Par Édith Anselme
Publié le 21/12/2023 à 15h53.
Mis à jour le 21/12/2023 à 16h09.
Adieu belles daurades à l’ail et côtes de bœuf savoureuses ! Les dernières gouttes de cidre seront bues, ce vendredi 22 décembre, avec nostalgie _ oui ! _ à la cidrerie Camino Berri, de la famille Belloqui _ Beloqui, avec un seul L… _, au bord de la route qui mène de Biriatou à Urrugne _ ou bien d’Urrugne à Béhobie, pour qui vient de Ciboure et Saint-Jean-de-Luz…

La nouvelle _ connue (et redoutée) dès cet été _ a provoqué un souffle de nostalgie et de regrets _ très vifs _ chez les habitués _ dont j’étais _ de la cidrerie Camino Berri, qui affluent pour déguster encore une fois le menu traditionnel _ celui du jour : toujours parfait ! _, boire la dernière goutte de cidre _ merveilleux !!! _ et surtout embrasser Denise _ dans la salle _ et Anne-Marie _ à la cuisine _, deux des cinq sœurs Beloqui _ avec Marie-Hélène, Yvette, les deux aînées, et la benjamine, sont le prénom m’échappe. Leur frère aîné, Émile (né à Biriatou le 22 mai 1951), est décédé d’un AVC à la mi-temps d’un match de rugby le 2 février 1977, à l’âge de 25 ans… De près ou de loin, toutes ont perpétué la tradition de l’établissement créé par leurs grands-parents _ François et Maria Beloqui.

Elles racontent volontiers la belle histoire d’une famille soudée et travailleuse : « Notre grand-père François _ Francisco-Maria Beloqui Artola, fils d’Ygnacio Beloqui et Hilaria Artola _ est né à Fontarabie en 1885 _ plus précisément le 10 octobre 1884  _, notre grand-mère Maria est née en 1888 à Lezo _ en Guipuzcoa, une petite cité limitrophe de Pasajes de San Juan. Un jour _ de 1922, très probablement si je me fie aux lieux et dates de naissance d’au moins 12 de leurs 14 enfants… : ce jour de 1922, Francisco, le père, avait 37 ans, et Maria, la mère, 34 ans ; et au moins 7 de leurs enfants étaient nés à Lezo (Manuela, le 13 septembre 1908 ; Luisa-Ignaria, le 4 janvier 1910 ; Jose-Francisco, le 18 juin 1912 ; Juan-Jose, le 30 juillet 1913 ; Jesusa-Consuelo, le 10 juin 1915 ; Juana-Josefa, le 19 mars 1919 ; et Martin, le 11 novembre 1921 )… _, ils décident de franchir la Bidassoa et de s’installer à Camino Berri, sur la commune de Biriatou _ où leurs sont nés encore 5 autres enfants : Ignace, le 15 mars 1923 ; Antoine, le 2 novembre 1924 ; Joseph-Manuel, le 1er novembre 1916 ; Jean-Louis, le 15 juin 1928 ; et Jean-Marie, le 19 janvier 1932. Et leur père, François Beloqui, a obtenu la nationalité française le 1er juillet 1930. Ils proposent un casse-croûte accompagné de cidre aux pêcheurs de Ciboure et aux ouvriers qui se distraient avec un jeu de Toka. »

« L’autoroute n’existait pas »

En contrebas de la maison, des pommiers, des vaches, un potager. « Nos parents _ Joseph-Manuel Beloqui (Biriatou, 1er novembre 1926 – Biriatou, 1er juin 1991) et son épouse Marie-Thérèse Soroeta (Urrugne, 19 décembre 1931 – Biriatou, 11 mai 2022) _ ont pris la suite en proposant toujours le casse-croûte, puis un menu ouvrier _ formidable ! Ils organisaient aussi des méchouis et ont proposé des côtes de bœuf et de la daurade. À l’époque, l’autoroute n’existait pas, les camions s’arrêtaient chez nous _ et cela a bien sûr continué… Dans le hangar, des barriques en bois contenaient le cidre de nos pommes _ voilà ! _ et s’il en manquait, ils le commandaient en Normandie. »

« Nous avons eu une belle jeunesse _ Anne-Marie est née en 1960, et Denise en 1964 _, même si on a beaucoup travaillé. On ne regrette pas, le travail était dur, mais on était heureux »

Cinq filles _  Marie-Hélène, Yvette, Anne-Marie, Denise et Valérie _ et un fils _ Émile (Biriatou, 22 mai 1951 – Biriatou, 2 janvier 1977 ; décédé d’un AVC à la mi-temps d’un match de rugby…) _ naissent _ à Manuel et Maïté Beloqui _, qui donnent un coup de main après l’école, au champ, mais aussi au pressoir. « La fabrication était traditionnelle, on pressait à la main et un jour la tige a percé le plancher ! », sourit Anne-Marie. « Au décès de notre père _ Manuel _ en 1991 _ le 1er juin : il avait 64 ans _, nos deux maris, Étienne _ Echegaray _ et Pierrot _ Ibarburu  _, ont repris la fabrication du cidre, l’entretien des pommiers, le ramassage des pommes ».