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Au coeur du plus intime de la musique, et dont l’écoute provoque et vient toucher la part la plus secrète de notre humanité : le quatuor à cordes…

24mai

Les déclarations liminaires à l’article « Quatuors enchantés » de Jean-Pierre Rousseau _ présentant deux récents coffrets de CDs, l’un du Quatuor Cleveland, l’autre du Quatuor Cherubini _ que je découvre ce matin, vendredi 24 mai 2024 sur son blogne sont pas sans me surprendre, de la part d’un mélomane avisé et expert tel que Jean-Pierre Rousseau, et cela pour aller à rebrousse-poil de ma prédilection personnelle de mélomane passionné envers le quatuor (et la musique de chambre) :

« Je ne sais pas pourquoi, mais pendant longtemps j’ai très peu pratiqué l’écoute du quatuor _ tiens, tiens… _, tant au concert qu’au disque. Sans doute parce qu’on n’écoute pas un quatuor de Haydn, de Beethoven ou de Schubert distraitement _ justement ! Et alors ?.. Préfère-t-on privilégier des écoutes distraites ? Quel paradoxe !! _, comme on peut le faire d’une symphonie ou même d’un opéra qu’on connaît par cœur _ œuvres en effet plus composites et souvent plus bruyantes, et, pour la plupart, moins centrées sur l’essentiel (ces genres de musique s’adressant à un plus large public, ménageant, nécessairement, les capacités variables de durée et intensité d’attention-concentration de celui-ci ; là-dessus, consulter par exemple le significatif brillant pamphlet de Benedetto Marcello, paru à Venise en 1720 : « Le Théâtre à la mode« , qui visait notamment les productions opératiques ainsi qu’instrumentales d’Antonio Vivaldi – Aldiviva…) : existent aussi, bien sûr, de sublimes exceptions parmi ces symphonies et opéras… Sûrement aussi parce que c’est _ le quatuor, donc _ l’essence même de la musique _ mais oui, nous y voilà ! À dimension d’éternité, via le temps de la réalisation par les interprètes et de l’écoute attentive et hyper-concentrée de l’œuvre par l’auditeur… Est-ce alors à dire que cette essence même de la musique devrait être le moins souvent possible approchée, cultivée, et jouie ?.. _, qui s’adresse à l’intime _ voilà ! l’intime directement sollicité, et donc exposé (l’auditeur s’y exposant aussi lui-même) en cette plus intense, et souvent même brûlante, profonde et concentrée, attentive écoute _, qui provoque la part la plus secrète de notre humanité _ absolument ! Cette part-là, ainsi provoquée et touchée, doit-elle donc demeurer le plus possible préservée de notre habitus-fréquentation de mélomane ! Tout cela me surprend ! et presque me choque (j’ai même failli dire me révolte !) sous la plume d’un mélomane aussi avisé, d’expérience (et je dirais même compétent, expert), que’est Jean-Pierre Rousseau… Même si ces hyper-intenses moments d’exposition de soi au plus intime et essentiel de la musique, ne doivent certes pas non plus être galvaudés, banalisés, désensibilisés…

Ces derniers temps, j’ai de plus en plus souvent besoin _ oui, je note _ de me ressourcer _ mais oui ! la meilleure des meilleures musiques ressource en effet vraiment ! C’est là une de ses éminentes vertus… _ à l’écoute _ voilà _ de ces chefs-d’œuvre _ soit la crème la plus fine et la plus délectable du meilleur… L’effet de l’avancée en âge sans doute _ oui, bien sûr : aller désormais et de plus en plus à l’essentiel, se délester du poids finalement accablant des poussières du fatras de tout l’inessentiel ; cesser de gaspiller le temps d’écoute (ou de pratique) non infini qui nous reste ; là-dessus, cf le livre à paraître (aux PUF le 28 août prochain) de mon très avisé ami bruxellois Pascal Chabot « Un Sens à la vie _ enquête philosophique sur l’essentiel« , dont je savoure l’envoi très amical des épreuves… ; cf aussi la vidéo (de 64′) de mon entretien avec lui chez Mollat le 22 novembre 2022 à propos de son précédent excellent « Avoir le temps : essai de chronosophie« ... Avant de rencontrer Pascal Chabot lui-même en personne, et à diverses reprises (Bruxelles ne se trouvant pas tout à côté de Bordeaux), j’ai commencé ainsi à faire sa connaissance en le lisant très attentivement : à la lecture, lumineuse pour moi, à sa parution en 2013, de son lucidissime « Global burn-out«  _, la confrontation aussi avec l’évolution irréversible _ toute vie étant bien évidemment de passage (c’est-à-dire mortelle) : non infinie, toute vie (du moins pour les individus appartenant à des espèces sexuées) a eu et aura une fin _ des dégâts de la vieillesse chez ma mère _ la mienne est décédée en sa 101ème année de vie, le 27 octobre 2018 _ qui fête demain ses 97 ans _ fêter la vie est aussi un des grands pouvoirs thaumaturgiques de la musique (du moins celle qui est à son meilleur) ; cf ici mon recueil d’articles de « Musiques de joie« , rédigés au quotidien des jours du confinement du Covid, du 15 mars au 28 juin 2020, à fin précisément de ressourcement alors ainsi, et en priorité (et un ressourcement à partager éventuellement aussi avec qui me lira, puis écoutera cette musique…) : « « … La musique parlant et ressourçant vraiment très directement, oui !

Deux coffrets récents comblent mes attentes« …

Contribuer si peu que ce soit à partager, d’une manière ou d’une autre, de telles ressourçantes écoutes musicales est vraiment aussi _ et plus que jamais en ces temps disgraciés de barbarie endémique décomplexée… _ très important.

Et sur cette question qui me tient tout spécialement à cœur, de la civilisation face à la barbarie, je me permets de renvoyer à mon article « Oasis Versus désert » de 2016 pour le « Dictionnaire amoureux de la Librairie Mollat« , aux pages 173 à 177 :

OASIS versus désert
Sans anticiper le réchauffement qui nous promet le climat de l’Andalousie ou celui du Sahel, et même si manquent en ses vastes espaces, lumineux, tout de plain-pied et d’équerre dans leur agencement, les palmiers-dattiers, fontaines-cascatelles et bassins à nénuphars de l’Alhambra de Grenade, l’image de l’Oasis sied admirablement à la librairie Mollat, et aux usages que j’en fais : face au désert qui gagne. Et cela, dans le style du classicisme français, en une ville dont le siècle d’accomplissement est celui des Lumières, et sur le lieu même où un temps habita Montesquieu.
Oui, la librairie Mollat est bien une luxuriante oasis de culture vivante, résistant au désert (d’absence de culture vraie)D’où mon attachement à elle, comme à la ville de Bordeaux, dont elle est le foyer irradiant de culture qui me convient le mieux : car par elle, en lecteur et mélomane toujours curieux d’œuvres essentielles, j’ai un contact tangible immédiat avec un inépuisable fonds (recelant des pépites à dénicher) d’œuvres de vraie valeur, à lire, regarder, écouter, avec lesquelles je peux travailler, m’entretenir-dialoguer dans la durée. Un peu comme Montaigne s’essayait en sa tour-librairie à ces exercices d’écriture qui feront ses Essais, par l’entretien avec les auteurs dont les voix dans les livres venaient conférer à demeure avec lui, leur lecteur, une fois qu’il fut privé de la conversation sans égale de La Boétie.
En son sens propre bio-géographique, le désert ne cesse de bouger : il avance-recule en permanence, mais si peu visiblement au regard ordinaire que la plupart de nous n’y prenons garde. Alors quand « le désert croît » (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra), l’oasis foyer de résistance à la désertification, est-elle d’un vital secours – nourricier, mais aussi succulent ! –, pour tous les vivants dont la vie (et la vie vraie, la vie de culture : à cultiver !) dépend. Contribuer à faire reculer le désert en aidant les oasis à résister, se renforcer-développer, resplendir, est l’essentielle mission de civilisation. A l’envers de (et contre) tout nihilisme, c’est à cette fin que Nietzsche appelle à ce sursaut qu’il nomme « le Sur-humain ».
Ainsi en va-t-il des mouvements d’une oasis de culture vraie – expression pléonastique : l’oasis n’existant que d’être, et inlassablement, mise en culture par une minutieuse et très entretenue, parce que fragile en sa complexité, irrigation ; la barbarie s’installe dans l’Histoire quand et chaque fois que sont détruits sans retour les systèmes d’adduction aux fontaines et jardins – comme à Rome ou Istanbul. Et ce qui vaut à l’échelle des peuples vaut à celle des personnes, en leur frêle (improbable au départ) capacité de singularité de personne-sujet, qu’il faut faire advenir contre les conformismes, et aider à s’épanouir. La singularité suscitant la rage de destruction expresse des barbares.
… 
Je parle donc ici de la culture vraie (authentique, juste, probe, vraiment humaine) face aux rouleaux-compresseurs – par réalisation algorithmique, maintenant, de réflexes conditionnés panurgiques – de la crétinisation marchande généraled’autant plus dangereuse que l’imposture réussit – par pur calcul de chiffre de profit, sans âme : les âmes, elle les stérilise et détruit – à se faire passer auprès du grand nombre pour culture démocratique ; et à caricaturer ce qui demeure – en mode oasis de résistance – de culture authentique, en misérable élitisme passéiste, minoritaire, dépassé (has been), comme le serinent les médias inféodés aux marques.
… 
Ainsi, en ma ville aimée de Bordeaux – cité classique -, la librairie Mollat – sise le long du decumanus tiré au cordeau de l’antique Burdigala – est-elle cette vitale oasis de culture vraie, tant, du moins, et pour peu qu’elle résiste assez à l’emprise des impostures des livres (et disques) faux ; et il n’en manque pas, de ces leurres jetés aux appétits formatés et panurgiques des gogos consommateurs ! Et là importe la présence effective de libraires-disquaires qui soient de vraies capacités de conseils de culture authentique, et par là, passeurs d’enthousiasmes – quand il y a lieu –, autant que de vigilants traqueurs d’imposture de produits promis à rapide et méritée obsolescence. Cette médiation-là constituant un crucial atout de la dynamique de résistance et expansion de pareille oasis de culture vraie. Mes exigences d’usager sont donc grandes.
… 
Sur un terrain plus large, celui du rayonnement plus loin et ailleurs qu’à Bordeaux, de l’Oasis Mollat, j’ai l’insigne chance de disposer, sur son site, d’un blog ami : En cherchant bien _ Carnets d’un curieux, signé Titus Curiosus, ouvert le 3 juillet 2008, où j’exprime et partage en parfaite liberté, mes enthousiasmes – l’article programmatique « le carnet d’un curieux » _ à lire ici _, qui reprenait mon courriel de réponse à Corinne Crabos me proposant d’ouvrir ce blog, n’a pas vieilli.
Parfois sur ma proposition, parfois à sa demande, la librairie m’offre de temps en temps, aussi, la joie de m’entretenir vraiment, une bonne heure durant, dans ses salons, avec des auteurs de la plus haute qualité : ce sont les arcanes de leur démarche de création, leur poïétique, qu’il me plaît là d’éclairer-explorer-mettre au jour, en toute leur singularité – dans l’esprit de ce que fut la collection (Skira) Les Sentiers de la créationPodcastables, et disponibles longtemps et dans le monde entier sur le web, ces entretiens forment une contribution patrimoniale sonore consistante qui me tient très à cœur. Pour exemples de ces échanges nourris, j’élis la magie de ceux avec Jean Clair _ lien au podcast _, Denis Kambouchner, Bernard Plossu _ en voici un lien pour l’écoute.
A raison de deux conférences-entretiens quotidiens, la librairie Mollat constitue une irremplaçable oasis-vivier d’un tel patrimoine de culture : soit une bien belle façon de faire reculer, loin de Bordeaux aussi, le désert.
 …
Voilà pour caractériser cette luxuriante Oasis rayonnante qu’est à Bordeaux et de par le monde entier, via le web, ma librairie Mollat.

Et j’ai aussi très à cœur de partager à nouveau, ici, mon enthousiaste compte-rendu de dimanche soir dernier, 19 mai, de l’extraordinaire concert « Durosoir invite Ligeti » du merveilleux Quatuor Tana, au château Mombet à Saint-Lon-les-Mines, en pays d’Orthe, au sud des Landes, pour le « Mai musical Lucien Durosoir 2024 » :

« « .

Pour un sublime moment d’éternité ressentie et partagée

par de si extraordinairement belles _ « enchantées«  !.. _ musiques de ces Quatuors de Lucien Durosoir et György Ligeti sous les doigts justissimement inspirés des Tana… 

Encore merci, merci, merci !!!

Ce vendredi 24 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la joie paradoxale du sombre et incisif Quatuor de Debussy par le Parkanyi Quartet

14juin

Le plutôt ombrageux Claude Debussy (Saint-Germain-en-Laye, 22 août 1862 – Paris, 25 mars 1918)

_ cf aussi l’encre acerbe de son Monsieur Croche _

n’a pas la réputation d’être particulièrement un joyeux,

y compris, et bien sûr d’abord et surtout, en sa musique…

Et encore n’ai-je pas lu les 449 pages du récent ouvrage de Benjamin Lassauzet, paru aux Éditions Hermann au mois de juillet 2019, L’Humour de Claude Debussy


Pourtant sa musique

non particulièrement joyeuse, en effet,

génère beaucoup de joie,

sinon à l’interpréter, pour le musicien ou chanteur

qui vient physiquement l’incarner,

du moins à l’écoute attentive _ et exigeante _ du mélomane…

J’en veux pour exemple

ce chef d’œuvre puissant et subtil qu’est son Quatuor à cordes,

en sol mineur,

créé le 29 décembre 1893 à la Société Nationale de Musique, à Paris.

Alors quelle interprétation au disque choisir ici ?

J’opte, et après écoute de plusieurs CDs,

_ de même que pour mon choix à propos du Quatuor de Ravel _

pour l’incarnation, incisive et puissante, du Párkányí Quartet

_ István Párkányí et Heinz Oberdorfer, violons, Ferdinand Erblich, alto, et Michael Müller, violoncelle _,

enregistrée à Deventer, aux Pays-Bas, en décembre 2003 ;

soit, à nouveau, le superbe CD Praga Digitals PRD 250 312.

Debussy réclame une forte présence d’incarnation.

Si Debussy n’a pas le charme poli, élégant, soyeux, de Ravel,

sa musique, tout autant d’esprit français,

est d’une merveilleuse et constamment inventive _ sans formules à suivre et dérouler, ou répéter _ subtilité

qui nous comble, elle aussi, d’une enivrante puissante joie musicale.

De ce Quatuor en sol mineur de Claude Debussy,

voici aussi un très éloquent podcast, en 1958, par le Budapest String Quartet

_ Joseph Roisman et Alexander Schneider, violons, Boris Kroyt, alto, et Mischa Schneider, violoncelle.

Ce dimanche 14 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : le complexe et subtil goût de l’intranquillité ravélienne, dans la poésie multivoque de son fascinant Quatuor à cordes en Fa majeur

03juin

La musique de Ravel peut rarement être qualifiée d’intrinsèquement joyeuse.

Mais pourvoyeuse de très riche joie pour le mélomane, oui…

Le Quatuor à cordes en Fa majeur de Maurice Ravel

(Ciboure, 7 mars 1875 – Paris, 28 décembre 1937)

est un chef d’œuvre fascinant.

Ravel, au moment de sa composition, de décembre 1902 à avril 1903,

était un jeune homme de vingt-huit ans.

Et il dédicaça son œuvre à son maître, Gabriel Fauré.

La personnalité de Ravel,

tant celle de l’homme que celle du musicien,

est complexe _ l’homme est très secret… _ ;

et se laisse _ discrètement _ entr’apercevoir seulement en sa musique,

qui n’est pas expressionniste.


Le genre du Quatuor est exigeant ;

et, de même que Debussy,

Ravel composa un unique Quatuor à cordes

Mais,

de même que le Quatuor de Debussy,

le Quatuor de Ravel est un chef d’œuvre absolu,

merveilleux.

J’ai choisi ici l’interprétation

raffinée, élégante

et incisive tout à la fois

en décembre 2003, à Deventer, aux Pays-Bas,

du Quatuor Párkányí,

proposée dans le CD Praga Digitals PRD 250 312.


Comme quoi l’intranquillité du compositeur

est pourvoyeuse _ via les exigences assumées des interprètes _,

de profonde et très intense joie

pour les mélomanes attentifs…

Faute de trouver sur le web un podcast de l’enregistrement de ce Quatuor si prenant de Ravel

par les subtils et parfaits Párkányí

(István Párkányí et Heinz Oberdorfer, violons, Ferdinand Erblich, alto, et Michael Müller, violoncelle)

en cet enthousiasmant CD Praga Digitals _ ce que je connais de plus parfait ! _,

voici une vidéo (de 31′) des Ébène prise lors d’un concert le 3 janvier 2017 ;

ou, plutôt, un podcast (de 28′) des très bons Arcanto

(Daniel Sepec et Aantje Weithaas, violons, Tabea Zimmermann, alto, et Jean Guihen Queyras, violoncelle),

en leur CD Harmonia Mundi HMC 902067, en 2010…

Bien saisir et rendre parfaitement

la richesse multivoque

de la complexe _ très réjouissante _ subtilité ravélienne

est réellement difficile…


Ce mercredi 3 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un passionnant travail sur les Quatuors à cordes (autour de Purcell) avant le Quatuor à Cordes de Haydn : le CD « ’tis late to be wise » du Kitgut Quartet

24jan

Amandine Beyer et ses amis du Kitgut Quartet,

Naaman Sluchin, Josèphe Cottet et Frédéric Baldassare, 

viennent nous offrir

en un CD _ Harmonia Mundi HMM 902313 _

intitulé Tis too late to be wise,

et sous-titré String Quartets before the String Quartet,

un magnifique et très intriguant _ et plus encore convainquant ! et, cerise sur le gâteau, ravissant, et même éblouissant !!! _ programme

autour des origines musicales,

ici dans l’Angleterre autour de Purcell (et Locke, et Blow) _ dans la seconde moitié du XVIIIe siècle _,

du genre du Quatuor à cordes, 

en l’occurence celui élaboré par Joseph Haydn (1732 – 1809)

_ mais ils auraient aussi bien pu choisir celui élaboré par Luigi Boccherini (1743 – 1805).

L’excellence du choix des (12) œuvres choisies par eux

est telle

qu’à ne pas trop suivre de près

le déroulé même des œuvres _ superbes ! _ se succédant sur la platine,

on ne perçoit nul saut temporel marquant

_ ni a fortiori choquant ! _

entre la Sarabande

de la Suite n°2 du Consort of Four Parts

de Matthew Locke (1621/23 – 1677)

et le premier mouvement Adagio

du Quatuor à cordes opus 71 n°2

de Joseph Haydn (1732 – 1809) _ une œuvre qui date de 1795, à Vienne…

C’en est même bluffant !

Alors que nous sommes dans une même semblable configuration musicale,

à quasi un siècle de distance…

Et je dois ajouter que l’interprétation de ce Quatuor opus 71 n°2 de Joseph Haydn

est absolument magnifique ;

de même que celles des œuvres, en ce CD, de Henry Purcell (1659 – 1695), Matthew Locke (1621/23 – 1677) et John Blow (1649 – 1708)

_ qui n’ont certes pas été écrites comme constituant des Quatuors à cordes,

pour 2 violons, 1 alto et 1 violoncelle !..

L’intelligence musicale d’un tel programme

ainsi que la perfection de sa réalisation

nous comblent de joie…

Ce vendredi 24 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa 

Les origines du quatuor selon la famille des Kitgut

Il est facile de prendre son instrument et de se mettre à jouer avec trois amis. Ou sept. Ou plus… Prendre la plume à quatre ou parler en même temps serait beaucoup plus confus. C’est ce qui fait la magie de la musique, qui surmonte tous les obstacles des différents idiomes et la cacophonie des discours superposés.
Pour parler des Kitgut, de nos espoirs et de nos enjeux, nous avons donc choisi de demander à deux personnages emblématiques de notre famille musicale, Jeanne Roudet et Olivier Fourés, d’écrire quelques mots sur notre formation et sur notre programme “’Tis too late to be wise”. Nous vous laissons en leur compagnie…

AMANDINE BEYER

Interroger les origines du quatuor à cordes c’est renouer avec une pratique sociale aux antipodes de l’académisme figé des salles de concerts et des enregistrements en studio. C’est en effet comme métaphore de la conversation que la musique de chambre se développe au xviiie siècle, dans le même contexte privé des salons. Comme divertissement, elle revêt la même part d’imprévu et d’improvisation qui garantit l’interaction entre les protagonistes et la participation active des auditeurs. Ainsi, à l’heure où le quatuor n’a pas encore fixé sa forme, il est déjà fortement goûté, non pour l’intellectualité et l’abstraction qu’on lui prêtera plus tard comme parangon de la musique pure, mais comme substitut d’un dialogue animant des voix individuelles qui réagissent les unes aux autres dans la spontanéité de l’instant.

JEANNE ROUDET, musicologue à la Sorbonne

Time over

Ainsi, ce sont bien nos ancêtres qui sont à l’origine de nos mauvaises passions !”– CHARLES DARWIN, Carnet de notes, 1838

Faute de savoir où l’on va, on regarde d’où l’on vient. On n’y voit guère mieux, certes, mais on aperçoit tout de même des choses, qui, lorsqu’elles éveillent quelque passion, sont vite prises pour des repères dans tant de brume. On les agence, les conserve, les protège, les ordonne comme on peut, chronologiquement, génériquement, dans l’espoir de retrouver le fil qui les unirait, d’expliquer en somme leur existence, donc la nôtre. On construit ainsi l’Histoire.

Ce n’est pas simple. Car d’abord on ne voit pas tous les mêmes choses, car ensuite on n’a pas la même façon de les voir, car enfin, le plus gênant, on les voit souvent avec les yeux d’autrui ; un “autrui” qui peut parfois, pris de motivations quelque peu douteuses, les modifier, en camoufler, en faire disparaître et même en inventer de toutes pièces. Méfiance !

Prenons le cas du quatuor à cordes. Voici une formation/forme des plus définies, des plus “classiques” : deux violons, un alto et un violoncelle qui se rassemblent sur quatre mouvements, un vaste, un lyrique, un rythmique et un enlevé. Comme la symphonie. Le concept est clair aussi : Goethe, à l’aube du xixe siècle, parle de “discussion entre quatre personnes intelligentes” et quand Beethoven étire la forme dans tous les sens, on commence à voir quatre solistes qui aspirent à n’avoir qu’une voix, une espèce de piano à huit mains en somme, paradoxe apparemment nécessaire à la tension inhérente au genre. On n’hésite alors guère à brandir cette musique “pure” face aux élucubrations descriptives trouvées chez Liszt ou Berlioz. Ne parlons même pas de l’opéra. Bartók parvient néanmoins à éloigner le quatuor de cet étendard en le portant vers ce que certains considèrent un “laboratoire de formes”. Il pousse si loin l’expérimentation instrumentale et l’expression intimiste qu’il déconseillait vivement l’interprétation de ses six quatuors en public, tant ils reflétaient une grande souffrance. Bref, “le” quatuor, c’est sérieux ! Et même ceux qui, comme Fauré, Debussy, Chostakovitch, Messiaen ou Ligeti, y recherchent des atmosphères plus impressionnistes, ne peuvent que composer en contrepoint de l’imposant modèle. Boulez allègera d’ailleurs son catalogue du seul Livre pour quatuor, sentant le genre trop fortement lié à une époque révolue, un genre prêt pour le musée.

Aujourd’hui, à une époque où fonder un quatuor engage plus qu’un mariage doublé d’un crédit à long terme (en Antarctique !), il est normal qu’on ait des difficultés à concevoir l’origine de cette forme autre que fantastique. On a donc besoin d’un Créateur. On en a trouvé deux. Il y a le violoncelliste Luigi Boccherini : six quatuors op. 2, 1761 – il en composera quatre-vingt-onze. De plus, Boccherini forme en 1764 le “premier” quatuor avec les violonistes Filippo Manfredi et Pietro Nardini, ainsi que l’altiste Giuseppe Cambini. Mais, le jeu “fol et désordonné” de Manfredi et les sons “aigres aux oreilles” de Boccherini, qui blessent les tympans délicats du Tout-Paris, juste avant que Boccherini ne parte rejoindre sa chère Clementina en Espagne, ne peignent pas le tableau le plus noble qu’on aurait souhaité. Heureusement, à Vienne il y a Joseph Haydn (auteur de soixante-huit quatuors, premiers spécimens vers 1757-1762) qui a été en contact direct avec Mozart et Beethoven, c’est-à-dire avec ceux par qui passera la grande ligne évolutive du genre dans cette même ville.

Haydn et Boccherini se connaissaient, puisque vers 1780, Haydn cherchait désespérément à se mettre en contact avec l’émigré italien, alors perdu à Las Arenas de San Pedro. Mais s’ils ont tous deux créé de leur côté la même chose sans s’être fréquentés, on se doute qu’ils ont dû bénéficier de quelques modèles communs. Il suffit de regarder en amont de ces deux personnages pour découvrir des quatuors de Giovanni Battista Sammartini, de nombreuses pièces à quatre parties sans continuo ou des pièces de contrepoint à quatre voix, du répertoire d’orchestre joué en quatuor, des petites danses improvisées insérées avant les troisièmes mouvements de sinfonie ou concertos ; il existe même une Suonata a 4 pour cordes, sacrée, de Vivaldi. En fait, on passait déjà pas mal de bons moments avec seize cordes, surtout chez les amateurs ! Mais tout ceci reflète un tel mélange de pratiques, formes et types d’interprètes qu’on préfère ne pas trop approfondir ; “le” quatuor ne saurait avoir quelque lien de famille avec une telle bacchanale d’impuretés.

Kitgut présente ici des compositions à quatre parties, anglaises, de la deuxième moitié du xviie siècle, aux côtés du Quatuor op. 71 no 2 de Haydn, composé à Vienne en 1793, entre deux séjours londoniens. Les “curtain music” ou “act tunes”, joués devant les rideaux pendant les changements de décor au théâtre, avaient avant tout pour fonction de ne pas laisser s’échapper l’audience lors des pauses. Il y avait des musiciens spécialisés dans ce genre de besogne et on peut imaginer que l’effectif était le plus souvent réduit au minimum afin que chaque interprète libère le plus possible son charme. On jouait alors souvent des danses sur des basses obstinées (comme ici le Curtain Tune de Purcell), mais aussi des mouvements plus extravagants qui cherchaient à interpeller, surprendre (donc intéresser) l’auditeur : celui de Locke commence avec de grandes gammes qui, guidées par un contrepoint et un chromatisme des plus farfelus, font monter la tension pour aller droit au clash et libérer danse, effets sonores et d’espace, sans oublier les gammes mais cette fois en fusées, avant de revenir, tel Sisyphe, à l’inquiétante atmosphère initiale. L’“Act Tune” de Blow joue également sur les contrastes de genres en projetant une danse lourée dans des méandres contrapuntiques qui la teintent d’inattendues couleurs harmoniques. Il est d’ailleurs curieux de constater, à cette époque où l’harmonie tonale était bien loin d’être l’unique grammaire, que c’est dans les danses qu’on l’utilisait le plus souvent. C’est d’ailleurs par les motifs de danse que l’harmonie tonale s’immisce petit à petit dans les autres genres de compositions. En retour, les danses reçoivent effets sonores et contrepoint comme on l’entend dans ce disque avec celles de Purcell ou de Locke.

En vérité, on devrait parler avec parcimonie de contrepoint dans ce répertoire, car la façon de mener les voix tient encore beaucoup de la polyphonie : les voix se développent souvent sans vraiment prendre en considération ce qui les entoure. Les résultats harmoniques sont plutôt guidés par des choix subjectifs, descriptifs ou pratiques, voire par le hasard, que par des règles d’écriture systématiques ou par un quelconque concept d’équilibre. Les Fantaisies de Purcell illustrent au plus haut degré ce “délire sensible”. La Fantaisie no 5, par exemple, commence avec tellement de chromatisme que cela en devient suspect ; une fugue vient structurer un peu ces torsions avant de céder la place à quelques effets d’espace puis à une danse des plus guillerettes. Même la Fantaisie no 11, plus contemplative, n’échappe pas à son petit bal conclusif. Rien à voir avec “l’art canonique” de Bach.

Environ cent ans séparent ces compositions du Quatuor op. 71 no 2 de Haydn. On sent immédiatement que les règles du jeu ont changé : la forme fait partie de la rhétorique du genre. Mais à bien y regarder l’esprit, les contrastes, les jeux d’espace, les asymétries, les motifs de danse qui aident à structurer les développements les plus libres et expérimentaux, le lyrisme dramatique et théâtral, on se demande _ mais oui ! _ si le joueur ne serait pas le même… Les lignes des parties, bien plus malignes qu’“intelligentes”, montrent combien ce quatuor tardif (Mozart n’était déjà plus là) est avant tout un prétexte à la rencontre de quatre individus, afin qu’ils confrontent et unissent leurs différences.

Le théâtre n’a pas toujours besoin de “curtain”. Une chose est sûre en tout cas : ni Haydn ni Boccherini ne connaissaient notre siècle ; ils n’évoluaient, comme tous, que dans un présent lié à un vague passé. Rendons-nous à l’évidence : le passé nous tourne le dos ! Et si certaines de ses expressions continuent de nous inspirer, c’est parce qu’elles reflètent quelque chose qui ne dépend guère du temps.

OLIVIER FOURÉS

Aucun “oracle” n’aurait prédit la réunion de ces quatre musiciens aux profils si variés et contrastés. Et pourtant, après une première rencontre, Amandine Beyer, Naaman Sluchin, Josèphe Cottet et Frédéric Baldassare créent en 2015 le Kitgut Quartet _ voilà _, sur instruments d’époque et cordes en boyaux. Forts de leurs expériences de chambristes et de solistes dans les grandes formations d’Europe, ils mettent en commun leur désir de faire vivre sous leurs archets les grandes pages du répertoire, ainsi que les curiosités et les œuvres oubliées, dans une tradition empreinte de liberté, d’enthousiasme et de partage.

Leur premier projet interroge les origines du quatuor à cordes et explore les diverses tentatives en Europe, avant la période classique, d’une écriture proprement instrumentale à quatre voix _ c’est passionnant, et très réussi ! En quatre chapitres, autour de Schubert et l’Allemagne, Mozart et l’Italie, Beethoven et la France, Haydn et l’Angleterre, les Kitgut proposent cette autre perspective de la naissance du quatuor, avec l’envie de rendre sur scène ce qui les accompagne en répétition : dialogue, amusement et spontanéité ! _ oui. La musique est d’abord jeu, et joie.

Amandine Beyer _ elle est née en 1974 _ étudie le violon au CNSMD de Paris puis à la Schola Cantorum de Bâle dans la classe de Chiara Banchini. Elle profite également de l’enseignement de Christophe Coin, Hopkinson Smith et Pedro Memelsdorff. En 2001, elle remporte le Premier Prix du concours Antonio Vivaldi à Turin. Depuis, elle donne des concerts dans le monde entier comme soliste et Konzertmeister, mais aussi avec son propre ensemble, Gli Incogniti, qu’elle fonde en 2006. Dans un esprit de liberté, de plaisir et de partage, ils abordent ensemble le répertoire baroque (Bach, Vivaldi, Couperin…) mais aussi, depuis 2017, le répertoire classique avec C. P. E. Bach, Haydn et bientôt Mozart.

En parallèle, Amandine Beyer s’adonne à la musique de chambre avec des partenaires tels que Pierre Hantaï, Kristian Bezuidenhout, Andreas Staier, Giuliano Carmignola, dans un répertoire allant du baroque au romantique. Elle forme aussi un duo avec la pianiste Laurence Beyer.
La discographie d’Amandine Beyer, en soliste ou avec Gli Incogniti, est saluée à l’unanimité par la critique et récompensée par les plus hautes distinctions (Diapason d’Or, Choc de l’année, Gramophone Editor’s Choice, ffff de Télérama). Passionnée de transmission, Amandine Beyer est professeur de violon à la Schola Cantorum de Bâle depuis 2010.

La musique se transmet de génération en génération chez les Sluchin, et c’est tout naturellement que Naaman Sluchin _ il est né le 1er décembre 1978 _ s’est consacré au violon. Sa passion pour la nouveauté et la diversité l’a amené à construire sa technique en étudiant à la fois l’école russe, l’école américaine (à Bloomington et à la Juilliard School) et l’école franco-belge dans la lignée d’Eugène Ysaÿe. Il est par ailleurs diplômé de la Schola Cantorum de Bâle.

Pendant sept ans _ de 2005 à 2011 _, il est membre du Quatuor Diotima _ il est présent en 2007 et en 2010 dans les enregistrements pour Alpha des 3 Quatuors à cordes (CD Alpha 125) et du Poème symphonique Le Balcon (CD Alpha 175) de Lucien Durosoir _, puis continue de développer son répertoire avec notamment l’Ensemble Talisma ou le Kitgut Quartet. Il participe régulièrement aux projets de musique contemporaine de l’Ensemble Cairn et se joint à la compagnie Rosas de Anne Teresa De Keersmaeker pour Achterland autour des Sonates d’Ysaÿe. Par ailleurs, il a été pendant sept ans le violon solo de La Chambre Philharmonique sous la direction d’Emmanuel Krivine et il a rejoint en 2020 l’Orchestre de l’Opéra de Rouen en tant que super soliste.

Depuis 2010, Naaman Sluchin enseigne au Conservatoire royal de Bruxelles. Il joue selon les répertoires et les envies sur un violon Tononi de 1725 ou sur un violon américain fabriqué pour lui par John Young en 2008.


Après avoir étudié l’alto moderne au Conservatoire de Versailles dans la classe de Jacques Borsarello, ainsi que l’Art dramatique dans la classe de Danièle Dubreuil, Josèphe Cottet poursuit ses études en violon et alto baroque au Conservatoire d’Aubervilliers-La Courneuve dans la classe d’Hélène Houzel. Elle complète sa formation instrumentale par des master classes avec Odile Édouard, Patrick Bismuth, Amandine Beyer, Enrico Onofri ou Stéphanie Paulet. Elle se spécialise alors en musique ancienne et joue dans différentes formations, notamment Pygmalion, Les Ombres, Les Musiciens du Paradis, l’Ensemble Correspondances, Les Cris de Paris, Les Traversées Baroques ou Mensa Sonora.

La musique de chambre lui permet d’aborder des répertoires très différents : la Renaissance avec La Bande de violons et la Compagnie Outre-Mesure ; le répertoire baroque avec L’Escadron Volant de la Reine (dont elle est l’un des membres fondateurs et avec lequel elle remporte le Concours international du Val de Loire en 2015) ; et les styles classique et romantique avec notamment le Kitgut Quartet et Les Curiosités Esthétiques.

Titulaire d’un premier prix de violoncelle moderne au CNSMD de Paris et d’un diplôme de musique ancienne au Conservatoire à rayonnement régional de Paris en violoncelle baroque, Frédéric Baldassare développe ses activités musicales dans plusieurs directions complémentaires. Il est membre de différents ensembles de musique contemporaine (2e2m, Cairn, Alternance, Court-Circuit) et joue aussi avec le Quatuor Onyx ainsi qu’avec beaucoup d’ensembles sur instruments d’époque (Les Arts Florissants dirigés par William Christie, l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique dirigé par John Eliot Gardiner, entre autres). Il est continuiste dans des ensembles comme Les Musiciens du Louvre dirigés par Marc Minkowski, Les Nouveaux Caractères dirigés par Sébastien d’Hérin ou Les Cris de Paris dirigés par Geoffroy Jourdain.

 

Un somptueux Quatuor à cordes opus 12 de Felix Mendelssohn par le Minguet Quartett

21oct

Passionné que je suis

par la musique de chambre _ tout particulièrement _ de Felix Mendelssohn (1809 – 1847),

me voici _ tout spécialement _ transporté par l’interprétation

que donne présentement le Minguet Quartett,

en son splendide CD String Quartets vol. 2 de Felix Mendelssohn,

le CD CPO 777 931-2,

du merveilleux Quatuor à cordes opus 12 du compositeur,

composé en Angleterre et en Écosse en 1829

_ un Mendelssohn, en la fleur de la jeunesse de ses fougueux et élégants 20 ans.

C’est en effet le descendant et héritier de l’esprit Sturm und Drang de ses maîtres

_ Carl Friedrich Zelter (1758 – 1832),

élève de Carl Friedrich Christian Fasch (1736 – 1800),

qui avait succédé, au poste de deuxième claveciniste, à CPE Bach, en 1755, à la cour de Frédéric le Grand à Potsdam… _,

à partir de l’immense Carl Philipp Emanuel Bach (1714 – 1788),

que j’apprécie tant !

Une interprétation du Minguet Quartett

qui sait allier

_ ô combien merveilleusement _

la fougue et le feu

de ce Sturm und Drang

à la grâce et l’élégance

héritées, elles, de Mozart…

Soit une réalisation discographique mendelssohnienne parfaite !!!

Ce dimanche 21 octobre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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