Posts Tagged ‘discrétion

L’hommage, discret mais vibrant, rendu le 12 octobre dernier, à la Maison de la Poésie à Paris, par Enrique Vila-Matas à son cher et fidèle traducteur André Gabastou, qui décèdera le 11 novembre ; à l’occasion de la présentation de son fascinant « Montevideo », traduit en français par André Gabastou…

19nov

Le 12 octobre dernier, à la Maison de la Poésie à Paris, au cours d’un fascinant poétique entretien (de 74′) avec Tiphaine Samoyault,

le romancier espagnol Enrique Vila-Matas n’a pas manqué, avec sobriété et douceur dans la voix, de rendre aussi un bel et vibrant discret hommage à son cher et fidèle _ indispensable passeur ! _ traducteur en français André Gabastou _ décédé le 11 novembre dernier ; cf mon article «  » d’avant-hier, 17 novembre _,

ainsi que l’a enregistré cette passionnante vidéo _ sur laquelle n’apparaît pas André Gabastou, présent dans la salle… _, autour du très subtil « Montevideo » que venait présenter l’écrivain

_ c’est notre amie Monique Moulia qui m’a signalé l’existence de cette belle vidéo parisienne : « Merci de votre hommage à André Gabastou dont nous avons aimé et admiré le travail et dont nous avions apprécié la présence , l’humour, l’enracinement et l’ouverture au monde,  simultanément . Je me permets de vous joindre cette référence  à une conférence donnée il y a un mois par Tiphaine Samoyault à la Maison de la Poésie : André Gabastou était dans la salle …et cette conférence  intitulée Montevideo pour introduire l’intervention d’Enrique Vila-Matas est magnifique.

Espérant  pouvoir partager encore avec vous un peu de cette beauté qui sauve« 

Les ombres de Julio Cortazar, Jorge Luis Borges, Adolfo Bioy Casares, Isidore Ducasse, Jules Laforgue, Jules Supervieille, Idea Vilariño, Julio Herrera y Reissig, Copi, étaient présentes, en effet, rodant, toutes, autour de _ et jusque dans _ la chambre 205 de l’Hôtel Cervantes _ mais est bien là, justement, la puissance shamanique de la magie poétique de la littérature _, comme cela est fantastiquement évoqué, avec une sorte d’humour grave, fin, discret et léger, sans jamais hausser le ton, feutré, ni surtout pas s’appesantir, par les deux ultra-fins interlocuteurs de cet entretien, comme on les aime,

en _ et aussi à propos de _ cette Montevideo « capitale de la littérature » de l’hémisphère sud…

Pour ma part, j’ai bien sûr pensé aussi à l’amie Silvia Baron Supervielle

_ cf par exemple mon article du 24 septembre 2020 : « «  ;

un article dans lequel est présent, aussi, je le découvre à sa relecture, l’ami Eduardo Berti, revu ce dimanche après-midi à Malagar, en compagnie de l’unique Alberto Manguel (avec aussi cette fée des convergences littéraires qu’est la merveilleuse Sylviane Sambor…) : je reviendrai prochainement à cette rencontre malagarienne d’Alberto Manguel et Eduardo Berti, pour le bel anniversaire des 20 ans de Lettres du Monde….

Ce dimanche 19 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour le piano de Ravel, un Philippe Bianconi idéalement idoine, « expressivo » en la pudeur et discrétion magnifiques de l’exigeant envers lui-même et la musique compositeur merveilleux…

27sept

C’est un Ravel parfaitement idoine que Philippe Bianconi vient de nous donner en son parfait double album « Ravel – L’œuvre pour piano » (la dolce volta LDV 109.0), en 143′, enregistré dans la Grande Salle de Arsenal-Metz en Scènes du 11 au 28 avril 2022, sur un piano Steinway D-274.


Bien sûr, le piano de Ravel a été d’assez nombreuses fois parfaitement servi déjà _ ainsi les Intégrales de Robert Casadesus (en 1951), Walter Gieseking (en 1954), Samson François (en 1967), Vlado Perlemuter (en 1973), Dominique Merlet (en 1991), Alice Ader (en 2002), Roger Muraro (en 2003), Alexandre Tharaud (en 2003), Jean-Efflam Bavouzet (en 2003), Steven Osborne (en 2011), Bertrand Chamayou (en 2016), et probablement quelques autres, moins bien rangées et mieux cachées, figurent-elles en ma discothèque personnelle… _ ;

il n’empêche, le piano de Ravel de Philippe Bianconi est ici idéalement réussi, en une justissime adhésion à l’alpha et omega de l’esprit du compositeur discret et pudique en sa vie, mais extrêmement exigeant envers lui-même et la musique en son œuvre, parfaite.

Voici ce qu’en a finement chroniqué, il y a 3 jours, en un très juste et fin article intitulé « Philippe Bianconi et le piano de Ravel, entre lumière et ombre« , Jean Lacroix, sur le site de Crescendo :

Philippe Bianconi et le piano de Ravel, entre lumière et ombre

LE 24 SEPTEMBRE 2023 par Jean Lacroix

Maurice Ravel (1875-1937) : L’œuvre pour piano seul ; Ma mère l’Oye pour piano à quatre mains.

Philippe Bianconi ; Clément Lefebvre (pour Ma mère l’Oye).

2022.

Notice en français, en anglais et en japonais.

143’00’’.

Un album de deux CD La Dolce Volta LDV 109.0. 

Formé au Conservatoire de Nice, sa ville natale, Philippe Bianconi (°1960) participe très jeune à des concours, sous l’impulsion de Pierre Cochereau, alors directeur de l’institution.  Il remporte un premier prix à Belgrade (il a 17 ans), puis à Cleveland en 1981, avant de se classer deuxième, quatre ans plus tard, au Concours Van Cliburn, remporté par le Brésilien José Feghali, le Britannique Barry Douglas étant troisième. A son programme, Bianconi a déjà inscrit un extrait des Miroirs de Ravel. Dès 1987, il se produit à Carnegie Hall, sa carrière internationale est lancée. Il se révèle aussi un accompagnateur de premier ordre en signant avec Hermann Prey les trois grands cycles de lieder de Schubert au milieu des années 1980 (Denon). Bientôt, il se produit dans le monde entier et ses disques, y compris de musique de chambre, sont applaudis. Entre 2015 et 2021, il est gratifié à trois reprises par des Jokers de Crescendo pour des récitals, déjà parus à La Dolce Volta, consacrés à Chopin, Schumann et Debussy.


Près de trois décennies se sont écoulées depuis que Philippe Bianconi a proposé une première intégrale de l’œuvre pour piano seul de Ravel chez Lyrinx. Du 11 au 18 juin 2022, il a remis le couvert dans la Grande Salle de Arsenal-Metz en Scènes. Dans un copieux entretien qui sert de notice, Bianconi explique le sens de sa démarche actuelle : Ce nouvel enregistrement a rendu plus fort et plus personnel _ voilà _ le rapport que j’ai depuis toujours à l’œuvre de Ravel. J’ai redécouvert le bonheur du son ravélien, mais j’ai également pris la mesure de la face sombre _ oui _ de sa musique. Avec le temps, et lors de cette année que j’ai passée à travailler avant l’enregistrement, j’ai réalisé que je l’avais auparavant perçue de façon plutôt univoque : irradiante, diurne et claire _ lumineuse, oui. On lira avec le plus grand intérêt la dizaine de pages dans lesquelles le pianiste évoque une série de thèmes, comme la part de solitude _ oui _ que l’on peut percevoir chez le compositeur, notamment dans l’Alborada del gracioso ou dans Une barque sur l’océan, le terme « expressif » _ voilà ! _ que l’on trouve de façon récurrente dans ses partitions, la pudeur, la rigueur _ alliées, unies, en une forme d’oxymore…  _, la sensualité, le lyrisme, la couleur pianistique ou la richesse de ses petites pièces. Bianconi souligne encore la nécessité _ absolue _ du tact _ le plus fin qui soit _ et de la subtilité _ bien sûr _ nécessitée par des inflexions très fines _ finesse est un des mots cruciaux ravéliens _, et insiste sur la liberté _ aussi ! _ de l’interprète qui, dans un tel contexte, veillera à ne pas appuyer ou rechercher les effets, à laisser la phrase s’épanouir, la laisser respirer tout en s’efforçant d’être expressif _ voilà, voilà…

