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Dans la filiation des Vents mozartiens, avec une pointe d’esprit plus acide : quelques oeuvres pour Vents de Bohème-Moravie de l’Entre-Deux-Guerres-Mondiales (1924 et 1929)…

10nov

C’est dans la filiation des Vents _ telle la merveilleuse « Gran Partita« , mais aussi des pièces beaucoup plus légères et très plaisantes… _ de ce Mozart qui s’est, d’ailleurs, tellement plu à Prague,

que l’Orsino Ensemble (avec l’apport de la clarinette de Peter Sparks, du basson de Llinos Owen, et du piano de James Baillieu _ tiens, tiens, le revoici, cet excellent pianiste... _) vient nous offrir un très plaisant « Echoes of Bohemia – Czech Music for Wind« , le CD Chandos CHSA 5348,

comportant,

outre le « Quintette » Op. 88 N°2 (de 1811-17) d’Antoine Reicha (Prague, 26 février 1770 – Paris, 28 mai 1836), trois œuvres de compositeurs tchèques composées en 1924 :

_ »Mladi« , de Leos Janacek (Hukvaldy, 3 juillet 1854 – Ostrava, 12 août 1928),

et 1929 :

_ le « Quintette«  Op. 10 de Pavel Haas (Brno, 21 juin 1899 – Auschwitz, 17 octobre 1944),

_ ainsi que le « Sextuor » H 174 de Bohuslav Martinu (Polička, 8 décembre 1890 – Liestal, 28 août 1959) ;

composées au mitan _ du moins pour nous… _ de l’entre-deux-guerres-mondiales…

Trois œuvres à la fois emplies d’un vent rapide et frais de joyeuse gaieté _ à la Mozart _, mais aussi mâtinées de pointes d’acidité et de quelques accents d’inquiétude morose ou narquoise _ un peu à la Gustav Mahler (Kaliště, 7 juillet 1860 – Vienne, 18 mai 1911), ce viennois qui a passé son enfance à Iglau (aujourd’hui Jihlava) en cette Moravie où paradaient festivement de martiales fanfares, aux échos si fréquents dans sa marquante musique…

Ces années 1924 et 1929, la patrie de ces musiciens se nommait « Tchécoslovaquie« .

Un CD original et bien intéressant,

qui nous touche par ces divers accents-là, entremêlés et fondus.

Ce vendredi 10 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir un chef d’oeuvre (de 1925) d’Erwin Schulhoff (1894 – 1942), dans l’interprétation électrisante (en 2021) de Josef Spacek, violon, et Tomas Jamnik, violoncelle…

09nov

C’est à la fois mon goût pour les compositeurs _ Leoš Janáček, Bohuslav Martinú, etc. ; Antonín Dvořák, Josef Suk aussi… _ ainsi que les interprètes _ ici le violoniste Josef Špaček et le violoncelliste Tomáš Jamnik ; et d’autres fois, le pianiste Ivo Kahánek, la hautboïste Anna Paulová, le chef d’orchestre Jakub Hrůša, etc. (cf par exemple mes articles du 5 mars 2020 « «  et du 12 août 2023 « « ) : toute une nouvelle génération d’interprètes hyper-talentueux, voire géniaux… _ tchèques,

qui,

suite à mon audition du CD « Martinu – Concerto for Violin – Piano and Orchestra – Violin Sonata N°3 – Five Short Pieces« , soit le CD Supraphon SU 4330-2, par le violon de Josef Špaček, le piano de Miroslav Sekera et le Prague Radio Symphony Orchestra dirigé par Petr Popelka,

m’a fait aussitôt commander à mon disquaire préféré le CD, paru en mai 2022, « Paths – Janáček – Schulhoff – Klein – Martinú« , soit le CD Supraphon SU 4304-2

_ regarder et écouter ici cette éloquente vidéo de présentation (de 3′ 20) de ce très marquant CD « Paths«  par Josef Špaček et Tomáš Jamnik ; une vidéo dont j’avais donné un accès en mon article « «  du 17 octobre dernier ; et qui m’avait amené à commander immédiatement de CD « Paths » qui, de fait, m’enchante formidablement aujourd’hui, à sa réception

Un CD tout bonnement magnifique,

tant par les musiques _ un arrangement pour violon et violoncelle, par Jiri Kabat, du « Quatuor n°1, d’après la « Sonate à Kreuzer » de Tolstoï » (de 1923) de Leoš Janáček (1854 – 1928) ; le « Duo pour violon et violoncelle«  (de 1925) d’Erwin Schulhoff (1894 – 1942) ; le « Duo pour violon et violoncelle«  (de 1941) de Gideon Klein (1919 – 1945) ; et les « Duos pour violon et violoncelle n°1« , H 157 (de 1927) et « n°2« , H 371 (de 1958) de Bohuslav Martinú (1890 – 1959)  _

que par leur interprétation, merveilleusement électrisante (!), du violon de Josef Špaček (né à Třebíč le 17 octobre 1986) et du violoncelle de Tomáš Jamnik (né à Prague le 3 mars 1985) :

quels musiciens stupéfiants tous les deux !!!

