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Sertir la perfection du chant haendelien (dans ses oratorios anglais) pour les voix idéales de Léa Désandré et Iestyn Davies : ce que vient apporter le CD « Eternal Heaven » de l’Ensemble Jupiter et son chef (et luthiste) Thomas Dunford en plus des CDs d’oratorios complets…

06déc

Sertir la perfection du chant haendelien (dans les oratorios anglais) pour les voix idéales de Léa Désandré et Iestyn Davies,

tel est le but superbement réalisé dans le CD « Eternal Heaven » _ Erato 5054197196775 _ par Jonathan Dunford et son ensemble _ quasi de chambre ici, avec seulement 11 musiciens instrumentistes : Thomas Dunford, luth ; Sophie Gent & Tuomi Suni, violons ; Jérôme Van Waerbeke, alto ; Keiko Gorni, violoncelle ; Hugo Abraham, contrebasse ; Sébastien Marq, flûte ; Neven Lesage, hautbois ; Peter Whelan, basson ; Jean Rondeau, clavecin ; et Tom Foster, clavecin & orgue… _ Jupiter…

Qu’on regarde et écoute ici la délicieuse vidéo (de 5′ 07) du sublime duo « To thee, thou glorious son of worth« , de l’oratorio « Theodora« , Partie II, scène 5…

Et qu’on lise, par exemple _ mais avec recul quant à ses critiques _, l’article « Haendel sous le signe du plaisir et du jeu« , paru hier 5 décembre dans Crescendo, sous la plume de Bénédicte Palaux-Simonnet :

Haendel sous le signe du plaisir et du jeu 

LE 5 DÉCEMBRE 2022 par Bénédicte Palaux-Simonnet

« Eternal Heaven ». Œuvres de George Frederic Haendel (1685-1759).

Léa Desandre, mezzo soprano ; Iestyn Davies, contre ténor ; Ensemble Jupiter, direction musicale et luth : Thomas Dunford.

2022

Livret et textes en français, anglais, allemand. 86’25’’

Erato 5054197196775


Vêtus de blanc dans un décor d’alpages, trois musiciens secondés par le petit ensemble _ de 11 instrumentistes seulement, en plus des deux chanteurs _ « Jupiter », proposent un récital de 86 minutes consacré à Haendel. Une succession d’extraits _ d’airs et duos _ d’oratorios divers, créés dans la période anglaise (Semele en tête avec 6 airs, suivie de Theodora, Susanna, Esther, Hercules, Solomon, notamment) font alterner duos et solos en anglais accompagnés d’un continuo réduit _ voilà ! _ à géométrie variable _ s’agissant ici de mettre bien en valeur le chant…

Le mélange d’une voix de mezzo léger _ celle de Léa Désandré, 28 ans au moment de l’enregistrement du CD, du 1er au 6 octobre 2021, à la Chapelle Corneille, à Rouen _ avec celle d’un « countertenor » venu de York _ Iestyn Davies, 42 ans_, formé dans les chœurs d’enfants du St John’s College à Cambridge, excellent connaisseur du répertoire anglais (Purcell et Britten entre autres), pouvait surprendre. Mais le timbre clair de Iestyn Davis met en valeur les couleurs plus ombrées de celui de Léa Desandre, tandis que l’évanescence de l’un et la légèreté véloce de l’autre se fondent jusqu’à donner l’impression de voix « en miroir » ou, même, de voix-jumelles.

La sensibilité affleure plus volontiers dans les airs solistes grâce à l’intimité d’une projection chambriste. Le format se prête tout autant à une virtuosité aérienne qui semble se rire de ses propres exploits. Car ce sont bien le jeu, la joie et l’aisance qui irradient _ voilà _ ce programme. Sous la direction virevoltante de Thomas Dunford _ 33 ans _, également au luth _ oui ! _, affleure une complicité musicale de chaque instant _ oui ! _ qui emporte l’adhésion.

Adhésion non dénuée de regrets _ que je ne partage pas, au vu du projet bien particulier de ce CD… Ainsi de la transposition de l’Ode for the Birthday of Queen Anne qui modifie l’équilibre sonore voulu par le compositeur ou de l’arrangement pour luth de la Sarabande de la Suite en ré mineur rendue célèbre par le film Barry Lyndon _ mais tout cela est parfaitement volontaire et assumé de la part de Thomas Dunford. La prévalence de sonorités droites parfois tendues dans les aigus (No, no I’ll take no less, extrait de Semele) évoque une esthétique « baroqueuse » révolue, sans compter ornementations frugales, da capo évasifs ou réverbérations intempestives _ mais il ne s’agissait pas du tout de donner des extraits d’oratorios avec des effectifs complets…

Ajoutons encore l’exaspérant violon (fiddler ?) qui introduit le duo Joys of Freedom auquel ne manque que la cornemuse, voire intempestif dans l’air d’Athanas (Despair no more shall wound me) déjà pénalisé par des vocalises sur la syllabe « Wou-ou-ou » –.

Quant aux effectifs restreints, même ingénieusement agencés, ils répondent au choix _ mais oui _ d’une esthétique épurée « à l’os » qui ne manque pas de charme, mais relève de goûts plus personnels _ et alors ??? _ que fidèles au compositeur du Messie _ mais une fois encore, tel n’était pas là l’objectif de ce récital-florilège d’airs et duos au service du seul chant…

Pour conclure on s’attardera sur les interventions aussi belles qu’éloquentes du hautbois (Neven Lesage) culminant avec l’air de la Reine de Saba (Solomon A. III), Will the sun forget to streak – moment belcantiste où la voix s’épanouit dans sa tessiture naturelle tandis que les violoncelles, hautbois et autres instruments conversent, s’enlacent et se répondent. De son côté Iestyn Davies prête à l’air de Saul, O Lord, whose mercies numberless (David _ de Saul _), une pureté retenue qui flotte en apesanteur. Dans le même élan, les phrasés caressants presque chuchotants du duo final Theodora-Didymus (II, 5) _ de Theodora ; cf la vidéo que j’en donne ici… _ suscitent un climat quasi extatique _ voilà.

Ce n’est pas tout ! Un petit clin d’œil folk-pop se glisse en bis qui en dit long sur l’entente et le plaisir des musiciens.

Son 9 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation  10

Bénédicte Palaux Simonnet

Un récital-florilège qui sert parfaitement l’exceptionnel génie de la mélodie de Haendel,

comme la perfection de l’art du chant de Léa Désandré et Iestyn Davies…

Ce mardi 6 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pourquoi si peu de réussites discographiques de la Messe en ut mineur K. 427 de Mozart ? Minkowski, après Harnoncourt. Ou Fricsay…

03oct

Á plusieurs reprises déjà,

j’ai recherché une interprétation discographique vraiment réussie de la Messe en ut mineur K. 427 de Mozart.

Pour quelles raisons celle-ci est-elle donc si malaisée à vraiment « attraper« 

et « rendre » à la perfection

par ses interprètes ?..


Cf par exemple mon article du 19 mai 2020 « « …

Hier, 2 octobre, sur son site Discophilia,

et sous le titre « Baroque« ,

Jean-Charles Hoffelé a donné un compte-rendu

de l’interprétation que vient de donner de cette mozartienne Messe en ut mineur K. 427

Marc Minkowski,

à la tête de ses Musiciens du Louvre,

pour le label Pentatone _ soit le CD PTC 5186812.

Voici cet article :

BAROQUE

Sombre Kyrie ! Avant qu’Ana Maria Labin n’entonne son Kyrie, Marc Minkowski donne une couleur tragique à la grande Messe en ut, soupesant ses ombres, affirmant un sens du discours qui entend bien immerger l’œuvre dans une esthétique baroque _ voilà le parti pris. Tout ne sera qu’expression _ quasi expressionniste… _, la liturgie de la messe devenant une petite passion _ voilà : au sens de la psychologie de l’affectivité _ où les sentiments s’expriment avec une intensité d’autant plus prenante qu’elle est contenue _ un bel oxymore _, le chef maîtrisant le temps avec un art certain _ et c’est une forme de compliment.

Le petit chœur – neuf chanteurs – s’accorde à rejoindre dans des fondus assez inouïs la palette _ volontairement _ obscure des Musiciens du Louvre, l’équilibre se trouvant moins aisément dans les tonnerres du Gloria, mais que la douceur revienne, et comme tout cela prie et émeut _ soit un nouvel oxymore !

En majesté, le Credo rayonne, avant que l’émotion de l’Et incarnatus est _ un hapax de climax _ ne vienne vous saisir, ce mystère où Mozart aura écrit l’une de ses plus belles mélodies de soprano _ c’est très juste, en effet, anecdotiquement, mais tout de même un tantinet réducteur quant à la portée de l’œuvre elle-même…

L’approche de Marc Minkowski est si singulière _ voilà _ dans ce pan du répertoire mozartien qu’elle pourrait apporter l’éclairage nouveau _ seulement une démarque de marché ? _ que celui-ci attendait _ discographiquement _ depuis le geste de Nikolaus Harnoncourt. En poursuivra-t-il l’exploration ?

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart(1756-1791)
Messe en ut mineur, K. 427

Ana Maria Labin, soprano I
Ambroisine Bré, soprano II
Stanislas de Barbeyrac, ténor
Norman Patzke, basse
Les Musiciens du Louvre
Marc Minkowski, direction

Un album du label Pentatone PTC5186812

Photo à la une : le chef Marc Minkowski – Photo : © DR

Ce samedi 3 octobre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Josquin : aussi un mélodiste ! L’événement du CD « Josquin Adieu mes amours », de Dulces Exuviae

28juin

Le premier grand mérite du CD Josquin Adieu mes amours

_ le CD Ricercar RIC 403 _

de l’ensemble Dulces Exuviae,

constitué du baryton Romain Bockler et du luthiste Bor Zuljan,

est de nous offrir une facette originale de Josquin Des Prez (c. 1450 – 1521) :

le mélodiste ;

et non pas le génie de la polyphonie.


Les interprètes et concepteurs de ce très réussi projet _ et original _ discographique

ont pris appui sur plusieurs remarques de Baldassare Castiglione, en son célèbre Il Cortigiano,

mentionnant le succèss des interprétations par un chanteur et un luth,

d’adaptations de chansons polyphoniques

_ en particulier par un certain Antoine Colebault.


Ce très intime et intense CD

m’a donné aussi l’occasion de revenir prêter une oreille

à un précédent CD dont une des chevilles ouvrières était déjà Bor Zuljan,

le CD Gorzanis La Barca del mio amore _ Napolitane, Balli e Fantasie _ le CD Arcana A 450 _,

avec son ensemblee La Lyra,

constitué ici de Pino de Vittorio, le merveilleux chanteur,

Fabio Accurso, au luth,

Domen Marincic, à la Viole de gambe,

Massimiliano Dragoni, aux percussions,

et Bor Zuljan lui-même. au luth et à la guitare Renaissance, et à la direction.

Ce qui m’a permis aussi d’apprendre

qu’autour de Bor Zuljan, Romain Bockler, Pino de Vittorio et les musiciens de La Lyra,

auraient lieu au château de Bournazel _ dans l’Aveyron, entre Rodez et Villefranche-de-Rouergue _

trois soirées de concerts,

avec le patronage de mon ami Jean-Paul Combet.

Ce vendredi 28 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

La reconnaissance du triomphe du génie de Stéphane Degout dans « Les Nuits d’Eté » d’Hector Berlioz et Théophile Gautier : quand l’incarnation et l’imageance d’une interprétation atteignent, elles aussi, au sublime de l’oeuvre portée, soient, et la mélodie et le poème…

22fév

Les lauriers s’abattent

ces jours derniers

sur le merveilleux baryton Stéphane Degout !

Cf mon article enchanté du 19 janvier dernier :

Ce jour,

le miracle de sa performance dans les si merveilleuses Nuits d’été de Berlioz

se voit célébré _ comme il convient _ par l’excellent Jean-Charles Hoffelé,

en sa chronique Discophilia

sur le site Artamag,

par un article justement intitulé Nuits obscures :


NUITS OBSCURES

Ce n’est pas faire injure à François-Xavier Roth et à ses Siècles, moins encore à Tabea Zimmermann, que d’avouer que j’ai sauté à pieds joints _ mais moi aussi ! _ par-dessus leur Harold en Italie aussi surprenant que déconcertant : cet orchestre éruptif _ oui _, cet alto magique, vrai personnage _ sans doute _, ont leurs atouts, vous y viendrez ou pas, mais je crois bien que comme moi vous fondrez _ absolument ! _ dans la mélancolie _ somptueusement jouissive, mais sans pathos du tout ! du fait de son parfait naturel… _ de ces Nuits d’été inattendues où Stéphane Degout vole tranquillement la vedette _ parfaitement ! mais oui !!! _ à deux siècles de mezzo-sopranos _ et pas des moindres : Régine Crespin, Janet Baker, pour commencer ; somptueusement géniales déjà, elles aussi…

Affaire de timbre _ mais oui ! _ – ce creusement, ce sfumato du medium _ voilà ! _ qui – paradoxe ! – précise pourtant _ sans rien gâcher, mais dans la plénitude, au contraire, de l’élan porteur de chaque phrase, qui nous transporte et emporte sereinement par son art du naturel jusqu’au sublime !!! _ les mots, ce legato où les syllabes viennent vous étreindre _ oui _ comme un chant de violoncelle _ mais oui ! _, ah, Gautier n’aurait pas osé les imaginer, mais Berlioz en serait lui aussi _ peut-être _ surpris _ et là se situe bien le génie de l’interprétation (et d’un interprète), un jour de grâce (divinement béni) de la plus parfaite invention et justesse d’inspiration. L’imageance de l’interprète est elle aussi sublime, en sa plus que parfaite incarnation de ces poèmes !

C’est l’art qui cache l’art _ parfaitement, encore : pas un seul grain de voix qui soit là forcé _, cet enveloppement visionnaire _ oui, oui ! _ qui transporte _ parfaitement ! _ vers un horizon chimérique _ nimbé _, cette voix où le poème s’incarne _ oui _ dans une telle noblesse _ oui _ et avec tant d’émotion _ nous en tremblons de jubilation et reconnaissance. Qui chantait la mélodie ainsi ? Plus personne en tous cas depuis Charles Panzéra dont Stéphane Degout ressuscite ici les mânes. Venez vous y étourdir _ oui _, et rêver dans cette nuit sans lune _ absolument fidèle à l’univers du poème de Théophile Gautier, compris et donné, ici, comme probablement jamais auparavant ! _, infini sépulcre _ oui _, venez danser avec le fantôme _ de la rose disparue.


LE DISQUE DU JOUR












Hector Berlioz (1803-1869)


Les Nuits d’été, H. 81B
Harold en Italie, H. 68

Stéphane Degout, piano
Tabea Zimmermann, alto
Les Siècles
François-Xavier Roth, direction

Un album du label harmonia mundi HMM 02634

Photo à la une : le baryton français Stéphane Degout – Photo : © Julien Benhamou

L’intelligence du critique (Jean-Charles Hoffelé)

sait donc ici rejoindre

celle

_ exceptionnelle, à un tel degré d’intuition et d’imageance, il faut aussi le souligner :

disons véritablement géniale ! _

de l’interprète (Stéphane Dégout),

qui sait _ si merveilleusement : chapeau bien bas l’artiste ! _

se mettre à la parfaite _ sublime ! _hauteur

et du poème (de Théophile Gautier) 

et de la mélodie (d’Hector Berlioz) :

sublimes

_ déjà….

Jamais nous n’avons si bien perçus et compris

et la mélodie (de Berlioz)

et le poème même (de Gautier) ! Aussi !

Quel art sublime de la diction…

C’est dire le génie tout à fait exceptionnel de Stéphane Degout,

et de l’apport très fructueux à sa réalisation musicale

de François-Xavier Roth

et des Siècles.

Ce vendredi 22 février 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une perfection de récital Haendel : le CD « Mio caro Händel » de Simone Kermes

18fév

Haendel brille magnifiquement

tout particulièrement en ses opéras et oratorios.

Et il est très aisé aux gosiers les plus véloces

de faire leur miel (et marché)

parmi les dizaines et dizaines d’airs plus superbes et séduisants les uns que les autres.

Mais avec son récital

de onze airs d’opéra (en italien), trois airs d’oratorio (en anglais) et un air de mélodie allemande (en allemand)

de son CD Mio Caro Händel

_ le CD Sony 19075861772 _,

avec « ses » musiciens de l’ensemble Amici Veneziani,

dirigés par Boris Begelman, maître de concert,

la soprano virtuosissime Simone Kermes atteint

rien moins qu’au sublime !

et dans la plus grande justesse, toujours, de son jeu !

Parfaitement !

Ce récital

_ et avec quelques tubes :

« Piangero la sorte mia« , « Ombra mai fu« , « Moriro, ma vendicata« , « Se ‘l mio dol non e si forte« , « Scherza in mar la navicella« , « Lascia ch’io pianga« , tous merveilleusement donnés ! _

est un enchantement

extraordinaire

du début jusqu’à la fin,

sans la moindre chute de tension.

Brava !


Absolument recommandable

pour s’enivrer du plus beau Händel…

Ce lundi 18 février 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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