Posts Tagged ‘Stephen Hough

Le trésor singulier de la brillante réussite de Stephen Hough dans l’intimissime sublimissime « Musica callada », un des chefs d’oeuvre les plus marquants du XXème siècle musical, de Federico Mompou…

04juil

Ce jeudi 4 juillet 2023,

l’article « Chants magnétiques » de Jean-Charles Hoffelé _ qui a étrangement un peu tardé à se pencher sur ce nouveau CD Mompou de Stephen Hough… _ vient remettre le focus sur une des plus épatantissimes réussites d’interprétation discographique de ces derniers mois :

le CD « Musica callada » de Stephen Hough, soit le CD Hyperion CDA 68362,

sur lequel je me suis penché au moins à deux reprises, le 11 février et le 21 mars derniers,

en mes articles « « 

et « « …

Cette « Musica callada » de Federico Mompou,

un sublimissime chef d’œuvre d’intimité musicale époustouflant, une des plus extraordinaires musiques du XXième siècle, en sa stupéfiante éblouissante singularité…

Avec la qualité d’écoute, puis de riche dialogue, qu’elle réclame aussi de l’auditeur…

Voici donc cet article _ un peu tardif tout de même… _ de Jean-Charles Hoffelé, à l’oreille pourtant assez bien affutée :


CHANTS MAGNÉTIQUES

Musique du silence, plutôt que musique silencieuse _ bien sûr : minimale en ses moyens, maximale en ses effets poétiques sublimes… Dès le bruissement d’ailes dorées de l’Angelico qui ouvre le Livre de 1959 (et donc tout le cycle écrit sur presque dix ans _ en effet _), Stephen Hough ouvre la porte mystique que désignent les fragments de chansons catalanes, les esquisses brisées de rythmes de sardanes : música callada, música catalana, le pianiste anglais sait, depuis sa prodigieuse relecture des Canciónes y Danzas, Charmes et autres Paisajes, que le silence chez Mompou est la manifestation de la _ plus haute, sublime _ spiritualité.

Un peu plus d’un quart de siècle séparent les deux albums, c’est peu dire que Stephen Hough aura pris le temps de se perdre et de se trouver dans ces effleurements de notes, dans cet hypnotique labyrinthe de songes éveillés.

Il se garde bien comme tant d’autres d’en réduire jusqu’à l’abstraction, jusqu’à la blancheur ces presque-riens où s’impose le souvenir des Préludes les plus murmurés de Debussy.

Son piano prône le plein _ oui : de sens… _ jusque dans le quasi silence, la profondeur dans l’immatériel, et joue des timbres comme de ceux d’un gamelan lointain. Fascinant, et si différent _ en effet : une lecture très singulière, mais parfaitement juste, elle aussi (après Mompou lui-même, ainsi que cet autre catalan qu’est Josep Colom), en sa singularité… _ de tout ce qu’on y aura tenté, peut–être l’un de ses plus grands disques, écoutez seulement _ très judicieux conseil !

LE DISQUE DU JOUR

Federico Mompou
(1893-1987)


Música callada (Intégrale)

Stephen Hough, piano

Un album du label Hypérion CDA68362

Photo à la une : le pianiste Stephen Hough – Photo : © Andrew Crowley

Revenir donc à l’écoute de cette superbissime interprétation par le pianiste anglais de ce chef d’œuvre absolu du catalan Mompou…

Ce mardi 4 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

A nouveau à propos de la « Musica callada » de Federico Mompou par Stephen Hough, un très détaillé et judicieux point de vue pour une splendide réussite discographique, et un CD nécessaire, après et avec ceux de Federico Mompou lui-même et la magnifique Josep Colom (le re-découvreur-interprète de l’extraordinaire Manuel Blasco de Nebra)…

21mar

À nouveau à propos de la sublime « Musica callada » de Federico Mompou interprétée ici par Stephen Hough _ soit le récent CD Hyperion CDA68362 _,

et suite à mes deux articles des 11 février «  » et 15 février derniers, 2023, « « ,

voici ce jour un très détaillé et judicieux point de vue de Jean Lacroix, paru hier lundi 20 mars sur le site de Crescendo, intitulé « Les sonorités de l’évaporation pour la Musica callada » :

Les sonorités de l’évaporation pour la Música callada 

LE 20 MARS 2023 par Jean Lacroix

Federico Mompou (1893-1987) : Música callada. Stephen Hough, piano. 2020. Notice en anglais, en français et en allemand. 68.40. Hyperion CDA68362.

Il est assez difficile de traduire et d’exprimer le vrai sens de Música Callada dans une langue autre que l’espagnol. Le grand poète mystique, san Juan de la Cruz, chante dans une de ses plus belles poésies : la música callada, la soledad sonora, cherchant à exprimer ainsi l’idée d’une musique qui serait la voix même du silence _ voilà. La musique gardant pour soi sa voix callada, c’est-à-dire qui « se tait » _ tue _ pendant que la solitude se fait musique. Ces propos de Federico Mompou _ i Dencausse (c’est là le nom de sa mère), Barcelone, 16 avril 1893 – Barcelone, 30 juin 1987 _ sont cités par Jérôme Bastianelli dans la biographie qu’il consacre au compositeur barcelonais (Actes Sud, 2021, p. 129 – nous avons présenté ce livre le 4 mai 2021). Ces quatre cahiers pour piano, dont la composition s’étend de 1951 à 1967, inspirés donc par les écrits de saint Jean de la Croix, sont une expérience esthétique à la fois spirituelle, pour ne pas dire métaphysique, mais surtout destinée, toujours selon les dires de leur créateur, à pénétrer les grandes profondeurs de notre âme. C’est en tout cas un motif de fascination, un modèle de simplicité austère _ sobre, minimale _ et chaleureuse en même temps, qui plonge l’auditeur dans un univers où l’économie de moyens est d’une rare efficacité.

Les interprètes qui se sont penchés sur la partition ont bien compris la portée de ces miniatures, dont la durée ne dépasse jamais les quatre minutes, la plus courte, la huitième du premier « cuaderno », Semplice, se contentant même de quarante-cinq secondes. Si la dédicataire du quatrième cahier, Alicia de Larrocha, n’a laissé que ce témoignage partiel pour Decca, si Arcadi Volodos _ un interprète qui ne m’agrée pas : ni sobre, ni chaleureux… _ n’a gravé que des extraits de l’ensemble (Sony, 2018), d’autres se sont lancés dans l’intégrale, souvent avec bonheur. C’est le cas de Remei Cortes Ayats (Pavane, 2002), Jordi Masó (Naxos, 2002), Josep Colom (Mandala, 2002) _ parfait ! Et c’est Josep Colom qui m’a fait découvrir (et largement partager !) cet extraordinaire compositeur qu’est Manuel Blasco de Nebra (Séville, 2 mai 1750 – Séville, 12 septembre 1784) avec son prodigieux CD Mandala 4847 : écoutez ici ! ; cf mon article du 10 avril 2020 : « «  _, Martin Jones (Nimbus, 2004), Steffen Schleiermacher (MDG, 2013) ou Lily Gregorian (Orchid Classics, 2021). Récemment, notre compatriote Thérèse Malengreau (Soupir, 2022) a prouvé son affinité profonde avec Mompou. Jean-François Heisser en a fait un audio-livre pour Actes Sud en 2013, d’une superbe tenue. Quant au compositeur _ LA référence, forcément : magnifique !.. _, il a lui-même enregistré sa version en 1974, dans un style librement contemplatif et proche de l’improvisation _ comme cela doit être toujours, et sans nulle exception, jamais, le cas…. On la retrouve dans un _ indispensable _ coffret Brilliant de 4 CD (2009) qui contient, sous ses doigts, ses œuvres complètes pour piano.

