silja. Ecoutez seulement….

LE DISQUE DU JOUR..;

Wolfgang Sawallisch, piano, direction


The Complete Recordings
on Philips & Deutsche Grammopho
n


CD 1
Ludwig van Beethoven(1770-1827)
Symphonie No. 6 en fa majeur, Op. 68 « Pastorale »
Fidelio, Op. 72 – Ouverture
Concertgebouw Amsterdam (publ. 1970)

CD 2
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 7 en la majeur, Op. 92
König Stephan, Op. 117 – Ouverture
Concertgebouw Amsterdam

CD 3
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 68
Symphonie No. 3 en fa majeur, Op. 90*
Wiener Symphoniker (1962, *1961)

CD 4
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 73
Symphonie No. 4 en mi mineur, Op. 98*
Wiener Symphoniker (1959, *1963)

CD 5
Johannes Brahms (1833-1897)
Ein deutsches Requiem, Op. 45
Wilma Lipp, soprano – Franz Crass, baryton – Singverein der Gesellschaft der MusikfreundeWiener Symphoniker (1962)

CD 6
Johannes Brahms (1833-1897)
Ouverture pour une fête académique, Op. 80
Ouverture tragique, Op. 81*
Schicksalslied, Op. 54**
Rhapsodie pour contralto, choeur d’hommes et orchestre, Op. 53**
Variations sur un thème de Haydn, Op. 56a
**Aafje Heynis, contralto – **Singverein der Gesellschaft der MusikfreundeWiener Symphoniker (1959, *1961, **1962)

CD 7
Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie No. 94 en sol majeur, Hob. I:94 « Surprise »
Symphonie No. 100 en sol majeur, Hob. I:100 « Militaire »
Wiener Symphoniker (1961)

CD 8
Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie No. 92 en sol majeur, Hob. I:92 « Oxford »
Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie No. 1 en ré majeur, D. 82
Wiener Symphoniker (1963)

CD 9
Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie No. 101 en ré majeur, Hob. I:101 « L’Horloge »
Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie No. 5 en si bémol majeur, D. 485
Wiener Symphoniker (1962)

CD 10
Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie No. 8 en si mineur, D. 759 « Inachevée »
Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
Symphonie No. 4 en la majeur, Op. 90 « Italienne »
Wiener Symphoniker (1959)

CD 11
Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie No. 9 en ut majeur, D. 944 « Grande »
Wiener Symphoniker (1961)

CDs 12-14
Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 11, MWV N 13*
Symphonie No. 3 en la mineur, Op. 56, MWV N 18 « Ecossaise »*
Symphonie No. 2 en si bémol majeur, Op. 52, MWV A 18 « Lobgesang »*
Ruy Blas, Op. 95, MWV P 15*
Symphonie No. 4 en la majeur, Op. 90 « Italienne »
Symphonie No. 5 en ré mineur, Op. 107 « Réformation »
Helen Donath, soprano – Rotraud Hansmann, mezzo-soprano – Waldemar Kmentt, ténor – New Philharmonia ChorusNew Philharmonia Orchestra (1966, *1967)

CDs 15-16
Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
Elijah, Op. 70, MWV A 25 (enregistrement en allemand)
Elly Ameling, soprano I (Die Witwe, Der Engel, Ein Seraph) – Renate Krahmer, soprano II (Der Knabe, Ein Seraph) – Annelies Burmeister, contralto I (Ein Engel, Ein Seraph) – Gisela Schröter, contralto II (Die Königin, Ein Seraph) – Peter Schreier, ténor I (Obadjah) – Hans-Joachim Rotzsch, ténor II (Ahab) – Theo Adam, basse (Elias) – Hermann-Christian Polster, basse II (Elias) – Rundfunkchor LeipzigGewandhausorchester Leipzig (1968)

CDs 17-18
Franz Schubert (1797-1828)
Messe en la bémol majeur, D. 678
Messe en mi bémol majeur, D. 950**
Helen Donath, soprano – Ingeborg Springer, contralto – Peter Schreier, ténor – **Hans-Joachim Rotzsch, ténor II – Theo Adam, basse – *Christoph Albrecht, orgue – Rundfunkchor LeipzigStaatskapelle Dresden (1971)

CDs 19-22
Franz Schubert (1797-1828)
Staatskapelle Dresden (1967)

Symphonie No. 1 en ré majeur, D. 82
Symphonie No. 2 en si bémol majeur, D. 125
Ouverture dans le style italien en ré majeur, D. 590
Ouverture dans le style italien en ut majeur, D. 591

Symphonie No. 3 en ré majeur, D. 200
Symphonie No. 4 en ut mineur, D. 417 « Tragique »

Symphonie No. 5 en si bémol majeur, D. 485
Symphonie No. 6 en ut majeur, D. 589

Symphonie No. 8 en si mineur, D. 759 « Inachevée »
Symphonie No. 9 en ut majeur, D. 944 « Grande »

CDs 23*-24**
Johann Strauss II (1825-1899)
An der schönen blauen Donau, Op. 314
Rosen aus dem Süden, Op. 388
Wein, Weib und Gesang, Op. 333
Kaiserwalzer, Op. 437
Künstlerleben, Op. 316
Frühlingsstimmen, Op. 410
Geschichten aus dem Wienerwald, Op. 325
Wiener Blut, Op. 354
Tritsch-Tratsch-Polka, Op. 214
Wiener Bonbons, Op. 307
Neue Pizzikato-Polka, Op. 449
Accelerationen, Op. 234
Tik-Tak, polka schnell, Op. 365
Unter Donner und Blitz, polka, Op. 324
Morgenblätter, Op. 279
Perpetuum mobile, Op. 257
Wo die Zitronen blüh’n, Op. 364
Auf der Jagd, Op. 373
Wiener Symphoniker (*1961, **1965)

CD 25
Piotr Ilitch Tchaikovski (1840-1893)
Symphonie No. 5 en mi mineur, Op. 64, TH 29
Concertgebouw Orchestra (1962)

CD 26
Béla Bartok (1881-1945)
Le Château de Barbe-bleue, Op. 11, Sz. 48, BB 62
Julia Várady, soprano (Judith) – Dietrich Fischer-Dieskau, baryton (Barbe-bleue) – Orchestre de l’Opéra d’Etat de Bavière (1979)

CD 27
Otto Nicolai (1810-1849)
Die lustigen Weiber von Windsor – Ouverture
Albert Lortzing (1801-1851)
Der Wildschütz (2 extraits : Ouverture ; Aria « Wie freundlich strahlt die holde Morgensonne »* – Acte III)
Pietro Mascagni (1863-1945)
Cavalleria rusticana (extrait : Scène complète du duo entre Alfio et Santuzza, chanté en allemand**)
*Horst Günter, baryton –
**Marianne Schech, soprano – James Pease, baryton
Bamberger Symphoniker (1953)

CDs 28-29
Richard Wagner (1813-1883)
Der fliegende Holländer, WWV 63 – Ouverture
Rienzi, WWV 49 – Ouverture
Tannhäuser, WWV 70 – Bacchanale du Venusberg**
Siegfried Idyll, WWV 103*
Die Meistersinger von Nürnberg, WWV 96 – Préludes des Actes I & III***
Lohengrin, WWV 75 – Préludes des Actes I & III***
Parsifal, WWV 111 – Prélude & Enchantement du Vendredi Saint***
Wiener Symphoniker (1959, *1960, **1961, ***1963)

CDs 30-31
Richard Wagner (1813-1883)
Der fliegende Holländer, WWV 63
George London, baryton-basse (Holländer) – Anja Silja, soprano (Senta) – Fritz Uhl, ténor (Erik) – Josef Greindl, basse (Daland) – Georg Paskuda, ténor (Der Steuermann) – Res Fischer, contralto (Mary) – Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele (Bayreuth, 1961)

CDs 32-34
Richard Wagner (1813-1883)
Tannhäuser, WWV 70
Josef Greindl, basse (Hermann, Landgraf von Thüringen) – Wolfgang Windgassen, ténor (Tannhäuser) – Eberhard Wächter, baryton (Wolfram von Eschenbach) – Gerhard Stolze, ténor (Walther von der Vogelweide) – Franz Crass, basse (Biterolf) – Georg Paskuda, ténor (Heinrich der Schreiber) – Gerd Nienstedt, basse (Reinmar von Zweter) – Anja Silja, soprano (Elisabeth) – Grace Bumbry, mezzo-soprano (Venus) – Else-Margrete Gardelli, soprano (Ein junger Hirt) – Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele (Bayreuth, 1962)

CDs 35-37
Richard Wagner (1813-1883)
Lohengrin, WWV 75
Franz Crass, baryton (Heinrich der Vogler) – Jess Thomas, ténor (Lohengrin) – Anja Silja, soprano (Elsa von Brabant) – Ramón Vinay, baryton (Friedrich von Telramund) – Astrid Várnay, soprano (Ortrud) – Tom Krause, basse (Der Heerrufer Des Königs) – Niels Möller, Gerhard Stolze, ténors & Klaus Kirchner, Zoltan Kelemen, basses (Quatre nobles brabançons) – Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele (Bayreuth, 1962)

CD 38
Johannes Brahms (1833-1897)
Liebeslieder-Walzer, Op. 52
Neue Liebeslieder Waltzer, Op. 65
3 Quartette, Op. 64
Edith Mathis, soprano – Brigitte Fassbaender, mezzo-soprano – Peter Schreier, ténor – Dietrich Fischer-Dieskau, baryton – Karl Engel, piano (1981)

CD 39
Franz Schubert (1797-1828)
Winterreise, D. 911
Hermann Prey, baryton (1972)

CD 40
Johannes Brahms (1833-1897)
49 Deutsche Volkslieder, WoO 33 (3 extraits : No. 1. Sagt mir, o schönste Schäf’rin mein ; No. 15. Schwesterlein ; No. 34. Wie komm’ ich denn zur Tür herein)
5 Romanzen und Gesänge, Op. 84 (extrait : No. 5. Spannung)
5 Lieder, Op. 49 (extrait : No. 4. Wiegenlied)
Sergei Prokofiev (1891-1953)
3 Chansons enfantines, Op. 68
Le vilain petit canard, Op. 18
Robert Schumann (1810-1856)
Dichterliebe, Op. 48
Myrthen, Op. 25 (extrait : No. 3. Der Nussbaum)
Peter Schreier, ténor (1984)

CD 41
Richard Strauss (1864-1949)
8 Gedichte aus « Letzte Blätter », Op. 10, TrV 141 (4 extraits : No. 1. Zueignung ; No. 2. Nichts ; No. 3. Die Nacht ; No. 8. Allerseelen)
6 Lieder, Op. 17, TrV 149 (extrait : No. 2. Ständchen)
Schlichte Weisen, Op. 21, TrV 160
4 Lieder, Op. 27, TrV 170 (2 extraits : No. 3. Heimliche Aufforderung ; No. 4. Morgen)
3 Lieder, Op. 29, TrV 172 (2 extraits : No. 1. Traum durch die Dämmerung ; No. 3. Nachtgang)
5 Lieder, Op. 32, TrV 174 (extrait : No. 1. Ich trage meine Minne)
6 Lieder, Op. 37, TrV 187 (extrait : No. 2. Ich liebe dich)
5 Lieder, Op. 39, TrV 189 (extrait : No. 4. Befreit)
5 Lieder, Op. 41, TrV 195 (extrait : No. 4. Bruder Liederlich)
5 Lieder, Op. 48, TrV 202 (extrait : No. 1. Freundliche Vision)
6 Lieder, Op. 56, TrV 220 (extrait : No. 4. Mit deinen blauen Augen)
Hermann Prey, baryton (1972)

CDs 42-43
Richard Strauss (1864-1949)
8 Gedichte aus « Letzte Blätter », Op. 10, TrV 141 (6 extraits : No. 2. Nichts ; No. 3. Die Nacht ; No. 4. Die Georgine ; No. 5. Geduld ; No. 6. Die Verschwiegenen ; No. 7. Die Zeitlose)
5 Lieder, Op. 15, TrV 148 (2 extraits : No. 2. Winternacht ; No. 5. Heimkehr)
6 Lieder, Op. 17, TrV 149 (extrait : No. 2. Ständchen)
6 Lieder aus « Lotosblätter », Op. 19, TrV 152
Schlichte Weisen, Op. 21, TrV 160
2 Lieder, Op. 26, TrV 166
4 Lieder, Op. 27, TrV 170 (3 extraits : No. 1. Ruhe, meine Seele ; No. 3. Heimliche Aufforderung ; No. 4. Morgen)
3 Lieder, Op. 29, TrV 172 (2 extraits : No. 1. Traum durch die Dämmerung ; No. 3. Nachtgang)

4 Lieder, Op. 31, TrV 173 (extrait : No. 4. Stiller Gang)
5 Lieder, Op. 32, TrV 174
4 Lieder, Op. 36, TrV 186 (2 extraits : No. 1. Das Rosenband ; No. 4. Anbetung)
6 Lieder, Op. 37, TrV 187 (4 extraits : No. 1. Glückes genug ; No. 2. Ich liebe dich ; No. 5. Herr Lenz ; No. 6. Hochzeitlich Lied)
8 Lieder, Op. 49, TrV 204 (extrait : No. 6. Junggesellenschwur)
6 Lieder, Op. 56, TrV 220 (2 extraits : No. 1. Gefunden ; No. 3. Im Spätboot)
6 Lieder, Op. 67, TrV 238 (extrait : No. 6. Wanderers Gemütsruhe)
5 kleine Lieder, Op. 69, TrV 237 (3 extraits : No. 3. Einerlei ; No. 4. Waldesfahrt ; No. 5. Schlechtes Wetter)
Vom künftigen Alter, TrV 260
Und dann nicht mehr, TrV 258
Im Sonnenschein, TrV 268
Dietrich Fischer-Dieskau, baryton (DGG, 1984)

Un coffret de 43 CD du label Decca 4854364
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Photo à la une : le chef d’orchestre Wolfgang Sawallisch – Photo : © DR…

 

_ et en date du 26 août 2024, sous la plume de Christophe Huss, l’article intitulé « Le centenaire oublié de Wolfgang Sawallisch » :

Wolfgang Sawallisch devant l’Opéra de Hanoi, le 21 mai 1999.

Photo: Frederik Balfour Archives Agence-France Presse Wolfgang Sawallisch devant l’Opéra de Hanoi, le 21 mai 1999.

Le chef d’orchestre et pianiste allemand Wolfgang Sawallisch a été une des figures musicales les plus importantes _ indubitablement _ de la fin du XXe siècle. Des coffrets viennent honorer sa mémoire. Ainsi, Decca publie en 43 CD l’intégrale de ses enregistrements parus chez Philips et Deutsche Grammophon.

En voyant sortir coup sur coup deux gros coffrets Sawallisch, celui-ci chez Universal et l’autre, que nous attendons, chez Warner, on se dit qu’il doit y avoir un anniversaire dans l’air.

Chose très curieuse en la circonstance, alors que l’édition phonographique a pris l’habitude de célébrer les anniversaires par anticipation, on s’aperçoit que Sawallisch aurait eu 100 ans en août 2023, et qu’il est décédé en février 2013. Bref, à voir débouler de tels coffrets en plein milieu de l’année 2024, c’est un peu comme si l’édition phonographique reconnaissait avoir oublié le chef, l’an passé !

Un chef lyrique

Wolfgang Sawallisch est connu et reconnu pour avoir été le directeur musical emblématique de l’Opéra d’État de Bavière de 1971 à 1992. Il fut ainsi une « autorité » en matière d’opéra et de répertoire germanique (Richard Strauss, Richard Wagner) _ voilà. C’est aussi en Bavière que se niche le Festival de Bayreuth, dont il fut un habitué. Le vaisseau fantôme, Tannhäuser et Lohengrin, captés lors des festivals 1961 et 1962, ont été les enregistrements de ces oeuvres cimentant le catalogue Philips. Ils figurent dans ce coffret.

Cette idée de « valeur sûre » fut également établie dans le répertoire symphonique dès les débuts de sa carrière. Chef de l’Orchestre symphonique de Vienne de 1960 à 1970, Sawallisch fut invité à diriger l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam et, surtout, la Staatskapelle de Dresde, avec laquelle il enregistra son opus le plus fameux : l’intégrale des Symphonies de Schumann pour EMI (qui se trouvera dans le coffret Warner).

Ceci pose les jalons et limites de ce que l’on trouve dans ce coffret Decca, hors opéras, périmètre qui se réduit aux trois Wagner, à un CD d’extraits de Lortzing, de Nicolai et de Mascagni et au fameux Château de Barbe-bleu (DG) de Bartók avec Fischer-Dieskau et Varady.

Limitations

Le gros du répertoire est symphonique, et on y retrouve notamment des documents qui ont alimenté le catalogue « Philips Duo » (intégrales Mendelssohn, Schubert). On peut en tirer trois grandes lignes.

La première est que Sawallisch dans les années 1960 et 1970, n’est pas forcément le ponte solide, mais un peu ennuyeux que l’on imagine. Plusieurs de ses interprétations (1ère de Mendelssohn, Pastorale à Amsterdam, l’allant de ses Valses de Strauss, voire quelques mouvements de Haydn) ont une certaine sève et énergie _ oui.

La seconde se perçoit aisément lorsqu’on écoute les Symphonies et les Messes de Schubert enregistrées à Dresde ou l’Elias de Mendelssohn gravé à Leipzig : par comparaison, l’Orchestre symphonique de Vienne des années 1960 et 1970 est une phalange honorable, mais grise, sans relief sonore particulier. Comparer la 9e Symphonie de Schubert de février 1961 à Vienne (Sawallisch la reprendra heureusement à Dresde en 1966) avec la version Decca de Krips à Londres en 1959 est assez cruel.