Jusqu’ici, mon attention ne s’était jamais vraiment portée sur ce compositeur, Erwin Schulhoff (Prague, 8 juin 1894 – Wülzburg, 18 août 1942) ;

et cela alors même que, de ce « Duo pour violon et violoncelle » de 1925, ma discothèque personnelle comporte au moins deux interprétations :

_ l’une, elle-même magnifique, en 1986 au Festival de Lockenhaus, dans un superbe coffret de 5 CDs ECM New Series 2190-94  476 4509 « Gidon Kremer Edition Lockenhaus« , par le violon de Philip Hirschhorn et le violoncelle de David Geringas _ et en voici justement le podcast (de 17′ 16)… _ ;

_ l’autre, je dirais honorable, en 2003, dans le CD « Schulhoff – Chamber Music for Strings – Concertino » Praga Digitals PRD-DGD 250 203, par le violon de Pavel Hůla et le violoncelle de Michel Kaňka…

Mais le jeu de Josef Špaček et Tomáš Jamnik, et pas seulement pour ce « Duo » d’Erwin Schulhoff, mais pour les 4 autres œuvres _ de Leoš Janáček, Gideon Klein et Bohuslav Martinú _ ici si magistralement interprétées, est absolument transcendant : follement enthousiasmant !

Au point que je désire ardemment, à partir de ce chef d’œuvre de 1925 de Schulhoff aussi magistralement interprété ici par Josef Špaček et Tomáš Jamnik, découvrir au plus vite, et si possible par d’aussi transcendants interprètes que ces deux-ci, tout l’œuvre de ce génial et très singulier compositeur qu’est Erwin Schulhoff

À suivre…

Ce jeudi 9 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’art de composer un programme de concert (et de disque) : la magie du CD « Bartok, Janacek & Kurtag » de Benedek Horvath, en novembre 2018 à Paris…

21oct

Dans la continuité de mes articles d’avant-hier «  » et hier « « ,

c’est sur l’art de composer un programme aussi magique que celui du CD Artalinna ATL 027 « Bartok, Janacek & Kurtag« , que je désire ce matin me pencher d’un peu près…

En mes articles «  » du 8 octobre et «  » du 9 octobre dernier, et dans l’esprit de précédents articles consacrés à l’oeuvre de Bela Bartok, c’était l’œuvre éminemment singulière et si prenante de Bela Bartok qui avait initié de polariser ma curiosité…

Et c’est dans la poursuite de l’exploration de cette curiosité-là _ que je qualifierais de « Bartok«  _ que l’article « Paysages imaginaires » de Jean-Charles Hoffelé en date du 3 octobre dernier, m’avait conduit à aussitôt commander ce CD Artalinna ATL 027 « Bartok, Janacek & Kurtag » de Benedek Horvath, reçu et écouté le 8 octobre…

Et c’est tout de suite la magistrale, si idéalement brumeuse, interprétation de « Dans les brumes » (de 1913) de Leos Janacek, qui, de fait, m’a immédiatement saisi, subjugué, et très vite confondu d’admiration éperdue pour le magistral poétique art d’interpréter de Benedek Horvath _ écoutez ici : les podcasts des mouvements I (3’28), II (3’45), III (2’30), et IV (4’19) de ce sublime « Dans les brumes« , par Benedek Horvath… _cf ainsi mon article d’hier « « …

Cependant, peu à peu, en mon écoute en boucle de ce merveilleux CD de Benedek Horvath, et comme insidieusement,

c’est la petite douce et très tendre musique de György Kurtag en ses « Éclats » (de 1973) et en ses « Jeux« , « Jatekok » (de dates diverses), qui s’est imposée aussi à mon admiration éperdue, telle qu’ainsi servie par la poésie de ce jeu de piano magique de Benedek Horvath ;

me faisant presque oublier les bartokiennes « Improvisations sur des chants paysans hongrois » (de 1920) et les « Danses roumaines » (de 1910) que je désirais, au départ de ma curiosité, écouter…

De György Kurtag, je possède plusieurs CDs _ dont le magistral CD BMC CD 233 du Budapest Music Center Records « György and Marta Kurtag play Kurtag« , en une sélection de 39 « Jatekok«  enregistrés en 1978, 1988, 1993 et 2001 (+ une « Suite pour 4 mains«  de 1950-51, enregistrée, elle, en 1955… ; jeter aussi un œil et une oreille à cette vidéo, par Zoltan Kocsis, hélas moins poétique à mon goût que ce que propose ici, en ce CD Artalinna, Benedek Horvath, dont voici des accès aux podcasts :

« Livre VI n°18 » (2′ 35), « Livre III n°4b«  (1′ 26), « Livre II n°21«  (0′ 33), « Livre II n°5«  (0′ 15), « Livre VI n°6«  (0′ 46), « Livre I n°57«   (1′ 04) et « Livre II n°37«  (2′ 30)… _,

mais qui n’avaient jusqu’ici pas suscité pareil sentiment d’admiration éperdue que celui éprouvé à l’écoute, ce jour, de ce magique CD de concert live de Benedek Horvath…

Peut-être, justement, une affaire de programme subtilement, c’est-à-dire poétiquement, composé de concert ;

en plus de la magie, ensuite, du jeu sur le piano…

Voilà !

Ce samedi 21 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ré-écouter et re-comparer diverses interprétations du chef d’oeuvre « Dans les brumes » de Leos Janacek, au regard, aujourd’hui, de la poésie si intense et juste du piano ultra-sensible et fort de Benedek Horvath…

20oct

Dans la poursuite des réflexions de mon article d’hier «  » à propos de mon émerveillement pour le piano justissime de Benedek Horvath _ né à Budapest en 1989, Benedek Horvath avait donc 27 ans lors de l’enregistrement, à Paris, au mois de novembre 2018, de son merveilleux CD « Bartok, Janacek & Kurtag » Artalinna ATL 025 _,

je me décide ce matin à comparer, à l’écoute des divers CDS, son sublime « Dans les brumes« , ce chef d’œuvre transcendant de Leos Janacek, avec les interprétations précieusement thésaurisées de ma part en ma discothèque personnelle de

_ Rudolf Firkusny (à Munich en 1971, pour Deutsche Grammophon, et à New-York en 1989, pour RCA),

_ Radosval Kvapil (à Paris en 1989 pour Adda),

_ Alain Planès (à Aulnay-sous-Bois en 1994 pour Harmonia Mundi),

_ Leif Ove Andsnes (à Snape – Suffolk en 1995 pour Virgin Classics),

_ Cathy Krier (à Luxembourg en 2013 pour CAvi-Music)

_ ou encore Lars Vogt (à Cologne en 2020 pour Ondine)…

Ce qui incidemment me renvoie aussi à un article mien du 13 mars 2022 : «  » :

Ecouter et comparer diverses interprétations de « Dans les Brumes » de Leos Janacek…

— Ecrit le dimanche 13 mars 2022 dans la rubriqueMusiques

Je me suis demandé à laquelle des interprétations de « Dans les brumes » de Leos Janacek (Hukvaldy, Moravie, 3 juillet 1854 – Ostrava, Moravie, 2 août 1928) que ma discothèque comporte, allait ma préférence :

Rudolf Firkusny (en 1971 et 1989) ? Radoslav Kvapil (en 1989) ? Leif Ove Andsnes (en 1990) ? Alain Planès (en 1994) ? Cathy Krier (en 2013) ?

Ou bien à la plus récente d’entre elles (en 2021) : celle de Lars Vogt ?..

Le génie si idiosyncrasique de Leos Janacek est terriblement malaisé à « attraper » par les interprètes qui osent se frotter à sa musique…

Pour ma part, déjà, je préfère le quelque chose de plus légèrement râpeux de Radoslav Kavpil (Brno, Moravie, 15 mars 1934) à l’élégance irrépressible et magnifique de Rudolf Firkusny (Napadjedl, Moravie, 11 février 1912 – Staatsbourg, New-York, 19 juillet 1996) ;

et tous deux sont eux aussi moraves…

Dans mon article du 10 janvier 2018 (« « ), j’avais exprimé une certaine admiration pour le talent très probe et vif de Cathy Krier (Luxembourg, 17 janvier 1985), dans son double album Janacek…

….

Et j’aime aussi beaucoup l’art toujours très juste d’Alain Planès (Lyon, 20 janvier 1948) : en son CD Janacek, également… 

Et Leif Ove Andsnes (Karmøy, 7 avril 1970) est vraiment très bien lui aussi, assez proche de l’élégance rêveuse, morave, de Rudol Firkusny…

Mais Lars Vogt (Düren, 8 septembre 1970) est absolument fidèle à l’idiosyncrasie incisive, à l’occasion râpeuse, et tendre sans le moindre pathos, de Leos Janacek…

Ce dimanche 13 mars 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un article d’il y a 18 mois qu’il me faut, à la réécoute aujourd’hui de ces diverses interprétations, et comparativement au jeu absolument justissime de Benedek Horvath,

nécessairement revoir et ajuster…

Et je dois dire que l’interprétation live, de novembre 2018, de Benedek Horvath touche le cœur le plus intime de la poésie à la fois incisive et tendre, tragique aussi, de Leos Janacek : un vrai miracle d’intelligence et sensibilité du pianiste ;

nous frémissons à ressentir sur la peau les gouttelettes des brumes nimbant le paysage ouateux et mouvant des vallons et tourbières de Moravie…

Ce vendredi 20 octobre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le choc du piano de Leos Janacek sous les doigts de magicien de Benedek Horvath, en un concert rien moins que parfait…

19oct

C’est sur la foi de l’enthousiasme communicatif du très fiable Jean-Charles Hoffelé en son article du 3 octobre dernier « Paysages imaginaires« ,

PAYSAGES IMAGINAIRES

Il faut bien plus que des doigts _ et comment ! _ pour saisir le presque-rien _ voilà _ qui ouvre dans un regret onirique les Improvisations que Bartók tissa sur les chants de paysans hongrois notés lors de ses voyages dans les villages de la puszta. La matière sonore éthérée que suscite le toucher immatériel _ unique… _ de Benedek Horváth est déjà emplie de ce sfumato qui tissera tant de mystères au long de _ ce chef d’œuvre sans égal qu’estDans les brumes, cette esquisse quasi abstraite coulée de la plume de Janáček, dont la Sonate rythme un peu plus loin le programme de ce concert parfait _ absolument !

Couleurs, pesées, pédale économe mais efficace – elle ne dissout jamais les attaques ou les rythmes chez Bartók _ comme il est absolument nécessaire, bien sûr _, écoutez la précision du tambour qui ouvre la première des deux Danses roumaines. Ce piano est une pure machine à imaginaire, qui impose jusque dans les irisations de Játékok – hélas seulement une sélection – des visions entre rêve et cauchemar que Kurtág aura notées dans sa calligraphie arachnéenne. Merveille _ oui ! _ qui exige une science de faire sonner l’instrument que j’aimerais entendre s’employer _ aussi _ à Debussy.

Aussi raffiné et complexe que soit le jeu de Benedek Horváth, dont j’avais tant aimé le premier album _ en 2016 _ où déjà s’affirmait la fusion KurtágBartók, et paraissait sous masque le compositeur de Jenůfa (l’opus de Kurtág, Les Adieux, est noté « à la manière de Janáček »), c’est la nature même de sa sonorité, ample, boisée, profonde, abolissant les marteaux à force de timbres – cela est sensible dans les écarts d’Éclats, l’autre opus de Kurtág présent au programme – qui me rend ce pianiste si physiquement proche _ oui, oui, oui.



Magnifique disque _ vraiment !!! _, dont la perfection ne laisse pas croire qu’il a pu être capté en public _ si : il fallait cette vie…

LE DISQUE DU JOUR

Béla Bartók (1881-1945)


Improvisations sur des chants paysans hongrois, Op. 20,
Sz. 74, BB 83

2 Danses roumaines, Op. 8a, Sz. 43, BB 56


Leoš Janáček (1854-1928)


Dans les brumes, JW 8:22
Sonate pour piano « 1.X.1905 », JW 8:19


György Kurtág (né en 1926)


Szalkak (Éclats), Op. 6d
Játékok (selection : Livre VI, Nos. 18, 6 ; Livre IV, No. 3b ; Livre II, Nos. 21, 5, 37 ;
Livre I, No. 57)

Benedek Horváth, piano

Un album du label Artalinna ATL-A027

Photo à la une : le pianiste Benedek Horváth – Photo : © DR

..

 

que je me suis empressé de commander le CD Artalinna « Bartok, Janacek & Kurtag« , le CD Artalinna ATL 027,

que je viens de recevoir ce jeudi, et qui immédiatement m’enchante,

tout spécialement dans le piano si singulier de Leos Janacek, « I-X-1905 » et « Dans les brumes« …

Avec pour conséquence mon intention de commander aussi, et au plus vite, le précédent CD Artalinna « Liszt, Bartok« , ATL 013,

dont voici ce que l’excellent Jean-Charles Hoffelé disait, déjà, en un article intitulé « Hungaria« , paru sur son site Discophilia le 11 octobre 2016,

il y a tout juste 7 ans déjà :

HUNGARIA

Le lent carillon qu’égrène dans le vent du soir György Kurtág au long de sa pièce inspirée par La Vierge de Frydek de Janáček et qu’il aura nommée « Les Adieux » ouvre et referme ce disque dédié à l’âme hongroise par Benedek Horváth, vingt cinq ans _ en 2016. Il en prolonge l’écho avec En rêveLiszt fait entendre à la reprise un glas que tant de pianistes oublient de faire sonner ; pas lui. Musiques de cloches _ et à quand Ligeti ?.. _, art de la résonance, mise en espace des claviers divers que savent susciter un emploi savant de la pédalisation, déjà rien qu’en cela, du grand art _ voilà.

Un jeune pianiste ? Un maître _ oui. Écoutez seulement l’orchestre qu’il déploie de son piano dans la plus littéraire, la plus habitée version d’Après une lecture du Dante que j’ai entendue depuis celle(s) de Claudio Arrau. Il y faut un clavier profond et des doigts héroïques, une armure de virtuose, une âme de poète ; il les a toutes deux. Voilà pour la preuve.

Mais pour l’esprit, qui se ressent et ne se prouve pas, la cantilène fragile qui ouvre En rêve de Liszt – une apparition juste inquiète comme il faut, un Füssli en sons –, la sélection si sentie opérée principalement dans les Deuxième et Troisième Cahiers de Pour les enfants de Bartók, vous en diront plus : ce piano en timbres, ces phrasés tendres mais sans sucre, cette grâce d’une suspension de l’harmonie au détour d’un accord, quelle grammaire, quel style à vingt-cinq ans !

Et si vous préférez le virtuose, l’Allegro barbaro de Bartók, la Sixième Rhapsodie de Liszt, tous deux dits à plein clavier, hantés par des verbunkos guerriers, déclamés, vous en apprendront plus, sans que jamais le musicien ne s’absente.

Pourtant, le sommet du disque reste selon moi la Sonate de Bartók, partition complexe que seul jusqu’alors Dino Ciani aura su incarner, motoriste et crâneur à la fois. Horváth y met une touche de grand fauve, creusant le clavier, jouant non d’un piano mais quasi d’un gamelan. Ce que faisait aussi Ciani, mais il lui en coûtait. Secret du hongrois _ un héritage de la langue ? _ : le tempo, qui lui donne tout le temps de glorifier le corps harmonique. Mais au fond, voilà le secret de son art : il joue non pas à deux mains mais à dix doigts. Cette plénitude du son ne s’explique pas autrement que par cette pratique qui transmue l’horizontalité du clavier en un orchestre.

Vite, une suite que je verrais bien chez Beethoven.

LE DISQUE DU JOUR

Bartok_Lisszt_Cover1110György Kurtág (né en 1926)


Les Adieux (in Janáceks Manier) (2 versions)


Franz Liszt (1811-1886)


Im Traum, S. 207
Après une lecture du Dante (No. 7, des Années de pèlerinage II,
S. 161)

Rhapsodie hongroise No. 6
en ré bémol majeur, S. 244/6


Béla Bartók (1881-1945)


Allegro Barbaro, Sz. 49, BB 63
Sonate pour piano, Sz. 80, BB 88
Pour les enfants, Sz. 42, BB 53 (sélection)

Benedek Horváth, piano

Un album du label Artalinna ATL-015

Photo à la une : © Jean-Baptiste MillotCDs Artalinna, 

Quel choc !

Jamais je n’avais aussi bien perçu, chez de merveilleux interprètes pourtant, le génie si singulier et vraiment extraordinaire de l’immense Leos Janacek _ le morave _ en ces 2 sonates pour piano,

que sous ces doigts magiques de Benedek Horvath !

Et voici, aussi, une vidéo (de 13′ 23) d’une interprétation de ce même magique « Dans les brumes » de Janacek, par Benedek Horvath, enregistré en concert le 10 novembre 2018

_ sur ce CD Artalinna AT L, la pièce dure 14′ 04 ; et le CD a été enregistré à l’église évangélique Saint-Marcel, à Paris, les 11-13 et 14 novembre 2018 ! Juste après cette prise en concert du 10 novembre 2018…

Chapeau bien bas, l’artiste !

Nous te suivrons désormais…

Ce jeudi 19 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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