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Bernard Plossu, photographe : sa rencontre avec Garrett List, musicien (1943 – 2019)

24oct

 

De l’ami Bernard Plossu,

en plus de son nouveau et très attendu « Tirages Fresson » (aux Éditions Textuel)

(cf mon article d’hier :  ),

aux Éditions Yellow now (que dirige Guy Jungblut),

paraît aussi maintenant « La Rencontre » _ quel beau titre ! _ ;

dont voici un beau texte de présentation,

de Marie-Pierre Lahaye _ épouse et veuve de Garrett List (Phœnix, Arizona, 1943 – Liège, décembre 2019) _ :

« Ce livre, c’est l’histoire d’une rencontre qu’une chanson de Garrett List délicieusement impertinente a provoquée. Écrite avec son ami poète Ed Friedman dans les années 1970 à New-York City, Fly Hollywood est parvenue aux oreilles d’un photographe français, un peu vagabond et au talent fécond, Bernard Plossu, qui lui aussi avait vécu sur deux continents _ Europe et Amérique. Il a fallu une galeriste liégeoise avertie _ et merveilleuse !_, Véronique Marit, pour que ces deux artistes qui partagent la même intuition poétique et la même façon d’être au monde se rencontrent enfin… puis un éditeur généreux autant que visionnaire _ oui _, Guy Jungblut, pour que l’idée de célébrer « la rencontre » prenne racine… mais il n’était pas prévu que celui qui nous avait réjouis avec sa musique s’éclipse avant que La Rencontre ait eu le temps de voir le jour. Ce livre tombe à point nommé. Fly Hollywood !!!« 

Rencontrer,

je veux dire rencontrer vraiment,

est chose assez rare, et infiniment précieuse,

en une _ passablement courte _ vie humaine.

Sur ce sujet,

cf mon article du 26 octobre 2016 :  ;

en réalité un texte rédigé en 2007,

et, en effet, retrouvé ! _ et auquel je tiens beaucoup.

La rencontre, la bonne rencontre, doit être (et instantanément !) perçue, ressentie,

et surtout saisie _ tout un art

tant de promptitude que de délicatesse ! _ :

sinon,

sous les auspices de l’immensément généreux, mais aussi terriblement impitoyable Kairos,

elle est _ irrattrapable ! _ à jamais enfuie ;

et néant pour toujours.

Vie, temps, mort, éternité,

vrai présent,

telles sont les harmoniques splendides de la rencontre.

Au passage,

un très amical salut à l’extraordinaire bonne fée liégeoise qu’est Véronique Marit _ quelle sacrée personnalité ! _ ;

ainsi qu’à Guy Jungblut _ l’excellent éditeur-concepteur des très belles Éditions Yellow Now _,

rencontré une première fois à Aix-en-Provence, à la galerie La NonMaison de la chère Michèle Cohen,

pour l’occasion de la parution du _ sublimissime ! _ « Plossu Cinéma« 

(cf mon article fouillé du 27 janvier 2010 :  ) ;

et une seconde fois à Bordeaux, à la Galerie Arrêt sur l’image, de la chère Nathalie Lamire-Fabre,

pour l’occasion de la parution des délicieux « À boire et à manger » et « À table !« 

(cf mon article du 9 février 2018 :  ) :

tous ces livres parus aux Éditions Yellow now. 

Fly Hollywood ! La chanson est bien là.

Ce vendredi 23 octobre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Deux nouvelles sorties de livres de Bernard Plossu

19mar

Ce jour,

un courriel de La Non-Maison, à Aix-en-Provence (et à Paris) _ la galerie que dirige l’amie Michèle Cohen _,

et à l’occasion d’un vernissage, le samedi 24 mars à 16 heures,

m’informe de la sortie de 2 nouveaux livres de photographies de Bernard Plossu.

Voici ce courriel :

Ici l’en-tête de la galerie La Non-Maison

Ici une photo de Bernard Plossu
© Bernard Plossu

Patrick Sainton & Bernard Plossu
DE PART ET D’AUTRE

Vernissage le samedi 24 mars à 16h
Exposition jusqu’au 28 avril 2018


« Nous avons été présentés l’un à l’autre en 1991. Patrick est très vite devenu un frère, dont j’ai immédiatement aimé le travail et la philosophie. Petit à petit, je suis allé souvent chez lui, y faisant chaque fois mes meilleures photos. Nos travaux allaient bien ensemble ! D’ailleurs, c’est ensemble que le musée Reattu à Arles et notre galerie commune, La Non-Maison, à Aix-en-Provence nous ont exposés et que la revue Semaine nous a publiés.
On se voit souvent, et que dire de plus ? C’est le meilleur ! » (Bernard Plossu )

DE 16H À 18H :

De part et d'autre

 

 

 

Signature des livres De part et d’autre (2018) aux éditions Yellow Now

et La nature prisonnière (2017) aux éditions Les Cahiers de l’égaré

en présence des auteurs Bernard Plossu & Patrick Sainton.

Extrait De part et d’autre (2018), édition Yellow Now
Extrait La nature prisonnière (2017), Les Cahiers de l’égaré


LA NON-MAISON micro centre d’art

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Ce lundi 19 mars 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Racines et indéfectibles libertés dans la construction de l’auteur du chef d’oeuvre de l’histoire de la Shoah : l’admirable et infiniment émouvant « Où mène le souvenir _ ma vie » de Saul Friedländer

16sept

Le jeudi 22 septembre prochain,

paraîtra en librairie et aux Éditions du Seuil l’admirable et infiniment émouvant Où mène le souvenir _ ma vie, de ce merveilleux auteur-historien (de la Shoah) qu’est Saul Friedländer,

dont le point culminant de l’œuvre historiographique est ce chef d’œuvre absolu qu’est le tome 2 de L’Allemagne nazie et les Juifs : Les Années d’extermination (1939-1945), achevé au printemps 2006, et paru en traduction française en février 2008 :

je viens de lire deux fois avec une éperdue admiration ce nouveau magnifique opus de Saul Friedländer qu’est ce Où mène le souvenir _ ma vie

Et quand on pense que Paul Flamand, en 1976, jugeait trop froide

_ « Intéressant, mais manque de toute émotion« , dit Paul Flamand, ainsi que le rapporte Saul Friedländer page 211 de Où mène la mémoire _ ma vie _

la toute première mouture

_ qu’il fit donc réécrire à son auteur : avec succès cette fois ! l’année 1977 _

de Quand vient le souvenir, le premier volet des mémoires de Saul Friedlânder, qui parut, après réécritures

_ à la suite, et dans l’élan, enfin trouvé, du début de rédaction, à Genève, d’une lettre à son vieux copain ( « ce vieux frère« , y écrit-il, page 117) des Samuels, à Montluçon, de septembre 1943 à avril-mai 1946, et désormais (« depuis une vingtaine d’années« , en 1976) moine à l’abbaye de Sept Fons, dans l’Allier, Georges A., auquel il venait, justement, de rendre visite, à Sept-Fons, en cette année 1976, et avec lequel il venait de s’aviser, à son retour à Genève, qu’il souhaitait échanger encore sur des points dont ils avaient oublié de parler, ces trois jours passés ensemble dans l’Allier : et c’est justement cette rédaction inachevée de cette longue lettre (jamais envoyée) à Georges A. qui devait donner à Saul Friedländer le ton enfin ! juste de ce qui allait devenir ce si émouvant Quand vient le souvenir

Page 19, Saul Friendländer justifiait ainsi, alors, en 1977, ses difficultés d’écriture : « Nous autres juifs, nous échafaudons des murailles _ rien moins ! _ autour de nos souvenirs les plus oppressants ; et même le récit détaillé se transforme parfois _ comment donc l’éviter ? _ en occultation. Ces défenses nécessaires _ qu’il faut apprendre à déjouer, contourner, à qui veut découvrir sa vérité _ sont l’un des aspects de notre névrose profonde » : celle dont Saul Friedlânder était en train de s’émanciper, en 1977, par ce premier travail d’écriture mémorielle, de Quand vient le souvenir… ;

même si le « sentiment permanent«  d’« une faille ouverte au cœur de la personnalité« , confie, pour ce qui le concerne, Saul Friedländer, en 2015, page 37 de Où mène le souvenir _ ma vie, « a fini par s’atténuer, mais m’a accompagné comme une sorte de basse continue _ en référence à la musique baroque _ à travers les hauts et les bas d’une bonne partie de mon existence«  _

aux Éditions du Seuil en 1978 ;

et que je viens aussi de relire

_ deux fois : afin de ne rien manquer (et le mieux possible m’imprégner) de ce que ce premier livre de souvenirs comporte de micro-détails à relever, ne pas manquer, et décrypter, afin de mieux saisir les arcanes complexes (comme elles le furent d’abord à l’auteur, lui même !) de l’écriture (et ses strates successives, par à-coups, au fil de découvertes…) qu’il fallait à l’auteur en quelque sorte « accoucher », de ses souvenirs enfouis, et même puissamment refoulés, et toujours à vif (« inflammatoires« , dit excellemment son interlocuteur Stéphane Bou, à la page 199 des Entretiens intitulés Réflexions sur le nazisme…).

Car ces deux volets de souvenirs que sont, en 1978 Quand vient le souvenir, et en 2016 Où mène le souvenir _ ma vie, sont très étroitement imbriqués _ une figure qui court à la fois tout l’œuvre et tout le vécu de Saul Friedländer, il faut le souligner _, ainsi que le signale déjà le miroir biaisé de leurs titres :

pour le premier volet, de 1978, il s’agit

_ temporellement, ici, et avec une forte dose de hasard, assez loin (et c’est un euphémisme) de la volonté consciente : « quand vient«  _

de la survenue spontanée, complètement incontrôlée, et violemment étonnante même, du souvenir, par delà les durables refoulements de survie ;

et pour le second, celui de 2016, il s’agit

_ spatialement, cette fois, et par un travail acharné de reprises : « où mène«  _

de l’éclaircissement patient des passionnants liens entre les avancées (par strates discontinues) du (et des) souvenir(s) surgissant de l’Inconscient,

liées aux avancées (distinctes) de la recherche la plus consciente et méthodique, maintenant, de l’auteur-historien,

articulant alors la faculté active de la mémoire, cette fois,

et les méthodes de la recherche historiographique la plus objective,

celle de ce chef d’œuvre absolu que sont, en 2008, Les Années d’extermination (1939-1945) :

très étroitement imbriquées _ il faut insister là-dessus.

Et Stéphane Bou le fait, lui aussi, remarquer dans le livre des Entretiens qui vient à son tour de paraître :

« Quand vient le souvenir et Les Années d’extermination me paraissent imbriqués _ voilà ! _ l’un dans l’autre, comme si le premier dessinait la partie mémorielle d’un ensemble plus vaste« , dit-il, page 202 ;

« Et puis quand vous critiquez cette tentation d’une domestication de l’histoire _ par les historiens d’ordinaire, académiquement, pourrait-on dire _, est-ce qu’il ne s’agit pas _ pour vous _ de maintenir le lecteur dans une sorte d’état d’enfance _ d’étonnement en permanence renouvelé, en quelque sorte ; sur un terrible qui vive à maintenir devant la terrifiante menace qui rôde, de toutes parts _ face à l’événement ?«  _ et avec sa stupéfiante sidération, au service de l’intelligence de ce qui surgit dans l’histoire advenue, dans et par les événements, sur nous, lecteurs, face à la survenue effroyable et sans la moindre pitié de chacun des meurtres, si atroce

Et Saul Friedländer de répondre, page 203 :

« Vous avez raison de dire que j’ai fait un travail analogue _ basiquement documentaire, en fait, dans les intentions de départ ; mais pas seulement, car l’écho ainsi sauvé de ces voix se prolonge et va durer, pour nous qui l’entendons, longtemps… _ dans Les Années d’extermination et dans Quand vient le souvenir lorsque j’y évoque directement _ de manière brute, sans le moindre commentaire, et en évitant tout pathos _ les voix _ et les paroles : voilà le principal ; et même le fondamental ! _ des victimes, les lettres _ précieusement conservées et relues, et décryptées, tant par rapport à ce qui les précède, que par rapport à ce qui va les suivre… _ de mes parents.

Mais aussi surprenant que cela puisse vous paraître, cette proximité _ de passation de parole directe (« brute« ) aux disparus, dans ces travaux tant d’histoire que de mémoire _ ne m’était pas venue à l’esprit. Je ne me rends pas compte que j’utilise ce même mode de double narration _ celle de l’auteur faisant place par moments à celle, brute, des disparus. Je n’ai pas fait tout seul le lien entre les deux livres, alors que sur ce plan-là, c’est en effet le même processus, la même méthode« , convient parfaitement Saul Friedländer…

Il s’agit en effet de la même géniale inspiration ! _ tant mémorielle qu’historiographique. Et qui rend si merveilleusement vivants, et même à vif, ces si grands livres.

Connaissant bien, personnellement Prague,

pour y avoir longuement séjourné _ huit jours pleins, chaque fois _ à trois reprises, l’été 1967, avec mes parents, puis en février 1993 et février 1994 avec les élèves de mon atelier de pratique artistique sur le Baroque : les deux fois nous avons rencontré, à son domicile, rue Terronska, puis en son bureau des Éditions Odeon qu’il dirigeait alors, avenue Narodni _ nous y avons même improvisé un petit concert de musique baroque, avec des musiciens pragois rencontrés au Conservatoire de Prague par Laurence Pottier et Philippe Allain-Dupré, qui étaient de notre voyage : quel moment ! _, l’ami Vaclav Jamek, auteur en 1989 du Traité des courtes merveilles, qui nous a bien initiés aux arcanes de la Prague Baroque,

je pense qu’il y a dans la méthode et le style mêmes de la recherche et de la composition _ ses rythmes syncopés et à rebondissements, nous tenant quasi constamment en haleine et en renouvellement d’attention inquiète… _ spécifiques au moins de ces livres-là, sinon des autres, de Saul Friedländer, et sans parler des voix mêmes qui nous y sont restituées, brutes, dans toute la gamme de leurs terribles tensions et appréhensions, même documentairement,

je pense qu’il y a là quelque chose _ de l’ordre de l’imprégnation flottante, puis imaginante-inspirante, plus tard _ du baroque pragois. 

Il y a là quelque chose de ce baroque pragois des six ans et demi de l’enfance tchèque

(du 11 octobre 1932, jour de la naissance du petit Pavel, jusqu’au printemps _ fin mars ? début avril ? _ 1939, pour le départ des Friedländer fuyant l’occupation de Prague par les Allemands

_ la date précise du départ définitif de Prague des Friedländer n’apparaît ni dans Quand vient le souvenir (après une première tentative de fuite arrêtée à Brno, le 12 mars 1939, car s’y trouvaient déjà les Allemands, page 36), ni dans Où mène le souvenir _ ma vie … : page17, je relève la date approximative seulement de l’arrivée des Friedländer à Paris, courant avril 1939, sans plus de précision : « L’approche des troupes allemandes mit fin à notre existence précaire à Paris, d’avril 1939 à juin 1940« … ; cette fois encore, à Paris, comme à Prague, et comme bientôt, l’été 1942, à Néris-les-Bains et Montluçon, la nasse se referme sur les Friedländer, et la menace de « l’étau«  (qui va les broyer) se fait plus pressante... _)

Et même si la phrase de Saul Friedländer a tout du classicisme français sobre,

il y a bien là, dans la composition, dans l’entrecroisement de séquences de diverses temporalités, parfois, et dans le montage syncopé saisissant de ces voix brutes, quelque chose de ce baroque pragois des six ans et demi de l’enfance tchèque de Saul Friedländer… 

De fait,

et je reviens ici à la splendide maturation, jusqu’à aujourd’hui _ où se ressent (et s’entend) aussi la légèreté joyeuse de Los Angeles, mais oui ! _ du style de Saul Friedländer

_ merveilleux écrivain (et profond admirateur du style des écrivains français : Proust, Flaubert, Alain-Fournier, dont À la recherche du temps perdu, L’Éducation sentimentale et Le Grand Meaulnes « représentaient la quintessence de l’esprit français« , se souvient avoir déclaré, en 2006, à l’occasion du 65e anniversaire de son éditeur allemand Wolfgang Beck, Saul Friedländer, peut-on lire page 25 de Où mène le souvenir _ ma vie) ;

et aussi, toujours page 25, et c’est décisif : « Mon identité culturelle est restée essentiellement française tout au long de ma vie« … ; car, « en petite classe et au cours moyen _ à Néris-les-Bains, les années scolaires 1940-1941 et 1941-1942 _, je suis devenu irrémédiablement français« , continue-t-il, page 26 ;

mais « un tel attachement à une culture déborde largement des bases scolaires. Dans mon cas au moins, je suis tombé amoureux _ et pour toujours _ de l’absolue beauté de la langue française«  ; et encore pages 26-27 : « J’aimais le style pour lui-même«  ;

si bien que, confie-t-il page 26 : « aujourd’hui, j’écris en anglais pour des raisons pratiques, puisque je vis aux Etats-Unis (à Los Angeles), mais je continue encore à penser en français, et je ferais mieux d’écrire en français« … ;

et encore, page 30 : « et assez curieusement, alors que j’enseigne en hébreu ou en anglais, je n’ai jamais cessé jusqu’à ce jour _ de 2015 _ d’écrire mes notes préparatoires en français«  _,

de fait,

que d’aisance, de légèreté épanouie et de liberté souveraine dans le style,

et de densité et profondeur confondantes dans le contenu de connaissance (que ce soit historiographique, ou que ce soit mémorielle) se construisant pas à pas, dans cette écriture magistrale

_ à l’échelle de « l’essentiel« , et de « l’éternité«  : ce sont des mots de Saul Friedländer, et à plusieurs reprises ; et avec tout le recul qui convient, notamment face à sa réussite-accomplissement magnifique d’historien de la Shoah… _

de ce nouvel opus de souvenirs, en 2016, pour nous, qu’est ce splendide et merveilleux Où mène le souvenir _ ma vie

après le splendide et totalement accompli Les Années d’extermination, achevé dix ans auparavant, en 2006 ;

et couronnement d’une carrière d’historien qui n’est pas passé par le cursus universitaire classique,

puisque c’est directement, en quelque sorte, que Saul conçut et rédigea, de septembre 1961 à décembre 1963, où il la soutint, sa thèse de doctorat (sur le sujet « le rôle du facteur américain dans la politique étrangère et militaire de l’Allemagne, septembre 1939 – décembre 1941 » : sans rapport direct avec la Shoah…), à l’Institut des Hautes Études internationales, à Genève,

sans avoir appris ce métier d’historien autrement que par des recherches sur le tas, aux archives de Bonn, Coblence, Fribourg et Londres,

et en ayant rencontré certains des acteurs de cette politique, tel l’ancien Amiral Karl Dönitz, avec lequel il s’entretint, en son domicile d’Aumühle en décembre 1962, et dont il apprit vite à identifier les mensonges (cf Où mène le souvenir _ ma vie, pages 105 à 107).

Ici, et à propos de cette réussite absolue qu’est Les Années d’extermination,

je me souviens qu’en mai 2008dans un courriel à Corinne Crabos me proposant d’ouvrir un blog (où j’aurais carte blanche) sur le site de la librairie Mollat

_ courriel qui constitua tel quel (sans nulle retouche), le 3 juillet 2008, l’article d’ouverture de mon blog En cherchant bien, et dont voici un lien (l’article n’a pas vieilli) : Le Carnet d’un curieux _,

j’avais _ imprudemment ? _ annoncé :

« Et viendra le premier article,
à propos de, probablement, l’ouvrage magistral (”d’une vie”),
et n’éclairant pas _ tout se tenant _ que sur le passé,
de Saul Friedländer : L’Allemagne nazie et les Juifs : les années d’extermination 1939-1945,

une priorité de lecture !« …

Or, étrangement, probablement pris par la rédaction, quasi à jet continu, d’articles, ce mois de juillet 2008,

telle par exemple cette _ significative _ série de deux sur le passionnant Jeudi Saint, de Jean-Marie Borzeix, à propos de l’arrestation, le jeudi 6 avril 1944, d’un juif d’origine polonaise, Chaïm Rozent, réfugié à Bugeat, en Haute-Corrèze, par des soldats allemands traquant des Résistants (l’assassinat eut lieu un peu plus loin, sur la route d’Eymoutiers, le lendemain) : Ombres dans le paysage : pays, histoire (et filiation) _ « étude critique », le 16 juillet 2008 ; et Lacunes dans l’histoire , le lendemain 17 juillet, deux articles qui pourraient bien intéresser Saul Friedländer ! _ et, les relisant huit ans plus tard, je m’avise que je maintenais ce projet de rédiger cet article sur Les Années d’extermination _,

je ne rédigeais pas alors un tel article sur ce L’Allemagne nazie et les Juifs : les années d’extermination 1939-1945,

probablement tant me clouait d’admiration cet immense absolu chef d’œuvre,

si dense, si riche, si extraordinairement large

_ « Bien avant de l’écrire, je savais qu’une telle histoire devait être globale et intégrée _ voilà ! _ ; il lui fallait inclure et restituer l’évolution imbriquée _ voilà ! un travail de très large envergure, donc _ de la politique nazie, des réactions de tous les gouvernements et sociétés d’Europe et de quelques autres pays (aussi bien leurs initiatives que leur absence d’initiative) et, plus encore, les attitudes et les réactions des Juifs, d’où qu’elles viennent, tout au long de la période« , pour reprendre les mots mêmes de Saul Friedländer, page 300 de Où mène la mémoire _ ma vie _,

et si puissamment émouvant ! ;

ce L’Allemagne nazie et les Juifs : les années d’extermination 1939-1945, cet immense et absolu chef d’œuvre

dans lequel Saul Friedländer nous donnait si vivement (à vif ! en même temps qu’on ne peut plus sobrement) à entendre, surtout, et écouter enfin, tant de sublimes voix _ voilà ! _ re-surgies des fosses (et des cendres issues des fours crématoires) où les nazis avaient tenté de les engloutir, et sans noms, pour jamais !!!

Et dans la foulée de cette lecture si puissamment marquante des Années d’extermination (1939-1945), lors de sa parution en février 2008,

je me souviens m’être adressé à l’ami Georges Bensoussan

_ rencontré, avec le père Patrick Desbois, lors d’un colloque du CRIF à Bordeaux (« Les Enfants de la guerre _ réparer l’irréparable« ), le 31 janvier 2008 : j’étais allé chercher le Père Desbois, l’auteur de l’indispensable Porteur de mémoires, à l’aéroport, et l’avais conduit à son hôtel, au centre-ville ; et le soir je m’étais longuement entretenu avec le Père Desbois et Georges Bensoussan avec lesquels j’avais dîné lors du repas qui avait conclu le colloque _

pour lui demander de bien vouloir aider à faire ré-éditer certains des témoignages de victimes de la Shoah, découverts là, en cette longue et richissime trame tracée ici par Saul Friedländer, si intensément, et dont les tirages étaient épuisés ; ce que Georges Bensoussan fit bien volontiers.

Mais, par exemple, les Carnets d’un témoin (1940-1943), de Raymond-Raoul Lambert, édités par Fayard en 1985, et épuisés depuis, n’ont hélas toujours pas reparu !

L’été suivant, invité à Aix-en-Provence par Michèle Cohen à la Non-Maison, et assistant avec elle, le dimanche 20 juillet 2008, à une commémoration des victimes de la Shoah à la gare des Milles, j’avais pu découvrir, parmi d’autres citations sur des panneaux apposés sur le quai, une phrase de Raymond Raoul Lambert extraite de ses Carnets d’un témoin : une des raisons de mon souvenir…

Le travail de reviviscence le plus vivant possible _ comme sait en parler aussi l’excellent Patrick Boucheron, à propos des difficultés de réception des livres d’historiens… _ doit être inlassablement poursuivi, quelles que soient les utilisations que certains, ici ou là, peuvent, pour des raisons parasites,  politiques ou autres, en faire :

pour que la connaissance juste continue d’être disponible, et son travail, continué, poursuivi,

maintenant que s’achève l’ère du témoin, selon le titre lucide que donna Annette Wieviorka, à son beau livre, L’Ère du témoin, en 1998.

Surtout, pour qu’une présence _ celle de voix et de paroles effectivement prononcées _ demeure, par-delà ce (et ceux) qui a (et ont) disparu(s), massacré(s) ;

et aussi contre _ au-delà du cas même du négationnisme _ la néantisation _ et cela, quels qu’en soient les motifs : conscients ou inconscients _ de l’oubli des survivants.

Sur la préservation parfois difficile de la présence,

cf ces autres lignes, écrites en 1977, quand Saul Friedländer commençait à peine à Genève le difficile effort de remémoration de ses d’abord pauvres et minces souvenirs _ « Nous autres, juifs, nous échafaudons des murailles autour de nos souvenirs les plus oppressants ; et même le récit détaillé se transforme parfois en occultation. Ces défenses nécessaires sont l’un des aspects de notre névrose profonde », lit-on, je le rappelle ici, page 79 de Quand vient le souvenir _et que l’on trouve page 138, de Quand vient le souvenir :

« Les lettres _ maintenant _ sont là _ pour le moment _, ainsi que deux ou trois photographies jaunies.

Bientôt, pour les autres _ et ce n’est pas sans raison que Saul Friedländer dédie deux volumes de L’Allemagne nazie et les Juifs à ses petit-enfants… _, ces vestiges _ documentaires, faute d’être interrogés _ ne signifieront plus rien.

Écrire, donc, il le faut.

Écrire, c’est retracer les contours du passé d’un trait moins éphémère peut-être que le reste ;

c’est tout de même conserver une présence _ celle des voix et des paroles effectives des disparus assassinés _ ;

c’est pouvoir raconter également qu’il y eut un enfant qui vit sombrer un monde et en renaître _ avec espoir, et même joie _ un autre aussi.« 

Titus Curiosus, ce vendredi 16 septembre 2016

la justesse ludique d’un photographe « à l’air libre » : Bernard Plossu en deux entretiens, « L’Abstraction invisible », avec Christophe Berthoud ; et la conversation avec Francis Lippa, dans les salons Albert-Mollat, le 31 janvier 2014

16fév

A Nathalie Lamire-Fabre et Michèle Cohen : deux fées

_ galerie Arrêt sur l’Image, Bordeaux ; galerie La Non-Maison, Aix-en-Provence

 

L’œuvre photographique de Bernard Plossu

est à la fois formidablement saisissante _ en sa double puissance de justesse et de poésie vis-à-vis du réel à expérimenter (enfin !) _ pour quiconque accepte d’y accrocher un instant plus ou moins long, et surtout intense, son regard _ ici, toujours en revenir à ce que mes amies Baldine Saint-Girons, en son L’Acte esthétique, et Marie-José Mondzain, en son Homo spectator, nomment , l’une, « l’acte esthétique« , et, l’autre,  l’« imageance« .. _ et s’en délecte avec profondeur,

et extraordinairement insaisissable

pour qui tente de la décrire et s’essaie à en proposer quelques (toujours trop pauvres et insuffisants) critères d’identification : la tâche en est joyeusement infinie, tant l’œuvre singulière de Plossu est elle-même, en son unicité, prodigalement _ c’est-à-dire avec une générosité sans fond ! _ inépuisable.

Non immobilisable.

Ce qui est le cas de tous les chefs d’œuvre de l’art vrai,

mais l’auteur-artiste, afin d’accéder à ce pouvoir (de maîtrise sans maîtrise : c’est la voie de la création vraie !) si singulier-là, doit, et cela à chaque fois, réussir à, en sa poiesis créatrice, s’abstraire de tout ce qu’il a déjà pu apprendre, et des autres, et de soi, quasi virginalement, comme toujours la première fois vraie, et qui menace endémiquement de le guider un peu trop, jusqu’à venir, se rigidifiant, se figer en recette un peu trop mécanique,

pour surmonter librement et avec fécondité ce tout à jamais provisoire et en sursis (de dépassement à venir) de son précieux bagage ; ce tout qui tout à la fois l’aide, et dont il a, en même temps, toujours à s’alléger…

La probité étant une condition absolue de la justesse !

On ne saurait badiner là-dessus…


C’est au mystère de cet oxymore somptueux plossuïen

que s’attaquent _ si j’ose le dire ainsi ; mais c’est aussi un vrai défi de l’aisthesis ! _, à la fois,

et le merveilleux livre d’entretien qu’est L’Abstraction invisible _ entretien avec Christophe Berthoud, de Bernard Plossu et Christophe Berthoud, paru aux Éditions Textuel en septembre 2013,

« fruit de plusieurs conversations qui ont eu lieu à La Ciotat et à Marseille entre novembre 2012 et mai 2013, complétées par de très nombreux échanges de courriels. Elles se sont nourries d’un important corpus de textes, articles, préfaces, notes du photographe, cités en bas de page, qui couvre plus d’une quarantaine d’années de la carrière de Bernard Plossu. Ce dialogue s’inscrit dans une relation d’amitié et de confiance qui a débuté à Paris le 16 juin 1994 sur un quai de la gare de Lyon, au départ d’un train de nuit pour Marseille » _ page 13, en conclusion du superbe et très éclairant Avant-Propos de Christophe Berthoud _ :

ce livre est un somptueux et très précieux (et rare !) sésame pour l’œuvre entier de Plossu, en son complexe et richissime parcours de par, et l’histoire existentielle de l’individu Bernard Plossu, et la géographie du monde et des personnes rencontrés et photographiés par le « photographe à l’air libre » _ ainsi que l’ont inscrit on ne peut plus officiellement les Espagnols, lorsqu’il s’est agi d’indiquer sur des papiers très officiels le statut professionnel de l’individu Bernard Plossu, lors des années qu’il a passées en Andalousie... _,

et l’entretien de Francis Lippa avec Bernard Plossu, une joyeuse heure durant, dans les salons Albert-Mollat, le vendredi 31 janvier dernier,

dont voici un lien vers le podcast (de juste une heure).

Bernard et moi nous sommes rencontrés le 22 décembre 2006, à 18h 15 très précisément, au rayon Beaux-Arts de la librairie Mollat, où Bernard était venu pour une séance de signature _ elle dura un quart d’heure… _ du merveilleux Bernard Plossu Rétrospective 1963-2003, un ouvrage crucial !, accompagnant la très importante exposition éponyme conçue par Gilles Mora, qui allait se tenir au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, du 16 février au 28 mai 2007 ; et début décembre, en liaison avec les travaux de mon atelier Habiter en poète, et de son projet de voyage napolitain, après Rome et Lisbonne, j’avais acheté son merveilleux, aussi, L’Europe du sud contemporaine, dont je me délectais… :

trois-quart d’heure durant, ce 22 décembre 2006-là, nous avons alors parlé passionnément de l’Italie _ j’avais donc en projet d’amener mon atelier Habiter en poète à Naples, prendre des photos autour du stupéfiant Je veux tout voir, de Diego De Silva _ de littérature et d’écrivains italiens _ et tout particulièrement d’Elisabetta Rasy, que nous avions longuement rencontrée à Rome, tout près de sa maison d’enfance, pour le travail de notre atelier de pratique artistique (avec le photographe bordelais et ami Alain Béguerie), autour du fascinant roman (romain), en partie autobiographique Entre nous d’Elisabetta Rasy : Elisabetta et sa mère (et son petit frère) habitaient dans un quartier charmant non loin de la Via Nomentana et juste à côté du parc de la Villa Paganini)… _,

et Bernard se mettant à me tutoyer au bout d’un quart d’heure… ;

et ainsi débuta une correspondance frénétique de courriels, chacun dans son style _ une correspondance dont les trois premiers mois faillirent même faire l’objet d’une publication : projet heureusement avorté ! _,

et notre amitié…

On pourra aussi se reporter à mon article du 27 janvier 2010

sur les deux magnifiques expos Plossu-Cinéma au Frac de Marseille, que dirige Pascal Neveux, et à La Non-Maison d’Aix-en-Provence, de la fée, et notre amie, Michèle Cohen,

aux vernissages desquelles expositions je m’étais rendu en janvier 2010 :

L’énigme de la renversante douceur Plossu : les expos (au FRAC de Marseille et à la NonMaison d’Aix-en-Provence) & le livre « Plossu Cinéma » 

Au-delà de « la liberté sans cesse en mouvement«  (page 9) qui caractérise si bien Bernard Plossu _ en exergue du livre, est placée cette phrase de Bernard : « Dans ce qui était prévu pour moi, il y avait le fait d’être de tel pays, telle ville, tel village ; je fais partie des gens qui ont besoin de se tirer«  _,

et au-delà « des photographies imparfaites du point de vue d’une certaine orthodoxie,

tremblées, bougées, sombres ou surexposées,

mais traductions fidèles d’une expérience » généreusement offerte à nos regards émerveillés, qui la partagent ainsi _,

c’est « tout un pan lumineux, et net, de sa production,

un classicisme revendiqué,

une filiation avec le photographe Paul Strand _ oui ! cf cet absolu petit bijou qu’est French cubism _ Hommage à Paul Strand, que la Non-Maison a publié en juin 2009 _ ou des peintres comme Corot _ oui… _ et Leroy« 

que Christophe Berthoud amène, en cet entretien avec lui, l’auteur Bernard Plossu,

a contrario _ mais sans renier l’autre pan… _,

à mettre mieux en lumière.

Car toujours « cet abandon à l’expérience _ dans l’acte du photographier _

reposait en réalité sur une vision extrêmement maîtrisée et structurée » _ en cet acte même et son instantanéité.

La « pensée » _ photographiante _ de Bernard Plossu ne procède jamais « par exclusion, mais par glissement,

pas nécessairement contre, mais ailleurs » (page 10) :

en douceur…


En conséquence, ce livre abordera parallèlement au Plossu bien connu « en rupture de ban« ,

« une autre aventure,

spirituelle, esthétique _ et tout aussi prosaïquement matérielle que poétiquement métaphysique, si l’on peut dire : les deux allant consubstantiellement, et même charnellement, de pair en l’acte photographique de Bernard Plossu _,

celle d’une vision qui apparaît « spontanément », écrira un Denis Roche, dans toute la maîtrise de son expression _ cf le miracle du Voyage mexicain, qui paraît en 1979, mais à partir de photos réalisées en 1965 et 1966 : oui, oui !..  _,

mais qui mettra une dizaine d’années _ à partir de 1975-76 ; cf le chapitre « L’appel du livre« , pages 57 à 61, qui le détaille… _ à comprendre sa force

et à se libérer des influences d’une époque dans ce qu’elles ont _ la mode est ce qui se démode… _ de plus éphémère et périssable. (…)

Cet arrachement aux concessions du moment, aux effets faciles du grand angle, aux séductions des points de vue spectaculaires,

pour revenir à la justesse et à la vérité _ absolument !!! _ des débuts

_ ceux du merveilleux (et virginal) Voyage mexicain : l’éblouissement aujourd’hui est plus fort que jamais !  _,

Plossu en parlera constamment par la suite.

Cette distance et ce ton juste,

c’est l’objectif 50 mm, répète-t-il à satiété,

au risque de résumer la force de son œuvre à ce détail technique, ou ce qui pourrait sembler tel.

En fait, il y a une profonde cohérence,

et ce livre ambitionne à le montrer,

entre sa vision qui s’exprime à travers cette focale « sans esbroufe » _ à l’opposé d’un Sebastiao Salgado, par exemple : « Salgado et moi nous avons la même étiquette de photographe, mais on ne fait pas du tout le même métier. Je n’ai rien à voir avec lui. C’est un autre langage » ; Bernard se sentant, en revanche, bien « plus proche d’un artiste comme Patrick Sainton«  ; et Bernard d’évoquer alors sa propre pratique du dessin (en son œuvre, sa poiesis même, photographique…) : « Dessiner est ma façon d’enclencher un processus de réflexion autour de l’image qui passe chez moi par le geste, par le jeu. Cela participe des expérimentations visuelles qui me rendent plus proche d’un artiste comme Patrick Sainton que d’un Sebastiao Salgado« , page 151 _

et une attitude plus générale dans la vie qui peut s’interpréter comme une forme de puritanisme«  (page 11) _ toute de pudeur et de profonde modestie, et inquiète.

«  »Vision », ici, a le sens plus large de « conception du monde ».

Elle s’emploie à ramener à des proportions modestes _ comme c’est juste ! _ ce qui tendrait au sublime, au grandiose, au grandiloquent ;

à l’inverse, Plossu exhausse des détails _ du quotidien le plus apparemment trivial ;

et ici il s’inscrit dans la filiation esthétique d’un Walter Benjamin et d’un Siegfried Kracauer ; sur ce dernier vient de paraître un très intéressant Kracauer, l’exilé, de Martin Jay _,

promeut les instants « non décisifs » _ sur le rapport de Bernard Plossu à Henri Cartier-Bresson, cf les pages 120 à 122 ; cf aussi le passionnant et magnifique album de Clément Chéroux Henri Cartier-Bresson ici et maintenant, sur l’expo qu’il nous offre au Centre Pompidou… _,

réhabilite des lumières dont les photographes se défient.

Ceci vaut pour les motifs qu’il photographie

comme pour les moyens techniques qu’il se donne _ l’appareil jetable en est l’exemple le plus parlant«  (pages 10-11).

Ainsi, pour Bernard Plossu, « la haute culture sera toujours un objet soumis à l’épreuve _ cruciale et basique pour lui _ de l’expérience.

Voir _ lui, prenant la photo, puis nous, la regardant _ un Morandi ou un Malévitch

devant un vieux mur ou dans l’agencement d’une palissade,

équivaut à faire entrer l’art dans la sphère _ simplement fondamentale _ du quotidien.

L’aventure qui traverse l’œuvre de Plossu

est cette perpétuelle fécondation du réel par l’art,

mais en retour une perpétuelle vérification de l’art sur le banc d’essai du réel _ oui !

Le séjour à Taos, sur les plateaux du Nouveau-Mexique, représente un moment clé dans cette histoire, à 2000 mètres d’altitude,

dans un décor qui ressemble davantage à un tableau hivernal de Bruegel qu’à un cliché de l’Ouest américain, dira le photographe.

Taos, c’est la rencontre _ on ne peut plus contingente en son improbabilité ! en ce désert-là !.. _ de Plossu, autodidacte,

avec Corot, l’expressionnisme allemand, l’école romaine _ qu’il dévore en bibliothèque : celle « de la fondation Harwood, riche d’ouvrages d’art que beaucoup de gens cultivés ayant vécu au Nouveau-Mexique avaient légués à leur mort. Il n’y avait pas beaucoup de livres de peinture chez mes parents, c’est à Taos que je m’y suis mis vraiment. » De même que « c’est à Taos que j’ai lu les deux grands livres qui comptent énormément pour moi : La Connaissance de la douleur de Carlo Emilio Gadda et La Conscience de Zeno d’Italo Zvevo » (page 83).

Pour autant, Plossu ne reniera pas ses premiers engouements,

et, revenant sur la notion de vision « spontanée »,

rend hommage à ces influences qui l’ont marqué très jeune,

la bande dessinée,

le cinéma _ cf le merveilleux Plossu-Cinéma, à partir d’une intuition initiale de Michèle Cohen avec Bernard Plossu : j’étais présent à La Ciotat à la première séance de travail, avec Pascal Neveux aussi, qui mena à la double exposition merveilleuse du Frac de Marseille et de la NonMaison d’Aix-en-Provence… _,

les dessins satiriques,

les tableaux qu’il s’efforça à l’âge de 12, 13 ans de reproduire en peinture«  (page 12).

Et « la pratique du flou« 

sera remise « dans la perspective d’une écriture visuelle inventive et _ joyeusement ludique _ en perpétuelle recherche« ,

mettant l’accent sur le caractère « a-contemporain » _ à dimension d’éternité, ajouterai-je, spinozistement : d’où le sentiment de la joie, comme accomplissement des potentialités ; très loin des philosophies tristounettes de la finitude… _ de Bernard Plossu auteur.

Car « retracer le parcours de Bernard Plossu,

un demi-siècle de prises de vues,

ce n’est pas évoquer en effet le passage du temps,

mais le nier, ou plutôt le plier _ Hegel parlerait ici du processus de aufhebung _ au rythme d’une œuvre qui se déploie avec sa logique étrangère aux modes.

Une photographie réalisée en 1963 joue avec une photographie prise en 2004,

des obsessions et des thématiques enjambent les décennies,

et des images inédites réalisées en 1974 sont publiées en 2013 avec une charge visuelle intacte, actuelle«  (pages 12-13), par la grâce de la prodigieuse mémoire photographique de Bernard Plossu…

Les capacités à la fois d’analyse (du détail) et de synthèse (de ce qui ressort de l’ensemble de l’œuvre Plossu envisagé en sa quasi intégralité !) de l’ami Christophe Berthoud

afin de mettre en évidence, et révéler, en ses arcanes, la singularité de l’idiosyncrasie de Bernard Plossu, auteur photographe « à l’air libre« ,

sont remarquables de perspicacité en l’amplitude et la justesse de leur empathie…

Chapeau le regardeur !

Titus Curiosus, ce 16 février 2014

Post-scriptum :

en feuilletant d’anciens agendas,

en tête de celui de 2009-2010, et en réponse à quelques questions de Gwénaël Lemouée, du Provençal,

« Est-il différent de photographier l’ailleurs et le lieu où l’on vit ?« ,  « Avez-vous toujours le même plaisir à travailler ? » et « Qu’est-ce qu’une bonne photo ?« ,

je retrouve ceci, de Bernard Plossu :

_ « Pour moi, c’est pareil : en tant que photographe, on est prêt à saisir _ voilà : saisir ; et puis donner _ le hasard partout et tout le temps ; l’œil n’est jamais en repos. Je ne peux plus ne pas voir » ;

_ « La photographie me plaît toujours autant : c’est LE langage du réel. On y comprend _ rien moins ! voilà l’intelligence prodigieuse du créateur ! _ le monde et tout ce qu’il s’y passe, soit dans le contexte social ou écologique, soit tout simplement dans la poésie _ eh oui ! « Ce qui demeure, les poètes le fondent« , dit Hölderlin… _ des moments et des lieux ou des situations » _ hic et nunc _ ;

_ « Souvent une bonne photo est mystérieuse. C’est même impossible de dire pourquoi elle est bonne. Il y a même des photos qui peuvent être bonnes, car remplies de poésie. C’est peut-être ça que j’essaye de capter  _ par la magie de la photo prise. Le mystère des choses, du temps, de la vie.« 

Tout y est dit.

Curiosité, inspiration et génie : splendeur de la conférence (artiste et rigoureuse) de Mireille Delmas-Marty au Festival Philosophia 2010 à Saint-Emilion

30mai

Hier, sur la foi de la satisfaction de ma découverte l’an passé du Festival « Philosophia » (à Saint-Émilion),

avec, notamment les conférences (superbes !) d’Olivier Mongin et Bernard Stiegler _ le « thème«  de cette cuvée-là était « le monde » (« à l’heure de la mondialisation« ) ; cf mon article (avec lien au podcast) de compte rendu, le 31 mai 2009 : « Très fortes conférences d’Olivier Mongin et Bernard Stiegler à propos de ce qu’est “faire monde”, à l’excellent Festival “Philosophia” de Saint-Emilion«  _,

j’avais hâte de renouveler l’expérience,

d’autant que le « thème » de cette année-ci était « l’imagination » _ un mets de choix pour qui s’intéresse à la poïétique ! à la création par l’esprit (en acte et à l’œuvre !) : artistique et autre…

Un dilemme, toutefois, se posait à moi :

à l’heure de 15 heures 30,

et l’anthropologue Franco La Cecla

et la juriste, professeur au Collège de France, Mireille Delmas-Marty

proposaient simultanément deux (très prometteuses) conférences :

le premier, au Clos Fourtet, sur le sujet de « L’Imagination au masculin » ;

la seconde, répondant aux questions de l’excellent Nicolas Truong _ l’animateur de rencontres dans le cadre du Festival d’Avignon : Le Théâtre des idées : 50 penseurs pour comprendre le XXIème siècle_, sur le sujet de « Imaginaire et rigueur : imaginer un droit mondial« …

De Franco La Cecla _ aujourd’hui professeur d’anthropologie culturelle à Milan et Barcelone, ce natif de Palerme a aussi enseigné à la faculté d’architecture à Venise et été « consultant » auprès de Renzo Piano… _, j’avais découvert avec beaucoup de plaisir et d’intérêt, en 2004, d’abord le passionnant et très incisif Je te quitte, moi non plus _ ou l’art de la rupture amoureuse, puis, dans la foulée, Le Malentendu _ sur une question que j’estime cruciale, au sein des rapports humains ! et sur les conseils d’Isabelle, libraire au rayon « Sciences humaines » de la librairie Mollat : le livre est paru en 1997 aux Éditions Balland _, et Ce qui fait un homme, paru aux Éditions Liana Levi en 2002 ;

ce mois-ci, je me suis plongé avec satisfaction encore _ et je dois en rédiger, pour ce blog, un compte-rendu _ dans le délicieusement incisif, lui aussi, Contre l’architecture (aux Éditions Arléa) : c’est-à-dire vis-à-vis de certaines dérives du « gratin » des architectes les mieux (!) reconnus internationalement (= sur le marché !) au détriment du souci (et de la qualité) de l’urbanisme ! un enjeu d’importance, on peut (et on pourra) en juger… ;

quant à Mireille Delmas-Marty,

pour goûter tout spécialement _ et c’est un euphémisme ! _ la diffusion, le matin entre 6 et 7 heures (quand je prends la route pour gagner mon lieu de travail), de ses splendides cours au Collège de France ; de même que sa participation, parfois, à l’excellent « Le Bien public« , d’Antoine Garapon, le mercredi de 11 heures à midi ; les deux sur l’antenne de France-Culture

_ une exception (pour combien de temps encore ?) que ce France-Culture ! dans un paysage audio-visuel se dégradant (= dégradé !) à vitesse grand V, parmi les effluves nauséabonds triomphants (= « l’air du temps » !) de l’affairisme et du populisme conjugués de la com’, dans tant de médias, ces temps-ci…

je me suis précipité dès sa parution, sur son tout récent Libertés et sûreté dans un monde dangereux (aux Éditions du Seuil) _ j’y consacrerai aussi un article ; j’ai déjà indiqué que Michaël Foessel le citait en son important État de Vigilance _ Critique de la banalité sécuritaire !

cf mon article du 22 avril dernier : « Le courage de “faire monde” (face à la banalisation esseulante du tout sécuritaire) : un très beau travail d’anthropologie à incidences politiques de Michaël Foessel«  _,

Mireille Delmas-Marty est, à mes yeux, un contemporain majeur !

Et sa conférence _ en la salle des Dominicains _ m’a comblé :

rien que pour des contributions de cette qualité-là, un Festival (de philosophie) tel que Philosophia se justifie !!!

Voici ce que, dès la première heure ce matin,

et pour remercier son remarquable interviewer _ les meilleures conférences étant les conversations vivantes !!! _

j’écrivais à Nicolas Truong :

De : Titus Curiosus

Objet : Philosophia hier à Saint-Emilion + des curiosités croisées
Date : 30 mai 2010 09:09:14 HAEC
À :   Nicolas Truong

Cher Nicolas Truong,

d’abord, j’ai plaisir à vous féliciter pour la qualité de votre « dialogue » avec Mireille Delmas-Marty,
même si l’
opération est, ici, éminemment facilitée _ et comment ! _ par la personnalité « d’exception » (= géniale ! tout bonnement ! cf le concept tel que le propose Kant en sa Critique de la faculté de juger) d’un interlocuteur tel que Mireille Delmas-Marty :
une personnalité
_ et un esprit ; et un auteur _ proprement admirable !

Avec et de l' »inspiration » et du « génie » (tout à la fois poïétique et conceptuel : mais les deux sont-ils, de fait, séparables ? _ peut-on séparer radicalement la métaphore du concept ? ce point a aussi été abordé, en la (très belle !) conférence, à 17 heures de Jean-Jacques Wunenburger : « L’Imagination au cœur de l’existence«  _),
car ils se sont fait parfaitement (= très clairement) « sensibles » _ au public hyper attentif ! _ cette heure et demie là, en la salle des Dominicains :

merci à elle ! et merci à vous de lui avoir permis

et d’en faire preuve, en son exposé en répondant à vos questions « centrales«  _ c’est important d’avoir su (si) bien préparer (sur le fond !) la rencontre _

et en sachant si bien en exposer quelques tenants et aboutissants « théoriques« , sinon « épistémologiques« , à l’œuvre en sa recherche juridique : toujours vivante ; continûment en chantier, ainsi qu’elle l’a elle-même indiqué à propos de nouvelles éventualités (= hypothèses, pistes, programmes) de recherche _ l’institution du Collège de France, par François Ier, en 1530, est une institution prodigieuse…


« Inspiration« , « Génie » : c’est d’ailleurs là
LA question de fond

(= LE fondamental !)

qui devait être « traitée » par une manifestation « philosophique » telle que « Philosophia« 

se donnant pour « thème«  (= matière à problématisations ! par les conférenciers invités : « à plancher » !) l’imagination…

Mireille-Delmas-Marty l’abordant, elle,

et à partir de vos excellentes questions, donc,
à partir de sa pratique propre _ particulière et empirique : juridique ! _

de ce qu’elle nomme les « forces imaginantes » du Droit ;

et pas « théoriquement » (ou philosophiquement, si l’on préfère),
ainsi qu’elle l’a précisé, en réponse à ma question _ à la fin _, de son « impasse« , en sa conférence, sur le « champ » plus spécifiquement « philosophique » (théorique ! voire épistémologique) de l’exploration _ c’est une dynamique ! _ de la faculté d’imagination :

le concept de « génie » tel qu’il est exploré par Kant en sa Critique de la faculté de juger,
L’Institution imaginaire de la société
, cet ouvrage majeur du XXème siècle, et l’exploration de Cornelius Castoriadis ;
mais aussi
, moins repérés, L’Invention intellectuelle de Judith Schlanger (aux Éditions Fayard, en 1983)

et La pensée vive _ essai sur l’inspiration philosophique de Marianne Massin _ la fille de Jean et Brigitte Massin, les musicologues…

Je pense aussi aux travaux (bien connus) d’Edgar Morin ;

ainsi qu’à ceux de Nicole Lapierre : Pensons ailleurs ;

ainsi que ceux d’un François Jullien : par exemple Penser d’un dehors (la Chine), en dialogue avec Thierry Marchaisse, ici : en 2000, un livre passionnant !..

J’étais d’autant plus « aux anges »
que je venais d’être déçu par le non professionnalisme de la conférencière que j’avais écoutée l’heure d’avant (en un exposé réduit à 40 minutes : à son plus grand soulagement !),
qui n’avait rien de vraiment senti, ni de personnel à « dire« ,
pas davantage que le (moindre) désir de susciter l’attention et la compréhension du public présent _ à un point caricatural d’égocentrisme (carriériste ? et germano-pratin ?) ! me suis-je dit en mon for intérieur : c’est ainsi que j’ai ressenti la « performance« …

Quelques ressucées _ à propos de Gaston Bachelard et d’Henry Corbin _ d’une thèse universitaire sienne (déjà ancienne, a-t-elle elle même avoué-proclamé) + quelques aperçus sur son dernier ouvrage publié (de plus fraîche mémoire, lui), lui suffisant apparemment !

D’ailleurs, ce dernier livre que je suis en train de lire est lui-même fort brouillon, à mon goût ; et je ne le recommanderai pas !

Heureusement,
la conférence à 17 heures de Jean-Jacques Wunenburger
(maîtrisant, lui, son sujet) fut tout à la fois et (bien plus) sérieuse (précise, éclairante) et (bien mieux) inspirée :

le conférencier non seulement avait « préparé« , lui, sa conférence _ et pas seulement « ramassé«  précipitamment (entre deux trains…) quelques anciennes « notes« , sans prendre la peine (ou si peu, de rien « situer » auprès d’un public non universitaire guère averti ni du bachelardisme, ni du soufisme décortiqué par Corbin !) : un défaut que ne se permettrait pas un professeur de Terminales de lycée!) _ mais il recherchait « vraiment » (et avec talent !) la compréhension réceptive du public (tel qu’il était) : il l’a trouvée ! en sachant « se faire pédagogique » et « vivant » ! _ encore faut-il au moins le désirer ! et désirer partager sa pensée, sa recherche, ses explications, ses lumières…

Au passage _ à propos de la sélection des intervenants à Philosophia _,
je regrette que les « décideurs » de Philosophia aient négligé de faire appel
à Marie-José Mondzain : sur l’image !


Bref,

vos questions

allaient à l’essentiel ;
et j’ai bien apprécié, déjà, votre question d’ouverture
de l’échange

invitant Mireille Delmas-Marty à présenter (= « situer » !!!)  ce qui dans son histoire personnelle avait pu l' »incliner » à ces (et ses) recherches _ quant à un « droit mondial« , tant « se construisant«  (de bric et de broc : très empiriquement ; et non sans dissensions, en son disparate !..), qu’« à essayer (de proposer) à construire«  ! _

et à leurs modalités idiosyncrasiques : assez originales (« artistes« ) dans le milieu juridique, en particulier…

Le faisceau du souci « protestataire«  (en faveur de la justice _ et à rebours des aspects de « conservation«  du Droit positif établi…) de l’héritage (familial) protestant,
et de la « curiosité » tous azimuts
_ et notamment en faveur de « singularités« , tout spécialement d’artistes ! en leurs gestes ! plus qu’en des « concepts » : d’artistes tels que Paul Klee (au Bauhaus), ou Vieira da Silva, parmi d’autres encore… _ de la personnalité propre de la conférencière

ainsi que sa « méthode » (bricolée « sur le tas« , et au fil des circonstances de ses rencontres, découvertes et « explorations« , surtout _ ainsi a-t-elle entamé, nous a-t-elle confié, des études de biologie, de médecine, de chinois (aux Langues Orientales : deux ans !), de même que de philosophie ; à côté de sa vive curiosité artistique ! _)

d’hypothèses de travail très « pratiques«  _ dans le champ du Droit (tant « fait« , que « se faisant« , et « à faire« , c’est-à-dire « à inventer« , « créer«  ! : dynamiquement !) et de son « analyse«  de tout cela _ résultant de « regards croisés« 


m’ont personnellement bien éclairé
quant au plaisir (passionné !) que j’éprouve chaque fois

à écouter les exposés de recherche de Mireille Delmas-Marty (au Collège de France) donnés sur France-Culture.

Mireille Delmas-Marty constituant pour moi, ainsi, un « contemporain majeur » !
….

Comme je vous l’ai dit très rapidement,
ma propre « curiosité« 

_ ainsi mon blog sur le site de la librairie Mollat a-t-il pour sous-titre : les « carnets d’un curieux » ;
cf son article de présentation, le 8 juillet 2008 :
« le Carnet d’un curieux »

voilà ! _

ma propre curiosité, donc,

est, elle aussi, « croisée » :
elle est née à la fois, les deux « se tissant« ,
du silence de mon père
, né le 11 mars 1914 à Stanislawow en Galicie (non loin de la Bolechow dont traite l’enquête _ superbe ! _ de Daniel Mendelsohn en ses Disparus),
ainsi que du tropisme argentin (éloigné : outremer) d’Adolfo Bioy Casares, cousin de ma mère (toujours vivante, elle : elle a 92 ans ; et une excellente mémoire !) ;
et nous avons de nombreux cousins passionnants en Argentine ;
tel Francisco Erize qui dirigea les Parcs Nationaux d’Argentine et est l’auteur de nombreux ouvrages sur la faune et la flore de son immense pays…
Sa mère, Jeannette Arata de Erize dirige encore (depuis les années 50) le Mozarteum Argentino, au Teatro Colon (qui vient de brillamment rouvrir) ;
elle connaît le « gratin » des musiciens-artistes, et pas seulement les Argentins tels que Marta Argerich ou Daniel Barenboim…

Mais mon côté Gascon, voisin de Montaigne _ j’ai vécu mon enfance à Castillon-la-Bataille, à moins de deux heures à pied de la tour de Montaigne) _
m’entraîne souvent vers la prolixité _ gaspilleuse du temps de qui me lit ou m’écoute : il me faut toujours mieux y veiller !!!

Aussi,
me contenterai-je à ce point de ce déjà bien trop long message
de vous adresser _ afin de donner à « pénétrer » un peu ma propre « curiosité«  _ les liens suivants d’articles de mon blog :

l’un concerne la session 2009 de « Philosophia » (avec les exposés d’Olivier Mongin et de Bernard Stiegler
_ dont le site « Ars Industrialis » a publié en avril 2008 mon article (je vous l’adresserai une autre fois !) « Pour célébrer la rencontre«  _ : « Très fortes conférences d’Olivier Mongin et Bernard Stiegler à propos de ce qu’est “faire monde”, à l’excellent Festival “Philosophia” de Saint-Emilion »

deux autres, les travaux très percutants du très remarquable Michaël Foessel :

« La Privation de l’intime » (au Seuil) : « la pulvérisation maintenant de l’intime : une menace envers la réalité de la démocratie »

et « Etat de vigilance _ Critique de la banalité sécuritaire » (au Bord de l’eau) : « Le courage de “faire monde” (face à la banalisation esseulante du tout sécuritaire) : un très beau travail d’anthropologie à incidences politiques de Michaël Foessel« .


La « poiesis«  _ clé des « forces imaginantes » : c’est le concept qu’a magnifiquement proposé hier Mireille Delmas-Marty _ m’intéresse tout particulièrement.

Cf mes 2 articles sur le livre (puis la conférence chez Mollat, en compagnie de Michel Deguy) de Martin Rueff « Différence et identité«  (chez Hermann) à propos de la poétique de Michel Deguy :
« la situation de l’artiste vrai en colère devant le marchandising du “culturel” : la poétique de Michel Deguy portée à la pleine lumière par Martin Rueff _ deuxième parution »

et
« De Troie en flammes à la nouvelle Rome : l’admirable “How to read” les poèmes de Michel Deguy de Martin Rueff _ ou surmonter l’abominable détresse du désamour de la langue »


J’avais aussi, plus lointainement (= avant l’ouverture de mon blog : le 3 juillet 2008),
composé un article sur le livre majeur de mon amie Marie-José Mondzain « Homo spectator«  (chez Bayard),
en lui proposant de nommer « imageance » le processus (« imageant« ) qu’elle analyse…


Mon plus récent article porte sur l’admirable film « Copie conforme »
ainsi que sur l’essai de Frédéric Sabouraud « Abbas Kiarostami _ Le cinéma revisité« 
(aux Presses Universitaire de Rennes) :
« Jubilation de la déprise du cinéma d’Abbas Kiarostami : la question de l’amour du couple de “Copie conforme” ; et la profonde synthèse de la “lecture” de Frédéric Sabouraud en son “Abbas Kiarostami _ le cinéma revisité” »



Voilà.
J’espère ne pas trop vous importuner avec cette avalanche de lectures trop longues…

J’apprécie, cher Nicolas Truong, votre « regard croisé » !

Une autre fois,

je vous adresserai l’historique de mes curiosités : j’avais rédigé un CV pour France-Musique, à l’occasion d’une émission (de François Dru : « le kiosque des amateurs » _ pour le vingtième anniversaire du Centre de Musique Baroque de Versailles, en direct du Château de Versailles, le 22 septembre 2007) dont j’étais l’invité :
car je suis aussi passionné de musique ;
j’ai été « conseiller artistique » de La Simphonie du Marais (et Hugo Reyne) durant la décennie 90
(je suis le co-auteur (avec Hugo Reyne) du programme du CD « Un portrait musical de Jean de La Fontaine« , paru chez EMI en 1996 :
et à l’occasion des recherches duquel j’ai découvert un petit opéra de La Fontaine et Marc-Antoine Charpentier : « Les Amours d’Acis et de Galatée«  (donné à Paris en février 1678) ;
Catherine Cessac mentionne cette « découverte » en la seconde édition de son « Marc-Antoine Charpentier« , aux Éditions Fayard, parue en août 2004) ;

j’ai tenu une chronique d’esthétique pour l’éditeur de CDs Alpha (Jean-Paul Combet : un ami !) ;
ainsi que rédigé des livrets de CDs (« L’orgue Dom Bedos de Sainte-Croix de Bordeaux« , par Gustav Leonhardt : CD Alpha 017 ;
« Le Sermon sur la mort » de Bossuet, par Eugène Green : CD Alpha 920)
;

et donnerai les 19 et 20 février prochain (2011) 2 conférences au colloque « Lucien Durosoir 1878-1955 »
qui se tiendra à l’Institut de la musique française romantique (la Fondation Bru-Zane), à Venise

Cf mon article « Musique d’après la guerre »

à propos du CD des « 3 Quatuors à cordes » de Lucien Durosoir, par le Quatuor Diotima (CD Alpha 125 : admirable ! sublimissime ! de la hauteur des Quatuors de Debussy et de Ravel, tragique en plus !).

De même que j’ai écrit 2 essais (inédits) :
« Lire « Liquidation » d’Imre Kertész _ ce qui dure d’Auschwitz« 
_ Imre Kertész (génial !) n’est pas assez lu en France, en dépit de (la célébrité seulement nominale ! de) son Prix Nobel en 2002 ! _
et « Cinéma de la rencontre _ à la ferraraise« , sous titré « Un Jeu de halo et focales sur fond de brouillard(s) _ à la Antonioni« …
dont j’ai présenté une « synthèse » (avec projection de la séquence ferraraise de « Par delà les nuages« , en 1995) à la galerie La Non Maison à Aix-en-Provence, le 13 décembre 2008.

Je suis un ami de Michèle Cohen, la galeriste de La NonMaison,
et de
(l’immense) Bernard Plossu _ plus et mieux célébré (jusqu’ici) à l’étranger : États-Unis, Italie, Espagne, Belgique, qu’en France _ :
« L’énigme de la renversante douceur Plossu : les expos (au FRAC de Marseille et à la NonMaison d’Aix-en-Provence) & le livre “Plossu Cinéma” »


Enfin, il m’arrive aussi de « faire le modérateur » de conférences à la librairie Mollat :

cf ces podcasts récents :
avec mon ami Yves Michaud

(il a mis un lien vers mon blog sur son blog Traverses in Libération)
pour son « Qu’est-ce que le mérite ?«  (aux Éditions Bourin) :

pour la conférence d’Yves Michaud le 13 octobre 2009
« Où va la fragile “non-inhumanité” des humains ? Lumineux déchiffrage du “mérite” tel qu’il se dit aujourd’hui, par Yves Michaud le 13 octobre dans les salons Albert-Mollat »


et avec l’historienne Emmanuelle Picard

pour « La Fabrique scolaire de l’histoire«  (aux Editions Agone) :
pour la conférence d’Emmanuelle Picard le 25 mars 2010 

« De la latitude de faire comprendre la complexité de l’Histoire : l’éclairante conférence d’Emmanuelle Picard à propos de “La Fabrique scolaire de l’Histoire” »


De quoi vous noyer sous pareille avalanche !
J’ose espérer que vous aurez le temps d’y picorer si peu que ce soit…

Bien à vous,
et très heureux de vous avoir rencontré,
et ainsi « croisé » votre propre « curiosité« 
_ celle qui vous anime, aussi, à Avignon, dans le cadre d’un autre Festival…

Titus Curiosus


Voilà.

C’est dire si le dialogue de Mireille Delmas-Marty

sur l’invention (« se faisant » comme « à faire » : entre « technique du Droit » et « art du Droit » !)

d’un Droit mondial,

avec ses enjeux pour une humanité peut-être « moins inhumaine » _ ce fut un pan majeur de son intervention ! et ce qui anime et illumine son travail ! _

m’a passionné !


Démêler la complexité dans un esprit de justice et de justesse,

et en préservant (ou/et faisant progresser) les droits de l’indétermination et de la plasticité (= vraie liberté) de la singularité de la personne ! face à tant de pouvoirs _ cf Michel Foucault en la fécondité d’esprit de ses dernières années, luttant (en « pensant« …) contre la montre… _ qui les broient…


Voilà la flamme qui « inspire » Mireille Delmas-Marty en son œuvre d' »imageance«  _ je reprends ici le concept que j’ai proposé à Marie-José Mondzain : autre battante constructive et patiente !


Et quand le podcast de cette conférence sera disponible,

j’ajouterai un lien « en » cet article

afin de contribuer à sa plus large diffusion…


Titus Curiosus, ce 30 mai 2010

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