Tout est dit dans cet entretien passionnant, dont on salue l’initiative de l’éditeur (ce n’est pas la première fois : le Debussy de 2020 en proposait un autre). Ce que nous résumons, brièvement, des propos de Bianconi se trouve mis en évidence à chaque instant de ce remarquable album de deux disques qui donne de l’œuvre pour piano seul de Ravel une vision d’une élégance exemplaire _ élégance est aussi un mot-clé ravélien… Celle-ci se manifeste dès les Jeux d’eau transparents qui ouvrent le programme, avant des Miroirs au sein desquels les remarques relevées dans l’entretien (ah ! ces Oiseaux tristes !) sont appliquées, entre austérité et sensualité _ toujours l’oxymore atteindre sans la moindre lourdeur. La Pavane pour une infante défunte étale sa grâce, la Sonatine se déroule entre ravissement et générosité. Et quelle beauté dans la sonorité ! _ oui. On apprécie hautement les _ admirablesValses nobles et sentimentales dont les deux adjectifs sont signes de sensibilité et d’émotion. Elles sont investies de moments entre lumière et ombre que Gaspard de la nuit va porter à son paroxysme _ à l’acmé du soutenable / insoutenable _ : une Ondine cristalline, un Gibet blafard, un Scarbo qui effleure le fantastique, sans sombrer dans la tentation _ qui serait grossière et malvenue _ de la virtuosité. Quant au Tombeau de Couperin, il est chargé de pudeur _ encore un mot-clé ravélien _ , alors que le Menuet antique respire la fluidité _ à mille lieues de la moindre lourdeur.

Chaque approche de Bianconi se révèle d’un grand équilibre _ oxymorique. Il souligne aussi, dans l’entretien, le fait que son caractère ne le pousse pas à l’extravagance, défaut que Ravel craignait _ oui _ en raison des tempéraments parfois trop envahissants des interprètes de son époque. Son parcours captive en raison d’un style assumé entre intensité et délicatesse _ voilà _, qui trouve aussi son épanouissement dans la série de petites pièces, qualifiées par Bianconi de bijoux. Il les cisèle avec un art consommé, entre saveur de l’instant, charme fugace et lyrisme prenant _ toujours le périlleux mais discret défi de l’oxymorique… En complément de l’intégrale, on découvre une délicieuse _ oui _ version à quatre mains de Ma mère l’Oye, partagée avec Clément Lefebvre, lauréat du Concours Long-Thibaud-Crespin en 2019, qui a gravé lui-même un récital Ravel en 2021 chez Évidence _ cf mes articles «  » et «  » des 18 novembre et 30 décembre 2021.

Cette intégrale démontre à quel point Philippe Bianconi a poursuivi une longue réflexion sur ce corpus de Ravel. Son intelligence sensible, la maturité de son approche, entre lumière et ombre, le tout servi par une technique de haute volée, avec un jeu de pédales savamment dosé, place cet album indispensable et superbement présenté sur le premier rayon moderne de toute discothèque ravélienne _ c’est dit et parfaitement dit.

Son : 9    Notice : 10    Répertoire : 10    Interprétation : 10

Jean Lacroix

Le Ravel de Bianconi nous comble.


Ce mercredi 27 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La somptueuse beauté, tendre et discrète, et qui touche, de François Couperin en ses Messes : la « Messe propre pour les couvents » (en 1690), par Olivier Latry sur les Grandes Orgues de la Chapelle Royale de Versailles, et l’Ensemble vocal « Chant sur le Livre alterné », dirigé par Jean-Yves Haymoz…

09mai

C’est un peu pour me nettoyer l’ouïe de la musique trop peu naturelle de Pancrace Royer (Turin, 1703 – Paris, 1755) _ cf mon article d’hier 8 mai « «  _ que je suis venu, très vite, rechercher le réconfort de la sublime discrétion et tendresse d’intimité de François Couperin (Paris, 1668 – Paris, 1733) en ses sublimissimes Messes _ pour orgue _ de 1690.

Ce François Couperin qui affirmait : « J’aime beaucoup mieux mieux ce qui me touche, que ce qui me surprend » ; une parole que Laurent Brunner _ le directeur de la Collection Château de Versailles Spectacles _ commente très justement : « un manifeste de sa musique, et son ancrage dans la tradition française« …

Et cela en partie sous l’encouragement du bel article de ce jour même, de Frédéric Muñoz, « Les Messes pour orguee de Couperin, avec Olivier Latry et Jean-Yves Haymoz, à Versailles« , sur le  site de ResMusica.

Dans la magnifique et généreuse nef de la Chapelle royale de Versailles, les deux Messes pour orgue de François Couperin rehaussées d’un plain-chant lumineux _ emprunté pour l’occasion au grand Henry Dumont (Looz, 1610 – Paris, 1684) _ sonnent en gloire sous les doigts inspirés d’Olivier Latry.

Les Messes pour orgue de François Couperin sont largement représentées au disque. De nombreux organistes intéressés par l’orgue classique français ont proposé leur version, traduisant souvent de fort belles réussites par le choix des instruments _ un élément toujours, bien sûr, capital _ et des diverses propositions de plain-chant alterné. En effet, depuis les années 1950 et la naissance d’une discographie vinyle en plein essor, on a vu fleurir au fil des années une trentaine de versions, mettant en valeur tel ou tel orgue historique. André Marchal fut l’un des premiers, à l’orgue du Prytanée militaire de La Flèche (Sarthe). Cette période fut celle de la redécouverte des répertoires classiques français et surtout d’une manière de jouer qui se voulait déjà historiquement informée, avec en particulier Michel Chapuis en tête _ oui _ qui révéla alors ces œuvres à la fin des années 60 sur le magnifique instrument historique de Saint-Maximin _ oui. D’autres musiciens suivirent cette voie, y compris certains peu habitués à ce répertoire. Pierre Cochereau, initié aux notes inégales (manière particulière de rythmer les croches), enregistra suivant ces enseignements ce livre d’orgue à Notre-Dame de Paris. Par la suite, ces pièces, devenues familières aux mélomanes, tentèrent de nombreux organistes jusqu’à nos jours, offrant un choix discographique abondant _ en effet.

Vers l’âge de vingt ans, François Couperin compose deux Messes pour orgue qui resteront _ en effet… _ ses seules compositions dédiée à cet instrument. La première dite « à l’usage ordinaire des paroisses pour les fêtes solennelles » s’adresse à un orgue d’importance, de 16 pieds, tel que l’on pouvait en trouver dans les cathédrales ou de grandes églises comme Saint-Gervais à Paris où il était titulaire _ oui ! _, comprenant un pédalier de large tessiture. L’écriture réclame des caractéristiques bien précises sur le type d’instrument, l’auteur indiquant les mélanges de jeux à utiliser. La seconde Messe dite « propre pour les couvents de Religieux et Religieuses » est écrite pour un orgue de plus petite taille (8 pieds) que l’on trouvait habituellement dans les abbayes, avec un pédalier plus court, ce dont Couperin tient compte dans son écriture.

A Versailles, les proportions de l’orgue sont intermédiaires, et conviennent pour ces œuvres dans leur ensemble. Olivier Latry offre ici une très belle version _ oui !!! _, par une utilisation très mesurée et véridique de l’orgue, à la fois rayonnante et intime _ et là l’essentiel est magnifiquement dit. Les tempi sont parfaitement adaptés _ et c’est aussi important, bien sûr _ à l’acoustique généreuse de la chapelle, et l’ornementation chatoyante qui agrémente le discours renforce l’émotion _ forte, en sa délicatesse _ de cette musique, notamment dans les pièces méditatives que sont les Tierces ou les Cromornes en taille. L’orgue est utilisé suivant _ bien sûr _ l’une ou l’autre des Messes à l’échelle _ différente _ d’un instrument de cathédrale ou de couvent.

Chaque cathédrale, chaque diocèse, utilisait un plain-chant qui pouvait varier dans sa présentation. Les mélodies, l’ornementation, l’homophonie ou la polyphonie étaient autant de paramètres qui fluctuaient _ oui _ en fonction des lieux et des traditions. Au XVIIᵉ siècle, le compositeur Henry Du Mont écrit plusieurs Messes royales en plain-chant musical. Ces œuvres sont idéales _ voilà _ pour la pratique de « l’Alternatim », c’est à dire un dialogue alterné entre les versets de l’orgue et l’ordinaire de la messe, suivant ici la technique du chant sur le livre _ voilà _ qui rajoute une ou plusieurs voix, dont certaines sont improvisées _ tout cela étant important… Ainsi, tout le texte de la liturgie est _ ainsi _ exposé soit à l’orgue, soit au chœur. C’est la Messe du 6ᵉ ton de Dumont qui a été choisie ici pour s’insérer harmonieusement avec les interventions musicales de Couperin pour sa Messe pour les Couventset la Messe IV « Cunctipotens genitor Deus » choisie par Couperin lui-même pour celle « à l’usage des Paroisses ».

Fidèle à cette pratique du chant sur le livre, Jean-Yves Haymoz dirige le groupe vocal _ éponyme _ en mettant l’accent sur la variété des interventions : plain-chant tantôt à la basse, au ténor, à une ou plusieurs voix, faisant de cette version une découverte _ généreuse et superbement venue _ dans toutes les possibilités que peut offrir une simple ligne de mélodie latine. Les six voix mixtes du petit groupe vocal _ Clémence Carry, Marthe Davost, Jeanne Lefort, Cyril Escoffier, Marc Mauillon, Jean-Marc Vié _ forment ainsi un ensemble équilibré _ oui _ qui joue à parts égales _ oui _ avec l’orgue. Le déroulement musical de la Messe est ainsi complet, y compris le motet incontournable placé à la fin de la cérémonie, juste avant la conclusion de l’ensemble : le fameux Domine salvum fac Regem (Seigneur, sauvez le Roy).

Cet enregistrement devient désormais _ voilà ! _ l’une des références _ discographiques _ de l’œuvre en ce lieu emblématique _ qu’est la Chapelle Royale du Château de Versailles, achevée de construire en 1710 _ où François Couperin fut lui-même organiste titulaire. Sa musique rayonne _ oui, en tendresse et humilité _, portée par des musiciens spécialistes de cet art baroque français. Encore un très bel ensemble dans la collection autour de l’orgue historique du Château de Versailles, enrichi par une prise de son véridique et une iconographie très soignée.

Pour commencer,

j’écoute en boucle le merveilleux CD Château de Versailles CVS082 de la sublimissime discrète « Messe propre pour les couvents«  _ avec, intercalé, le plain-chant tiré de la « Messe du Sixiesme ton«  de Henry Dumont _, par Olivier Latry aux Grandes Orgues de la Chapelle royale du château de Versailles, et l’Ensemble vocal « Chant sur le livre » dirigé par Jean-Yves Haymoz _ un CD enregistré du 5 au 9 janvier, et /ou bien du 4 au 6 avril 2022…

Avec ici en court extrait (de 3′ 39) cette vidéo-ci

Une réalisation musicale et discographique splendide ! _ quelle élévation de tout ! _,

d’Olivier Latry et Jean-Yves Haymoz, donc…

Ce mardi 9 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le monumental travail d’Elizabeth Schoonmaker Auld, en son édition-traduction (en anglais) des Lettres de guerre de Lucien et Louise Durosoir : « Ma Chère Maman, mon Cher Enfant _ The Letters of Lucien and Louise Durosoir 1914 – 1919″, aux Editions Blackwater Press _ disponibles en France…

12déc

C’est un considérable extraordinaire monument à Lucien et Louise Durosoir _ à leurs personnes mêmes, je veux dire _ que vient de réaliser Elizabeth Schoonmaker Auld,

« Biz » ,

avec ce monumental travail de lecture, choix éditorial, ainsi que de traduction en anglais _ à destination d’abord d’un lectorat anglophone ; mais plus large évidemment aussi… _,
aboutissant à ce merveilleux livre de 544 pages « Mon Cher Enfant, ma Chère Maman, The Letters of Lucien et Louise Durosoir 1914 – 1919 » (Blackwater Press).
Qui vient constituer un extraordinaire apport (de témoignage profond) à qui s’intéresse au vécu des Poilus de la Grande Guerre, ici à travers les deux sensibilités hautement cultivées de Lucien et Louise Durosoir ;
et au-delà donc de ce qui peut intéresser déjà des musicologues attachés à l’œuvre musical si singulier de Lucien Durosoir compositeur (dont le travail de composition va de 1919 à 1950),
et aussi, plus largement, des mélomanes amoureux de musique profonde, juste et vraie, comme celle de Lucien Durosoir…
J’en ai profité pour relire mes deux contributions aux Actes du Colloque « Lucien Durosoir, un compositeur moderne né romantique » du 19 février 2011 au Palazetto Bru-Zane à Venise  ;
et suis assez surpris de ne pas en avoir honte, ni en éprouver de regrets, comme je m’y attendais _ mais ma position est forcément très partiale…
Exactement comme ce que je viens d’éprouver _ ni honte, ni regret _ à la relecture de mon texte perdu et retrouvé (en novembre 2022) de janvier 2006 « Lire ‘Liquidation’ d’Imre Kertész : ce qui dure d’Auschwitz » …
Bien sûr, mon écriture n’y est pas simple, mais je m’y reconnais tout entier ;
et surtout cette écriture me semble respecter le plus justement possible l’idiosyncrasie des auteurs dont je m’essaie à présenter-élucider les œuvres en la singularité de leur puissante voire sublime imageance.
Le temps n’est pas passé, ici ; rien n’a vraiment vieilli.
Le temps nous est bien une richesse reçue avec la vie, et dont il nous faut, chacun, essayer de saisir quelque chose de l’ordre, oui, de l’éternité
pour reprendre l’articulation, éminemment pratique, sensitive, voire expérimentale, que leur donne la pensée géniale d’un Spinoza…
Et que figure excellemment le malicieux petit dieu Kairos, généreux mais tranchant, du fait de l’absolument irrattrapable de l’irréversibilité du temps passant…
Car c’est cela avoir à apprendre à vivre sa vie passagère, et en cultiver les vraies richesses…
Et c’est aussi pour ces raisons-là que, au delà de sa si belle œuvre musicale qui nous touche si intensément _ cf mon article du 4 juillet 2008 « «  à propos du CD Alpha 125 des sublimissimes « Quatuors à cordes » de Lucien Durosoir par le Quatuor Diotima… _,
c’est la personnalité même, extraordinaire, de Lucien Durosoir (1878 – 1955) que j’admire et apprécie-aime du plus près, en sa fondamentale humilité-discrétion, et vérité exigeante aussi et surtout.
Voilà,
Francis
Ce lundi 12 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le sublime – sublimissime CD Reynaldo Hahn de Pavel Kolesnikov, une fois encore justement reconnu et admiré comme tel…

15nov

« Sublime« ,

avais-je immédiatement dit pour ce CD « Reynaldo Hahn Poèmes & Valses » de Pavel Kolesnikov paru au mois de juin dernier au label Hyperion _ le CD Hyperion CDA68383 _ en mon article «  » du 2 juiller 2022 ;

et « sublimissime« ,

avais-je aussi dit en mon article «  » du 11 août suivant, en renfort à la chronique, intitulée « Heavenly Hahn from Pavel Kolesnikov« , de ce CD par Jed Distler sur le site de ResMusica…

Or voici que ce jour, ce mardi 15 novembre 2022,

c’est au tour de Jean-Charles Hoffelé, sur son site Discophilia, de prononcer lui aussi ce même adjectif, si parfaitement approprié, de « sublime » pour ce CD…

« Sublime« , cette musique même de Reynaldo Hahn ;

et « sublime » aussi cette interprétation justissime _ quel art parfait !!! _ de Pavel Kolesnikov, en temps méditatif _ idéalement approprié ! pour sa qualité de silence sertissant si magnifiquement cette idéale musique… _ de pandémie de Covid…

Le voici donc, ce nouvel article, joliment intitulé, lui, « Presque rien » :

PRESQUE RIEN

L’entrée du disque, Frontispice, est un murmure, un presque rien de son _ voilà. Les feuillets qui suivront seront joués dans la même discrétion _ oui _, le même son comme éteint. Ces musiques, Pavel Kolesnikov, les a intériorisées au point d’en faire ses fantômes, avec lesquels au long de l’album il dialogue en mots nostalgiques, parfois un peu tourmentés, souvent au bord de l’effacement, comme si les notes de Reynaldo Hahn succédaient à celle de Des pas sur la neige.

Et puis, quand même, Chérubin tragique ramène le grand jeu un peu ironique si cher à l’auteur de La Carmélite. Les Valses, qui font intermède, sont délicieuses _ oui _, et Ninette capricieuse à souhait a des petits airs latino.

La seconde sélection du Rossignol éperdu, commencée par l’impondérable Eros caché dans les bois, emmène loin dans les mystères _ voilà… _ de ce cycle inépuisable, où Pavel Kolesnikov enlève chaque marteau de son piano, faisant son clavier ondiste, lui donnant des visions d’opiomane. Sublime _ nous y voici donc !.. _ , et évidemment après cela, on veut ses Debussy !

Le texte de Camille de Rijck est un régal.

……

LE DISQUE DU JOUR

Reynaldo Hahn (1874-1947)


Le rossignol éperdu (extraits : Nos. 1, 2, 20, 8, 7, 21, 29, 16, 50, 9, 41, 32, 53, 19, 5, 52, 38, 489 & 22)
Premières valses (extraits : Nos. 1, 3, 4, 6, 9 et 10)

Pavel Kolesnikov, piano

Un album du label Hypérion CDA68383

Photo à la une : le pianiste Pavel Kolesnikov – Photo : © Colin Way

Et vient d’être annoncée la parution pour après-demain jeudi 17 novembre, chez Gallimard, du « Journal 1890-1945 » de Reynaldo Hahn…

Ce mardi 15 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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