Le pianiste britannique Stephen Hough (°1961) a déjà enregistré un album de Mompou, salué par la critique, contenant une variété de petites pièces. C’était en 1997 ; près de vingt-cinq ans plus tard, à Londres, du 22 au 24 octobre 2020, il s’est penché sur les quatre cahiers de Música callada. On connaît les qualités stylistiques de ce défricheur de pages peu fréquentées, son souci de clarté _ oui _ et sa capacité à créer des univers adaptés aux spécificités _ voilà, les idiosyncrasies… _ des compositeurs qu’il aborde. Dans la notice signée par le critique musical Philip Clark, ce dernier rappelle que Stephen Hough a, un jour, évoqué les sonorités de Mompou comme représentant « la musique de l’évaporation », jolie formule qui définit bien l’essence créative de cet univers ibérique _ catalan, en fait ! lui dont la mère était bigourdane, sur l’autre versant des Pyrénées… _ très original, qui amène aussi à se poser la question suivante : comment devons-nous écouter une musique qui cherche désespérément à ne pas être là ? Le virtuose y répond de manière sensible, sans pathos, sans introspection déplacée _ comme de nécessaire ! _, sans écarter la part d’atmosphère mystique que l’on peut y déceler, mais avec pudeur et franche simplicité _ voilà, voilà ! _, dans un son souvent cristallin qui apporte de la lumière nuancée et du raffinement _ à la Cantico, ce chef d’œuvre (1936, 1944, 1951) du poète Jorge Guillen (Valladolid, 18 janvier 1893 – Malaga, 6 février 1984) ; rappelons que les 4 livres de Musica callada sont, eux, de 1959, 1962, 1965 et 1967 : Mompou (1893 – 1987) et Guillen (1893 – 1984) sont de très exacts contemporains… _, même dans les pages les plus émaciées.

Il faut s’imprégner des vingt-huit pièces de Música callada et de leur lecture par le guide à la fois secret et ouvert qu’est Stephen Hough. Il n’oublie pas qu’en ce qui concerne Mompou, on peut évoquer des réminiscences de Chopin, mais aussi le situer entre les univers d’Erik Satie et de John Cage _ ce que sait très discrètement faire Stephen Hough. Car le souci de la concision, qui va jusqu’à ce qui est inexprimé derrière la musique, ouvre les portes du silence qui est à l’intérieur même des notes. Il faudrait disséquer chaque feuillet de ce magnifique panorama pour saisir toute la richesse magnétique que Stephen Hough met en évidence _ oui. Citons en tout cas le premier, Angelico, qui installe le mystère, le troisième, Placide, où pointe une forme de gaieté, le cinquième, avec ses rappels des cloches de l’enfance, le septième, un Lento mélancolique ou le onzième, un Allegretto appuyé. Mais encore le quinzième, Lento. Plaintif, où Chopin est invité en filigrane, le dix-huitième, Luminoso, qui porte bien son nom, le vingt-deuxième, Molto lento e tranquillo, infiniment douloureux, ou le vingt-huitième, ce Lento qui clôt ces inclassables cahiers par une lumineuse percée d’espoir.

Stephen Hough signe une approche à la fois dense et épurée _ oui, moderne _, que chacun pourra appréhender selon sa propre sensibilité. C’est sans doute ce qui fait la qualité intrinsèque d’une interprétation qui se révèle pleine de questions en raison de la vie intérieure qui s’en dégage. Comme le dit Philip Clark, la musique n’a aucune emprise sur vous. À la place, elle force les auditeurs à réfléchir à leurs propres relations avec les sons, à la manière dont le son peut affecter leur propre solitude. Mais aussi, ajoutons-le, la part de secret et d’intimité qui est essentielle à chacun d’entre nous. Cet album, à marquer d’une pierre blanche _ oui : il a touché le mélomane fidèle que je suis et à Josep Colom, et à Federico Mompou lui-même… _, vient se placer tout en haut d’une riche discographie.

Son : 10  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Jean Lacroix

Un CD nécessaire.

Ce mardi 21 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La paradoxale et surprenante proximité, au moins à l’écoute, du plus récent CD « Galerie des Glaces » de Karol Beffa pianiste interprétant Karol Beffa compositeur-improvisateur, avec le CD « Musica callada » de Stephen Hough pianiste interprétant Federico Mompou, sublimissime compositeur…

15fév

C’est bien sûr une proximité en grande partie subjective _ à mon oreille d’auditeur du moins _ qui m’amène à comparer le CD d' »Improvisations » « Galerie des Glaces » Klarthe KLA 146 de Karol Beffa pianiste interprétant 23 brèves pièces de Karol  Beffa compositeur-improvisateur, que je viens, dès son apparition sur la table de mon disquaire préféré, d’acheter,

avec le CD qui m’a immédiatement impressionné à l’écoute d’un extrait, présenté très peu de jours auparavant par le représentant du distributeur Distrart à mon disquaire préféré, de l’interprétation par Stephen Hough, pianiste, de l’extraordinaire « Musica callada » de Federico Mompou, soit le CD Hyperion CDA 68362 _ cf mon article du 11 février dernier « « 

Très objectivement,

les 28 pièces brèves _ elles aussi, ainsi que tendrement expérimentales : quelle surprenante merveilleuse beauté !.. _ de Federico Mompou (1893 – 1987), composées en 1959, 1962, 1965 et 1967, et constituant sa stupéfiante « Musica callada« ,

sont au départ tout à fait étrangères au libre et très ouvert jeu de variations à partir de thèmes proposés par le public auquel aime tant se livrer, par défi à lui-même, Karol Beffa (1973),

et dans ce cas spécifique _ pour ici un quatrième CD de telles « improvisations » sur un thème donné par d’autres que le compositeur lui-même, le public, dans sa très large variété… _, en un enregistrement au studio Sextan le 7 septembre 2020 ;  et cela à partir de ce que pouvaient lui suggérer les propositions de ce public auxquelles Karol se faisait le défi immédiat de répondre…

Ainsi, écoutez ici le merveilleux « Songe du Cantor » (de 3′ 48) de l’ami Karol Beffa…

Et pourtant, à l’arrivée de ces deux écoutes discographiques apparemment très éloignées d’esprit, j’éprouve une étrange parenté de plaisir musical…

Et il me faut ajouter encore que ma surprise a été assez grande de constater, ce soir même, en consultant, comme chaque jour, le site de Karol Beffa,

que celui-ci vient de remettre en ligne la vidéo de 52′ 31 de notre entretien à la Station Ausone à Bordeaux, du 18 février 2022, publiée sur le site de la Librairie Mollat le 3 avril suivant, à propos du superbe et passionnant travail de Karol « L’autre XXe siècle musical« , paru un peu auparavant, le 27 janvier 2022, aux Éditions Buchet-Chastel _ cf là-dessus mon article du 7 avril 2022 : « « …

Que de réjouissantes merveilleuses surprises !

Ce mercredi 15 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Après Federico Mompou lui-même, et puis Josep Colom, tous deux catalans, écouter la sublime « Musica callada » de Mompou par l’excellent anglais Stephen Hough : quand le miracle du silence de la musique rencontre celui du silence vibratoire le plus subtil du poème…

11fév

Après Federico Mompou lui-même (Barcelone, 16 avril 1893 – Barcelone, 30 juin 1987)  _ dans le coffret Brilliant 5 029365 651523, en un sublime enregistrement à Barcelone en 1974 pour le label Ensayo ; cf aussi mon article du 11 avril 2020 : «  «  _,

et puis Josep Colom (Barcelone, 11 janvier 1947) _ d’abord dans le coffret Mandala 5021/24, en un enregistrement de décembre 1991 et février, mars et juin 1992 ; puis en un nouvel enregistrement Eudora EUD-SACD 2101, à Saragosse les 16 et 17 avril 2019 ; cf mon article enthousiaste du 23 avril 2022 : « «  (ainsi que cette brève vidéo (de 2′ 32) du « Moderato«  par lui…) ; ainsi que l’article du lendemain, le 24 avril 2022, avec accès à la vidéo (de 85′) d’un concert donné par lui en 2018 à la Fundacion Juan March à Madrid : « « , mais sans rien de Mompou cette fois-là….. _,

tous deux catalans,

écouter la sublime « Musica callada » (1959, 1962, 1965 et 1967) de Mompou

 maintenant par l’excellent anglais Stephen Hough (Heswall, 22 novembre 1961) en un enregistrement Hyperion CDA 68362, à Londres, les 22, 23 et 24 octobre 2020 :

un magnifique CD qui vient tout juste de paraître…

À écouter avec la plus complète sérénité _ pour intituler les 28 pièces de cette sublime « Musica callada« , Mompou emploie trois fois le mot « tranquillo » et quatre fois le mot « calme« … _ que demande cette œuvre sans pareille…

Préparez-vous à accueillir vous aussi ainsi ces moments humbles et si rares d’extase, dans lesquels la qualité même du silence à recevoir a une intense part ; et rappelle le merveilleux « Canticò » de Jorge Guillén (Valladolid, 18 janvier 1893 – Malaga, 6 février 1984), de 1928, ainsi que je l’évoquais déjà en mon article «  » du 11 avril 2020…

Ou l’évidence heureuse de la très grande proximité des plus subtilement intenses sereines vibratoires musique et poésie au plus près du plus beau de la vie…

Ce samedi 11 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une flamboyante année Debussy : à partager…

23jan

L’année-anniversaire des cent ans de la mort de Debussy _ décédé à Paris le 25 mars 1918 _ s’avère flamboyante !

Avec ce début discographique merveilleux qu’est le fabuleux et confondant CD Images, L’isle joyeuse, Estampes, Masques, Children’s Corner, D’un cahier d’esquisses, que nous offre l’hyper-transportant Steven Osborne, au remarquable catalogue Hyperion (CDA68161)

_ qui nous promet aussi (un CD Hyperion CDA67267) à venir ces jours-ci sur un quasi semblable programme Debussy (Estampes,  Images, Children’s Corner, La plus que lente, L’Isle joyeuse) un autre magnifique pianiste britannique, Stephen Hough…

Sans compter le CD Debussy, très récemment paru, ce mois de décembre-ci, de Seong-Jin Cho chez Deutsche Grammophon, sur un programme aussi très voisin : Children’s Corner, Images, L’Isle joyeuse, Suite bergamasque.

Voir ici l’excellent article que consacre sur son site l’excellent Jean-Charles Hoffelé à ce CD proprement magique de Steven Osborne :

MAINTENANT DEBUSSY

Auteur d’une des plus parfaites intégrales _ oui ! _ du piano de Ravel, Steven Osborne est vraiment chez lui chez nous _ absolument ! Déjà en 2005, ses Préludes de Debussy, voluptueux et solaires, marquaient sa différence _ et sa justesse ! _ dans une discographie pléthorique ; plus de dix ans après, le voici qui nous offre un disque dont le sujet est, au fond, même s’il manque Pour le piano, la série de triptyques où Debussy radicalise _ voilà ! _, au début du XXe siècle, sa langue et sa syntaxe _ sur cet important (et trop souvent mésusé) terme « radicaliser« , cf le passionnant podcast de mon entretien avec Marie-José Mondzain, magnifique !, le 7 novembre dernier au Théâtre du Port-de-la-Lune, à Bordeaux ; et mes articles des 15 et 18 mars 2017 sur son très important Confiscation _ des mots, des images et du temps : pour une autre radicalité, d’abord celui du 15 mars : Le superbe « Nettoyer une expression » de Marie José Mondzain en son « Confiscation des mots, des images et du temps » ; et puis, en abordant aussi les merveilleuses analyses, à propos de leur concept partagé de semblance, de Michel Deguy (en son La Vie subite, ainsi qu’en notre époustouflant entretien du 9 mars 2017 à la Station Ausone), celui du 18 mars : A propos du « nominalisme radical » de Michel Deguy et de la « confiscation » du mot « radical » selon Marie-José Mondzain _, bien plus que dans les Préludes qui cherchaient le sujet et en déduisaient le vocabulaire, avec un renversement pour le Deuxième Livre qui revenait à l’absolutisme sensuel des Images.

Le magicien Osborne joue ses Images larges, en timbres pleins _ oui ! _, avec ce clavier si profus _ oui ! _ qui nous donnerait demain s’il voulait une Iberia d’anthologie. De la sensualité partout _ oui ! _, que couronne le grand rire qui gifle _ oui _ la fin de L’Isle joyeuse, emblème du disque. Masques ondoie et mord, fabuleux _ on ne saurait mieux dire ! _, puis l’estompe de D’un cahier d’esquisses paraît, et l’espace harmonique se creuse, sinistre soudain. Car dans ces voluptés, rode toujours _ oui _ l’ombre _ sarcastique _ de la mort : écoutez seulement comment il phrase dans l’harmonie ce tombeau _ voilà _ qu’est l’Hommage à Rameau.

Ailleurs le Faune reprend sa flûte, fait du piano un orchestre, et un orchestre qui jouerait son Debussy sensuel _ voilà, voilà _ à la façon d’Ingelbrecht ou Cluytens, les timbres et les couleurs à fleur de lèvres _ oui _, mêmes les Estampes soudain sont plus fauves _ oui, oui _ que japonaises. Et Children’s Corner n’est vraiment pas pour les enfants, quasi érotique _ oui _ de phrasés, d’accents, d’humour de corps de garde, c’est que Debussy sait persifler même dans la tendresse _ absolument.

Et ces moyens ! jouer du piano comme cela, ce n’est _ probablement _ pas permis _ avec pareille audace rayonnante et triomphante. Steven Osborne nous fera un jour les Etudes, je crains qu’après les siennes, on puisse jeter toutes les autres. Bon prince, Hypérion annonce pour l’an nouveau quasi le même programme avec … Stephen Hough !

LE DISQUE DU JOUR

Claude Debussy (1862-1918)
Masques, L. 105
D’un cahier d’esquisses, L. 99
L’isle joyeuse, L. 106
Images, Livre I, L. 110
Images, Livre II, L. 111
Estampes, L. 100
Children’s Corner, L.113

Steven Osborne, piano

Un album du label Hypérion CDA68161

Photo à la une : © DR

Titus Curiosus – Francis Lippa, ce mardi 23 janvier 2018

P. s. :

Voici tout d’abord l’article de présentation par le même Jean-Charles Hoffelé de ce merveilleux CD Debussy de Steven Osborne :

Debussy Piano Music _ Steven Osborne :

DEBUSSY Piano Music – Steven Osborne

Author:
Patrick Rucker
CDA68161. DEBUSSY Piano Music - Steven OsborneDEBUSSY Piano Music – Steven Osborne

DEBUSSY Piano Music – Steven Osborne

  • Masques
  • D’un cahier d’esquisses (Equisse)
  • (L’) Isle joyeuse
  • (6) Images
  • (3) Estampes
  • Children’s Corner

French music is indispensable _ sure ! _ to any pianist’s training. Nearly all professionals maintain, at the very least, a few ‘speciality’ pieces in their active repertories, and appropriately so. Since the 16th century, the French have contributed decisively _ of course ! _ to the history of keyboard music – as composers, performers and, no less significantly, instrument makers (think Blanchet, Érard, Cavaillé-Coll). Yet at any given moment, pianists born outside France who are convincingly identified with this very specific repertory are relatively few. Steven Osborne, from the outset of his career, has been among them _ yes indeed.

The latest demonstration of Osborne’s way with the French is this splendid _ yes ! _ new Hyperion release, presenting a bouquet of mature Debussy works. A viscerally exciting _ yes ! yes !Masques combines with a subtly understated … d’un cahier d’esquisses to create an overture to L’isle joyeuse, in a performance that is both bracingly original and scrupulously adherent _ yes indeed _ to Debussy’s score. Protean, fleet, sparse of pedal and drawing on a seemingly infinite arsenal of touch and dynamics, it conjures an isle where irresistible pleasures border on delirium.

AdTech Ad

The classical restraint and chaste proportions of the two books of Images come as an almost startling contrast. Whether in the gentle chimes and gongs of ‘Et la lune descend sur le temple qui fut’ or the spinning kinetic exuberance of ‘Mouvement’, the darting about of ‘Poissons d’or’ observed by a scientific eye or the oracular reverence of ‘Hommage à Rameau’, each piece is strikingly apt and fairly bursts with evocative detail. Osborne shapes the six Images, composed over several years, into a cohesive entity that satisfies both emotionally and intellectually.

No less remarkable are the three Estampes. At the outset of their centrepiece, ‘La soirée dans Grenade’, an ancient muezzin’s call to prayer is heard before disparate rhythmic and harmonic elements coalesce into the throbbing habanera. It is typical of the ease and clarity with which Osborne teases musical allusion from Debussy’s richly layered textures. Even the forthright simplicity of Children’s Corner cannot disguise its vivid imagery. An exquisitely magical atmosphere is created by ‘Snow is Dancing’, while in ‘Golliwogg’s Cakewalk’ we counter some real high steppin’ when the white folks aren’t around.

Osborne traverses this well-known repertory with obvious relish, relying on immense musical and technical resources to reveal fresh, unexpected perspectives on music we all thought we knew. Intimacies of disarming candour are whispered into the ear by conjuring dozens of pianissimos from the instrument that leave you marvelling at their quality and variety, and admiring the Hyperion engineers who captured them so adroitly. This is music-making of great subtlety and finesse which neither lovers of Debussy and French music nor those who value piano-playing on the highest artistic level will want to miss.

Voici ensuite l’article de présentation par Jean-Charles Hoffelé, sur son site, du CD Debussy à paraître imminemment _ et qui attise mon impatience debussyste… _ chez Hyperion de Steven Hough, Mystère Debussy :

MYSTÈRE DEBUSSY

Voici peu, Hypérion offrait à Steven Osborne quasi le même programme (voir ici), disque opulent où le pianiste anglais osait un Debussy fils des Fauvistes plutôt que des Impressionnistes.

À son envers total, Stephen Hough, de son clavier ductile, nous fait son Debussy sur les pointes des timbres, danseur subtil qui dans les Images, dans les magiques Estampes suggère, ne souligne rien, laisse émaner ces mystères sonores avec une grâce, une élégance, quelque chose d’absolument mélancolique qui culmine en un Children’s Corner désarmant de pudeur, si légèrement effleuré qu’il n’est que rêve : écoutez seulement comment la neige danse sous ses doigts.

À force d’entendre le piano de Debussy comme un manifeste du modernisme, on en aura aiguisé les angles, et épaissi les couleurs, tout ici retrouve le secret de cette langue qui se souvient plus de Couperin que de Rameau (même dans l’Hommage au dernier) : l’art de la suggestion. Si bien que le disque refermé (par une Isle joyeusequi capture les vibrations d’un soleil marin), je me prends à rêver de ce que ce piano impondérable ferait des Préludes.

LE DISQUE DU JOUR

Claude Debussy(1862-1918)
Estampes, L. 108
Images – Livre I, L. 105
Images – Livre II, L. 120
Children’s Corner, L. 119
La plus que lente, L. 128
L’Isle joyeuse, L. 109

Stephen Hough, piano

Un album du label Hypérion CDA68139

Photo à la une : © Sim Canetty-Clarke

Et voici enfin l’article Debussy Piano Music (Hough ; Cho) que le magazine Gramophone vient de consacrer à ces nouveaux CDs Debussy de Stephen Hough et Seong-Jin Cho :

DEBUSSY Piano Music (Hough; Cho)

Author:
Harriet Smith
CDA68139. DEBUSSY Piano Music (Hough)DEBUSSY Piano Music (Hough)
479 8308GH. DEBUSSY Children’s Corner. Images. L’isle joyeuse. Suite bergamasqueDEBUSSY Children’s Corner. Images. L’isle joyeuse. Suite bergamasque

DEBUSSY Piano Music (Hough)

  • (3) Estampes
  • (6) Images
  • Children’s Corner
  • (La) Plus que lente
  • (L’) Isle joyeuse
  • Children’s Corner
  • (6) Images
  • (L’) Isle joyeuse
  • Suite bergamasque

Hyperion has been keeping Roger Nichols particularly busy of late, writing the notes for Steven Osborne’s Debussy recital (enthusiastically reviewed by Patrick Rucker – 10/17) and again for this recital from Stephen Hough. The overlap is quite considerable (both books of Images, Children’s Corner and L’isle joyeuse) and it was a bold move to release the discs so close together. They make for fascinating comparison, as does a new disc from the 23-year-old South Korean pianist Seong Jin Cho, who won the 2015 Chopin Competition. His programme is nearly identical to Hough’s, presenting the Suite bergamasque instead of the Estampes.

