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Un Rameau tout simplement idéal de Justin Taylor, en merveilleux « esprit de la danse », ou l’enthousiasmant CD « La Famille Rameau »…

23mai

Saisir l’idiosyncrasie de la musique française, est sans doute une gageure pour tout interprète,

que ce soit au concert, ou au disque…

Voilà ce que vient tout simplement de réussir, et à la perfection, en son CD « La Famille Rameau » _ le CD Alpha 771 _ le jeune Justin Taylor !

Rameau, ou l’esprit de la danse,

en toute son inventive variété.

Délicatesse, fluidité, refus des maniérismes et pesanteurs…

Vivacité heureuse.

Ce que le génial Rameau a réussi en son écriture sur la partition,

l’interprète doit réussir à le saisir et l’incarner en son jeu,

que l’ingénieur du son, le toujours parfait Hugues Deschaux _ il y a maintenant bien longtemps que je l’ai vu à l’œuvre pour Jean-Paul Combet (et Alpha)… _, doit aussi retenir et rendre, à l’enregistrement ;

avec l’indispensable concours, aussi, bien sûr, de l’instrument : ici le magique clavecin Donzelague du château d’Assas !

À titre d’exemple,

voici ce qu’en chronique un des membres de l’équipe de Res Musica en son article du 3 mai dernier, au titre simplement un peu trop anecdotique, « Justin Taylor recompose la famille Rameau au clavecin« …

L’écoute commentée des pièces de Jean-Philippe Rameau qu’a choisies l’interprète, me paraît, en effet, d’une très bonne justesse…

Et mieux encore,

voici une vidéo (de 4′ 08) de Justin Taylor interprétant Les Tendres Plaintes, sur le Donzelague, au château d’Assas.

Justin Taylor _ en Ariel ailé du clavecin _

et Rameau

sont de merveilleux parfaits pourvoyeurs de joie,

à la française…

Ce CD repasse en boucle sur ma platine, et j’en redemande à chaque fois…

L’esprit _ le plus enthousiasmant _ de la danse nous emporte !

Avec toute la délicatesse de son infinie variété, jamais répétitive _ ni, a fortiori, mécanique…

Ce que Debussy avait, l’oreille très fine, lui aussi, su parfaitement repérer dans l’œuvre de Rameau…

Ah, cet unique, et si délectable _ si simple et immédiatement sensible en sa merveilleuse complexité _, goût français !

Ce dimanche 23 mai 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Délicate balance, entre exigence de vérité et souci de délicatesse : quelques remarques préliminaires, en lisant « Mes Années japonaises » de René de Ceccatty

20avr

Désirant que l’article que je vais écrire sur Mes années japonaises de René de Ceccatty _ le livre est à paraître le 2 mai prochain au Mercure de France _,

soit à peu près à la hauteur de celui que j’ai composé pour Enfance, dernier chapitre

