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Impressions de souvenirs à la lecture d’un portrait de sa grand-mère par sa petite-fille

04juil

Ce jour,

sans être, je l’espère, trop intrusif dans les vies de personnes amies,

j’aimerais narrer quelques impressions de souvenirs personnels pas très précis,

suite à ma lecture d’un très beau texte, assez singulier et fort,

d’un portrait d’une grand-mère (1882 – 1988) par sa petite-fille.

C’est un bien beau texte, et singulier, que ce portrait de votre grand-mère alsacienne, A., née S..

Elle avait un sacré tempérament ; que le récit, par C., d’une partie de sa vie semble éclairer au moins partiellement,
par les péripéties un peu dures de son parcours (au moins tel que vécu par elle) de jeunesse.

 
Il me semble me souvenir _ mais peut-être est une reconstruction de mon imagination (?) _ d’avoir croisé votre grand-mère A. en son très grand âge
au 20 avenue G. C., au cours d’une ou deux visites à votre mère,
quand j’ai enseigné au Lycée A. K., tout à côté, dans les années 80…
 
De toutes façons, votre mère se souciait assez de sa vieille mère, tenace, et à la forte personnalité ; et elle en parlait un peu ;
mais jamais pour s’en plaindre ou s’en lamenter, non. Et l’image que je gardais d’elle n’avait rien de négatif, au contraire…
D’où ma légère surprise en lisant ce portrait « vécu » par vous, C..
Il est vrai que S. n’était jamais négative.
Et quand elle faisait preuve d’une douce ironie (jamais appuyée), c’était toujours avec un beau sourire, pacifié.
Et d’ailleurs le terme d’ironie est inapproprié ; c’était de l’humour, avec tendresse. Du moins tel que je l’ai vécu.
 
Votre récit, C., a quelque chose du merveilleux et dur (sinon cruel) des contes (germaniques ?) tels que les a analysés Bruno Bettelheim…
 
Je me souviens aussi que l’étage où votre grand-mère habitait, rue du T. P., donnait aussi rue C.-de-S.,
au-dessus d’une boutique qu’il me semble avoir été une crémerie.
J’ai toujours été très sensible à la disposition des lieux : j’aime me repérer.
Mon oncle (décédé en 1982 et qui a habité rue P. jusqu’en 1979, au décès de ma tante) habitait tout près de là, rue P. ;
et de ses fenêtres on pouvait apercevoir l’immeuble de cette crémerie, qui faisait face à la rue P.…
Tout cela (qui remonte à assez loin) est demeuré tel quel dans ma mémoire.
 
Et longtemps j’ai pensé, aussi, que la longévité de S. (1914 – 2014) approcherait probablement celle de sa mère (1882 – 1988)…
Des femmes tenant bien debout, solides, tenaces.
 
Je me souviens aussi que S. m’avait parlé de N. S.
_ lointainement apparentée _,
que j’avais entendue chanter à Bordeaux ; S. peut-être aussi : elle allait aux concerts…
 
J’ai aussi retrouvé quelque chose du sourire de S. dans le sourire de P.-Y. ; une semblable forme d’humour.
 
Rien n’est passé. Tout demeure.
Même quand la Cerisaie est proche d’être abattue…
Et S. aimait aussi beaucoup le théâtre. Pour sa profonde capacité poétique de vérité.

Ce samedi 4 juillet 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la joie paradoxale du sombre et incisif Quatuor de Debussy par le Parkanyi Quartet

14juin

Le plutôt ombrageux Claude Debussy (Saint-Germain-en-Laye, 22 août 1862 – Paris, 25 mars 1918)

_ cf aussi l’encre acerbe de son Monsieur Croche _

n’a pas la réputation d’être particulièrement un joyeux,

y compris, et bien sûr d’abord et surtout, en sa musique…

Et encore n’ai-je pas lu les 449 pages du récent ouvrage de Benjamin Lassauzet, paru aux Éditions Hermann au mois de juillet 2019, L’Humour de Claude Debussy


Pourtant sa musique

non particulièrement joyeuse, en effet,

génère beaucoup de joie,

sinon à l’interpréter, pour le musicien ou chanteur

qui vient physiquement l’incarner,

du moins à l’écoute attentive _ et exigeante _ du mélomane…

J’en veux pour exemple

ce chef d’œuvre puissant et subtil qu’est son Quatuor à cordes,

en sol mineur,

créé le 29 décembre 1893 à la Société Nationale de Musique, à Paris.

Alors quelle interprétation au disque choisir ici ?

J’opte, et après écoute de plusieurs CDs,

_ de même que pour mon choix à propos du Quatuor de Ravel _

pour l’incarnation, incisive et puissante, du Párkányí Quartet

_ István Párkányí et Heinz Oberdorfer, violons, Ferdinand Erblich, alto, et Michael Müller, violoncelle _,

enregistrée à Deventer, aux Pays-Bas, en décembre 2003 ;

soit, à nouveau, le superbe CD Praga Digitals PRD 250 312.

Debussy réclame une forte présence d’incarnation.

Si Debussy n’a pas le charme poli, élégant, soyeux, de Ravel,

sa musique, tout autant d’esprit français,

est d’une merveilleuse et constamment inventive _ sans formules à suivre et dérouler, ou répéter _ subtilité

qui nous comble, elle aussi, d’une enivrante puissante joie musicale.

De ce Quatuor en sol mineur de Claude Debussy,

voici aussi un très éloquent podcast, en 1958, par le Budapest String Quartet

_ Joseph Roisman et Alexander Schneider, violons, Boris Kroyt, alto, et Mischa Schneider, violoncelle.

Ce dimanche 14 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le saisissant voyage musical du volume 8 de la série « Haydn 2032″ du Giardino Armonico, « La Roxolana » : Eisenstadt, Eszterhaza, Kromeriz, en Transylvanie et Constantinople

31jan

L’entreprise haydnienne

_ chez Alpha _

de Giovanni Antonini et son Il Giardino Armonico,

envisageant de nous donner le tour complet des Symphonies _ au nombre de 104 _ de Joseph Haydn,

accompagnées de musiques connexes qui mettent en valeur _ et fouillent et révèlent _ leur identité musicale

est d’ores et déjà une très grande réussite

avec ses sept premiers volumes :

La Passione (Symphonies n° 39, 49 « La Passione » et 1 ; et l’Ouverture de Don Juan ou le Festin de pierre, de Christoph Willibald Gluck),

Il Filosofo (Symphonies n° 46, 22 « Der Philosoph » et 47 ; et une Symphonie de Wilhelm Friedemann Bach),

Solo e Pensoso (Symphonies n° 42, 64 et 4 ; et l’Ouverture de L’Isola disabitata),

Il Distratto (Symphonies n° 60 « Il Distratto« , 70 et 12 ; et l’Ouverture de Il Maestro di cappellade Domenico Cimarosa),

L’Homme de génie (Symphonies n° 80, 81 et 19 ; et une symphonie de Joseph Martin Kraus),

Lamentatione (Symphonies n° 3, 26 « Lamentatione« , 79 et 30 « Alleluja« )

et Gli Impresari  (Symphonies n° 67, 65 et 9 ; et l’Ouverture de Thamos, König in Egypten, de Wolfgang Amadeus Mozart)


Or voici que le volume 8 La Roxolana

nous offre,

en plus des Symphonies n° 63 « La Roxolana« , 43 « Mercury » et 28 de Joseph Haydn,

un passionnant détour

par, d’une part, les 7 Danses populaires roumaines de Bela Bartok

et, d’autre part, la Sonate anonyme Jucunda (de Kromeriz, vers 1677-1680)

_ peut-être une œuvre de Paul Joseph Vejvanovsky.


Au principe de cette vaste entreprise

de très longue haleine,

une intuition du musicologue autrichien Christian Moritz-Bauer

selon qui la genèse des diverses Symphonies de Joseph Haydn

aurait partie assez étroitement liée

à l’intérêt porté à des musiques de scène

données à la cour même des princes Eszterhazy

_ à Einsenstadt et à Eszterhaza _,

ou dans leur cercle viennois…

Le résultat musical discographique

est proprement enthousiasmant.

Jamais la musique de ce facétieux Joseph Haydn

_ lui qui a donné tant d’importance à l’humour du scherzo… _

n’a sonné avec tant de vie et de lumières…


Ce vendredi 31 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Personne et personnage de Bioy dans le portrait enchanteur qu’en trace René de Ceccatty en notre entretien du 10 octobre dernier à la Bibliothèque de Bordeaux

18oct

Pour poursuivre

en accédant à son immensément riche détail

la _ merveilleuse ! _ conversation bioyesque du 10 octobre dernier

avec René de Ceccatty

en l’Auditorium de la Bibliothèque de Bordeaux-Mériadeck

_ cf mon article du 11 octobre :   _,

voici, en vidéo,

ce portrait enchanteur que trace René de Ceccatty

de Bioy,

sur fond du cercle des très proches de Bioy,

mais aussi du meilleur de la littérature argentine

dont Bioy constitue un des très précieux éléments ;

cette vidéo est une vraie merveille

de justesse d’un portrait.

Quelques précisions a posteriori de René de Ceccatty,

au visionnage de cette vidéo :

« J’ai commis, entre autres probablement, deux erreurs factuelles.

Cinelandia date de 2012, et non 2008 ou 2010, comme je dis en hésitant.

Et ce n’est pas avec Facundo Bo que j’ai traduit le Fausto Criollo d’Estanislao Del Campo. Je l’ai traduit seul, en demandant de temps à autre des explications et des contrôles à Alfredo Arias.

En revanche, avec Facundo, j’ai traduit Cachafaz de Copi. Mauvais souvenir, parce que Facundo, malade, a dû abandonner les répétitions et être remplacé, alors que c’était une pièce qui lui tenait tellement à cœur et qu’il l’avait traduite avec moi.

Ce genre de bégaiements de la vérité est inévitable hélas dans les entretiens oraux. Mais j’ai sans doute dit d’autres bêtises, hélas…« 


Ce vendredi 18 octobre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Cette mine d’intuitions passionnantes qu’est le « Dictionnaire amoureux de l’esprit français », du turco-suisse Metin Arditi

07mar

Le mardi 26 février dernier,

et suite à mon écoute, le dimanche 24, de l’émission Musique émoi, d’Elsa Boublil,

qui lui était consacrée

_ cf mon article  _,

j’avais brièvement présenté

mon très vif plaisir de l’entame

_ jusqu’à la page 167 / 661, ce premier soir de lecture : j’en arrivais à l’article Debussy, après l’article Dada _

de ma lecture de ce très riche travail

_ de l’helvéto-turc Metin Arditi (né à Ankara le 2 février 1945) _,

sur un sujet qui de très loin, moi aussi, et depuis très longtemps,

me travaille :

je veux dire

les mystères et arcanes de ce « esprit français« 

auquel je suis tellement sensible, moi aussi, dans les Arts

_ et sans nationalisme aucun (ni encore moins de sourcilleuse exclusivité !), est-il utile que je le précise ?!

Il s’agit seulement du simple constat renouvelé chaque fois

et non sans surprise

_ je ne le recherche en effet pas du tout ! Non, mais cela vient me tomber dessus,

et me ravir et combler… _

de ce qui vient au plus profond secrètement me toucher,

et me fait fondre de délectation :

telle la reconnaissance d’affinités intenses comme congénitales…

Voici,

pour aller d’emblée à l’essentiel de ce que vais un peu discuter,

le résumé

Dans ce dictionnaire, l’écrivain sélectionne des traits selon lui exemplaires de la culture française, comme le culte de l’élégance, le sens de l’ironie et l’art de la conversation _ rien à redire, bien sûr, à cet excellent choix-ci. Les entrées abordent aussi bien les institutions, les personnalités et des aspects historiques, de l’Académie française à Louise de Vilmorin, en passant par la haute couture, l’impressionnisme et Jacques Prévert.

puis la quatrième de couverture de ce Dictionnaire amoureux de l’esprit français, de Metin Arditi,

publié aux Éditions Plon et Grasset :

Dictionnaire amoureux de l’Esprit français :

« Je voudrais bien savoir, dit Molière _ plaidant ici pro domo _, si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire. » Partant de ce constat, Metin Arditi examine d’une plume tendre _ en effet _ les formes dans lesquelles s’incarne cet impératif de séduction _ oui… _ : le goût du beau _ davantage que du sublime _, le principe d’élégance _ oui, toujours ! a contrario de la moindre vulgarité _, le sens de l’apparat _ un peu survalorisé par l’auteur, selon moi _, mais aussi le souci de légèreté _ fondamental, en effet _, l’humour _ oui, avec toujours un léger décalage… _, l’art de la conversation _ très important : civilisateur _, un attachement historique à la courtoisie _ parfaitement ! _, l’amour du trait _ d’esprit et parole, seulement _ assassin, la délicatesse _ c’est très, très important aussi !!! l’égard et ses formes, envers l’autre _ du chant classique « à la française » _ la quintessence peut-être du goût français _, un irrésistible penchant pour la théâtralité _ surévalué à mon goût, à contresens de la délicatesse et de la discrétion, selon moi _, l’intuition du bon goût _ oui ! _, la tentation des barricades _ à l’occasion, faute de parvenir à assez se bien faire entendre _, une obsession du panache _ surévaluée, elle aussi, comme le penchant à la théatralité : le panache de Cyrano illustrant la couverture du livre ! _, et, surtout, une _ sacro-sainte et irrépressible ! _ exigence de liberté _ oui, cela, c’est incontestable : ne jamais être comdamné à emprunter des voies toutes tracées, ou disciplinaires ; mais disposer d’une capacité permanente d’invention, et de singularité. En un mot, le bonheur à la française _ oui : à savourer assez paisiblement et durablement en sa profonde et somme toute discrète intensité. À l’heure où chacun s’interroge sur la délicate question de l’identité _ mais non assignable à des traits fermés et une fois pour toutes donnés, invariants… _, ce dictionnaire rappelle que l’esprit français est, surtout, un inaltérable cadeau _ d’ouverture et fantaisie. Une lecture qui fait plaisir… et pousse à réfléchir _ et discuter, entamer le dialogue.

Voici aussi le texte accompagnant le podcast de l’émission Musique émoi du dimanche 24 février dernier,

qui reprend ces diverses thématiques :

Metin Arditi, amoureux  comme personne de  l’esprit français, examine d’une plume légère et souvent espiègle les  diverses formes dans lesquelles s’incarne en France le désir de plaire.

« On ne considère en France que ce qui plaît », dit Molière, « C’est la grande règle, et pour ainsi dire la seule ».


Partant de cet indiscutable constat, l’auteur de ce dictionnaire,  lui-même amoureux  comme personne de l’esprit français, examine d’une  plume légère et souvent espiègle les diverses formes dans lesquelles  s’incarne en France le désir de plaire : au fil des siècles se sont  développés le goût du beau, bien sûr, mais aussi le principe d’élégance,  le sens de l’apparat, le souci de légèreté, l’humour, l’art de la  conversation, un attachement historique à la courtoisie, la délicatesse  du chant classique « à la française », le penchant pour la théâtralité,  l’amour du juste, le goût des barricades, du panache, oui, du panache,  et, surtout, une exigence immodérée de liberté. Ce dictionnaire parle de  Guitry et de Piaf, de Truffaut et de Colette _ oui _, mais aussi de Teilhard de  Chardin, Pascal, Diderot, Renan, Péguy, les prophètes qui ont nourri  les artistes de leur pensée et les ont libérés dans l’exercice de leurs talents.


L’esprit français a aussi ses interdits. Ne jamais être lourd…  Ne pas faire le besogneux… _ c’est en effet capital ! Et Nietzsche vénérait tout spécialement cet aspect-là de l’esprit français… Comment plaire, sinon ?


Au fil des pages, ce dictionnaire rappelle que le goût des belles choses a _ aussi _ un prix _ économique, financier _, qu’un tel bonheur ne vient pas sans facture _ à régler in fine ! À défaut,  l’esprit français ne serait pas ce qu’il est… _ assez impécunieux…  Sans vouloir  transformer un pays qui, c’est heureux, n’est pas transformable, on  pourrait peut-être imaginer, ça et là _ mais c’est bien un vœu pieux ! une pure vue de l’esprit… _, quelques mesures aptes à diminuer _ mais est-ce vraiment réaliste ? _ le montant de l’addition.


À l’heure où chacun s’interroge sur la délicate question de l’identité du pays, ce dictionnaire rappelle combien l’esprit français est un  cadeau _ sans prix, eu égard au bonheur (d’être vraiment d’esprit français).

 

Je regrette aussi que manquent en ce Dictionnaire amoureux

certaines entrées

que pour ma part je trouve bien plus essentielles

que Sacha Guitry ou Edmond Rostand,

telles

Joachim du Bellay, Montaigne, Marivaux, Chardin, Monet, Paul Valéry, Pierre Bonnard, Charles Trenet, par exemple,

qui,

les uns comme les autres,

ont si merveilleusement _ et idiosyncrasiquement : un trait lui aussi bien français ! _ su chanter

l’incomparable douceur de notre France.

En tout cas,

j’éprouverais un très vif plaisir à dialoguer de tout cela

avec Metin Arditi,

s’il venait à Bordeaux.

Ce jeudi 7 mars, Titus Curiosus – Francis Lippa

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