Where to start? Children’s Corner is always revealing. Stephen Hough’s ‘Doctor Gradus’ is full of sensitive phrasing and favours a relatively hazy sound world, compared to which Seong-Jin Cho has a degree more clarity and a striking sense of intimacy. How to pace ‘Jimbo’ ? Cho is a little slow, which can turn his lullaby into a dirge; no risk of that with Hough, who is positively flighty. Nelson Freire (Decca, 4/09) seems especially attuned to this particular elephant, to charmingly naive effect. The eponymous doll in the following Serenade is a knowing creature in Hough’s reading, while in ‘The snow is dancing’ he conjures a veiled landscape, whereas Cho opts for more clear-cut semiquavers at the outset. But turn to Osborne and be astounded by the way he finds as many shadings as there are Inuit words for snow. In the final number, the ‘Golliwog’s Cakewalk’, Cho goes at it with a will, finding plenty of charm too, but Hough really does seem to misjudge things here – it sounds arch and curiously under-energised. Turn to the wondrously colourful Freire or the anarchically punchy Osborne for the full effect.

Suite bergamasque suits Cho’s delicate pianism particularly well, and he brings charm to the ‘Prélude’ and a piquant exuberance to the ‘Menuet’, his upward-rushing scales suitably crystalline. He makes ‘Clair de lune’ individual without recourse to exaggeration and the final ‘Passepied’ wraps things up with a winsome delicacy.

AdTech Ad

Hough begins his disc with the Estampes, a vivid reminder that Debussy loved art as much as music, and Hough similarly paints as well as plays. His ‘Pagodes’ sets the scene with just the right degree of blurring of the lines, motifs emerging and then receding once more, all combining to ethereal effect. In the closing ‘Jardins’ his pacing is spot-on and we get hints of the obsessive qualities that prefigure the Études, which give it a pleasing edginess. But I was less convinced by ‘La soirée dans Grenade’, which, though beautifully finished, sounds just too languorous, lacking a certain earthiness that Bavouzet conveys so effortlessly.

And so to the Images. Hough seems to me most successful in the slower numbers – the opening ‘Reflets dans l’eau’ is coloured with great subtlety and refinement. In the last of Book 1, ‘Mouvement’, Hough is pristine but a little slow for my taste, especially compared to Bavouzet, who finds tremendous clarity but also fullness at the climax around the minute mark. Cho here is a little on the hazy side though I much like his gradations of softness as he ascends to the top of the keyboard at the close of the piece. ‘Cloches à travers les feuilles’ is another interesting point of comparison: the interplay of the lines is limpid in Cho’s hands, Hough opting for a more haloed effect – preference will be down to personal taste. But then sample Osborne and you find more risk-taking in the quietness, an unmistakable sense of dolour that pierces the heart. In the following ‘Et la lune’, again it’s Osborne who really gets to the heart of the matter, leaving the readings by Hough and Cho seeming slightly workaday.

I have reservations when it comes to ‘Poissons d’or’ too. Here Cho and Hough seem too slow: the inspiration may have been a Japanese lacquer plaque hanging on the composer’s wall but these are sluggish, slightly dull golden fishes, where they should glisten. By comparison, Osborne brings them to life, glinting and wriggling; so does Bavouzet, to gleeful effect.

Finally to L’isle joyeuse. Again I find Hough a little bit steady – every phrase has clearly been considered but it doesn’t propel you forwards as Cho does and both are relatively pale affairs compared to the exultant reading of Bavouzet _ wonderful, I agree… _, who brings to it a Lisztian brilliance filtered through a French lens.

 

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur