Archives du mois de septembre 2021

Un nouveau CD au catalogue discographique de Théotime Langlois de Swarte : le proustien « Concert retrouvé » (1er juin 1907, au Ritz)…

15sept

Sur son très riche site Discophilia,

Jean-Charles Hoffelé consacre un nouvel article, Reconstitution, à une nouvelle récente parution discographique de l’excellent violoniste qu’est Théotime Langlois de Swarte

_ cf le récapitulatif de mes articles précédents, du mardi 21 juin 2021  ;

ainsi que cet autre article, du 16 août dernier : _,

un CD Harmonia Mundi _ HMM 902508 _ intitulé « Proust. Le Concert retrouvé« .

Voici donc cet article :

RECONSTITUTION

Grand Salon du Ritz, 1er juillet 1907, Marcel Proust quitte son appartement du Boulevard Haussmann pour se rendre au dîner suivi d’un concert qu’il organise _ voilà ! _ en l’honneur de Gaston Calmette, le directeur du Figaro. Gabriel Fauré lui a _ hélas _ fait faux bon, alors que le programme présente plusieurs de ses œuvres, mais il a dépêché Marguerite Hasselmans qui accompagnera Maurice Hayot dans la schumanienne Première Sonate de son maître, Edouard Risler se chargeant du reste et en modifiant les œuvres pour jouer ce qu’il a dans les doigts.

Soirée typique documentée dans une lettre que Proust adresse à Reynaldo Hahn deux jours ensuite _ le 3 juillet 1907 _, mêlant musique française et allemande comme on le faisait chez Saint-Marceaux ou chez Greffulhe, que Théotime Langlois de Swarte et Tanguy de Williencourt ont reconstituée en prenant soin d’y associer deux instruments tirés du Musée de la Musique : on entend enfin sous l’archet du jeune homme le Davidoff tiré d’un long sommeil par les soins de Balthazar Soulier. Quelle émotion lorsque son timbre de voix humaine _ voilà _  s’empare du _ sublimissimeÀ Chloris _ cf, par exemple, mon article du 22 mai 2020 : … _ de l’ami Reynaldo Hahn.

Sommet du disque, la Première Sonate de Fauré, jouée appassionato, et ne cherchant pas à masquer ses références à Schumann. Comme j’aimerai les entendre dans la Seconde également ! Mais non, fidèle au concert, les deux amis en restent _ oui _ à ce qui fut joué alors, capturant avec poésie l’air de ce temps perdu pour mieux le retrouver _ voilà.

Tanguy de Williencourt joue un splendide Erard aux cordes parallèles, le modèle modeste que l’on trouvait couramment dans les salons du tout Paris d’alors. Stupeur devant son 6e Nocturne _ de Gabriel Fauré _ éloquent par les phrasés comme par les couleurs : et si sur ce piano il avait l’idée d’enregistrer les 13 Nocturnes au complet ?

LE DISQUE DU JOUR

Proust, le concert retrouvé
Un concert au Ritz, à la Belle Époque

Reynaldo Hahn (1874-1947)
À Chloris (arrangement pour violon et piano)
L’Heure exquise (arrangement pour violon et piano)


Robert Schumann (1810-1856)
Des Abends (No. 1, extrait des “Fantasiestücke, Op. 12 »)


Frédéric Chopin (1810-1849)
Prélude en ré bémol majeur, Op. 28 No. 15


Gabriel Fauré (1845-1924)
Sonate pour violon et piano No. 1 en la majeur, Op. 13
Berceuse pour violon et piano, Op. 16
Après un rêve, Op. 7 No. 1 (arrangement pour violon et piano)
Nocturne No. 6 en ré bémol majeur, Op. 63


François Couperin (1668-1733)
Les Barricades mystérieuses (No. 5, de l’Ordre VI, extrait du « Second Livre de pièces de clavecin)


Franz Liszt (1811-1886)
Isoldens Liebestod – Schluss-Szene aus Richard Wagner’s “Tristan und Isolde”, für das Pianoforte bearbeitet, S. 447

Théotime Langlois de Swarte, violon
Tanguy de Williencourt, piano

Un album du label harmonia mundi/Stradivari HMM902508

Photo à la une : © DR

 

Un très joli programme, déjà…

Et bravo !!!

Ce mercredi 15 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

La délicatesse de l’interprétation du clavier de Girolamo Frescobaldi : quel interprète choisir ?..

14sept

Voici que je reçois ce jour une très courte vidéo _ de 2′ 15, adressée par Il Teatro de la Fenice, de Venise _

d’un extrait de la Toccata Settima de Girolamo Frescobaldi : très plaisante interprétation, en effet,

par un Jean Rondeau,

dont je n’apprécie pourtant pas toujours, les démonstrations un tantinet excessives, et à contresens, de virtuosité,

à mon goût du moins…

Or, il se trouve que j’ai personnellement toujours eu de la difficulté à bien recevoir ces musiques de Frescobaldi ;

du moins en leurs interprétations discographiques, pourtant nombreuses, auxquelles j’ai pu avoir accès ;

y compris par les doigts expertissimes du grand Gustav Leonhardt…

À preuve, ces deux articles miens :

surtout celui du 21 décembre 2019 :  ;

et, à un moindre degré _ et nonobstant l’enthousiasme un peu excessif de son titre… _, celui du 28 avril 2019 :

Au moins, ces deux articles-ci, détaillent-ils un peu les raisons de mes réticences… 

Frescobaldi : une magistrale interprétation, enfin !, de l’oeuvre de Girolamo Frescobaldi : par le très délié claviériste Francesco Cera

— Ecrit le samedi 21 décembre 2019 dans la rubriqueHistoire, Musiques”.

Longtemps, j’ai été désagréablement insatisfait

des interprétations, au disque, de l’œuvre de Girolamo Frescobaldi

(Ferrare, 15 septembre 1583 – Rome 1er mars 1643) ;

que les histoires de la musique présentent pourtant

comme un brillantissime maillon décisif

de la musique occidentale :

Frescobaldi ayant eu pour brillantissime élève le génialissime Johann Jakob Froberger

(Stuttgart, 18 mai 1616 – Héricourt, 16 mai 1667)

_ un de mes compositeurs préférés ! _ ;

mais aussi les excellents Johann Caspar Kerll (Adorf, 9 avril 1627 – Munich, 13 février 1693)

et Franz Tunder (Lübeck, 1614 – Lübeck, 16 novembre 1667).

À peine en avril dernier, enfin, un CD, par Christophe Rousset,

était parvenu à rompre le _ mon ? _ maléfice ;

cf mon article du 28 avril dernier :

Eh bien ! me voici aujourd’hui très largement comblé, enfin !,

par un merveilleux coffret de 7 CDs,

par la grâce du claviériste _ et aussi, à l’occasion, chef de l’Ensemble Arte Musica _ Francesco Cera :

le coffret Arcana A 463.

4 œuvres _ majeures : les principales ! _ nous y sont magistralement

et dans une merveilleuse évidence _ enfin ! _

données _ restituées, telles qu’elles auraient pu être jouées à la cour des Este, à Ferrare ;

mais les Este perdent Ferrare en 1697, à la mort du duc Alphonse II d’Este, décédé sans fils légitime ; Ferrare revenant alors aux États pontificaux sous le pontificat d’Innocent XII Pignatelli, qui refuse de laisser Ferrare à Cesar d’Este, cousin de feu le duc Alphonse II (et descendant d’un bâtard du duc Alphonse Ier et de sa maîtresse Laura Dianti) ; Cesar d’Este héritant seulement de Modène et Reggio… ; Frescobaldi, lui, avait 14 ans en 1597 ; et, à Ferrare, il fut élève, il faut le remarquer, de Luzzasco Luzzaschi… _du maître ferrarais :

_ les Toccate e Partite Libro Primo (publiées à Rome en 1615)

_ les Capricci (publiés à Rome en 1624)

_ le Secondo Libro di Toccate (publié à Rome en 1627)

_ et les Fiori Musicale (publiées à Venise en 1635).

Tout y est du plus merveilleux soin,

à commencer par la variété _ quelles splendides sonorités ! _ des instruments,

clavecins (au nombre de 5) comme orgues (au nombre de 4),

choisis,

pour tel ou tel morceau spécifique.

Et l’interprétation

est _ enfin ! et d’un bout à l’autre… _ renversante de beauté :

chapeau bien bas, maître !!!

En matière de préférences personnelles,

si je puis me permettre très immodestement de les donner ici,

je dois avouer une certaine prédilection pour la poésie absolument merveilleuse du Secondo Libro di Toccate… :

est-ce dû à la nature particulière de ces œuvres-ci du compositeur ?

ou bien au merveilleux délié de leur interprétation _ surtout aux deux clavecins (d’après des modèles napolitains) _ par Francesco Cera ?

Je ne sais…


Ce samedi 21 décembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sur ce coffret Frescobaldi/Cera d’Arcana, voici aussi, et d’abord, un très détaillé article _ de même date : le 21 décembre 2019 _ de Frédéric Muñoz sur le site de ResMusica :

« L’oeuvre pour clavier de Frescobaldi par Francesco Cera« …

L’œuvre pour clavier de Frescobaldi par Francesco Cera

La discographie frescobaldienne pour clavier est déjà riche de grandes interprétations depuis le début des années 70. Pour autant, Francesco Cera, grand spécialiste en la matière, propose une approche novatrice et captivante _ voilà ! _ reposant sur un choix d’instruments historiques ou copies d’anciens, au service d’un jeu basé sur ses propres inspirations et ses nombreuses recherches musicologiques.

Frescobaldi_Toccate, Capricci, Fiori Musicali_Ensemble Arte Musica_Francesco Cera

La première moitié du XVIIe siècle a vu en Europe l’éclosion d’un style nouveau pour le clavier _ voilà _ au travers de livres de génie : Correa de Arauxo, Jehan Titelouze, Samuel Scheidt, à la suite de l’initiateur flamand Sweelinck, le fameux Orphée d’Amsterdam. Girolamo Frescobaldi (1583 – 1643) fait partie de cette incroyable pléiade de musiciens qui ont édifié un monument unique dans l’histoire de la musique pour clavier. Venu de Ferrare _ sa ville natale, où il avait été l’élève du magnifique Luzzasco Luzzaschi (1545 _ 1607) ; qui fut aussi, à cette élégantissime  cour des flamboyants Este, à Ferrare, le maître du génialissime Carlo Gesualdo (1566 – 1613)… _, Frescobaldi développa son art à Rome et nous laisse une œuvre _ très importante _ importante. Outre le clavier, diverses œuvres vocales ou instrumentales constituent un ensemble impressionnant, présenté en totalité en 2011 dans un coffret de 15 CDs par Roberto Loreggian (Brilliant Classics). Le présent coffret se compose de 7 CDs, dont chacune des pochettes représente un tableau, témoin de l’art pictural romain à l’époque de Frescobaldi. C’est l’historien de l’art Denier Grenier qui a sélectionné ces chefs-d’œuvre, soit une invitation à la musique de l’organiste de Ferrare.

L’œuvre pour clavier de Frescobaldi de compose de quatre livres écrits sur une longue période, de 1608 à 1635, comprenant Caprices, Toccate, Partite, Courantes et Ballets, Canzone, Arias, hymnes ainsi que trois messes pour orgue. Cet important ensemble de pièces fut écrit pour diverses destinations, liturgiques ou profanes, et le choix des instruments qui en résulte afin de les interpréter est fondamental _ oui _, l’auteur ne l’indiquant pas toujours. C’est l’écriture même des pièces qui impose un choix logique tourné vers le clavecin ou l’orgue. Dans les livres de Toccate, celles qui sont écrites « pour l’élévation », par leur côté planant destiné à ce moment particulier de l’office, sont naturellement dévolues à l’orgue. D’autres, plus virtuoses et décoratives, s’imaginent volontiers au clavecin. Ce choix reste pour de nombreuses pièces celui de l’interprète, qui peut changer suivant les intégrales à disposition des mélomanes. L’ouvrage de Frescobaldi le plus célèbre de tous est sans doute celui des Fiori Musicali publié en 1635, renfermant trois messes courantes pour clavier : Apostoli, Domenica et Madonna. Ici, la présence de l’orgue est de fait permanente, alternant avec les versets grégoriens harmonieusement chantés par l’ensemble Arte musica et le ténor soliste Riccardo Pisani.

Grâce à ses recherches et études échelonnées sur de nombreuses années, Francesco Cera, élève de Gustav Leonardt _ tiens, tiens… _ et de Luigi Ferdinando Tagliavini, offre une vision musicologique et vivante _ oui _ de ces textes par un jeu savant et subtil, porté par des instruments minutieusement choisis, contemporains et en adéquation avec les divers styles de cette musique. Une particularité de cet enregistrement est que les clavecins ont été enregistrés dans une salle qui fut la résidence d’été des ducs d’Este _ voilà ! _ que fréquenta Frescobaldi : une manière de retrouver l’ambiance sonore existant lors de la création de ces œuvres et d’en retirer une inspiration toute particulière _ oui ! _, y compris visuelle par la beauté du lieu _ cf aussi le génialissime testament cinématographique de ce merveilleux ferrarais, lui aussi, qu’a été Michelangelo Antonioni (1912 – 2007) : Al di là delle nuvole (en 1995)… Les instruments sont accordés suivant le tempérament mésotonique couramment en usage à l’époque, ce qui permet un relief indispensable aux multiples couleurs du discours. Les clavecins sont des copies d’anciens, réalisés par de grand spécialistes d’aujourd’hui, de même pour les orgues, historiques qui offrent divers diapasons, du 392 Hz au 465 Hz.

Tous ces paramètres concourent à offrir à l’auditeur un produit de premier choix _ et c’est encore peu dire… _, depuis la beauté du coffret avec la reproduction de tableaux anciens, la présence d’un épais livret avec une étude musicologique de l’artiste et une description détaillée des instruments utilisés, jusqu’à l’interprétation humaine et émouvante _ enthousiasmante par là… _ de Francesco Cera, portée par les sonorités colorées et magnifiquement captées des différents claviers.

Girolamo Frescobaldi (1583-1643) :

Toccate (livres 1 et 2) ; Capricci ; Fiori Musicali.

Ensemble Arte Musica. Riccardo Pisani ténor, Francesco Cera sur cinq clavecins et quatre orgues historiques italiens.

7 CDs Arcana.

Enregistré de novembre 2015 à septembre 2018.

Livret bilingue français anglais.

Durée : 8h19

Voici ensuite mon précédent article, du 28 avril 2019, sur le CD Frescobaldi / Christophe Rousset (Aparté AP 202) de ces mêmes Toccatte

Enfin un CD Frescobaldi idéalement accompli ! par Christophe Rousset

— Ecrit le dimanche 28 avril 2019 dans la rubriqueHistoire, Musiques”.

Jusqu’ici, nul CD Frescobaldi

_ pas même par la grâce de l’immense Gustav Leonhardt ! _

ne m’avait véritablement satisfait !

de lui, Girolamo,

le maître (1583 – 1643) vénéré de tant de compositeurs merveilleux

_ à commencer par Johan Jakob Froberger (1616 – 1667)…

Eh bien ! le maléfice vient de se rompre,

au moins pour ma satisfaction personnelle ! _ je commençais à désespérer gravement… ;

ou bien était-ce moi-même qui me révélais incapable de pouvoir apprécier sa musique !!! _

avec le CD Aparté AP 202  de Christophe Rousset

interprétant les Toccate e partie d’intavolatura di Cimbalo, libro primo

(de 1615, mais données ici dans la version de 1637),

sur un clavecin original anonyme de la fin du XVIe siècle,

remanié par Rinaldo de Bertonis, en 1736…

Tout enfin, ici, coule et chante de source…

Ce dimanche 28 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

J’ai donc recherché, puis retrouvé _ parmi les CDs de ma discothèque _, une interprétation _ complète, elle : de 3′ 46 _ de cette même Toccatta Settima de Girolami Frescobaldi,

par le cher Pierre Hantaï, en 1996, sur un CD Astrée Auvidis E 8585 :

tout à fait excellente, elle aussi…

Ce mardi 14 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et pour se réjouir, l’unique Henri Ledroit, encore et toujours…

13sept

Et pour se réjouir,

voici l’unique Henri Ledroit :  https://www.youtube.com/watch?v=_IJxxSUGvb0

Pour se réjouir vraiment…

Encore et toujours…

Ce lundi 13 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

La singularité et la perfection du goût d’Edoardo Torbianelli, à travers deux récentes parutions de CDs de cet excellent pianofortiste triestin, avec, ici, le superbe violoniste salzbourgeois Thomas Albertus Irnberger

12sept

Voici que viennent de paraître deux très intéressants CDs Gramola,

un CD Mozart et un CD Liszt,

dus, tous les deux, à la collaboration de l’excellent pianofortiste italien Edoardo Torbianelli (né à Trieste, en 1970)

avec le non moins remarquable violoniste autrichien Thomas Albertus Irnberger (né à Salzbourg, en 1985) :

le CD Gramola Records 98890 « Violinkonzerte N° 3,4, 5« 

et le CD Gramola Records 98932 « Franz Liszt and the violin« .

Et c’est à nouveau la curiosité de Jean-Charles Hoffelé sur son très riche site Discophilia,

qui m’a fait connaître la parution de ces deux CDS, par ses deux très récents articles :

par son article de ce 11 septembre :  « Concertos de plein air« ;

et par son article du 8 septembre dernier : « Le violon de Liszt« .

CONCERTOS DE PLEIN AIR

Salzbourg, Salle de musique Gneis, dans le froid de janvier 2009 _ voilà donc la date d’enregistrement _, Thomas Albertus Irnberger enregistre les trois grands Concertos pour violon de Mozart.

Archet libre, jeu d’une spontanéité réjouissante, avec derrière les effets de danse des confidences au détour d’un trait, et dans les Adagios ce secret de l’émotion mozartienne qu’on entend plus souvent _ en effet ! _ dans les Concertos pour piano, être entre le sourire et les larmes _ oui…

La simplicité de l’approche fait l’ensemble extrêmement fluide _ exigence d’une nécessité absolue dans Mozart… _, la direction preste mais subtile _ merci ! _ de Martin Sieghart à la tête d’une formation Mozart où se glisse discrètement _ voilà !!! _ le pianoforte d’Edoardo Torbianelli, plaçant les trois opus à l’air libre, ce qu’une prise de son très ouverte accentue.

Encore une fois le Jacobus Stainer que joue le jeune homme est merveilleusement assorti à la poétique du langage mozartien et en possède toutes les couleurs : écoutez la musette du Rondeau du 4e Concerto.

Merveille de l’album, le Finale du 3e, avec en son centre le petit rondeau avec musette porté par les pizzicatos, d’une tendresse, d’une délicatesse d’émotion et de jeu qui vont droit au cœur de cet univers _ oui ! Et si demain Thomas Albertus Irnberger complétait le cycle : les deux premiers Concertos, le Concertone et la Symphonie concertante veulent son archet.

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart(1756-1791)


Concerto pour violon et orchestra No. 3 en sol majeur, K. 216
Concerto pour violon et orchestra No. 4 en ré majeur, K. 218
Concerto pour violon et orchestra No. 5 en la majeur, K. 219 « Turkish »

Thomas Albertus Irnberger, violon
Spirit of Europe
Martin Sieghart, direction

Un album du label Gramola Records 98890

Photo à la une : le violoniste Thomas Albertus Irnberger – Photo : © Irène Zandel

Puis :

LE VIOLON DE LISZT

Die drei Zigeuner voudrait donner le ton : le violon que Liszt substitue à la voix de mezzo, paraphrasant le lied original, sera celui des Bohémiens de la poutza, la part la plus singulière de sa grammaire musicale. Puis, tout à trac, après avoir joué les Tziganes, Thomas Albertus Irnberger et Edoardo Torbianelli font tournoyer le grand bal mondain du Duo concertant, où Liszt se prend pour Weber avec un bonheur certain. L’œuvre est brillante, irrésistible par ses envols que les deux amis emportent jusqu’à l’ivresse d’une tarentelle folle qui flirte avec le Diable. Quelle œuvre !, qui jouée avec tant de virtuosité devient bien plus qu’un simple divertissement.

L’album est simplement prodigieux, et saisit tous les aspects de l’univers Liszt, des raréfactions sinistres de La lugubre gondole au grand numéro de quasi cabaret de la 12e Rhapsodie hongroise en passant par le fascinant Duo qui s’ouvre par la citation d’une Mazurka de Chopin, œuvre rarement jouée et qui tout au long déploie les paysages de la Mazurie, hommage d’un géant du piano à son alter ego.

Le clavier domine ici, Edoardo Torbianelli ayant choisi un grand pianoforte aux basses grondantes sorti de l’atelier de Streicher en 1856.

Disque splendide _ voilà ! _, et indispensable à toute discothèque lisztienne _ merci !


LE DISQUE DU JOUR

Franz Liszt (1811-1886)


Die drei Zigeuner, S. 383
Grand Duo concertant sur la Romance de « Le Marin », S. 128 & 700h
La Lugubre gondola, S. 134bis
Epithalam zu Eduard Remenyis Vermahlungsfeier, S. 129
Rhapsodie hongroise No. 12 en ut dièse mineur (aka No. 2), S. 244/12
Duo (Sonate) sur des thèmes polonais en ut dièse mineur, S. 127

Thomas Albertus Irnberger, violon
Edoardo Torbianelli, pianoforte

Un album du label Gramola 98932

Photo à la une : le violoniste Thomas Albertus Irnberger – Photo : © DR

 

Mon attention envers l’art d’interprétation d’Edoardo Torbianelli est tout à fait ancienne : dès 2004, en effet,

pour le très remarquable CD Pan Classics 10171 « Muzio Clementi Late Works for pianoforte« .

Ainsi voici ce que j’en disais sur un blog, « L’Agenda de Francis Lippa« , que Jean-Paul Combet m’avait spécialement ouvert alors pour son label Alpha Classics :

« Un très intéressant, et plein de charme, « Late Works for Pianoforte » de Muzio Clementi (compositeur injustement décrié…) par Edoardo Torbianelli, très en verve : Vladimir Horowitz n’avait pas nécessairement mauvais goût ; en tout cas, un tel enregistrement nous oblige à mieux repenser l’histoire et l’esthétique du clavier, au tournant d’un certain classicisme : ce n’est déjà pas rien… »

Puis, le 17 février 2018, j’ai consacré un article, sur ce blog En cherchant bien, consacré en partie au CD Glossa GCD 922517 « Frédéric Chopin Late piano works« , par Edoardo Torbianelli :  ;

et le 13 mars 2018, un nouvel article, consacré entièrement, cette fois, à ce superbe CD Chopin d’Edoardo Torbianelli : .

Voilà.

Edoardo Torbianelli est un très remarquable musicien ;

dont il faut suivre très attentivement les magnifiques réalisations…

Il y fait preuve du meilleur goût

au sein d’une vraie singularité de ses découvertes…

Un interprète de choix !!!

Ce dimanche 12 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un fascinant concert Ravel, hier, à l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz, en clôture du Festival Ravel…

11sept

Dès l’ouverture de la billetterie,

mon ami Bernard, qui habite Bidart, avait réservé ses places _ au premier rang _ pour le superbe concert Ravel,

que devait diriger Riccardo Chailly, à la tête de l’orchestre de Paris, hier vendredi 10 septembre, en l’église Saint-Jean-de-Luz,

en clôture du Festival Ravel…

Et voilà que juste avant d’appeler Bernard pour lui demander leurs impressions de ce beau concert de clôture du Festival Ravel de cette année 2021,

je tombe sur un article de ResMusica intitulé « Adieux de Roland Daugareil avec l’Orchestre de Paris et Ravel« .

Voici donc le courriel que j’adresse alors à Bernard,

qui me joindra peu après au téléphone pour me faire part de leurs impressions effectives _ bien plus favorables…

Le concert que vous avez écouté hier soir a été donné la veille _ le 9 septembre _

à Paris ;
cf cet article _ plutôt mitigé… _ de ResMusica aujourd’hui 11 septembre :

Adieux de Roland Daugareil avec l’Orchestre de Paris et Ravel

Dans un programme Ravel et avec Gustavo Gimeno pour remplacer Riccardo Chailly, le premier violon de l’Orchestre de Paris Roland Daugareil tire sa révérence de la plus sobre des manières.


Riccardo Chailly avait prévu pour ce premier programme de saison de l’Orchestre de Paris un concert totalement composé de pièces de Ravel, dont le très célèbre Boléro. Mais le chef a dû annuler plusieurs contrats cette rentrée, et c’est Gustavo Gimeno, actuel directeur musical de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, qui tient la baguette à sa place pour deux soirs à la Philharmonie. Sans avoir rien modifié du programme annoncé, il débute avec d’opulentes Valses nobles et sentimentales, qui trouvent une belle fluidité en même temps que des couleurs bien prononcées, à l’image de celles des bois, tout particulièrement la flûte dans la deuxième danse, puis les hautbois et cor anglais à la fin de la suivante. L’Épilogue remet en avant ce dernier instrument et la clarinette, vite épaulés par les premiers violons, guidés pour son ultime soirée en tant que violon solo de la formation par Roland Daugareil.

Écrite huit ans plus tard par Ravel, en 1919, La Valse donnée ensuite assombrit l’atmosphère avec une œuvre touchée au plus profond par les désastres des années passées. Elle nécessite alors une profondeur et une concentration qui ressortent ici moins de la direction du chef. Loin de l’intellectualisme libéré d’un Nagano qui la donnait en bis dans cette même salle il y a deux années, Gimeno y entre trop au premier degré, d’une danse désincarnée dont il perd lui-même la maîtrise, non par sa battue intègre et très bien comprise par les musiciens, mais par la difficulté à en développer la puissance du propos. La coda très verticale se voit alors surtout marquée par des percussions détachées et un tambourin déséquilibré, tandis que les ultimes instants s’achèvent sur un accord gras du tutti, là où plus de netteté semblait mieux adaptée.

Au retour d’entracte, Alborada del Gracioso trouve les mêmes qualités et limites, ne permettant pas de s’arracher totalement à une lecture là encore trop simpliste. Bien introduite par les pizzicati des cordes secondés par le hautbois, puis dynamisée par les percussions, la partition ne parvient pas tout à fait à s’exalter, notamment par son long solo de basson. Puis un léger quiproquo fait entrer à la dernière seconde le second basson et la flûte piccolo, tandis que le chef va débuter La Rapsodie espagnole. Plus fougueuse et d’une matière mieux animée que l’œuvre précédente, elle aussi inspirée de l’Espagne et orchestrée après avoir été écrite pour le piano, la rapsodie met encore en avant les bois français, libérant la clarinette basse avant de donner la primeur aux cuivres, avec de magnifiques glissandi des trombones à la Feria.

Le Boléro clôt le concert sans jamais tomber dans la caricature d’une pièce syncopée, sans excès de rythmique trop appuyée, malgré la mesure toujours parfaitement pointée par la caisse claire. Il bénéficie de la superbe entrée de la flûte solo, puis de la clarinette, moins biens secondées par le basson, tandis que se remarquent ensuite quelques problèmes d’équilibres, notamment dans la cinquième reprise du Thème A, où piccolos et célesta sont bien trop éclairés, tandis que le crescendo trop préparé amène très fort l’orchestre juste avant la coda. Sous des applaudissements nourris, les saluts remettent en avant Roland Daugareil, jamais vraiment sollicité dans aucune des œuvres du programme et attendu par exemple dans l’évidente Tzigane qu’on pouvait a minima espérer en bis. À l’inverse, nul hommage, nul discours et pas même un bouquet ne seront offerts à celui qui est entré à l’Orchestre de Paris il y a maintenant vingt-trois ans, tout juste remercié par une douzaine de témoignages amicaux de ses collègues dans le livret de soirée.

Crédit photographique: © Marco Borggreve


Paris. Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez. 9-IX-2021. Maurice Ravel (1875-1937) : Valses nobles et sentimentales. La Valse, poème chorégraphique. Alborada del Gracioso, pour orchestre. Rapsodie espagnole, pour orchestre. Boléro, pour orchestre. Orchestre de Paris, direction : Gustavo Gimeno.

J’espère que les deux concerts déjà donnés à Paris auront permis aux interprètes, orchestre et chef, de rectifier, à Saint-Jean, les approximations remarquées ici par le critique…

Francis


Ce samedi 11 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

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