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S’enthousiasmer pour les « 6 Danses populaires roumaines » de Bela Bartok en ses trois versions : pour orchestre, pour piano seul et pour violon et piano…

08juil

Les « 6 Danses populaires roumaines » de Béla Bartók, SZ 56, BB 68 _ ou SZ 68, BB 76 dans le catalogue de Szőllősy _ ont la vertu formidable de m’enchanter…

En piochant dans ma discothèque,

je choisis

la version pour orchestre extraite du coffret de 3 CDS « Béla Bartók Orchestral Music » Philips 475 7684 d’Ivan Fischer dirigeant le Budapest Festival Orchestra _ enregistrée à Budapest en février 1996 _ ;

la version pour piano seul de Zoltan Kocsis, extraite du coffret de 8 CDS  « Zoltan Kocsis plays Bartok » Philips 475 6720 _ enregistrée à Hambourg en septembre 1991 _ ;

et la version pour violon et piano de Laurent Korcia, violon, et Georges Pludermacher, piano, extraite du CD « Tzigane _ Le violon d’Europe Centrale » RCA 74321 690862 _ enregistrée à Compiègne en juin 1999.

Je veux aussi citer la vidéo d’une interprétation à la flûte de Pan et à l’orgue, par Dorian Gheorgilas et Laurent Jochum, à la tribune de l’orgue de l’église de Courtenay (Loiret) _ enregistrée le 28 juin 2015.

Et l’interprétation de Zoltan Kocsis est tout simplement sublimissime !

Bartok est merveilleux !

Ce vendredi 8 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et la merveille des Goldberg par le piano magique de l’enchanteur Pavel Kolesnikov…

06juil

J’avais _ assez étrangement… _ laissé passer à sa sortie, en octobre 2020, le CD _ Hyperion CDA 68338 _ des Goldberg BWV988 du prodigieux Pavel Kolesnikov.

Cf mon article enthousiaste du 2 juillet dernier : « « …

Et c’est le détail précis de la notice de son tout nouveau CD Reynaldo Hahn _ Hyperion CDA 68383 _, qui vient de paraître ce mois de juin 2022, qui m’a fait rechercher illico presto ce CD Goldberg de Kolesnikov au piano…

Un nouvel enchantement !

Et de toute autre nature, bien sûr, que celui du Hahn…

Quel merveilleux interprète,

qui sait aller au cœur battant de l’idiosyncrasie des œuvres qu’il vient servir…

Ce mercredi 6 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos de ce bijou de CD renversant d’évidence prodigieuse qu’est le nouveau Steven Osborne / Rachmaninov chez Hyperion

29juin

Pour continuer, amplifier même, mon appréciation enthousiaste du 11 juin dernier «  » du nouveau CD Rachmaninov du prodige écossais Steven Osborne, pour le label Hyperion,

avec le splendide CD « Rachmaninov » CDA68365,

voici une nouvelle appréciation, cette fois de « chef d’œuvre » _ discographique _, pour ce merveilleux d’évidence splendide CD « Rachmaninov » de Steven Osborne,

par Jean-Charles Hoffelé, en date d’hier 28 juin, sous le titre de « La Sonate de Faust« .

LA SONATE DE FAUST

Au rayon « sonates » chez Rachmaninov, les élans de la Deuxième auront fait oublier le sombre poème pianistique de la Première.

Attention, chef-d’œuvre ! _ voilà ! et tout est dit là ! Steven Osborne se garde bien, comme tant d’autres de la brusquer, il conduit au long des trois mouvements un voyage dans cette fresque dont le sous-texte s’abreuve au Second Faust de Goethe, une vaste réflexion quasi philosophique, donnant toute leur ampleur aux climax dramatiques sans jamais saturer l’espressivo par la surabondance du son, détaillant les nombreux replis lyriques qui confèrent à l’ensemble sa couleur nostalgique derrière l’éloquence.

Admirable _ oui, oui, oui _ proposition, à l’égal de celle des Moments musicaux délivrés de tout pathos, d’une fluidité dans l’Andantino qui tient du rêve. Tout le cycle sous ses doigts est simplement prodigieux _ sans nul doute _, émouvant jusque dans l’exaltation du Maestoso. Peu de pianistes auront si bien compris les arrière-plans, la lyrique, le raffinement de ce cycle majeur auquel Steven Osborne offre un sublime prélude : la transcription signée par le compositeur de l’onirique Nunc dimittis des Vêpres.

Au centre de l’album trois raretés : un sombre Prélude posthume, et deux brèves pièces qui rappelle que peu à peu, Steven Osborne, discrètement, assemble le cycle Rachmaninov majeur de ce début de XXIe siècle.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninov (1873-1943)


Sonate pour piano No. 1 en ré mineur, Op. 28
Prélude en ré mineur,
Op. posth.

Oskolki « Fragments »
Esquisse orientale
Nunc dimittis (No. 5, extrait des « Vêpres, Op. 37 », arr. pour piano : Rachmaninov)
6 Moments musicaux, Op. 16

Steven Osborne, piano

Un album du label Hypérion CDA68365

Photo à la une : le pianiste Steven Osborne – Photo : © 2013 Benjamin Ealovega

 

Steven Osborne est décidément un très grand !

Ce mercredi 29 juin 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et la merveille des merveilles que sont les Concertos pour piano de Mozart par Ronald Brautigam, et la Kölner Akademie sous la direction de Michael Alexander Willens…

04juin

Et parmi les interprétations musicales absolument géniales,

il faut absolument relever et retenir celles de Ronald Brautigam dans les Concertos pour piano de Mozart,

avec la Kölner Akademie, sous la direction de Michael Alexander Willens,

_ enregistrés entre 2006 et 2015 _,

dont le label Bis vient de réunir, en un très commode magnifique coffret de 12 CDs, l’intégrale

_ le coffret Bis 2544 SACD…

Sur ce magistral coffret Mozart/Ronald Brautigam,

cf ce très judicieux article de Pierre Carrive,

paru le 8 juin 2021, sur le site de Crescendo Magazine,

« Une très enthousiasmante intégrale des concertos pour piano de Mozart sur instruments d’époque » :

Une très enthousiasmante intégrale des concertos pour piano de Mozart sur instruments d’époque

LE 8 JUIN 2021 par Pierre Carrive

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : les 27 Concertos pour piano (dont Concerto pour deux – deux versions – et trois pianos) ; 3 Concertos d’après J. C. Bach ; les 2 Rondos pour piano et orchestre ; Air « Ch’io mi schordi di te ? ».

Ronald Brautigam, pianoforte ; Die Kölner Akademie dirigée par Michael Alexander Willens (sauf Concertos pour deux et trois pianos) ;  Carolyn Sampson, soprano, Alexis Lubimov, pianoforte ; Haydn Sinfonietta ; Manfred Huss, pianoforte et direction ; Carolyn Sampson, soprano.

2006-2015. 11h 48m 03s.

Livrets séparés en anglais, en allemand et en français.

12 SACD BIS-2544.

Cette intégrale des Concertos pour piano de Mozart est en fait une réédition de 12 albums, qui ont été enregistrés et sont sortis séparément entre 2006 et 2015. Le coffret reprend l’ensemble, avec pour chaque volume son livret d’origine.

Ronald Brautigam a à son actif une discographie impressionnante, avec notamment trois monumentales intégrales pour piano seul de Haydn, Mozart et Beethoven. Mais son répertoire ne se cantonne pas à cette période, ni à jouer seul, puisque l’on peut trouver aussi, par exemple, de nombreuses œuvres du XXe siècle, en musique de chambre (notamment avec la violoniste Isabelle van Keulen), et aussi avec Riccardo Chailly et l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam.

Die Kölner Akademie et son directeur musical Michael Alexander Willens ont également une discographie très étoffée, dans laquelle Mozart, en-dehors bien entendu de cette intégrale de Concertos pour piano, est représenté par trois albums récents. En 2017 et 2020, ils ont enregistré quatre Sérénades de Mozart, remarquables de vivacité, de sens du drame, d’humour, de tendresse ; elles ne tombent jamais dans l’excès ni la caricature. L’orchestre est incisif, sans brutalité ; il trouve d’étonnantes couleurs, et la mise en valeur des voix intermédiaires lui donne une plénitude grisante. Deux albums absolument savoureux (comme s’était enthousiasmé Jean Lacroix), entre lesquels il y en eut un autre consacré à des œuvres d’inspiration maçonnique, à l’interprétation un peu plus attendue.

Ensemble, ils ont enregistré les intégrale des Concertos de Beethoven, de Mendelssohn, et de Weber. Voici donc celle de Mozart, qui a fait l’objet d’un entretien avec Crescendo-Magazine.

Mozart a écrit ses Concertos pour piano tout au long de sa vie, et plusieurs, notamment dans les plus tardifs, peuvent être considérés comme ses plus grands chefs-d’œuvre _ oui ! _, au même titre que ses plus grands opéras _ oui. Il les écrivait pour les jouer lui-même, et c’est probablement dans ce genre qu’il s’est dévoilé le plus. Aucun autre compositeur de quelque envergure n’y est revenu aussi souvent. Ils constituent une somme absolument unique à tous points de vue, d’une richesse et d’un niveau de perfection stupéfiants _ absolument 

Ils sont au nombre de vingt-sept. Mais, en réalité, les quatre premiers sont des « pastiches », réalisés d’après des Sonates accompagnées pour clavier et violon de Johann Schobert, Leontzi Honauer, Johann Gottfried Eckard, Hermann Friedrich Raupach et Carl Philipp Emanuel Bach. Le tout jeune Mozart s’était enthousiasmé pour leurs œuvres lors d’une très longue tournée, et à l’âge de onze ans, probablement aidé de son père, s’est lancé dans l’écriture de ces Concertos Nᵒˢ̊ 1 à 4, K. 37, 39, 40 et 41. Destinés à faire briller le pianiste tout en faisant connaître le compositeur, ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’on prendra conscience de leurs origines. S’ils constituent le premier volume de cette intégrale, ils ont en réalité été enregistrés en dernier. À leur écoute, l’on ne peut s’empêcher de penser à la « cerise sur le gâteau », tant on perçoit le plaisir jubilatoire _ oui _  qu’ont pris Ronald Brautigam, Michael Alexander Willens et la Kölner Akademie avec ces œuvres pleines de fraîcheur, après s’est plongés pendant plusieurs années dans tous les « vrais » et immenses Concertos pour piano de Mozart.

Deux autres sont à mettre à part, car écrits pour plusieurs instruments : le Concerto N° 7, pour trois claviers, K. 242, qui malgré son indéniable attrait tient du divertissement, et le Concerto N° 10, pour deux claviers, K. 365, sans doute le plus abouti de tous ceux composés jusque-là, et véritablement annonciateur des grands chefs-d’œuvre à venir _ oui. S’ils font l’objet du troisième volume de cette intégrale, ils avaient en fait été enregistrés quelques années auparavant, sans qu’il soit question de la suite, et par d’autres interprètes, parmi lesquels, déjà, Ronald Brautigam. Il y rivalise de virtuosité, de volubilité et de piquant avec Alexei Lubimov, lequel se montre sans doute encore plus inventif, mais au détriment d’une simplicité du discours que le héros de notre intégrale ne perd jamais de vue. Ils sont accompagnés par une Haydn Sinfonietta brillante et énergique, mais un peu rude, dirigée par Manfred Huss, qui joue la partie de troisième piano (dont le rôle est plus modeste que les deux autres) dans le tellement spirituel K. 242. Une deuxième version du K. 365 est proposée, qui avait été jouée pour un concert dans une grande salle, avec des parties supplémentaires de clarinettes, de trompettes et de timbales. Il n’est pas absolument certain que Mozart en soit l’auteur ; il est permis de trouver que ce que l’on gagne en puissance sonore et en éclat nuit à la pureté de l’expression.

Il faut ajouter à ces vingt-sept ouvrages les trois courts Concertos K. 107, qui sont également des « pastiches », puisque venant tous des Sonates pour clavier de Jean-Chrétien Bach. De forme sommaire, sans mouvement lent pour deux d’entre eux, avec un accompagnement réduit à deux violons et un violoncelle, leur attrait est indéniable, même si c’est le fils du grand Bach qui doit en être principalement crédité. Ronald Brautigam, avec les solistes de la Kölner Akademie, en offrent une interprétation pleine de soleil et de vigueur. On la trouve à la fin du deuxième volume, lequel commence par le Concerto N° 5, K. 175, le premier que l’on puisse véritablement qualifier comme tel, donc _ voilà. Mozart a alors dix-sept ans, et ce coup d’essai est assurément digne d’un maître. Du reste il a toujours été très attaché à ce concerto, au point de proposer un autre finale, neuf ans plus tard : le Rondo K. 382 (que l’on trouve dans le septième volume). Ronald Brautigam et la Kölner Akademie en rendent la conquérante exubérance avec un étincelant brio. Suit le Concerto N° 6, K. 238, composé trois ans plus tard, dont la légèreté et l’insouciance sont admirablement mises en valeur par les interprètes : nervosité maîtrisée des motifs d’accompagnement des cordes, délicatesse des lignes mélodiques des vents, et bien sûr raffinement distingué de la partie soliste.

Les deux volumes suivants, dans lesquels on trouve également le Rondo K. 386 (considéré par certains comme le finale initial du Concerto N° 14, K. 414), nous permettent de cheminer jusqu’au Concerto Nᵒ 13, K. 415, et à son finale qu’Olivier Messiaen, dans une analyse haute en couleurs, n’hésite pas à placer « parmi les sommets de l’œuvre de Mozart ». Mozart a alors vingt-sept ans. Son propos est encore de plaire au public, et malgré le sens du drame qui s’épanouit dans ces œuvres, et même si dès le mouvement lent du Concerto N° 9, K. 271, qui est pour la première fois en mineur, on entend l’idée de la mort qui ne cessera de préoccuper le compositeur, ce n’est pas encore l’époque où Mozart choisit le concerto pour se livrer le plus intimement. On sent Ronald Brautigam et la Kölner Akademie s’y amuser, s’émerveiller des trouvailles de Mozart, se délecter de jouer tous les personnages de théâtre toujours en embuscade _ oui _ avec ce facétieux compositeur plein d’imagination…

Nous entrons maintenant dans le miracle du concerto pour piano chez Mozart. Il n’écrira en effet plus que des chefs-d’œuvre, et par quatorze fois dans les sept années qui lui restent à vivre (dont douze en moins de trois ans).

Avec le sixième volume, outre la poursuite de la chronologie avec le Concerto N° 14, K. 449, nous abordons l’un des grands chefs-d’œuvre de la série, avec le Concerto N° 21, K. 467. Ronald Brautigam et Michael Alexander Willens n’y recherchent pas la grâce et la légèreté que l’on trouve souvent dans ce concerto, mais se projettent résolument dans une lecture qui va de l’avant, pleine d’énergie. Cela n’empêche pas les violons d’être d’une douceur soyeuse dans le célébrissime Andante, le soliste d’une probe délicatesse, et l’ensemble du mouvement de conserver de bout en bout une atmosphère de rêve ineffable. Cet album a l’excellente idée de proposer également l’air de concert, avec piano obligé, Ch’io mi schordi di te ?, K. 505, qui fait le lien idéal _ oui _ entre les deux univers tellement personnels de Mozart, celui des concertos pour piano et celui des opéras. La soprano Carolyne Sampson y est merveilleuse en amoureuse ardente, irrésistible dans le registre medium et aigu.

Suite de l’ordre de composition avec le volume suivant (Concertos Nᵒˢ̊ 15 et 16, K. 450 et 451 donc). Lors de sa sortie, Bernard Postiau avait affiché de sérieuses réserves, qu’il précise bien être surtout subjectives. Il est intéressant de lire cette chronique, car en effet, elle peut mettre en garde contre un parti pris qui peut gêner, voire heurter, certaines auditeurs. À cet égard, la comparaison entre cette interprétation du Rondo, K. 382 qui termine ce CD, avec l’enregistrement de 1960 d’Annie Fischer avec Ferenc Fricsay est éloquente. Si l’on comprend très aisément que l’interprétation de ce Rondo, que notre chroniqueur « a toujours adoré depuis ses plus jeunes années », par ces musiciens hongrois, « en état de grâce », aient pu en effet « pétiller à ses oreilles comme du champagne », nous pouvons avec lui espérer que, plus d’un demi-siècle plus tard, il y aura « un petit garçon ou une petite fille pour qui ce nouvel album ouvrira les portes du rêve et qui y reviendra encore et toujours tout au long de son existence ».

À partir du huitième volume, nous avons cinq CD qui nous emmènent dans les hautes sphères du génie de Mozart _ oui. Les trois premiers associent un grand chef-d’œuvre (respectivement les Concertos Nᵒˢ̊ 17, 18 et 19) à un chef-d’œuvre absolu _ voilà ! _  (respectivement les Concertos Nᵒˢ̊ 26, 22 et 23). Et les deux derniers nous maintiennent au sommet, avec les Concertos Nᵒˢ̊ 20 et 27, puis les Concertos Nᵒˢ̊ 24 et 25. En effet, nous pouvons considérer que les huit derniers sont comparables, sur le plan de l’intensité dramatique, à ses plus grands opéras _ oui. Ce sont probablement ses œuvres instrumentales les plus abouties _ voilà _, de celles qui justifient que l’on parle du « divin Mozart » ou que l’on emploie les termes les plus élevés.

Une des caractéristiques des concertos pour piano de Mozart, qui arrive ici à un niveau suprême, est l’utilisation des instruments à vent _ oui : Mozart en est aussi un maître… Ils dialoguent avec le piano tels de véritables personnages d’opéra _ oui. Les instrumentistes de la Kölner Akademie nous régalent de leur musicalité et de leur inventivité exemplaires. L’orchestre, bien que relativement peu fourni (huit violons ; altos, violoncelles et contrebasses par deux), sonne de façon ample et généreuse. Les mouvements lents sont le plus souvent pris à un tempo assez allant, ce qui peut bousculer nos habitudes. Pour autant, l’expression est toujours prenante, et les intentions musicales soignées au plus haut point.

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre Carrive

Un magistral régal

que ces interprétations discographiques-ci.

Et un fastueux coffret de CDs-SACD, à thésauriser donc.

Ce samedi 4 juin 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Apprendre à aller à la rencontre un peu poussée de l’oeuvre d’un compositeur contemporain, tel que John Adams ; ou le talent pédagogique rare et très éclairant de Karol Beffa en incarnation de Kairos musical…

30mar

La culture artistique, et celle par exemple musicale, est grandement ouverte, presque à l’infini…

Mais il n’est pas forcément facile ni évident de se trouver, déjà, face _ par quelque concours de circonstances que ce soit : y entre aussi bien du hasard… _ à _ ou d’aller vers _ une œuvre d’un compositeur de musique dont on ne connaît alors rien des tenants et des aboutissants : il y faut une certaine dose importante de curiosité ;

ainsi qu’apprendre à faire déjà un peu sien, à l’instant éminemment bref du moment juste, ce que le malicieux Kairos, croisé à son furtif _ et quasi brutal _ passage, passe généreusement nous offrir en fait d’occasion à saisir, sous forme d’une première approche nôtre, pouvant venir se métamorphoser, ou pas, en vraie et profonde _ ou plutôt à approfondir… _ rencontre _ cf là-dessus mon «   » du 26 octobre 2016…

Ainsi, prendrai-je l’exemple de l’œuvre musical de John Adams _ né le 15 février 1947 à Worcester (Massachusetts) _, à laquelle Karol Beffa consacre deux des chapitres de son « L’autre XXe siècle musical » : « L’irruption du minimalisme américain » et « John Adams El Dorado« .

De John Adams, je ne dispose jusqu’ici que d’un unique CD : le CD Warner 5 55051-2 « Harmonielehre« , avec le City of Birmingham Symphony Orchestra, sous la direction de Simon Rattle, en un enregistrement de 1993.

C’était lors d’une émission de France-Musique (La Tribune des Critiques de Disques, diffusée le 28 février 2016) consacrée à cette œuvre, que j’avais découvert d’un peu près _ ou, du moins, commencé à approcher… _ cette œuvre, à travers la confrontation _ aux oreilles un peu sagaces de Bertrand Dermoncourt, Emmanuelle Giuliani et Jean-Charles Hoffelé _ de diverses interprétations ;

et j’avais éprouvé alors le désir de m’en procurer un exemplaire discographique : celui-là, que j’avais pu dénicher…

Mais cette curiosité-là s’était révélée plutôt seulement intellectuelle, sans le déclenchement d’un véritable enthousiasme, faute d’une profonde séduction éprouvée…

Or, il se trouve que

le chapitre que Karol Beffa consacre à « El Dorado » (de 1991) aux pages 181 à 200 de son « L’autre XXe siècle musical«  _ cf mon article du 27 mars dernier : « «  _ m’a très fortement incité à rechercher dare-dare l’écoute de cette œuvre-ci ;

et surtout, et plus encore,

et à défaut de pouvoir me procurer le CD Nonesuch de l’interprétation de cet « El Dorado » par Kent Nagano, désormais indisponible sur le marché (!!!),

que l’écoute attentive des podcasts disponibles sur le web des deux parties de cette œuvre : celui de la partie I (« The Machine in the Garden« , 12′ 40), et celui de la partie II (« Soledades« , 16′ 09), pour une écoute d’une durée totale de 28′ 49, dans l’interprétation de Kent Nagano dirigeant l’Orchestre Hallé, pour un CD Nonesuch 79359 paru en 1996,

m’a, elle, emporté, et enthousiasmé !

Sur cet « El Dorado » de 1991, j’ai trouvé aussi ce significatif et intéressant commentaire, signé Trimalcion, en date du 22 mai 2005, sur un blog intitulé « Les archives du sombre et de l’expérimental« ,

en phase avec l’analyse détaillée très précise que donne Karol Beffa en son chapitre « John Adams El Dorado« , aux pages 181 à 200 de son passionnant « L’autre XXe siècle musical » :

« Composé dans la foulée de « The death of Klinghoffer » _ l’opéra composé en 1992 _, « El Dorado » est une œuvre pour orchestre qui en reprend les acquis en terme de liberté rythmique et harmonique _ voilà _, à savoir que John Adams n’est à ce moment-là plus _ seulement _ un compositeur « répétitif » ou « minimaliste » ; il mêle ces anciennes amours à un langage d’un raffinement orchestral inédit _ tout à fait séduisant… _, et abandonne aussi définitivement l’hypertonalité qui régnait encore dans la musique de Glass ou de Reich pour user d’harmonies très chromatiques, le tout renvoyant de plus en plus sa musique à celle de Ravel ou de Debussy _ oui ! _, l’esprit post-moderne en plus. « El Dorado » joue sur un violent contraste _ oui… _ entre les deux mouvements qui le composent _ ainsi qu’y insiste bien sûr aussi Karol Beffa. Le premier est une énorme machine bringuebalante _ justement titrée « The Machine in the Garden«  _ qui se met en mouvement progressivement et qui, devenue folle, finit par tout ravager sur son passage, dans un long crescendo de plus de douze minutes, qui voit graduellement la destruction totale du paysage dressé en début de mouvement. La nouvelle verve musicale _ dionysiaque, voilà _ du compositeur américain s’y déploie de manière spectaculaire. Le second mouvement _ titré « Soledades« … _ est au contraire rythmiquement et harmoniquement « pur », apaisé aussi. Il débute par quelques notes au synthétiseur, dont le timbre donne à ce début une tonalité presque new-age ; puis les échelles modales grimpent vers des harmonies plus hautes et plus lumineuses, la vitesse s’accélère cette fois-ci sans irrégularité, et le climax de cette seconde partie n’est que majesté, absence de troubles _ sérénité apollinienne élyséenne. Difficile de dire à quoi renvoie exactement la thématique du mythe d’El Dorado dans l’esprit d’un type comme John Adams, et le pourquoi d’une telle pièce. Pure jouissance symphonique, ou correspondances secrètes avec des fragments de l’histoire des États-Unis ? En tout cas un disque _ Nonesuch 79359 (publié en 1996) bien mieux que _ recommandable » _ de l’Orchestre Hallé sous cette direction fine et acérée de Kent Nagano, en un enregistrement dans les studios de la BBC à Manchester en juillet 1993…

Le très grand talent pédagogique, calme _ quasi à voix basse et sans pathos _, de Karol Beffa, en ses livres, comme en ses Leçons, Conférences, Entretiens divers disponibles, a ainsi constitué cet indispensable maillon déclencheur de la chaîne seule vraiment féconde des curiosités et enthousiasmes qui font une véritable culture, musicale ici _ pour ce qui est de cet « El Dorado«  de John Adams _,

éclairée, passionnée et profonde…

Et nous ne manquons que trop de tels puissants passeurs de culture authentique vraie… 

Ce mercredi 30 mars 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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