De l’extraordinaire Frederic Mompou (Barcelone, 13 avril 1893 – Barcelone, 30 juin 1987),
le couronnement de l’œuvre si singulier _ et si profondément émouvant, en sa lumineuse sobriété _,
est probablement réalisé par les quatre « Cuadernos » (de 1959, 1962, et 1967) _ en vingt-huit (9 + 7 + 5 + 7) pièces brèves… _, de sa prodigieuse « Musica callada » _ sous l’inspiration fulgurante du « Cantique spirituel entre l’âme et le Christ, son époux« de Saint-Jean-de-la-Croix (1542 – 1591).
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J’en étais jusqu’ici resté aux interprétations magiques, d’abord de Frederic Mompou lui-même, enregistrées en 1974 au Casino de l’Alianca del Poblenou, disponibles au sein d’un coffret de 4 CDs Brilliant 6515 ;
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mais aussi du magnifique pianiste catalan _ lui aussi _Josep Colom_ né à Barcelone le 11 janvier 1947 _, enregistrées en décembre 1991 et février, mars et juin 1992, disponibles au sein d’un coffret de 4 CDs Mandala MAN 5021/24…
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Or voici que je m’aperçois qu’est assez récemment paru un nouveau CD de cette sublimissime « Musica callada« , par ce même Josep Colom, cette fois enregistrée les 16 et 17 avril 2019, à l’Auditorio de Zaragoza, publié pour le label Eudora, le CD Eudora SACD 2101.
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Sur l’œuvre si singulière et si intensément vibrante et touchante, en sa terrible discrétion, de Mompou,
je ne veux surtout pas manquer de renvoyer ici au merveilleux « Le Message de Mompou » de Vladimir Jankélévitch,
aux pages 157 à 172, de son excellentissime « La Présence lointaine _ Albeniz, Séverac, Mompou » paru en 1983 aux Éditions du Seuil, et qui vient de reparaître, le 12 mai 2021, en Points-Seuil…
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Une finesse d’analyse d’une justesse indispensable !
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Et à propos de cet admirable interprète qu’est décidément Josep Colom,
il me faut ajouter que c’est lui qui, en 1995, m’a fait découvrir _ en une écoute impromptue absolument émerveillée sur mon auto-radio, sur la route en partant au travail, d’une émission de France-Musique qui diffusait un extrait de cette musique, dont je n’avais hélas pas perçu le nom du compositeur, qu’il m’avait ensuite fallu rechercher ; et que j’avais heureusement trouvé alors ! Et j’avais donc pu commander ce CD à ma chère libraie Mollat ; et Vincent Dourthe ne l’a pas oublié !… _, ce tout à fait extraordinaire compositeur, si singulier, lui aussi, qu’est Manuel Blasco de Nebra(1730 – 1784).
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Ce qui, consécutivement, a aussi fait de la librairie Mollat _ et sur une très longue durée : tant que ce stupéfiant CD a été distribué et disponible… _, le meilleur vendeur en France de ce magistral CD_ écoutez-le ici ! Il est miraculeux de poésie… _ des « Pièces pour clavier » de Manuel Blasco de Nebra par Josep Colom, enregistré à Paris en 1995, le CD Mandala MAN 4847 :
tellement la diffusion au magasin du moindre extrait de cette merveilleuse musique sur la platine du magasin, avait pour immédiat effet (de séduction !) de déclencher l’achat, ou la commande, de ce CD par quiconque l’entendait et l’écoutait et tombait sous son charme si prenant…
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Le charme idéalement conjugué de la rencontre enregistrée de l’œuvre du compositeur, Manuel Blasco de Nebra, et de son interprète ici, le tout simplement merveilleux Josep Colom !
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Cf, dans la série de mes articles consacrés à des »musiques de joie » _ durant la période de confinement de la pandémie de Covid _, mon article du 10 avril 2020, qui s’en faisait l’écho toujours ébloui :
Cette « quintessence acérée et voluptueuse de l’intime« , écrivais-je ce jour-là,
et alors que j’ignorais, et pour cause, les formulations si heureuses, de cet extraordinaire si juste « écouteur de musique« , qu’est l’incomparable Vladimir Jankélévitch…
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De Manuel Blasco de Nebra (1730 – 1784) à Frederic Mompou ()1893 – 1987),
l’interprète splendide qu’est Josep Colom (1947) est bien le plus magique passeur…
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Écoutez et ré-écoutez pour votre propre joie la joie rayonnante et discrète que l’interprétation, en ces CDs _ tant de Frederic Mompou, par deux fois, en 1991-92 et 2019, que de Manuel Blasco de Nebra, en 1995 _ de Josep Colom, nous donne si généreusement à recevoir et partager…
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Ce samedi 23 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
En récapitulant les CDs de ma discothèque de l’Ensemble Le Consort
ainsi, aussi, que ceux du violoniste virtuose Théotime Langlois de Swarte,
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j’ai pris de conscience que j’avais manqué, au mois de janvier de l’année dernière, 2021 _ quand règne toujours la pandémie _ la parution du CD Alpha 662 « Royal Handel« ,
de la mezzo-soprano Eva Zaïcik et l’Ensemble Le Consort.
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Ensemble Le Consort au nombre des excellents instrumentistes duquel fait éminemment partie le violoniste Théotime Langlois de Swarte
_ à la généalogie familiale duquel, il se trouve que, à partir du 25 mai 2021
J’en viens donc, enfin, à l’émerveillement de ce CD « Royal Handel » (Alpha 662), enregistré au mois de juin 2020, à Paris, au Temple du Saint-Esprit,
et paru, donc, au mois de janvier 2021 : je ne l’avais pas vu passer…
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Le répertoire vocal des opéras (ainsi qu’oratorios) de Haendel est extrêmement riche, et probablement pas encore exhaustivement exploré _ c’est à voir… _ par l’enregistrement discographique : à l’égal du répertoire vivaldien, au tout premier chef ; mais aussi de l’ensemble du répertoire, en particulier italien (mais pas seulement : français aussi…) de l’opéra à l’époque baroque, déjà…
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Mais si l’enregistrement discographique (ou vidéo) d’un opéra coûte assez cher _ et se fait ainsi de plus en plus rare sur le marché de l’offre discographique _,
il n’en est pas tout à fait ainsi de l’enregistrement, pour un CD, d’un récital d’un chanteur…
Aujourd’hui, c’est la très remarquable mezzo-soprano Eva Zaïcik _ décidément le timbre charnu et sensuel de mezzo me charme tout spécialement... _ qui, même si c’est avec retard par rapport à la parution de ce CD, il y a tout juste un an, m’enthousiasme superbement !!!
Et son art éminemment sensible du chant…
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J’ai recherché divers articles qui ont été consacrés par la critique à ce CD « Royal Handel » de janvier 2021 ;
Difficile de rassembler dans un album des airs représentatifs de l’œuvre lyrique de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), auteur d’une cinquantaine d’opéras serias _ voilà ! _, sans compter les pasticcios _ en effet… L’option choisie dans le présent enregistrement a privilégié un épisode _ oui : 1719 – 1728 _ de la longue carrière de Haendel, c’est-à-dire la création de la Royal Academy of Music en 1719, institution dont Haendel fut le directeur artistique et que la postérité appela Première Académie.
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La création d’une pareille institution, unique à son époque, témoigne de l’audace de Haendel ; il s’agissait en effet d’une véritable entreprise privée financée en partie par des mécènes, dont le souverain lui-même, mais également par les souscriptions et la vente des places. Disposant au départ de capitaux confortables, Haendel pourra ainsi au gré de ses voyages en Italie _ oui _, recruter les meilleurs interprètes du temps notamment le fameux castrat Francesco Bernardi (dit Senesino) et aussi Margherita Durastanti, Francesca Cuzzoni, Faustina Bordoni… Malheureusement, faute de gestionnaire compétent, les meilleurs chanteurs du monde et un directeur musical de génie ne purent éviter l’arrêt de l’activité de l’entreprise du fait de comptes déficitaires _ voilà…
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Le présent CD propose un portrait musical de cette première Royal Academy of Music qui fonctionna entre 1719 et 1728. A un choix d’airs particulièrement marquants _ oui _ de Haendel s’ajoutent ceux de Attilio Ariosti (1666-1729) et Giovanni Bononcini (1670-1747), compositeurs ayant également participé _ en effet _ à cette aventure _ londonienne. Il est tentant d’imaginer que ce programme fut chanté par Senesino lors d’une soirée privée organisée par Haendel à son domicile.
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Ce choix d’airs se justifie sur le plan artistique car cette période de la carrière de Haendel est exceptionnellement riche en chefs-d’œuvre _ absolument ! _ : Giulio Cesare, Ottone, Radamisto, Tamerlano, Rodelinda. De plus, en raison d’un laps de temps de moins de dix ans encadrant les œuvres choisies, on pouvait s’attendre à une unité stylistique certaine. En outre, place était donnée à des airs extraits d’opéras de Haendel très rarement joués _ oui _ comme Siroé, re di Persia, Flavio, re di Longobardi, Admeto, re di Tessaglia, Floridante; ou encore à des extraits d’opéras de ses collègues de l’époque comme Caio Marzio Coriolano (1723) de Ariosti, et Crispo de Bononcini, permettant ainsi de découvrir quelques pépites _ mais oui !
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Cet album apporte des émotions profondes _ oui ! _ et de grandes satisfactions _ oui. Il est intéressant de constater que les airs des deux compositeurs « invités », Ariosti et Bononcini s’intègrent parfaitement _ oui _ dans ce programme. Bien que Ariosti fût près de 20 ans plus âgé que Haendel, sa musique ne donnait aucunement l’impression d’être archaïque quand le public de l’époque la comparait à celle du Saxon. De nos jours, on considère que c’est plutôt ce dernier qui regarde vers le passé récent de son séjour italien, voire celui plus lointain de l’opéra vénitien de la deuxième moitié du 17ème siècle. En tout état de cause, les deux magnifiques airs que sont Sagri numiextrait de Caio Mario Coriolano (1723) d’Ariosti et Ombra cara tiré de Radamisto (1720) de Haendel ont un côté lamento proche de ceux de Francesco Cavalli (1602-1676) _ oui. La notice de l’album _ signée conjointement par Sophie de Bardonnèche, Justin Taylor et Théotime Langlois de Swarte _ insiste aussi avec raison sur la virtuosité orchestrale et surtout violonistique d’une pièce comme E’ pur il gran piacere d’Ariosti qui nous rappelle l’art de Pietro Locatelli (1695-1764). Ce dernier a pu peut-être s’inspirer d’Ariosti dans L’Arte del violino (1723-7) presque contemporain. Il faut rappeler à ce propos que Ariosti fut un virtuose de la viole d’amour. C’est peut-être en hommage à ce compositeur décédé en 1729 que Haendel utilisera quelques années plus tard, dans le cadre de la Deuxième Académie, la viole d’amour dans Sosarme, re di Media (1732) et surtout dans Orlando (1733). En effet la fameuse scène du sommeil du paladin est accompagnée par deux violes d’amour appelées aussi joliment violettes marines.
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Si on se concentre maintenant sur Haendel, on constate que les morceaux choisis comportent des airs tirés de trois grands succès : Giulio Cesare, Ottone et Radamisto, mais aussi d’autres opéras qui eurent peu de succès à leur époque et qui sont souvent considérés comme des œuvres mineures. De nos jours il faut cependant relativiser ces appréciations _ d’alors : en effet. C’est parfois le livret (cas de Riccardo I et de Floridante) qui est médiocre, notamment ceux de Paolo Antonio Rolli, souvent bâclés ; mais la musique est toujours admirable _ oui ! _ comme le montrent éloquemment l’extraordinaire récitatif accompagné Son stanco suivi par l’air Deggio morire tirés de Siroe, re di Persia (1728), un largo pathétique avec ses rythmes pointés. De même le récitatif accompagné extrêmement dramatique Inumano fratel et l’aria non moins bouleversante Stille amare extraits de Tolomeo re d’Egitto (1728) sont aussi des sommets _ absolument ! _ de l’œuvre de Haendel. Les deux scènes dramatiques précédentes sont juxtaposées avec intelligence dans l’album puisque écrites toutes les deux dans la sombre tonalité de fa mineur. On peut parier qu’avec une belle mise en scène, on pourrait remédier _ probablement _ à l’indigence du livret et rendre justice à ces opéras presqu’oubliés. Enfin Ombra cara tiré de Radamisto et également dans la tonalité de fa mineur, fait partie des airs les plus sublimes _ oui ! c’est le mot approprié ! _ du compositeur saxon.
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Eva Zaïcik n’est pas une inconnue dans ces colonnes. Le disque Venez chère ombre, les spectacles Cadmus et Hermione et Dixit Dominus-Grand Motet y ont fait l’objet de chroniques. Dans l’album Royal Handel, la voix de cette mezzo-soprano possède une généreuse projection _ oui _ qui ne provient pas d’un artifice de l’enregistrement, car je l’ai écoutée plusieurs fois en concert avec la même sensation de plénitude _ voilà. Le timbre est chaleureux, coloré et sensuel _ oui. Ses couleurs sont multiples et changeantes en fonction du contexte dramatique _ oui. La ligne de chant est harmonieuse _ oui _, l’intonation, le legato et l’articulation parfaits _ voilà. J’ai été particulièrement impressionné par la beauté des vocalises, d’une précision millimétrée mais jamais mécaniques _ tout cela est parfaitement juste. Quoique tous les airs de l’album soient impeccablement chantés, j’ai une préférence pour l’air de passion et de fureur de Sesto _ du « Giulio Cesare in Egitto » de 1724… _ , L’aure che spira, et j’en ai déduit que Eva Zaïcik serait une interprète idéale pour ce rôle, un des plus beaux du répertoire de Haendel. Ombra cara _ du « Radamisto« de 1720… _ est aussi une réussite majeure de la mezzo-soprano par l’intensité inouïe du sentiment _ oui _ et la splendeur _ oui _ de la voix éplorée, qui erre dans un dédale de gammes chromatiques des cordes renforcées par un basson caverneux, métaphore musicale du tourment de Radamisto. Ce récital d’Eva Zaïcik procure un plaisir et une émotion intenses _ oui ! Tout cela résulte d’une écoute très précise et très juste de ce récital…
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Le Consort qui apporte son concours à ce projet est associé _ en effet _ depuis quelques années à Eva Zaïcik. J’avais été enthousiasmé par le disque Venez chère ombre consacré à des cantates françaises baroques. Mais ici la participation instrumentale me paraît plus aboutie encore _ c’est juste. Avec trois violons et tous les autres musiciens à l’unité, cet ensemble relève plus de la musique de chambre, ce qui convient parfaitement aux scènes intimistes comme dans l’air de Matilda, Ah! Tu non sai_ d’« Ottone, re di Germania« , de 1723… _, sorte de lente mélopée se déroulant pianissimo où la voix est soutenue très discrètement par un violon, une basse de viole soliste et le continuo. Pourtant cet ensemble sonne comme un orchestre dans les scènes de plein air comme la brillante aria di paragone : Agitato da fiere tempeste _ de « Riccardo Primo, re d’Inghilterra« , de 1720… _ où Riccardo Primo se compare au nocher pris dans une tempête que sa bonne étoile va mener jusqu’au port. Autre aria di paragone tiré de Caio Marzio Coriolano _ d’Ariosti, en 1723 _, E’ pur il gran piacer dont le magnifique solo de violon et les vertigineux unissons de l’ensemble au complet évoquent la colère d’un lion et sont exécutés avec une précision admirable _ cf les éclairantes remarques à ce sujet de Théotime Langlois de Swarte dans la petite vidéo de 4′ 45 consacrée à la présentation de ce CD.
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L’audition de ce récital a attisé ma faim. Cette dernière ne pourra être apaisée que par un nouvel album consacré cette fois à la Deuxième Académie _ mais oui ! _, celle des opéras faisant appel à la magie comme les célébrissimes Orlando, Ariodante et Alcina et leurs satellites moins connus que sontPartenope ou encore Arianna in Creta. Cet enregistrement viendra peut-être dans l’avenir, mais pour le moment prenons le temps de savourer le présent.
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Merci à Eva Zaïcik et au Consort de nous procurer une heure de bonheur total.
……On se souvient _ oui _ du premier disque d’Eva Zaïcik et du Consort, Venez chère ombre, alors autour de la cantate française. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, c’est avec plaisir que nous les retrouvons pour un nouveau disque, toujours chez Alpha Classics, intitulé Royal Handel.
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Point de mystère avec ce titre : c’est bien le génie haendélien _ oui ! _ qui est ici mis en avant, mais pas uniquement par ses propres compositions, puisque nous retrouverons aussi les compositeurs Attilio Ariosti et Giovanni Bononcini dans le cadre de premiers enregistrements mondiaux. Un choix qui n’est évidemment pas dû au hasard, puisque si Haendel est au cœur de l’ouvrage, le terme « royal » du titre du disque réfère à l’Académie royale de Londres (la Royal Academy of Music), créée en 1719, à la tête de laquelle nous retrouverons le compositeur d’origine allemande, mais où l’on a également fait venir Attilio Ariosti, originaire de Bologne, et Giovanni Battista Bononcini, originaire de Modène. Ces deux _ compositeurs qui sont aussi de remarquables _ instrumentistes à cordes apportent un nouveau souffle instrumental inspiré par une certaine jouissance de la virtuosité, que l’on perçoit par exemple dans « Strazio, scempio, furia e morte » ou encore « E’ pur il gran piacer« . Le livret accompagnant le disque rappelle par ailleurs _ en effet _ que « c’est Bononcini qui fait sensation en 1720 et 1721, tandis qu’Ariosti vole presque la vedette à Haendel en 1723 avec son Coriolano », dont est extrait « Sagri Numi » présent dans l’enregistrement. Toutefois, « dès 1723, le compositeur allemand éclipse ses rivaux en déployant son langage personnel, construit d’influences croisées entre l’Italie, l’Allemagne, la France et l’Angleterre ». Malheureusement, cette belle aventure prendra fin en 1728 face « aux cachets mirobolants des uns, aux personnalités extravagantes des autres ainsi qu’à de fortes rivalités », mais reprend vie avec ce disque qui se veut « un portrait musical de la première Royal Academy of Music, lieu d’ébullition musicale et de fourmillement créatif ».
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C’est donc sans grande surprise que l’écoute s’ouvre par un air de Haendel, « Rompo i lacci » de Flavio, re de’ Longobardi, permettant de saisir l’oreille derechef, tout en étant ponctué de moments plus doux, et donnant la mesure des capacités d’Eva Zaïcik et du Consort. L’énergie est nette, sans accroc, franche, de même que les coups d’archets ou les doigtés du clavecin de Justin Taylor. On est ensuite apaisé par les mots « come o Dio ! Viver potro », qui nous enveloppe, avant que la flèche d’un rythme plus soutenu ne soit à nouveau décoché. On est donc happé, et c’est sans effort que l’on se laisse guider par le programme du disque qui se poursuit par « Sagri numi », extrait de Caio Marzio Coriolano (Ariosti), grand moment d’émotion, poignant, somptueux, qui laisse entendre le talent de la mezzo-soprano dans un registre plus profond, y compris vocalement. Alceste et son « Gelosia spietata Aletto » viennent nous extraire de cette paisible parenthèse avec fracas, et nous embarque dans la longue suite d’airs d’Haendel. Indubitablement, en écoutant Eva Zaïcik, nous avons l’impression de la voir devant nos yeux interpréter ces airs, tandis que les musiciens apparaissent lentement autour d’elle lors des passages instrumentaux. La force de l’interprète transparaît à travers l’enregistrement, et rend physique _ oui _ ce qui ne l’est pas. Sa voix, parfaitement maîtrisée, sert la musique, portée par les tout aussi talentueux musiciens de l’ensemble _ oui : eux aussi, avec elle, sont excellents. La diction, de même que la force de projection, sont merveilleusement dominées _ oui _ et ne connaissent aucune lacune _ en effet. Les coups d’archet _ de Théotime Langlois de Swarte et Mathilde de Bardonnèche _ de « Deggio morire » fendent le cœur, avant que ne s’y engouffre avec chaleur la voix veloutée de la chanteuse. Déchirant, et à la fois tellement beau, c’est tout juste si l’on ne prend pas plaisir à souffrir ici.
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L’on pourrait en vérité s’arrêter sur chacun des airs proposés tant ils deviennent ici _ oui _ presque une œuvre à part entière, nous marquant chacun à sa manière _ singulière, oui _ et laissant découvrir à chaque note les talents de chacun. On retrouvera d’ailleurs Ariosti avec « E’pur il gran piacer » (Caio Marzio Coriolano), avec quelques montées virevoltantes qui nous ferons décoller, ainsi que Bononcini, lui aussi enregistré en première mondiale avec le très court « Strazio, scempio, furia e morte » (Crispo), colérique, furieux, contrebalancé juste après par « Ombra cara », poignant au point que les mots viendraient à manquer pour le décrire. Un retour à l’ombre qui appuie sur l’âme comme le fait rarement une « simple » écoute. Heureusement, c’est une touche plus gaie qui clôt l’enregistrement, avec « Agitato da fière tempesta » : « Secoué par de rudes tempêtes, Si le marin retrouve l’étoile qui le guide Il continue sa route, heureux et rassuré ». Une belle manière de nous ramener à bon port après les tempêtes de l’âme que nous venons de traverser…
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Ainsi, de même que pour Venez chère ombre, le programme est fort bien construit _ oui _ dans une belle alternance de rythmes et de couleurs _ oui _, dressant un tableau que l’on se refuse à quitter des yeux. L’écoute touche le cœur avec une présence et une vivacité étonnantes _ c’est très juste _, rendant l’écoute _ elle-même _ étonnamment vivante _ oui _, bien plus que l’on pourrait s’y attendre. Une fois encore, Le Consort (avec Justin Taylor) ainsi qu’Eva Zaïcik tombent justes, une justesse à la précision chirurgicale qui force l’admiration _ enthousiaste : absolument. Quant au livret qui accompagne le tout, il permet de se replonger dans ce projet haendélien tout en savourant les paroles, parfois inconnues, de ces textes portés avec superbe.
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Un nouveau disque dont on aurait tort de se priver, en espérant vite pouvoir le (re)découvrir porté sur scène….
L’association des meilleurs interprètes de la jeune génération baroque autour d’Eva Zaïcik revisite les airs d’opéra italien pour notre plus grand plaisir.
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La vie musicale londonienne des années 1720 est entièrement vouée à l’Italie, et le grand ordonnateur en est Georg Friedrich Haendel, très influencé par ses années romaines _ et italiennes, plus largement. Nommé à la tête de l’Académie Royale de Musique, il fait venir à Londres les meilleurs chanteurs italiens. La concurrence est rude avec les compositeurs ultramontains que la mode des opéras attire _ eux aussi _ dans la capitale anglaise _ oui. Le présent enregistrement propose, en première mondiale, trois airs empruntés à des opéras d’Ariosti et de Bononcini, au milieu d’un grand choix d’airs de Haendel. Extrait du Coriolano d’Ariosti, l’air Sagri numiest un grand moment d’émotion _ oui. Cependant, c’est Haendel qui remporte le match de la postérité en puisant son inspiration dans les influences croisées _ en effet _ des styles italiens, allemands et français. La décennie de la première Académie Royale marque l’apogée de la carrière du « cher Saxon » _ mais la seconde décennie n’est pas mal non plus !
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Après un enregistrement très remarqué _ oui _ des cantates françaises chez le même label Alpha (« Venez chère ombre »), Le Consort poursuit sa collaboration avec la jeune mezzo-soprano Eva Zaïcik. Personnalité montante du paysage vocal français _ oui _, celle qui fut en 2018 « Révélation artiste lyrique » aux Victoires de la musique, et deuxième prix du Concours Reine Élisabeth, fait preuve ici d’une belle maîtrise _ en effet _ de son art. L’intensité émotionnelle _ oui _ de sa voix est particulièrement remarquable et, à travers l’enregistrement, il nous semble entendre sa présence scénique _ tout à fait ! Les émotions du texte nous vont droit au cœur _ oui _, véhiculées par une voix chatoyante au registre profond _ oui _, douée d’une belle projection et d’une diction parfaite _ oui ! Dans ce programme très bien construit _ en effet _, les moments de bravoure alternent _ oui _ avec les airs plus fervents, parfois introduits par un récitatif bienvenu _ et tout cela sans jamais rien forcer…
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Il faut dire que l’orchestre, emmené par le premier violon _ très talentueux _ de Théotime Langlois de Swarte, est somptueux _ c‘est très juste _ ; tantôt véhément, tantôt implorant, toujours parfait dans l’alternance des affects _ absolument. Dans l’air Deggio morireextrait deSiroe, après une introduction instrumentale implacable et un récitatif poignant, la voix dialogue _ idéalement _ avec les plaintes déchirantes du violon. Le sommet de l’émotion est atteint dans l’air Stille amaredu Tolomeo où, après les chromatismes douloureux du récitatif, les violons donnent à entendre les gouttes amères dont parle le texte, qui tombent en une pluie de notes suspendues _ voilà…
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A l’écoute de ce récital, on rêve de voir bientôt Eva Zaïcik sur les scènes d’opéras dans ce répertoire qui lui va si bien.
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Airs de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Attilio Ariosti (1666-1729), Giovanni Bononcini (1670-1747).
Eva Zaïcik, mezzo-soprano ;
Ensemble Le Consort : Théotime Langlois de Swarte, violon ; Sophie de Bardonnèche, violon ; Louise Ayrton, violon ; Clément Batrel-Genin, alto ; Hanna Salzenstein, violoncelle ; Hugo Abraham, contrebasse ; Louise Pierrard, basse de viole ; Gabriel Pidoux, hautbois ; Evolène Kiener, basson ; Damien Pouvrau, théorbe ; Justin Taylor, clavecin.
1 CD Alpha.
Enregistré au temple du Saint-Esprit de Paris en juin 2020.
Textes de présentation en français, anglais et allemand.
Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Airs de Flavio, re de’ Longobardi ; Admeto, re di Tessaglia ; Siroe, re di Persia ; Tolomeo, re d’Egitto ; Floridante ; Giulio Cesare in Egitto ; Ottone, re di Germani ; Radamisto et Riccardo primo, re d’Inghilterra.
Attilio Ariosti I (1666-1729) : Airs de Caio Marzio Coroliano.
Giovanni Bononcini (1670-1747) : Air de Crispo.
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Eva Zaïcik, mezzo-soprano ; Le Consort. 2020.
Notice en français, en anglais et en allemand.
Texte des airs avec traduction en français et en anglais.
64.59.
Alpha 662.
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Le titre de ce CD « Royal Handel » adopte la forme anglicisée du patronyme du compositeur, le texte de la notice utilisant de son côté la forme allemande originale. C’est cette dernière que nous choisirons pour la présente recension, même si le contenu du présent CD est bien situé dans la période anglaise qui a vu Haendel être nommé directeur musical de l’Académie Royale londonienne, créée en 1719. Après avoir séjourné quatre ans en Italie _ voilà _, période pendant laquelle il s’est nourri des œuvres des créateurs de Rome, Venise, Naples ou Florence _ oui _, et après les deux ans passés à Hanovre _ oui _, Haendel s’est installé solidement en Angleterre _ voilà. La langue italienne est en vigueur à l’Académie, et des concurrents sérieux, comme le Bolonais Ariosti ou Bononcini, originaire de Modène, tous deux _ aussi _ instrumentistes de premier plan, vont aussi être présents. Haendel finira par assurer sa prédominance, en imposant, comme le dit la notice, les influences croisées entre l’Italie, l’Allemagne, la France et l’Angleterre, mais aussi en créant des chefs-d’œuvre comme Giulio Cesare in Egitto, Ottone ou encore Radamisto. L’abondance des productions de cette première Académie, qui se clôture en 1728, marquée par la présence de voix de haut rang que Haendel recrute, notamment en Italie, est éloquente : la notice signale 34 opéras et plus de 460 représentations au cours de neuf années _ en effet ! Haendel déploie une énergie généreuse phénoménale… Le présent CD est le reflet de l’activité incessante de cette première Académie Royale, ainsi que de l’une des voix favorites de Haendel, Margherita Durastanti, qui a été la première interprète de plusieurs airs ici proposés _ en effet.
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Depuis son brillant deuxième prix au Concours Reine Elisabeth de chant en 2018, la mezzo-soprano française Eva Zaïcik (°1987) n’a cessé de faire la démonstration d’un remarquable talent _ oui _, qui s’est révélé dans des répertoires variés : Monteverdi, Purcell, Lully, Haydn, Mozart, Tchaikovsky, Dukas, Betsy Jolas… Pour le même label _ Alpha _, un CD intitulé « Venez chère ombre », enregistré en juin 2018 (Alpha 439), avait démontré ses affinités baroques _ oui _, déjà avec le Consort _ oui _, dans un récital français, où l’on savourait entre autres Pignolet de Montéclair et Clérambault. Eva Zaïcik retrouve le Consort pour un autre récital complice et très épanoui _ en effet _, au cours duquel cet ensemble créé par le claveciniste Julien Taylor, qui fait partie de la présente aventure, brille de mille feux dans des alternances de subtile virtuosité et de finesse émotionnelle _ absolument.
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Voilà le maître mot : « émotion », pour ce programme bien élaboré _ oui, vraiment _ dont l’affiche est ornée par neuf airs tirés de partitions de Haendel entre 1720 et 1728, deux airs d’Ariosti et un air de Bononcini, les extraits d’œuvres de ces deux derniers compositeurs étant des premières mondiales au disque. Commençons par elles. D’Ariosti et de son Caio Marzio Coroliano de 1723, dont la notice dit qu’il vole presque la vedette à Haendel cette année-là, on entend un sublime Sagri numi, dans lequel Vetturia implore les dieux de défendre son fils innocent. Eva Zaïcik y déploie toute une gamme de sentiments charismatiques, qui seront caractéristiques de toute sa prestation. De Bononcini, le très bref air (1.48) Strazio, scempio, furia e morte, tiré de Crispo (1722), évoque avec beaucoup de noblesse _ oui _ le tourment et la colère d’un cœur meurtri. La voix d’Eva Zaïcik, à la projection bien contrôlée, dans un registre chaleureux et profond _ oui _, capable de sonorités soyeuses _ oui _ et doucement colorées _ tout cela est très juste _, se prête à merveille à ces expressions où la ferveur _ oui _ s’unit à la qualité _ finement juste _ de l’accentuation.
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Ces agréments qui réchauffent le cœur sont mis en valeur tout au long des airs tirés des pages de Haendel, univers dont Eva Zaïcik a une belle compréhension _ oui _ et une indiscutable maîtrise _ oui. Sa capacité à ressentir les sensibilités des divers rôles, qu’il s’agisse de l’amour sans lequel on ne peut vivre et de ses liens rompus dans Flavio, qui ouvre superbement le récital, de la jalousie d’Alceste dans Admeto, des « gouttes amères » du chagrin de Tolomeo au bord de la mort, de l’invocation à l’aimé d’Elmira dans Floridante ou de la fureur de Sextus dans Giulio Cesare in Egitto, la cantatrice est toujours à l’aise pour traduire avec une impeccable hauteur souveraine _ oui _ les aspects les plus touchants et les plus éloquents _ oui, jamais artificiellement _ de ce magnifique panorama _ d’affects _ qui donne de la première Académie londonienne un paysage terriblement convaincant _ mais oui. L’enregistrement de cet ensemble de petits bijoux a été effectué à Paris en juin 2020 au Temple du Saint Esprit. Celui-ci a bien soufflé _ en effet _ en ces moments de grâce _ voilà…
pendant que je poursuis mes recherches attentives sur la liste des diverses maisons de Ciboure, telle qu’elle apparaît, exemplairement, dans le très remarquable « Ciboure, 400 ans d’histoire« , de Guy Lalanne (aux Éditions Jakintza, paru au mois de mai 2016), aux pages 111 à 126,
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j’écoute (et regarde), au défilé du film d’une durée de 64′, le superbe film-documentaire, commenté par Alexis Kossenko, en même temps qu’il dirige la troupe musicienne de ses Ambassadeurs,
consacré aux musiques « Per l’orchestra di Dresda« , au XVIIIe siècle…
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Ces sublimes pièces données ici
forment un superbe florilège musical de ce qui participe du meilleur (et plus jouissif) répertoire musical baroque ;
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tout particulièrement les œuvres d’une profonde et formidablement intense jubilation du sublimissime Jan-Dismas Zelenka…
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Ce samedi 20 novembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa
Vif et profond plaisir de découvrir, ce jour, sur Arte, la vidéo de l’interprétation, à Görlitz _ voilà ! au stalag même où l’oeuvre a été composée, en 1941, par Olivier Messiaen… _, du bouleversant Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen,
par Pierre-Laurent Aimard _ piano _, Jean-Guihen Queyras _ violoncelle _, Isabelle Faust _ violon _ et Jörg Widmann _ clarinette…
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Cf aussi, de ce monument,
le CD _ Sony 88985363102 _ de l’interprétation de Lucas Debargue _ piano _, Thorleif Thedéen _ violoncelle _, Janine Jansen _ violon _, et Martin Fröst _ clarinette…
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Ce dimanche 4 juillet 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa
Voici le troisième coffret de trois CD consacrés à une intégrale en cours de l’œuvre pour clavier de Johann Sebastian Bach. Cette fois-ci, le fil conducteur en est la France. Benjamin Alard, aux claviers de l’orgue historique alsacien de Marmoutier et sur deux clavecins de style français et allemand, met judicieusement en valeur de nombreuses influences que Bach sut cultiver dès son adolescence.
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À la suite de deux premiers coffrets, sur le thème des premières influences du jeune Bach et du voyage vers le nord, le présent volet propose les inspirations du compositeur pour le style français, alors très en vogue dans l’Europe musicale. Le premier CD intitulé À la françaiseest enregistré sur le célèbre clavecin du château d’Assas, anonyme français du début du XVIIIᵉ siècle. Benjamin Alard propose sur ces claviers historiques plusieurs suites de danses dans le style français. Allemande, courante, sarabande et gigue en constituent l’ossature que Bach agrémente de mouvements supplémentaires (Ouverture ou Prélude, Menuet, Bourrée…) en guise de galanteries. Le clavecin porte magnifiquement cette musique par ses sonorités graves et déliées _ et relativement sobres : à la française… Nous sommes là très proches de ce que les Français eux-mêmes _ oui _ composaient dans leurs suites _ depuis Louis Couperin et Chambonnières… Pour s’en convaincre et comme lors des précédents albums, Benjamin Alard introduit _ aussi _ des invités témoins d’un monde musical alors pratiqué par tous : l’Allemand Johann Caspar Ferdinand Fischer _ un des premiers lullystes de par l’Europe de Louis XIV… _ et François Couperin _ oui. Ces rapprochements sont évidemment troublants et magnifiquement révélés par le jeu savant et ductile _ d’une naturelle souplesse et magnifique évidence _ de l’interprète.
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Le deuxième CD est enregistré sur l’orgue historique de Marmoutier (Bas-Rhin) construit en 1710 par André Silbermann. Cet instrument est l’un des plus beaux d’Alsace, en majeure partie conservé dans son état original, récemment restauré par Quentin Blumenroeder, ce qui en fait un témoin très précieux pour l’interprétation de la musique liée à cette période. Le style même de cet orgue présentant un équilibre sonore à la croisée _ voilà _ des influences françaises et germaniques, est tout indiqué pour les œuvres où Bach a développé ce penchant, par ses découvertes en particulier auprès de Georg Böhm à Lüneburg. Ce dernier en effet avait été initié à ce style particulier notamment par ses fréquentations à la cour _ éminemment francophile _ de Celle. Il adoptait l’ornementation française, et la structure de l’ouverture (grave-fugato), entre autres, ce que Bach avait retenu pour diverses pièces disséminées dans toute son œuvre. L’enregistrement à Marmoutier offre des pièces sous un éclairage différent, notamment au niveau des registrations qui peuvent paraître inhabituelles, mais choisies en toute logique de style. On entend ici la Pièce d’orgue BWV 572 dans une registration sur les anches. Cette famille de jeux, fondamentale dans la facture française, se révèle ici puissamment polyphonique, davantage que le plein-jeu plus adapté à un discours de type harmonique. André Raison composa un petit trio dont la basse servit de modèle au thème de la Passacaille en Ut mineur BWV 582. Le mélange des sonorités est une nouvelle fois différent de ce qui serait envisageable sur un orgue allemand de la même époque, et apporte alors un éclairage proche des pièces rutilantes _ oui _ des livres d’orgue français. À ce propos on se souvient que Bach recopia intégralement le _ somptueux _ livre de Nicolas de Grigny _ voilà. Benjamin Alard nous le rappelle ici avec le dernier verset de l’hymne Pange Linguaqui n’est autre qu’un sublime récit en taille suivant pas à pas _ à la française _ le texte du verset : une musique supérieure et émouvante, à l’égal de celle de Bach. Des chorals complètent le programme ainsi qu’un Trio extrait des Nationsde Couperin, transcrit par Bach lui-même pour l’orgue. Les équilibres sonores de l’orgue sont très bien maîtrisés par l’interprète, en particulier les jeux de pédale.
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Le troisième CD revient au clavecin, sur un autre modèle construit _ à Barbaste _ par Philippe Humeau en 1989, d’après un original allemand de 1720. Ce choix permet, en opposition avec le clavecin français d’Assas, d’écouter autrement _ oui _ l’approche de ces suites de danses pensées par Bach, françaises ici, mais sur un clavecin de type allemand, plus charnu _ voilà. On retrouve avec plaisir deux Suites anglaises BWV 807 et 809. Le titre est trompeur, leur structure restant résolument française _ on connaît l’histoire compliquée de ce titre. Une troisième suite BWV 996 écrite au départ pour le luth complète ces exemples où Bach a pu développer ses attirances pour ces danses si proches de l’âme humaine _ en toute la gamme de ses émotions. C’est un cadre que Bach sut conserver _ en effet _ pour d’autres cycles d’œuvres : les _ sublimes _ Partitas, les Suites françaises…
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Les subtilités _ sans le moindre maniérisme : à la française… _ du toucher de Benjamin Alard aux claviers, tant à l’orgue qu’au clavecin, concourent au ravissement _ absolument ! _ de ce nouveau volet.
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Le talent d’évidence dansée de l’interprétation de Benjamin Alard est une fête !!!
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Ce mardi 13 octobre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa