Archives du mois de mai 2022

Un Ravel « vers le sombre », en effet, par François-Xavier Roth et Les Siècles, Cédric Tiberghien et Stéphane Degout…

31mai

Oui,

j’approuve pleinement l’appréciation « Vers le sombre«  que Jean-Charles Hoffelé, en son Discophilia, porte sur l’admirable et absolument enthousiasmant CD « Concertos pour piano, Mélodies » _ écoutez-en ici de très éloquents extraits ! _

que nous offfrent ce mois de mai 2022 François-Xavier Roth et Les Siècles, Cédric Tiberghien ainsi que Stéphane Degout,

avec leur très beau CD Harmonia Mundi HMM 902612…

VERS LE SOMBRE

Le piano file, clavier léger de geste, savoureux de timbres. Accordé au souci philologique que François-Xavier Roth déploie au long de son parcours Ravel parvenu à son quatrième album, Cédric Tiberghien, dont je désespérais qu’il vienne enfin à Ravel, joue un élégant Pleyel « Grand Patron » de 1892. Une certaine nostalgie naturelle de son nuancier fait merveille dans les gris colorés de l’Adagio assai du Concerto en sol, Les Siècles raffinant un décor onirique.

C’est l’un des plus beaux moments de cet exaltant disque Ravel, partagé entre piano et voix. Stéphane Degout met son timbre noir à Don Quichotte, aux mystères des Mélodies hébraïques, surtout à des Mallarmé à tomber, où pour Soupir Cédric Tiberghien transforme son Pleyel en gamelan, empêchant de son clavier-couleurs que je puisse regretter la vêture instrumentale dont Ravel aura aquarellé l’original. Et quel raffinement dans les aigus du Placet futile.

Sombre disque qui va d’un mouvement implacable même pour une Pavane pour une infante défunte pourtant allégée, vers le Concerto pour la main gauche emporté entre fureur et rêve par Cédric Tiberghien, inspiré par les singularités de son Pleyel. Abîme vertigineux des cadences, marche de cauchemar, ciel noirci d’étoiles mortes, toute une poésie macabre qui se donne à entendre dans la nouvelle version éditée sous le contrôle de François Dru.

Puis Sainte, ce chef-d’œuvre ignoré, pur mystère de mélancolie. Ecoutez seulement.

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)


Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, M. 83
Don Quichotte à Dulcinée,
M. 84

2 Mélodies hébraïques,
M. A22

Pavane pour une infante défunte, M. 19
3 Poèmes de Stéphane Mallarmé, M. 64
Concerto pour la main gauche en ré majeur, M. 82
Sainte, M. 9

Cédric Tiberghien, piano
Stéphane Degout, baryton
Les Siècles
François-Xavier Roth, direction

Un album du label harmonia mundi HMM902612

Photo à la une : le pianiste Cédric Tiberghien – Photo : © Jean-Baptiste Millotui, en effet, 

 

Oui, en effet,

existe aussi le sombre _ délicat, jamais insistant ni complaisant, bien sûr _ de cette mélancolie ravélienne,

fort bien saisi et rendu ici par ces superbes interprètes…

Gratitude à eux. Merci !

Je dois cependant ajouter l’analyse tout à fait magnifique que fait de cet admirable CD, ce 31 mai, lui aussi, Charles Sigel, sous l’intitulé, à nouveau, « La Part d’ombre« , sur le site de ForumOpera.com :

CD
Par Charles Sigel | mar 31 Mai 2022 |

Il y a dans ce disque Ravel composé comme un récital tout à la fois sa sensualité et sa part d’ombre.
C’est surtout aux mélodies que nous nous arrêterons, parce que la voix est la vocation première de ForumOpera bien sûr, et aussi parce qu’elles offrent l’occasion de retrouver Stéphane Degout dans ses œuvres, dans une période décidément faste, après son sublime Jésus dans la Passion selon Saint Matthieu dirigée par Raphaël Pichon, et le non moins merveilleux Chant de la terre, de Mahler/Schönberg, tant admiré il y a peu.


© D.R.

« Une volupté un peu coupable »

Outre le plaisir d’entendre la complicité _ oui _ entre Stéphane Degout et le merveilleux Cédric Tiberghien, c’est celui des timbres _ oui ! _ qui ajoute à l’intérêt de ce disque : un piano Pleyel « Grand patron » de 1892, les cordes en boyaux et les instruments « d’époque » des Siècles, tous plus vénérables les uns que les autres, apportent leurs couleurs singulières _ oui!

Rien d’archéologique dans cette entreprise. Emile Vuillermoz, familier de Ravel, écrit ceci (que cite Marcel Marnat dans son indépassable biographie du compositeur (Fayard, 1986) : « Bien qu’il s’en défende, [Ravel] aime le son pour le son, ne faisant pas mystère de la volupté aigüe et un peu coupable qu’il recherchait en ouvrant, dans une maison de campagne longtemps abandonnée, un vieil instrument désaccordé dont les sons décalés créaient les plus savoureuses interférences », ajoutant : « Il est indiscutable que le timbre possède à lui seul une radioactivité qui peut nous donner une émotion artistique » _ merci pour cette très judicieuse citation.

Mi-voix

Le plus beau, à notre goût, évidemment subjectif, ce sont les Trois poèmes de Stéphane Mallarmé, écrits en 1913 et créés en 1914 dans leur version avec ensemble de chambre. La version avec piano seul, qui se prive des charmes sonores exquis de l’orchestration ravelienne, met d’autant plus l’accent sur les textes de Mallarmé. Grâce à la diction parfaite _ oui _ de Stéphane Degout, on ne perd rien de leurs syllabes parfois absconses…
Le clair Pleyel fait des merveilles dorées des quelques arpèges d’introduction à Soupir, avant que la voix du baryton ne s’élève comme le blanc jet d’eau dont parle le poète… ne s’élève pas beaucoup d’ailleurs puisqu’elle restera dans d’intimes demi-teintes : Degout donne peu de volume et passe très souvent en registre de tête, disant autant qu’il les chante les mots subtils.

La seconde strophe sera encore plus improbable: un mi mineur indécis comme l’esprit du texte achoppe sur les accords dissonants tombant  sur « pâle et pur » et la voix monte vers « langueur infinie » comme s’il fallait mourir là et semble, sur les ponctuations dans le grave, errer à l’image de « la fauve agonie des feuilles ». Merveilleuse fusion _ oui _ entre les mots, la ligne musicale sinueuse et la voix du diseur qui se donne de faux airs fragiles.


Stéphane Degout © Julien Benhamou

Placet futile n’est que causticité moqueuse, préciosité faussement Louis XV et second degré. L’introduction module insaisissablement et la voix s’amuse à se faire considérable, puis elle ondule comme cet abbé de cour maniéré qui emberlificote ses métaphores et s’y perd. L’humour de Degout, qu’on admirait récemment en Ford d’un Falstaff lyonnais, s’y donne libre cours, la voix s’offre des éclats sur « bichon embarbé », puis s’en va onduler avec les « coiffeurs divins », que ne renierait pas Gonzalve, le rimailleur de L’Heure espagnole. Au passage toute la palette des couleurs de cette voix sont mises à contribution, sur un accompagnement impalpable du piano aux tonalités flottantes. _ oui, oui, oui.

Le mini-cycle s’achève avec Surgi de la croupe et du bond, qui, après traduction, n’est en somme que l’évocation énigmatique et pince-sans-rire d’un vase sans fleur et donc sans parfum, contemplé par un sylphe peint au plafond _ voilà. Tonalité suspendue et phrasé ondoyant, la voix se timbre à nouveau (mais pas trop) pour simplement dire les mots, plaisir mallarméen des consonnes et des voyelles, sur les notes cristallines du Pleyel et d’impalpables harmonies. Bel exercice d’effacement discret _ tout à fait ravélien _ de la part des deux interprètes.

Sainte mettait déjà en musique le poète de Valvins quelque vingt ans plus tôt (1896, Ravel avait 21 ans) et clora le disque dans sa simplicité. Quatre quatrains et des accords sages comme une procession, une ligne mélodique plus traditionnelle (fauréenne ?) et moins proche de l’intime du texte. Sobre legato, crescendo montant vers « Magnificat » puis lente descente jusqu’au silence. Effacement devant le mystère _ voilà.


© D.R.

Les derniers mots de Ravel

Don Quichotte à Dulcinée est la dernière composition de Ravel, datée de 1932-33, formant avec le Concerto en sol (1929-30) et celui pour la main gauche (1929-1931) son legs ultime.
Les trois mélodies sur des textes de Paul Morand s’appuient sur des rythmes de danses hispanisantes, successivement guajira, zortzico basque et jota aragonaise, et les imitations de guitare en tombent naturellement sous les doigts de Cédric Tiberghien sur ce Pleyel si léger, pour accompagner la voix de Stéphane Degout qui retrouve là toute sa superbe _ en effet.
Fière interprétation, cambrée, d’un beau métal pour la Chanson romanesque, avec la juste pointe de galanterie du « Madame » ; ferveur et legato de la Chanson épique, puissance à partir de « bénissez ma lame », puis douce piété de la dernière strophe, et allègement sensible de l’Amen final ; truculence de la Chanson à boire, éclatante à souhait, et rutilances du piano, dont on admire le rebond, le brillant et la pétulance, en dépit de ses 130 ans au compteur (mais il est vrai qu’on lui a offert une cure de jouvence). Belle interprétation évidemment, à laquelle manque l’on ne sait quoi de charme enivrant qu’y apportait un José van Dam, dont c’était un des morceaux de bravoure _ en effet.

Autre sommet, Kadisch, d’une sobre grandeur, s’appuie sur toute la solidité de la voix, et monte sans pathos jusqu’à d’admirables vocalises, puissantes, portant à la fois le désespoir et l’espoir. Plus aucun pittoresque ici, ni maniérisme, mais un appel à ce qu’il y a de plus grand, quelque chose de profondément humain et de surhumain en même temps _ oui, cela aussi très ravélien… La musique dans ce qu’elle a de plus illimité.
Le piano scande d’abord une note obsessionnelle, une manière d’appel, puis par une vague d’arpèges ascendants, semble libérer la prière, et enfin, sous les vocalises, sonne comme un glas sur un obsédant accord do-mi bémol, dans l’extrême grave. Et le Pleyel ajoute sa richesse de timbres et de couleurs à un chant d’une funèbre noirceur _ oui.
Après cela l’Enigme éternelle, la seconde des Mélodies hébraïques, avec sa fausse joie _ dans tout l’éclat discret de l’humble profondeur ravélienne _, viendra comme une manière de soulagement.


Le Pleyel Grand Patron 1892 © Atelier Galland

A la fin c’est l’ombre qui gagne

Deux mots sur le reste du programme, où le piano prend toute la lumière _ en effet, et comment !

La Pavane pour une Infante défunte sur le Pleyel de 1892, prise sur un tempo assez rapide, – mais après tout Ravel disait que c’est pour le plaisir seul de l’allitération qu’il l’avait dédiée à cette espagnole expirée, donc pas de raison d’en accentuer le côté funèbre – sonne dorée et limpide _ oui _, au-dessus d’amples graves voluptueux, et la différence entre les registres y est particulièrement audible : la ténuité aigrelette des aigus, l’éclat puissant et dru du médium, l’ampleur majestueuse des basses.


François-Xavier Roth © D.R.

Grâce aux instruments des Siècles, dont l’inventaire minutieux a quelque chose de poétique _ oui _, et à la direction ardente _ en effet : c’est très juste ! _ de François-Xavier Roth, le Concerto en sol est plus polychrome _ oui _ que jamais. Et on prête l’oreille aux moindres faiblesses du piano vénérable. On croit entendre de touchantes fragilités dans l’aigu, mais aussitôt la santé pétulante du centre du clavier et la profondeur des graves rassurent. Cédric Tiberghien est un coloriste subtil, on le sait depuis longtemps, ses arpèges et ses trilles en demi-teintes ont l’éclat méditerranéen d’un Bonnard _ oui. Il y a des graves percutants qu’on prend dans l’estomac, des flûtes agaçantes, des trompettes pétaradantes qui évoquent ironiquement un quartier de cavalerie le matin, de l’électricité dans l’air _ absolument…

Le mouvement lent demande une bonne installation d’écoute pour entendre les résonances de ce vieux Pleyel, qui pourront sembler un peu courtes. On y perd un peu de suavité et de fondant, mais on y gagne une sorte de fragilité, de nudité, d’émotion _ ravéliennes, elles aussi _, naissant d’une sonorité qui semble menacée… A partir de l’entrée des partenaires, la clarinette basse, la flûte (stridente à souhait), et surtout le cor anglais, promu partenaire privilégié d’un moment chambriste, ce sentiment craintif disparaîtra et ce son un peu grêle et mal assuré ajoutera une saveur de plus, sur le noble tapis des cordes en boyaux. Il y a quelque chose de bonhomme, d’agreste, dans cette palette de sons, et on aime définitivement la sonorité narquoise de ces bois français.
Plus aucune inquiétude pour le vieux monsieur plus que centenaire _ qu’est ce piano Pleyel « Grand patron«  de 1892… _ dans la frénésie du troisième mouvement, coruscant et acidulé. Basson français nasal, cors boisés, clarinettes sardoniques, glissando des trombones, tout cela éclate de saveur et d’impertinence _ ravéliennes elles aussi.


François-Xavier Roth © D.R.

Qu’importe le flacon ?

Le Concerto pour la main gauche est l’autre sommet de ce disque _ oui. Faisant appel à un orchestre énorme (à la différence de celui en sol qui n’a besoin que d’un effectif restreint), c’est ici un festival de sonorités intrigantes, roboratives, voluptueuses, mais aussi angoissées/angoissantes _ oui. De quelle terreur, de quel pressentiment, à l’image de celles de La Valse _ mais oui ! ces deux œuvres composées pour l’apocalys joyeuse de Vienne… _, sont-elles le signe ?

Ce Concerto avait déjà fait l’objet d’un enregistrement « historiquement informé » en 2005, par Claire Chevallier sur un piano Erard de 1905 et Jos Van Immerseel dirigeant Anima Eterna sur instruments « d’époque ». Le piano n’avait pas de son et la direction était languissante, le tout dégageait un ennui profond. Conclusion : qu’importe le flacon, si l’on n’a pas l’ivresse.
Ici, l’ivresse on l’aura _ oui ! _, mais sans doute l’aurait-on tout autant avec les mêmes interprètes sur des instruments standard… N’empêche, ça sonne très bien (et la prise de son est d’une clarté exemplaire), mais c’est surtout l’élan _ oui _ qui emporte l’adhésion.

Les premiers grondements des contrebasses, les premiers grincements du contrebasson sont d’une profondeur tellurique_ oui. Puis des cors d’outre-tombe _ voilà _ apparaissent dans la pénombre _ seulement… _, les violoncelles ondulent et le cor anglais peut préluder au premier tutti. Après ce frontispice, le piano semble monter des entrailles de la terre _ oui _ : des basses vrombissantes, roulant sinistrement, la main solitaire essayant de partir à l’assaut du médium mais retombant à chaque fois…


Cédric Tiberghien © Frances Marshall

Cédric Tiberghien, qui a joué maintes fois ce concerto sur Steinway, se délecte de toute évidence _ oui _ à faire mugir le vieux Pleyel. On aime son toucher liquide et la douceur rêveuse des passages où le piano joue en solitaire, les accelerando venus de très loin, les ascensions difficultueuses du clavier, comme pour se libérer, ces martèlements énergiques jamais durs _ en effet _, la finesse de la petite harmonie, le cor anglais onirique, cette petite flûte pointue qui esquisse un jeu d’enfant avec le piano, le basson songeur qui rappelle celui de l’Apprenti sorcier, la scansion de plus en plus oppressante (qui fait penser au Boléro, composé peu de mois auparavant), les cuivres radieux. Par moment, comme les micros sont tout près, on perçoit (et c’est touchant) la mécanique de la pédale. Surtout, on entend les vocalises légères et la grande cadence rêveuse qui amènent la lumière finale.

Marguerite Long raconte que Ravel, à qui elle demandait lequel de ses Concertos il préférait, avait répondu malicieusement : « Le vôtre [celui en sol ], il est plus Ravel »… Manière _ ravélienne _ de dire sans le dire que c’était de celui pour la main gauche, effrayant et prémonitoire, qu’il était le plus proche.

 

Tout cela est de superbe écoute

de ce CD indubitablement marquant en la discographie ravélienne !

Ce mardi 31 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir une nouvelle interprétation, en CD, des « Fêtes d’Hébé » (1739), de Jean-Philippe Rameau, sous la direction de György Vashegyi

30mai

C’est toujours avec un très grand appétit que je m’apprête à découvrir une nouvelle interprétation, au disque _ même si j’en possède déjà d’autres interprétations _, d’une œuvre du grand Jean-Philippe Rameau (1683 – 1764),

ici le ballet en un prologue et trois actes, « Les Fêtes d’Hébé« , créé à Paris en 1739.

Il s’agit cette fois d’un triple album Glossa GCD 924012,

et sous la direction du toujours très intéressant chef baroque hongrois György Vashegyi :

 

Ce lundi 30 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

La splendide délicatesse du toucher de Céline Frisch dans le répertoire tout en finesse jamais démonstrative du clavecin français du XVIIIe siècle : le parfait CD « L’Aimable » (CD Alpha 837)

29mai

Céline Frisch est une claveciniste hors-pair.

Son CD « L’Aimable« , le CD Alpha 837,

offre ainsi un florilège parfait du clavecin français du XVIIIe siècle, de François Couperin (1668-1733) à Claude-Bénigne Balbastre (1724-1799), et Michel Corrette (1707-1795).

Dans toute la  palette de sa tendresse, sa douceur, sa discrétion, son humilité jamais démonstratives.

À preuve,

la très élégante « L’Aimable« , de Joseph-Nicolas-Pancrace Royer (1703-1755).

J’éprouve pour ce qu’offre ce CD « L’Aimable » de Céline Frisch ce que j’ai récemment éprouvé pour ce qu’offre le CD « Little Books » de Francesco Corti _ cf mon article du 7 mai dernier : « «  _ :

l’impression d’une miraculeuse adéquation entre un répertoire bien spécifique, un instrument, et, surtout, un interprète saisi en état de grâce… 

Soit une rencontre assez rare…

Bravo !

Et écoutez bien les 4 extraits proposés ici…

Ce dimanche 29 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

La grande joie de revoir et écouter Pascal Chabot, philosophe, et Karol Beffa, compositeur-interprète, au Festival Philosophia 2022 (« La Terre ») à Saint-Emilion…

28mai

Ce samedi 28 mai 2022,

je viens d’avoir la très grande joie de revoir et écouter, l’un au micro (en la salle des Dominicains), et l’autre au piano (au cloître des Cordeliers), pour le Festival Philosophia 2022 consacré à « la Terre« ,

mes amis le philosophe _ bruxellois _ Pascal Chabot _ cf le podcast de notre entretien du 20 septembre 2018, au Studio Ausone, à propos de son drame philosophique « L’homme qui voulait acheter le langage« ., paru aux PUF en septembre 2018… _

et le compositeur _ pianiste aussi, et admirable improvisateur ! _ Karol Beffa.

Pascal Chabot,

pour un dialogue avec Martin Legros sur le sujet d’une « Petite métaphysique de la Terre » _ à travers une petite histoire de points de vue, ou « visions« , de divers philosophes (Descartes (« Méditations métaphysiques« ), Merleau-Ponty (« Phénoménologie de la perception« ), Carl Sagan (« Une brève histoire du temps« ), David Abram (« Comment la Terre s’est tue« ), etc.) sur la Terre, appréhendée depuis la sensation primale de pieds plantés dans de la glaise, à « la petite bille bleue«  captée et saisie, depuis divers engins spatiaux (cf le récit de l’image qui ouvre, aux pages 11 à 14 du Préambule, l’excellent « Traité des libres qualités«  de Pascal Chabot, paru aux PUF en septembre 2019 ;

avec ce constat, un peu navré de ma part, de la persistance dans le public présent dans la salle, de préoccupations somme toute irrationnalistes ; auxquelles Pascal Chabot, au final, a très heureusement répondu par son choix de la référence au registre bien plus fiable et universel de l’ordre du droit… ;

et au passage, j’ai eu une pensée très émue pour l’éminentissime juriste du Droit international Mireille Delmas-Marty, qui fut une prestigieuse invitée du Festival Philosophia, le 29 mai 2010 (sur le thème de « L’Imagination« ), en cette même salle des Domininicains ; et qui vient tout récemment de quitter cette Terre, le 12 février dernier… ; cf mon article du 30 mai 2010 : « «  _ ;

et Karol Beffa,

improvisant sublimement au piano 95′ durant _ une performance d’abord physique, certes, mais surtout musicale absolument transcendante ! _ sur le génialissime _ « le plus beau film du monde« , selon François Truffaut ; et pareille appréciation demeure bien sûr inoubliable… _ film muet de Friedrich-Wilhelm Murnau (un film réalisé en 1927), « Aurore«  (à regarder en entier ici ; mais la bande-son présente ici en cette très bienvenue vidéo n’est pas due, cette fois, à la captation d’une improvisation au piano de Karol Beffa, mais à Hervé Mabille et son Mab Trio…) _ en remplacement du film muet, initialement prévu, mais techniquement indisponible, d’André Antoine,  « La Terre » (en 1921), d’après le roman éponyme d’Émile Zola:

une expérience inoubliable

_ et je connais le degré de joie qu’éprouve Karol à se livrer à de telles improvisations musicales, au piano, en regardant défiler le film, tout spécialement pour de tels chefs d’œuvre du cinéma muet, tel qu’« Aurore » de Murnau ; cf là-dessus, à propos justement de l’improvisation en musique, notre passionnant entretien à la Station Ausone le 25 mars dernier, autour de son superbe essai « L’autre XXe siècle musical« , aux Éditions Buchet-Chastel…

Et pour rejoindre, depuis Bordeaux, la belle cité médiévale de Saint-Émilion, par une splendide journée ensoleillée d’une fin mai qui ressemble tellement à l’été,

je m’étais aussi offert, en prélude enchanté !, le petit détour, depuis Branne, par le sublime panorama très verdoyant du fantastique méandre de la large et paisible Dordogne à Cabara _ un des plus beaux spectacles que peut offrir la douceur épanouie et sereine de la France ! _ ;

en pensant bien entendu à ce petit détour-rituel que ne manque pas d’accomplir, chaque année, en son été, mon amie Hélène Cixous _ cf la miraculeuse vidéo de notre entretien du 23 mai 2019 à propos de son « 1938, nuits« , paru aux Éditions Galilée le 24 janvier 2019 _  en rendant visite, depuis son domicile d’écriture des Abatilles, à Arcachon, à la magique tour de notre tendrement vénéré Montaigne…

Ce samedi 28 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Penser une révolution qualitariste : une étape du très sagace cheminement du penser philosophique de Pascal Chabot, et son très bienvenu « Discours de la Méthode » pour le XXIe siècle…

27mai

Avec le « Traité des libres qualités » de Pascal Chabot, un ouvrage paru aux PUF le 4 septembre 2019,

nous tenons un passionnant très riche « Discours de la méthode«  _ « pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences« , et même un peu plus loin que « dans les sciences«  : pour comprendre aussi, voire surtout, en la finesse des liens qui la marquent, voire la constituent, la vie contemporaine en toute la très riche complexité de sa plus quotidienne quotidienneté… _ de notre XXIème siècle…

Déjà,

afin d’entrer un peu précisément dans le propos de ce livre majeur,

et, en plus de lire attentivement, bien sûr, les 9 pages de l’ « Introduction » de ce livre (aux pages 15 à 23) _ constituée d’un très éclairant important avant-propos méthodologique intitulé « Puissances de l’abstrait« , suivi du programme de ce travail, baptisé, lui, « Carte de navigation » : au sein de la profuse complexité qualitative dont il faut démêler les entrelacs (de divers enchevêtrements de liens) encore bien trop confus pour nos esprits… _,

on peut également commencer par accéder à  la vidéo (de 32′ 46) du passionnant entretien, pour France-Culture, le 11 septembre 2019, de Pascal Chabot avec Olivia Gesbert : « Pour une révolution qualitariste » ;

ainsi qu’au texte de l’entretien qu’a eu Pascal Chabot avec Nicolas Celnik (publié dans le Libération du 15 septembre 2019) : « Il faut penser la qualité comme une nouvelle figure du bien« …

 

Ce vendredi 27 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur