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Le très dynamique délicieux régal de valse sur le volcan du « Vienna – Joyful Apocalypse » d’Aurélien Pontet au piano…

04juin

C’est d’une merveille de récital de pièces magnifiquement choisies sur le thème de « Vienne : l’apocalypse joyeuse » que le parfait pianiste qu’est Aurélien Pontier vient présentement nous régaler avec son jubilatoire CD « Vienna – Joyful Apocalypse« , le CD Warner Classics 5054197633492 _ enregistré Salle Colonne à Paris du 5 au 7 juillet 2021…

Ce mardi 4 juin 2014,

l’excellent écouteur de musique (et de disques) qu’est Jean-Charles Hoffelé a consacré un bel et très juste article, intitulé « Vertiges« , à ce superbe magistral CD « viennois » d’Aurélien Pontier,

qui comporte en son final _ écoutez et regardez cette vidéo… _ une très belle incarnation, vertigineuse _ et juste comme il faut : sans pathos ni surcharge de graisse ; y compris en son final, un tout simple arrêt vital, le raptus implacable d’une rupture absolument muette d’anévrisme, sifflet coupé net, à l’échelle de la valsante civilisation viennoise ainsi interrompue d’un coup sec sans réplique, ni possible moment de répit (à l’« encore un instant, Monsieur le bourreau » de la viennoise, elle aussi, Marie-Antoinette sur l’échafaud)… _, de « La Valse » de Ravel _ et cela faisait un moment que cette « Wien« -là lui trottait dans la tête… Et, pour Ravel, c’est seulement l’œuvre qui fait le tombeau qui durera (et survivra ainsi jouée) un peu… Et il me faut ajouter aussi que c’est à Vienne, en 1938, qu’est décèdée ma grand-mère Fryderika, la mère de mon père…

VERTIGES

L’Apocalypse joyeuse, celle que célébra en son temps l’exposition _ de l’ami Jean ClairVienne à Beaubourg, exista aussi en musique, Aurélien Pontier se délecte _ absolument : c’est un régal de délices… _ à en composer un portait imaginaire où son brio naturel se pimente d’une pointe de génie _ oui… _, transformant la paraphasse d’Alfred Grünfeld en une folie fantasque, occasion de fabuleux raptus de clavier. Quelle ivresse dans le contrôle, quel mordant et quel délié, comme cela piaffe et vole sans jamais taper _ c’est cela… _, rappelant l’âge d’or des pétrisseurs d’ivoire, leur art de timbrer, leurs clavier alertes !

Les opus de fantaisie seront tous irrésistibles _ voilà ! _, et pour l’Alt-Wien de Godowsky, transcendant _ oui. Au centre du disque une parenthèse Schubert nous invite soudain à une dimension élégiaque, avant que ne résonne le grand apparat déployé par Schulz-Evler autour du Beau Danube bleu, joué avec un goût qu’on y aura rarement mis _ oui… Aurélien Pontier y est funambule en diable, s’amusant avec élégance du clavier si preste à répondre de son splendide Steinway capté à la perfection par Jiri Heger _ tout cela est excellemment perçu.

Une transcription minimaliste, mais si poétique, de l’Adagietto de la 5e Symphonie invite dans cette guirlande d’opus pianistiques les cordes en songe de Gustav Mahler, avant de saisir tout l’orchestre que Ravel fait tenir dans le piano : cette version _ pour piano seul _ de La Valse, vertigineuse, prodigieuse de détails et d’élan _ oui, oui _, file vers son apocalypse dans un clavier fuligineux _ c’est-à-dire de suie... Sidérant _ rien moins ! _ après la proposition tout aussi saisissante _ voir aussi par exemple mon propre article «  » du 16 février 2024… _ offerte chez le même éditeur _ Warner Classics _ par Martin James Bartlett voici peu (voir ici).

LE DISQUE DU JOUR

Vienna : Joyful Apocalypse

Alfred Grünfeld (1852-1924)


Soirée de Vienne, Op. 56. Paraphrase sur des motifs en forme de valse extraits de « La Chauve-souris » et autres ouvrages de Johann Strauss fils


Leopold Godowsky (1870-1938)


Triakontameron (extrait : No. 11. Alt-Wien)


Otto Schulhoff (1889-1958)


3 Bearbeitungen nach Motiven von Johann Strauss, Op. 9 (extrait : No. 2. Pizzicato-Polka)


Sergei Rachmaninov (1873-1943)


Polka de W. R.. Allegretto


Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893)


6 Pièces, Op. 51, TH 143 (extrait : No. 6. Valse sentimentale en fa mineur. Tempo di Valse)
Valse-Scherzo en la majeur, Op. 7, TH 129. Tempo di Valse


Fritz Kreisler (1875-1962)


3 Alt-Wiener Tanzweisen (extrait : No. 2. Liebesleid ; version pour piano seul : Rachmaninov)


Franz Schubert (1797-1828)


An die Musik, D. 547 (version pour piano seul : Pontier)
38 Walzer, Ländler und Ecossaises, D. 145 (extrait : Valse No. 6 en si mineur)
Valse en sol bémol majeur, D. Anh.I/14 « Kupelwieser-Walzer ». Ruhiges Walzertempo (version élaborée par Richard Strauss)


Adolf Schulz-Evler (1852-1905)


Arabesques sur des motifs de « An der schönen blauen Donau » de Johann Strauss fils


Franz Liszt (1811-1886)


4 Valses oubliées, S. 215 (extrait : No. 2 en la bémol majeur)


Gustav Mahler (1860-1911)


Symphony No. 5 (extrait : IV. Adagietto ; version pour piano seul : Aurélien Pontier)


Arnold Schönberg (1874-1951)


6 kleine Klavierstücke, Op. 19 (extrait : No. 6. Sehr langsam)


Maurice Ravel (1875-1937)


La Valse, M. 72b (version pour piano seul)

Aurélien Pontier, piano

Un album du label Warner Classics 5054197633492

Photo à la une : le piano Aurélien Pontier – Photo : © Paul Montag

Un régal !!!

Ce mardi 4 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

S’entretenir d’interprétations de chefs d’oeuvre de la musique : l’oreille quasi parfaite de Jean-Charles Hoffelé en son Discophilia, à propos, ce matin, du merveilleux « Ravel Piano Concertos » d’Alexandre Tharaud et Louis Langrée, avec l’Orchestre National de France _ ou la chance de pouvoir dialoguer un peu, à la lecture, à défaut de vive voix, avec une telle oreille musicale…

16oct

Une confirmation du coup d’éclat éblouissant d’Alexandre Tharaud _ et Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France : magnifiques, eux aussi… _ dans les deux merveilleux et profonds, par delà leur virtuosité, concertos pour piano et orchestre de Maurice Ravel, en le CD Erato 5054197660719 « Ravel Piano Concertos«  qui vient de paraître vendredi 13 octobre dernier,

avec, au réveil ce lundi matin 16 octobre, le très bel article « Les deux visages » de Jean-Charles Hoffelé _ à la si juste et honnête oreille ! _ sur son si précieux site Discophilia…

Une oreille juste

comme est aussi, tellement de confiance, elle aussi, celle de Vincent Dourthe, mon disquaire préféré ;

et c’est assurément bigrement précieux que de pouvoir s’entretenir un peu précisément et vraiment _ de vive voix, ou à défaut, seulement par dialogue silencieux à la seule lecture… _ avec de tels interlocuteurs sur leur perception ultra-fine, au microscope _ ou stéthoscope musical… _, des interprétations au disque des œuvres de la musique…

Et tout spécialement, bien sûr, à propos de chefs d’œuvre d’interprétations de chefs d’œuvre _ pourtant passablement courus de bien des interprètes, qui s’y affrontent, se confrontent à de tels Everests pour eux, les interprètes… _ de la musique ; comme ici ces deux somptueuses merveilles du somptueux merveilleux _ et hyper-pointilleux et exigeant déjà envers lui-même, à l’écritoire, jusqu’au supplice ! _ Maurice Ravel…

Et je renvoie ici à mon article d’avant-hier samedi 14 octobre :

 

« « …

LES DEUX VISAGES

Cette douleur dans l’assombrissement de l’Adagio assai _ voilà _ qui ira jusqu’au quasi cri _ voilà : Ravel, éminemment pudique, demeure toujours dans de la retenue… _ invite _ voilà _ dans le Concerto en sol l’univers si _ plus évidemment _ noir _ lui _ du Concerto pour la main gauche, et rappelle que les deux œuvres furent écrites _ très étroitement _ en regard _ en 1930-1931 _, et de la même encre _ absolument ! Beaucoup _ d’interprètes _ n’auront pas même perçu cette _ infra-sismique _ tension, jouant tout _ de ce concerto en sol _ dans la même ligne solaire ; Alexandre Tharaud, qui connaît son Ravel par âme, s’y souvient probablement de la vision qu’y convoquait _ en 1959Samson François _ oui : c’est en effet à lui, et à Vlado Perlemuter aussi, que, sur les remarques si fines et compétentes de mon disquaire préféré Vincent Dourthe, je me référais hier dimanche matin, en mon post-scriptum à mon article de la veille, samedi, « «  : références d’interprétations marquantes, s’il en est !  _ et ose ce glas qu’on n’entend jamais _ chez les autres interprètes de ce Concerto en sol.

Mais le Concerto en sol majeur est aussi dans ses moments Allegro cette folie _ oui _ d’un jazz en arc-en-ciel _ débridé, voilà : Ravel avait été très vivement marqué par ce qu’il avait pu percevoir de ce jazz lors de sa grande tournée récente aux États-Unis, du 4 janvier au 21 avril 1928… _ dont le pianiste ne fait qu’une bouchée, swing et échappées belles, toute une enivrante suractivité rythmique _ à la Bartok aussi, autant qu’à la Gershwin ; Maurice Ravel avait fait la connaissance de George Gershwin le 7 mars 1928, lors d’un repas organisé pour son anniversaire chez Eva Gauthier à New-York, ainsi que Ravel en témoigne à Nadia Boulanger en une lettre du lendemain 8 janvier (citée aux pages 1162-1163 de sa « Correspondance » éditée par Manuel Cornejo en 2018 : « The Biltmore New-York 8/3/28 Chère amie, voici un musicien doué des qualités les plus brillantes, les plus séduisantes, les plus profondes peut-être : George Gershwin« , et il ajoutait : « Son succès universel ne lui suffit plus : il vise plus haut. Il sait que pour cela les moyens lui manquent. En les lui apprenant, on peut l’écraser. Aurez-vous le courage, que je n’ose pas avoir, de prendre cette terrible responsabilité ? Je dois rentrer aux premiers jours de mai et irai vous entretenir à ce sujet. En attendant, trouvez ici l’expression de ma plus cordiale amitié. Maurice Ravel« ) _ que pimentent les bois du National menés avec une intense fantaisie _ voilà ! l’orchestre lui aussi brûle… _ par Louis Langrée.

Cet accord magique _ oui, oui, oui _ se renouvelle dans le Concerto pour Wittgenstein, mais dans des nuances de cauchemar _ à la ravelienne Scarbo _, le prestidigitateur s’y fait diable, artificier tragique _ Ravel avait traversé et vécu, comme infirmier, les affres de la Guerre mondiale... _ dont le théâtre est un champ de mines _ oui, qui déchire et découpe les corps, comme ici le bras droit de son commanditaire Paul Wittgenstein…  La guerre de tranchées _ qui fut donc aussi celle de Maurice Ravel _ est partout sous les doigts d’Alexandre Tharaud _ oui ! _, qui convoque _ fort justement _ des visions de charnier, fait tonner son clavier en fureur, rage des traits de mitraillette _ oui, oui, oui _, proposition fascinante _ et tellement juste ! _, suivie au cordeau par un orchestre fantasque _ oui _ aux proclamations démesurées _ oui : quel chef aussi est le magnifique Louis Langrée !

Le jazz s’invite ici aussi _ en effet, en ce concerto pour la main gauche _, mais déformé, amer, acide, osant la charge, le grotesque _ oui ; mais qu’on se souvienne aussi de la formidable viennoise ravelienne Valse de 1919-1920 !.. : une course à l’abîme… _, une parodie de Laideronette, impératrice des pagodes faisant diversion. Quel kaléidoscope ! _ voilà un trait éminemment ravélien… _, qu’Alexandre Tharaud fait tourner à toute vitesse _ telle sa propre viennoise Valse, créée le 12 décembre 1920… _ pour saisir cette folle course à l’abîme _ nous y voilà donc ! cf aussi, en sa course, le plus contenu et retenu, mais tout de même.., Bolero de 1928 _ et mieux suspendre les cadences où seul il élève son chant vers une voie lactée inquiète _ une des boussoles nocturnes de Maurice Ravel, sur son balcon en surplomb de la forêt et face à la nuit de Montfort-l’Amaury…

J’attendais _ moi aussi _ un couplage jazz, le Concerto de Gershwin comme réponse au jazz de Ravel _ certes _, mais non, ce seront les Nuits andalouses de Falla, sauvées de tant de ces lectures affadies qui les inféodent à un pâle debussysme _ voilà qui est fort bien perçu…

Alexandre Tharaud hausse leurs paysages fantasques _ oui _ à l’étiage de ceux _ fantasques eux aussi _ de Ravel, ardant leur con fuoco, tout duende, cambrant la gitane de la Danza lejana, implosant le feu d’artifices d’En los jardines de la Sierra de Córdoba dans l’orchestre flamboyant _ oui _ de Louis Langrée, faisant jeu égal avec les ardeurs osées par Alicia de Larrocha et Eduardo del Pueyo _ oui. Et c’est bien sûr qu’est très profond aussi le tropisme espagnol de Maurice Ravel… Ne serait-ce pas dans les jardins d’Aranjuez que se seraient rencontrés et fait connaissance ses parents, lors de leurs séjours madrilènes ?..

Quel disque ! _ voilà ! voilà ! _, splendidement saisi par les micros de Pierre Monteil _ et il faut en effet saluer aussi la splendide prise de son de cet éblouissant raveliennissime CD…

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)


Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, M. 83
Concerto pour piano et orchestre en ré majeur, M. 82 (Pour la main gauche)


Manuel de Falla (1876-1946)


Nuits dans les jardins d’Espagne

Alexandre Tharaud, piano
Orchestre National de France
Louis Langrée, direction

Un album du label Erato 5054197660719

Photo à la une : le pianiste Alexandre Tharaud –
Photo : © Jean-Baptiste Millotune _ _ 

Pouvoir dialoguer vraiment si peu que ce soit avec des mélomanes à l’oreille et au goût ultra-fins et ultra-exigeants, mais capables d’enthousiasmes vrais et sincères,

est plus que jamais indispensable,

eu égard à la solitude grandissante des individus que nous sommes devant la misère en expansion, le désert gagne _ cf mon « Oasis (versus désert) », in le « Dictionnaire amoureux de la librairie Mollat« , aux pages 173 à 177 (celui-ci est paru aux Éditions Plon en octobre 2016) ; une contribution redonnée en mon article du 17 juin 2022 : « « , accessible ici.. _, de la plupart des médias _ le plus souvent très pragmatiquement vendus aux plus offrants… _, pour ne rien dire de pas mal des publics...

Car c’est ainsi qu’il arrive parfois un peu heureusement, telle une étape enfin rafraîchissante (et bien évidemment vitale) en une oasis verdoyante en la traversée assoiffante du désert si aride et si morne, que des œuvres de la civilisation _ ici musicale _ rencontrent un infra-minimal plus juste écho qui, en son petit retentissement, les prolonge, et surtout et aussi réanime leur flamme, en un partage irradiant de vraie joie…

Et écouter de telles interprétations de tels chefs d’œuvre de musique fait un immense bien…

Et ces tous derniers temps,

les grandes interprétations, majeures et magistrales, véritablement marquantes, qui ont vu le jour, cette année 2023,

_ celles de « L’Heure espagnole » et du « Bolero » par François-Xavier Roth et ses Siècles _ Harmonia Mundi HMM 905361 _,

_ celle du « Trio pour piano et violoncelle » de 1914 par le Linos Piano Trio _ CAvi-Music 8553526 _,

_ celles de l’intégrale de « L’Œuvre pour piano » du double album par Philippe Bianconi _ La Dolce Volta LDV109.0 _,

_ et maintenant celles du « Concerto en sol » et du « Concerto pour la main gauche » par Alexandre Tharaud, Louis Langrée et l’Orchestre National de France _ Erato 5054197660719 _,

toutes,

savent faire enfin entendre en toute sa clarté et fluidité, allègre, intense, tonique, la puissance incisive et au final impérieuse en son irradiante tendresse, jubilatoire, de Maurice Ravel compositeur…

Une force de plénitude absolument accomplie…

Ce lundi 16 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découverte d’un nouvel époustouflant CD du singulier et magnifique Linos Piano Trio : le CD « Stolen Music – Debussy – Ravel – Dukas – Schönberg » en d’enthousiasmants « arrangements »…

19août

C’est à la suite des deux articles, du 13 et du 14 juillet derniers,

« « 

et « « 

que j’avais consacrés à ma découverte enchantée du splendide CD « Maurice Ravel – In search of Lost Dance« , le CD C Avi-music 855 3526 (enregistré à Baden-Baden au mois de septembre 2022) _ cf ici cette brève vidéo de présentation (de 1′ 52), qui donne déjà une bonne idée de la justesse et qualité de leur superbe engagement (et surtout parfaite intelligence du génie de Ravel !)…

Cf aussi ces merveilleux podcasts des 4 mouvements (Modéré, Pantoum, Passacaille et Final) du Trio M. 67 de Ravel : 1, 2, 3 et 4 _,

que j’ai ardemment désiré en connaître bien davantage sur les performances musicales discographiques de cet éminemment singulier et remarquablement brillant Linos Piano Trio,

constitué du pianiste Prach Boondiskulchok, du violoniste Konrad Elias-Trostmann et du violoncelliste Vladimir Waltham ;

et que, pour ce faire, j’ai aussitôt pris soin de commander, dare-dare, à mon disquaire préféré le CD C Avi-music 855 3035 « Stolen Music – Debussy – Ravel – Dukas – Schönberg » par ce même Linos Piano Trio (un CD enregistré à Munich au mois de janvier 2021) _ cf ici la très significative vidéo (de 5′ 58) de leur présentation de ce très original projet de « Stolen Music« , et si splendidement mené à bien _,

et qui vient de parvenir à destination _ pour cause de vacances du distributeur, je suppose… _ ce samedi 19 août.

Et me voici comblé en ma curiosité…

Quelle puissance et formidable clarté de jeu !

Quelle merveille d’inventivité et de justesse dans les adaptations, déjà, des œuvres (le « Prélude à l’après-midi d’un faune »  de Claude Debussy, « La Valse » de Ravel _ écoutez-la ici (12′ 44) _ ainsi que _ ici le podcast de 12′ 28 _ « L’Apprenti sorcier » de Paul Dukas _ l’« arrangement » de la « Verklärte Nacht«  Op. 4 d’Arnold Schönberg pour Trio avec Piano, n’est pas, quant à lui, une réalisation du Linos Piano Trio, mais l’œuvre d’Eduard Steuermann (Sambor, 1892 – New-York, 1964), grand ami de Schönberg (Vienne, 1874 – Los Angeles, 1951) ; ce qui le démarque, et un peu trop à mon goût, des « arrangements » bien plus audacieux et enthousiasmants réalisés et donnés ici par le Linos Piano Trio… _) !

Quelle jouissance, renouvelée, d’écoute, de l’interprétation si remarquablement dynamique et juste de ces trois épatantissimes musiciens !..

Et déjà,

je trouve un peu étonnant de ne pas avoir pu dénicher un seul article de recension de ce singulier et si brillamment réussi CD dans les diverses revues discographiques de langue française…

Ce CD de « Stolen Music » ne serait-il donc pas parvenu jusqu’à leurs augustes oreilles ?..

Ce samedi 19 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Les « faramineux Ravel » d’Eduard Van Beinum : un sommet de l’indispensable coffret des « Complete Recordings on Decca & Philips » que, pour notre enchantement, Decca republie ce mois de janvier 2023

30jan

Deux articles de l’excellent Jean-Charles Hoffelé,

« Le Mage d’Amsterdam« , en date du 15 janvier dernier _ pour la sortie, alors, du déjà magique album « Franck – Ravel : Orchestral Works » Decca Eloquence 482 5491 : je le possède aussi… _,

et « Valse mortelle« , en date du 29 juillet 2018 _ pour la présente sortie du somptueux coffret de 44 CDs « Eduard Van Beinum Complete Recordings on Decca & Philips » Decca 485 1387, que je me suis emprssé d’acquérir au plus vite… Pour mon immense joie… _,

viendraient, tous deux, si besoin, bien sûr, en était, confirmer mon absolu enthousiasme musical pour ces publications, en 2018 et maintenant en 2023, de ces transcendantes réalisations discographiques du chef Eduard Van Beinum (Arnhem, 3 septembre 1900 – Amsterdam, 13 avril 1959) pour les labels Decca et Philips…

Et tout spécialement pour ces (= ses) Ravel,

la « Rapsodie espagnole« , « La Valse« , et, au-dessus de tout, pour moi, le plus vertigineux « Boléro » :

écoutez ici ces podcasts !..

Voici donc ces deux excellents articles de Jean-Charles Hoffelé :


LE MAGE D’AMSTERDAM

Premier instrument, la contrebasse. Ce n’est pas si commun. Ajoutez dans l’arbre généalogique pour seule figure tutélaire côté musique un grand père chef d’harmonie militaire. Heureusement, Eduard van Beinum avait un frère, Co, violoniste de talent, il l’accompagnera, se mettant au piano, alors que le plus clair du temps il empoignait sa contrebasse, musicien du rang dans l’orchestre d’Arnhem : d’autres horizons s’ouvrent.

Mais enfin, une vie avec sa contrebasse risquait de manquer de sel, et au Conservatoire d’Amsterdam Eduard deviendra vite celui qu’on ira chercher pour conduire les concerts de l’orchestre des étudiants : battue claire, geste minimal _ oui _, mais cet œil déjà, qui infuse dans la mathématique des partitions des tendresses, des élans, une poésie _ voilà ! _ ; il sera chef d’orchestre, et, dès les quatre saisons de son magister à la tête de l’orchestre d’Haarlem, imposera un répertoire allant de Bach à Debussy.



Mengelberg
remarque son métier très sûr, s’enquiert de sa modestie _ essentielle : face à la musique… _, il lui faut un second, mais efficace, et puis une jeunesse qui ne pense pas à s’imposer. Il l’invite pour un concert avec son Concertgebouw en 1929. Le fluide passe entre cette baguette suggestive et l’orchestre ; Mengelberg, étonné, en fera deux ans plus tard son second, puis en 1938, le comité de l’orchestre préconise que la direction musicale soit partagée avec le jeune homme. La guerre et l’Occupation feront le reste, Mengelberg se perdant dans une collaboration passive qui lui vaudra de devenir un exilé de l’intérieur la Libération venue. Les musiciens du Concertgebouw savaient-ils qu’avec Van Beinum ils changeaient de siècle ?

Mieux, ils le voulurent, et de toute façon, le seul réel rival de leur poulain, Paul van Kempen, était lui aussi entaché de brun. Le style nouveau – balance parfaite, clarté des lignes, archets réglés, tempos stricts mais mesure libre _ et tout cela est bien sûr capital ! _ – qu’il avait infusé puis imposé face aux gestes démiurgiques de Mengelberg – va permettre au « son Concertgebouw » d’atteindre à ce rayonnement hédoniste que l’expressionisme du geste autocratique de Mengelberg avait relégué au second plan.

Le violoniste Bronislaw Huberman, à droite, en échange avec Eduard van Beinum à sa gauche – Photo : © Nationaal Archief

 

 

 

 

 

 

Van Beinum instrumentiste d’abord, savait les beautés capiteuses venues d’un autre âge qui déjà avaient fait la réputation de l’orchestre au temps de son fondateur Willem Kes. En quelques saisons il impose son style, élégant et troublant à la fois _ les deux : à la française, en quelque sorte… _ , où la rigueur de ses lectures qui veulent faire oublier les scories du postromantisme, passent inaperçues sous le foisonnement des timbres, la poétique des phrasés _ oui.

Le disque s’en mêla assez tôt, Siemens lui demandant dès 1943 quelques gravures (Variations Mozart de Max Reger, Variations symphoniques de Franck avec Géza Anda) qui furent publiées par Deutsche Grammophon, mais ce sera dans cette frontière encore imprécise où se côtoyaient les ultimes pressages 78 tours et le microsillon que le nouveau style du duo Van BeinumConcertgebouws’imposera. Decca leur fera signer un contrat, dotant les enregistrements de son nouveau système de captation, le « Full Frequency Range Recording » qui captura pour partie les soies et les velours de ce qui était alors le plus bel orchestre d’Europe.

Une grande session d’enregistrements en janvier 1946 devait ajouter au contrat une close supplémentaire. Après que Van Beinum eut enthousiasmé le public du Royal Albert Hall, remplaçant au pied levé Albert Coates à la tête du London Philharmonic, John Culshaw insista pour qu’ensemble ils gravent la Troisième Symphonie de Brahms, amorce de l’autre part de la discographie du chef neérlandais, bien plus rarement rééditée jusqu’à nos jours. À Londres, le discours de Van Beinum sera toujours plus serré, plus fusant, comme si l’absence des beautés hédonistes de la phalange néerlandaise ardait son style.

Philips succédera à Decca, captant enfin la magie sonore d’une formation dont l’acoustique d’un Concertgebouw vide avait toujours dérouté les preneurs de son du label britannique. Toute sa discographie officielle, y compris les nombreuses redites entre Londres et Amsterdam, entre le 78 tours, la monophonie et la stéréophonie, est enfin réunie _ voilà ! _ dans cette grande boîte magnifiquement ouvragée, deux textes éclairant l’art du chef, une iconographie abondante, la reproduction des attrayantes (et si inventives) pochettes d’origine, pour mieux accompagner l’auditeur dans ce voyage magique _ oui, oui…

Classiques parfaits, Bruckner ténébreux (il abordera Mahler avec plus de parcimonie, voir de distance), Schubert et Brahms plus tendres qu’épiques, Debussy et Ravel de pure magie _ absolument ! _, Sibelius fascinant, mais par où commencer vraiment ? Par les sortilèges de sa Shéhérazade, gravure oubliée, où se révèle tout l’art de ce conteur d’orchestre.

LE DISQUE DU JOUR

Eduard van Beinum
Complete Recordings on Decca and Philips

Œuvres de Johann Sebastian Bach, Georg Friedrich Haendel, Johann Christian Bach, Johannes Brahms, Wolfgang Amadeus Mozart, Gustav Mahler, Anton Bruckner, Jean Sibelius, Igor Stravinsky, Franz Schubert, Max Reger, Hector Berlioz, Claude Debussy, Maurice Ravel, Joseph Haydn, Ludwig van Beethoven, Felix Mendelssohn-Bartholdy, Nikolai Rimski-Korsakov, César Franck, etc.

London Philharmonic Orchestra
Concertgebouw Orchestra
Eduard van Beinum, direction

Un coffret de 44 CD du label Decca 4851387

Photo à la une : le chef d’orchestre Eduard van Beinum, à l’aéroport de Schiphol – Photo : © DR…

 

Et celui de 2018 :

VALSE MORTELLE

Il y a un tropisme français chez Eduard van Beinum _ on ne saurait mieux dire ! _ ses Debussy, ses Berlioz, ses Ravel dévoilent une poétique orchestrale _ voilà _ qui aura modifié la nature sonore du Concertgebouw telle qu’il l’avait héritée de Willem Mengelberg.

Ce mélange détonant d’élégance et de cruauté _ oui ! _ éclate dans une Valse vampirique, d’une suavité vénéneuse _ voilà ! _, étrange course à l’abîme _ bien sûr ! _ dont les envoûtements _ oui _ fascinent : cet orchestre si mobile, qui mord à la vitesse d’un aspic, sait être d’une seconde à l’autre sec puis voluptueux _ c’est cela ! _ ; c’est celui de Ravel-même _ absolument !!! _ , ce qu’illustre au même degré de perfection _ oui _ une Rapsodie espagnole moite, inquiétante, pleine de rumeurs et d’ombres dont les gitaneries n’auront jamais été aussi cante jondo. Mais le Boléro lui-même _ nous y voici ! _ , somptueusement étouffant _ parfaitement ! _, participe de la même _ fascinante et éblouissante tout à la fois _ saturation de l’espace.

Ce triplé Ravel est faramineux _ c’est le mot !!! _, après lui (ou avant dans l’ordre du disque), les Franck distillent une toute autre lumière. Psyché rêvé, très tendrement composé dans les soieries d’un orchestre décidément faramineux, est cent coudées au-dessus de ce que tous les orchestre français pouvaient alors y faire, et les Variations symphoniques, où le jeune Géza Anda dissipe le brouillard en phrasant tout, sont un modèle de style prenant le contrepied de l’estampe incarnée par Walter Gieseking et Landon Ronald, autre version majeure du 78 tours. Mais c’est à ce Ravel parfaitement délétère que vous irez d’abord _ en effet ! Et en boucle…

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)


Rapsodie espagnole, M. 54
La Valse, M. 72
Boléro, M. 81


César Franck (1822-1890)


Psyché, FWV 47
Variations symphoniques pour piano et orchestre, FWV 46

Géza Anda, piano
Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam
Eduard van Beinum, direction

Un album du label Decca 4825491 (Collection « Eloquence Australia »)

Photo à la une : © DR

 

Merci de ces fabuleuses rééditions d’un chef aussi juste…

Ce lundi 30 janvier 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter La Valse de Ravel dans l’interprétation purissime de Sakari Oramo est un régal de roi…

18juin

Le CD « La Valse » de Maurice Ravel, du label Bis SACD 2438, est un régal de très grand choix,

nonobstant la fine bouche faite par pas mal de critiques, probablemement désarçonnés par la marveilleuse finesse _ on ne peut plus ravélienne _ de l’interprétation délicatissime et nette, dénuée d’esbroufe, de Sakari Oramo, à la tête du très sensible Royal Stockholm Philharmonic Orchestra.

Et je dois ajouter encore les parfaites précisions et parfaits commentaires sur les adaptations par Ravel lui-même des autres œuvres de ce CD _ « Le Tombeau de Couperin« , « Alborada del gracioso« , « Une barque sur l’océan« , « Pavane pour une infante défunte » et « Menuet antique« , orchestrées par Ravel respectivement en 1919, 1918, 1906, 1910 et 1929 _, initialement conçues, à la différence de « La Valse« , pour le piano seul, par l’excellent livrettiste de ce CD Bis, Jean-Pascal Vachon _ ainsi que François Monnard…

Alors que ce CD Bis « La Valse » n’a guère été distribué par les disquaires _ pour des raisons que j’ignore ! et me dépassent : il m’a fallu expressément le commander… _,

c’est la très fine oreille de Jean-Charles Hoffelé qui m’a incité à m’y intéresser,

en un très juste article _ en date du 19 mars dernier, déjà… _ très justement intitulé « Lumière« …

LUMIÈRE

Le Prélude du Tombeau de Couperin fuse de pupitres en pupitres, le geste de Sakari Oramo, élégant, léger, modelant les timbres jusqu’au trait de la harpe et au dernier trille qui s’évapore, teinte d’un tendre mystère _ voilà, avec douceur _ cette échappée belle.

Que de poésie dans cet orchestre, quelle lumière _ oui _ un peu fauréenne, captés avec un art invisible par l’équipe de Take 5, au point qu’on a le sentiment d’être devant les musiciens sans aucun filtre, quelle fête _ oui ! _ pour Ravel, pour son imaginaire si subtil _ oui _ que la plume de Kenneth Hesketh, orchestrant la Fugue et la Toccata, laissées de côté par le compositeur passant du piano à l’orchestre, ne trahit pas. L’enchaînement avec la Forlane est évident, et pour la Toccata l’incroyable mobilité de cette plume rappelle qu’Hesketh fut l’élève de Dutilleux, cela s’entend, ne fait pas hiatus, et donne envie d’en savoir plus sur ses propres œuvres.

Tout le disque est à chérir _ absolument ! _, Pavane émouvante à force de pudeur, Barque emplie de sortilèges (c’est l’une des plus belles réussites d’orchestre de Ravel, l’entendre aussi pleinement comprise est rare), Menuet antique stylisé, seule l’Alborada manque un peu de pointe sèche. Mais La Valse extralucide, dont chaque rumeur, chaque coup de griffe, chaque feulement s’entendent, est simplement inouïe dans son éclairage de nuit américaine.

Disque qui frôle le génie _ c’est dit ! _, j’espère que Sakari Oramo et son orchestre de Stockholm (qu’il vient de quitter), auront gravé les autres œuvres d’orchestre, à commencer par _ cet absolu sommet ravélien qu’est _  Daphnis et Chloé, je l’entends déjà, aérien et coupant, net et évocateur, inondé de cette même lumière _  et tout est dit ici…

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LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)


Le Tombeau de Couperin, M. 68a (Fugue et Toccata, orch. Kenneth Hesketh)
Alborada del gracioso,
M. 43/4

Une barque sur l’océan,
M. 43/3

Pavane pour une infante défunte, M. 19 (version orchestrale)
Menuet antique, M. 7 (version orchestrale)
La Valse, M. 72

Royal Stockholm Philharmonic Orchestra
Sakari Oramo, direction

Un album du label BIS Records 2438

Photo à la une : le chef d’orchestre Sakari Oramo – Photo : © Benjamin Ealovega

Un CD SACD indispensable pour écouter le plus pur de Ravel !

Ce samedi 18 juin 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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