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Maxim Emelyanychev et il pomo d’oro en extraordinaire état de grâce dans les Symphonies n°1 (« the beginning ») et n°41 (« the end ») de Mozart : un sublimissime (de vie !) CD Aparté AP 307 ; ou la pressante question de l’énigme de l’idiosyncrasie du style…

04fév

Ce que j’ai, bien à tort _ et gravement, j’en demande pardon ! _, négligé de dire dans mon article d’hier « « ,

c’est que Maxim Emelyanychev, non seulement est absolument magnifique en la grâce ultra-vivante et justissime de son jeu si fin, si vif et si pleinement « mozartien » au pianoforte _ cf la vidéo (de 6′ 39) du sublime adagio du 23e Concerto en la majeur K. 488, achevé de composer le 2 mars 1786 ; interprétation à comparer avec celle de cette vidéo du même adagio par Andreas Staier et Le Concert de la Loge dirigé par Julien Chauvin : l’adagio tendrissime de Maxim Emelyanychev est sans la moindre complaisance pré-romanticissante, encadré qu’il est par deux sublimes (eux aussi) jubilatoires allegros ; quelle merveille !.. _mais qu’il est peut-être plus encore absolument transcendant et magistral dans la conduite si merveilleusement « naturelle » de jubilatoire _ enthousiasmante ! _ évidence de son superbe orchestre d’instruments anciens _ quelle saveur extraordinaire révèle ici chacun des instruments ainsi joués par de tels si magnifiques et parfaits instrumentistes ! _ qu’est ce magique il pomo d’oro…

Ces deux premières symphonies de Mozart données-enregistrées ici, soient la première K. 16, en mi bémol majeur, de 1764, et la quarantième et ultime K. 551, en ut majeur, « Jupiter« , de l’été (août) 1788, n’ont probablement jamais connu jusqu’ici de pareille si juste, vivante et profondément marquante incarnation au disque, en ce magique _ oui ! _ CD Aparté AP 307.

Et ne pas mettre l’accent là-dessus serait la plus terrible injustice à l’égard de ce génial chef si parfaitement musicien qu’est Maxim Emelyanychev ;

ainsi qu’à l’égard aussi, bien entendu, de chacun des membres présents ici de ce formidable ensemble qu’est décidément, CD après CD, cet extraordinaire il pomo d’oro

Le principal et fécondissime apport de ce début de réalisation de ce projet d’exploration symphonique mozartien de Maxim Emelyanychev, est de si bien ici s’approcher, et nous donner à ressentir, bel et bien, en cette recherche interprétative effective _ les enregistrements de ce CD Aparté ont été réalisés sous la direction artistique de Nicolas Bartholomée à Paris, en l’église Notre-Dame du Liban, du 28 au 30 juin 2022 : c’est l’excellent Nicolas Bartholomée qui avait été le directeur artistique de l’enregistrement, à Saint-Michel-en-Thiérache, du CD de la Simphonie du Marais « Un Portrait musical de Jean de La Fontaine« , l’été 1995 : j’étais présent tout au long des séances d’enregistrement ; et cela m’avait, bien entendu passionné ! _, ce qui constitue la génialissime idiosyncrasie mozartienne,

de son départ _ tout du moins pour ce qui concerne ici le volet de l’œuvre symphonique, qui va du K. 16, noté en 1764, au K. 488, noté en 1788… _, à son apogée,

tout du moins pour ce qui concerne le volet symphonique de l’œuvre de Mozart…

C’est-à-dire plus précisément en s’interrogeant, au plus près de la musique symphonique ainsi notée au vol de la composition par Mozart, sur ce qui, en le K. 16 de 1764, anticipe en quelque sorte déjà tout le reste _ symphonique, donc, mozartien _ qui suivra, année après année ;

et, de même, sur ce qui est venu nourrir, infinitésimalement, au fil de la succession des œuvres réalisées, au fil des ans, cet absolu chef d’œuvre symphonique étourdissant-éblouissant qu’est cette radieuse Symphonie « Jupiter » K. 551 d’août 1788…

Ou encore,

puisque, selon l’intuition justissime de ce contemporain de Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – 5 décembre 1791) qu’a été Buffon (7 septembre 1707 – 16 avril 1788) _ son magnifique « Discours sur le style » a été prononcé à l’Académie française le jour de sa réception, le 25 août 1753 _« le style, c’est l’homme même« ,

qu’est ce donc qui constitue et crée l’essence la plus fondamentale et si reconnaissable _ quasi instantanément à l’écoute ! _ de ce miraculeux rayonnant _ mais pas jusqu’à l’insolence… _ style mozartien _ tel qu’a pu en baver de jalousie le moins génial, plus laborieux, Antonio Salieri, comme est venu le figurer l‘ »Amadeus » de Milos Forman, en 1984… 

Nul doute, déjà, que Maxim Emelyanychev, dans Mozart, ici, comme en d’autres de ses explorations du champ musical, nous réserve encore maintes merveilleuses découvertes et surprises de révélations _ mais oui, à ce point ! _ des œuvres, par sa si vivante et jubilatoire interprétation…

Mais, déjà, et pour aujourd’hui :

« Chapeau, Messieurs, bien bas, à vous tous, superbes interprètes » de ce grand « PETIT DISQUE ROUGE » d’Aparté…

….

Ce samedi 4 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quelques réflexions de, par et avec Emmanuel Mouret sur quelques arcanes de l’artisanat de son cinéma singulier ; et son style…

26jan

Le 10 septembre 2022, à la Cinémathèque à Paris,

au cours d’une splendide rétrospective _ donnée du 5 au 15 septembre  2022 : consulter ici le programme complet de ses 13 séances… _ de l’ensemble de ses films, depuis « Laissons Lucie faire » en 2000 _ ainsi que ses 8 courts métrages compris, depuis « Montre-moi !«  en 1996 (« Il n’y a pas de mal« , en 1997 ; « Caresse« , en 1998 ; « Promène donc toi tout nu !« , en 1999 ; « Aucun regret« , en 2016 ; « Tout le monde a raison« , en 2017 ; « Le consentement« , en 2019 ; et le délicieux « Un zombie dans mon lit«  (de 13′), tourné au Pyla, avec la merveilleuse Frédérique Bel, plus séduisante et jeune et jolie que jamais en son rôle d’hyper-innocente ingénue (ici petit-chaperon-rouge joggeuse dans la forêt : « Promenons-nous dans le bois, voir si le loup n’y est pas, Loup y es-tu ? m’entends-tu ? Je mets ma culotte…« …), en 2019 aussi ; tâchez de ne pas le manquer ! il est donné en bonus dans le DVD, paru avant-hier 24 janvier, de « Chronique d’une liaison passagère » ; avec aussi un passionnant entretien (de 47′) avec Philippe Rouyer « Filmer la parole – Conversation avec Emmanuel Mouret et Laurent Desmet, directeur de la photographie« …)… _, et au moment de la sortie en salles, alors, de son tout dernier long métrage « Chronique d’une liaison passagère« ,

en un entretien nourri avec Gabriela Trujillo et Bernard Beloliel,

Emmanuel Mouret s’est livré à une analyse impromptue « EMMANUEL MOURET PAR EMMANUEL MOURET, UNE LEÇON DE CINÉMA« , passionnante et superbement détaillée, de son art singulier _ son style ! _ de filmer _ avec l’humour et l’humilité tranquille qui le caractérisent.

Qui nous apporte décidément beaucoup, beaucoup, à méditer…

En voici donc la nourrissante et très agréable vidéo (de 95′).

Ce jeudi 26 janvier 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir-écouter « Olympia » (Concerto pour accordéon et orchestre) de Karol Beffa à sa création au Théâtre des 4 Saisons de Gradignan, mardi 7 juin 2022, à 20h15, avec Félicien Brut, le dédicataire de ce Concerto

05juin

En forme de réponse concrète bien effective, bien sonore et, mieux encore, très musicale, à l’éditorial du Magazine Classica de ce mois de juin 2022,

auquel je m’efforçai de donner une première forme de proposition de réponse en ouvrant mon article du 2 juin dernier «  » par ces modestes considérations-ci, que je me permets de rappeller ici :

« Un bien intéressant article intitulé « Un éclair de lucidité » signé par Emmanuel Dupuy en ouverture, page 4 du n° 712 de ce mois de juin 2022 de Diapason,

et en commentant une tribune du compositeur Raphaël Cendo (né en 1975) parue dans Le Monde du 1er mai dernier,

fait le constat _ consterné ! _ de l’ »état de mort cérébrale« _ au moins depuis « trois bonnes décennies » ; voire même « à partir des années 1950«  _ de la musique contemporainr française ;

et « déplore le divorce durable entre la musique d’aujourd’hui et la foule des mélomanes« 

_ cf le livre si lucide de Karol Beffa « L’Autre XXe siècle musical«  (aux Éditions Buchet-Chastel) ; ainsi que le très éclairant entretien que j’ai eu avec Karol Beffa à propos de ce travail magnifique à la Station Ausone le 25 mars dernier (cf ici sa vidéo);

mélomanes dont la passion de la musique _ ainsi contrariée en sa curiosité et contrainte par pareille impasse de la création contemporaine de la musique française (issue, principalement, de Pierre Boulez : « non pas  Boulez, ce « visionnaire », mais ses« disciples » qui, prisonniers de son influence, en poste dans les institutions, n’ont pas su s’adapter ! Résultat : un immobilisme total de la pensée musicale dans les institutions censées justement l’encourager. (…) Il devient urgent de nous poser la seule question qui vaille : remplissons-nous toujours notre mission, celle de produire des œuvres novatrices, mais qui s’adressent à tous, nous parlent de nous et du présent ? J’en doute« , s’inquiétait le compositeur Raphaël Cendo)… _ s’est trouvée amenée à se tourner vers les répertoires de musique du passé, 

ainsi que les renouvellements _ désirés, et qui soient passionnément révélateurs à juste titre, forcément, pour ne pas être, sinon, tout simplement vains, comme c’est trop souvent le cas… _ des interprétations de ces œuvres,

au concert comme au disque…« …

voici, donc, ce jour,

la proposition d’un très effectif concert, pour après-demain mardi 7 juin, au Thé$âtre des 4 Saisons, à Gradignan, à 20h 15,

à l’invitation duquel créateur contemporain de musique, et de musique française, qu’est l’ami compositeur joyeux Karol Beffa, je me rendrai avec un très vif plaisir, pour y écouter-découvrir l’œuvre sienne qui va y être créée,

puisque c’est là-même que va donc être créé, oui, entre ces beaux murs-là, du Théâtre des 4 Saisons à Gradignan, à l’orée du beau bois du Parc de Mandavit, et par son dédicataire le très joyeux Félicien Brut, le Concerto pour Accordéon et Orchestre « Olympia » de Karol Beffa 

_ dont j’ignore encore la (ou les) raison(s) de ce titre ainsi donné, n’ayant pas encore demandé à Karol Beffa, et cela pour la toute simple bonne raison que j’en ignorais jusque là ce titre, « Olympia«  ;

ce titre choisi aurait-il, ou pas, quelque rapport avec le fait qu’ « Olympia« , ou « Olympias« , fut la princesse d’Épire, puis reine de Macédoine, épouse du roi Philippe II de Macédoine, qui a donné le jour à Alexandre-le-Grand ? ;

et, d’autre part, Karol a-t-il été appris qu’ « Olympia » est aussi le nom du cinéma sur l’emplacement duquel, Cours Georges Clemenceau, à Bordeaux, a été construit ce bel Auditorium, dans lequel ont eu lieu, les 24 et 25 mars derniers, les séances d’enregistrement pour le disque à paraître à l’automne prochain, pour le label Warner, dans lequel figurera cet « Olympia« -ci, ce Concerto pour Accordéon et Orchestre, composé par Karol Beffa pour son dédicataire, l’heureux accordéonniste joyeux, énergique et plein de vie, qu’est Félicien Brut ? _ ;

une œuvre qui, et je n’en doute pas un seul instant, sera « novatrice, s’adressant à tous, et nous parlant de nous et du présent« , pour reprendre les mots de Raphaël Cendo cités et commentés par l’opportun éditorial du numéro de Classica de ce mois de juin, par Emmanuel Dupuy, à propos de la création musicale contemporaine, et tout particulièrement en la France d’aujourd’hui…

Mettre en œuvre bien effective et pour le meilleur, avec une implacable exigeance de justesse et beauté, bien sûr, leur vibrante imageance d’artiste, en s’adressant à un exigeant public ouvert d’aujourd’hui, étant l’heureuse et à terme féconde injonction à laquelle répondent, au présent, les créateurs d’éternité…

Car une œuvre est toujours aussi une adresse bien réelle à quelqu’un, auquel et à laquelle, elle, l’œuvre, s’efforce de donner sa réponse singulière, avec sa propre et vraie, et haute, nécessité idiosyncrasique, hic et nunc, dans le temps donné par la vie, soit la réponse effective que vient proposer et offrir l’artiste.

Et en cela, l’œuvre est doublement un présent,

qu’il nous appartient, alors, à nous, d’apprendre, avec importante attention et même soin, à recevoir avec l’égard et toute la  justesse possible dus.

Car « Le style, c’est l’homme même« , ainsi que l’a bien formulé Buffon le 25 août 1753.

 

DES AMÉRIQUES À PARIS / Félicien Brut, accordéon & l
CLASSIQUE
MARDI 07 JUIN 2022 – 20H15

THÉÂTRE DES QUATRE SAISONS, GRADIGNAN

LA PAROLE À L’ORGANISATEUR
Après nous avoir offert un voyage Outre-Atlantique avec des compositions fameuses issues des quatre coins du continent américain Mexique, Brésil, État-Unis _, Laurent Gignoux et l’Orchestre du PESMD (Pôle Supérieur de Musique et de Danse Bordeaux Nouvelle-Aquitaine) accueillent sur scène un ancien élève du Pôle : l’accordéoniste Félicien Brut. Le public se souvient de son passage au T4S avec le Quatuor Hermès et Édouard Macarez pour le délicieux CD Pari des bretelles. Durant cette soirée, Félicien Brut va pouvoir continuer de développer un projet qui lui tient à cœur : la création de pièces pour accordéon soliste et orchestre.

Programme :

> Partie I/ (par l’orchestre du PESMD)


Arturo Márquez : Danzón nº 2 (10’) _ créé le 5 mars 1994. 
Heitor Villa-Lobos : Bachianas brasileiras n°2 (6’) _ créé en 1930.
Leonard Bernstein (1918-1990) : West Side Story – Danses symphoniques (25’) _ créé le 26 septembre 1957.

> Partie II / (avec Félicien Brut)


Astor Piazzolla : Oblivion (4’) _ créé en 1984 ; et je viens de retrouver parmi mes CDs 2 interprétations de cet « Oblivion«  par la merveilleuse Milva, et Astor Piazzolla lui-même…
Thibault Perrine : Caprice d’accordéoniste (8’) _ créé le 24 juillet 2018.
Karol Beffa : Olympia (18’) _ qui sera créé ce mardi 7 juin 2022 à Gradignan.

J’ai donc tout à fait hâte d’écouter-découvrir cette création, par son dédicataire Félicien Brut, d' »Olympia« , ce concerto pour accordéon et orchestre de Karol Beffa, qui a été enregistré, pour le label Warner, à l’Auditorium de Bordeaux, les 24 et 25 mars dernier, juste avant l’Entretien que j’ai eu avec Karol Beffa à la Station Ausone, autour de son très riche essai « L’Autre XXe siècle musical » ;

cf mon article du 7 avril dernier :

« « …

Ce dimanche 5 juin 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

En avant-propos à ma lecture commentée à venir du « Journal 2008-2018 _ Car vous ne savez ni le jour ni l’heure » de Jocelyne François, un Hors-série (n°4) de la Revue de littérature « Les Moments littéraires », ce message de réception adressé au préfacier, René de Ceccatty…

17mai

Simplement,

ces deux courriels suivants _ le premier à 14h 33 ; et le second à 19h 43 _

adressés ce jour à l’ami René de Ceccatty,

préfacier du « Journal 2008-2018 _ Car vous ne savez ni le jour ni l’heure » de Jocelyne François, un Hors-Série de la Revue de Littérature « Les Moments littéraires« ,

suite à l’inattendue réception ce jour, à la Librairie Mollat, de ce volume,

nommément destiné, par le Directeur de cette Revue, Gilbert Moreau, à Francis Lippa…

« Cher René,

 
De passage, en coup de vent, ce matin, chez Mollat _ pour m’enquérir de l’arrivée, ou pas, de CDs commandés _,

je croise Pierre Coutelle, qui me demande si je suis au courant _ non, je ne le suis pas _ de l’arrivée chez Mollat (le 9 mai) d’un envoi qui m’est destiné, de la part des Éditions _ ignorées de lui !, me dit-il… _ « Les moments littéraires » (le cachet de la poste sur l’enveloppe est daté, lui, du 5 mai).
 
Et il me remet le paquet, sans même attendre que je découvre son contenu ; et que je lui révèle…
 
Il s’agit du « Journal 2008-2018 » de Jocelyne François,
que j’ouvre vite, pour y découvrir, en tête, une préface signée de toi…
Et voilà que je viens de lire cette Préface de 14 pages, intitulée « Pureté et vérité« ,
comprenant vite les raisons littéraro-existentielles qui me font, comme tu l’as senti, un lecteur tout indiqué de ce que dit « cette voix » assez rare et tout à fait singulière, en effet, de Jocelyne François :
« pureté et vérité », « termes limpides et directs », « mots simples, directs, évidents, sans lyrisme, sans sinuosités, sans afféterie », « accent de vérité, de simplicité », « fermeté et luminosité, sans une once d’ambiguïté, sans mauvaise foi, sans théâtralité », « une retenue réflexive et directe en même temps », « les prises de conscience cinglantes et concises », « concision et vivacité assorties d’une relative nonchalance », « visant le cœur de la sincérité », « elle veut, avec un mélange de détermination pensée et d’innocence spontanée, mettre noir sur blanc ce qui est pour elle devenu une évidence, ou au contraire un mystère entier que rien ne pourra résoudre », « le souci de vérité, l’absence de pose aussi, l’absence de vanité et de fard »…
Et c’est bien en effet de cette forme de justesse (et nécessité, voire urgence)-là que je suis demandeur à un livre ;
de même qu’à une personne avec laquelle je vais me trouver en situation d’interlocution attentive et suivie, un tant soit peu approfondie.
Cf aussi mon texte de 2007, retrouvé en 2016 :
Je vais donc lire ce Journal de Jocelyne François avec la plus grande attention…
Merci beaucoup, cher René,
Francis« .

Et puis, ce second courriel :

« Ce jeu d’adresses _ René de Ceccatty m’ayant entretemps informé qu’il avait donné mon adresse personnelle à Gilbert Moreau ! _ est plutôt amusant pour moi…

Cela me permettra d’adresser l’article que j’écrirai, à Pierre Coutelle…
Plus intéressant : l’écriture de Jocelyne Francois me plaît bien ;
de même que son tempérament, que tu cernes excellemment dans ta préface…
Le seul élément qui me reste un peu « exotique » est son côté boutique, gens-de-lettres _ souci éditorial… Même si c’est sans la moindre vanité de sa part…
Mais il faut assurément convenir que l’encre sur le papier constitue une trace qui, de fait, demeure _ et demeurera au moins un moment, au-delà de l’existence mortelle de la personne de l’écrivain… _ ;
et que le livre de papier nourrit très substantiellement, ensuite, du moins un certain temps, les vrais lecteurs _ de ce bien aventureux « message in the bottle« 
De même que d’autres œuvres en diverses autres matières que cette frêle encre sur ce fragile papier.
Et je leur suis personnellement très attaché…
La présence de ces œuvres ainsi transmises, nous tient ainsi fidèlement compagnie, et nous parle, entretient de vrais dialogues avec nous qui nous y intéressons un moment, un peu hors du passage du temps des horloges, à travers le passage fugace des jours, ceux des choses comme ceux des personnes.
Et les auteurs de ces œuvres peuvent ainsi continuer de très audiblement nous parler, converser avec nous, pour peu que nous écoutions et regardions vraiment ces traces de leus voix qui demeurent un peu ainsi spatio-temporellement…
Pour peu que nous nous entretenions vraiment substantiellement avec eux. En une vraie vie : une vie vraiment vraie.
À suivre !
Francis »

Ce mardi 17 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter et goûter l’admirable « Hôtel » (extrait de « Banalités) » de Francis Poulenc – Guillaume Apollinaire : le dialogue fécond des imageances idiosyncrasiques à l’oeuvre, exprimé et décrit dans « L’autre XXe siècle musical » de Karol Beffa…

06mar

Les pages 128-129-130 du chapitre « Interlude Francis Poulenc » (pages 125 à 135) de « L’autre XXe siècle musical » de Karol Beffa (qui vient de paraître aux Éditions Buchet – Chastel) consacrées à la mélodie « Hôtel » de Francis Poulenc, en 1940, sur un poème de Guillaume Apollinaire _ un poème publié pour la première fois le 15 avril 1914 dans la revue d’avant-garde éditée à Florence “Lacerba“ _ dans le recueil intitulé « Banalités« ,

m’ont bien sûr fortement incité à rechercher, pour en écouter et apprécier diverses interprétations, les CDs de ma discothèque la comportant.

Et jusqu’ici, j’ai réussi à mettre la main sur 7 CDs proposant cette admirable brève mélodie, « Hôtel » :

par Pierre Bernac et Francis Poulenc au piano, en 1950, à New-York _ pour l’écouter (1′ 38) ; la prise de son, très proche, nous fait accéder de très près à l’excellence de l’art de dire de Bernac et de l’art d’accompagner au piano de Poulenc… _ ;

par Nicolaï Gedda et Aldo Ciccolini, en 1967, à Stockholm ;

par Felicity Lott et Graham Johnson, en 1993, à Paris _ une merveilleuse lumineuse version ! _ ;

par Gilles Cachemaille et Pascal Rogé, en 1994, à Corseaux, en Suisse _ c’est tout à fait excellent ! _ ;

par Véronique Gens et Roger Vignoles, en 2000, à Metz _ une exceptionnelle réussite ; pour l’écouter (2′ 00) _ ;

par Lynn Dawson et Julius Drake, en 2004, en Allemagne ;

et par Stéphane Degout et Cédric Tiberghien, en 2017, à Paris _ et c’est très bien aussi…

Et sur le web, j’ai déniché ceci _ vraiment superbe !!! _cette merveilleuse interprétation :

par Régine Crespin et John Wustman, en 1967 _ pour l’écouter (2′ 05).

Et voici maintenant ce qu’analyse Karol Beffa, page 128, de cet exemple de la mélodie « Hôtel » de Francis Poulenc, à propos de ce qu’il nomme « les saveurs jazzistiques » qui « parsèment nombre des pièces » de Francis Poulenc, et cela en dépit de maintes « proclamations » de « détestation« , voire de « phobie« , du jazz, de la part de Poulenc :

« Il est rare que Poulenc utilise l’accord de septième de dominante à l’état pur, il l’enrichit presque toujours d’une neuvième, d’une onzième, éventuellement d’une treizième. Cette construction d’harmonies par empilement de tierces ne surprend pas chez un compositeur post-debussyste. Ce qui est original, en revanche _ nous y voilà _, est l’insistance sur la septième ajoutée, dans les accords majeurs ou mineurs. Sans doute l’inspiration vient-elle du jazz, directement ou par l’intermédiaire de Ravel, la concomitance de certaines innovations harmoniques chez Ravel et chez Duke Ellington faisant qu’il est difficile de déterminer lequel des deux a influencé l’autre. « Hôtel » _ nous y voici ! _, extrait de « Banalités » _ le recueil des 6 mélodies de Poulenc, en 1940, reproduit le titre du recueil des 6 poèmes d’Apollinaire, en 1914 _, est comme un condensé de tous ces traits stylistiques communs à Poulenc, à Ravel et au jazz : enrichissement des accords de septièmes d’espèce et de dominante par ajout de sixtes, de neuvièmes ou de onzièmes, fausses relations intentionnelles, retard de la présence de la basse d’un accord de dominante pour colorer un enchaînement et en différer l’impact. C’est pour toutes ces raisons qu’« Hôtel«  plonge _ superbement _ l’auditeur dans l’atmosphère moite et interlope d’un jazz frelaté« .

Et Karol Beffa d’ajouter alors aussitôt, page 129 :

«  »Hôtel«  m’a beaucoup marqué.C’est à travers cette pièce et d’autres œuvres vocales que j’ai vraiment pénétré l’univers de Poulenc« _ le mystère attractif et fascinant de son idiosyncrasie de compositeur singulier et marquant.

Et toujours à cette page 129 :

« Si l’univers harmonique de Poulenc ne m’a guère influencé, je me reconnais en revanche _ toutes proportions gardées _ dans ce que Jean-Joël Barbier a écrit de sa démarche : « Dans Apollinaire par exemple, il ne choisira pas les poèmes les plus célèbres, mais les meilleurs quant au résultat _ musical _ final _ envisagé-escompté-espéré pour l’imageance féconde de la composition à venir _ (…) : ceux qui laissent une marge autour des mots,  ceux qui n’étant pas rigidement cimentés _ le mot n’est pas très heureux _ au départ, justifient un ciment musical, laissant la place à un espace sonore qui, sans faire pléonasme _ bien sûr ! _ avec les mots, leur donnera, au contraire, des dimensions _ poétiques et musicales _ nouvelles ». 

Et page 130 :

« Poulenc est connu pour avoir été un admirable pianiste et accompagnateur. Et lorsque j’écris _ nous y voici ! _ pour voix et piano, j’essaie de garder à l’esprit le soin extrême qu’il accordait à la partie instrumentale dans ses cycles de mélodies.

Quant à son écriture vocale proprement dite, là aussi il s’y montre un maître, tant il sait parfaitement ce qu’il peut exiger des voix : émettre les aigus les plus doux, les graves les plus timbrés, et toujours dessiner des lignes souples _ fluides, flottantes, aériennes…

« Primauté de la mélodie » : ce credo de Messiaen, Poulenc aurait pu le faire sien« …

Voilà ce que la création singulière d’un compositeur se mettant à son tour à l’œuvre peut, en dialogue hyper-attentif, apprendre à la lecture et à l’écoute extrêmement précises, jusqu’aux plus infimes détails, des œuvres les plus originales, riches et, en puissance, inspirantes, du travail singulier (et de la poiesis en acte !) d’autres compositeurs éminemment créateurs à leur propre table de travail ; et de leur imageance idiosyncrasique féconde, en cet artisanat patient infiniment exigeant et  précis…

« Le style, c’est l’homme même« , disait Buffon :

le défi étant de parvenir, œuvre à œuvre, pas à pas, coup de crayon à coup de crayon (et de gomme) à réaliser _ ainsi nourrie par ce riche dialogue avec d’autres œuvres marquantes  _ cette singularité sienne _ et très vite ce style propre à soi s’entend, se perçoit et se reconnaît…


Ce dimanche 6 mars 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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