Cette comparaison nous amène sur le troisième point : les enregistrements des années 1960 et 1970 sonnent très « années 1960 ». Comme EMI, Philips avait une longueur technique de retard dans la fidélité et subtilité de la captation. Même les Symphonies de Mendelssohn avec le Philharmonia à Londres sont étriquées.

Tout ceci mis bout à bout, les vertus en matière d’archives, qui permettent désormais une connaissance complète de l’art de ce chef à ses débuts, occultent totalement l’idée qu’il pourrait se trouver ici des révélations majeures.

La boîte Warner documentera notamment la fin de la carrière de Sawallisch, lorsqu’il fut directeur musical de l’Orchestre de Philadelphie (1993-2003) et se vit confier aussi des intégrales Beethoven et Brahms en Europe.

Comme nous avons gardé le meilleur pour la fin _ nous y voici donc ! _, Sawallisch, grand chef d’opéra, était aussi pianiste accompagnateur _ et magnifique : c’est par là que j’ai personnellement commencé mon picorage d’écoute de ces vastes coffrets… Cinq CD et albums constituent une forme de nectar ici _ absolument ! _ : deux disques de Lieder de Strauss avec Fischer-Dieskau _ merveilleux de clarté et finesse _, les Liebeslieder-Walzer de Brahms référentiels (DG), Dichterliebe de Schumann avec Peter Schreier et deux enregistrements du baryton Hermann Prey, Winterreise de Schubert et un florilège des plus beaux Lieder de Richard Strauss.

Wolfgang Sawallisch

Complete Recordings on Philips & Deutsche Grammophon. Decca 43 CD 485 4364.

Quatre articles auxquels je rajoute, in fine, l’article plus ancien de onze ans _ puisque paru, lui, en 2013 _ de Pierre-Jean Tribot « Wolfgang Sawallisch, le chef allemand à la recherche de la clarté » publié sur le site de ResMusica le 26 août 2013, pour saluer, déjà avec un peu de retard, le chef _ magnifique mais humble et plutôt discret, en dépit de sa carrière et sa discographie musicales superbes _ qui venait de décéder le 22 février 2013, à l’âge de 89 ans ;

un article déjà très détaillé, et au titre lui aussi bien significatif:

Wolfgang Sawallisch, le chef allemand à la recherche de la clarté

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Le chef d’orchestre allemand est décédé, en février dernier, à l’âge de 89 ans. Retiré des podiums depuis 2004, il n’en restait pas moins un monstre sacré _ sic _, dernier représentant d’une certaine image du chef d’orchestre, maître de chapelle humble _ de sa personne _ et _ musicalement _ dévoué au compositeur _ voilà ! Alors que des hommages discographiques lui sont rendus par EMI, Universal et Supraphon, ResMusica revient _ utilement _ sur la vie et sur l’art de ce chef.

wolfgang-sawallisch2013 a

 

Une biographie

voit le jour, à Munich, le 26 Août 1923. Le petit Wolfgang se met rapidement au piano et, à l’âge de 10 ans, il est déjà décidé à devenir un pianiste concertiste. Ses parents lui payent des leçons privées en attendant une entrée au Conservatoire de Munich. Cependant, la Seconde guerre mondiale perturbe ses plans. Le jeune homme est mobilisé, incorporé dans la Wehrmacht, puis fait prisonnier en Italie.

En 1945, il reprend ses études à Munich, entre autre, auprès du compositeur Joseph Haas. Il clôt son cursus par un diplôme de chef d’orchestre à la Hochschule für Musik. Selon, les méthodes d’alors, il doit apprendre son métier dans un petit théâtre de province : ce sera celui d’Augsbourg, ville bavaroise historique. Il gravit peu à peu _ voilà _ les échelons ; entre 1947 et 1953, il passe du poste de premier répétiteur, chargé de superviser les répétitions du chœur à celui de Directeur musical. Il ne perd pas de vue le piano et il accompagne le violoniste Gerhard Seitz lors de sa victoire au Concours international de Genève en 1949.

En 1953, il passe une étape et monte à Aix-la-Chapelle comme directeur de l’orchestre et de l’opéra. La carrière du jeune homme va s’accélérer : en 1953, il fait ses débuts au Philharmonique de Berlin, avant de se produire à la tête du grand orchestre, en 1955, pour une série de concerts acclamés au festival d’Edinbourg. Ces succès lui ouvrent les portes des plus grands orchestres et des plus grandes salles de concert _ voilà. En 1957, il est au Festival de Bayreuth où il est alors le plus jeune chef jamais invité dans la fosse wagnérienne. Ses débuts dans Tristan et Isolde sont fracassants _ oui, musicalement _ et il est aussitôt réinvité, honorant le festival, chaque année, jusqu’en 1962 _ oui… Il est repéré par le producteur de disques Walter Legge qui le fait rentrer dans l’écurie EMI, il grave ses premiers disques symphoniques avec le Philharmonia à Londres. En 1960, après un bref passage à la tête de l’opéra de Wiesbaden, il est directeur de la musique à Cologne et professeur à l’université de musicologie.

En 1960, Sawallisch met le cap sur Vienne pour assurer la direction du Symphonique de la ville à la suite du départ d’Herbert von Karajan. Il avait fait ses débuts triomphaux, en 1957, au pupitre de cet orchestre et le choc avait été tel qu’il avait été rapidement désigné à la direction musicale. Des tournées internationales et des enregistrements témoignent du haut niveau de ce tandem, en particulier dans le répertoire germanique : Schubert-Brahms-Strauss et Bruckner. En 1967, il effectue ses premières prestations avec l’orchestre japonais de la NHK dont il sera proche jusqu’à la fin de sa carrière. Sawallisch n’oublie pas l’opéra et de 1961 à 1973, il cumule les fonctions de chef d’orchestre de l’opéra et de l’orchestre philharmonique de Hambourg. En 1970, en désaccord avec la direction du Symphonique de Vienne, il démissionne et il part occuper des fonctions équivalentes à l’ (il reste à Genève jusqu’en 1980). La phalange suisse est alors au creux de la vague et en pleine crise identitaire, suite au départ et à la mort de son fondateur Ernest Ansermet, et après le bref passage à sa tête du Polonais Paul Kletzki. Le chef travaille sans relâche pour un orchestre à qui il redonne envie de jouer et surtout une visibilité internationale et discographique. Les mélomanes suisses gardent des souvenirs émus des concerts consacrés à la Symphonie n°9 et la Missa Solemnis de Beethoven, au Requiem allemand de Brahms, ainsi qu’aux Scènes de Faust et au Paradis et la Péri, et surtout à ses interprétations de Richard Strauss dont une Elektra, en 1974, au Grand théâtre.

En 1971, il prend également la tête de l’orchestre d’Etat de Bavière à Munich. C’est à ce poste _ voilà _ qu’il va écrire une page de l’histoire de l’interprétation _ voilà, voilà. Il y mène des cycles Richard Strauss (à l’exception de Salomé) et Richard Wagner, enregistrés pour EMI ou Orfeo, qui marquent leur temps _ oui. En près de 20 ans de mandature, il assure près de 1200 représentations et dirige 32 cycles intégraux du Ring wagnérien.

Ayant quitté Munich, il s’installe à Philadelphie auprès d’un orchestre qu’il dirige régulièrement depuis 1966. Cependant, en raison de problèmes de santé, le chef quitte son poste en 2003. Outre son passage à Genève, Sawallisch était très apprécié dans l’espace francophone. En France, il a dirigé l’Orchestre National de France et l’Orchestre philharmonique de Nice mais le public et les critiques gardent une haute mémoire de ses concerts à la tête de l’ où il avait dirigé, entre autre, un cycle Beethoven. , chef d’orchestre et auteur d’un Dictionnaire des interprètes et de l’interprétation musicale depuis 1900, nous rappelle l’intérêt de cette collaboration : « sa rencontre beethovénienne avec l’ relevait d’une approche basée sur la maîtrise des classiques : c’était l’époque de Bychkov, l’orchestre s’était renouvelé et il fallait réapprendre ce répertoire. Ce qui ne fut pas facile, car la cohésion n’était pas alors la qualité première de l’orchestre et Sawallisch ne cultivait pas les individualismes. Rigueur et souplesse, importance des lignes, clarté des parties internes, et surtout un sens de la pulsation qui donnait vie _ voilà ! _ à tout ce qu’il dirigeait : il est tellement facile de perdre le fil dans le mouvement lent de la quatrième, ou de se laisser emballer dans le finale de la deuxième ! La grande idée avait consisté à l’étaler sur plusieurs saisons, ce qui a permis d’assimiler son apport année après année. »

Wolfgang Sawallisch affaibli par des problèmes de santé s’était retiré des podiums, en 2004. Il est l’auteur d’une autobiographie parue en 1993 et intitulée _ significativementIm Interesse der Deutlichkeit (Dans un souci de clarté) _ une qualité que j’apprécie aussi au plus haut point en musique.

Le style Sawallisch

Fuyant le star system, Sawallisch donnait l’image du maître de chapelle, entièrement dévolu au compositeur et rien qu’au compositeur _ voilà : ce qui doit bien sûr être ! Très rigoureux en répétition, mais jamais cassant, il avait été surnommé à La Scala de Milan « Lo Speziale » ou « le Pharmacien », à cause d’un visage qui inspirait la rigueur et le sérieux _ dénué d’esbroufe. Il est également resté actif, autant en concert qu’à l’opéra et ne négligeait pas _ non plus, voire surtout : tant il y est parfait ! _ l’accompagnement pianistique de chanteurs ou d’instrumentistes, selon un profil de carrière très ancré dans une culture allemande.

wolfgang-sawallisch2013 dLe travail orchestral de Sawallisch s’appuyait sur la pratique d’un répertoire classique qu’il considérait comme la base de la bonne santé _ musicale _ d’un orchestre. A Philadelphie, succédant à un Riccardo Muti plus attaché au répertoire flamboyant qu’à pratiquer les fondements de l’art symphonique, il avait, pour sa première saison, imposé, une Symphonie de Haydn, à chaque programme. En effet, le musicien considérait le compositeur autrichien comme le meilleur exercice possible _ par sa clarté _ pour un orchestre.

, nous éclaire sur le style du chef et sur sa place dans l’histoire de l’interprétation : « Après les chefs germaniques légendaires que furent Furtwängler, Knappertsbusch ou Karajan, Sawallisch a été l’un des premiers à mettre fin à des excès stylistiques qui avaient enfermé la direction d’orchestre allemande dans un excès de dramatisme et la recherche d’une pâte sonore parfois éloignés de la vérité des textes _ voilà. Avant lui, on peut en trouver les prémices chez Bruno Walter ou Fritz Busch, mais leur lecture passionnée n’avait pas encore cette rigueur _ sans froideur aucune _ qu’il a su concilier avec la tradition germanique. On lui a souvent reproché une certaine froideur, peut-être plus souvent au concert qu’à l’opéra. A mon sens, c’est confondre froideur et simplicité _ voilà ! A sa génération, il a été la seule figure marquante _ quel compliment ! _ de la direction d’orchestre allemande ».

En 1999, le grand pianiste français avait fait ses débuts avec l’ dans le Concerto n°2 de Brahms sous la baguette du chef : « je travaillais tranquillement dans ma loge et personne n’est venu me prévenir que c’était à moi. Je descends et croise le maestro passablement tendu qui me dit en préambule: Où étiez-vous? On vous attend ! Premier contact donc ! Or il faut rappeler que j’étais jeune et très impressionné car c’était mes débuts à Paris ; ça compte dans la carrière d’un jeune musicien ! Puis je m’installe et j’entends le cor débuter le merveilleux motif initial alors que je réglais le siège ; je ne me démonte pas et commence. Tout change alors, il devient affable, attentif, presque affectueux, un grand-père mais avec une terrible autorité. Un vrai bonheur ! Tant et si bien que la répétition de termine dans sa loge à quatre mains jouant la Symphonie n°3 de Brahms. Son rapport au soliste était à l’ancienne. Très directif et ne souffrant pas le commentaire. Mais je ne demandais qu’à boire ses paroles. Il n’était pas du genre à demander le tempo au soliste, surtout à un jeune comme moi. Mais, j’écoutais, j’observais et je me régalais ! Le tempo très ample du 1er mouvement me convenait parfaitement. Puis il m’a dit une chose importante pour la coda du finale, difficile à négocier musicalement : jouer cette coda en ayant conscience qu’elle termine non seulement le finale mais surtout cette œuvre monumentale. Autrement dit : détendez un peu le tempo pour qu’on perçoive l’ampleur de cette péroraison. J’avais l’impression de jouer avec un chef légendaire comme Furtwängler ou Celibidache ! ».

Le legs discographique Sawallisch

La discographie de Wolfgang Sawallisch est naturellement conséquente : elle couvre l’opéra, la musique chorale, le symphonique, la musique de chambre et l’accompagnement de chanteurs.

Du côté de l’opéra, les cycles Wagner et Strauss, restent des indémodables de la discographie. Ainsi, dans le cadre de ses représentations wagnériennes munichoises, le chef _ de sa propre curiosité musicale _ avait proposé au public les opéras de jeunesse mal-aimés que sont : Rienzi, Die Feen ou Das Liebesverbot ; éditées chez Orfeo, ces gravures n’ont jamais été surpassées _ rien moins… Il ne faut pas négliger les représentations captées sur le vif à Bayreuth : Der Fliegende Holländer, Tannhäuser ou Lohengrin (Philips-Decca).

De Richard Strauss, on retient surtout ses lectures d’Elektra et de Capriccio (EMI). Sawallisch était particulièrement proche de l’œuvre de _ son compatriote bavarois _ Richard Strauss auquel il a consacré de nombreux disques symphoniques (EMI et Orfeo), et il a même coordonné, du piano, une intégrale unique de sa musique de chambre avec des musiciens bavarois (Arts et Brilliant). On lui doit par ailleurs, l’accompagnement pianistique de plusieurs disques centrés sur les lieder de Strauss.

Du côté symphonique, le répertoire du chef tournait autour des grands classiques du répertoire allemand. On lui doit plusieurs intégrales des Symphonies de Brahms et Schumann. Sa première intégrale des Symphonies de Schumann gravée à Dresde, pour EMI, est toujours un incunable _ voilà _ de la discographie. Le chef était évidemment à son aise avec Bruckner dont il laisse de très belles lectures des Symphonies n°4 (EMI) et n°6 (Orfeo). Il ne faut pas non plus négliger ses lectures de Schubert (Messes chez EMI et Symphonies chez Universal) et ses interprétations de Mendelssohn (Symphonies et oratorio Elias chez Universal).

Si l’on recherche des pépites et des chemins de traverses, il faut se ruer sur son Macbeth de Verdi capté à Salzbourg, le chef y dirige une distribution de rêve : Grace Bumbry et Dietrich Fischer-Dieskau. Du côté des raretés, il faut signaler son Requiem de Hindemith et sa Symphonie n°3 de Furtwängler chez Orfeo, ainsi que le double album dédié à deux opéras de Carl Orff : Der Mond et Die Kluge (EMI).

L’orchestre de Philadelphie propose en téléchargement des concerts du chef documenté au pupitre de l’orchestre, on y trouve des Symphonies de Bruckner et une intégrale des Symphonies de Schumann.

En hommage au chef, ses maisons de disques remettent en coffret _ cette année 2013 de son décès _ plusieurs de ses enregistrements. Emi, dans sa série « Icon », propose ses intégrales tardives Brahms et Beethoven. Universal présente différents coffrets selon les marchés nationaux, avec les intégrales Mendelssohn et Schubert. L’initiative la plus intéressante est à créditer aux Tchèques de Supraphon qui documentent les concerts de Sawallisch à Prague avec, entre autres, un répertoire local du XXe siècle. On y découvre un Sawallisch plus incisif et buriné qu’en studio, entre autres dans une grandiose Messe de Leoš Janáček et dans des partitions de Bohuslav Martinů (Messe de Campagne et Symphonie n°4) _ tout cela est bien entendu passionnant.

Nous remercions chaleureusement et pour leurs témoignages.

Crédits photographiques : DR

Voilà, pour être presque exhaustif, et aider si peu que ce soit à tâcher de s’orienter avec un minimum de lucidité et justesse de goût en cette très riche discographie de Wolfgang Sawallisch, maître de la clarté, en la parfaite probité, honnêteté, humilité de sa direction d’orchestre et de chœur, ainsi que son lumineux jeu d’accompagnateur au piano, au seul service de la recherche probe et vivante de la beauté juste et vraie de la musique…

Ce dimanche 29 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Continuer d’explorer le coffret Warner Classics « Wolfgang Sawallisch – Complete Symphonie, Lieder et Choral Recordings (1954 – 1997) », avec une clarté, un allant, une vigueur : après ses admirables Lieder de Franz Schubert, écouter aussi, et à nouveau au piano, ses lumineux Lieder du bavarois Richard Strauss, avec Lucia Popp, Margaret Price, Barbara Hendricks, et aussi Hermann Prey…

08sept

En continuation de mon article du 21 juillet dernier « « ,

je désire ce dimanche 8 septembre continuer mon exploration de ce superbe cofffret Decca 4854364 de 43 CDs consacré à l’œuvre discographique de Wolfgang Sawallisch…

Et je viens me pencher cette fois-ci sur les Lieder de Richard Strauss (Munich, 11 juin 1864 – Garmisch-Partenkirchen – Bavière, 6 septembre 1949),

dans lesquels, ici à nouveau de son piano, Wolfgang Sawallisch accompagne les chanteurs :

dans ce somptueux coffret-ci Warner Classics, aux CDs 58, 59 et 60,

Lucia Popp (Zahorska, 12 novembre 1939 – Munich, 16 novembre 1993) _ en un enregistrement, au Kloster Seeon, sur le lac de Chiemsee, en Bavière, du 10 au 13 septembre 1984 _,

Margaret Price (Blackwood, 13 avril 1941 – Cardigan, 28 janvier 1991) _ en un enregistrement, à Munich, aux mois d’avril et mai 1986 _,

et Barbara Hendricks (Stephens – Arkansas, 20 novembre 1948) _ en un enregistrement, à Munich, du 12 au 14 septembre 1995…

Mais il me faut ici y adjoindre, présent, lui depuis longtemps, en ma discothèque personnelle, l’admirable CD Philips 422 245-2 _ enregistré à Munich en novembre 1972 _ « Richard Strauss – 20 Lieder – Heimliche Auffforderung – Zueignung – Stänchen – Morgen – U. A.« 

avec l’incomparable Hermann Prey (Berlin, 11 juillet 1929 – Krailling – Bavière, 22 juillet 1998).

Toutes des interprétations de pure grâce, à Munich  et au lac de Chiemseeau pays même de Wolfgang Sawallisch (Munich, 26 août 1923 – Grassau, Bavière, 22 février 2013)…

Ce dimanche 8 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Mathieu Pordoy subtil accompagnateur et chef de chant, ou le pur art du charme (suite)…

12avr

Le récent beau CD « Mozart – R. Strauss – Lieder« , avec Sabine Devieilhe _ Erato 5054197948862, enregistré à l’Opéra de Paris au mois de juillet 2023 (ainsi que le 5 janvier 2024, à Boulogne-Billancourt, pour « Morgen« , avec le violon de Vilde Frang : écoutez-le ici)… _confirme une nouvelle fois, et si besoin encore en était, le très grand talent du pianiste Mathieu Pordoy, comme accompagnateur (ou chef de chant) hyper subtilement attentif : cette fois dans un beau récital, bien composé, de Lieder et Mélodies de Mozart et Richard Strauss…

Sur ce talent amplement confirmé déjà de Mathieu Pordoy, cf mes détaillés articles des 19 décembre 2019 « « ,

21 juin 2023 « « ,

et 22 juin 2023 « « .

Et voici un lien au très précis commentaire intitulé « L’évidence » qu’en a donné le 29 mars dernier sur le site de ForumOpera Charles Sigel…

Sabine Devieilhe : Lieder de Mozart et Richard Strauss

29 mars 2024
L’évidence

En somme c’est Zerbinetta et la Reine de la nuit chantant le lied. Avec tant de facilité apparente, de naturel, d’évidence que, pour un peu, on en oublierait d’admirer…

Réussite parfaite à laquelle concourt à égalité le piano de Mathieu Pordoy, très coloré, jamais lourd, et d’une variété de toucher infinie, partenaire idéal _ oui _ respirant à l’unisson de la voix. Tous deux dans une prise de son magnifique, équilibrée et brillante.

Chez Sabine Devieilhe, c’est peut-être la maîtrise de la ligne qui émerveille d’abord (outre l’intonation d’une justesse évidemment jamais prise en défaut). Ce legato qui ne faiblit jamais et traduit l’immobilité de Die Nacht (Strauss), l’effroi de l’avancée d’une nuit engloutissant toutes choses. Tout cela impliquant une maîtrise, un souffle, un placement de la voix de haute volée. Au seul bénéfice finalement de l’esprit du lied, de cette incertitude blême où est plongé l’auditeur. Le sens du poème est donné in extremis : « O die Nacht, mir bangt, sie stehle Dich mir auchOh, j’ai peur que la nuit t’arrache aussi à moi. »

…Mathieu Pordoy et Sabine Devieilhe © Steve J. Sherman

C’est le premier Strauss de l’album, la plage 2. Je suggère d’écouter juste après le premier des Mozart mélancoliques, la plage 9, l’étonnant An die Einsamkeit (À la solitude). Mélodie ou lied ? On peut en discuter. Plutôt lied, je crois, puisque c’est un état d’âme. Et Mozart y semble, en sol mineur, préfigurer Schubert. Pas de prélude au clavier (Mathieu Pordoy, si délicat, si attentif _ oui, oui). Mozart expose tout de suite la ligne musicale, une mélodie reprise trois fois (en principe quatre, l’une des strophes est ici coupée) sur un texte un peu sentimental (de Johann Timotheus Hermes, romancier à succès) que la musique transfigure. Et puis la transparence du timbre, les ornements légers des reprises, le dépouillement pour ne pas dire l’effacement de l’interprète, le sentiment pur… C’est très beau et tout simplement, oui, évident.

De la même façon, pour revenir à Strauss, Waldseligkeit (Béatitude en forêt) semble en lévitation avec ces notes tenues inépuisables sur un souffle sans fin, ces montées sur les sommets, ces longues paraboles qui semblent s’envoler toujours plus haut avant de redescendre vers le dernier vers (« Da bin ich ganz nur DeinLà je suis tout à toi »). Technique vocale souveraine mise au service de l’expression.

Strauss en 1902 © D.R.

En lévitation

Lévitation, le mot reviendrait naturellement sous la plume pour évoquer l’effet étrange, un peu hypnotique, que crée Meinem Kinde, regard émerveillé porté sur un enfant qui dort. On cherche les explications : est-ce le tempo lentissime, le timbre si limpide, les passages impalpables en kopfstimme (sur Sternlein), l’intensité de certains forte (sur segne, umher, ou Liebe) sans parler des spirales obsédantes du piano ?

Mystères de l’interprétation… Qui se perpétueront dans la plage suivante, le fameux Morgen, ondulant, halluciné, avec ses longues tenues non vibrées, portées par le violon effusif de Vilde Frang, ses silences qui s’allongent, comme certains mots (« die Augen schauen ») s’étirent à l’infini _ écoutez- le ici… L’ineffable va bien à Richard Strauss… Lied extatique sur un poème de John Henry Mackay au sous-texte homosexuel : demain, Morgen, nous serons libres (c’est du moins ce que révèle _ en effet, à la page 12  du livret _ le commentaire de Richard Stokes).

Autre lied illustre, Ständchen (Sérénade), et sa prestesse, sur les guirlandes ondoyantes du piano : le sous-texte (pas tellement caché d’ailleurs) est ici ouvertement érotique _ oui _, jusqu’aux « Wonneschauen » de la fin, des frissons de bonheur au sens dépourvu d’équivoque. La voix se fait aussi légère que celle du rossignol (Die Nachtigall) qui assiste à la scène, tandis qu’une rose en rougit. Version parfaite d’un lied dont Strauss se plaignait déjà qu’il fût galvaudé, mais restitué ici dans toute sa fraîcheur amoureuse.

Sabine Devieilhe © Alice de Sagazan

Virevoltes

On classera aussi au dossier Zerbinetta l’invraisemblable Amor, qui tient du défi permanent et de l’équilibrisme dangereux : coloratures en cascades, trilles en batteries serrées, défilé de notes perchées, des contre-ut à foison …. Si la gageure est de faire croire que c’est facile, elle est tenue, comme en se jouant. De même pour Kling ! aérien et folâtre, qui semble répondre à la petite comédie de Schlagende Herzen (Cœurs battants) où Mozart semble préfigurer les ballades des Romantiques.

Ainsi va ce récital qui batifole entre fantaisie et mélancolie, comme pour attester, si besoin était, de la richesse de la palette de Sabine Devieilhe, et de la cyclothymie de Strauss, sans doute le dernier de ces Romantiques, qui passe incessamment de la virtuosité à la morosité, celle qu’il laisse s’épancher dans le Rosenkavalier, nostalgisant sans fin sur la fuite du temps (dans Winterweihe -Dédicace d’hiver) mais toujours amoureux (Ich schwebe – Je plane).

Érotisme fin-de-siècle

Les mélodies très Modern Style du cycle Mädchenblumen (Fleurs de jeunes filles), écrites en 1889, publiées en 1891, font partie de la première vague composée par Strauss, qui ne s’adonnera à l’exercice qu’épisodiquement. Ces quatre vignettes, sur des poèmes de Félix Dahn, filent la métaphore entre fleurs et petites jeunes filles, avec maintes arrière-pensées d’un érotisme à peine estompé et pas mal de doubles sens transparents. Strauss, faisant mine d’en rougir, écrit à son éditeur Eugen Spitzweg : « J’ai achevé un nouveau volume de lieder, mais ils sont très compliqués et constituent des expériences si curieuses qu’il me semble que je vous rendrais service en les refilant à un autre éditeur… »
Elles ont été enregistrées notamment par Edita Gruberova et Diana Damrau. Sabine Devieilhe les surpasse en aisance et en naturel (un naturel très sophistiqué, bien sûr). Les courbes serpentines et les modulations pastel de Kornblumen (Bleuets), le brio virevoltant de Mohnblumen (Coquelicots), les insinuantes allusions d’Epheu (Lierre) – « Denn sie zählen zu den seltnen Blumen, die nur einmal blühen – Car elles comptent parmi les fleurs qui ne fleurissent qu’une fois »-, l’érotisme torpide de Wasserrose (Nénuphar), sur le piano liquide de Mathieu Pordoy qui semble scintiller dans une lumière matinale… C’est un univers préraphaélite, voluptueux et diaphane dont Sabine Devieilhe varie constamment les couleurs et l’éclairage, aussi attentive au texte qu’à la musique.

Mozart par Joseph Lange © D.R.

Pudeurs mozartiennes

Juste après, La violette de Mozart (Das Veilchen) semblerait bien frêle et bien chaste en comparaison… Écrasée par le pied d’une bergère étourdie… Ce pourrait être une bluette très Hameau de la Reine. Par le simple (?) jeu des harmonies, Mozart lui prête la mélancolie d’une réflexion sur la vie et la mort, très troublante. D’autant plus quand elle s’illumine de la fausse candeur du timbre de Sabine Devieilhe. Une mélodie composée en 1785, l’année des 20e et 21e concertos… C’est Mozart lui-même qui ajouta aux vers de Goethe sa propre conclusion : « Das arme Veilchen ! Es war ein herzige Veilchen – La pauvre violette ! C’était une violette pleine de cœur », prétexte à une fin abrupte qui laisse étonné. Tant d’arrière-plans en 2’30’’…

Moins profonde, Das Traumbild (Vision en rêve) est une gentille romance en mi bémol majeur très semblable à Die Einsamkeit, dont elle n’a peut-être pas la mélancolie. Là encore une phrase musicale revient quatre fois (l’une d’elles coupée aussi). Curieux de penser qu’elle a été composée à Prague le 6 novembre 1787 neuf jours après l’achèvement de Don Giovanni.
De l’été de la même année, An Chloe, n’a elle aussi que l’attrait d’une romance -mais une romance de Mozart, tout de même ! De l’une comme de l’autre Sabine Devieilhe fait de très jolies choses (les vocalises de la coda d’An Chloé sont d’une grâce impalpable _ regardez-et écoutez…). Chapeau bas devant le toucher _ oui _ de Mathieu Pordoy qui touche son piano (un Steinway on suppose) comme il ferait d’un piano-forte, pour ne pas dire un clavicorde _ c’est dire…

Mathieu Pordoy et Sabine Devieilhe © Steve J. Sherman

Mais l’étonnant, c’est que le même jour qu’An Chloé (24 juin 1787) Mozart écrit aussi ce qui passe pour être le premier vrai lied jamais composé, Abendempfindung (Sentiment du soir), point de départ d’une aventure qui ne s’achèvera qu’avec Malven, composé par Strauss à Montreux le 23 novembre 1948 (donc après les Quatre derniers lieder).
Le mot important ici, c’est Empfindung. Méditation morose sur la vie et surtout la mort. Que Sabine Devieilhe effleure comme sans y toucher, le charme de la voix estompant (de façon très mozartienne) la gravité sous l’apparente légèreté. Un bref rallentando suffisant à changer fugitivement le climat _ écoutez-ici…

On n’aura garde d’oublier quelques miniatures au fini parfait, Oiseaux, si tous les ans, une des deux seules mélodies de Mozart en français et Komm, lieber Zither, komm, petite chose écrite pour voix et mandoline, dont le plus étonnant est qu’elle fut composée alors qu’il était tout entier à l’écriture d’Idomeneo.

Enfin on saluera les débuts précoces au disque de Lucien Pichon, qui vient ponctuer l’exquis Das Kinderspiel de Mozart de sa voix de tout petit garçon qui fut à bonne école avant même de naître… et rien n’est plus charmant que le rire de sa mère l’écoutant.

Mathieu Pordoy est toujours subtil, fin et élégant : c’est ce que je désirais souligner…

Bravo !!!!

Ce vendredi 12 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Trouver sa voix, où l’épanouissement proprement ravissant de Sandrine Piau…

10fév

L’heureuse surprise qu’a été pour moi _ cf mon article assez paradoxal d’avant hier 8 février « « … _ le plaisir du CD « Reflet – Berloz – Duparc – Koechlin – Debussy – Ravel – Britten« , soit le CD Alpha 1019 _  enregistré à Besançon au mois de novembre 2022 _ de Sandrine Piau _ et l’Orchestre Victor Hugo dirigé par son très subtil chef Jean-François Verdier _

m’a conduit à très vite rechercher le précédent CD des mêmes _ Sandrine Piau avec l’Orcheste Victor Hugo sous la direction merveilleusement soyeuse de Jean)François Verdier _, le CD « Clair-Obscur – Strauss – Berg – Zemlinsky » _ regarder cette vidéo de présentation du CD par Sandrine Piau elle-même (4’05) _,

soit le CD Alpha 727  _ enregistré à Besançon au mois de mars 2020.

Avec ravissement !

Et stupéfaction même d’être passé à côté lors de la sortie, au mois de mars 2021, de ce délectable bijou…

Probablement par préjugé à l’égard de prononciations jugées par moi défectueuses lors de précédents concerts, ou écoutes de CDs…

D’abord, et déjà, quel choix de programme, idéalement composé…

Mais aussi quel épanouissement de l’art de chanter de tels répertoires, déjà tellement marqués par de très grandes voix…

Voici 3 articles retrouvés sur le web sous les excellentes plumes

de Pierre Degott, pour ResMusica, en date du 19 mars 2021, intitulé « Clair-Obscur envoûtant avec Sandrine Piau«  ;

de Jean Lacroix, pour Crescendo, en date du 14 avril 2021, intitulé « Sandrine Piau et l’alchimie du clair-obscur » ;

et de Jean-Charles Hoffelé, pour son Discophilia, en date du 28 mai 2021, intitulé « Les Voix de Sandrine« …

Clair-obscur envoûtant avec Sandrine Piau

Les Clefs d'or

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Sandrine Piau irradie _ voilà ! _ dans un répertoire où on ne l’attendait _ effectivement _ pas. Interprétation presque chambriste _ oui, comme très personnellement j’aime… _ avec _ oui, c’est le mot absolument approprié !.. _ Jean-François Verdier et l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté.

Qui l’aurait attendue dans ce répertoire ? _ bien peu… Après avoir défendu pendant des années la musique baroque française, italienne et allemande, après avoir trouvé ses marques dans Mozart puis dans la mélodie française, Sandrine Piau s’attaque aujourd’hui aux chefs d’œuvre _ oui ! _ germaniques de la première moitié du XXᵉ siècle. De Strauss et Zemlinsky à Berg, le programme frappe autant par son audace que par sa cohérence _ mais oui. Qui, avant Piau, avait pensé à juxtaposer les Sieben frühe Lieder de Berg et les Vier letzte Lieder de Strauss ? Est-ce parce que l’évidence de cet inhabituel couplage était trop criante ? Les deux pièces s’enchainent quasiment sans pause. Au début du CD, les sonorités capiteuses _ à fondre de volupté ! _ de « Morgen » font directement suite à l’envoûtant « Waldgespräch » de Zemlinksy _ écoutez ici (7′ 03) ; c’est superbe !.. _, le solo de violon s’imposant comme le fil conducteur que l’on retrouvera également dans « Beim Schlafengehen » de Strauss. Pour une fois « Malven », à un moment considéré comme le « cinquième » des Vier letzte Lieder, trouve sa place en conclusion du célèbre cycle immortalisé depuis Kirsten Flagstad par tout ce que le monde lyrique a connu comme grandes sopranos.

Dans toutes ces pièces, Sandrine Piau fait triompher le miracle de sa sensibilité musicale _ oui, pleinement épanouie. Devant tant de beautés vocales, on ne sait s’il faut davantage s’incliner devant la délicatesse infinie _ oui _ des phrasés, devant les moirures argentées de ce timbre flûté d’une rare fraicheur _ oui _ ou devant la palette de couleurs qui pare une ligne vocale d’une extrême droiture. Les cinquante minutes de cet album pour le moins inspirant s’entendront comme une porte vers le monde du rêve et de l’imagination _ probablement : nous chavirons de jouissance. À la tête de l’Orchestre Victor Hugo, Jean-François Verdier _ parfait ! _ opte vers une conception résolument chambriste qui accentue la transparence _ oui _ de l’écriture des pièces de Berg, Strauss et Zemlinsky. Un grand bravo aux musiciens pour ce disque qui, pour beaucoup, sera un baume pour l’âme _ tout simplement.

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Alexander von Zemlinsky (1871-1942) : Waldgespräch, ballade pour soprano, deux cors, harpe et violon.

Richard Strauss (1864-1949) : Morgen ! op. 27 n° 4 ; Meinem Kinde op. 37 n° 3 ; Vier letzte Lieder.

Alban Berg (1885-1935) : Sieben frühe Lieder.

Sandrine Piau, soprano ; Orchestre Victor Hugo Franche Comté, direction : Jean-François Verdier.

1 CD Alpha. Enregistré en mars 2020 à l’Auditorium CRR de Besançon.

Notice en français, anglais et allemand.

Durée : 50:44

Sandrine Piau et l’alchimie du Clair-Obscur

LE 14 AVRIL 2021 par Jean Lacroix

Clair-Obscur.

Alexander von Zemlinsky (1871-1942) : Waldgespräch, ballade pour soprano, deux cors, harpe et violon.

Richard Strauss (1864-1949) : Morgen !, op. 27 n° 4 ; Meinem Kinde op. 37 n° 3 ; Vier letzte Lieder ; Malven.

Alban Berg (1885-1935) : Sieben frühe Lieder.

Sandrine Piau, soprano ; Orchestre Victor Hugo, direction Jean-François Verdier. 2020.

Notice en français, en anglais et en allemand. Textes des poèmes en langue originale allemande, avec traduction en français et en anglais.

50.44.

Alpha 727.

Pour bien saisir la portée artistique de ce _ très _ remarquable CD, nous conseillons, avant audition, la découverte préalable de la notice. On y trouve les reproductions de plusieurs œuvres picturales, de Georges de la Tour à Gustav Klimt en passant par Pierre Bonnard, Pablo Picasso ou Georges Seurat, toutes en contrastes de zones claires et de zones sombres, mais aussi, dans la même optique, quelques réflexions disséminées au fil des pages : des textes de Georges Braque, Antonio Gramsci, Gaston Bachelard ou Robert Desnos. Il faut s’attarder sur celle du peintre, sculpteur et graveur Georges Braque tirée de ses Cahiers 1917-1952, dont le titre est Le Jour et la nuit. Le peintre écrit : Le vase donne une forme au vide et la musique au silence. Située en début de présentation, cette proposition ouvre la porte à la genèse de Clair-Obscur, à travers une note rédigée conjointement par Léa Weber et Sandrine Piau dans laquelle cette dernière précise : Le Clair-Obscur, choc des couleurs absentes, rencontre impossible des contraires, symbolise pour moi la richesse de la musique qui, parée de mystère, crée des unions sans pareilles. C’est dans l’affirmation « la musique donne une forme au silence » que se situe le sens de l’oxymore, titre du programme.

En 2018, déjà pour Alpha, Sandrine Piau avait fait la démonstration de son aisance dans le domaine du lied ; elle y servait Loewe, Wolf et Schumann avec beaucoup de finesse. Cette fois, trois autres sertisseurs de poésie allemande sont mis à l’honneur : Zemlinsky, Richard Strauss et Alban Berg. En rappelant que ce répertoire a fait partie de ses amours d’étudiante, Sandrine Piau, qui sait si bien mettre en valeur la musique baroque, apporte une nouvelle preuve de ses affinités avec un univers qui conjugue les nuances de la fin du jour avec celles de la naissance de l’aube. On s’en convainc dès la peu connue ballade de Zemlinsky pour soprano, deux cors, harpe et violon, Waldgespräch, qui date des années 1895-96. Ce poème d’Eichendorff, un dialogue dans la forêt autour de la présence néfaste de Lorelei à laquelle il est impossible d’échapper, avait déjà tenté Schumann et d’autres compositeurs. Zemlinsky met dans ces sept minutes d’envoûtement _ voilà _ un climat que les instruments rendent onirique, grâce à un texte distillé sans affectation _ mais oui _ par la cantatrice, concentrée sur la portée d’inéluctabilité dramatique.

Richard Strauss occupe en durée la place la plus importante dans ce récital (dont la brièveté crée en nous une frustration). Le contraste avec Zemlinsky est immédiat dans Morgen !, quatrième _ sublime ! et écoutez-le ici (3′ 42)… _ lied de l’opus 27, sur des vers du poète écossais d’expression allemande John Henry Mackay. Aucun drame ici : le bonheur du couple est magnifié dans ce premier lied orchestré en 1897 par Richard Strauss, marié depuis trois ans à Pauline de Ahna. La félicité se poursuit dans Meinem Kinde, troisième numéro de l’opus 37 d’après Gustav Falk, berceuse émouvante sur le sommeil du nouveau-né, en l’occurrence Franz, né du couple en avril 1897. C’est la face claire que Sandrine Piau met ici en évidence dans deux petits joyaux dont elle révèle toute la fragile sensibilité _ oui.

Avant de revenir à Richard Strauss et aux si poignants Vier letzte Lieder, on découvre Alban Berg et ses Sieben frühe Lieder composés entre 1905 et 1908, au temps de son amour naissant pour Hélène Nahowski avec laquelle il se mariera en 1911, et orchestrés en 1928. Différents thèmes sont liés à ces brefs hommages à l’aimée : l’obscurité profonde et les lueurs dans la vallée, le chant du roseau, émanation du lyrisme frissonnant de Nikolaus Lenau, le rossignol au chant suave qui a œuvré toute la nuit, l’intimité de la chambre où les yeux se rencontrent ou le lit d’amour qui s’enivre des parfums du jardin, les jours d’été, et, sommet de ce cycle, le magique Traumgekrönt de Rainer Maria Rilke au cours duquel le rêve et la réalité s’entremêlent. L’écriture translucide de Berg et le climat extatique de ce recueil postromantique permettent à Sandrine Piau de laisser sa voix se développer jusqu’à des altitudes de réelle plénitude _ oui.

Retour à Richard Strauss pour les Vier letzte Lieder de 1948 dont Kirsten Flagstad, Elisabeth Schwarzkopf, Lisa della Casa, Jessye Norman ou Renée Fleming ont laissé de poignantes versions (et plus près de nous, Diana Damrau). Trois poèmes de Hermann Hesse déroulent un phrasé raffiné : la sensualité de la nature revit dans Frühling écoutez ici (3′ 06)... _ et précède les couleurs automnales de September _ écoutez ici (4′ 53) … _ dont les deux derniers vers, Langsam tut er die grossen/müdgewordnen Augen zu sont, par la grâce de la voix de Sandrine Piau, bien plus qu’une aspiration au repos : un crépuscule de la vie _ voilà ! _ qui se prolonge dans Beim Schlafengehen _ écoutez ici (5′ 07), c’est très beau… _, quand le sommeil attire vers l’abîme. Eichendorff, qui avait ouvert le programme chez Zemlinsky, s’épanche dans Im Abendrot _ admirez ici (6′ 46)… _, cet appel à la paix définitive qui étreint l’âme et le cœur par la symbolique éternelle qu’il distille.

Tout au long de ce cycle, Sandrine Piau donne sens aux mots, avec une respiration subtile qui fait appel tout autant à l’intimisme qu’à la dimension cosmique (que l’on aurait tort d’oublier). L’émotion est sans cesse présente _ oui ! et sans affectation… _, avec un timbre aux nuances immatérielles. Superbe réussite _ oui _, que complète Malven, le tout dernier lied composé par Strauss, au seuil de la mort, pour Maria Jeritza qui ne le chanta jamais. La nostalgie infinie qui se dégage de la coloration « mauve », esquissée si tendrement par Betty Wehrli-Knobel dans son poème avec les vers Comme un visage/Couvert de pleurs, et blême/Sous la lumière/Dorée des cieux, vient couronner ce récital aux lignes pures et enchanteresses _ voilà. L’Orchestre Victor Hugo, aux accents chaleureux et complices si bien dosés _ à la perfection ! _ par Jean-François Verdier, est en complète harmonie _ absolument, et c’est un élément décisif, majeur, du miracle de ce CD _ avec le rayonnement de la cantatrice. Ah, l’admirable disque !.. _ c’est dit.

Son : 9  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Jean Lacroix

LES VOIX DE SANDRINE

Je me souviens de sa Cléopâtre à Garnier. Comme la voix avait pris de la pulpe et comme l’aigu était resté aisé ! Quel chemin encore parcouru depuis _ oui _, en prudence mais aussi avec le goût de la découverte _ oui. De cette voix, commencée petite, a éclos aujourd’hui un instrument superbe _ oui _ dont le médium s’est boisé, l’aigu est devenu opulent sans que l’exactitude de l’intonation _ là, on pourait peut-être chipoter… _ ni la clarté des mots n’en aient pâti.

C’est sensible tout au long d’un récital dédié à des raretés du répertoire romantique français subtilement appariées, programme comme les chérit le Palazzetto Bru Zane. La mélodie française avec orchestre est peu courue au fond, sinon Les Nuits d’été dont Villanelle et Au cimetière, si admirablement sentis, me font regretter que tout le cycle n’y soit pas.

Mais dès la grande ligne du génial Extase de Saint-Saëns, l’alliage du rare et du transcendant s’impose. Merveille, Le Poète et le fantôme de Massenet, la Promenade à l’étang de Dubois, L’enlèvement de Saint-Saëns ! Tout l’album s’écoute en pur plaisir, et comme l’accompagnement du Concert de la Loge entoure cette voix !

L’album germanique, enregistré deux ans plus tard, surprend plus encore _ oui _, la voix s’est amplifiée sans rien perdre de son grain si singulier, les grands intervalles des Sieben frühe Lieder de Berg sonnent vertigineux, le récit hanté du rare Waldesgespräch de Zemlinsky prend un impact sidérant, mais le défi ultime est bien _ ce sommet, cette cime, que sont en effet _ les Vier Letzte Lieder, chantés ardents, sans un gramme de sucre _ voilà, sans sirop sirupeux _, en grande voix que ce soit dans les pièges du grave ou dans l’envol planant des aigus.

Quel magnétisme dans ce timbre _ mais oui ! _ et quelle leçon de chant, et de chant allemand qui plus est ! Elle ajoute l’ultime Malven, si parfaitement interprété qu’elle en ferait rougir Maria Jeritza elle-même ! Jean-François Verdier et son orchestre respirent _ oui, oui… _ avec elle, symbiose des couleurs, des phrasés qui participent à l’éclatante réussite _ oui ! _ de ce disque inattendu.

LE DISQUE DU JOUR

Si j’ai aimé

Camille Saint-Saëns
(1835-1921)


Extase, Op. 13 No. 2
Papillons
Aimons-nous
L’enlèvement


Charles Bordes (1863-1909)


Promenade matinale


Hector Berlioz (1803-1869)


Au cimitière: clair de lune, H. 86 (No. 5, extrait de « Les Nuits d’été, Op. 7 »)
Villanelle, H. 82 (No. 1, extrait de « Les Nuits d’été, Op. 7 »)


Jules Massenet (1842-1912)


Le poète et le fantôme
Valse très lente


Gabriel Pierné (1863-1937)


Chanson d’autrefois (No. 5, extrait de « Album pour mes petits amis, Op. 14 »)


Théodore Dubois (1837-1924)


Si j’ai parlé… Si j’ai aimé
Promenade à l’étang (No. 4, extrait de « Musiques sur l’eau »)
Sous le saule (No. 1, extrait des « Chansons de Marjolie »)


Louis Vierne (1870-1937)


Beaux papillons blancs (No. 1, extrait de « 3 Mélodies, Op. 11 »)


Henri Duparc (1848-1933)


Aux étoiles


Alexandre Guilmant (1837-1911)


Ce que dit le silence


Benjamin Godard (1849-1895)


Symphonie gothique, Op. 23 (extrait : III. Grave ma non troppo lento)


Jean-Paul-Égide Martini (1741-1816)


Plaisir d’amour (version orchestrale : Hector Berlioz)

Sandrine Piau, soprano
Le Concert de la Loge
Julien Chauvin, direction


Un album du label Alpha Classics Alpha 445

Clair-obscur

Alexander von Zemlinsky(1871-1942)


Waldgespräch


Richard Strauss (1864-1949)


Morgen!, Op. 27,
TrV 170 No. 4

Meinem Kinde, Op. 37,
TrV 187 No. 3

Vier Letzte Lieder, TrV 296
Malven, TrV 297


Alban Berg (1885-1935)


Sieben frühe Lieder

Sandrine Piau, soprano
Orchestre Victor-Hugo Franche-Comté
Jean-François Verdier, direction
Un album du label Alpha Classics Alpha 727

Photo à la une : la soprano Sandrine Piau – Photo : © Sandrine Expilly (2020)

 

Un bijou de récital admirable !!!

Bravissimo, Madame !

Ce samedi 10 février 2024, Tirus Curiosus – Francis Lippa

Un passionnant CD « Vers la flamme » de Severin von Eckardstein, avec un somptueux radieux comme jamais Opus 111, la 32e et dernière Sonate pour piano de Beethoven…

21déc

Ce jour,

découverte d’un passionnant CD « Vers la flamme » de Severin von Eckardstein _ le CD CAvI-Music 8553531 ; regarder et écouter (en allemand) ici le trailer de présentation de ce CD (d’une durée de 5′ 45) par l’interprète lui-même, quasi timidement et d’une voix douce…avec surtout un somptueux, très impressionnant, et radieux Opus 111, la 32e Sonate pour piano, en ut mineur, de Beethoven…

Cf, notamment, ce commentaire déjà significatif il y a deux jours, et sous le titre de « Transsubstantiation«  _ entre l’interprète à son piano et les successifs compositeurs à l’œuvre (dont lui-même pour une brève Improvisation de 3′ 26…), probablement… _, de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia :

TRANSSUBSTANTIATION

Autour de l’Opus 111, qui est un monde en soi _ c’est formidablement juste ! Quelle splendissime œuvre finale de Beethoven au piano !, déjà… _, Severin von Eckardstein organise une savante cosmogonie qui vécut d’abord comme programme de concert. Après l’épreuve de la scène, l’un des plus saisissants maîtres contemporains de l’instrument _ rien moins ! _ sera donc entré au b-sharp Studio de Berlin pour confier aux micros de Martin Kistner ce voyage équilibré entre deux pôles d’une même amplitude, l’ultime Sonate de Beethoven et son échappée cosmique, le propre arrangement par l’artiste _ en effet ! _ du moins idéalement pianistique des poèmes de Richard Strauss, Tod und Verklärung.

Pour le second pari gagné, l’élévation spirituelle encore un peu lisztienne du premier thème, le grand macabre de l’agonie où le pianiste fait entrer tout l’orchestre dans son piano, sont, sous son œil, saisissants _ voilà. Pour l’Opus 111, dès le Maestoso, le ton prophétique, puis l’éther _ génialissime _ de l’Arietta, proclament qu’il est peut-être temps pour lui, qui est si peu l’homme des intégrales, d’embrasser _ il en a la puissance comme titanesque, lui pourtant timide en sa parole… _ tous ces mondes que _ le titanesque explorateur en sa composition-créationBeethoven a réuni dans un univers.

Mais le piano ! Ce Bechstein _ D 282 _ à l’aigu à la fois criard et palot qui dépare les dernières mesures de Vers la flamme, il ne le transcendera vraiment que dans les proclamations et les anges rugissants du Regard de l’Eglise d’amour ou dans son improvisation méphistophélique qui semble répondre à Messiaen. Parfois trop d’idées nuisent à la musique.

LE DISQUE DU JOUR

Vers la flamme

Alexandre Scriabine
(1872-1915)


Vers la flamme, Op. 72


Richard Strauss (1864-1949)


Tod un Verklärung,
Op. 24, TrV 158 (arr. pour piano seul : Eckardstein)


Olivier Messiaen (1908-1992)


Regard de l’Eglise d’amour


Severin von Eckardstein (né en 1978)


Improvisation


Ludwig van Beethoven (1770-1827)


Sonate pour piano No. 32 en ut mineur, Op. 111

Severin von Eckardstein, piano

Un album du label CAvi-Music 8553531

Photo à la une : le pianiste Severin von Eckardstein – Photo : © Irène Zandel

Mais quel somptueux, radieux et tout à fait irrésistible Opus 111, nous est donné ici !..

Ce jeudi 21 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Post-scriptum :

Voici aussi le texte (en anglais) qui accompagne le trailer de présentation de ce CD par Severin von Eckardstein lui-même :

In this album I combine several important works from different eras that poignantly address the transition from the earthly to the transcendent _ tel est ainsi le propos. The title of the album is based on Scriabin’s small composition « Vers la flamme« . This work is contrasted with my arrangement of Richard Strauss’ orchestral work « Tod und Verklärung« , Messiaen’s « Regard de l´Eglise d’amour » and an improvisational transition _ par Severin von Eckardstein lui-même _ to Beethoven’s Sonata op. 111.

Scriabin had a fascination with “fire” and often used it as an image of how one should experience art. In his opinion, every musical event should trigger a kind of “firestorm” that leads people to salvation. What’s particularly exciting for me as a pianist is that Scriabin writes few dynamic symbols into the score, and he basically gives the pianists a lot of freedom _ voilà. That’s why I decided to record the ending “pianissimo”. This logically develops directly from Scriabin’s message : After an outsized power of sound in the introduction to the finale, Scriabin slowly begins to reduce this dense, powerful earthly resonance. To loosen the grounding…

I see Beethoven’s last sonata as the work of an old man who is marked by life and who at the same time draws a final conclusion from it _ oui. The work appears to be age-related and therefore quite compact and authoritative _ en effet. On the other hand, it was precisely through this deep gray seriousness and mercilessness that Beethoven reached a point at which he suddenly freed himself _ voilà _ from his typical objective monumentality _ oui _ and, almost unintentionally – or at least intentionally, we don’t know – granted a deep insight into him as a human being. It seems to me like a fusion of the personal and the impersonal on a higher level. That’s exactly what I’m trying to achieve in terms of sound. It is about inner distance and yet a compact, uncompromising access.

For Strauss, unlike Beethoven, it is not about sublimity, but about earthly struggle, about extreme situations. In the orchestra there are these strongly energetic Sturm und Drang phases and then this sudden collapse. This is all very clearly described. It is dark and tragic, these are elements that particularly appeal to me. I like these obscure tones on the piano. With this transcription I wanted to add something very personal of myself _ voilà _ to this program.

Messiaen fascinated me from the start with his natural but never aggressive sound power. Similar to Beethoven, even in the 20th century he was able to use an universal, almost impersonal sound language to create a large, clear space in which cardinal human emotions could unfold unadulterated. The “Contemplation on the Church of Love” is a mental condensation of the previous cycle. Almost like Mahler, the piece begins with a depiction of the rough, primal elements of nature and their anarchy, but at the same time under the control of a benevolent superior power (may it be God), from which an indescribable pull emanates, into which we humans can almost let ourselves fall. You can feel right from the start that the chaotic image already has a huge unifying force that continues to assert itself.

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