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Découvrir l’entame merveilleuse de l’oeuvre de clavier de Jean-Sébastien Bach par le prodigieux Benjamin Alard

30mar

Benjamin Alard publie ces jours-ci le volume 1, en 3 CDs,

intitulé The Young Heir / Le Jeune Héritier (1699 – 1705),

de The Complete Words for Keyboard de Johann-Sebastian Bach (1685 – 1750),

une intégrale de 14 coffrets…


Ces plus de 4 heures de sublime musique

nous transportent dès maintenant très, très, très haut…

Le 1er CD du ce 1er coffret concerne Ohrdruf _ soit la toute première formation du jeune Johann-Sebastian (1685-1750) auprès de son frère aîné Johann-Christoph (1660-1721), qui le recueille là entre 1695  et 1700, suite à la perte successive de la mère, Elisabeth, en 1694, et du père, Johann-Ambrosius, en 1695 ; et se frottant à des œuvres de Johann-Michaël Bach (1648-1694), Frescobaldi (1583-1643), Kuhnau (1660-1722), Böhm, déjà (1661-1733), Froberger (1616-1667), Pachelbel (1653-1706), Marchand (1669-1732), Grigny (1672-1703), ainsi que de Johann-Christoph Bach (1642-1703) _ ;

le second, Lüneburg _ l’apprentissage méthodique tout autant qu’inspiré, auprès d’un immense maître, Georg Böhm, entre 1700 et 1703 ; tout en permettant au très audacieux et fougueux jeune homme de pouvoir gagner assez aisément, de là, et à pied, Hambourg et Lübeck, où officiaient les merveilleux Reincken, à Hambourg, et Buxtehude, à Lübeck… _ ;

et le troisième, Arnstadt _ lieu du tout premier poste du jeune organiste et compositeur, à partir de juillet 1703 ; et c’est somptueux…

Bien sûr,

la musique du jeune Johann-Sebastian Bach vient trancher très tôt avec les compositions des maîtres de son temps.

Le texte au dos de ce premier coffret _ des 14 au total, qui formeront cette intégrale des œuvres pour claviers de Bach ! _ est tout à fait éloquent :

« On ne naît pas génie, on le devient _ en effet ! La jeunesse de Bach a été un vaste champ _ et chantier : chantant ! _ d’observation intense et intensive. Depuis les années d’apprentissage à Ohrdruf, où sa sensibilité artistique précoce se manifeste de façon éclatante _ oui ! _, jusqu’au premier grand poste d’organiste à Arnstadt _ où son génie s’emballe et se donne très libre cours _, Bach n’a cessé d’enrichir _ oui _ sa _ phénoménale _ culture musicale, porté par une _ déjà _ puissante tradition familiale, animé par le respect iconique _ _ des maîtres anciens, des affinités _ en effet _ décisives et une _ infinie _ curiosité _ gourmande, boulimique et de très grand goût _ constamment en éveil… En prélude à une intégrale _ de 14 coffrets _ d’un nouveau genre _ mêlant tous les claviers, et intégrant aussi, à l’occasion quelques voix de chanteurs _  il fallait l’éloquence _ parfaite _ et l’intelligence vigilante _ sans défaut _ du jeu de l’excellent _ et c’est là, encore, un euphémisme, tant il est prodigieux ! _ Benjamin Alard pour révéler la maîtrise technique _ aussitôt, mais c’est loin d’être le principal ! _ des premières œuvres pour clavier de Bach et traduire l’essence même _ mais oui… _ du discours musical d’un jeune compositeur qui se mesure déjà _ avec une totale réussite, couronnant son audace et la générosité et très haute inspiration de ses élans _ à l’aune de ses prédécesseurs comme de ses contemporains« .

Mais il faut aussi, et encore plus, rendre pleine justice au miraculeux talent _ révélé depuis bien longtemps déjà  : merci, merci !, à l’ami Jean-Paul Combet, pour cela, et d’abord sur l’orgue d’Arques-la-Bataille !!! _ de Benjamin Alard _ né à Rouen le 13 juillet 1985 _

de savoir si bien d’abord écouter chacun de ses instruments _ tant, ici, l’orgue de Sainte-Aurélie de Strasbourg, que le clavecin que lui a construit, d’après des modèles flamands de Ruckers et Dulken, le maître-facteur Emile Jobin _, en les moindres de leurs sonorités singulières,

et de si bien savoir mettre celles-ci au service de son interprétation, aussi puissante que souple, délicate, fluide, et merveilleusement chantante, aussi vive et brillante que toujours parfaitement juste, de ces merveilleux chants de gloire, de la plume inspirée à foison, telle une inépuisable source de lum!ère, de notre génial compositeur… 

Et ici je me souviens de la profondeur, douceur, noblesse et gravité, de l’hommage que, le 7 août 2014, Benjamin Alard, accouru aussitôt de sa Normandie, est venu rendre à Jacques Merlet, à l’orgue Dom Bedos de l’abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux,

pour les obsèques de cet incomparable défenseur de la musique ancienne _ et des meilleurs de ses servants _, qu’était notre facétieux, aussi, maître Jacques…

cf mon article du 31 août 2014 : Tombeau de Jacques Merlet en son idiosyncrasie _ à un grand bordelais… ; ainsi que cet autre, du 11 décembre 2015 : «  ; ainsi que le podcast de mon entretien du 12 décembre 2015 avec Marcel Pérès : Les Muses en dialogue _ hommage à Jacques Merlet

Et ce n’est pas un hasard si dans l’entretien présent dans le livret, Benjamin Alard sait, aussi, rendre hommage

à ce qu’il doit à Pierre Hantaï,

et à Elisabeth Joyé.

Ce tout premier coffret de trois CDs de l’intégrale à venir de la musique pour clavier de Johann-Sebastian Bach

est, déjà, un merveilleux et très épanoui juvénile monument de vie.

Pourvoyeur à ce degré de joie,

il n’est pas près de quitter ma platine…

Ce vendredi 30 mars 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un merveilleux CD « Bach à Glauchau », par L’Autre Monde, de Jean-Paul Combet

15mar

Voici maintenant vingt ans

que Jean-Paul Combet nous donne _ désormais un peu plus au compte-gouttes… _ de vraiment merveilleux CDs,

dont il a, donc, initié l’aventure en créant en 1998 Alpha-Music Productions,

avec cette révélation extraordinaire et bouleversante

que fut le CD Alpha 001

du Poème Harmonique de Vincent Dumestre,

avec la magnifique Guillemette Laurens :

Le Musiche de Bellerofonte Castaldi :

Le Musiche di Bellerofonte Castaldi

 

Les doigts de fée pour bâtir de A à Z des disques absolument parfaits,

ainsi que le flair infaillible pour repérer avant d’autres les meilleurs talents _ présents et à venir _ d’interprétation de la musique,

et avec, surtout, les plus hautes exigences de justesse artistique,

de ce magique sourcier de musique, au disque ou au concert

notamment lors des sessions de sa magnifique Académie Bach, à Arques-la-Bataille, en Normandie (près de Dieppe) _

qu’est mon ami Jean-Paul Combet

poursuivent désormais l’aventure discographique sous son nouveau label L’Autre Monde ;

et viennent de nous donner, à nouveau, un magique somptueux CD :

un « Bach à Glauchau« 

_ « une petite ville de Saxe de 23 000 âmes à l’Est de l’Allemagne, à égale distance de Dresde et de Leipzig« , selon la phrase qui ouvre le texte de Jean-Paul Combet lui-même à l’ouverture du livret de ce CD LAM5, de L’Autre Monde _,

par les organistes Florence Rousseau et Loïc Georgeault,

sur l’orgue historique Gottfried Silbermann de Glauchau (de 1730).

Johann Sebastian Bach (1685-1750) et Gottfried Silbermann (1683-1753)

« étaient exactement contemporains l’un de l’autre, et leurs activités respectives se déroulèrent sur le même territoire« .

En l’état actuel de la découverte

ainsi que de la connaissance des archives

concernant Bach comme Silbermann,

une seule archive est attestée d’une « rencontre entre les deux hommes » :

« à l’occasion de la réception du nouvel orgue de Naumburg,

construit par un ancien élève de Silbermann, Zacharias Hildebrandt« .

Jean-Paul Combet poursuit alors :

« Quoi qu’il en soit, l’auditeur du XXI e siècle ne peut qu’être touché par l’extraordinaire proximité qui s’établit entre l’écriture de Bach et les sonorités propres aux orgues de Gottfried Silbermann.

Un équilibre miraculeux, dans lequel le discours musical est parfaitement porté par des instruments éloquents, poétiques, chantants et majestueux « .


Pour conclure :

« C’est sans doute cet équilibre, magnifié par l’orgue de Glauchau, qui a séduit Florence Rousseau et Loïc Georgeault,

et leur a inspiré un choix de pièces témoignant de la portée spirituelle _ et c’est en effet capital _ du langage musical de Bach » _ qui défie l’ineffable. 

BACH À GLAUCHAU, Liebster Jesu, Wir sind hier

Avis aux oreilles curieuses et les plus exigeantes musicalement !!!

Ce jeudi 15 mars 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

la postérité-filiation (musicale) de l’immense Gustav Leonhardt : Pierre Hantaï, Elisabeth Joyé, Benjamin Alard…

19fév

Comment rendre _ enfin ! j’ai appris son décès, survenu le 16 janvier, le 18 janvier : cela fait un mois… _ l’hommage le plus juste qui soit, à un talent musical tel que celui de Gustav Leonhardt ? qui nous a procuré tant et tant des plus hautes jouissances qu’un musicien peut offrir tant au concert qu’au disque ?..


Car nous avons eu bien de la chance, à Bordeaux, que le maître apprécie non seulement la beauté élégante et noble (sans ostentation) de notre ville, mais aussi la singularité de l’orgue Dom Bedos de l’abbatiale Sainte-Croix, au point d’y revenir souvent donner des concerts : d’abord, peut-être, à l’amphi 700 de la Faculté des Lettres, pour le Gram ; mais aussi et surtout au Temple du Hâ, pour le Carré, à de nombreuses et ô combien heureuses reprises ; mais aussi au Grand-Théâtre ; et encore en quelques beaux châteaux de vin, tels que Yquem ou Carbonnieux ; et encore Soutard, pour un concert privé de clavicorde… Sans compter, outre plusieurs grands récitals d’orgue à Sainte-Croix, l’enregistrement si marquant, en juin 2001, du CD Alpha 017 L’Orgue Dom Bedos de Sainte-Croix de Bordeaux, à l’advenue duquel j’ai ma modeste participation, outre ma contribution au livret « la construction de l’orgue Dom Bedos en l’abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux sous la réforme mauriste« , pages 16 à 23. Et côtoyer au quotidien le maître, et son humour incisif, outre son élégance, n’est certes pas peu en une vie d’amoureux de la musique… Je l’ai revu et écouté aussi à Arques…

Aussi, mets-je à profit pour ce blog

ce courrier adressé ce matin même à mon ami Jean-Paul Combet, le fondateur d’Alpha,

pour lui faire part de l’article de Renaud Machard dans Le Monde daté de ce dimanche 19 février 2012, qui à l’occasion de concerts du très doué et toujours « parfait » Benjamin Alard, lui rend au passage aussi hommage,

en saluant l’amitié et la collaboration éditoriale (pour Alpha) qui les unissait, Gustav et Jean-Paul…

Voici donc ce courriel :

De :  Titus Curiosus
Objet : Benjamin Alard, Gustav Leonhardt et Jean-Paul Combet : texte choisi à lire aux funérailles
Date : 19 février 2012 08:42:17 HNEC
À :   Jean-Paul Combet

Un bel article d’hommage(s),
que tu as dû relever, dans Le Monde
(édition papier de ce dimanche 19 février)…

Sinon, le voici…
http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/02/18/benjamin-alard-fait-sonner-saint-louis_1645273_3246.html


J’espère que tu vas bien,
amitié(s)

Titus

P.s. : sais-tu ce qu’est ce texte
« magnifique » (!)
que Gustav Leonhardt a fait lire à ses funérailles ?

Benjamin Alard fait sonner Saint-Louis

MUSIQUE | | 18.02.12 | 13h42

On ne l’avait pas revu depuis quelque temps : Benjamin Alard, 27 ans, a toujours la même allure et ces traits juvéniles à la Harry Potter que lui donnent parfois des lunettes cerclées, mais il n’est plus tout à fait le benjamin de l’école de clavecin et d’orgue française. Elle est si florissante (ce que Murray Perahia, le grand pianiste américain, confirme quand on lui parle de clavecin, un instrument qu’il adore et joue en privé) que, chaque semestre, un nouveau talent _ tel, à Bordeaux, Aurélien Delage… _ semble éclore _ grâce au génie de la transmission d’Elisabeth Joyé, me faut-il tout spécialement ajouter ! Une fée !

Mais Benjamin Alard est d’une graine différente _ et singulière. On pourrait dire que ce grand jeune homme discret, fin, réservé mais à l’humour subtil, a su être vieux _ c’est-à-dire pleinement mature _ de bonne heure. Dès ses premières apparitions publiques, après l’obtention du très prestigieux Premier Prix du Concours international de Bruges, en 2004 (sorte de Concours Tchaïkovski ou Chopin du clavecin et de la musique ancienne), le musicien semblait avoir tout compris des chefs-d’oeuvre de la littérature pour le clavier, ce qu’il démontrait avec l’aplomb sans tapage d’un sage : un jeu extrêmement calme et affûté, dégraissé mais d’une souplesse merveilleuse, comme géré par un subtil entrelacs de tensions savamment poussées et relâchées _ c’est parfaitement énoncé !

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ses _ merveilleux ! _ disques d’orgue ou de clavecin, distribués par les labels Hortus, puis Alpha _ par exemple le génial double CD des Partitas de Bach : Clavier Übung – I, le CD Alpha 157 _, il est possible d’entendre Benjamin Alard un dimanche par mois, à l’heure du déjeuner, à la tribune de l’église Saint-Louis-en-l’Ile, où il est organiste titulaire, et au clavecin, lors de concerts organisés à l’hôtel de Lauzun, à quelques pas, quai d’Anjou. Deux séries en écho et en intelligence, la première dans la vaste nef, la seconde dans une salle de 90 places seulement.

L’ensemble fait la part belle à Jean-Sébastien Bach, mais fait entendre aussi des compositeurs auxquels Alard est très sensible, ceux de la jointure des XVIIe et XVIIIe siècles, comme Samuel Scheidt _ 1587-1654, en fait : c’est un contemporain de Schütz… « Sa programmation permet de prendre des distances avec les concerts d’orgue, parfois un peu poussiéreux, du dimanche après-midi« , avoue Benjamin Alard. « Je n’y vois rien de mal, mais je tiens à faire passer un message vraiment musical et exigeant, et aussi à mettre en regard, en « contrepoint », le terme qui sert de titre à la série, la littérature des deux instruments. »

Alard dit aussi vouloir faire découvrir la beauté de l’orgue Bernard Aubertin dont il est le cotitulaire depuis 2005 : « C’est un instrument neuf qui est construit d’après les canons anciens pour jouer spécifiquement la musique allemande des XVIIe et XVIIIe siècles. Son statut et son état sont exceptionnels, surtout si on les compare à ceux de beaucoup d’orgues de la capitale, dont certains sont en mauvaise santé et attendent des restaurations, comme les tribunes de Saint-Nicolas-des- Champs ou Saint-Merri« , précise Alard.

On s’étonne de la jauge de la petite salle de l’hôtel de Lauzun et de son incidence sur l’économie du projet : « Ce projet n’a, en fait, pas vraiment d’économie car notre association, Claviers en l’Isle, ne possède pas la licence de concert. D’ailleurs, ce n’est pas l’esprit de ces rencontres avec le public, que nous voulons singulières et au service premier de la musique. » Singulières mais en rien élitistes, assure Alard : « C’est juste que le clavecin n’est pas fait pour être joué dans des grandes salles et ce n’est que dans un tel cadre qu’on peut vraiment l’entendre » _ oui ! ; comme, aussi, dans les salons ou chambres de l’Hôtel de Soubise, où je suis venu écouter la perfection d’Elisabeth Joyé dans un récital (sublime !) de musique française…

Le festival Contrepoints est aussi soutenu par L’Autre Monde, l’association créée par Jean-Paul Combet, fondateur du label discographique Alpha. « Jean-Paul, qui est un ami, ne fait pas qu’éditer notre dépliant, mais il nous conseille dans la programmation. » Benjamin Alard doit beaucoup à M. Combet : « Il a publié la plupart de mes disques, mais je lui suis redevable de ma découverte _ in vivo : à l’Académie Bach, d’Arques-la-bataille, en Haute-Normandie, près de Dieppe _ de Gustav Leonhardt« , confie le claveciniste à propos du « pape » de l’instrument, qui vient de mourir le 16 janvier.

« C’était en Normandie, ma région natale, lors d’un concert organisé par Jean-Paul. Je me souviens encore avec émotion de ce choc. » Le choc pour l’orgue eut lieu très jeune. Le jeune Alard s’initie à l’instrument grâce au curé de sa paroisse. « Le son de cette machine me fascinait« , se souvient-il. Il travaille avec Louis Thiry, pour lequel il ne cache pas sa vive admiration. Le clavecin vient après. Mais il ne cessera de jouer de conserve les deux types de clavier.

De Leonhardt, auquel on l’a plusieurs fois comparé pour la noblesse _ oui ! _ de leurs jeux, Benjamin Alard n’a cependant pas été l’élève. « J’ai été comme beaucoup extrêmement impressionné par son dernier concert, donné à Paris _ c’était le 12 décembre dernier _, quelques jours _ un mois à peine _ avant sa mort. Et très marqué aussi par les textes _ de sagesse de la vie _ qu’il avait choisi de faire lire à ses funérailles _ à la Westerkerke d’Amsterdam. Des textes magnifiques qui disaient tous le doute _ actif _ face à l’existence. Cet homme suggérait, aidait les musiciens à puiser ce qu’il y a de meilleur et singulier en eux. Il doutait _ positivement _, ne proférait rien. C’est cela qu’il nous laisse en héritage« , conclut Benjamin Alard, visiblement ému.

Contrepoints,
par Benjamin Alard (orgue). Eglise Saint-Louis-en-l’Ile, 19 bis, rue Saint-Louis-en-l’Ile, Paris 6e. Un dimanche par mois, jusqu’au 10 juin. Prochain concert : le 19 février à 12 h 30. Œuvres de Samuel Scheidt, Dietrich Buxtehude. Entrée et participation libres. Durée du concert : une heure, sans entracte.

Renaud Machart

Article paru dans l’édition du 19.02.12

Titus Curiosus, ce 19 février 2012

 

gratitude à l’éditeur du mozartissime CD « Sonates pour pianoforte & violon » Alpha 177, par Rémy Cardinale & Hélène Schmitt _ le vortex de la braise

01fév

Ce courrier à l’initiateur du projet de ce nouveau bijou discographique,

le CD « Sonates pour pianoforte & violon » de Mozart & Beethoven, par Rémy Cardinale et Hélène Schmitt

comportant la Sonate en mi bémol majeur KV 380 « pour le clavecin ou piano forte avec l’accompagnement d’un violon, dédiée à Josepha von Aurnhammer, Vienne 1781« 

et la Sonate en si bémol majeur KV 454 « pour clavier et violon, Vienne 1784« 

de Wolfgang Amadeus Mozart,

ainsi que la « Première Sonate en ré majeur opus 12 pour violon et clavier, dédiée à Antonio Salieri, Vienne 1798« 

de Ludwig van Beethoven,

interprétées

_ sublimement ! les deux artistes sont dans un état de grâce qui, tous deux et ensemble, se répondant idéalement, les transcende (à un incroyable point !) : la virtuosité d’une parfaite justesse de la moindre des inflexions, et de l’élan justissime du mouvement, de Rémy Cardinale, que je ne connaissais pas jusqu’ici (honte à moi !), rejoignant à la perfection (quelle entente ! c’est déjà un pur enchantement !) la grâce félinissime, et cela à chacune de ses interprétations, au concert comme au disque (cf le monument de sa superbissime discographie chez Alpha) , de la merveilleuse et plus que bouleversante, radieusissime !, Hélène Schmitt _

par Rémy Cardinale

sur un pianoforte d’après Anton Walter & Sohn, de Christoph Kern, 2006

& Hélène Schmitt

sur un violon Nicolò Gagliano, Naples, début des années 1760,

soit le CD Alpha 177 _ il fait date ! _ :

Voici le courriel :

Je n’arrive pas _ mais alors, pas du tout ! c’est une magie hypnotique !.. _ à interrompre le passage en boucle
sur mon lecteur
du CD de Hélène Schmitt et Rémy Cardinale,
tant la grâce s’enlace indéfiniment (et ô combien sublimement !) au sublime

_ pour reprendre deux des pôles du trilemme de Baldine Saint-Girons (en son « Pouvoir esthétique«  ; le troisième est le beau : plus froid…) ; cf mon précédent article : Lumière de l’acte même de penser (l’Esthétique… et autre) : la force de la conférence de Baldine Saint-Girons _
en ce CD mozartissime
_ la sonate (n°1) de Beethoven s’essayant à s’en émanciper comme elle peut…


J’y trouve une intense filiation Carl-Philipp-Emanuel-Bach-ienne _ voilà mon intuition ! _,
dans la tension entre les échappées rapides fulgurantes
_ des feux d’artifice ! qui nous saisissent _
et le vortex à la limite du supportable (dans la jouissance : un infini feu de braise implacable sur notre peau !..) des mouvements lents
_ l’Andante con moto de la KV 380, comme je ne l’avais jamais entendu jusqu’ici ! le Largo, puis l’Andante de la KV 454 : c’est à fondre ! _ d’une beauté à s’effondrer, et comme liquéfier absolument tout entier, en larmes de pure joie brûlante !!!!

que je retrouve aussi dans le Mendelssohn (élève surdoué de Zelter : immédiatement, quasiment, génialissime !) que j’aime tant
et aussi dans Chopin…


Ce CD est sublimissime !

Et je te trouve ainsi bien attrapé, toi,
d’être pour quelque chose
_ si peu que ce soit : mais tout de même pas mal !.. _ dans ce CD mozartissime,
toi, si peu addict à Mozart, en principe
_ comme tu le plaisais un peu, en t’amusant, à l’affirmer… _ jusqu’alors…

Peut-être, justement _ voilà ! _, faute de tels interprètes _ comme ces deux diables-anges diaboliques-ci ! le virtuose justissime Rémy rejoignant là la virtuose justissime Hélène ! _ jusqu’ici

aussi inspirés et justes
que Hélène Schmitt
et Rémy Cardinale : prodigieusement fabuleux !..


Je les attends
donc aussi dans la braise de Mendelssohn…


Pour moi,
ce CD (Alpha 177 ; enregistré à
_ l’idéale aussi ! _ l’Heure bleue de La Chaux-de Fonds, en juin 2010 ; et par le magicien Hugues Deschaux !!!..)
marque une date
dans l’historiographie de la discographie mozartienne !

C’est à se damner de jouissance

musicale !


Titus

Titus Curiosus, le 1er février 2011

Les beautés inouïes du « continent » Durosoir : admirable CD « Le Balcon » (CD Alpha 175) !

25jan

En ouverture à l’admirable CD Alpha 175 « Le Balcon » de Lucien Durosoir…

Mon commentaire des œuvres

_ Le Balcon (Poème symphonique pour Basse solo, Cordes vocales et Cordes instrumentales) (1924) ; Sonnet à un enfant, pour soprano et piano (1930) ; Idylle, pour quatuor d’instruments à vents (1925) ; Trilogie : Improvisation, Maïade, Divertissement, pour violoncelle et piano (1931) ; Trio en si mineur, violon, violoncelle et piano (1926-1927) ; Berceuse, pour violoncelle et piano _

est à suivre ;

mais j’ai hâte de signifier sans retard le degré,

la hauteur et toute l’étendue

de mon admiration,

tant pour les 6 nouvelles œuvres de Lucien Durosoir mises par ce CD Alpha 175 à disposition de la joie des mélomanes du monde entier _ Wow !!! _,

que pour la perfection des interprètes _ l’ensemble vocal Sequenza 9.3, le Quatuor Diotima & Yann Dubost, le trio Hoboken, le Quintette Aquilon, Jeff Cohen & Kareen Durand, Raphaël Merlin & Johan Farjot : quelle vie ! quelle époustouflante jeunesse ils savent donner à cette musique ! On dirait que celle-ci sort toute fraîche de la plume et de l’encrier de Lucien Durosoir lui-même ! Wow !!! _

et celle _ sur un autre plan : mais c’est aussi un art ! _ de la _ magnifique ! c’est la perfection incarnée du rendu musical ! _ réalisation !.. Vive Hugues Deschaux !

Merci à eux tous !

Et Merci à Alpha,

et à l’initiateur _ et metteur en œuvre _ de cette réalisation artistique discographique d’ampleur mondiale et historique _ pour l’enrichissement de notre connaissance, et de la « musique française« , et de la « musique du XXème siècle«  ! ce qui n’est pas peu… _ :

l’éditeur visionnaire qu’est Jean-Paul Combet…

A l’écriture _ cf mon (tout premier) article du 4 juillet 2008 : Musique d’après la guerre _ de ma première écoute _ complètement subjuguée de l’intensité et retentissement si bouleversant du sentiment de beauté éprouvé !!! _ du CD Alpha 125 _ Lucien Durosoir : Quatuors à cordes _,

l’expression de « continent » _ pour désigner cette musique qui se découvrait alors : combien splendidement ! _

m’était venue

d’elle-même

à l’esprit,

tant elle me paraissait à même de rendre (un peu) compte de la force

_ d’une évidence subjuguante, en sa puissance renversante à la fois de vérité (eh oui !), et de beauté sublime (j’ose ici l’oxymore !) : une rencontre de ressenti musical éprouvé somptueux

appelée, sans nul doute, à des « suites«  : celles d’autres découvertes encore, et renouvelées, d’œuvres se surpassant les unes les autres ; 

des « suites«  de sidération de beauté comme promises, en des promesses virtuelles qui seraient immanquablement tenues (et voilà ! c’est le cas !) : par la générosité créatrice comme à profusion (et parfaitement fiable en sa force ! voilà ce qui est désormais parfaitement avéré ! avec Jouvence (CD Alpha 164) et maintenant Le Balcon) du compositeur Lucien Durosoir, en son œuvrer, juste (mais impeccablement !) déposé sur le papier et laissé « au tiroir«  (ou, plutôt,  « dans une armoire«  : cf ce qu’en dit son ami Paul Loyonnet, en ses Mémoires : Lucien Durosoir « avait la plus entière confiance dans sa musique, et m’écrivit qu’il mettait, à l’instar de Bach, ses œuvres dans une armoire, et qu’on la découvrirait plus tard« …) :

comme en certitude tranquille d’être, quelque jour, posthume même (et probablement …), sonorement enfin « joué«  ; Lucien Durosoir (1878-1955) n’avait pas l’impatience, et tout particulièrement après ce à quoi il avait survécu lors de la Grande Guerre !, de la reconnaissance mondaine ! encore moins immédiate, ni rapide ! : la plénitude des œuvres parfaitement achevées (par ses soins purement musicaux : quel luxe !), suffisant à le combler !.,

Durosoir, donc, en son œuvrer,

« tient«  mille fois plus

qu’il n’a pu paraître, à son insu même, bien sûr !, « promettre«  !.. Quel prodige !) _

l’expression de « continent« , donc,

m’était très spontanément venue à l’esprit,

tant elle me paraissait à même de rendre (un peu) compte

de la force

de puissance

et intensité

de mon sentiment d' »aborder » une terra incognita (de musique : inouïe !) à dimension d’immensité profuse (= tout un univers !) :

pas un petit « territoire« , quelque « canton » adjacent et adventice, ou quelque nouvelle « province » vaguement subalterne, voire anecdotique _ si j’osais pareils qualificatifs inadéquats _

à gentiment abouter au « massif » bien en place de la musique française,

ou de la musique du XXème siècle _ ou/et les deux _ ;

ni même quelque « pays« , de plus notables dimensions ;

non !

rien moins qu’un « continent » !

une Australie (mais d’ici ! : simplement inouïe _ et inimaginée _ de nous !..)

immense !

et cela, au sein, donc, de la plus _ et meilleure _ « musique française« , qui soit ;

et de la plus _ et meilleure _ « musique du XXème siècle« , qui soit ! aussi…

Rien moins !

Mais qui d’un coup venait

« dépayser« 

tout le reste…

Charge à tous les « rencontreurs » _ par ces CDs, déjà ; ou par les concerts donnés de ces œuvres… _

de ces musiques de Lucien Durosoir,

d’y « faire« , chacun, peu à peu _ mais ça vient ! CD après CD ! Concert après concert… _ « son oreille » :

encore toute bousculée

de ce qui s’y découvrait,

et ayant à « reprendre tous (ou enfin presque…) ses esprits« 

s’ébrouant de la surprise un peu affolante du « dépaysement » de l’inouï

de telles « expériences » d’audition

d’œuvres :

et si merveilleusement idiosyncrasiques,

et à un tel degré _ confondant ! _ de finition, « dominées« …


De fait,

audition de CD après audition de CD _ et en les renouvelant ! _,

il faut bien convenir, maintenant,

après le CD Jouvence et avec ce CD Le Balcon,

que les œuvres de Lucien Durosoir que nous « rencontrons« 

_ soient, 28 à ce jour, réparties en 4 CDs _

ne sont,

et aucune _ pas la moindre, même ! certes pas, ni jamais… _,

interchangeables,

ou « équivalentes« ,

mais

se révèlent, à notre écoute,

encore, à nouveau, et chaque fois,

et pour chacune d’elles, en leur « unicité« ,

singulières _ quelle puissance de surprise ainsi renouvelée ! _,

toutes :

tout aussi surprenantes et subjuguantes !

De cela,

j’ai eu l’intuition

étrangement intense

rien qu’à comparer, déjà, entre eux, les trois quatuors,

de 1919, 1922 et 1934,

dans le CD Alpha 125 des Quatuors à cordes de Lucien Durosoir…

Comme si le génie musical singulier de Lucien Durosoir

disposait _ et avec quelle aisance ! et quelle force d’évidence ! _

de la puissance _ somptueuse ! _ de la diversité

dans une fondamentale unité :

le mélomane _ face à de tels tourbillons (dominés) de musique le saisissant _ parvient peu à peu _ il lui faut d’abord « recevoir«  (et « accuser le coup«  de…) la force considérable (et assez peu fréquente) de cette musique inouïe ! afin de se mettre, lui, le « receveur«  de (= « invité«  à) cette musique, à sa hauteur, en cette « réception«  singulière… _ à dégager la profondeur de cette capacité _ durosoirienne _ de diversité dans l’unité,

en toute la force et l’étendue de sa rare puissance

_ beethovenienne ?

en tout cas, assez peu exprimée comme ainsi et à ce degré-ci, dans tout ce qu’a pu donner le génie français… _,

disque après disque !

et œuvre après œuvre !..

C’est maintenant plus que manifeste avec ce quatrième CD, Le Balcon

Deux CDs  _ un de musique de piano ; un de musique symphonique _

nous demeurant à découvrir ;

et comportant les deux œuvres (vastes, les deux) que Lucien Durosoir gardait toujours à portée de sa main, chez lui, à Bélus :

Aube, sonate d’été (pour piano), composée en 1925-26 ;

et Funérailles (suite pour grand orchestre) : à la mémoire des soldats de la Grande Guerre ; composée de 1927 à 1930…

Les œuvres de Lucien Durosoir ainsi approchées et découvertes

venant à composer ainsi peu à peu pour chacun des auditeurs, au fur et à mesure de ses « rencontres« -écoutes,

un « massif » _ tout de plénitude ! _

d’efflorescences profusément généreuses

splendidement dominées

_ le (riche et dense) génie de Durosoir est d’une extraordinaire amplitude ;

et d’une non moins formidable stature ;

le maître d’œuvre façonnant sculpturalement les flux généreux de matière musicale vivante profonde, somptueusement colorée, dont il s’empare

et qu’il pétrit, magistralement,

tel un Rodin de la musique… Ou un Michel-Ange musicien… _

les œuvres de Lucien Durosoir tour à tour approchées

venant à composer ainsi,

œuvre à œuvre, pour chaque auditeur,

un « massif » _ floral _ de musique

de plus en plus riche :

nous en prenons chaque fois davantage et un peu mieux conscience,

en nous en approchant,

et l’explorant

peu à peu, à chaque audition _ au CD, au concert _,

et de mieux en mieux ;

cela,

à la dimension d’un « continent« , donc…

Dans un article à suivre,

je détaillerai ma « réception » des six œuvres (de ce CD Le Balcon) _ si variées, dès le choix de leur instrumentarium…

Cf les analyses parfaites, comme chaque fois (soient des bijoux de finesse et justesse !) de Georgie Durosoir dans le livret du CD !

Mais d’ores et déjà, je souhaite mettre en exergue la force du frisson qui nous saisit dans le Poème symphonique Le Balcon (en 1924) au ressenti du jeu des « Cordes vocales«  et des Cordes instrumentales, mettant en relief la voix de Basse interprétant les vers de Baudelaire en son poème des Fleurs du mal… ; ainsi que la puissance bouleversante du Trio (en 1926-27), à comparer, en l’intensité de sa vie et de son audace (sublime !), avec cet autre merveilleux accomplissement durosoirien qu’est le troisième Quatuor (en 1934)… _

de ce CD admirable :

le CD Alpha 175 Le Balcon, de Lucien Durosoir…

A quelle qualité de joie (musicale)

accédons-nous là !


Titus Curiosus, le 25 janvier 2011

Post-Scriptum :

Je m’aperçois _ je l’avais donc oublié ! _ que le même mot de « continent« ,  à propos de l’œuvre de Lucien Durosoir, m’était à nouveau venu à l’esprit lors de l’écriture de deux autres de mes articles à l’occasion de la parution du CD Alpha 164 Jouvence _ les voici : le “continent Durosoir” livre de nouvelles merveilles : fabuleuse “Jouvence” (CD Alpha 164) !!! et Le génie (musical) de Lucien Durosoir en sa singularité : le sublime d’une oeuvre-”tombeau” (aux vies sacrifiées de la Grande Guerre) ; Baroque et Parnasse versus Romantisme et Nihilisme, ou le sublime d’éternité de Lucien Durosoir _ : toujours la même impression de profondeur, puissance et vastitude !

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