La remarquable singularité du programme, et la parfaite réalisation musicale, du passionnant CD « Forbidden Fruit » de Benjamin Appl et James Baillieu
30juil
Dans la suite annoncée de mon article d’hier 29 juillet 2023 « La perfection superlative de l’ « A Chloris » de Reynaldo Hahn par Benjamin Appl en le très original programme de son CD « Forbidden Fruit », avec son compère pianiste James Baillieu _ ou atteindre l’acmé de sérénité du plaisir…«
que j’avais consacré à la formidable interprétation de la mélodie « À Chloris » de Reynaldo Hahn sur les 10 premiers vers des Stances de Théophile de Viau _ qui en comportent 100 _,
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je porte mon attention ce jour, dimanche 30 juillet, sur la magnifique unité dans la diversité du programme de 28 pièces musicales de ce « Forbidden Fruit« _ le CD Alpha 912 _,
tel qu’il a été très finement composé par Benjamin Appl.
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Et qui se comprend fort bien,
à considérer et prendre en compte comment l’image et symbole de la Pomme (Apple), comme séduisant très tentant fruit défendu et proscrit du jardin d’Éden, a pu solliciter l’imageance fertile de celui, Benjamin Appl, qui s’est avec délices laissé aller à composer le beau, sensuel, jouissif, mais parfois aussi amer ou carrément vénéneux et mortifère, et ainsi terriblement _ subtilement _ ambivalent _ Freud est donc ici présent, sous-jacent… _, programme de ce passionnant musical CD « Forbidden Fruit« , autour des variations toujours complexes et à jamais incertaines du désir,
à partir de tels jeux de tourbillons entés à la lettre même de son nom de famille, Appl…
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Et que Benjamin Appl vient excellemment expliciter en son très beau texte de présentation, aux pages 20 à 23 du livret du CD,
avec l’exergue suivant, extrait des « Amours » d’Ovide (III, 4, v.17) : « Nous convoitons toujours ce qui nous est défendu et désirons ce qu’on nous refuse« .
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Des 28 pièces musicales de ce programme _ toutes ici accessibles à l’écoute par un clic… _,
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6 d’entre elles _ d’un compositeur anonyme anglais : « I will Give my Love an Apple » ; d’Ivor Gurney (1890 – 1937) : « The Apple Orchard« ; de Roger Quilter (1877 – 1953) : « Now Sleeps the Crimson petal » ; de Leonello Casucci (1885 – 1975) : « Just a gigolo« ; d’Edvard Grieg (1843 – 1907) : « To a Devil« ; et de Jake Heggie (1961) : « Snake« _ sont chantées en anglais
6 d’entre elles _ de Kurt Weil (1900 – 1950) : « Youkali« ; de Francis Poulenc (1899 – 1963) : « L’Offrande« , « Couplet bachique« et « Le Serpent« ; de Reynaldo Hahn (1874 – 1947) : « À Chloris« ; et de Claude Debussy (1862 – 1918) : « La Chevelure« _ sont chantées en français (+ 2 fois l’instrumental « In paradisium« , tiré du Requiem de Gabriel Fauré (1845 – 1924), en un arrangement pour le piano de James Baillieu : d’abord à la plage 2 ; puis à la plage 40 du CD)
et 14 d’entre elles _ de Hugo Wolf (1860 – 1903) : « Ganymed« , « An die Geliebte« et « Und willst du deinen Liebsten sterben sehen« ; de Richard Strauss (1864 – 1949) : « Das Rosenband« ; d’Arnold Schönberg (1874 – 1951) : « Arie aus dem Spiegel von Arcadien : Seit ich so viele Weiber sah« ; de Robert Schumann (1810 – 1856) : « Lorelei« , « Frühlingsfahrt« et « Wer nie sein Brot mit Tränen ass« ; de Fanny Mendelssohn-Hensel (1805 – 1847) : « Die Nonne« ; de Lothar Brühne (1900 – 1958) : « Kann den Liebe Sünde sein« ; de Franz Schubert (1797 – 1828) : « Heidenröslein« et « Gretchen am Spinnrade« ; de Hanns Eisler (1898 – 1962) : « Die Ballade vom Paragraphen 218« ; et de Gustav Mahler (1860 – 1911) : « Urlicht« _ sont chantées en allemand.
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Et cela, en une diction et une intelligence des textes superlatives : stupéfiantes !
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Voilà.
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Je remarque aussi l’article _ une fois encore très juste en son appréciation… _ de Jean-Charles Hoffelé, intitulé « Arcadie multiple« , paru sur le site Discophilia, avant-hier 28 juillet 2023…
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ARCADIE MULTIPLE
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Un simple song _ I will Give my Love an Apple, d’un compositeur anonyme _ sans accompagnement _ de piano _ ouvre l’album _ à la plage 1. Lui répond _ à la plage 4 _ une pièce pour piano seul _ ici Jean-Charles Hoffelé fait erreur : cette pièce, délicieuse, est bel et bien chantée ! _ d’Ivor Gurney, The Apple Orchard où s’évoque illico _ à la plage 2 _ l’In paradisum hypnotique du Requiem de Fauré que James Baillieu fera résonner dans la scripture de l’auteur _ Gabriel Fauré _ des Barcarolles à la coda _ à la plage 40 de l’album. La boucle se referme _ à la plage 41 et dernière, il y sura encore le « Urlicht » de Gustav Malher… _ sur un disque d’esthète _ oui _ qui ne m’étonne pas de Benjamin Appl. Il glisse son baryton caméléon de l’Arcadie érotique du Ganymed d’Hugo Wolf _ à la plage 6, sur des vers de Goethe… _ aux pamoisons exotiques sur fond de rumba rêveuse du Youkali de Kurt Weill _ à la plage 7.
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Se prendrait-il pour Lotte Lenya ? Il a le talent, les audaces, le charme juste dosé d’un peu d’amer _ oui _, et n’hésite pas à prendre chez les dames Gretchen am Spinnrade _ à la plage 35 _ mais aussi _ l’hyper-sensuelle, sur un texte archi-brûlant de Pierre Louÿs, extrait des « Chansons de Bilitis« … _ La Chevelure de Debussy, cultivant non l’ambigüité mais l’ambivalence _ oui ! _ : cette voix peut tout dans le champ clos et pourtant infini des « chansons », y compris À Chloris où Reynaldo Hahn célèbre son antiquité digne de Poussin. Sublime simplement _ voilà ! _ et jusque dans Just a Gigolo, clin d’œil à la périphérie qu’autorise le charme nostalgique _ assez fréquenté, en effet, ici… Benjamin Appl dit aussi _ lui-même, en forme d’énoncés de titres de chapitres _ de brèves phrases, didascalies volées aux partitions ou simples appréciations qui font le voyage fluide.
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Ecoutez les couplets bachiques de Poulenc, avec leur goût d’anis, et comparez son Serpent au Snake de Jack Heggie. Des ponts imaginaires se tendent _ voilà ! _ au-dessus de l’Atlantique, mais le disque s’ancre _ surtout, en effet _ dans le romantisme de Schubert, et de Schumann, dans le rare Die Nonne de Fanny Hensel, dans les crépuscules de Strauss ou du premier Schönberg que couronne l’Urlicht de Gustav Mahler.
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LE DISQUE DU JOUR
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Œuvres de Ivor Gurney, Hugo Wolf, Kurt Weill, Francis Poulenc, Reynaldo Hahn, Richard Strauss, Roger Quilter, Claude Debussy, Arnold Schönberg, Leonello Casucci, Edvard Grieg, Robert Schumann, Fanny Hensel, Lothar Brühne, Jack Heggie, Franz Schubert, Hanns Eisler, Gustav Mahler, Gabriel Fauré
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Benjamin Appl, baryton
James Baillieu, piano
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Un album du label Alpha Classics 912
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Photo à la une : le baryton Benjamin Appl – Photo : © Manuel Outumuro
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J’ajoute ici cette très intéressante chronique aussi,
publiée sur le site Operaramblings en date du 12 mai 2023 :
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Forbidden Fruit
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Forbidden Fruit is a CD by baritone Benjamin Appl and Pianist James Baillieu due for release on June 23rd. It’s a sort of themed recital dealing with the Garden of Eden and the Fall _ telle en est donc la thématique qui en fait l’unité. It starts with the English traditional song “I Will Give My Love an Apple” and finishes with “Urlicht” from Mahler’s setting of text from Das Knaben Wunderhorn. In between there are about 25 songs _ yes indeed _, some solo piano and quotes from the Bible which take us on a journey from all kinds of temptation, through consequences, to (maybe) some kind of redemption. In all there’s 69 minutes of music.It’s musically varied with songs in English, French and German ranging from well known Lieder and Chansons to cabaret and other genres _ oui. Appl is excellent _ absolument !!! _ in all three languages with exceptional diction _ oui ! Quelle aisance ! _ and sense of text _ magnifique d’intelligence. He’s also stylistically versatile _ en effet : voilà pour sa diversité… Those who have seen him live will not be surprised that his Schubert, Debussy and Quilter songs sound like a most excellent Liederabend but he can also find something darker and edgier for Eisler, Weill, Brühne and Heggie _ oui. I particularly liked the his grim take on the Eisler setting of Brecht’s “Die Ballade vom Paragraphen 218”. It’s a very fine performance by Appl with sensitive contributions _ il faut aussi le souligner ! _ from Baillieu.
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The sound quality is excellent and very natural _ oui. It was recorded in high resolution (96kHz/24bit) in the Auditorio Stelo Molo RSI in Lugano in July 2020 and is being released as a standard resolution CD or as Hi-res and standard res FLAC and MP3. I listened to the hi-res version. There’s a digital booklet with lots of useful information and full texts in it too.
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Highly recommended.
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Catalogue number: Alpha Classics ALPHA912
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Ainsi que ceci, de très pertinent encore,
placé en commentaire d’une vidéo consacrée à ce CD :
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« Temptation, prohibition, good, evil… ‘how relevant are these in today’s world?’ asks Benjamin Appl. With the complicity of pianist James Baillieu, we are taken on a musical arc from simple folk songs through to the great song composers such as Schubert, Schumann and Wolf, along the way visiting the French masters Debussy and Poulenc, exploring ‘new objectivity’ with Weill and Eisler and enjoying compositions by Casucci, Heggie and others. The metaphor of forbidden fruit gives Benjamin and James a wide range of possible interpretations. Whilst some of the song settings centre on sensuality, others focus on socially immoral topics such as incest or sensitive subjects such as abortion. The German baritone embodies each of these stories with a passion and dramatic sense that makes this album a kaleidoscopic and astonishing journey through time and space« .
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Une rareté discographique, donc, que ce très singulier CD « Forbidden Fruit« ,
qui vaut mille fois le détour d’un minimum de curiosité de la part des mélomanes !!!
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Bravissimo !
tant pour la composition très originale, fine et variée, du programme,
que pour la rare performance musicale idéalement expressive,
tant du chanteur, Benjamin Appl, que de son compère pianiste, James Baillieu, plus que parfaits tous les deux dans la justesse et pertinente beauté des émotions qu’ils nous offrent ainsi à partager !!!
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Ce dimanche 30 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa