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Musiques de joie : les Sonates du Rosaire, de Heinrich Ignaz Franz Biber (1644 – 1704), par la magique Hélène Schmitt

21mai

Parmi les chefs d’œuvre les plus confondants du Baroque musical,

les 15 Sonates du Rosaire
_ plus une Passacaille finale _
de Heinrich Ignaz Franz Biber (Wartenberg, 12 août 1644 – Salzbourg, 3 mai 1704)
constituent un sommet
dont l’ascension grandiose a suscité le travail de maint violoniste
virtuose…
Ici, en matière de jubilation d’interprétation,
j’opte pour celle de la féline et profonde Hélène Schmitt
au souffle _ violonistique, musical _ admirable
reconnaissable entre tous.
Soit le double SACD AEolus AE 10256,
enregistré à Büren, en octobre 2014 ;
avec le concours de 
François Guerrier, clavierorganum,
Massimo Moscardo, archiluth et théorbe,
Francisco Manalich, viole de gambe,
et Jan Krigovsky, violone.
Une œuvre-chef d’œuvre intense et étincelant(e),
en une interprétation proprement éblouissante !
Du très grand art !
Ce mardi 12 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : les jubilatoires Suites-Ouvertures de Johann-Friedrich Fasch, par Paul Dombrecht et Il Fondamento

21mai

Dans la lignée des SuitesOuvertures pour orchestre (à 8) de l’ami Georg-Philipp Telemann
(Magdebourg, 14 mars 1681 – Hambourg, 25 juin 1767),
voici ce jour les jubilatoires, à leur tour,
Ouvertures de Johann-Friedrich Fasch
(Büttelstadt, 15 avril 1688 – Zerbst, 5 décembre 1758) ;
et dans l’interprétation idéale de Paul Dombrecht
dirigeant son _ parfait en tous points _ Ensemble Il Fondamento ;
soit, ici, le CD Fuga Libera FUG 502, de 2004 ;
comportant les Ouvertures
à 3 hautbois, basson, cordes et continuo, en sol mineur, FWV K: g 2 ; 
à 2 hautbois, basson, cordes et continuo, en ré mineur, FWV K: d 4 ;
et à 3 hautbois basson, cordes et continuo, en Sol Majeur, FWV K: G 15.
La musique _ de style français _ de Fasch, en ces SuitesOuvertures,
est tout aussi ouverte et lumineuse que celle de Telemann ; 
ce qui n’est pas un mince compliment !
Ce dont permet de se rendre merveilleusement compte, en ce CD
comme en ce podcast-ci,
l’interprétation idéale de fantaisie
et parfaite justesse tant d’esprit que de réalisation _ au cordeau ! _
de l’Ensemble Il Fondamento,
sous la direction épatante du chef et hauboïste Paul Dombrecht.
Ce samedi 2 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la formidable jubilation musicale de la frénésie retenue, contenue, de La Valse de Ravel ; par Jean Martinon, par Martha Argerich et Nelson Freire, et par Beatrice Rana

20mai

Il y a quelque chose d’une frénésie rageuse mais retenue, contenue,

dans La Valse de Ravel,

composée dans la solitude montagneuse de Lapras, près de Lamastre, en Ardèche,
entre le tout début de décembre 1919 et le 15 avril 1920
50 pages de musique en quatre mois et demi de travail acharné : Ravel est un perfectionniste.
A Lapras, dans les Cévennes,
en la résidence secondaire de son ami André-Ferdinand Hérold,
où Ravel s’était réfugié, pour pouvoir travailler vraiment au calme dans une solitude absolue _ sans voir personne _,
au sortir de la Grande Guerre,
et marqué, aussi _ à jamais _, par la perte de sa mère, le 5 janvier 1917.
Car ce n’est qu’un peu plus tard, en janvier 1921, que Maurice Ravel achètera sa petite maison de Montfort-L’Amaury, Le Belvédère :
« C’est à son amie Georgette Marnold, fille de son ami critique musical Jean Marnold, que revient le mérite d’avoir trouvé le Belvédère en décembre 1920. Le 25 mars 1920, le musicien lui avait confié _ la lettre se trouve aux pages 688-689 de l’indispensable Intégrale de la Correspondance de Maurice Ravel réunie très efficacement par Manuel Cornejo _ la mission de lui trouver une maison en ces termes :
Je me suis si bien fait à la solitude – un peu mortelle, c’est vrai : mais ça ne me gêne pas – que je vais vous prier de vous enquérir d’une bicoque à 30 km au moins de Paris. Vous avez le temps : je ne compte pas rentrer avant fin avril. […] Je pense quelquefois à un admirable couvent, en Espagne. Mais, sans la foi, ce serait complètement idiot. Et le moyen d’y composer des valses viennoises et autres fox-trotts »…
Ravel n’avait plus rien pu composer depuis son Trio,
à Saint-Jean-de-Luz, rue Sopite, l’été 1914.
La Valse pour orchestre _ est une commande chorégraphique,
à partir d’un projet déjà ancien, 
dont Ravel réalisera d’abord par commodité pratique de composition _ une version pour piano seul ;
ainsi, ensuite, qu’une transcription _ afin d’y inscrire durablement et conserver, pour le piano aussi, quelque chose de proprement orchestral : on sait le génie ravelien de l’orchestration..pour piano à quatre mains.
L’œuvre, avant de prendre ce titre
assez archétypique : « une espèce d’apothéose de la valse viennoise
à laquelle se mêle dans mon esprit l’impression d’un tourbillon fantastique et fatal » :
le moindre mot, comme toujours chez Ravel, est capital ! Qu’on y médite !.. _
de La Valse,
fut d’abord, dans la tête de Ravel, intitulée Wien.
Et de fait, ce fut bien à Vienne, en Autriche,
que fut interprétée pour la première fois, et avec grand succès, la version pour piano à quatre mains de La Valse,
par Maurice Ravel et son ami Alfredo Casella, le 23 octobre 1920 ;
et cela pour la plus grande joie du compositeur…
Quant à l’œuvre symphonique chorégraphique
commandée dans l’optique d’un ballet (destiné au départ à Serge Diaghilev ; et qui n’en voulut hélas pas, au final : Ravel et lui se fâchant alors définitivement !..) ; 
et l’œuvre fut dédicacée, in fine, à l’amie Misia Sert _,
sa première a eu lieu à la salle Gaveau, à Paris, le 12 décembre 1920,
par l’Orchestre Lamoureux.
 En tête de la partition Ravel a écrit le descriptif _ très explicitement onirique _ suivant :
« Des nuées tourbillonnantes laissent entrevoir, par éclaircies, des couples de valseurs. Elles se dissipent peu à peu : on distingue une immense salle peuplée d’une foule tournoyante. La scène s’éclaire progressivement. La lumière des lustres éclate au ff. Une Cour impériale, vers 1855. »
Soit une démarche à la fois fantastique et ombrée de nostalgie _ qui semble anticiper de quelques années le chef d’œuvre d’exil au Brésil, très loin de Vienne _ du pur viennois, lui, qu’était Stefan Zweig,
le merveilleux et essentiel Le Monde d’hier _ Souvenirs d’un Européen
Et on remarquera que le tapuscrit du Monde d’hier fut expédié par Zweig à son éditeur le 21 février 1942,
soit la veille même des suicides conjoints de Stefan Zweig et son épouse, à Petropolis, au Brésil, le 22 février 1942.
Soit un legs en quelque sorte testamentaire de la part du viennois. 
Pour cette rayonnante Valse orchestrale-ci de Maurice Ravel,
j’ai choisi l’interprétation _ magistrale de frénésie contenue, suprêmement élégante en la sensualité si charnelle de ses frémissements presque jusqu’à la fin retenus… ;
la personnalité complexe (et résolument tenue secrète) de Maurice Ravel, tant l’homme que le compositeur, demeure mystérieuse ;
et c’est seulement en sa musique qu’elle se laisse, encore discrètement, entrevoir… _
de Jean Martinon
à la tête du Chicago Symphony Orchestra,
enregistrée à Chicago, par Decca, le 16 mai 1967
soit le CD n° 10 du coffret RCA 88843062752.
L’écouter ici avec ce bienvenu podcast de youtube.
C’est une merveille absolue de sensualité.
Quelle intelligence de chef
si intensément ravelien !
Pour la version pour piano à 4 mains de La Valse,
j’ai déniché cette vidéo d’une interprétation brillante, forcément, de Martha Argerich et Nelson Freire en octobre 2003 à Tokyo ;
et cette autre, par les mêmes, et plus merveilleuse encore, prise vingt et un ans plus tôt, à Munich, en 1982.
Et pour la version pour piano seul,
j’aime beaucoup l’interprétation de Beatrice Rana en son récent CD Warner Classics 0190295411091, en 2019 ;
ainsi que cette vidéo prise le 3 juin 2019.
On comprend ainsi assez bien ce qui a pu conduire, ensuite, Ravel à composer, en 1928,
et sur commande de la danseuse Ida Rubinstein,
en un assez similaire projet chorégraphique,
son encore plus vertigineux Bolero.
Je remarque ainsi, au passage, le lien très profond qui unit Maurice Ravel
au plus consubstantiel, probablement, du génie de l’esprit français,
je veux dire la tendresse la plus sensuelle inscrite en la légèreté la plus aérienne de l’envol,
parfois jusqu’au vertige, mais le plus souvent, sinon toujours contenu, du moins retenu, élégant, jamais sauvage,
de la danse
_ et je pense ici, aussi, au très lucide Degas, danse, dessein du magnifiquement subtil, et très sensuel, lui aussi, Paul Valéry, publié en 1936 :
la France (les Suites pour clavecin de Louis Couperin, Rameau, Degas, Ravel, Valéry) est d’abord une civilisation… _ :
le lien très consubstantiel de cette musique française à la danse…
Et Ravel, comme Rameau, et comme Louis Couperin,
fait très profondément corps musicalement à ce génie français de la joie de la danse.
En leur si parfaite élégance sensuelle, ces trois Valses-ci de Maurice Ravel
sont superbement, et « à la française », jubilatoires…
Ce mardi 28 avril 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la splendeur rayonnante de tendresse du Grand Motet lorrain « Lauda Jerusalem » de Henry Desmarest

25avr

La musique française du Grand siècle

est splendide

mais son goût certain de la tendresse fait que l’expression de la joie peut paraître modérée

par rapport à d’autres cultures musicales,

plus extraverties…

J’ai choisi ici un des Grands Motets lorrains de Henry Desmarest

(Paris, février 1661 – Lunéville, 7 septembre 1741),

un compositeur promis _ par sa formation _ aux plus brillants postes à la Cour

de Versailles ;

mais que de malheureux concours de circonstances

_ matrimoniales : il fut condamné à mort sur l’accusation d’avoir enlevé sa seconde épouse… _

conduisirent à l’exil de France :

à Bruxelles, en 1700, auprès du Gouverneur Général des Pays-Bas, l’électeur Maximilien-Emmanuel de Bavière ;

puis à Madrid, auprès du roi Philippe V, jusqu’en 1706 ;

puis à Nancy, à partir de 1707, à la Cour du Grand-Duc de Lorraine Léopold Ier…

Et j’ai choisi plus spécialement

le splendide Motet Lauda Jerusalem

dans l’interprétation des Arts Florissants, en 2000,

sous la baguette de William Christie,

dans le très beau CD Desmarest Grands Motets Lorrains ;

soit le CD Erato 8573 80223-2.

Une façon d’accéder à l’éclat de la jubilation française du Grand Siècle,

par un de ses plus brillants représentants…

Ce samedi 25 avril 2005, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : l’enthousiasmante Hypocondrie à 7 de Jan Dismas Zelenka, par Il Fondamento et Paul Dombrecht

15avr

En fouillant jusqu’aux tréfonds de ma discothèque

à la recherche de certains de mes CDs de musique religieuse de Jan-Dismas Zelenka (1679 – 1745)

afin de choisir la plus profondément joyeuse d’entre ces musiques à la plus grande gloire de la catholicité

_ et il est bien difficile de choisir tant entre les œuvres, plus belles les unes que les autres,

qu’entre leurs interprétations, que je collectionne tout spécialement, tant j’apprécie ces œuvres

et m’en réjouis ! _,

voici que je mets la main sur un somptueux (!) CD de musique instrumentale de Zelenka :

le CD Passacaille 9524 intitulé Prague 1723,

enregistré par Paul Dombrecht et son Ensemble Il Fondamento

en 1999,

et comportant,

en plus de la très justement célèbre Hipocondrie a 7 concertanti en La majeur _ pour 2 violons, 2 hautbois, alto, basson et basse continue _,

une Ouverture a 7 concertanti en Fa Majeur _ pour 2 violons, 2 hautbois, alto, basson et basse continue _,

un Concerto a 8 concertanti en Sol Majeur _ pour 2 violons, 2 hautbois, alto, basson et basse continue _,

et une Simphonia a 8 concertanti en la mineur _ pour 2 violons, 2 hautbois, alto, , violoncelle, basson et basse continue.

Il Fondamento et Paul Dombrecht (au hautbois) y sont, bien sûr, au meilleur d’eux-mêmes !!!

pour des musiques brillantissimes

et surtout intensément profondes !

A défaut d’avoir réussi à dénicher sur le web une vidéo de l’interprétation _ parfaite ! _ de cette fabuleuse Hipocondrie ZWV 187 interprétée par Paul Dombrecht et Il Fondamento, en 1999,

voici une vidéo (de 7′ 40) d’une interprétation _ un peu moins acérée… _ par Gottfried von der Goltz et son Freiburger Barock Orchester, prise le 24 septembre 2010…

1723 :

c’étaient, à Prague, les fêtes du couronnement de l’Empereur (et roi de Bohème) Charles II,

pour lesquelles Zelenka composa

et donna _ sous la direction d’Antonio Caldara _ son oratorio Sub olea pacis et palma virtutis conspicua orbi regia Bohemiae Corona 

_ j’en possède une interprétation en un double album Supraphon SU 3520-2 232, par les Ensembles Musica Florea,  Musica Aeterna, Philidor et les Boni Pueri soloists, sous la direction de Marek Stryncl _ ;

et son maître Johann Joseph Fux, son fameux oratorio Costanza e Virtute.

Il est plus que possible que la plupart des œuvres instrumentales _ chacune plus magnifique que les autres ! quelle jubilation !!! _ de Zelenka,

furent préparées pour cette brillantissime circonstance impériale.

Et c’est au Clementinum de Prague

à partir de 1690 _ Jan-Dismas avait onze ans _,

que Zelenka fit ses études musicales,

avant d’être engagé _ comme contrebassiste _, en 1711, à la cour d’Auguste le Fort, Electeur de Saxe et roi de Pologne, à Dresde,

où il allait faire toute sa carrière…

Selon le chef et violoniste Reinhardt Goebel,

avec Bach, Haendel, Leclair et Locatelli, 

Zelenka fait partie des 5 Grands Compositeurs du Baroque du XVIIIème siècle :

et peut-être même est-il le meilleur d’entre eux !!!

Tâchez d’écouter le programme jubilatoire

de ce magique CD Prague 1723, Passacaille 9524 !


Ce mercredi 15 avril 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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