j’en suis à ma quatrième relecture minutieuse de ces Années japonaises de René de Ceccatty.
Et je trouve que la figure de R. _ de leur rencontre-coup de foudre au mois de mai 1978 à Tôkyô, à leur très pénible séparation en juillet 1994 à Paris, puis à la fin de leur collaboration de traducteurs du japonais en français, en 2014 ; R. étant rentré d’Europe au Japon en 2011 _
y est un peu _ trop ? _ escamotée, floutée _ et alors même que le prénom de R. apparaît 72 fois (en 51 pages, sur 246) ; et son nom, jamais ; à titre de comparaison, le prénom de Cécile, la compagne de René à Tôkyô, de leur arrivée ensemble le 26 septembre 1977, à son départ prématuré et seule (page 73) à l’automne 1978 (page 82), à 57 reprises (en 39 pages) ; René regagnant la France le 30 juin 1979 (page 152) _ ;
R. étant caractérisé ici par quelques très brefs épisodes de son ironie un peu froide _ mais en rien agressive : affectueuse en sa forme, sinon en son fond (tout de même critique) : « R. estimait que je perdais mon temps à écrire mes livres plutôt que d’approfondir ma connaissance de la langue japonaise et de la culture de son pays. « Tu scribouilles« , me disait-il avec un mélange d’affection et de mépris« , lit-on page 184 _ à l’égard de son ami René,
 plutôt que par des éléments sentimentaux de leur attachement réciproque durablement profond de plus de quinze années, de mai 1978 _ leur rencontre-coup de foudre à Tôkyô ; et nous n’en connaîtrons que la date approximative _ à juillet 1994 _ leur douloureuse rupture : évoquée seulement par la très rapide allusion, page 153, aux larmes de R. « dans un café des Invalides qui n’existe plus » (René ajoutant cependant ici : « Et c’était moins notre rupture qu’il pleurait que sa vie nouvelle déjà si difficile« , sans plus de précision, comme souvent ; nous n’en apprendrons pas davantage…) ;
sans compter la continuation de leurs travaux communs de traduction, poursuivie jusqu’en 2014, même après le départ d’Europe et retour de R. au Japon en 2011 _ je viens de le dire.
C’est d’ailleurs une des principales raisons de cette quatrième relecture de ma part ;
et bien des choses _ tapies dans des détails, comme toujours, dans l’écriture si détaillée et riche (toujours parfaitement fluide ! sans jamais la moindre lourdeur…) de René de Ceccatty _ m’échappent probablement encore…
Et je me demandais aussi pourquoi _ hormis un répété et longtemps tenace masochisme, peut-être : jusqu’à l’arrivée en la vie de René de Julien _ René avait quitté si brutalement R., en 1994, pour sa si calamiteuse histoire avec Hervé, comme cela est narré _ mais sans se focaliser jamais sur les sentiments (et le point de vue) de R., laissés dans l’ombre supposée protectrice du non-dit_ dans Aimer
Et cela, René de Ceccatty le laisse ici à nouveau dans le flou… Sans y poser son regard _ et encore moins s’y attarder si peu que ce soit ; mais René de Ceccatty, toujours fluide, ne s’attarde pesamment jamais.
J’imagine et comprends donc les irritations que pourrait éprouver R. à la lecture de ces Années japonaises de René de Ceccatty,
qui sont d’abord, et profondément même, Les années R. de René !!!
Lire vraiment René de Ceccatty
exige toujours _ et c’est un formidable plaisir de lecture !!! _ une attention patiente et sans relâchement aucun : un tout petit mot unique _ par exemple, page 306, l’hapax du terme télétransportation (un phénomène se produisant pour René, via « la merveilleuse lumière hivernale«  et « l’ombre chaleureuse poméridienne« , entre les collines de Montpellier et celles de Tôkyô) dans Enfance, dernier chapitre _ au sein des volutes détaillés de l’envol d’une phrase développée, pouvant constituer une clé décisive de l’intelligence du réel vécu évoqué… Mieux vaudrait donc ne pas le manquer…
Et j’aime tout particulièrement que la sagacité du lecteur soit ainsi, même un peu rudement _ mais sans jamais d’agressivité, simplement par un jeu infiniment léger avec le lecteur, ainsi provoqué à la vigilance par sa propre éventuelle curiosité, si l’aventure lui survenait de se laisser prendre à un tel jeu (de lecture chercheuse), et sans la moindre lourdeur, évidemment !, de la part de l’auteur ; le lecteur ainsi incité par sa curiosité, devenant lui aussi acteur actif, et non passif, de sa présente lecture _ sollicitée !!!
Montaigne agissait ainsi, lui aussi !
« Indiligent lecteur, quitte mon livre ! », prévenait-il en ouverture hyper-ironique de ses Essais
Et cela, alors que la mère de René, confidente particulièrement lucide _ toute sa longue vie _, était très critique sur les situations amoureuses à éviter _ pour elle-même comme pour tout autre _ :
notamment _ d’abord _ à propos de ses propres sœurs Solange et Colette.
René l’avait bien souligné _ probablement trop tard rétrospectivement pour lui-même. Que n’a-t-il mieux suivi lui-même ce lucide conseil, serait-on donc (bien vainement) tenté de dire, de l’extérieur… 
D’où un assez persistant sentiment _ gris _ de culpabilité en lui
envers ce qu’il a mal réglé en son passé : trahisons, égoïsmes, aveuglements, indifférences,
qui continuent de le travailler, lui maintenant si lucide…
L’œuvre d’écriture réussira-t-elle à en venir au moins partiellement à bout ?
Je peux donc fort bien comprendre ce que pourrait être le point de vue de R. lecteur aujourd’hui de ces Années japonaises de son ami René de Ceccatty ; qui sont pour beaucoup aussi _ voire le principal _ les Années R. de l’auteur…


Et R. rejoindrait ainsi le point de vue du Raphaël réel _ non percé à jour, lui, dans L’Hôte invisible et Raphaël et Raphaël, en sa réelle identité, à la différence d’Hervé _parvenant à faire retirer de la parution, in extremis _ le matin même du jour où allaient tourner les rotatives de l’imprimerie ! _Un Père, qui livrait son portrait, même crypté et flouté.
Même si ce Raphaël réel demeure, lui, in fine assez épisodique et peu profond _ me semble-t-il _ au sein du parcours sentimental de René de Ceccatty ;
à la _ colossale _ différence, précisément, de R. …
Et à cette différence, aussi, que R. _ même si seul le prénom est ici, dans le récit, prononcé ; et pas une seule fois le nom ! c’est à relever ; avant, du moins, la réduction à l’initiale R. … _ est un personnage public parfaitement identifié, lui.
Et même dans la saga d’Hervé, ouverte par Aimer, René s’est efforcé de flouter le mieux possible toutes les personnes réelles qu’il évoque ;
et il faut bien de la ténacité un peu sagace au lecteur un peu curieux pour parvenir à percer à jour pas mal _ certains continuant de résister à l’entreprise _ de ces floutages…
Il n’empêche, les années japonaises de René sont, via, et très fondamentalement, la personne de R., les Années R. de René de Ceccatty
_ cf ces mots éminemment révélateurs à la page 160, à propos de son écriture à Tôkyô de la troisième partie de son magnifique Jardins et rues des capitales :
« Dans ce style ciselé et net, prudent et conscient, dépouillé et sec, je décrivais ma vie intérieure _ telle qu’elle venait d’avoir été vécue à Paris et à Rome _ que je séparais des informations qui m’étaient fournies _ alors _ par mon séjour _ présent _ en terre étrangère, convaincu que je n’étais justement pas _ en ce Japon _ à l’étranger, mais au contraire dans mon propre pays _ voilà ! l’expression est puissante ! _, un pays intérieur _ une expression très proche de celle, décisive, de « paysage intérieur » dans Enfance, dernier chapitre  _
auquel me donneraient accès ces idéogrammes _ de l’écriture japonaise _ que j’avais tant de mal à mémoriser,
espérant un jour faire miens ces livres qu’on m’indiquait (et dont, en effet, d’Ôé, de Mishima, de Kunio Ogawa, de Dögen, je traduirais certains) et me fondre dans une vie _ à la japonaise_ qui me semblait être, elle aussi, la mienne.
Mais cela, je le savais aussi, ne pouvait se produire qu’à travers un être humain tel, justement, R. _, et non seulement des livres »
Alors,
il me semble qu’en effet René de Ceccatty expose le moins possible _ comme il le fait aussi pour son frère Jean dans Enfance _ la figure même de R. _ nous ne saurons quasiment jamais (à l’exception des larmes versées dans le café près des Invalides, qui n’existe plus, de la page 153) ce que R. éprouve _ ;
mais de toutes les façons, la longue collaboration suivie (ne serait-ce que par leurs traductions communes) de René de Ceccatty avec R., est suffisamment publique ;
sans compter ce qui transparaît aussi déjà de R. à travers bien des romans matinés de romanesque _ issus-inspirés de leur séjour anglais : dans le Devon et à Torquay, en 1980 _ de René ;
ainsi qu’à travers les cinq récits _ Aimer, Consolation provisoire, L’Éloignement, Fiction douce et Une Fin _ de la saga d’Hervé, tout particulièrement son premier volume, Aimer.
Déjà là, la figure de R. abandonné _ pour le définitivement fuyant Hervé _ en cette explosive rupture avait été assez étrangement _ pour le lecteur, du moins _ escamotée-floutée dans cet Aimer
A nul moment, en effet, la personne cruciale de R. n’y avait été exposée _ et encore moins surexposée : la surexposition (hystérisée) étant d’ailleurs parfaitement étrangère au mode d’écrire-peindre, toujours parfaitement délicat (et merveilleusement léger en le flux heureux de ses phrases), de René de Ceccatty _ ; au contraire son nom seulement pouvait apparaître, à l’occasion,
mais pas la figure _ ni les expressions _ de sa personne, demeurée(s) entièrement translucide(s), floutée(s).
Ici, forcément, en ces Années japonaises, il est bien difficile de se taire totalement sur R., personne-pivot essentiel tout au long de ces années japonaises – années R., de René de Ceccatty :
que ce soit à Tôkyô et au Japon, dans le Devon, à Torquay et Totnes, à Paris, ou à Brosses, dans le Nivernais _ où se trouve la grange qu’avait achetée R., et dans laquelle ont traduits ensemble René de Ceccatty et R., onze ans durant, de 1990 à 2001 ; y compris après leur rupture-séparation de juillet 1994…
Ainsi R. demeure-t-il quasiment transparent _ translucide, quasi invisible _ aux yeux du lecteur : d’où mon point de vue premier _ de lecteur naïf, donc…
René de Ceccatty a été vraiment plus que discret _ et supérieurement délicat _ sur sa personne ;
et leur attachement…
Et c’est toujours la vérité _ la plus honnête qui soit _ du réel que recherche _ impitoyablement pour lui-même d’abord _ en l’œuvre poursuivi d’écriture rétrospective de sa vie, René de Ceccatty,

puisque la mission de fond qu’il conçoit de l’écriture _ cf page 54 : « c’était déjà _ dès l’enfance _ une évidence prouvée que mon rapport au monde passait par la chose écrite et lue « … _ et de la littérature est bien celle-là :
par le style singulier le plus adéquat possible à la vérité désirée _ maintenant _ de ce réel vécu _ passé, mais dont bien des effets réels, souvent non dépassés, demeurent, de ne pas avoir été réellement réglés alors… _ à laquelle l’écriture et la _ vraie _ littérature seules _ et c’est là une thèse très puissante et décisive de René de Ceccatty, présidant même à toute son écriture d’aujourd’hui ; cf page 56 : « Durant l’été, les manuscrits insipides et maladroits que je lisais attentivement me révélaient la banalité de toute vie quand elle est mal racontée _ voilà ! par clichés _ et donc aussi de la mienne si je ne l’écrivais pas ainsi qu’il me semblait que je le devais «  _ permettent, par-delà _ et contre _ le temps écoulé, passé, d’essayer d’atteindre vraiment _ comme pour remédier, par ses propres moyens spécifiques, à ce qui s’était alors trop mal passé _,
et avec la plus grande finesse _ très vigoureusement recherchée : René de Ceccatty se malmenant lui-même fortement avec celui qu’il a été _ du rendu des sensations éprouvées alors, 
au-delà de la banalité des clichés sur les situations communément partagées : des lieux communs au sens propre… ;
et toujours, aussi, avec la plus grande délicatesse possible, afin de ne surtout pas blesser le moins du monde ceux qui s’y reconnaitraient (ou reconnaîtront) à la lecture
de ce à quoi René de Ceccatty est parvenu à cerner et développer dans le détail subtil et magnifique de sa remémoration de ce souvent douloureux _ et coupable, par ses trahisons, ses aveuglements ou son égoïsme d’alors _ vécu passé.
Et toujours René de Ceccatty, auteur, recherche la plus juste balance possible entre ce souci le plus exigeant de la vérité de ce qui fut vécu alors, à essayer d’atteindre, et celui de la délicatesse à avoir à l’égard de ceux qui pourraient en être aujourd’hui, par son présent récit-remémoration, blessés…
À suivre :
ceci n’étant qu’un avant-propos liminaire à mon article de fond à venir…
Ce vendredi 19 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Lire le Canzoniere de Pétrarque dans la traduction fluide et poétique qu’en donne René de Ceccatty

22sept

Après sa traduction fluide de la Divine Comédie de Dante publiée l’an dernier

en Points-Seuil,

René de Ceccatty

poursuit ses traductions fluides des sommets _ et références, et sources _ de la littérature italienne

avec cette fois-ci une traduction,

selon le même principe de lisibilité aisée, et éventuellement de bout en bout, par un lecteur francophone,

du Canzoniere de Pétrarque :

dans la collection Poésie/Gallimard.

Ainsi Pétrarque comme Dante

cessent-ils de demeurer pour nous surtout des noms

voués à une admiration en quelque sorte hors-sol,

sans réelle expérience approfondie et soutenue de la lettre même _ fut-ce traduite en français versifié _ de leurs poèmes 

par _ et grâce à _ l’expérience réelle au long cours :  non entrecoupée par l’appropriation d’infinies notes de-bas-de-page ! _

de leur lecture poétique !

 

Ce samedi 22 septembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le stupéfiant vertige de Graindelavoix dans le CD « The Liberation of the Gothic » : sublime !

14sept

Par son intensité

toute de fluidité et puissance tranquille,

l’ensemble Graindelavoix

que dirige Björn Schmelzer,

séduit profondément

à chacune de ses très étonnantes productions discographiques :

proprement sidérantes !

Ce jour,

le CD The Liberation of the Gothic,

un _ merveilleux !!! _ CD Glossa GCD P32115, 

comporte une Missa Ave Maria,

du compositeur Thomas Ashwell (c.1478 – c. 1527),

entourée de deux motets de John Browne (fl.c.1480 – 1505),

un compositeur de la génération précédente :

un Salve regina

et un Stabat mater.

L’époque de ces deux compositeurs

peu connus jusqu’ici des mélomanes

est d’abord

celle des rois York de la guerre des deux roses :

Edouard IV, qui régna de 1471 à 1483 ;

son fils Edouard V, massacré avec son frère à la Tour de Londres ;

et Richard III, qui régna deux années, de 1483 à 1485 _ relire Shakespeare !

Puis des premiers rois Tudor :

Henri VII, qui régna de 1485 à 1509 ;

et de son fils Henri VIII, qui régna de 1509 à 1547 ;

et instaura l’égise anglicane en 1534 _ en rupture avec le catholicisme romain ;

mais nous excédons alors la période de création de John Browne et Thomas Ashwell.

Le texte _ intitulé « La Libération du Gothique » _ du livret rédigé par Björn Simelzer lui-même

est lui aussi très remarquable

et passionnant

sur les liens entre les textes chantés

et leur réalisation-incarnation musicale,

en harmonie avec l’architecture _ contemporaine _ de la virtuosissime chapelle mariale de la cathédrale d’Ely,

citée en exemple…

Le résultat musical

de cette stupéfiante saisissante réalisation de Graindelavoix

est tout simplement

sublime !

Ce vendredi 14 septembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le buzz sur Call me by your name

10mar

Suite à la très récente cérémonie des Oscars 2018,

divers clips vidéos sur le bien intéressant film Call me by your name (Chiamami col tuo nome) de Luca Guadagnino

(et à partir d’un scénario de James Ivory _ oscarisé pour la peine ! et, à 90 ans, pour la première fois de sa très brillante carrière de cinéaste (avec, entre autres réussites, Chambre avec vue, en 1986, Maurice, en 1987, Retour à Howards End, en 1991, etc.)… _, d’après le roman Appelle-moi par ton nom d’André Aciman né le 2 janvier 1951 à Alexandrie, en Egypte, écrivain américain d’origine Italo-turque : à découvrir ! )

ont captivé mon attention ;

et cela, alors même que je n’ai pas le temps de me déplacer pour aller voir le film en salle en ce moment :

probablement parce qu’il s’agit là, même seulement entr’aperçue à travers ces simples clips,

d’une représentation assez réussie _ même ainsi tronquée, faute de voir vraiment le film en son entièreté ! je le répète !… _ de la naissance et du déploiement plus ou moins timide ou audacieux du désir, et de la séduction _ au moment de l’adolescence, principalement (et de l’ouverture à la sexualité adulte) : le jeune Elio a 17 ans cet été-là (choisi par le film), en 1983 (au lieu de 1987 dans le roman) _,

et cela,

quels que soient les sexes des deux personnes _ le désirant et le désiré, l’amant et l’aimé aurait dit Platon ; ou aussi, d’un seul et même mouvement, de la part des deux amants, à la fois désirants et désirés, les deux, l’un de l’autre : cela arrive aussi, heureusement… _ en cette situation et moment de naissance et déploiement du désir amoureux _ plus ou moins réciproque et plus ou moins simultané.

Soit une éducation sentimentale _ en 1983, donc ; moment où la fixent en ce film le scénariste James Ivory, et le réalisateur Luca Guadagnino ; alors que l’auteur du récit de départ, André Aciman, avait, lui, choisi 1987…

Et via le regard d’Elio, âgé de 17 ans ce lumineux été-là de 1983 _ Oliver, lui, l’objet de son désir, en a alors 24 ; puisque tel est l’écart d’âge fixé par le roman…

Et les acteurs du film, tant Timothée Chalamet (Elio), qu’Armie Hammer (Oliver),

sont stupéfiants de vérité _ en ce délicat cheminement amoureux vers Cythère _ : magnifiques !!!

Au point de carrément crever l’écran _ chacun à sa façon, bien sûr : de sujet et d’objet du désir ; même si l’objet du désir est loin de demeurer inerte en l’évolution de la situation amoureuse ; il n’est certes pas qu’un objet : l’objet vit et réagit ! Et le voici bientôt séduit… de leur magique présence…

Quelles magnifiques incarnations de leurs personnages d’Elio et d’Oliver

offrent de tels acteurs, à pareil degré de charisme…

_ sur cette incarnation des personnages,

voir mon article du 25 septembre 2011 à propos de La Voix des personnages de Martine de Gaudemar : «  ;

et, à titre de rappel, et à propos de la construction même (ouverte) du sujet, qu’est la subjectivation,

cet autre article-ci, du 4 février dernier :  »

Or, rien _ bien an contraire ! _ dans le film n’assigne quelque identité sexuelle _ close et définitive _ à aucun des personnages protagonistes de ce récit _ parents compris, d’ailleurs… _ ;

nous sommes à mille lieues, dans ce film parfaitement intelligent et sensible _ juste ! _, de tout ghetto, et de tout communautarisme _ et de quelque propagande que ce soit : c’est bien seulement d’amour (et de sa part d’effarement face à son apparition et à ses ouvertures) qu’il s’agit là _ ;

d’ailleurs, le mot gay _ pas plus que ceux d’homo- et d’hétéro- sexualité, non plus _ n’est jamais prononcé…

Il ne s’agit pas là, en effet, d’une initiation à la sexualité _ et moins encore à l’homosexualité _,

mais simplement de la naissance et du déploiement d’un premier amour _ et cela quels que soient les genres des personnes qui vont s’aimer et s’aiment…

A comparer, sur ce point, à mon article-critique du 31 janvier dernier «  …

Voici, aussi _ en une sympathique vidéo (de 13′) _, une intéressante et significative analyse du film, en italien : Il significato di Chiamami col tuo nome, par un jeune Italien d’aujourd’hui, Lorenzo Signore

un point de vue de quelqu’un d’une autre génération que la mienne ;

ainsi que de celles des James Ivory (né à Berkeley, le 7 juin 1928 : 89 ans), le scénariste officiel, André Aciman (né à Alexandrie, le 2 janvier 1951 : 67 ans), l’auteur du roman de départ, ou Luca Guadagnino (né à Palerme, le 10 août 1971, d’un père sicilien et d’une mère algérienne : il a 46 ans), le cinéaste.

Quant aux acteurs, Timothée Chalamet est né à New-York le 27 décembre 1995, et a donc 22 ans ; et Armie Hammer, à Los Angeles, le 28 août 1986, et a 31 ans : ils ont un écart d’âge de 9 ans, au lieu des 7 ans de leurs personnages, Elio et Oliver. Au moment du tournage du film, en mai-juin 2016, Timothée avait 20 ans, et Armie 29. Mais cela gêne-t-il notre adhésion à leur incarnation ? Pas le moins du monde, tant le charisme, certes différent, de chacun d’eux, irradie, rayonne, triomphe ; emporte en nous bouleversant notre conviction…

Une dernière remarque : alors que le scénario définitif situe l’été (six semaines aux mois de juillet et août) de la rencontre des personnages en 1983,

le roman avait choisi, lui, de le situer quatre ans plus tard, en 1987 ; l’angoisse du sida était passée par là…

Pour le solaire et tendre été de son film, Luca Guadagnino n’a pas voulu de l’ombre diaboliquement rongeuse de ce noir-là…

Ce sur quoi, pour ma part _ et quelle que soit l’insuffisance de la position de qui n’a pas vu une seule fois, le film, mais seulement divers clips !!! _, je désire mettre l’accent,

c’est sur l’extraordinaire jubilation heureuse qui se dégage au vu de ces images _ au passage, écouter l’amusante confidence d’Armie Hammer sur son vécu (« the most uncomfortable« , dit-il) du tournage de la séquence proprement dyonisiaque (orgasmique !) splendide (à commencer par le jeu de ses chaussures, des tennis blanches, sur le sol) quand il s’éclate, les yeux fermés, sur la piste de danse du dancing, sur la chanson Love my way ; et cela par comparaison avec son vécu d’acteur du tournage des (pourtant plus délicates, a priori !) scènes d’intimité sexuelle ; mais c’est sur la tendresse de celles-ci qu’a désiré mettre l’accent, à l’image sur nos rétines, Luca Guadagnini… _,

à commencer par la pénétrante _ infiniment douce _ sensualité des lieux _ la belle et grande maison (la splendide Villa Albergoni, à Moscazzano) et son luxuriant jardin-parc,

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la délicieuse tranquille petite ville de Crema,

Image associée

..

la riche campagne lombarde environnante,

le bord de mer (ou plutôt de lac : Garde ;

à la différence de la côte ligure de B. (Bordighera ou Bogliasco) dans le roman d’Aciman…),

la montagne (les éclaboussures de la grande cascade du Serio, à Valdombione, dans les Alpi Orobie, au nord de Bergame)… _,

Call Me by Your Name, Luca Guadagnino, Armie Hammer, Timothée Chalamet

Cascate Del Serio

des décors,

de la lumière _ principalement celle de l’été italien, surtout dans les environs de Crema (mais pas seulement…) où eut principalement lieu, quasi familialement, le tournage, au plus près du domicile même de Luca Guadagnino, à Crema, en mai-juin 2016 _,

ô combien merveilleusement saisie par  le directeur de la photographie, Sayombhu Mukdeeprom (collaborateur régulier du si grand Apichatpong Weerasethakul)…

Pour ne rien dire de la douceur et même tendresse du jeu _ précis au cordeau, et dans la dynamique magiquement fluide et amoureuse (même réfrénée) de leurs gestes _ des acteurs.

Ils sont proprement prodigieux ! Quel sublime casting !

Sensualité bienheureuse

qui me rappelle celle, merveilleusement épanouie elle aussi, de l’émilien (de Parme) Bernardo Bertolucci, tout particulièrement dans l’éblouissant (et mozartien) La Luna _ de lui, j’avais adoré (et c’est un euphémisme !), à sa sortie française, Prima della Rivoluzione

Ou celle de certains Francesco Rosi,

tel, pour n’en choisir qu’un, le merveilleux Trois frères.

Oui, un bonheur ! italien…

Ce dimanche 10 mars 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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