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Quelques actualités discographiques Bartok : d’abord, le CD « Bartok Piano Concertos » de Pierre-Laurent Aimard, le San Francisco Symphony et Esa-Pekka Salonen…

08oct

Le 15 septembre dernier,

vient de paraître le CD Pentatone PTC 5187 029 « Bartok Piano Concertos« 

des 3 Concertos pour piano et orchestre (de 1926 _ créé à Francfort le 1er juillet 1927 _, de 1931 _ créé à Francfort le 23 janvier 1933 _ et de 1945 _ créé à Philadelphie le 8 février 1946 _) de Bela Bartok (Nagyszentmiklós, 25 mars 1881 – New-York, 26 septembre 1945),

par Pierre-Laurent Aimard, le San Francisco Symphony et Esa-Pekka Salonen _ soient, Aimard (né à Lyon le 9 septembre 1957), un pianiste excellent bartokien et, Salonen (né à Helsinki, le 30 juin 1958), un chef somptueux !

De ces 3 œuvres réunies interprétées par un même pianiste et un même chef,

ma discothèque comporte déjà les interprétations superbes de :

_ Geza Anda et Ferenc Fricsay,

avec le Radio-Orchester Symphonie Berlin,

soit le double CD Deutsche Grammophon 427 410-2, enregistré à Berlin, en septembre 1959 et octobre 1960 _ un enregistrement toujours de référence, de deux hongrois tous deux formés à l’ultra-brillanta Académie Franz Liszt de Budapest (par laquelle est lui aussi passé Bela Bartok : il y a enseigné de 1907 à 1934…): Geza Anda, né à Budapest le 19 novembre 1921, et décédé à Zurich le 13 juin 1976 ; Ferenc Fricsay, né à Budapest le 9 août 1914, et décédé à Bâle le 20 février 1963… _ ;

_ Stephen Kovacevich et Colin Davis,

avec le London Symphony Orchestra et le BBC Symphony Orchestra,

soit le CD Philips 675 8690, enregistré à Londres en décembre 1968, et Watford en avril et mai 1975 _ j’aime beaucoup, beaucoup, Kovacevich, né le 17 octobre 1940 à San Pedro, en Californie, d’un père serbe et d’une mère américaine ; Sir Colin Davis, lui; est né le 25 septembre 1927 à Weybridge, et est décédé le 14 avril 2013, à Londres _ ;

_ Zoltan Kocsis et Ivan Fischer,

avec le Budapest Festival Orchestra,

soit un CD (présent dans le coffret de 26 CDs « Zoltan Kocsis » Philips 485 1589), enregistré à Budapest en décembre 1984, décembre 1985 et décembre 1986 _ Kocsis (né le 30 mai 1952 à Budapest, et décédé, dans la même ville, le 6 novembre 2016), formé lui aussi à l’Académie Franz Liszt de Budapest, est un pianiste fabuleux, tout spécialement dans Bartok ; et Fischer, hongrois lui aussi, né le 20 janvier 1951 à Budapest, est un immense chef bartokien… _ ;

et

_ Andras Schiff et Ivan Fischer,

avec le Budapest Festival Orchestra, 

soit un CD (présent dans le coffret de 20 CDs « Bela Bartok » 0190296729817), enregistré à Budapest en avril 1996 j’aime énormément aussi le magnifique Andras Schiff, né le 21 décembre 1953 à Budapest, et formé, lui encore, à l’Académie Franz Liszt de Budapest

 

Ce dimanche 8 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une enthousiasmante nouvelle intégrale des Symphonies de Beethoven par l’épatant Yannick Nézet-Séguin à la tête du Chamber Orchestra of Europe ! Ou l’exaltation emballante de la vie même…

27déc

La nouvelle Intégrale _ absolument emballante de vivacité _ des Symphonies de Beethoven que propose Deutsche Grammophon, en un coffret de 5 CDs 486 3050, par Yannick Nézet-Séguin à la tête du Chamber Orchestra of Europe,

est tout simplement magnifique de vie !

Soit l’exaltation de la vie même !

Et j’apprécie, pour ma part, les interprètes qui font valoir le flux le plus vivace de la vie dans Beethoven,

tels, par exemple, les pianistes Stephen Kovacevich ou Ronald Brautigam, qui jouent Beethoven comme si celui-ci, avec la passion intense et exaltante qui l’anime, improvisait au piano…

J’abonde absolument, par conséquent, dans le sens de l’article de Christophe Huss, intitulé « «Beethoven. The Symphonies»: Yannick Nézet-Séguin surprend dans Beethoven« , paru dans Le Devoir, le 9 juillet 2022 :

Yannick Nézet-Séguin et une partie des musiciens de l’Orchestre de chambre d’Europe offrent une somme cohérente, tonique, chambriste, soudée, dans laquelle les individualités ressortent nettement au sein d’un collectif réduit. Cette affirmation du génie individuel au sein de la société est tout à fait dans l’esprit Beethoven.
Photo: Michael Gregonowits Yannick. Nézet-Séguin et une partie des musiciens de l’Orchestre de chambre d’Europe offrent une somme cohérente, tonique, chambriste, soudée _ oui _, dans laquelle les individualités ressortent nettement au sein d’un collectif réduit. Cette affirmation du génie individuel au sein de la société est tout à fait dans l’esprit Beethoven _ absolument…

La réputée étiquette Deutsche Grammophon fera paraître, le vendredi 15 juillet, une nouvelle intégrale des Neuf Symphonies de Beethoven. Le successeur de Herbert von Karajan, Karl Böhm, Leonard Bernstein et Claudio Abbado en la matière au sein de ce catalogue n’est nul autre que Yannick Nézet-Séguin. Le chef québécois y dirige l’Orchestre de chambre d’Europe. Le Devoir a écouté, savouré, puis discuté avec le chef.

Lorsque la photographie de couverture du futur coffret des Neuf Symphonies de Beethoven chez DG avec Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre de chambre d’Europe a commencé à circuler au printemps, les traditionnels « encore ? » et « à quoi bon ? » n’ont pas tardé à émerger sur les réseaux sociaux.

L’auditeur, qui aujourd’hui, en écoutant les Symphonies, de la Première à la Neuvième, suit le parcours musical du chef et de ces musiciens qui, il y a trente ans, marquèrent la discographie Beethoven dans l’intégrale dirigée par Nikolaus Harnoncourt, aura-t-il vraiment encore l’outrecuidance de poser ces questions ? _ Non !

L’individu

La pertinence esthétique _ voilà ! _, la cohérence et la singularité de cette nouvelle intégrale apparaissent très vite _ mais oui. Yannick Nézet-Séguin et une équipe de musiciens offrent une somme cohérente, tonique _ oui _, chambriste _ à très juste titre ! _, soudée, dans laquelle les individualités ressortent nettement au sein d’un collectif réduit. Cette affirmation du génie individuel au sein de la société est tout à fait dans l’esprit Beethoven  _ oui _ et, orchestralement, nous sommes proches du modèle français, avec des vents mis en valeur _ voilà ; et avec la lumineuse ligne claire, chambriste, des Français….

« Si j’avais à décrire l’Orchestre de chambre d’Europe (COE) en une phrase, l’idée des individualités dans le collectif, c’est ce que j’avancerais, nous confie Yannick Nézet-Séguin. C’est ce qui les rend uniques dans le paysage musical et qui fait que j’adore faire de la musique avec eux. Il faut savoir tirer parti de cette qualité. Ces musiciennes et musiciens, qui se retrouvent quelques fois dans l’année, jouent Beethoven par ailleurs avec leurs orchestres respectifs. Mon rôle est de réveiller cette flamme en eux. » _ la flamme, voilà. Le chef tient à ce que les instrumentistes ne cherchent pas à retrouver leurs habitudes, par exemple dans l’équilibre entre les bois et les cordes.

« Qui fait quoi et comment organise-t-on la hiérarchie, dans des symphonies qui ont reposé tant d’années sur la suprématie de cordes ? », se demande le chef, qui se souvient de sa première 9e de Beethoven à Philadelphie en 2012 : « Je me suis dit : il va falloir trouver un terrain d’entente ». Il était conscient du chemin, mais se déclare très satisfait de la récente intégrale en concert avec son orchestre américain à Philadelphie et à New York.

L’équilibre, dans Beethoven, pour Yannick Nézet-Séguin, « ce n’est pas qu’une question de nombre, c’est vraiment dans l’écoute. Dans Beethoven, ce qui m’intéresse ce n’est pas que la mélodie, c’est tout ce qui se passe au milieu, les détails du 2e mouvement de Pastorale. Nous sommes allés loin dans la caractérisation des figures d’accompagnement. »

Yannick Nézet-Séguin souligne le défi physique de l’enregistrement, sur deux semaines _ certes _ : « La partie des deuxièmes violons étant beaucoup plus exigeante que celle des premiers violons, dans la moitié des symphonies les premiers jouent la partie des seconds. » Avantage collatéral : sortir les musiciens de leur zone de confort. Quant à la présence de trompettes naturelles, elle change la couleur, et c’est un hommage à Nikolaus Harnoncourt, qui avait fait ce choix.

Nouveau texte

……

Pour plus de contact avec l’action musicale, DG a opté pour un son compact et dense, qui ne se dilue aucunement dans une réverbération factice : « C’est un gros sujet de travail avant, pendant et après, qui s’étend sur plusieurs années. La salle de Baden-Baden a un son très neutre. C’est une qualité. Mon idée était d’aller chercher les timbres de la manière la plus vraie possible, et je voulais une impression de proximité. C’est un travail énorme, surtout en postproduction, pour tirer le meilleur de chaque timbre. Je ne suis pas très control freak comme chef, mais quand il s’agit d’enregistrements j’aime participer au processus. »

Deutsche Grammophon a cherché à donner une autre valeur ajoutée et légitimité à l’entreprise. L’intégrale Nézet-Séguin est la première réalisée à partir de la nouvelle édition _ voilà _ des partitions publiée chez Breitkopf. Il s’agit, pour être précis, de la « Neue Gesamtausgabe » (nouvelle édition complète) des œuvres de Beethoven, publication musicologique (dite « Urtetxt ») de partitions par les Éditions G. Henle. Breitkopf & Härtel est l’éditeur du matériel d’orchestre et de la partition de direction.

L’éditeur des disques espère que cette première entraînera un effet de curiosité. Cela dit, on a déjà largement fait le tour de l’univers de Beethoven. Il s’agit surtout pour Henle et Breitkopf de « reprendre la main » sur leur concurrent Bärenreiter, qui accapare le marché depuis vingt ans avec une édition critique, dite « édition Del Mar », du nom du musicologue chargé du projet.

La grande révolution de l’édition Del Mar avait été d’imposer de jouer le 2e mouvement de Pastorale avec des sourdines. Il y avait aussi un gros travail sur la notation de l’accentuation des notes, Beethoven utilisant tantôt des traits tantôt des points.

La question des partitions pose problème au critique puisque à défaut de les avoir — certaines ne sont pas encore disponibles, et Breitkopf ne consent qu’à fournir au commentateur la préface et le commentaire critique de la Neuvième et d’une symphonie de son choix ! — il est quasiment impossible de savoir si telle originalité que l’on entend est une intuition du chef ou un changement induit par la partition nouvellement utilisée.

EN CONCERT

Beethoven dans Lanaudière

Grand week-end Beethoven en vue au Festival de Lanaudière. L’Akademie für Alte Musik Berlin vient donner trois concerts les 15, 16 et 17 juillet. Le principe est le même que dans les enregistrements parus chez Harmonia Mundi : les Symphonies nos 3, 5 et 6  seront mises en regard d’œuvres de leur temps véhiculant les mêmes idées : Grande symphonie caractéristique pour la paix de Wranitzky avec l’Héroïque, 1re Symphonie de Méhul avec la Cinquième, et Le portrait musical de la nature de Knecht, modèle avéré de Pastorale.

Yannick Nézet-Séguin et l’OM cet été

Yannick Nézet-Séguin dirigera l’Orchestre Métropolitain dans la 5e Symphonie de Beethoven au pied du Mont-Royal le 2 août à 20 h. Le tandem se produira avec le même programme au Festival des arts de Saint-Sauveur le 5 août à 20 h. Dans les festivals, Le Domaine Forget accueillera l’OM, son chef et Antoine Tamestit le 23 juillet, et le Festival de Lanaudière prendra fin avec deux concerts les 6 et 7 août, présentant notamment le 1er Acte de La Walkyrie et le Concerto pour piano de Schumann avec Hélène Grimaud.

En résumé, les modifications du texte musical touchent surtout des articulations. Les deux modifications qu’on remarque le plus sont un doublement à l’octave par les trompettes de certaines ponctuations du finale de la 7e Symphonie (ça fait pouet pouet, et c’est étrange) et l’ajout d’un contrebasson dans le final de la 9e. Côté idées particulières de Yannick Nézet-Séguin, la plus saisissante est l’emballement conquérant _ voilà _ à 3 minutes 49 secondes du final de l’Héroïque.

Au-delà de la musicologie

La question de l’utilisation d’une nouvelle partition pose cependant une question de philosophie interprétative. Lorsque l’édition Bärenreiter était sortie, la première intégrale, celle de David Zinman _ excellente ! _, était comme une carte de visite sonore de cette édition. Le chef d’orchestre ne perd-il pas sa liberté d’expression à s’engager dans un tel projet ? « C’était le piège dans lequel j’ai essayé de ne pas tomber », avoue Yannick Nézet-Séguin. « L’idée de l’intégrale avec l’Orchestre de chambre d’Europe date d’il y a environ 10 ans, donc bien avant l’existence de nouvelles partitions, et ce que j’ai à dire dans ces symphonies avec cet ensemble dépasse l’édition. Nous avons respecté les quelques différences et les avons fait valoir, mais il s’agit de détails, des changements d’articulation notamment. » Yannick Nézet-Séguin considère que le nouveau texte « simplifie certaines questions » : « Il y a certains moments où Del Mar, à force de mettre des chevrons partout et des parenthèses, nous perd. Cette édition Breitkopf simplifie les solutions en étant moins obsédée à nous livrer toutes les pistes. »

Au-delà de la musicologie, Yannick Nézet-Séguin opte surtout pour des solutions pragmatiques. Pour lui, le tempo de marche du solo de ténor dans la Neuvième est dicté « par ce qu’il y a après » : « La fugue est d’une qualité incroyable, Beethoven s’envole _ voilà _ avec son désespoir. Alors on trouve le bon tempo de la fugue et on recule. Le tempo de la marche découle de cela. »

Dans l’ensemble, l’intégrale COE/Nézet-Séguin est une somme très pertinente qui, 30 ans après Harnoncourt, repositionne l’Orchestre de chambre d’Europe dans le champ des éminents contributeurs à la cause beethovénienne, et efface, chez DG, la catastrophe industrielle de l’intégrale Nelsons-Vienne de 2019, qui venait après une désastreuse intégrale studio Abbado-Berlin (1999), si insignifiante que le chef l’avait fait retirer et remplacer par les bandes sonores de concerts donnés à Rome en 2001.

Dans l’esthétique Nézet-Séguin, le seul concurrent direct est l’intégrale de Paavo Järvi avec la Deutsche Kammerphilharmonie chez RCA.

Beethoven. The Symphonies

Siobhan Stagg, Ekaterina Gubanova, Werner Güra, Florian Boesch, Accentus, Orchestre de chambre d’Europe, Yannick Nézet-Séguin. DG, 5 CD, 486 3050. Parution le 15 juillet.

Et aussi ce très juste article en date du 22 juillet 2022, sous la plume de François Hudry, intitulé « Le nouveau Beethoven de Nézet-Séguin » :

Le nouveau Beethoven de Nézet-Séguin

Par François Hudry |

Le chef canadien Yannick Nézet-Seguin signe une impressionnante _ et jubilatoire _ intégrale des symphonies de Beethoven reposant sur une nouvelle édition critique. Passionnant _ oui !

Voilà longtemps que les partitions des neuf symphonies de Beethoven font l’objet de soins attentifs de la part des chefs d’orchestre et des musicologues. Ensemble, ils ont édité des « éditions originales » venant corriger les éditions fautives accumulant les erreurs à la suite de l’inattention des premiers éditeurs et des mauvaises interprétations des manuscrits quelquefois indéchiffrables. Ils sont remontés aux sources en s’aidant notamment des partitions utilisées à l’époque de leur création.

En 1982, le chef d’orchestre Igor Markevitch avait déjà publié une édition rigoureuse et documentée à la tête d’une équipe de musicologues chevronnés, puis ce fut le tour de Norman Del Mar de diriger une nouvelle édition chez Bärenreiter en 1997. Aussitôt enregistrée par David Zinman à la tête de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, cette intégrale d’une grande valeur musicale _ oui ! _ passa malheureusement presque inaperçue _ pas tout à fait : ainsi mon disquaire préféré, Vincent Dourthe _ à côté des nouvelles versions « historiquement renseignées » qui avaient alors le vent en poupe.

C’est maintenant au tour de Yannick Nézet-Seguin de proposer chez Deutsche Grammophon une intégrale reposant sur une toute nouvelle édition critique, la New Beethoven Complete Edition, dans laquelle on trouve de menus détails d’articulation et d’expression. Ce qui compte en définitive dans ce nouvel enregistrement, réalisé au cours de quatre concerts donnés _ en suivant _ en juillet 2021 avec l’Orchestre de Chambre d’Europe, c’est la position historique d’un jeune chef très doué et ayant parfaitement assimilé les modes de jeux et le style retrouvés par ses aînés, notamment Nikolaus Harnoncourt dont l’intégrale à la tête de ce même orchestre avait fait sensation _ en effet _ lors de sa parution en 1990 (Teldec).

..;

Moins radical que ses prédécesseurs, Harnoncourt, Brüggen ou Norrington, le chef canadien recherche avant tout à souligner « la manière dont la musique de Beethoven peut nous surprendre _ et nous toucher au cœur _ aujourd’hui. » Ses tempos sont souvent vifs _ oui _, les articulations saillantes, sans emphase ni ego surdimensionné _ c’est cela. C’est une approche enjouée, humble et vivante _ oui, oui, oui _ qui rend à Beethoven toute sa brûlante actualité _ en sa flamme lumineuse _ avec un classicisme _ oui _ d’où toute excentricité _ d’un quelconque maniérisme _ est _ très heureusement _ bannie.

Voici aussi, encore, le bel article, intitulé « Renouveau« , de Jean-Charles Hoffelé, sur son excellent site Discophilia, le 24 décembre dernier,

et qui m’a incité à me procurer illico presto cette très réjouissante nouvelle Intégrale par Yannick Nézet-Séguin,

qui tout simplement m’emballe et m’enchante ! :

RENOUVEAU

Londres, début des années 1980, Michael Tilson Thomas, prenant de cours les adeptes de l’interprétation beethovénienne historiquement informée, enregistrait avec l’English Chamber Orchestra, dans les studios d’Abbey Road, une intégrale des Symphonies rendue à l’effectif des orchestres viennois de son temps _ une très judicieuse initiative !

Stupeur et tremblement dont l’écho se prolonge jusqu’à nos jours. David Zinman en reprendra _ non moins excellemment _  l’esprit sinon la lettre, aujourd’hui Yannick Nézet-Séguin, dans un beau coffret trop peu discuté chez nous _ depuis sa parution, le 15 juillet dernier _, ressuscite la lettre et l’esprit de cet acte pionnier, y ajoutant son tempérament si physique, idéalement marié à la grammaire beethovénienne _ mais oui _  et rappelant que oui, dans les temps de révolution, la lettre est bien l’esprit.

Écoutez comment fuse le Finale de la Quatrième, l’articulation du quatuor qui crépite chaque note, et puis, immédiatement le mouvement impérieux qui emporte la Septième Symphonie, ce Vivace cravaché.

Tout ici renouvelle l’écoute jusque dans une Neuvième fabuleuse (avec une partie de contrebasson retrouvée, tendez l’oreille !), vrai cosmos de sons qui ouvre sur de nouveaux mondes ; mais écoutez d’abord le con fuoco de la 8e (pas entendu ainsi depuis Scherchen), les idylles et les orages de la Pastorale dont le verni est ôté, l’élan épique de l’Eroica, fusant, irrésistible.

Alors oui, vous saurez que cette intégrale ne doit pas vous manquer _ en effet.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven(1770-1827)


Les Symphonies (Intégrale)


No. 1 en ut majeur, Op. 21
No. 2 en ré majeur, Op. 36
No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55
« Eroica »

No. 4 en si bémol majeur, Op. 60
No. 5 en ut mineur, Op. 67
No. 6 en fa majeur, Op. 68
« Pastorale »

No. 7 en la majeur, Op. 92
No. 8 en fa majeur, Op. 93
No. 9 en ré mineur, Op. 125 « Chorale »


Siobhan Stagg, soprano – Eketarina Gubanova, mezzo-soprano – Werner Güra, ténor – Florian Boesch, basse – Accentus

Chamber Orchestra of Europe
Yannick Nézet-Séguin, direction

Un coffret de 5 CD du label Deutsche Grammophon 4863050

Photo à la une : le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin – Photo : © Michael Bode

Bravissimo, donc, maestro Nézet-Séguin !

Et merci !

Ce mardi 27 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : les Concertos pour Piano et Orchestre de Beethoven, par la jubilation enthousiasmante de Ronald Brautigam sur deux superbes pianofortes

21mai

L’expression spontanée de la joie

n’est probablement pas le fort du génie de Beethoven…
Mais peut-être le genre _ opératique et mozartien ? _ du concerto pour piano
peut-il fournir cependant d’intéressants et judicieux exemples de cette joie
_ à destination d’une salle de concert, à Vienne _
chez Beethoven…
Ainsi ai-je été totalement séduit par la vivacité enthousiaste du brillantissime jeu de Ronald Brautigam
sur superbes deux pianofortes
_ d’après un Walter & Sohn de 1805
et un Conrad Graf de 1819,
les deux par le facteur Paul McNulty, en 2012 et 2007 _
en un récent merveilleux double album BIS SACD 2274,
avec Die Kölner Académie, dirigée par Michael Alexander Willens,
en des enregistrements de juillet 2017 et juillet 2018, à Cologne.
Avec quelques autres pianofortistes, tels
Christian Zacharias _ né à Jamshedpur (Inde) le 27 avril 1950 _,
Kristian Bezuidenhout _ né en Afrique-du-Sud en 1979 (sans plus de précisions) _
et le regretté Paul Badura-Skoda _ Vienne, 6 octobre 1927 – Vienne, 25 septembre 2019 _,
ainsi que le pianiste magnifique, lui aussi, Stephen Kovacevich _ San Pedro (Californie), 17 octobre 1940 _
… 
Ronald Brautigam _ né à Amsterdam le 1er octobre 1954 _ emporte merveilleusement notre enthousiasme…
Ainsi Ronald Brautigam enlève-t-il notre adhésion totale dans les 5 Concertos pour piano et orchestre de Beethoven,
le n°1 (op. 15, composé en 1798),
le n°2 (op. 19, composé en 1795),
le n°3 (op. 37, composé en 1802),
le n°4 (op. 58, composé en 1806)
et le n°5, L’empereur (op. 73, composé en 1809)…
Simplement, un immense bravo !
et merci !!!
Ce lundi 4 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Suivre le piano de Beethoven en sa continuité de composition : l’expérience de l’interprétation _ en 6 CDs _ de Cyprien Katsaris

13fév

Le coffret Hänssler PH 19032 de l’œuvre intégral de piano de Beethoven

par le pianiste chypriote Martino Tirimo

a déjà attiré mon attention _ et sollicité mon écoute _

en cette année du 250 éme anniversaire de la naissance du compositeur,

à Bonn,

le 16 décembre 1770 :

cf mon article du 1er février dernier :

Et voici que deux articles annonçant la parution d’un nouveau coffret

_ de 6 CDs, chez l’éditeur Piano 21 : P21 060-N _

d’un choix _ non exhaustif cette fois ! _ d’œuvres de piano de Beethoven,

présentées _ à nouveau _ en leur continuité chronologique de composition,

interprétées par l’excellent Cyprien Katzaris,

paraissent,

précédant la disponibilité effective de ce coffret chez les disquaires

_ du moins à Bordeaux, et à ma connaissance…

Soit, le 25 janvier dernier,

sur le site Discophilia, et sous la plume de Jean-Charles Hoffelé,

l’article Obsession Beethoven ;

puis, ce jour, 13 février,

sur le site ResMusica, et sous la plume de Maciej Chiżyński,

l’article Fêtons l’année Beethoven avec Cyprien Katzaris.

Les voici :

OBSESSION BEETHOVEN

Cyprien Katsaris ne fait rien comme personne. J’espérais de lui une intégrale des Sonates, après tout il avait gravé _ en effet _ le plus saisissant cycles des Symphonies dans les extravagantes transcriptions de Liszt, y faisant entendre malgré tout d’abord Beethoven. L’année cruciale s’annonçant, et franc-tireur comme il le fut toujours, voici qu’il publie un coffret de 6 CDs pleins à ras-bord : huit Sonates _ sur les 32 _, mais aussi quantité d’opus dans des transcriptions rarissimes _ voilà _ qui illustrent l’obsession Beethoven éprouvée par ses contemporains et ses suiveurs _ voilà.

 

C’est un coup de génie mené avec méthode, vrai voyage chronologique dans la création beethovénienne _ voilà _, les huit Sonates sonnant comme des ponctuations qui soulignent l’évolution de cette langue si singulière où à mesure le piano moderne paraît.

La puissance orchestrale du jeu de Katsaris, son piano de haute école, d’une pureté technique et d’une ardeur spirituelle qui forment la signature de tout grand interprète de Beethoven, emportent une Tempête _ la sonate n° 17 _ fabuleuse, exalte le “Sturm und Drang” de l’Appassionata _ la sonate n° 23  _, souligne le sens du bref si moderne de la Sonate “A Thérèse” _ la sonate n° 24 _, et projette l’ultime sonate _ n° 32 _ dans une dimension sonore futuriste.

Cela aurait suffit pour supplier Cyprien Katsaris d’enregistrer tout le reste du piano de Beethoven surtout sur le somptueux Bechsteinqu’il joue ici si bien capté par Nikolaos Samaltanos (et peut-être le fera-t-il), mais le voyage parallèle _ voilà _ proposé par les transcriptions _ un parcours assez original ! _ est tout aussi vertigineux, du Trio à cordes Op. 3 dont on ne sait trop qui, de Beethoven ou de Diabelli, aura réalisé la mouture pianistique, à cette merveille absolue d’émotion qu’est la transposition si simple, si nue, de l’Adagio molto e cantabile de la 9e Symphonie ; on imagine Richard Wagner se le jouer dans sa solitude.

Somme considérable, où tout l’art de Cyprien Katsaris rayonne. Mais qu’il nous entende : les autres Sonates, les autres Variations, les Bagatelles l’exigent en cette année Beethoven.

LE DISQUE DU JOUR

Beethoven : A Chronogical Odyssey

Ludwig van Beethoven(1770-1827)


CD 1
9 Variations sur une marche de Dressler, WoO 63
Sonate pour clavier en mi bémol majeur, WoO 47/1
2 Préludes dans tous les douze tons majeurs, pour le pianoforte ou l’orgue, Op. 39
Musik zu einem Ritterballet, WoO 1 (trans. Beethoven)
Sonate pour piano No. 1 en fa mineur, Op. 2 No. 1
Alla Ingharese quasi un Capriccio (Rondo a Capriccio), Op. 129


CD 2
Grande Sonate pour le Piano d’après le « Trio à cordes, Op. 3 » (trans. Beethoven? Diabelli?)
Sonate pour piano et violoncelle No. 2 en sol mineur, Op. 5 No. 2 (extrait : III. Rondo (Allegro), trans. Louis Winkler)
Sonatine et Adagio pour mandoline et clavecin (trans. Vladimir Blok)
Sonate pour piano No. 5 en ut mineur, Op. 10 No. 1


CD 3
Sonate pour piano No. 10 en sol majeur, Op. 14 No. 2
Septuor pour violon, alto, clarinette, cor, basson, violoncelle et contrebasse, Op. 20 (extrait : III. Tempo di Menuetto – Trio, trans. Liszt)
Quatuor à cordes No. 6 en si bémol majeur, Op. 18 No. 6 (extrait : II. Adagio ma non troppo, trans. Saint-Saëns)
Quatuor à cordes No. 4 en ut mineur, Op. 18 No. 4 (extrait : I. Allegro ma non tanto, trans. Rösler)
Sonate pour piano et violon No. 5 en fa majeur, Op. 24 « Le printemps » (trans. Winkler)
Sérénade en ré majeur pour flûte, violon et alto, Op. 25 (extrait : I. Entrata (Allegro), trans. Winkler)


CD 4
Sonate pour piano No. 14 en ut dièse mineur, Op. 27 No. 2 « Clair de Lune »
Sonate pour piano et violon No. 7 en ut mineur, Op. 30 No. 2 (extrait : II. Adagio cantabile, trans. Winkler)
7 Bagatelles, Op. 33
Contredanse en mi bémol majeur, WoO 14/12 (trans. Ludwig or Kaspar Karl von Beethoven)
Sonate pour piano No. 17 en ré mineur, Op. 31 No. 2 « La Tempête »


CD 5
Sonate pour violon et piano No. 9 en la majeur, Op. 47 « Kreutzer » (trans. Czerny & Anonymous)
Sonate pour piano No. 23 en fa mineur, Op. 57 « Appassionata »
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 61 (extrait : III. Rondo. Allegro, trans. Kullak)


CD 6
32 Variations sur un thème original en ut mineur, WoO 80
Fantaisie en sol mineur, Op. 77
Marsch für die böhmische Landwehr, oder Marsch des Yorck’schen Korps, en fa majeur (trans. Beethoven?)
Sonate pour piano No. 24 en fa dièse majeur, Op. 78
Sonate pour piano No. 32 en ut mineur, Op. 111
Symphonie No. 9 en ré mineur, Op. 125 « Chorale » (extrait : III. Adagio molto e cantabile, trans. Wagner)
Quatuor à cordes No. 16 en fa majeur, Op. 135 (extrait : III. Lento assai, trans. Moussorgski)
Quintette à cordes en ut majeur, WoO 62 – esquisse (trans. Diabelli)
Musikalischer Scherz, “Wir irren allesamt”, WoO 198

Cyprien Katsaris, piano

Un coffret de 6 CD du label Piano 21 P21 060-N (agrémenté d’un livret comprenant un texte passionnant de l’interprète)

Photo à la une : le pianiste Cyprien Katsaris – Photo : © Jean-Baptiste Millot

Fêtons l’année Beethoven avec Cyprien Katsaris

Ce jeudi 13 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et les Diabelli de Gulda en novembre 1957 à Vienne

11fév

Et voici une autre version infiniment vivante _ et donc satisfaisante _

des Variations Diabelli de Beethoven

_ nécessairement un poil colérique ! _,

enregistrées à Vienne en novembre 1957

par le grand Friedrich Gulda

(Vienne, 16 mai 1930 – Weissenbach am See, 27 janvier 2000) ;

dénichées en un recoin du désordre de ma discothèque…

À ranger à côté des versions aimées de

Stephen Kovacevich,

Ronald Brautigam,

Andreas Staier,

et aussi, maintenant, Filippo Gorini.

Ce mardi 11 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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