Le superbe CD « Czech Songs » de Magdalena Kozena (et Sir Simon Rattle) : un enthousiasme discographique partagé aussi sur le site du magazine Crescendo…
15août
Avec un peu de retard sur mes articles enthousiastes « Le charme intense et la tendresse profonde des bouleversants « Czech Songs » de Bohuslav Martinu, Antonin Dvorak, Hans Krasa et Gideon Klein, par Magdalena Kozena et le Czech Philharmonic dirigé par Sir Simon Rattle, en un CD absolument admirable… « ,
des 25 juin, puis 2 et 3 juillet derniers,
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voici que ce jeudi 15 août sous la plume de Pierre-Jean Tribot le très attentif magazine belge Crescendo consacre un justissime article de célébration au merveilleux CD Pentatone 5187 077 « Czech Songs« , par Magdalena Kozena et son époux Simon Rattle,
intitulé, lui, « Chansons tchèques avec Magdalena Kozena« , que voici :
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Chansons tchèques avec Magdalena Kožená
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Czech Songs.
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Bohuslav Martinů (1890-1959) : Nipponari, H.68 “Japanese Folk Songs” ; Songs on One Page, H.294 (orchestration de Jiří Teml) ;
Antonín Dvořák (1841-1904) : Evening Songs, Op.3 (orchestration partielle de Jiří Gemrot), Songs, op.2 ;
Hans Krása (1899-1944) : Four Orchestral Songs, Op.1 ;
Gideon Klein (1919-1945) : Lullaby. (orchestration de iří Gemrot).
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Magdalena Kožená, mezzo-soprano ; Czech Philharmonic, Sir Simon Rattle.
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2022 et 2023.
Livret en anglais.
Texte chanté en tchèque, traduction en anglais.
61’20’’.
Pentatone PTC 5187 077.
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La mezzo-soprano Magdalena Kožená poursuit son compagnonnage musical avec son cher Sir Simon Rattle. Les deux artistes nous offrent un album magistral _ pas moins ! _ autour du thème de la mélodie tchèque pour mezzo et orchestre avec des œuvres _ bien trop _ rares _ en la discographie…
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Ce voyage musical débute avec Bohuslav Martinů qui, comme le dit un éminent confrère, est sans doute le plus injustement sous-estimé _ oh que oui ! _ des grands compositeurs du XXe siècle. Composées en 1912, les : Nipponari sont le fruit de la vague du japonisme qui parcourt alors l’Europe. Si on pense naturellement à Paris, comme capitale de cette frénésie artistique, l’Europe centrale ne fut pas une périphérie et connut un japonisme assez vif. Dans ce cycle de sept partitions d’un vingtaine de minutes, Bohuslav Martinů compose un japon rêvé mais à la fois poétique et sensible. Le trait de composition est d’une extrême finesse _ un trait (assez français) de ce compositeur ! _, soutenant les lignes mélodiques portées par la voix de la mezzo soliste. Chacun des morceaux est relativement court, créant cet effet de haïku minimaux. On tient un véritable chef d’œuvre _ oui ! _ dont on s’étonne qu’il ne soit pas plus souvent au programme des concerts. Les Chansons sur une page sont un cycle composé en pleine Seconde guerre mondiale sur des mélodies populaires de Moravie. C’est encore une forme de l’économie magnifiée par la beauté harmonique d’un compositeur alors en exil. Composé à la base pour chant et piano, le cycle est ici orchestré par le compositeur tchèque Jiří Teml.
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Il est bien sûr impossible d’envisager un récital de mélodies tchèques sans interpréter Antonín Dvořák dont la facilité mélodique est toujours extraordinaire _ c’est vrai. Le compositeur de la Symphonie du Nouveau monde est ici représenté par ses Chants du soir et ses Mélodies, Op.2. C’est du grand Dvořák avec cette plasticité magistrale de la voix _ oui _ qui fusionnent avec un accompagnement orchestral évocateur des paysages de Bohèmes tantôt ombrageux, tantôt gorgés de lumières.
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Le disque se clôture avec deux partitions de génies musicaux fauchés par la barbarie nazie Hans Krása et Gideon Klein. Composés en 1920 et créées en 1921 à Prague sous la direction de Zemlinsky, les 4 chansons orchestrales sont un véritable chef d’œuvre _ oui _ témoignant du génie d’un compositeur moderniste qui se situe dans un univers à la fois post-mahlérien par la noirceur du propos et les contrastes, mais pas si éloigné des expérimentations de l”école de Vienne avec un ton narratif récité sans oublier un travail d’un grand raffinement harmonique _ en effet. En conclusion, le court Lullaby de Gideon Klein, composé alors que le musicien était interné au camp de concentration de Terezin en 1943. Initialement composé pour chant et piano, cette partition est ici orchestrée par iří Gemrot est une berceuse à la fois belle et triste d’un artiste dont la création était le seul refuse devant l’horreur.
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Tout au long de ce programme Magdalena Kožená est exceptionnelle _ absolument ! Son timbre rayonnant et clair s’adapte tant à la limpidité presque translucide de Martinů et à la luxuriance de Dvořák. L’artiste cerne idéalement le tragique de Krása et Klein, avec le talent d’une diseuse dans le premier et d’une amplitude émotionnelle dans le second. Tchèque de naissance, la mezzo-soprano vit chacun de ces morceaux comme personne _ c’est parfaitement juste. Sir Simon Rattle est un accompagnateur passionné et attentif à ne jamais couvrir sa soliste. Les pupitres de la philharmonie tchèque à la beauté plastique renversante _ oui _ , sublimée par une prise de son de démonstration comme de coutume _ en effet _ avec Pentatone.
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Son : 10 Notice : 10 Répertoire : 10 Interprétation : 10
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Pierre-Jean Tribot
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Un enthousiasme discographique ainsi fort bien partagé.
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Ce jeudi 15 août 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa