Posts Tagged ‘intelligence

La présente modernité-lucidité de Bioy selon Edgardo Scott

09oct

Hier,

en avant-propos à la table ronde

que j’allais modérer à l’Institut Cervantes de Bordeaux, à 18 heures,

dans le cadre de la semaine d’hommages

que l’Association des Amis de Bioy Casares _ dont je suis le président _, a l’honneur de réaliser à Bordeaux,

à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort du grand écrivain qu’a été Adolfo Bioy Casares (Buenos-Aires, 15 septembre 1914 – Buenos-Aires, 8 mars 1999),

l’écrivain argentin Edgardo Scott (Lanus, 1978)

_ qui allait participer à cette table-ronde de « Regards croisés sur Bioy« , avec Silvia Renée Arias et Stella-Maris Acuna ;

et qui a été l’organisateur de l’hommage, à la Bibliothèque Nationale argentine, à Buenos-Aires, en 2014, à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Bioy _

m’a adressé le canevas _ très remarquable, et passionnant ! _ suivant

de son intervention,

afin de m’aider à organiser ma modération à venir de cette table-ronde _ enthousiasmante _ :

Bioy-Bordeaux
Je serai bref. C’est quelque chose, la brièveté, que Bioy a apprécié et qu’il apprécierait sûrement ici. Citant l’écrivain polonais Witold Gombrowicz, lorsqu’il a donné une conférence en espagnol à Buenos Aires, je dirai: « mon français est un enfant balbutiant de trois ans à peine. »
Vingt ans se sont écoulés depuis la mort de Bioy, qui avait la précision et la prudence de mourir avec le vingtième siècle. Et pourtant, nous sommes ici en France, au pays de ses aînés, vingt ans plus tard, pour parler de lui et de ses livres. Le contexte idéal pour un conte fantastique.
Comme vingt ans se sont écoulés depuis sa mort et que j’ai dit que cela allait être bref, je vais réduire à dix le nombre de points sur lesquels je concentre mon regard, ce regard, partiel, sur Bioy.

1. La première chose est que bien que, comme je l’ai dit, Bioy soit mort avec le XX siècle, en 1999, il est l’auteur du meilleur livre publié par la littérature argentine au cours de ce siècle, au cours de ces deux premières décennies. C’est le livre qui regroupe ses quatre décennies de conversations avec Borges, tel que nous le connaissons, le Borges de Bioy. Ce livre a été publié à titre posthume en 2006, il compte 1664 pages et est, comme je l’ai dit, le meilleur livre qui ait donné à la littérature argentine au cours de ce siècle. Bioy devient donc un auteur non seulement contemporain, mais actuel. Et ce n’est vraiment pas un livre sur Borges. C’est un livre sur la littérature et l’amitié. Ou sur l’amitié et la littérature.
2. Que signifie écrire à l’ombre de Borges? Ou plutôt, que signifie écrire dans l’ombre d’un autre? Il est toujours considéré comme une honte, un avatar malheureux et pitoyable. Dommage, dirions-nous, déplorant le destin de Bioy d’avoir écrit et publié à l’ombre de Borges. Le premier qui a toujours écarté cette interprétation était Bioy lui-même, qui ne le regrettait jamais, bien au contraire. Et en vérité, nous oublions qu’écrire à l’ombre, c’est écrire dans la pénombre, peut-être dans l’obscurité, écrire derrière certaines lumières qui peuvent aveugler ou confondre le regard. Eloge de l’ombre, a écrit Tanizaki. Ils disent que Macedonio Fernández a écrit à la main dans un placard, et avec une bougie. Écrire à l’ombre, c’est écrire presque en cachette, en résistance. Bioy est consciente de cette situation et en a tiré pleinement parti.
3. Comme je l’ai dit, vous devez penser et juger Bioy en tant qu’auteur actuel. Et en tant que tel, il est un auteur diversifié, complexe et sophistiqué. Ce n’est pas l’auteur de la marque déposée. Que serait un auteur de marque déposée? L’auteur de la marque déposée serait l’auteur qui est toujours le même. Cela se répète dans tout son travail, parfois toute sa vie, avec la même voix, généralement avec les mêmes obsessions sacrées, et qui construit, comme on dit, un monde reconnaissable. Bioy n’est pas cet auteur. Je le répète, Bioy n’est pas cet auteur. Et c’est là une autre des conditions qui font de lui un auteur de ce siècle également.

4. Parce que, après tout, que serait un auteur de ce siècle? En principe, ne soyez pas un auteur du siècle dernier. Ne pas être un auteur du vingtième siècle. Ou seulement du vingtième siècle. Et cela n’a rien à voir avec Internet ou avec une utilisation particulière des nouvelles technologies, ni avec la promotion sur Instagram ou l’un des réseaux sociaux.

5. Être un auteur du XXIe siècle et ne pas être un auteur du XXe siècle est, peut-être avant tout, et à la lumière du nouveau siècle, aller au-delà de l’idéologie. Pas la politique mais l’idéologie, la couche la plus superficielle de la politique, la surface la plus trompeuse de la politique. Bioy a écrit « Personne n’aime les gens autant que leurs haines« . L’idéologie est une variation de la haine ou, citant un illustre Français du XXe siècle, une passion inutile. Ce qui compte, c’est le style de l’auteur, c’est-à-dire la position. La position d’un auteur. S’il existe un trait qui définit le travail de Bioy, c’est bien l’intelligence. La lucidité Une lucidité extrême.

6. Hier soir j’ai vu une interview de Bioy que je n’avais jamais vue. Contrairement à d’autres écrivains, et comme ce qui se passe dans ses livres, il n’est pas seulement fascinant de l’écouter à nouveau, c’est toujours nouveau, c’est toujours une nouveauté. Il y a toujours quelque chose d’autre. Dans cette interview, il a dit à un moment donné: « Nous sommes tous des héros, car nous devons passer par la mort« . Il le dit sans solennité et souriant avec son intelligence courtoise. En tant que messager ou médium qui ne peut éviter ce destin.

7. Cette insistance de la mort dans l’œuvre de Bioy fait que le fantastique possède un drame particulier. Car ce qui est fantastique sera avant tout la possibilité d’éviter la mort. Dans L’Invention de Morel, dans Dormir au soleil, dans Le rêve des héros et dans tant d’histoires, l’apparition du fantastique est l’apparition de la magie ou du plus grand miracle: éviter la mort. Comme son admiré Stendhal, Bioy voyais dans la mort la plus grande cruauté et incompréhension. Mort et chagrin.
 
8. J’ai dit que j´allais être court et que je le serai encore plus. Une fois encore, je sens que Bioy le remercie. Au lieu de dix points, ce sera finalement huit. J’ai aussi parlé de l’ombre de Borges. Àpres avoir  réfléchi, il n’y a pas d’ombre. Il y a des conditions de lecture. Borges est une condition pour lire le travail de Bioy, mais comme Bioy lest pour Borges ou Silvina. Finalement, Bioy ne voulait pas être immortel mais vivre un peu plus longtemps. Cent vingt, cent trente ans semblaient être un meilleur chiffre, plus raisonnable. Mais ce que je lis dans cette occurrence, c’est vivre plus. Vivre plus. C’est ce que la littérature permet. C’est ce que sa littérature permet. 
Mesa miradas cruzadas
Bioy siglo XXI o Bioy está vivo.
Voy a ser breve. Es algo que Bioy valoraba y de seguro agradecería. Además, citando al escritor polaco Witold Gombrowicz, cuando dio una conferencia en Buenos Aires en español, yo diré: mi francés es un niño balbuceante de apenas tres años.  
Han pasado veinte años de la muerte de Bioy, que tuvo la precisión y la precaución de morir junto con el siglo XX. Y sin embargo estamos aquí en Francia, en la tierra de sus mayores, veinte años después, hablando de él y de sus libros. El trasfondo perfecto de un cuento fantástico.
Como son veinte años los de su muerte y dije que iba a ser breve, voy a reducir a diez los puntos en los que concentro mi mirada, esta mirada, parcial, sobre Bioy.
1.Lo primero es que a pesar de que Bioy, como dije, murió con el siglo en 1999, es el autor del mejor libro publicado por la literatura argentina en este siglo, durante estas primeras dos décadas. Es el libro que reune sus cuatro décadas de conversaciones con Borges, como lo conocemos nosotros, el Borges de Bioy. Ese libro fue publicado en forma póstuma en 2006, tiene 1664 páginas, y es, como dije, el mejor libro que ha dado la literatura argentina en este siglo. Por lo tanto, Bioy se transforma en un autor no solo contemporáneo sino actual. Y en verdad no es un libro sobre Borges. Es un libro sobre la literatura y la amistad. O sobre la amistad y la literatura.
2.¿Qué significa escribir a la sombra de Borges? O mejor dicho, ¿qué significa escribir a la sombra de otro? Se lo piensa siempre como una desgracia, como un avatar lamentable, penoso. Una lástima, diríamos nosotros, lamentándonos de la suerte de Bioy, por haber escrito y publicado a la sombra de Borges. El primero que siempre ha desestimado esta interpretación fue el propio Bioy, que nunca lamentó eso, por el contrario. Y en verdage, olvidamos que escribir a la sombra es escribir entonces en la penumbra, acaso en la oscuridad, escribir a resguardo de ciertas luces que pueden cegar o confundir la mirada. Elogio de la sombra, ha escrito Tanizaki. Dicen que Macedonio Fernández escribía adentro de un placard a mano, por supuesto, y con una vela. Escribir a la sombra es entonces escribir casi en la clandestinidad, en la resistencia. Bioy ha sido consciente de esa condición y la ha aprovechado al máximo.
3.Como dije, hay que pensar y juzgar a Bioy como un autor actual. Y como tal es un autor diverso, complejo, sofisticado. No es el autor-marca registrada. ¿Qué sería un autor-marca registrada? El autor-marca registrada sería el autor que es siempre igual. Que se repite a lo largo de toda su obra, a veces toda su vida, con una misma voz, por lo general con las mismas y sagradas obsesiones, y que arma, como suele decirse también, un mundo reconocible. Bioy no es ese autor. Lo digo de nuevo, Bioy no es ese autor. Y esa es otra de las condiciones que lo vuelven un autor también de este siglo.
4.Porque a fin de cuentas, ¿qué sería ser un autor de este siglo? En principio, no ser un autor del siglo pasado. No ser un autor del siglo XX. O sólo del siglo XX. Y eso no tiene que ver con Internet ni con un uso particular de las nuevas tecnologías, ni con promocionarse en Instagram o en cualquiera de las redes sociales.
5.Ser un autor del siglo XXI y no ser un autor del siglo XX es, tal vez ante todo, y a la luz del nuevo siglo, superar la ideología. No la política sino la ideología, la capa más superficial de la política, la superficie más engañosa de la política. Bioy escribió « A nadie quiere tanto la gente como a sus odios ». La ideología es una variación del odio o, citando a un francés ilustre del siglo XX, una pasión inútil. Lo que importa es el estilo de un autor, esto es, la posición. La posición de un autor. Si hay un rasgo que define a la obra de Bioy es, sin dudas, la inteligencia. La lucidez. Una lucidez extrema.
6.Anoche vi una entrevista de Bioy que no había visto. A diferencia de otros escritores, y al igual que lo que sucede con sus libros, no solo siempre es fascinante volver a escucharlo, siempre es novedoso, siempre es nuevo. Siempre hay algo más u otra cosa. En esa entrevista dice en un momento, « todos somos héroes, porque tenemos que pasar por la muerte ». Lo dice sin solemnidad y sonriendo con su bondadosa inteligencia. Como un mensajero o un medium que no puede eludir esa suerte.
7.Esa insistencia de la muerte en la obra de Bioy hace que lo fantástico posea un particular dramatismo. Porque lo fantástico será, sobre todo, la posibilidad de evitar la muerte. En La invención de Morel, en Dormir al sol, en El sueño de los héroes, y en tantos cuentos, la aparición de lo fantástico es la aparición de la magia o el milagro mayor: la evitación de la muerte. Como a su admirado Stendhal, Bioy veía en la muerte la mayor crueldad e incomprensión. La muerte y el desamor.
Un texte passionnant
et profond ;
une excellente base pour nos échanges à l’Institut Cervantes hier soir.
Ce mercredi 9 octobre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa
Post-scriptum :
Le Borges de Bioy _ soient les pages présentant le nom de Borges extraites (par Daniel Martino) du Journal complet de Bioy _ n’a pas été traduit en français.
Honte à l’édition française !

La perfection de l’interprétation du plus pur fantasque de Carl Philipp Emanuel Bach : Vittorio Forte en son « Abschied »

11juil

Choisir d’écouter _ et d’abord jouer ! _ la musique de clavier de Carl Philipp Emanuel Bach (1714 – 1788)

interprétée sur un piano Steinway

ne semble pas a priori la solution la mieux appropriée à cette musique de sortie du Baroque.

Il m’ a fallu un coup de fil spécial _ et c’est la première fois que celui m’appelait ainsi au téléphone ! _ de Philippe Le Vigneron,

se souvenant de ma prédilection singulière pour ce compositeur,

pour me conseiller d’écouter le CD Abschied du pianiste italien Vittorio Forte

pour m’amener à m’enquérir de ce CD Odradek ODRCD368,

le commander à mon disquaire,

et le recevoir deux ou trois bonnes semaines plus tard ;

et l’apprécier, en effet, comme un chef d’œuvre d’intelligence _ et de rendu à la perfection, sous ses doigts _ de l’art de CPE Bach au clavier,

mais oui, parfaitement !!!

Pareille justesse d’intelligence

de la liberté des humeurs _ absolument fantasques _ du compositeur

n’avait, sur nul instrument, été à ce degré de justesse de perfection

donnée jusqu’ici…

Quel art !

Une interprétation tout bonnement géniale

de musiques tout bonnement géniales elles-mêmes !

Un pur enchantement !

La folie même du génie est à sa plus juste place…

Ce jeudi 11 juillet 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le récital live « Poèmes d’un jour » (Fauré Brahms Schumann) d’un grand Stéphane Degout, au Théâtre de l’Athénée, avec une profondeur un brin austère

05avr

Chez B-Records,

le merveilleux Stéphane Degout

nous gratifie d’un splendide récital

enregistré en live au Théâtre de l’Athénée

avec le pianiste Simon Lepper :

le CD Poèmes d’un jour _ le CD B-Records LBM 017 _,

comportant

cinq mélodies de Gabriel Fauré

(dont trois sur le recueil du Poème d’un jour de Charles Grandmougin (Rencontre, Toujours et Adieu) ;

et les deux autres sur deux poèmes d’Armand Sylvestre, Aurore et Automne) ;

huit Lieder _ d’opus divers,

et sur des poèmes de sept auteurs différents :

Brentano, Hölty, Detlev von Liliencron, Hermann von Allmers, Candidus, Daumer et Lemcke _

de Johannes Brahms ;

et douze Lieder, les Zwölf Gedichte, opus 35,

sur des poèmes de Justinus Kerner,

de Robert Schumann.

Le récital de cet immense baryton,

au sommet de ses capacités artistiques et vocales,

est sobre, profond,

et un brin austère _ romantique.

Voici la chronique qu’en donne ce jour

Jean-Charles Hoffelé

en un article de son Discophilia,

sur le site d’Artamag,

qu’il intitule France -Allemagne :

FRANCE-ALLEMAGNE


Fauré, Brahms, Schumann : Stéphane Degout choisit chez le premier des pages simples _ oui _, Aurore, Automne, diptyque d’Armand Sylvestre, qui encadre les trois volets appassionato _ voilà _ du Poème d’un jour. Le français impérieux _ oui _, le timbre noir et glorieux _ oui _ nous font regretter _ certes !!! _ de ne pas avoir là, à la suite, tous les _ sublimissimesDuparc.

Mais non, ce seront d’abord sept Lieder de Brahms, prodigieux de sfumatos, de suspensions (Feldeinsamkeit !), pure poésie pas entendue depuis Hotter, c’est dire ! _ peut-être une des raisons pour lesquelles je n’avais personnellement guère éprouvé de coup de foudre jusqu’ici (faute de connaître cette interprétation de Hotter) pour les Lieder de Brahms… En écho, les Kerner si courus des chanteurs francophones (Souzay, Kruysen y excellèrent) montrent que Stéphane Degout a tout compris _ c’est un chanteur vraiment intelligent ! et qui sait parfaitement, lui, ce que sa voix énonce ! _ de la lyrique schumannienne, de ses apartés, de ses emballements, ils le sacrent absolument liedersänger : écoutez seulement le recueillement ardent de Stille Tränen.

En apostille, retour à Brahms avec les enchantements du Lerchengesang que dore le piano éolien de Simon Lepper, accompagnateur subtil de ce merveilleux disque _ voilà ! _ capté en concert à l’Athénée.


LE DISQUE DU JOUR














Poèmes d’un jour

Gabriel Fauré (1845-1924)


Aurore, Op. 39 No. 1
Poèmes d’un jour, Op. 21

Automne, Op. 8 N° 3


Johannes Brahms (1833-1897)


O Kühler Wald, Op. 72 No. 3
Die Mainacht, Op. 43 No. 2
Auf dem Kirchhofe, Op. 105 No. 4
Feldeinsamkeit, Op. 86 No. 2
Alte Liebe, Op. 72 No. 1
Nicht mehr zu dir zu gehen, Op. 32 No. 2
Willst du dass ich geh‘?, Op. 71 No. 4
Lerchengesang, Op. 70 No. 2


Robert Schumann (1810-1856)


12 Lieder, Op. 35 “Kerner-Lieder”

Stéphane Degout, baryton
Simon Lepper, piano


Un album du label B Records LBM017

Photo à la une : le baryton Stéphane Degout – Photo : © DR

Ce vendredi 5 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

La reconnaissance du triomphe du génie de Stéphane Degout dans « Les Nuits d’Eté » d’Hector Berlioz et Théophile Gautier : quand l’incarnation et l’imageance d’une interprétation atteignent, elles aussi, au sublime de l’oeuvre portée, soient, et la mélodie et le poème…

22fév

Les lauriers s’abattent

ces jours derniers

sur le merveilleux baryton Stéphane Degout !

Cf mon article enchanté du 19 janvier dernier :

Ce jour,

le miracle de sa performance dans les si merveilleuses Nuits d’été de Berlioz

se voit célébré _ comme il convient _ par l’excellent Jean-Charles Hoffelé,

en sa chronique Discophilia

sur le site Artamag,

par un article justement intitulé Nuits obscures :


NUITS OBSCURES

Ce n’est pas faire injure à François-Xavier Roth et à ses Siècles, moins encore à Tabea Zimmermann, que d’avouer que j’ai sauté à pieds joints _ mais moi aussi ! _ par-dessus leur Harold en Italie aussi surprenant que déconcertant : cet orchestre éruptif _ oui _, cet alto magique, vrai personnage _ sans doute _, ont leurs atouts, vous y viendrez ou pas, mais je crois bien que comme moi vous fondrez _ absolument ! _ dans la mélancolie _ somptueusement jouissive, mais sans pathos du tout ! du fait de son parfait naturel… _ de ces Nuits d’été inattendues où Stéphane Degout vole tranquillement la vedette _ parfaitement ! mais oui !!! _ à deux siècles de mezzo-sopranos _ et pas des moindres : Régine Crespin, Janet Baker, pour commencer ; somptueusement géniales déjà, elles aussi…

Affaire de timbre _ mais oui ! _ – ce creusement, ce sfumato du medium _ voilà ! _ qui – paradoxe ! – précise pourtant _ sans rien gâcher, mais dans la plénitude, au contraire, de l’élan porteur de chaque phrase, qui nous transporte et emporte sereinement par son art du naturel jusqu’au sublime !!! _ les mots, ce legato où les syllabes viennent vous étreindre _ oui _ comme un chant de violoncelle _ mais oui ! _, ah, Gautier n’aurait pas osé les imaginer, mais Berlioz en serait lui aussi _ peut-être _ surpris _ et là se situe bien le génie de l’interprétation (et d’un interprète), un jour de grâce (divinement béni) de la plus parfaite invention et justesse d’inspiration. L’imageance de l’interprète est elle aussi sublime, en sa plus que parfaite incarnation de ces poèmes !

C’est l’art qui cache l’art _ parfaitement, encore : pas un seul grain de voix qui soit là forcé _, cet enveloppement visionnaire _ oui, oui ! _ qui transporte _ parfaitement ! _ vers un horizon chimérique _ nimbé _, cette voix où le poème s’incarne _ oui _ dans une telle noblesse _ oui _ et avec tant d’émotion _ nous en tremblons de jubilation et reconnaissance. Qui chantait la mélodie ainsi ? Plus personne en tous cas depuis Charles Panzéra dont Stéphane Degout ressuscite ici les mânes. Venez vous y étourdir _ oui _, et rêver dans cette nuit sans lune _ absolument fidèle à l’univers du poème de Théophile Gautier, compris et donné, ici, comme probablement jamais auparavant ! _, infini sépulcre _ oui _, venez danser avec le fantôme _ de la rose disparue.


LE DISQUE DU JOUR












Hector Berlioz (1803-1869)


Les Nuits d’été, H. 81B
Harold en Italie, H. 68

Stéphane Degout, piano
Tabea Zimmermann, alto
Les Siècles
François-Xavier Roth, direction

Un album du label harmonia mundi HMM 02634

Photo à la une : le baryton français Stéphane Degout – Photo : © Julien Benhamou

L’intelligence du critique (Jean-Charles Hoffelé)

sait donc ici rejoindre

celle

_ exceptionnelle, à un tel degré d’intuition et d’imageance, il faut aussi le souligner :

disons véritablement géniale ! _

de l’interprète (Stéphane Dégout),

qui sait _ si merveilleusement : chapeau bien bas l’artiste ! _

se mettre à la parfaite _ sublime ! _hauteur

et du poème (de Théophile Gautier) 

et de la mélodie (d’Hector Berlioz) :

sublimes

_ déjà….

Jamais nous n’avons si bien perçus et compris

et la mélodie (de Berlioz)

et le poème même (de Gautier) ! Aussi !

Quel art sublime de la diction…

C’est dire le génie tout à fait exceptionnel de Stéphane Degout,

et de l’apport très fructueux à sa réalisation musicale

de François-Xavier Roth

et des Siècles.

Ce vendredi 22 février 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

« Les Nuits d’été » (suite) : un tout premier aperçu de la version de Ian Bostridge, le Seattle Symphony et Ludovic Morlot

19fév

Ce matin,

et en avant-première sur France-Musique,

Absence (des Nuits d’été, de Berlioz),

par Ian Bostridge,

et The Seattle Symphony,

sous la direction de Ludovic Morlot.

Bien sûr, ce n’est là qu’une toute première écoute _ et unique _,

et d’une seule des six Mélodies

de ce sublime recueil de Berlioz !

Mais, pour cette première écoute cursive,

ma déception est vive :

lent, trop lent, beaucoup trop lent : sans élan !!!

pour cette si sublime mélodie, qui fend l’âme…

On dirait un plutôt pénible exercice d’épelage,

syllabe par syllabe

_ même pas mot à mot ;

ni encore moins phrase par phrase, ou vers par vers !

de remise en bouche du français…

 

Alors que j’ai toujours, désormais, dans l’oreille,

la sublime version, toute récente, et tellement enchanteresse !!!

de Stéphane Degout

_ parfait, lui, en ses élans

si clairement portés et assumés ! _

avec les Siècles

et l’élan magnifique et somptueux donné par François-Xavier Roth…

On dirait ici une toute première épreuve de simple mise en voix _ ou en bouche-gosier _

du chanteur,

redécouvrant la mélodie,

et d’abord son français _ syllabique…

Étrange !

Il me faudra écouter le CD en son entier.

Et je suis un fan de Ian Bostridge _ un chanteur si intelligent…

A revoir, donc !

Et espérer corriger…

Ce mardi 19 février 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur