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Quelques nouvelles pistes de recherche pour mieux comprendre le déni de la part de certains, de la parenté effective (de cousinage au 3e degré) existant entre Maurice Ravel (1875-1937) et Magdeleine Hiriart (1875-1968), l’épouse (le 28 septembre 1901) de Charles Gaudin (1875-1910)…

22avr

Suite à de nouveaux échanges de correspondance,

voici ces réflexions-ci, aujourd’hui vendredi 22 avril 2022.

 

ll me semble que désormais a vraiment été « intégré » le cousinage très effectif, au 3e degré, de Magdeleine Hiriart-Gaudin avec Maurice Ravel,

nés à 4 jours d’intervalle, les 7 et 11 mars 1875, lui à Ciboure, et elle à Saint-Jean-de-Luz.
La résistance à l’admettre vraiment, jusqu’au déni tenu face à ses propres enfants, par exemple, de la part d’Edmond Gaudin (1903-1988), est probablement issu du fait que dans la famille Bibal-Gaudin, le petit-neveu d’une « gouvernante » _ Gachucha Billac _ et le fils d’une « femme de chambre » _ telle que l’a probablement été un court moment Marie Delouart, avant son départ en Espagne pour assister la modiste parisienne Madame Félix, puis, surtout, au retour d’Espagne, son mariage avec Joseph Ravel, le 3 mars 1873, à la mairie du XVIIIe arrondissement, à Paris _ tel qu’était en effet le petit Maurice Ravel, en son enfance et son adolescence, lors des vacances qu’il passait à Saint-Jean-de-Luz, auprès de sa grand-tante et marraine Gachucha Billac, « domestique » dans la famille Gaudin, 
pouvait un peu difficilement passer tout de suite _ et même après, pour des raisons que j’ignore et qui me font question… _ pour un cousin effectif des grands amis Hiriart, et désormais parents, une fois réalisée l’union de Magdeleine Hiriart _ cousine au 3e degré de Maurice Ravel _ et Charles Gaudin le 28 septembre 1901, à Saint-Jean-de-Luz _ et Gachucha Billac étant encore vivante : elle décèdera moins de trois mois plus tard, le 17 décembre 1901, bien sûr au domicile des Gaudin, 41 rue Gambetta à Saint-Jean-de-Luz…
Lui le petit Maurice dont la mère Marie Delouart, née à Ciboure en 1840, et la grand-mère Sabine Delouart, à Ciboure, en 1809, étaient toutes deux nées de pères inconnus.
Et en effet le tout premier ancêtre masculin, en remontant dans le temps, de la branche maternelle de Maurice Ravel, était le cibourien Gratien Delouart (Ciboure, 1er mai 1748 – Ciboure, 21 août 1798)…
Et de fait, toute sa vie de musicien célébré de par le monde entier, le discret et foncièrement humble Maurice Ravel a gardé trace, même discrète _ et entièrement prise sur soi _ de cette situation-là…
Nonobstant son génie vraiment hors-pair de compositeur…
Cf ce qu’en dit le compositeur Karol Beffa dans le sublime entretien vidéocasté que j’ai eu avec lui à Bordeaux le 25 mars dernier ;
ainsi que dans son merveilleusement passionnant livre « L’Autre XXe siècle musical »…
Je suis sûr que les échanges à venir à propos de la famille luzienne des Gaudin, et au sujet des liens des membres de celle-ci avec Maurice Ravel
(ainsi que sa mère Marie Delouart, et que sa grand-tante et marraine Gachucha Billac),
seront non seulement passionnants, mais aussi très féconds pour un peu mieux éclairer l’histoire même de ces liens, 
restés difficiles à connaître jusqu’ici, notamment faute d’abord de documents tangibles sur lesquels se fonder,
en plus de la transmission de la mémoire familiale des Gaudin et Courteault…
 
En particulier pour ce qui concerne les séjours du petit Maurice à Saint-Jean, durant son enfance, puis son adolescence : cf les témoignages transmis au sein de la famille Gaudin…
Ainsi que, et c’est aussi important, en ce qui concerne les liens ayant existé avant 1875 _ la naissance à Ciboure, le 7 mars 1875, du petit Joseph-Maurice _ entre la mère de Maurice Ravel, Marie Delouart et l’arrière-grand-mère, Annette Bibal-Gaudin, de Maylen Gaudin-Lenoir (fille de Charles Gaudin et son épouse Magdeleine Hiriart-Gaudin) et Pascal Courteault (fils de Jane Gaudin et son époux Henri Courteault).
Mais aussi, et forcément très lié à ces liens-là, pour mieux cerner l’historique, encore confus, de la situation de Gachucha Billac, la tante (et plus proche parente après Sabine Delouart, sa mère) de Marie Delouart, la mère de Maurice, auprès des Gaudin :
Edmond Gaudin et Annette Bibal se sont mariés à Saint-Jean le 23 janvier 1875 ;
et nous savons que Marie Delouart se trouvait à cette date présente à Ciboure _ il est donc tout à fait possible, et même très probable, qu’elle a assisté au mariage d’Annette et Edmond ce 23 janvier ! _
en raison
d’une part du décès (et ses suites) de sa mère, Sabine Delouart (décédée le 22 décembre 1874, en la maison San Esteven, rue du Quai, et mentionnée sur l’acte d’état civil de son décès comme étant de profession « marchande de poissons » ; elle était née le 11 mars 1809),
et d’autre part de l’accouchement à venir, à Ciboure plutôt qu’à Paris, du petit Maurice (ce sera le 7 mars 1875, au même endroit : rue du Quai, n° 12).
Qui, de Sabine Delouart (née en 1809), ou de sa sœur Gachucha Billac (née en 1824), toutes deux mentionnées en ces actes d’état-civil à la mairie de Ciboure des 23 décembre 1874 et 8 mars 1875, comme de même profession : « marchandes de poissons » ; laquelle des deux faisait fonction de « concierge » en la belle maison San Esteven, au 12 de la rue du Quai ?
Et résidait donc au rez-de-chaussée de cette splendide demeure, là même où Marie Delouart accouchera de son petit Maurice le 7 mars, à « dix heures du soir » ?..
Cela demeure encore difficile à trancher…
Le premier-né d’Edmond Gaudin et son épouse Annette, sera Charles, qui naîtra 10 mois plus tard, le 19 novembre 1875.
Il me semble possible d’envisager, du simple fait de l’existence déjà, au moins depuis 1870, de liens _ de domesticité, probablement… _ entre Marie Delouart et Annette Bibal,
l’hypothèse que Gachucha Bibal (née le 15 mai 1824), la tante de Marie Delouart (née le 24 mars 1840),
aurait peut-être été, à moins que ce n’ait été plutôt sa nièce, Marie Delouart, elle-même ! ou bien toutes les deux.., déjà au service de la mère d’Annette Bibal (née le 28 avril 1845), Victoire Dupous (née le 9 juin 1822), veuve de Pierre Bibal (né le 5 septembre 1806) depuis le 12 septembre 1855,
et mère de 9 enfants, nés entre le 7 février 1844 (l’aîné Jean-Baptiste) et le 22 août 1855 (la benjamine Bernardine).
En effet,
même si l’aîné d’entre ces 9 enfants Bibal, Jean-Baptiste Bibal, est décédé (âgé de 27 ans) _ au port de Rochefort _ le 18 février 1871 ; Marie, la jumelle de Pascal, le 13 mars 1849 ; Justine, le 31 mars 1854 ; Marie, le 13 mars 1855 ; et Marie-Martine-Eliza, le 14 octobre 1870,
il s’est trouvé qu’à partir du mois de février 1871, c’est-à dire au décès de ce fils aîné Jean-Baptiste,
encore 4 enfants Bibal demeuraient à la charge de Victoire Dupous, veuve Bibal, au 41 de la Grand Rue
il s’agit de :
Annette (née le 28 avril 1845),
Pascal (né le 12 juin 1847),
Léon-Pierre (né le 1er mars 1849 ; et qui sera peintre lui aussi),
et enfin Bernardine (née le  22 août 1855), qui deviendra la« Tante Bibi » de la correspondance de Maurice Ravel avec sa grande amie Marie Gaudin…
Mais déjà, en amont de cette date de février 1871,
le 12 septembre 1855, au moment de la disparition, à l’âge d’à peine 49 ans, de Pierre Bibal,
la veuve de celui-ci, Victoire Dupous, se trouve avoir à sa charge 6 enfants encore petits :
11 ans pour Jean-Baptiste, 10 ans pour Annette, 8 ans pour Pascal, 6 ans pour Léon-Pierre, 22 mois pour Marie-Martine-Eliza, et 2 mois pour Bernardine.
Et à cette date du 12 septembre 1855, Gachucha Billac avait 31 ans ; et sa nièce Marie Delouart, 15 ans… 
Il serait donc intéressant de savoir à partir de quelle date Gachucha Billac (indiquée de profession « marchande de poissons » et « domiciliée à Ciboure » sur l’acte d’état civil de la naissance de son petit-neveu Maurice Ravel, à la mairie de Ciboure le 8 mars 1875) serait entrée au service de Victoire Dupous, veuve Bibal ;
avant de devenir, mais à quelle date ?, la « gouvernante » des 6 enfants d’Edmond Gaudin ; l’aîné de ceux-ci, Charles, étant né le 19 novembre 1875 ; et le benjamin, Louis, le 23 février 1886 (il décèdera de maladie le 2 novembre 1899).
Et de savoir aussi ce qu’il en a été, plus précisément, du service, dont Pascal Courteault a été, à ma connaissance, le premier à faire état, de Marie Delouart auprès de cette même famille Dupous-Bibal _ c’est-à dire Victoire Dupous-Bibal, puis Annette Bibal-Gaudin _, avant son départ pour Madrid, probablement en 1871, avec la modiste parisienne Madame Félix, en remplacement d’Annette Bibal, retenue cette année-là à Saint-Jean-de-Luz afin de veiller à la convalescence, après blessures de guerre, de celui qui n’était encore que son fiancé, Edmond Gaudin…
Toutes ces questions sont loin d’avoir été résolues,
peut-être, d’abord, faute d’avoir été clairement posées : mais qui s’y intéressait vraiment ?
Il faudrait donc tâcher de réunir, d’une part, des souvenirs de famille transmis d’une génération à l’autre, 
et, peut-être aussi, et surtout, quelques éventuelles traces documentaires tangibles qui auraient pu être conservées…
De toutes façons, c’est détail après détail, indice de piste après indice de piste, que la recherche  est à même, patiemment et méthodiquement, de progresser…
Du moins pour qui s’intéresse à la vérité des faits à établir sérieusement….
À suivre…
Ce vendredi 22 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

 

Pour être un peu plus précis sur le déni de reconnaissance, par Edmond Gaudin (1903 – 1988), de son cousinage effectif avec Maurice Ravel (1875 – 1937), une ébauche de quelques pistes à explorer…

11oct

Afin d’aller un peu plus loin que ma réponse d’hier, dimanche 10 octobre, 

à la question d’Eric Rouyer me demandant d’expliciter davantage ma première réponse au déni de reconnaissance de la part du cousin Edmond Gaudin (1903 – 1988) de son cousinage effectif, via sa mère Magdeleine Hiriart – Gaudin (1875 – 1968), avec le cousin Maurice Ravel (1875 – 1937),

voici une amorce de direction de réponse un peu plus précise,

en l’absence d’indices véritablement concluants :

Cher ami,

 
ma réponse hier à votre question à propos du déni d’Edmond Gaudin (30 mai 1903 – 28 décembre 1988) à l’égard de son cousinage pourtant très effectif avec Maurice Ravel (7 mars 1875 – 28 décembre 1937),
demeure encore bien trop partielle _ et prudente… _ de ma part.
 
Mais il me semble détecter une sorte d’animosité rétrospective _ et probablement postérieurement au décès de sa mère Magdeleine Hiriart-Gaudin, le 19 juin 1968 _ d’Edmond Gaudin à l’égard de son cousin Maurice Ravel,
dont il a pourtant été très proche lors des séjours de celui-ci à Saint-Jean-de-Luz (en 1921, 23, 25, 27, 28, 29, 30, 31 et 32) :
possesseur d’une automobile, Edmond Gaudin véhiculait en effet son cousin lors d’assez nombreuses virées en pays basque, tant espagnol que français…
 
Il est bien sûr extrêmement dommage que n’ait été conservée (et publiée) d’autre correspondance de Maurice Ravel avec sa cousine Magdeleine Hiriart que les deux lettres de condoléances de 1910 et 1914, pour les décès du mari de Magdeleine, Charles Gaudin, sur le fleuve Oubangui, en 1910, et de ses deux beau-frères Pierre et Pascal Gaudin, tués ensemble par un même obus, à leur arrivée au front, le 12 novembre 1914…
 
Et que nous ne disposions d’aucun témoignage de rencontres entre Maurice Ravel et sa cousine Magdeleine dans l’entre-deux-guerres, lors des séjours de Maurice Ravel à Saint-Jean-de-Luz :
Saint-Jean-de-Luz est une petite ville, et même si Ravel venait là surtout pour se reposer et se distraire _ il adorait les bains de mer et nager… _, il est peu vraisemblable qu’il n’ait pas fait un effort pour venir saluer sa très sympathique cousine Magdeleine, dont le domicile, 34 rue Gambetta, était central… Ces années-là, Ravel prenait logement au 9 rue Tourasse, au coin de la rue Gambetta (entre l’église et la place Louis XIV : en face de l’actuelle pâtisserie Pariès)…
 
La famille Gaudin était domiciliée, jusqu’à l’été 1924, tout près du domicile des Hiriart, presque en face, au 41 rue Gambetta _ une large maison héritée des Bibal et des Dupous… _ ;
et c’est devenue veuve de son mari Edmond Gaudin (17 novembre 1844 – 28 décembre 1920), au mois de décembre 1920,
que Annette Bibal-Gaudin (28 avril 1845 – 21 novembre 1936) vendit cette maison du 41 rue Gambetta _ héritée de sa mère Victoire Dupous (9 juin 1822 – 16 juin 1903), veuve de Pierre Bibal (5 septembre 1806 – 12 septembre 1855) ; et devenue trop grande pour elle _,
pour s’installer non loin de là _ même pas 100 Mètres _, au 14 rue du Midi, au mois d’août 1924, avec les survivants Bibal et Gaudin de sa maisonnée : sa sœur Bernardine Bibal (22 août 1855 – 28 février 1843), sa fille Marie Gaudin (3 mars 1879 – 8 décembre 1976), sa petite-fille Annie Courteault (26 septembre 1913 – 21 août 1994)
Et surtout il est dommage que nous ne disposions pas _ jusqu’ici du moins _ de témoignages directs _ nous n’en avons que d’indirects _ d’Edmond Gaudin, lors de ses virées automobiles avec son cousin Maurice Ravel à la fin des années 20 et au début des années 30…
Le jeune Edmond Gaudin se trouvant ainsi un des plus proches témoins des activités de son cousin Maurice Ravel lors des séjours _ de vacances, surtout, mais parfois aussi de travail… _ au pays basque ces années-là…
 
Le déni de parenté d’Edmond Gaudin avec Maurice Ravel, possiblement d’après la disparition de sa mère en 1968, face à ses enfants Charles-Paul (né en 1938) et Mayalen (née en 1942),
pourrait résulter de ce qui aurait été une blessure un peu douloureuse pour le jeune Edmond (né en 1903)…
 
Né le 30 mai 1903, c’est en 1935 qu’Edmond Gaudin s’est marié, à Saint-Jean-de-Luz, avec Angela Rossi (12 septembre 1905 – 14 décembre 1999).
 
La santé de Maurice Ravel s’étant considérablement détériorée au cours de l’année 1932 _ et Edmond Gaudin en avait été, avec sa tante Marie Gaudin _ un des tous premiers témoins à se rendre compte des prémisses de la maladie qui emportera Ravel le 28 décembre 1937…
Dès l’année 1933, la santé de Ravel s’est dégradée sans retour…
 
Les divers biographes de Ravel, et très admirateurs de son considérable génie musical, se sont montrés avares _ faute d’éléments tant soient peu tangibles _ de remarques sur la vie affective et relationnelle de Maurice Ravel, homme très discret et secret, et ayant en détestation tout exhibitionnisme…
Sa musique _ non expressionniste ! _ devant probablement parler pour lui…
 
Quant aux luziens, assez peu de témoignages ont été exprimés sur les séjours de Ravel à Saint-Jean-de-Luz, et au pays basque…
 
Très peu de liens ayant donc été opérés jusqu’ici entre l’œuvre _ très admirée, désormais _ du compositeur et le détail _ assez simple _ de la vie quotidienne de l’homme Maurice Ravel,
qui gagnerait d’ailleurs à être mieux connue, assez loin des clichés dont on a coutume de revêtir, par préjugés, les artistes…
Un homme discret, courageux et droit dans ses amitiés ; pas mondain ni carriériste pour deux sous : un honnête homme véritable…
 
J’admire aussi beaucoup Ravel…
 
Francis Lippa
Ce lundi 11 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

L’énigme à élucider du déni de cousinage effectif d’Edmond Gaudin (1903 – 1988) avec Maurice Ravel (1875 – 1937) : une énigme qui demeure à résoudre…

10oct

Pour répondre à une question précise d’Eric Rouyer

concernant mes recherches sur le cousinage luzien de Maurice Ravel avec les Hiriart et les Gaudin,

et leurs descendants…

L’énigme du déni de cousinage effectif d’Edmond Gaudin (1903 – 1988) avec Maurice Ravel (1875 – 1937) : c’est bien là une question cruciale.
 
La question de ce cousinage au 2d degré de Dominique Hiriart (1849 – 1926) avec Marie Delouart (1840 – 1917)
puis, au 3e degré, de leurs enfants respectifs Magdeleine Hiriart – Gaudin (1875 – 1968) et Maurice Ravel (1875 – 1937)
_ cousinage reconnu par leurs lettres de condoléances des 8 octobre 1910 (pour le décès de Charles Gaudin, survenu le 12 septembre 1910),
et 24 novembre 1914 (pour les décès, sur le front, des frères Pierre et Pascal Gaudin, survenus le 12 novembre 1914) _,
ne s’est vraisemblablement posée, aux deux enfants d’Edmond Gaudin (1903 – 1988), Charles-Paul Gaudin (1938 – 2006) et sa sœur Maylen Gaudin – Lenoir (1942),
que quand ils ont eu sous les yeux _ j’ignore si c’est avant ou après le décès de Magdeleine Hiriart – Gaudin, survenu le 19 juin 1968 : probablement après… _
ces deux lettres (de condoléances) de 1910 (« Ma chère cousine… Maurice Ravel ») et 1914 (« Mon cher Maurice… votre cousine, Madeleine »),
la première qui a été conservée par Magdeleine,
et la seconde, par Maurice…
Possiblement à l’occasion d’un travail préparatoire à une exposition commémorative en l’honneur de Maurice Ravel : vraisemblablement pour l’anniversaire du centenaire de la naissance du compositeur, en 1975…
Et quand ont été sollicités des témoignages de proches ayant connu de près le compositeur…
 
Il me semble que si Magdeleine Hiriart – Gaudin avait été encore vivante en 1975,
elle aurait parlé, elle, sans détours, et pour ces commémorations, de son cousin Maurice Ravel, et de leur parenté effective…
 
Par leurs témoignages, les belles-sœurs de Magdeleine, Jane Gaudin – Courteault (1880 – 1979) et surtout Marie Gaudin (1879 – 1976)
ont collaboré, elles, surtout la généreuse Marie _ un peu moins Jane… _, à ces commémorations de Maurice Ravel en 1975 ;
mais j’ignore dans quelle mesure celles-ci, Marie comme Jane, avaient conscience de l’effectivité de ce cousinage entre le filleul de leur ancienne domestique et gouvernante Gachucha Billac (1824 – 1902) qu’était leur ami Maurice Ravel,
et leur belle-sœur Magdeleine Hiriart – Gaudin, fille de Dominique Hiriart (1849 – 1926), leur voisin (et notable) ayant pignon sur rue, lui aussi, rue Gambetta…
Maurice devait être _ et demeurer _ davantage pour elles le petit-neveu et filleul de leur chère Gachucha Billac (décédée le 17 décembre 1902),
que le cousin au 3e degré de leur belle-sœur (depuis le 28 septembre 1901) Magdeleine…
 
Je me demande aussi quels liens ont existé, après 1918, entre Magdeleine Hiriart – Gaudin et Maurice Ravel ? D’autres lettres ont-elles été échangées entre eux deux, comme entre Maurice Ravel et sa vieille et très chère amie Marie Gaudin (1879 – 1976) ?
Et si oui, que sont devenues ces lettres après le décès de Magdeleine ???
 
Et si Maurice Ravel a abondamment parlé de son amitié avec le jeune Edmond Gaudin, avec lequel il arpentait, en voiture, le pays basque, lors de ses séjours à Saint-Jean-de-Luz,
en aucune lettre connue à ce jour, Maurice Ravel ne mentionne après 1914 le nom de sa cousine Magdeleine Hiriart -Gaudin…
 
Très aimablement, Madame Maylen Gaudin – Lenoir (née en 1942) m’a rapporté certains récits seulement oraux transmis dans la famille Gaudin concernant la venue et les séjours du petit Maurice, enfant, chez les Gaudin, rue Gambetta à Saint-Jean-de-Luz : c’était au petit Maurice, par exemple, qu’à table, on réservait les assiettes ébréchées _ un détail assez significatif…
De cette période de l’enfance de Maurice Ravel, et de ses séjours à Ciboure ou à Saint-Jean-de-Luz, nulle lettre n’est hélas connue de nous jusqu’ici…
 
De plus, toute sa vie, Maurice Ravel a été d’un tempérament très discret, voire secret, et parfaitement humble,
se consacrant passionnément et avec la plus grande rigueur, à son travail de composition, et à la plus grande excellence possible de ses œuvres : Ravel était perfectionniste !
Et même sa corrrespondance (surtout par de brèves cartes postales) était plutôt elliptique, et toujours avec pas mal de retard : il n’avait pas de temps à y consacrer…
 
Alors que la célébrité allait _ et va toujours _ en priorité aux artistes se faisant acclamer sur la scène ;
par exemple, le violoniste Jacques Thibaud, ou le chanteur Fédor Chaliapine, se sont fait construire de splendides villas à Saint-Jean-de-Luz ;
pas Maurice Ravel ;
dont l’immense célébrité (et fortune !), grâce au « Boléro », n’a été que posthume…
 
Certes Ravel a pu, après la Victoire de 1918, se produire un peu comme pianiste et un peu plus comme chef d’orchestre,
mais sans en retirer _ ni encore moins y rechercher _ beaucoup de gloire (ni d’argent), par exemple en France : ce fut surtout lors de tournées orchestrales aux Etats-Unis, en Espagne, en Autriche, etc.
Mais là n’était pas, et même loin de là, l’essentiel pour lui…
 
Et sa célébrité, puis gloire, de compositeur, s’est surtout révélée au grand public après sa mort en 1937, et après la Libération de 1945…
Pas mal aussi avec le développement et immense succès de l’industrie discographique…
 
 
Alors, comment comprendre ce déni de parenté effective avec Maurice Ravel de la part de son petit cousin Edmond Gaudin,
qui, très proche de lui, lui a servi de chauffeur dans ses virées de par tout le pays basque, en Espagne, comme en France, à l’occasion de ses séjours à Saint-Jean-de-Luz,
à la fin des années 20 et au début des années 30 ?..
Edmond Gaudin a alors été un témoin vraiment très proche de la vie quotidienne de Maurice Ravel…
 
Edmond Gaudin a dit aussi à sa fille Maylen qu’il n’appréciait guère la musique de Ravel, m’a-t-elle confié…
 
Il y a là en effet un mystère,
qu’il serait bien intéressant d’élucider davantage…
 
Bien sûr, depuis le 15 mars 2020, la pandémie ne m’a pas permis de retourner souvent à Saint-Jean-de-Luz, non plus _ pas une seule fois ! _ qu’aux archives municipales de Ciboure _ devenues non accessibles au public _,
non plus que de rencontrer à nouveau Madame Gaudin – Lenoir, pour échanger plus longuement avec elle,
tant autour de ses souvenirs personnels, que des archives familiales qu’a conservées son frère Charles-Paul Gaudin ;
ou encore ses cousins Courteault…
 
À suivre, 
 
Ce dimanche 10 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Récapitulatif commode de mes recherches sur les parentés cibouro-luziennes de Maurice Ravel (12 mars 2019 – 1er mars 2020)

02sept

M’avisant que je n’ai pas publié jusqu’ici sur mon blog En cherchant bien
un récapitulatif récent de mes articles de recherche sur les cousinages cibouro-luziens de Maurice Ravel
parus sur ce blog entre les dates du 12 mars 2019 et 1er mars 2020
_ le confinement du 17 mars, puis l’inaccessibilité (pour persistance de Covid-19 !) des archives municipales de Ciboure, continuant d’empêcher la poursuite des nécessaires recherches sur place _,
pour des raisons de commodité, voici ce récapitulatif :

12 mars 2019 : 

14 mars : 

17 mars : 

20 mars : 

27 mars : 

7 avril : 

12 avril : 

14 avril : 

11 mai : 

13 mai : 

16 mai : 

26 mai :  

28 mai : 

29 mai :  

30 mai : 

1er juin : 

7 juin :  

8 juin :  

10 juillet :  

12 juillet : 

15 juillet : 

16 juillet : 

20 juillet : 

9 août : 

13 août : 

15 août : 

17 août :  

18 août : 

19 août : 

31 août : 

1er septembre : 

18 septembre : 

21 septembre :  

22 septembre : 

24 septembre : 

30 septembre : 

C’est un parcours de recherche qui continue, bien sûr _ et plus que jamais ! obstacles aidant… _, de me passionner, avec ses découvertes successives, ses rebondissements-rectifications, et ses inespérés progrès !!!
Et qui peut être aussi amusant à lire qu’une enquête policière _ aussi palpitant que les Dix petits nègres d’Agatha Christie !..
Ma recherche a été freinée, forcément, par le confinement advenu le 17 mars 2020, qui m’a empêché de revenir poursuivre mes explorations minutieuses _ et forcément chronophages _ aux archives municipales de Ciboure, auxquelles je me suis rendu la dernière fois le vendredi 28 février 2020 ; soit 18 jours avant l’ouverture du confinement le mardi 17 mars…
Ainsi que, depuis le 11 mai, par les nécessaires précautions consécutives à la persistance de la pandémie, qui interdisent pour le moment l’accès à la toute petite salle de la mairie de Ciboure où sont conservées les précieuses archives…
C’est un petit roman que l’aventure de cette recherche des cousinages cibouro-luziens de Maurice Ravel ;
qui, assez étrangement, n’a suscité jusqu’ici aucune curiosité _ même au sein de la pourtant très active Association Jakintza ! domiciliée au rez-de-chaussée de la maison natale de Maurice Ravel, la superbe maison Estebania, 27 Quai Maurice Ravel… _ à Ciboure ni Saint-Jean-de-Luz !
Au point que j’ai appris, à Saint-Jean-de-Luz, à Madame Maylen Lenoir (née en 1942), petite fille de Magdeleine Hiriart-Gaudin (1875 – 1968),
que sa grand-mère paternelle, Magdeleine Hiriart-Gaudin (11 mars 1875 – 19 juin 1968), était la cousine on ne peut plus effective (!) de Maurice Ravel (7 mars 1875 – 28 décembre 1937) Magdeleine et Maurice sont nés à 4 jours d’intervalle, au mois de mars 1875 : elle, Magdeleine, le 11 mars, à Saint-Jean-de-Luz, et lui, Maurice, le 7 mars, à Ciboure, en la maison .
L’arrière-grand-mère de Magdeleine Hiriart-Gaudin (1875-1968),
via son père Dominique Hiriart (1849-1926),
sa grand-mère paternelle Marie Etcheverry n°1 (1817-1850),
et son arrière-grand-mère Marie-Baptiste Delouart n°2 (1784-1842),
étant très effectivement _ il faut y insister ! _ la cousine de Maurice Ravel (1875-1937),
via la mère de celui-ci, Marie Delouart (1842-1917),
sa grand-mère maternelle Sabine Delouart (1809-1874),
et son arrière-grand-mère Marie-Baptiste Delouart n°1 (1782-1855).
Les (rares) chercheurs _ pour l’essentiel, à dire vrai, le seul Jean-Noël Darrobers (1910 – 2004) ; qui avait focalisé sa recherche sur les ancêtres cibouriens de Gratien Delouart (1748 – 1798) aux XVIIe et XVIIIe siècles ; et pas les descendants (cibouriens et luziens) de celui-ci au XIXe siècle… _ qui s’étaient un peu réellement (!) activement penchés jusqu’ici sur l’ascendance cibourienne de Maurice Ravel,
ne s’étaient pas avisé, en effet, qu’avaient existé _ et co-existé ! _ 3 sœurs Delouart _ filles des cibouriens Gratien Delouart et son épouse Sabine Laxague _, et toutes les trois prénommées Marie ;
la fratrie des Marie Delouart n°1 (Ciboure, 29 juin 1782 – Ciboure, 28 août 1855) _ épouse, à Ciboure, le 14 septembre 1814, du cibourien Jacques Billac (1774-1839) ; après avoir été la mère célibataire de Sabine Delouart (Ciboure, 11 mars 1809 – Ciboure, 22 décembre 1874) ; laquelle, Sabine Delouart, sera la mère célibataire de Marie Delouart (Ciboure, 24 mars 1840 – Paris, 5 janvier 1917) et la grand-mère de Maurice Ravel (Ciboure, 7 mars 1875 – Paris, 28 décembre 1937) _
et Marie Delouart n°2 (Ciboure, 17 juin 1784 – Saint-Jean-de-Luz, 3 janvier 1842) _ épouse, à Saint-Jean-de-Luz, le 17 août 1814, du cibourien Jean Curutchet, dit Jean Etcheverry (1777-1841) _
se complétant avec la Marie Delouart n°3 (Ciboure, 17 août 1786 – Ciboure, 15 décembre 1872) _ épouse, à Ciboure, le 28 février 1821, du cibourien Michel Goyenague (1790-1849) _ et _ au moins _ un frère, Jean Delouart (Ciboure, 27 août 1788 – Ciboure, 23 septembre 1872) ;
car a peut-être existé aussi un second frère
Jean-Noël Darrobers ne s’était hélas pas intéressé, en effet _ en avait-il pris une claire conscience ?.. étant données les assez nombreuses ambiguïtés (eu égard aux flous et contradictions fréquents des témoignages donnés…) demeurant au sein des divers actes administratifs disponibles… _, au devenir luzien (par son mariage, à Saint-Jean-de-Luz, le 17 août 1814) de la seconde Marie-Baptiste Delouart (1784 – 1842), épouse du marin, cibourien lui aussi, Jean Curutchet, dit Jean Etcheverry (Ciboure, 15 septembre 1777 – noyé en mer au large d’Hendaye, 15 novembre 1841),
et de leur descendance (désormais luzienne) :
Marie Etcheverry n°1 (Saint-Jean-de-Luz, 21 juin 1817 – Saint-Jean-de-Luz, 27 décembre 1750), épouse à Saint-Jean-de-Luz, le 10 novembre 1846, du luzien Jean-Baptiste Hiriart (Saint-Jean-de-Luz, 10 avril 1816 – Saint-Jean-de-Luz, 24 septembre 1859) ;
son fils Dominique Hiriart (Saint-Jean-de-Luz, 28 janvier 1849 – Saint-Jean-de-Luz, 20 décembre 1926), époux, à Saint-Jean-de-Luz, le 3 juin 1874, de la luzienne Marie Dimatz (Saint-Jean-de-Luz, 28 octobre 1844 – Saint-Jean-de-Luz, 9 juillet 1932) ;
sa petite-fille Magdeleine Hiriart (Saint-Jean-de-Luz, 11 mars 1875 – Saint-Jean-de-Luz, 19 juin 1968), épouse, à Saint-Jean-de-Luz, le 28 septembre 1901, du luzien Charles Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 19 novembre 1875 – Bimbo (Congo français), mort noyé sur le fleuve Oubangui, 13 septembre 1910) ;
son arrière-petit-fils le luzien Edmond Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 30 mai 1903 – Saint-Jean-de-Luz, 28 décembre 1988), époux, à Saint-Jean-de-Luz, en 1935, d’Angela Rossi (Triona (Italie), 12 septembre 1905 – Saint-Jean-de-Luz, 14 décembre 1999) ;
ce dernier étant le père de Charles Paul Gaudin (Saint-Jean-de-Luz, 15 janvier 1938 – Saint-Jean-de-Luz, 25 mai 2006) et sa sœur Maylen Gaudin-Lenoir (Saint-Jean-de-Luz, 1942)…
Alors que le fils de Magdeleine Hiriart-Gaudin et père de Maylen Gaudin-Lenoir, Edmond Gaudin (1903-1988),
qui a servi de chauffeur à Ravel lors de la plupart de ses virées en auto par tout le pays basque, français comme espagnol, à partir de 1927-28, et qui s’est rendu compte, un des tous premiers, des symptômes de la maladie neurologique qui allait emporter Maurice Ravel le 28 décembre 1937, 
affirmait à ses enfants Charles-Paul Gaudin (1938-2006) et Maylen Gaudin-Lenoir (née en 1942)
que les mots de « cousin – cousine » utilisés par Magdeleine Hiriart-Gaudin et Maurice Ravel dans leur correspondance
(cf les lettre échangées le 8 octobre 1910 et le 24 novembre 1914, aux pages 246 et 403 de l’Intégrale de la Correspondance de Maurice Ravel publiée par Manuel Cornejo),
étaient des termes d’affection seulement !!!
Un déni de parenté effective (et silence) assez étrange _ de la part d’Edmond Gaudin, guère enclin, semble-t-il, à porter témoignage à ses proches de l’amitié qu’avait eue pour lui son cousin Maurice Ravel, à la fin des années 20 et début des années 30, lors des séjours du compositeur à Saint-Jean-de-Luz ; et plus encore de la part de sa mère, la très affable et volontiers volubile, jusqu’en ses dernières années (elle décèdera en 1968, en sa 94e année), Magdeleine Hiriart-Gaudin _, et interrogateur, pour qui s’y penche,
qu’il serait intéressant d’élucider !
À suivre,
Ce mercredi 2 septembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’admirable leçon d’anatomie d’humanité de Nuri Bilge Ceylan : le sublime « Il était une fois en Anatolie »

18mar

C’est avec une considérable admiration _ et une constante jubilation pour son approche et son rendu si délicats et fouillés dans la précision à l’image de l’énigme des âmes et corps humains ! dans les variations infinitésimales de leur silence et visage : les lumières, et pas seulement nocturnes, y sont stupéfiantes de vérité en ce qu’elles dégagent délicatement de l’ombre, magiques… _ que je viens de regarder-suivre-contempler à trois reprises successives le DVD qui vient de paraître ce mois de mars 2012 de Il était une fois en Anatolie, un film sublime parfaitement calmement déployé en deux heures et demi magiquement souplement autant qu’intensément rythmées, sans jamais la moindre pointe d’hystérie _ un très fin humour discret y jouant en permanence aussi (à la Voltaire, à la Sciacca) très finement son rôle _ : un _ nouveau _ chef d’œuvre d’humanité (chaleureusement brûlante !) du cinéaste turc, auteur déjà de l’époustouflant Uzak, Nuri Bilge Ceylan…

Au-delà d’une enquête criminelle _ la recherche un peu difficultueuse la nuit, sublimement percée seulement des phares de trois voitures, d’un cadavre (qui aurait été enterré, loin de tout…) parmi les steppes un peu répétitives d’Anatolie : autour de fontaines avec un arbre « en boule«  ! alors que le principal suspect se souvient mal, tant il était « alcoolisé » alors… _ menée par un commissaire de police _ finissant par s’énerver quelque peu _ et son équipe, sous la (haute) direction d’un procureur mesuré, lui _ mais sur lequel se découvrira que pèse un secret enfoui sous un (terrible) déni à soi-même : celui de la prise de conscience et assomption, enfin, de la vraie cause de la mort de son épouse juste après avoir accouché de leur bébé, une fille, et en avoir, bien au préalable, annoncé, enceinte, cinq mois plus tôt, la date… _,

c’est le point de vue du médecin chargé de procéder (bientôt, dès que le corps enterré que l’on recherche aura été retrouvé !) à l’examen de l’autopsie du cadavre de la victime qui, peu à peu, se dégage et vient surplomber magistralement (et relativiser) tous les autres points de vue, même si demeureront encore pas mal de pans d’énigme _ en particulier sur le crime initial lui-même : ses modalités, sinon ses raisons, autour de la paternité d’un enfant et de la relation entre celui et celle qui l’ont engendré ! tout cela restant tu (en paroles), et se limitant, pour eux (comme pour nous, face à l’écran, qui y assistons), à l’échange de regards terribles sans fond… _, au final de ce que nous donne à assister et contempler _ deux heures et demi de regards concentrés sur l’écran _ cet immense film !..

Le comédien interprétant le Docteur Cemal, cet assez jeune médecin _ trentenaire _, Muhammet Usuner, est particulièrement remarquable _ et c’est un euphémisme _ dans l’intensité parfaitement sobre _ jusque de face et en gros-plan et au ralenti de la pensée qui réfléchit et s’interroge, d’une inquiétude calme… _ de son jeu : celui de qui sait le mieux regarder et déduire _ mieux qu’en « sceptique« , comme le qualifie un peu improprement le procureur, dont le métier est, pour lui aussi, d’« enquêter«  à la recherche (sereine) de la vérité et la justice… cf ici mon précédent article sur le livre de Florent Brayard Auschwitz, enquête sur un complot naziLe travail au scalpel de Florent Brayard sur les modalités du mensonge nazi à propos du meurtre systématique des Juifs de l’Ouest : le passionnant « Auschwitz, enquête sur un complot nazi » _ ; mais aussi celui de qui sait le mieux faire preuve de vraie humanité à l’égard de toutes les victimes _ à commencer par celles qui vont vivre…

Le final, avec vue sur une cour de récréation d’école et des enfants jouant, en contrepoint de l’autopsie en train de réglementairement s’accomplir _ en contrepoint supplémentaire, on pourra lire l’expressionniste, lui, sublime (oui !) poème de Gottfried Benn, Morgue _, est admirable…

Et lui aussi, le médecin, a son passif d’amour malheureux : en demeurent quelques photos de l’épouse dont il a divorcé _ sans avoir eu (ni voulu) d’enfant, dira-t-il au procureur : sa vision est la plus prospective… _ qu’il compulse _ un bref moment _ de retour dans le silence de son bureau à l’hôpital…

Il est vrai que le principal scénariste _ avec Nuri Bilge Ceylan lui-même ainsi que son épouse Ebru Ceylan _, Ercan Kesal, est lui-même _ peut-on apprendre en fouillant dans le riche dossier disponible des articles à propos de ce film sobre si intense et magistralement riche _ médecin de formation ; et qu’une des sources de cette intrigue, à moins que ce ne soit un de ses motifs centraux (!), se trouve être, ainsi qu’on peut le lire parmi le générique de fin qui défile, l’œuvre de Tchékhov, celui-ci-même médecin de formation, lui aussi.

D’où la double admirable  « leçon« , tchékhovienne si l’on veut, et d’anatomie _ et pas seulement les vingt minutes de la magistrale (et sobre) séquence d’autopsie du corps, à la fin, à l’hôpital de la ville _ et d’humanité !

D’autant que, au cœur de tout cela, est la difficulté, au plus intime du plus intime, pour un homme _ et tout homme _, d’aimer comme il le faudrait une femme _ toute femme.

C’est admirable : je n’en sors pas…

Et sur ce dernier aspect, la caméra de Nuri Bilge Ceylan suit,

à la turque

_ en un nouvel aller-retour, comme dans le déjà si puissant Uzak, en 2002, entre le destin européen d’Istanbul et les origines ottomanes (un peu plus sauvages ? au moins pour la doxa…) de l’Anatolie : d’où la parole anticipatrice d’un des policiers au médecin venu d’Istanbul, lors des péripéties de la traque, de fontaine en fontaine, avec arbre « en boule« , du cadavre enterré : plus tard, de retour chez vous, vous vous direz : « Il était une fois en Anatolie«  _,

la caméra de Nuri Bilge Ceylan suit, à la turque, donc,

et en cette région d’Anatolie,

la voie admirablement tracée _ tout aussi sobrement et tout aussi loin de la moindre propension au moindre bavardage intempestif et une quelconque hystérie _ de Michelangelo Antonioni _ l’aristocratique Ferrare des Este portant aussi une empreinte calviniste ! celle de la duchesse Renée de France (1510-1575), présente à Ferrare de 1528 à 1560 ; celle-ci y reçut Calvin en 1536… _,

de L’Avventura, L’Eclisse et La Notte

à Idenficazione di una donna et Al di là delle nuvole : toutes œuvres sublimissimes, elles aussi…

Merci l’artiste !

vrai et profond

qu’est Nuri Bilge Ceylan…

En conséquence de quoi : ne pas laisser passer, mais se laisser aller à se délecter de

cette sublime

intense et si délicate à la fois

leçon _ vierge du moindre didactisme (et lourdeur) : tout y est d’une infinie délicatesse de touche, légère, vraie, profonde (et sans la moindre ombre de quelque componction que ce soit…) : à la Antonioni, donc, si l’on veut : ici sont préférés (et ne sont retenus que) les visages et les regards, sans nul discours de paroles plombant… _ d’humanité et d’anatomie

qui nous vient de la partie asiatique (anatolienne et steppique) de la Turquie

qui pourrait un peu trop se lasser, elle, la Turquie, de continuer à frapper sans signe d’accueil un peu plus  bienveillant à la porte de notre bien malheureuse _ et combien moins délicate ! ces derniers temps-ci… _ Europe

via ce magistral

et sublime d’humanité

film qu’est Il était une fois en Anatolie

en sa fondamentale noblesse…

Titus Curiosus, ce 18 mars 2012

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