Archives du mois de février 2020

Suivre le piano de Beethoven en sa continuité de composition : l’expérience de l’interprétation _ en 6 CDs _ de Cyprien Katsaris

13fév

Le coffret Hänssler PH 19032 de l’œuvre intégral de piano de Beethoven

par le pianiste chypriote Martino Tirimo

a déjà attiré mon attention _ et sollicité mon écoute _

en cette année du 250 éme anniversaire de la naissance du compositeur,

à Bonn,

le 16 décembre 1770 :

cf mon article du 1er février dernier :

Et voici que deux articles annonçant la parution d’un nouveau coffret

_ de 6 CDs, chez l’éditeur Piano 21 : P21 060-N _

d’un choix _ non exhaustif cette fois ! _ d’œuvres de piano de Beethoven,

présentées _ à nouveau _ en leur continuité chronologique de composition,

interprétées par l’excellent Cyprien Katzaris,

paraissent,

précédant la disponibilité effective de ce coffret chez les disquaires

_ du moins à Bordeaux, et à ma connaissance…

Soit, le 25 janvier dernier,

sur le site Discophilia, et sous la plume de Jean-Charles Hoffelé,

l’article Obsession Beethoven ;

puis, ce jour, 13 février,

sur le site ResMusica, et sous la plume de Maciej Chiżyński,

l’article Fêtons l’année Beethoven avec Cyprien Katzaris.

Les voici :

OBSESSION BEETHOVEN

Cyprien Katsaris ne fait rien comme personne. J’espérais de lui une intégrale des Sonates, après tout il avait gravé _ en effet _ le plus saisissant cycles des Symphonies dans les extravagantes transcriptions de Liszt, y faisant entendre malgré tout d’abord Beethoven. L’année cruciale s’annonçant, et franc-tireur comme il le fut toujours, voici qu’il publie un coffret de 6 CDs pleins à ras-bord : huit Sonates _ sur les 32 _, mais aussi quantité d’opus dans des transcriptions rarissimes _ voilà _ qui illustrent l’obsession Beethoven éprouvée par ses contemporains et ses suiveurs _ voilà.

 

C’est un coup de génie mené avec méthode, vrai voyage chronologique dans la création beethovénienne _ voilà _, les huit Sonates sonnant comme des ponctuations qui soulignent l’évolution de cette langue si singulière où à mesure le piano moderne paraît.

La puissance orchestrale du jeu de Katsaris, son piano de haute école, d’une pureté technique et d’une ardeur spirituelle qui forment la signature de tout grand interprète de Beethoven, emportent une Tempête _ la sonate n° 17 _ fabuleuse, exalte le “Sturm und Drang” de l’Appassionata _ la sonate n° 23  _, souligne le sens du bref si moderne de la Sonate “A Thérèse” _ la sonate n° 24 _, et projette l’ultime sonate _ n° 32 _ dans une dimension sonore futuriste.

Cela aurait suffit pour supplier Cyprien Katsaris d’enregistrer tout le reste du piano de Beethoven surtout sur le somptueux Bechsteinqu’il joue ici si bien capté par Nikolaos Samaltanos (et peut-être le fera-t-il), mais le voyage parallèle _ voilà _ proposé par les transcriptions _ un parcours assez original ! _ est tout aussi vertigineux, du Trio à cordes Op. 3 dont on ne sait trop qui, de Beethoven ou de Diabelli, aura réalisé la mouture pianistique, à cette merveille absolue d’émotion qu’est la transposition si simple, si nue, de l’Adagio molto e cantabile de la 9e Symphonie ; on imagine Richard Wagner se le jouer dans sa solitude.

Somme considérable, où tout l’art de Cyprien Katsaris rayonne. Mais qu’il nous entende : les autres Sonates, les autres Variations, les Bagatelles l’exigent en cette année Beethoven.

LE DISQUE DU JOUR

Beethoven : A Chronogical Odyssey

Ludwig van Beethoven(1770-1827)


CD 1
9 Variations sur une marche de Dressler, WoO 63
Sonate pour clavier en mi bémol majeur, WoO 47/1
2 Préludes dans tous les douze tons majeurs, pour le pianoforte ou l’orgue, Op. 39
Musik zu einem Ritterballet, WoO 1 (trans. Beethoven)
Sonate pour piano No. 1 en fa mineur, Op. 2 No. 1
Alla Ingharese quasi un Capriccio (Rondo a Capriccio), Op. 129


CD 2
Grande Sonate pour le Piano d’après le « Trio à cordes, Op. 3 » (trans. Beethoven? Diabelli?)
Sonate pour piano et violoncelle No. 2 en sol mineur, Op. 5 No. 2 (extrait : III. Rondo (Allegro), trans. Louis Winkler)
Sonatine et Adagio pour mandoline et clavecin (trans. Vladimir Blok)
Sonate pour piano No. 5 en ut mineur, Op. 10 No. 1


CD 3
Sonate pour piano No. 10 en sol majeur, Op. 14 No. 2
Septuor pour violon, alto, clarinette, cor, basson, violoncelle et contrebasse, Op. 20 (extrait : III. Tempo di Menuetto – Trio, trans. Liszt)
Quatuor à cordes No. 6 en si bémol majeur, Op. 18 No. 6 (extrait : II. Adagio ma non troppo, trans. Saint-Saëns)
Quatuor à cordes No. 4 en ut mineur, Op. 18 No. 4 (extrait : I. Allegro ma non tanto, trans. Rösler)
Sonate pour piano et violon No. 5 en fa majeur, Op. 24 « Le printemps » (trans. Winkler)
Sérénade en ré majeur pour flûte, violon et alto, Op. 25 (extrait : I. Entrata (Allegro), trans. Winkler)


CD 4
Sonate pour piano No. 14 en ut dièse mineur, Op. 27 No. 2 « Clair de Lune »
Sonate pour piano et violon No. 7 en ut mineur, Op. 30 No. 2 (extrait : II. Adagio cantabile, trans. Winkler)
7 Bagatelles, Op. 33
Contredanse en mi bémol majeur, WoO 14/12 (trans. Ludwig or Kaspar Karl von Beethoven)
Sonate pour piano No. 17 en ré mineur, Op. 31 No. 2 « La Tempête »


CD 5
Sonate pour violon et piano No. 9 en la majeur, Op. 47 « Kreutzer » (trans. Czerny & Anonymous)
Sonate pour piano No. 23 en fa mineur, Op. 57 « Appassionata »
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 61 (extrait : III. Rondo. Allegro, trans. Kullak)


CD 6
32 Variations sur un thème original en ut mineur, WoO 80
Fantaisie en sol mineur, Op. 77
Marsch für die böhmische Landwehr, oder Marsch des Yorck’schen Korps, en fa majeur (trans. Beethoven?)
Sonate pour piano No. 24 en fa dièse majeur, Op. 78
Sonate pour piano No. 32 en ut mineur, Op. 111
Symphonie No. 9 en ré mineur, Op. 125 « Chorale » (extrait : III. Adagio molto e cantabile, trans. Wagner)
Quatuor à cordes No. 16 en fa majeur, Op. 135 (extrait : III. Lento assai, trans. Moussorgski)
Quintette à cordes en ut majeur, WoO 62 – esquisse (trans. Diabelli)
Musikalischer Scherz, “Wir irren allesamt”, WoO 198

Cyprien Katsaris, piano

Un coffret de 6 CD du label Piano 21 P21 060-N (agrémenté d’un livret comprenant un texte passionnant de l’interprète)

Photo à la une : le pianiste Cyprien Katsaris – Photo : © Jean-Baptiste Millot

Fêtons l’année Beethoven avec Cyprien Katsaris

Ce jeudi 13 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

La discographie Weinberg (suite) : deux Requiem symphoniques…

12fév

En forme d’appendice à mon article d’avant-hier

,

après l’article du 8 juillet 2019  Mirga Gražinytė-Tyla et Gidon Kremer signent un disque majeur de Weinberg du site Resmusica,

sous la signature de Stéphane Friédérich,

voici qu’aujourd’hui 12 février 2020,

et sous le titre Kaddish,

le site Discophilia de Jean-Charles Hoffelé

consacre à ce même double CD Deutsche Grammophon 4836566

des Symphonies n° 2 et 21 de Mieczyslav Weinberg,

par Gidon Kremer et Mirga Grazinyte-Tyla

dirigeant le City of Birmingham Symphony Orchestra et la Kremerata Baltica,

Weinberg Symph 2 21 DG

un nouveau très bel article parfaitement détaillé :

KADDISH

Un berceau de cordes ouvre dans un grand geste la vaste prière pour les morts juifs des deux holocaustes, celui d’Hitler et celui de Staline, qu’est la 21e Symphonie de Mieczysław Weinberg, partition au noir _ de 1991 _ dont l’ampleur _ voilà _ aura fait dire à Gidon Kremer qu’il avait, en lisant la partition, le sentiment de découvrir la Onzième Symphonie de Gustav Mahler _ décédé à Vienne le 18 Mai 1911, laissant sa 10 ème Symphonie inachevée…

Ce deuil ne veut pas de voix, la musique est le langage de l’indicible _ oui _, son prophète est ici un violon, un seul violon, l’instrument immémorial du peuple ashkénaze _ certes _, que Gidon Kremer joue en déploration _ en effet. Le Largo qui ouvre l’œuvre cite à nu sur un piano solitaire, un fragment de la Première Ballade de Chopin, bref tombeau _ elle aussi, en 1831 _ de cette Pologne disparue qui fut toujours la vraie patrie du compositeur, exilé dans cette Union Soviétique qui aura dépecé _ voilà ! _ avec l’aigle nazi son pays et sa famille _ c’est parfaitement dit.

Mais Gidon Kremer a raison, Mahler est omniprésent tout au long de l’œuvre, en citation directe, mais surtout par le ton général _ oui _  même lorsque celui-ci reparaît derrière le masque de Chostakovitch dans les deux brefs scherzos en forme de danses de mort.

Mirga Gražinytė-Tyla vous conduit dans cet enfer sans paradis avec le même art souverain qu’elle met aux grands panneaux du triptyque de la Deuxième Symphonie, retable de cordes en deuil composé au sortir de la Seconde Guerre mondiale _ en 1946. Mettre en regard ces deux Requiem était une évidence _ oui…

LE DISQUE DU JOUR

Mieczyslaw Weinberg (1919-1996)


Symphonie No. 2 pour cordes, Op. 30
Symphonie No. 21, Op. 152 “Kaddish”

Gidon Kremer, violon
Kremerata Baltica
City of Birmingham Symphony Orchestra
Mirga Gražinytė-Tyla, direction

Un album de 2 CD du label Deutsche Grammophon 4836566

Photo à la une : le chef d’orchestre Mirga Gražinytė-Tyla – Photo : © Deutsche Grammophon

Puisse cette diffusion d’excellents articles

faciliter la découverte par le plus large public

de la musique magnifique de ce compositeur unique du XXème siècle

qu’est Mieczyslav Weinberg

(Varsovie, 8 décembre 1919 – 26 février Moscou, 1996)…

Ce mercredi 12 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et les Diabelli de Gulda en novembre 1957 à Vienne

11fév

Et voici une autre version infiniment vivante _ et donc satisfaisante _

des Variations Diabelli de Beethoven

_ nécessairement un poil colérique ! _,

enregistrées à Vienne en novembre 1957

par le grand Friedrich Gulda

(Vienne, 16 mai 1930 – Weissenbach am See, 27 janvier 2000) ;

dénichées en un recoin du désordre de ma discothèque…

À ranger à côté des versions aimées de

Stephen Kovacevich,

Ronald Brautigam,

Andreas Staier,

et aussi, maintenant, Filippo Gorini.

Ce mardi 11 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et à, nouveau 2 Symphonies de chambre (les n° 1 et 3) de Mieczyslaw Weinberg : faire revivre de chers fantômes de son passé

10fév

Décidément,

Mieczyslaw Weinberg (1919 – 1996)

tient désormais l’affiche

des nouveautés discographiques de très grande qualité.

Cf notamment mes précédents articles des

8 décembre 2019 :  ;

29 novembre 2019 :  ;

22 juillet 2019 :  ;

etc.

Aujourd’hui

avec un magnifique _ et idiosyncrasique _ CD Naxos 8.574063

des Symphonies de chambre n0s. 1 et 3

(de 1987 et 1990),

par l’East-West Chamber Orchestra

dirigé par Rostislav Krimer

_ un chef biélorusse.

Une merveilleuse interprétation

d’une musique bouleversante.

À comparer avec le splendide _ déchirant ! _ double album ECM 2538/39 4814604

paru en 2017

des 4 Symphonies de chambre de Weinberg,

opus 145 (de 1986),

147 (de 1987),

151 (de 1990)

et 153 (de 1992),

enregistrés en 2015 par la Kremerata Baltica de Gidon Kremer !

Une musique bouleversante,

merveilleusement interprétée cette fois-ci à nouveau

par l’East-West Chamber Orchestra…

Cf l’extrait suivant de l’article Actualité de la musique de chambre de Weinberg au disque

du 18 janvier 2020

de Res Musica, sous la plume de Jean-Christophe Le Toquin :

weinberg-east-west-chamber-orchestra-naxosPour leur premier enregistrement, le East-West Chamber Orchestra établi à Minsk en 2015 par Rostislav Krimer (sans lien avec le West-Eastern Divan Orchestra de Daniel Barenboim) choisit les Symphonies de chambre n° 1 et n° 3. Respectivement de 1987 et 1990, elles font partie des dernières pièces du compositeur, et partagent avec les deux dernières Symphonies de chambre n° 2 et n° 4 un retour aux œuvres précédentesLa Symphonie n° 1 est en grande partie reprise du Quatuor n° 2, composé à Minsk en 1940, tandis que la Symphonie n° 3 s’inspire de plusieurs mouvements du Quatuor n° 5 de 1945 et inclut un nouveau final. Si Chostakovitch dans sa dernière Symphonie n° 15 recourt aussi aux citations (Tristan, l’ouverture de Guillaume Tell…) et auto-citations, le procédé chez Weinberg se rattache moins à une réflexion universelle sur la mort et le passé, et davantage à faire revivre les fantômes de son propre passé, ses chers disparus _ voilà. Et c’est très important pour bien pénétrer la genèse de ces œuvres bouleversantes. Ce disque de Weinberg est le premier jamais enregistré à Minsk, là même _ où il acheva ses études. Sur le plan interprétatif, la comparaison qui s’impose est – encore – avec Gidon Kremer et sa Kremerata Baltica (ECM) _ en effet _, mais le résultat est inverse aux enregistrements évoqués précédemment. Cette fois, c’est l’East-West Chamber Orchestra qui adopte une lecture plus raffinée _ oui _ là où la Kremeratica Baltica opte pour une interprétation davantage immédiate et moins policée. Kremer capte plus l’attention en première lecture, mais la finesse poétique _ voilà _ de l’ensemble biélorusse (composé de musiciens russes, biélorusses, polonais, allemands et des pays baltes pour l’essentiel) est convaincante et pourra être préférée pour des écoutes renouvelées _ voilà qui est dit.

Ce lundi 10 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

A nouveau le Quintette avec piano Sz 23 de Bela Bartok ; à nouveau un magnifique CD, par le Goldner String Quartet et Piers Lane au piano

09fév

Après une superbe _ et mémorable ! _ interprétation

de ce même Quintette avec piano Sz 23 de Bartok

par Barnabas Kelemen et Vilde Frang, aux violons, Katalin Kokas, à l’alto, Nicolas Altstaedt, au violoncelle, et Alexander Lonquich, au piano

_ soit le CD Alpha 458 ;

cf mon article enthousiaste du 30 août 2019 : _,

voici que nous parvient une autre magnifique interprétation

de cette œuvre précoce

_ et relativement méconnue : pourquoi ? _

de Bela Bartok (1881 – 1945)

_ achevée de composée l’été 1904, Bartok avait 23 ans _,

par le Goldner String Quartet

_ composé de Dene Holding et Dimity Hall, violons, Irina Morozova, alto, et Julian Smiles, violoncelle _

et le pianiste Piers Lane :

soit le CD Hyperion CDA 68290.


Ici, ce _ curieusement méconnu : bien à tort : c’est une merveille ! _ Quintette avec piano Sz23 de Bartok, de 1904,

est accompagné

du Quintette avec piano Op. 15 de Korngold,

composé en 1921 Eric Wolfgang Korngold avait 24 ans.

L’esprit de ces deux œuvres _ de deux jeunes compositeurs _ est cependant assez dissemblable :

étrangement, cette œuvre relativement précoce de Korngold (1897 – 1957),

à Vienne, en 1921,

semble anticiper sa période hollywoodienne !  


Ce dimanche 9 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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