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A propos du partage, le plus large possible, par entretiens, du magnifique « Le chemin continue _ Biographie de Georges Lambrichs » d’Arnaud Villanova (aux Editions Gallimard), de petites considérations sur des temporalités et fenêtres d’opportunité diverses pour des entretiens ouverts avec auteurs choisis de livres d’extrême qualité…

22fév

À propos du partage, le plus large possible _ via vidéos ou podcasts d’entretiens à réaliser (enregistrer et diffuser largement via l’ultra-performant site Mollat !) avec l’auteur de livres d’excellence… _, du magnifique « Le chemin continue _ Biographie de Georges Lambrichs » d’Arnaud Villanova (tout juste paru le 16 février dernier aux Éditions Gallimard),
voici, ce jour, ces quelques petites considérations-ci sur des temporalités et fenêtres d’opportunité diverses, pour des entretiens ouverts, et si possible un peu riches, substantiels, avec quelques auteurs choisis de livres d’extrême qualité, tel que ce « Le chemin continue _ Biographie de Georges Lambrichs » d’Arnaud Villanova :
Ecrire, publier, éditer, promouvoir un livre,
puis lire, partager avec des amis (voire plus largement peut-être aussi) le plaisir de la lecture
et réussir à donner à d’autres le désir de, à leur tour, lire (et éprouver une vraie joie de lire) tel ou tel livre singulier :

autant de situations
et autant d’acteurs divers d’une même chaîne diversifiée et ramifiée, et continuée,
au départ de laquelle s’est trouvé un beau livre écrit par un auteur,
avec autant de temporalités diverses,
et ayant chacune son rythme spécifique et singulier…
Et ce n’est certes pas à un auteur tel que vous, Arnaud, qui travaillez professionnellement là-dessus, que je vais apprendre quelque chose de neuf…
Pour ma part, 
je veux dire celle d’un lecteur simplement attentif et passionné de quelques certains livres qui m’ont considérablement plu et réjoui
et de fait mes goûts sont assez larges et assez éclectiques, tout en étant très très exigeants :
d’une façon qui, à ma place de simple lecteur, me fait, en l’occurrence, et en ces traits-là, admirer la personnalité ici, ainsi que la personne dans sa vie relationnelle, généreuse et ouverte, d’un Georges Lambrichs,
situé pourtant apparemment, je veux dire professionnellement, à une tout autre place que celle d’un simple lecteur désintéressé, amateur, au sens plein de ce mot, qui se trouve être la mienne : celle, pour lui, Georges Lambrichs, d’éditeur littéraire ;
mais Georges Lambrichs était aussi, en sa singulière façon, absolument désintéressé en sa follement généreuse passion pour la plus authentique littérature « de qualité », un tel lecteur, pour commencer –,
il se trouve qu’une de mes passions est celle de la joie assez rare, en tous les sens de ce terme de m’entretenir, à l’occasion occasion qu’il me faut bien provoquer un peu par mon initiative ; car rien n’advient seulement de soi, et nul ne me l’offrira spontanément de lui-même (ou alors bien rarement ! même si cela, et il me faut le reconnaître, est quelquefois arrivé…) sur un plateau -, avec ou à propos d’auteurs que j’admire,
et en un entretien absolument ouvert, entre interlocuteurs sachant s’écouter vraiment et cette chose aussi est assez rare –, et les voix comptent beaucoup, les attentions, les silences aussi,
afin d’aider si peu que ce soit, de la modeste place de lecteur passionné s’entretenant alors avec (ou, à défaut de l’auteur lui-même, à propos de) tel auteur qui le mérite, à partager cettepas si fréquente que cela, mais qui comme miraculeusement advient parfois, de temps en temps, de temps à autre… – très exaltante joie de lire un livre qui paraît le mériter vraiment…
Car il y en a tant de médiocres, et même tant de faux livres, dont le temps de lecture vient voler un peu du si précieux, non infini, temps de la vie, en l’occurrence, du lecteur…
« Indiligent lecteur, quitte ce livre ! »,
prévenait très obligeamment le merveilleux et délicieux Montaigne adoré à l’ouverture de ses très exigeants à suivre vraiment l’entier déroulé de leurs étincelants écheveaux ramifiés de fils entrecroisés et rajoutés à ses diverses propres relectures… magnifiques « Essais »…
C’est donc aussi de toute petite à sa modeste place… contribution à la formation du goût, qu’il s’agit là…
Et plus que jamais en ce moment de bourrages de crânes désinhibés absolument éhontés de crasse propagande…
Voilà donc la place en laquelle je situe ce que, de ma modeste et improbable positionje ne suis pas éditeur, ni libraire, ni même journaliste : seulement simple lecteur passionné et un peu attentif de vrais livres... –, je peuxvoire je dois, à mes yeux tout au moins..faire, agir, œuvrer, en pareille occurrence, voire urgence !, de joie, à proposer de partager, à l’occasion Kairos un petit peu aidant, avec d’autres.
Les fenêtres d’opportunité pour celaou conjonction d’alignement des planètes…étant assez étroites, furtives, passagères…
Une vie humaine, d’abord, n’étant pas elle-même nous le saurions, cela n’arrive pas, infinie…
«    But at my back I always hear

Time’s wingèd chariot hurrying near :
And yonder all before us lye

Desarts of vast Eternity »,
a dit Andrew Marvell en son sublime poème « To his coy mistress ».
Mais le généreux temps d’une vie reçue de nos parents et de la chaîne si peu probable au départ de nos ancêtres plus lointains : via, là aussi, une chaîne-concours d’assez improbables transmissions, tant génétiques que culturelles… – , en son cheminement même, nous ouvre aussi la porte de tels infiniment précieux moments, rien moins, d’éternité puisqu’il n’y a d’éternité effective que dans, et par le temps de ces brèves vies, du moins quand celles-ci sont vraiment « humaines », c’est-à-dire vraiment « de qualité », je suis donc ici joyeusement spinoziste ; et proustien.
Tel est donc le contenu du courriel que j’ai adressé ce matin à Arnaud Villanova,
l’auteur, superbe de quelle qualité est aussi son écriture !, de cette passionnante et très riche enquête sur l’œuvre d’éditeurmais pas seulement !ainsi que la personne même, généreuse, libre, amicale, juste et ouverte, de Georges Lambrichs (1917 – 1992),
avec cet impressionnant portrait que vient nous donner ce « Le chemin continue _ Biographie de Georges Lambrichs » qui paraît en ce moment même aux Éditions Gallimard
Ce mercredi 22 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos de diverses traductions en français de l' »Andenken » de Hölderlin (de 1803) : le souvenir vivant et parlant…

29nov

Je voudrais prolonger ce matin, tôt, mes petites réflexions d’hier « « ,

en me penchant sur quelques comparaisons de traductions en français de ce poème « Andanken » de Hölderlin se souvenant de Bordeaux et de la Garonne contemplés par lui du surplomb de la colline de Lormont, à l’équinoxe de mars,
en partant de ceci :d’abord, bien sûr, le poème même de Hölderlin (composé à son retour de Bordeaux en Allemagne, en 1803) :

Andenken

Der Nordost wehet, 
Der liebste unter den Winden 
Mir, weil er feurigen Geist 
Und gute Fahrt verheißet den Schiffern. 
Geh aber nun und grüße 
Die schöne Garonne, 
Und die Gärten von Bourdeaux 
Dort, wo am scharfen Ufer 
Hingehet der Steg und in den Strom 
Tief fällt der Bach, darüber aber 
Hinschauet ein edel Paar 
Von Eichen und Silberpappeln ;

Noch denket das mir wohl und wie. 
Die breiten Gipfel neiget 
Der Ulmwald, über die Mühl, 
Im Hofe aber wächset ein Feigenbaum. 
An Feiertagen gehn 
Die braunen Frauen daselbst 
Auf seidnen Boden, 
Zur Märzenzeit, 
Wenn gleich ist Nacht und Tag, 
Und über langsamen Stegen, 
Von goldenen Träumen schwer, 
Einwiegende Lüfte ziehen.

Es reiche aber, 
Des dunkeln Lichtes voll, 
Mir einer den duftenden Becher, 
Damit ich ruhen möge; denn süß 
Wär unter Schatten der Schlummer. 
Nicht ist es gut, 
Seellos von sterblichen 
Gedanken zu sein. Doch gut 
Ist ein Gespräch und zu sagen 
Des Herzens Meinung, zu hören viel 
Von Tagen der Lieb, 
Und Taten, welche geschehen.

Wo aber sind die Freunde? Bellarmin 
Mit dem Gefährten? Mancher 
Trägt Scheue, an die Quelle zu gehn; 
Es beginnet nämlich der Reichtum 
Im Meere. Sie, 
Wie Maler, bringen zusammen 
Das Schöne der Erd und verschmähn 
Den geflügelten Krieg nicht, und 
Zu wohnen einsam, jahrlang, unter 
Dem entlaubten Mast, wo nicht die Nacht durchglänzen 
Die Feiertage der Stadt, 
Und Saitenspiel und eingeborener Tanz nicht.

Nun aber sind zu Indiern 
Die Männer gegangen, 
Dort an der luftigen Spitz 
An Traubenbergen, wo herab 
Die Dordogne kommt, 
Und zusammen mit der prächtgen 
Garonne meerbreit 
Ausgehet der Strom. Es nehmet aber 
Und gibt Gedächtnis die See, 
Und die Lieb auch heftet fleißig die Augen, 
Was bleibet aber, stiften die Dichter.

 
Puis la traduction de celui-ci, « Souvenir« , par Gustave Roud, en 1967 (cité tel quel par Philippe Jaccottet) :

 » Le vent du Nord-Est se lève,
De tous les vents mon préféré
Parce qu’il promet aux marins
Haleine ardente et traversée heureuse.
Pars donc et porte mon salut
A la belle Garonne
Et aux jardins de Bordeaux, là-bas
Où le sentier sur la rive abrupte
S’allonge, où le ruisseau profondément
Choit dans le fleuve, mais au-dessus
Regarde au loin un noble couple
De chênes et de trembles d’argent.

Je m’en souviens encore, et je revois
Ces larges cimes que penche
Sur le moulin la forêt d’ormes,
Mais dans la cour, c’est un figuier qui croît.
Là vont aux jours de fête
Les femmes brunes
Sur le sol doux comme une soie,
Au temps de Mars,
Quand la nuit et le jour sont de même longueur,
Quand sur les lents sentiers
Avec son faix léger de rêves,
Brillants, glisse le bercement des brises.

Ah ! qu’on me tende,
Gorgée de sa sombre lumière,
La coupe odorante
Qui me donnera le repos ! Oh, la douceur
D’un assoupissement parmi les ombres !
Il n’est pas bon 
De n’avoir dans l’âme nulle périssable
Pensée, et cependant
Un entretien, c’est chose bonne, et de dire
Ce que pense le cœur, d’entendre longuement parler
Des journées de l’amour
Et des grands faits qui s’accomplissent.

Mais où sont-ils ceux que j’aimai ? Bellarmin
Avec son compagnon ? Maint homme
A peur de remonter jusqu’à la source ;
Oui, c’est la mer
Le lieu premier de la richesse. Eux,
Pareils à des peintres, assemblent
Les beautés de la terre, et ne dédaignent
Point la Guerre ailée, ni
Pour des ans, de vivre solitaires
Sous le mât sans feuillage, aux lieux où ne trouent point
La nuit
De leurs éclats les fêtes de la ville,
Les musiques et les danses du pays.

Mais vers les Indes à cette heure
Ils sont partis, ayant quitté
Là-bas, livrée aux vents, la pointe extrême
Des montagnes de raisin d’où la Dordogne
Descend, où débouchent le fleuve et la royale
Garonne, larges comme la mer, leurs eaux unies.
La mer enlève et rend la mémoire, l’amour
De ses yeux jamais las fixe et contemple,
Mais les poètes seuls fondent ce qui demeure. « 

Et maintenant et peut-être surtout sa traduction par Philippe Lacoue-Labarthe telle que de sa voix il la dit dans le film « Andenken, je me souviens » (en 2000) :

 
Le Nordet souffle,
le plus cher qui d’entre les vents
Me soit, car il promet la flamme de l’Esprit
Et bon voyage aux mariniers.
Mais va, maintenant, et salue
La belle Garonne
Et les jardins de Bourdeaux
Là-bas, à l’à-pic de la rive
Où s’avance l’embarcadère et tombe le ruisseau
Tout au fond du fleuve, mais au-dessus
Regarde au loin un noble couple
De chênes et de trembles d’argent.
 
Il m’en souvient très bien encore et comme
Ses larges cimes, le bois d’ormes les incline
Au-dessus du moulin,
Mais dans la cour c’est un figuier qui pousse.
Là-même aux jours de fête vont
Les femmes brunes sur
Un sol soyeux,
Au temps de mars,
Lorsque la nuit s’égale au jour,
Et que dessus les lents embarcadères,
Lourdes de rêves d’or,
S’étirent de berçantes brises.
 
Mais qu’on me tende, pleine
De l’obscure lumière,
La coupe parfumée
Qui me donnerait le repos ; car serait doux
Parmi les ombres le sommeil.
Il n’est pas bon
Que privent d’âme de mortelles
Pensées. Bon en revanche
Est de s’entretenir et de se dire
Ce qu’on pense en son cœur, d’entendre longuement
Parler des jours d’amour
Et des hauts faits qui s’accomplissent.
 
Mais où sont-ils, les amis ? Bellarmin
Avec son compagnon ? Beaucoup
N’ont pas le cœur d’aller jusqu’à la source ;
La richesse en effet commence
Dans la mer. Eux,
Comme les peintres, font moisson
Des beautés de la terre et ne dédaignent pas
La guerre ailée, ni d’habiter
Solitaire, à longueur d’années,
Sous le mât sans feuillage, où ne trouent pas la nuit
De leurs éclats les jours de fête dans la ville,
Ni le chant des cordes ou les danses du pays.
 
Mais c’est chez les Indiens
Que sont partis les hommes, maintenant,
Là-bas par la pointe venteuse,
Au pied des vignes, là
Où descend la Dordogne,
Et ensemble avec la splendide
Garonne, ample comme la mer.
Il part, le fleuve. Mais la mer
Retire et donne la mémoire,
Et l’amour aussi attache avec soin les yeux,
Mais ce qui reste, les poètes l’instituent.
 
Texte traduit par Philippe Lacoue-Labarthe pour le film Andenken (Je pense à vous) – Hölderlin 1804, Hors-Œil Éditions, 2000.
Repris dans Proëme de Lacoue-Labarthe, suivi de Andenken (DVD), avec Jean-Christophe Bailly, réalisation C. Baudillon et F. Lagarde, Hors-Œil Éditions, 2006)
 
Et encore, aussi, cette note, finale, rajoutée in extremis par l’auteur de l’article,
en un article de 2002 « Château du Tertre, Margaux.
consacré à une réception de Philippe Sollers au Château Le Tertre, à Margaux, dans le Médoc :

La traduction de Souvenir dans le livre de Heidegger est de Jean Launay. C’est lui qui traduit Andenken par pensée fidèle. Sa traduction du poème de Hölderlin diffère de celle que cite Sollers ci-dessus et qui est due à Gustave Roud (1967).

La traduction est toujours délicate _ certes ! _ et ouvre des voies proches, mais différentes _ voilà ! _, à l’interprétation.

Ainsi le dernier vers de Souvenir — en allemand Was bleibet aber, stiften die Dichter — est traduit par :
Mais les poètes seuls fondent ce qui demeure (Gustave Roud, 1967),

proche de : Mais ce qui demeure les poètes le fondent (Henri Corbin, Hölderlin et l’essence de la poésie dans Approche de Hölderlin, 1937) _ et il me semble que c’est bien cette traduction-là que nous rapportait Jean-Marie Pontévia _ ;

ou de :
Mais les poètes fondent ce qui demeure (Jean Launay, 1962).


Mais François Garrigue (Œuvres poétiques complètes, Éditions de la Différence, bilingue, 2005) s’en éloigne un peu qui traduit par :

Mais la demeure est œuvre des poètes.


Quant à Bernard Pautrat (Hymnes et autres poèmes, Collection Rivages poche, 2004), il préfère traduire par :

Mais ce sont les poètes qui fondent ce qui reste. 

Ce qui demeure, la demeure, renvoie au fait d’habiter : « C’est poétiquement pourtant que l’homme habite sur cette terre« , dit Hölderlin dans un autre poème.
Ce qui reste est aussi ce qui résiste.

Mais est ici ignorée, probablement parce qu’alors non connue, la traduction de Philippe Lacoue-Labarthe prononcée par lui-même, sa voix, dans le film de Christine Baudillon et lui-même, réalisé à Lormont en 2000…

...

Il me faut ajouter aussi que c’est probablement le souvenir ému de ses travaux avec François Lagarde et Christine Baudillon qui a fait associer à l’ami Pascal Chabot, le souvenir de ce poème (de 1803) de Hölderlin, mais aussi et d’abord le souvenir de ce film-documentaire (de 2000), à cette belle ville de Bordeaux, dont nous foulions mardi dernier les pavés, avec ce vif désir émis par Pascal d’aller de ses yeux voir les puissants flots boueux du beau fleuve Garonne s’écoulant vers la mer.

Et il me semble que l’ami François Lagarde, décédé le 13 janvier 2017 à Montpellier, était bien là présent, sous cette pluie nourrie de mardi dernier 22 novembre, avec nous qui marchions, dans ces rues de Bordeaux et au bord du large fleuve, à la hauteur du miroir d’eau ;

en un temps bien vivant et ultra-sensible, en notre échange nourri et confiant de paroles un peu essentielles…  

Ce mardi 29 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos de l' »Andenken » (1803) de Hölderlin, de Bordeaux (en 1802, 1965, 2000), et de l' »Andenken, je pense à vous », le film-documentaire (2000) de Christine Baudillon : un envoi à l’ami Pascal Chabot à Bruxelles

28nov

En mon parcours de visionnage de plusieurs très remarquables vidéos liées au travail de penser de l’ami Pascal Chabot,

cet envoi-ci, ce lundi 28 novembre 2022 :
Je viens de regarder cet « Andenken, je pense à vous », de Christine Baudillon (en 2000), avec, intégrées dans le film, des vues d’un assez surprenant Bordeaux de 1965,
l’année même où j’étais en Hypokhâgne au lycée Michel-Montaigne, dont le proviseur était …M. Lacoue-Labarthe,
le père de Philippe le philosophe,
mais aussi d’Antoine, qui était mon condisciple en cette classe d’Hypokâgne à Montaigne.
Oui, bien des fils viennent se croiser, se nouer, se filer…
Un peu plus tard, à la Fac, 
c’est Jean-Marie Pontévia _ ami de Michel Deguy, avec lequel je me suis entretenu chez Mollat (cf le podcast de notre entretien du 9 mars 2017 à propos de son magnifique « La Vie subite« …) ; et de Gérard Granel… _ ;
Pontévia, remarquable prof de Philo ainsi que d’Esthétique qui nous a fait connaître ce poème, « Andenken« , de Hölderlin,
et l’usage que fait Heidegger de ces mots : « Ce qui demeure, les poètes le fondent »…
J’ai conservé tous les cours d’Esthétique de Pontévia.
 
 
Ce qui avec quelques corrections et ajouts en rouge, donne ceci :
Je viens de regarder cet « Andenken, je pense à vous », de Christine Baudillon, avec, intégrées dans le film, des vues d’un assez surprenant Bordeaux, noir, de 1965,
l’année même où j’étais en Hypokhâgne (1964-65) au lycée Michel-Montaigne, dont le proviseur était …Jean Lacoue-Labarthe (Paris, 3 octobre 1914 – La Teste de Buch, 14 juin 1999),
le père de Philippe le philosophe (Tours, 6 mars 1940 – Paris, 28 janvier 2007),
mais aussi d’Antoine (né en 1946 ou 47) , qui était mon condisciple en cette classe d’Hypokâgne à Montaigne.
Oui, bien des fils viennent se croiser, se nouer, se filer…
Un peu plus tard, à la Fac, 
c’est Jean-Marie Pontévia (Montreux-Château, 27 janvier 1930 – Bordeaux, 27 octobre 1982) _ ami de Michel Deguy (Draveil, 23 mai 1930 – Paris 5, 16 février 2022), avec lequel je me suis entretenu chez Mollat le 9 mars 2017, sur son « La Vie subite » : podcast à écouter… ; et de Gérard Granel (Paris, 3 janvier 1930 – Cornebarrieu, 10 novembre 2000)… _ ;
Jean-Marie Pontévia, remarquable prof de Philo ainsi que d’Esthétique, qui nous a fait connaître ce poème, « Andenken« , de Hölderlin,
         et l’usage que fait Heidegger de ces mots : « Ce qui demeure, les poètes le fondent »…
         J’ai conservé tous les cours d’Esthétique de Pontévia.

Je commence par donner quelques précisions _ les ajouts ici en rouge _ à mon trop rapide courriel d’hier soir.
Et ensuite, plus tard, je commenterai ce très émouvant film-documentaire « Andenken, je pense à vous » de Christine Baudillon (avec la voix de Philippe Lacoue-Labarthe, en 2000),
et avec quelques images noir-et-blanc de Bordeaux _ avant tout ravalement de la ville… _ prises par Sylvain Dupasquier, en 1965 (!!!), qui n’ont pas manqué de me surprendre,
car on y voit les Allées de Tourny et la statue de Tourny, Place Tourny, sans y voir (!?!), justement, cet Hôtel Meyer, qui occupe tout le fond des Allées de Tourny, et tourne le dos à la Place Tourny (et à la statue de l’Intendant Tourny), où a résidé Hölderlin une partie des 102 jours qu’il a passés à Bordeaux en 1802,
entre le 28 janvier de son arrivée à Bordeaux et le 10 mai de son départ de Bordeaux pour retourner, à pied, en Allemagne…
Mais Sylvain Dupasquier, photographe, ne pouvait pas prévoir, en 1965, que c’est cet Hôtel Meyer qui nous intéresserait, toi, Pascal, et moi-même, en novembre 2022…
Cet Hôtel Meyer que je t’ai désigné d’un peu loin, mardi dernier, vers 16h 15, au coin, très aigu, du Cours du XXX juillet et des Allées de Tourny,
avant même de savoir, tout de suite après, que la pensée de la Garonne évoquée par le poème de Hölderlin, occupait à ce moment précis ton esprit !..
Wow !
Le consul Meyer disposait aussi d’une propriété à la campagne, le château de Fongravey, à Blanquefort, un peu au nord de Bordeaux : Hölderlin a dû y résider aussi, avec ses petites élèves.
Et très visiblement Hölderlin connaissait bien aussi cette colline de Lormont, avec quelques vestiges-ruines d’une tour du Prince-Noir, qui surveillait, de son surplomb autrefois guerrier, la Garonne ;
là où Christine Baudillon est venue planter sa caméra _ en quelle année ? en 2000 ! _ et a filmé ses deux panoramiques sur Bordeaux et la courbe de la Garonne, tout près de l’actuel Pont d’Aquitaine…
Quand avec mes parents et mon frère nous avons voyagé en Allemagne un peu plus tard que 1965, l’été 1967, en route vers Prague et la Bohème (dont Karlsbad), puis Vienne, 
nous sommes passés par Tübingen et avons vu, et j’y tenais beaucoup, la tour du menuisier Zimmer où Hölderlin (1770 – 1843) a séjourné les 36 années qui lui restaient de vie.
Voilà quelques uns des fils, tiens et miens, qui se recoupent donc…
À suivre,
Francis
P. s. : Entendre la voix de Philippe Lacoue-Labarthe, lisant sa traduction personnelle du poème de Hölderlin, c’est assez impressionnant… Et une voix qui parle, c’est important…
Surprenants sont donc ces divers chemins de nos mémoires respectives qui viennent de se croiser, une fois encore, généreux et impérieux Kairos aidant, à Bordeaux…
Ce lundi 28 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
P. s. :
en regardant très attentivement le lendemain matin, le très riche et passionnant film « Philippe Lacoue-Labarthe Altus« ,  produit en 2013, de Christine Baudillon et François Lagarde, consacré à Philippe Lacoue-Labarthe _ Tours, 6 mars 1940 – Paris, 28 janvier 2013 _, aux Éditions Hors Œil,
et dans lequel Philippe Lacoue-Labarthe
_ filmé le 20 juin 2000 au Centre Chorégraphique National de Montpellier ;
filmé en janvier 2001 sur la route menant à Waldesbach, au Ban de la Roche, dans les Vosges ;
enregistré le 7 mars 2001 dans les salons Albert-Mollat de la Librairie Mollat à Bordeaux ;
enregistré le 24 avril 2001 au téléphone depuis le Centre médical La Rouvière, à Valleraugues, dictant le texte du film… ;
filmé en juin 2001 à Montpellier ;
filmé en juillet 2001 à l’ïle Saint-Pierre, au bord du Lac de Bienne ;
et filmé le 13 juillet 2004 rue des Aiguerelles à Montpellier ;
et aussi,
mais en des prises de vue qui n’ont pas été datées dans le déroulé du générique final du film :
à Corniglia, sur les hauteurs de Saint-Moritz ;
à l’Université d’Iéna ;
à Sils-Maria, dans la maison où logeait Nietzsche ; à Surlèj, au bord du lac de Silvaplana, sur le rocher de l’Eternel Retour ; sur le lac de Sils, jusqu’à la presqu’île de Chasté, et à la pierre où est gravé le texte de « l’autre chant de la danse«  ;
et à Tübingen, sur les bords du Neckar, en face de la maison Zimmer dans laquelle Hölderin a vécu 36 ans…  _,
parle presque continument,
je découvre d’autres vues de Bordeaux _ que celles, moins nombreuses, retenues au montage du film de 2020 « Andenken, je pense à vous » _ prises par Sylvain Dupasquier en 1965, alors que celui-ci était élève de Philippe-Lacoue-Labarthe au Lycée Michel-Montaigne à Bordeaux.
Et sur ces images-là du film « Philippe Lacoue-Labarthe Altus« , cette fois, et à plusieurs reprises, nous pouvons enfin apercevoir, et sous plusieurs angles, le fameux Hôtel Meyer du bout des Allées de Tourny.
J’en déduis que l’absence _ un peu curieuse _ de ces images de l’Hôtel Meyer, où avait séjourné Hölderlin lors de son séjour à Bordeaux en 1802, provenait seulement d’un un peu malencontreux montage, qui, de façon assez surprenante, justement nous privait de lui, de sa belle et noble façade, dans le film tourné en 2000, mais achevé de réaliser et produit en juin 2020 : « Andenken, je pense à vous« …

Fin ce lundi à 14h 36 de ma toute première lecture-déchiffrage du « MDEILMM _ Parole de taupe » d’Héléne Cixous : un opus conversationnel désopilant !

14nov

Fin ce lundi 14 novembre 2022, à 14h 36, de ma toute première lecture-déchiffrage du « MDEILMM _ Parole de taupe » d’Héléne Cixous :

un opus absolument désopilant !

_ et à ce propos, je recommande tout spécialement l’épisode à hurler de rire, aux pages 74 à 79, des choux à la crème auxquels ne peut surtout pas résister la cousine d’Hélène, peut-être cette « cousine Pi » (et sœur du cousin « Paul-le-malheureux« ), précédemment évoquée dans son cahier « Nacres« , et qui serait née en 1932 ; cf mon article «  » du 17 octobre 2019… L’irrésistible puissance de comique d’Hélène Cixous emportant tout !

H., décidément, s’amuse énormément,

avec l’offrande de cette n-ième revisite, avec sa réserve bien giboyeuse de magiques nouveautés, du quatrième étage de la rue Philippe, à Oran, de son enfance en Algérie sous Pétain,

où continuent de venir nous parler les adorables tables tournantes des apothicaires « Monsieur Émile » et sa pas tout à fait sybilline sœur-baleine Alice Carisio,

pour notre enchantement…

Avant de rédiger un premier commentaire un peu personnel de cet opus

qui fait suite-prolongement au déjà bien beau « Rêvoir » de l’année dernière, 2021 _ cf mes trois articles des 25 « « , 26 «  » et 27 décembre derniers «  » _,

je désire, en forme d’ouverture à mes propres remarques, citer ici deux articles consacrés à ce récent « MDEILMM _ Parole de taupe« ,

en date des 18 octobre, « Hélène Cixous, messagère de la taupe-littérature« ,

et 22 octobre derniers, « Frappée(e)(s) à l’âme, par Hélène Cixous, écrivain« ,

sous les plumes de Véronique Bergen et Fabien Ribéry…

Et désormais,

en la difficile absence physique, pour Hélène, de sa bien terrienne et solide et si vivante et très généreusement prenante mère Eve, née Klein, à Strasbourg le 10 avril 1910,

ce sont sa linguiste de fille Anne-Emmanuelle, née à Sainte-Foy-la-Grande le 27 juillet 1958, et son scientifique et mathématicien de fils Pierre-François (dit Pif), né à Paris le 22 septembre 1961, qui sont devenus les interlocuteurs priviligiés de ces vives et très animées magnifiques conversations de voix d’Hélène,

confiées à l’accueillante soie tendre, mais durable, et donc in fine assez solide, du papier

de ce qui va nous demeurer, à nous lecteurs tant soit peu attentifs _ ou inattentifs, c’est selon… _, en livres

à toujours encore jouer _ comme Hélène Cixous, la première, en l’activité hyper-sensible et hyper-ouverte, et plutôt joyeuse, de son imageance si joueuse _ à déchiffrer _ de tels livres ne se livrant pas, de même que le plus fin nectar de leur suc, immédiatement, à la toute première lecture, un peu trop rapide : leurs mystères nous défiant (de même qu’ils défient aussi Hélène, la première, en ses séances béantes d’écriture de tels livres…) ironiquement toujours un brin… Il nous faut donc apprendre un minimum à jouer, avec délices, avec la vraie littérature s’écrivant et se lisant, ainsi que se donnant finement à écouter… _,

et éventuellement _ c’est aussi selon nos propres humeurs… _ ruminer…

À suivre, donc,

Ce lundi 14 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le poids de l’interprète (et son timbre de voix) dans la qualité de l’interprétation du chant : Christian Gerhaher dans l' »Elegie » (1923) d’Othmar Schoeck (1886 – 1957)…

02sept

Pour le chant, non seulement l’art,

mais déjà la simple qualité du timbre de la voix du chanteur,

a une importance certaine,

sinon même rédhibitoire.

Bien des interprétations sont ainsi irrémédiablement plombées par la qualité par trop ingrate d’un timbre de voix,

en plus, parfois, de l’art lui-même, peu assuré ou mal réglé, du chanteur ;

même si l’on peut certes trouver quelques heureux contre-exemples, du moins quant au timbre de voix

_ tel celui, singulier, de l’admirable Julius Patzak (Vienne, 9 avril 1898 – Rottach-Egen, 26 janvier 1974), ténor au timbre peu séduisant, mais à l’art terriblement expressif et formidablement juste, par exemple en ses Lieder de Schubert, ou en son mémorable Das Lied von der Erde de Malher, avec Kathleen Ferrier et Bruno Walter, à Vienne, en 1952…

A contrario,

je viens d’écouter la très belle prestation _ en un CD Sony Classics 19439963302, avec le Kammerorchester Basel dirigé par le toujours actif Heinz Holliger _ de l’excellent Christian Gerhaher, baryton, à la voix bien timbrée, et à l’art parfaitement posé,

dans le très beau cycle de lieder « Elegie« , Op. 36 _ de 1923 _ d’Othmar Schoeck (Brunnen, 1er septembre 1886 – Zurich, 8 mars 1957)compositeur suisse encore bien trop méconnu en France, même pour ses Lieder

En cherchant un peu dans ma discothèque personnelle,

j’ai réussi à mettre la main sur

_ le CD « Das stille Leuchten« , Op. 60 (de 1946), par Dietrich Fischer-Diskau accompagné par Hartmut Höll au pianole CD Claves CD 50-8910, paru en 1989 _,

_ le CD du Concerto pour violoncelle et orchestre, Op. 61, et la Sonate pour violoncelle et piano, par Christian Poltéra, Julius Drake, et le Malmö Symphony Orchestra, sous la direction de Tuomas Ollila-Hannikainen _ le CD BIS 1597, paru en 2007 _,

_ et le CD « Chorwerke« , par Martin Homrich, ténor, Ralf Lukas, baryton-basse, le MDR-Rundfunkchoer et le MDE-SinfonieOrchester, sous les directions de Mario Venzago et Howard Arman _ le CD Claves 50-2702, paru en 2007 aussi.

Et il me semble disposer aussi, quelque part, du double CD de l’opéra « Penthesilea« , Op. 39 (de 1927), avec le Czech Philharmonic Choir de Brno, sous la direction de ce même Mario Venzago _ un album paru chez le label Musiques suisses, en 2000.

À suivre…

Ce vendredi 2 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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