Archives du mois de juin 2024

Le délicieux moment de charme pur d’Erich Wolfgang Korngold, dans le CD « Love Music » des magnifiques Yeol Eum Son et Svetlin Roussev…

20juin

C’est le double vif intérêt que je porte et au compositeur Erich-Wolgang Korngold (Brünn, 29 mai 1897 – Hollywood, 29 novembre 1957)  _ ma discothèque personnelle compte à ce jout 27 CDs Korngold ; et cf mes articles « « , «  « , « « , « « , des 23 février 2020, 8 juin 2020, 13 août 2022, 14 août 2022, par exemple _ et au violoniste Svetlin Roussev ( Ruse-Bulgarie, 5 avril 1976) _ je l’ai découvert (et beaucoup apprécié !) récemment, à l’écoute du passionnant CD « Ravel à Gaveau«  ; cf mon article du 7 juin dernier « «  _, ajouté à la publication hier mercredi 19 juin sur son site Discophilia de l’article de Jean-Charles Hoffelé intitulé « Wien nur du allein« , qui m’a fait d’abord découvrir, ensuite chercher à me procurer, le CD Naïve v 8122 « Love Music » de la pianiste Yeol Eum Son et du violoniste Svetlin Roussev _ un CD enregistré à Hanovre du 13 au 15 avril 2022…

Écoutez par exemple ceci (d’une durée de 7′ 01).

Ou cela (d’une durée de 5′ 14).

WIEN NUR DU ALLEIN

Bonne pioche : Svetlin Roussev dégotta un jour une copie manuscrite d’une œuvre inédite de Franz Waxman. Cette fois, le compositeur d’Hollywood n’avait pas jeté son dévolu sur Carmen, mais sur Tristan et Isolde. Si Jascha Heifetz avait vu la partition, il l’aurait faite sienne comme la Fantaisie sur « Carmen ». Le charme fou _ oui ! _ qu’infuse Waxman à l’érotisme de Wagner _ oui ! _ est l’amorce d’un _ bien _ beau programme où l’archet savoureux de Svetlin Roussev fait une halte à Vienne _ voilà ! _, dans l’accompagnement si musical, si inventif de Yeol Eum Son dont j’avais tant goûté les Sonates de Mozart (voir ici).

C’est merveille pour les trois Alt-Wiener Tanzweisen de Kreisler, où il infuse plus de nostalgie que d’autres, préférant chanter (et même murmurer) plutôt que briller _ oui _, merveille toujours _ et surtout, pour ma part… _ pour les Korngold, Lied de Marietta _ de « Die Tote Stadt » _ tenu, gourmé, si senti, pièces tirées de Beaucoup de bruit pour rien délicieusement descriptives, assaisonnées d’une pincée d’ironie _ en effet _, si bien vues (et quel mariage archet-clavier !).

……

Puis soudain le feu, l’élan, l’appassionato absolu avec une lecture transcendante de la Sonate de Strauss, son grand opus de jeunesse, pas entendu aussi détaillé et aussi emporté à la fois, si chanté, depuis la gravure de Wolfgang Schneiderhahn. Coda à la limite du silence où l’archet semble dire les mots de Träume _ de Wagner _, finement transcrits par Leopold Auer.

Disque précieux _ absolument délicieux ! _ d’un violoniste trop rare _ mais oui ! _ qui a trouvé sa partenaire.

LE DISQUE DU JOUR

Love Music

Franz Waxman (1906-1967)


Tristan and Isolde: Love Music


Erich Wolfgang Korngold(1897-1957)


Mariettas Lied zur Laute (extrait de « Die tote Stadt »)
4 Pièces pour « Much Ado About Nothing » de Shakespeare


Fritz Kreisler (1875-1962)


Alt-Wiener Tanzweisen (No. 1. Liebesfreud – No. 2. Liebesleid –
No. 3. Schön Rosmarin)


Richard Strauss (1864-1949)


Sonate pour violon et piano en mi bémol majeur, Op. 18, TrV 151


Richard Wagner (1813-1883)


Träume (No. 5, extrait des « Wesendonck-Lieder » ; version pour violon et piano : Leopold Auer)

Svetlin Roussev, violon
Yeol Eum Son, piano

Un album du label naïve V8122

Photo à la une : la pianiste Yeol Eum Son et le violoniste Svetlin Roussev – Photo : © Young Hun O 

On pourra comparer l’interprétation des 4 pièces de « Much Ado About Nothing« , Suite Op. 11 (de 1918-19), d’Erich-Wolfgang Kornold par Svetlin Roussev et Yeol Eum Son, enregistrées en avril 2022 à Hanovre, aux plages 3 à 6 de ce CD « Love Music » Naïve V 8122, avec celle de Gil Shaham et André Previn, en leur CD Deutsche Grammophon 439886-2 « Barber – Korngold« , enregistrées en juin 1993 à Londres _ écoutez-ici (d’une durée de 5′ 35)… 

Ce CD « Love Music » de Yeol Eum Son et Svetlin Roussev :

un programme de charme pur et une interprétation absolument délicieux…

Ce jeudi 20 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’intéressant rayonnement du creuset musical « Cleveland » au long du XXe siècle : la piste du « Cleveland Quartet »…

19juin

C’est l’enthousiasme qu’a suscité en moi la découverte du travail de Sergei Babayan à partir de mpon écoute enchantée du « fabuleux » CD « Rachmaninoff for two« , avec son disciple lui aussi phénoménal Daniil Trifonov _ cf mon article du 15 juin dernier « «  _, qui m’a incité à me pencher sur ce très riche creuset musical _ et de musiciens d’immense talent… _ qu’a été Cleveland (Ohio) _ cité industrielle des bords du Lac Erié _  au XXe siècle.

En commençant par m’inciter à me procurer, moi qui suis grand amateur de musique de chambre, le passionnant coffret de 23 CDs « Cleveland Quartet – The complete RCA Album Collection » RCA 19439998052, du Cleveland Quartet (1969 – 1995)…

Sur le site de ResMusica, le 17 avril dernier, Jean Claude Hulot avait consacré un article à ce coffret intitulé « La réédition du legs discographique du Cleveland Quartet« , qui avait attiréé mon attention ;

le voici :

La réédition du legs discographique du Cleveland Quartet

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Quatuor majeur de la fin du XXᵉ siècle, le a gravé pour RCA une série de disques de premier plan que Sony nous rend aujourd’hui dans un coffret exhaustif _ dont acte ! _ que dominent deux compositeurs : Beethoven dont l’intégrale des quatuors figure parmi les plus réussies de la discographie et surtout Brahms pour un ensemble (quatuors, quintettes et sextuors) qui témoigne d’une affinité exceptionnelle entre les quatre musiciens.

Fondé en 1969 à Marlboro par quatre musiciens américains réunis ensuite à Cleveland (hormis l’altiste, le quatuor est resté inchangé durant ses années d’activité), le quatuor éponyme fut immédiatement enrôlé dans l’écurie RCA et a laissé pour cette firme une série d’enregistrements regroupés par ordre chronologique _ c’est intéressant _ dans ce volumineux coffret _ de 23 CDs. Il s’ouvre par les trois quatuors de Brahms qui allaient établir la réputation de l’ensemble par leur énergie et leur conception très moderne anticipant sur celle des Berg. Suivirent deux disques Schubert, La jeune fille et la mort d’un dramatisme fiévreux et surtout un superbe Octuor avec l’apport de Jack Brymer (clarinette) et Bary Tuckwell (cor). De Mozart ne reste malheureusement que le bref Adagio et fugue et l’on regrettera toujours que les Cleveland n’aient pas gravé les grands quatuors. En revanche, deux quatuors de Haydn vifs et brillants témoignent de l’excellence de l’ensemble dans le répertoire classique viennois. Seule excursion dans le XXᵉ siècle, le CD suivant nous propose le peu significatif Quatuor n°1 de Barber (avec le célèbre adagio), et le difficile Quatuor n° 2 d’Ives. Une superbe version du _ superbe _  Quintette de Brahms avec clarinette (Richard Stolzman) égale la réussite des trois quatuors. Vient ensuite le début de l’association mémorable avec Emanuel Ax pour un Quintette de Dvořák gorgé de lyrisme et de tendresse _ oui. Les Cleveland se renforcent du Quatuor de Tokyo, autre ensemble poulain de l’écurie RCA pour un Octuor de Mendelssohn vif argent _ une magistrale interprétation, en effet, de ce chef d’œuvre quo personnellement me transporte….

L’intégrale des quatuors de Beethoven, en neuf CD, forme le cœur du coffret ; elle est exceptionnelle non tant par l’opus 18 presque trop opulent que par des Razumovsky proches de la perfection par leur galbe et leur imagination et surtout par l’ensemble des derniers quatuors _ un sommet de toute la musique de chambre, bien sûr ! _ , sommet d’héroïsme, d’émotion dans des mouvements lents bouleversants et de variété d’accents. Au milieu s’intercale un autre joyau de l’album avec les deux sextuors de Brahms renforcés par rien moins que Pinchas Zukerman à l’alto et Bernard Greenhouse (le violoncelliste du Beaux Arts Trio) au  violoncelle.

Après cela il restera au quatuor de Cleveland à graver trois autres disques majeurs pour RCA : le sublime _ sublimissime !Quintette _ à deux violoncelles _ de Schubert avec Yo-Yo Ma, d’une intensité sidérante _ oui !!! _, le Quintette avec piano de Brahms, décidément le compositeur fétiche des Cleveland, et celui de Schumann, tous trois avec Emanuel Ax pour refermer cette discographie d’un quatuor qui allait ensuite se dissoudre de lui-même en 1995 au sommet de son art.

Magistral et un peu frustrant tant on aurait aimé entendre les Cleveland dans un répertoire plus vaste et diversifié ; ne boudons pas notre plaisir néanmoins. Un coffret _ de trésors _ à thésauriser _ tout simplement, voilà.


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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : les dix-sept quatuors à cordes. Johannes Brahms (1833-1897) : les trois quatuors à cordes ; Quintette avec piano ; Quintette avec clarinette ; les deux sextuors à cordes. Robert Schumann (1811-1854) : Quintette avec piano, Quatuor avec piano. Anton Dvorak (1841-1904) : Quintette avec piano. Franz Schubert (1797-1828) ; Quatuor à cordes « la jeune fille et la mort » ; Octuor ; Quintette à deux violoncelles ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : adagio et fugue K546. Joseph Haydn (1750-1810) : Quatuors à cordes « l’alouette », « les quintes ». Samuel Barber (1910-1981) : Quatuor à cordes n°1. Charles Ives (1874-1954) : Quatuor à cordes n°2 ; Scherzo. Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) : Octuor à cordes, deux pièces pour quatuor.

Emmanuel Ax, piano ; Pinchas Zucherman, alto ; Bernard Greenhouse, Yo Yo Ma, violoncelles. Jack Brymer, clarinette. Martin Gatt, basson. Barry Tuckwell, cor. Thomas Martin, contrebasse. Quatuor de Tokyo, Quatuor de Cleveland.

23 CD, Sony. Enregistré entre 1972 et 1986 à New York City, Londres et Rochester.

Notice de présentation en anglais.

Durée : 19h.44:07

Je remarque aussi, et à nouveau sur ce site de ResMusica, mais sous la signature cette fois de Stéphane Friédérich, en date du 4 juin dernier, cet autre article consacré à un ensemble de la cité de Cleveland (Ohio), intitulé « Rodzinsky à Cleveland : une somme musicale de premier ordre » ;

le voici, lui aussi :

Rodzinski à Cleveland : une somme musicale de premier ordre

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Deuxième chef titulaire dans l’histoire de l’Orchestre de Cleveland après Nikolaï Sokoloff, Artur Rodzinski créa véritablement le son de la formation. Au début des années quarante, elle devint l’une des toutes premières phalanges internationales. Les gravures réunies par Sony Classical – archives de Columbia Records – sont d’autant plus précieuses qu’elles paraissent pour la première fois en disque-compact.

« Bâtisseur d’orchestres »… Rodzinski le fut assurément, même si l’on peut regretter que cette qualité estompe, à demi-mots, la réalité d’un musicien qui fut d’abord un remarquable styliste et un visionnaire en termes d’interprétation. En effet, la première caractéristique de sa direction et qui nous saute aux oreilles, c’est la brillance, la clarté _ un critère auquel je suis personnellement très sensible : je déteste la confusion... _ et la compacité des lectures. Mais à la différence d’un Toscanini qui fut son mentor lors de la mise sur pied de l’Orchestre symphonique de la NBC en 1937, Rodzinski construisit ses interprétations avec une liberté tout autre que celle du chef italien. Rodzinki possédait déjà un métier exceptionnel : à la tête de la formation américaine entre 1933 et 1943 (il céda la baguette à Erich Leinsdorf), il avait dirigé auparavant à Varsovie puis à Philadelphie (assistant de Stokowski) et, enfin, à Los Angeles. En peu d’années, la valeur artistique proprement sidérante de l’orchestre qui n’avait plus enregistré depuis la Grande Dépression est révélée. La virtuosité de l’ensemble des pupitres, la précision de la mise en place, la justesse des vents dans les différents solos, qu’il s’agisse de la musique française ou russe, n’ont rien à envier sur le plan technique, aux formations actuelles.

La variété du répertoire et l’intérêt de Rodzinski pour la musique de son temps – à la condition qu’elle se situe dans une veine tonale – ne sont qu’effleurés dans ce coffret. Il faut imaginer que le public de Cleveland entendit pour la première fois la musique de Stravinsky sous sa baguette et qu’il y assura la production de Lady Macbeth de Mtsensk de Chostakovitch en 1935 ! Il grava ainsi le troisième enregistrement de l’histoire de la Symphonie n° 5 du compositeur russe, après celles de Mravinsky avec Léningrad (1938) et Stokowski avec Philadelphie (1939). Cette œuvre et la Symphonie n° 1 captées en 1941 témoignent, sous sa direction, d’une inventivité et d’une énergie superbes : aucune baisse de tension, mais une conception narrative avec des prises de risques assumées comme ces cuivres poussés à la faute dans l’Allegretto de la Symphonie n° 5 (la version de 1954 avec le Royal Philharmonic Orchestra ne possède pas cette flamboyance). Les phrases sont tenues avec une minimum de vibrato et de rubato (à noter que le finale est amputé des mesures 119 à 121 pour qu’il tienne sur une surface d’un 78 tours). En pleine Seconde Guerre mondiale, Artur Rodzinski, chef d’orchestre polonais naturalisé américain en 1933, sait de quoi il parle lorsqu’il simule le combat des forces du bien contre celles du mal _ intéressant. Le répertoire slave qu’appréciait tant Rodzinski est magnifié dans Tchaïkovski et Rimski-Korsakov. La projection sonore est intense, sans aucune dureté et l’Ouverture 1812 qui nécessite, en principe, une restitution acoustique spectaculaire, n’est nullement caricaturée devant les micros de 1941. Le caractère anguleux, exalté et lyrique de Shéhérazade (quelle trompette solo!), de Roméo et Juliette, de la Symphonie n° 5 de Tchaïkovski marquent la discographie naissante des œuvres.

La musique française est tout aussi lumineuse _ comme bien sûr elle doit être ! _ avec une perception rythmique et un jeu sur les couleurs qui feraient croire aux timbres des orchestres français des années trente et quarante. Daphnis et Chloé de Ravel et La Mer de Debussy séduisent quand la Rhapsodie espagnole souffre de distorsions importantes, malgré un chic certain, celui de Malaguena, entre autres. La Symphonie fantastique de Berlioz est portée par un bouillonnement d’énergie et une puissance d’autant plus radicale que la prise de son favorise les suraigus comme les cymbales et les cuivres tonitruants du finale. On songe à Munch, Markevitch et Cluytens _ rien moins…

Cet engagement physique lié à un travail de répétition acharné offre d’autres pages tout aussi passionnantes comme Till Eulenspiegel ou bien une Vie de Héros de Strauss. Rodzinski profite des dissonances de l’écriture dont il accentue les effets et joue au mieux de la profondeur de l’orchestre. Cette efficacité se retrouve tout autant dans le postromantisme de la Symphonie n° 5 de Sibelius. Le chef en souligne les contrastes et même si les dynamiques sont canalisées et les distorsions inévitables dans le finale,  la perfection des cordes et un sens extraordinaire de l’articulation emportent l’adhésion. Voilà une grande version (oubliée) de l’œuvre ! Il en va de même du répertoire classique avec la Symphonie n° 1 de Beethoven dont l’élégance, l’élan et la luminosité sidèrent un demi-siècle avant l’apparition des lectures « historiquement informées » _ et c’est aussi à noter… A noter quelques raretés, du moins considérées comme telles aujourd’hui : un pot-pourri de la comédie Show Boat de Kern, puis les pièces intéressantes, mais guère davantage, de Järnefelt et Weinberger. Enfin, en un disque sont regroupés les concertos pour violon de Schoenberg, Berg et Mendelssohn. On s’interroge sur la présence dans une anthologie dédiées à Rodzinski, de celui de Schoenberg dirigé par Mitropoulos avec New York et Louis Krasner. Une présence d’autant plus étonnante que la pièce parut déjà dans l’intégrale Mitropoulos présentée par Sony Classical. Retenons la lecture enflammée et chantante du _ si beauConcerto de Mendelssohn sous l’archet génial _ oui _ de Milstein. Il s’agit d’une gravure inédite qui mérite d’être entendue ainsi que le _ sublime Concerto de Berg, dans la vision analytique et passionnante de Louis Krasner.

Les gravures de cette édition complètent deux précédents coffrets, l’un du même label consacré aux enregistrements new-yorkais du chef et l’autre, une compilation réalisée par Scribendum. Aucune des deux parutions n’a présenté les précieux témoignages captés à Cleveland. Un coffret qui mérite amplement le label “historique”.

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Artur Rodzinski, The Cleveland Orchestra, The Complete Columbia Album Collection.
Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 1. Alban Berg (1885-1935) : Concerto pour violon “A la mémoire d’un ange”. Hector Berlioz (1803-1869) : Symphonie fantastique. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonies n° 1 et n° 5. Claude Debussy (1862-1918) : La Mer. Arno Järnefelt (1869-1958) : Praeludium pour petit orchestre. Jerome Kern (1885-1945) : Show Boat. Felix Mendelssohn (1809-1847) : Songe d’une nuit d’été, ouverture et musique de scène. Concerto pour violon en mi mineur. Modeste Moussorgski (1839-1881) : Prélude de la Khovanshchina. Maurice Ravel (1875-1937) : Daphnis et Chloé, suite n° 2. Rapsodie espagnole. Alborada del gracioso. Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) : Shéhérazade. Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie n° 5. Finlandia. Arnold Schoenberg (1874-1951) : Concerto pour violon. Richard Strauss (1864-1949) : Till Eulenspiegel. Danse des Sept voiles. Valses du Chevalier à la rose (arr. Rodzinski). Une Vie de héros. Piotr Iliytch Tchaïkovski (1840-1893) : Roméo et Juliette. Ouverture 1812. Marche slave. Symphonie n° 5. Carl Maria von Weber (1786-1826) : Ouverture du Freischütz. Jaromir Weinberger (1896-1967) : Variations et fugue sur un vieux thème anglais.
Louis Krasner, violon, Orchestre philharmonique-symphonique de New York, Dimitri Mitropoulos, direction (Schoenberg, Berg), Nathan Milstein, violon (Mendelssohn), Orchestre de Cleveland, Artur Rodzinki, direction.

1 coffret de 13 CD Sony Classical.

Enregistrements au Severance Hall de Cleveland entre décembre 1939 et février 1942 (décembre 1952 pour Mitropoulos).

Notice de présentation en anglais.

Durée totale : 9h10

Un bien intéressant focus discographique porté sur le rayonnement de ce creuset qu’a pu être, au XXe siècle, la vie musicale à Cleveland, grâce à certains interprètes, chefs comme instrumentistes, au talent un peu singulier… 

Ce mercredi 19 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s.  :

Et comme en confirmation de l’intuition qui vient de donner naissance à cet article-ci,

voici que ce jeudi matin 20 juin je découvre sur le site de Crescendo, sous la plume de Pierre-Jean Tribot, cet article « Béla Bartók d’orchestre à Cleveland« , que voici :

Béla Bartók d’orchestre à Cleveland 

LE 20 JUIN 2024 par Pierre Jean Tribot

Béla Bartók (1881-1945) :

Quatuor à cordes n°3 en do dièse mineur, Sz. 85, BB 93  (arrangement pour orchestre à cordes de  Stanley Konopka) ;

Suite du Mandarin Merveilleux, SZ 73 BB 83.

The Cleveland Orchestra, Franz Welser-Möst. 2024. 34’17’’.

Livret digital en anglais.

1 titre exclusivement digital du Cleveland Orchestra TC

Dans la longue et prestigieuse discographie, le légendaire _ voilà ! _ Cleveland Orchestra n’avait pas encore enregistré la Suite du Mandarin Merveilleux de Béla Bartók  alors que les œuvres du Hongrois sont l’ADN de son répertoire _ en effet _ avec les gravures du Concerto pour orchestre avec George Szell (Sony) et Christoph von Dohnányi (Decca). Du côté de son directeur musical Franz Welser-Möst, ce dernier avait déjà gravé une lecture assez oubliable de l’intégrale du ballet lors de ses années controversées avec le London Philharmonic Orchestra (EMI). Le chef autrichien impose ici une lecture creusée et plutôt lente qui base sa narration sur les dynamiques et la qualité vertigineuse des pupitres de son orchestre _ voilà. Le chef peut jouer de l’orchestre sans limites soignant les moindres nuances ou créant des déflagrations dans les tuttis. On peut préférer des lectures plus orchestralement radicales comme celles de Sir Georg Solti (Decca), mais on tient ici un modèle interprétatif avec un orchestre phénoménal _ sic.

Il y a une curieuse mode actuelle qui multiplie les arrangements de quatuor ou de quintette pour des orchestres… Dans le cas présent  Stanley Konopka, l’un des altistes chefs de pupitres du Cleveland Orchestra qui a arrangé le Quatuor n°3 pour orchestre à cordes. Le communiqué de presse nous apprend qu’il mûrissait ce projet depuis près de 20 ans avant d’être encouragé par Franz Welser-Möst. Il faut un petit temps pour s’habituer à la masse des cordes au lieu des quatre instruments classiques, mais cette version rend justice à ‘inventivité harmonique et rythmique _ voilà _ de Béla Bartók. Mais le plus fascinant est la qualité magistrale des cordes dont la plasticité et l’homogénéité sont vertigineuses.  Franz Welser-Möst dirige avec attention, respectant l’esprit chambriste et les mouvements de dialogues entre les pupitres, c’est une leçon d’orchestre _ CQFD.

Dès lors, un titre exclusivement digital _ hélas _ qui nous rappelle _ oui, oui… _ le niveau technique stratosphérique _ voilà _ de cet immense orchestre, dirigé avec soin par Franz Welser-Möst.

Son : 10 – Livret : 9 – Répertoire : 9 / 10 – Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot

Christian Poltéra parfait cette fois encore dans le violoncelle grave et chantant de Prokofiev : probité, justesse, engagement, poésie…

18juin

Christian Poltéra (Zurich, 1977) est un musicien que j’apprécie tout particulièrement pour l’intégrité, la justesse, la musicalité et la poésie profonde et sans affectation, ainsi que l’engagement, de ses interprétations ;

et dont je suis fidèlement avec très grand plaisir, chaque fois, les puissantes prestations discographiques, pour le label BIS _ en de très belles prises de son, aussi…

Et une fois de plus il me comble au disque,

cette fois, dans la belle œuvre pour violoncelle _ tardive dans le catalogue du compositeur... _ de Serge Prokofiev,

en son CD « Poltéra plays Prokofiev« , le CD Bis-2617 SACD _ enregistré les 12 et 13 mars 2021 à Lahti, en Finlande, pour le « Symphony-Concerto Op. 125 pour Violoncelle et Orchestre » _ écoutez ici _ ; et les 26, 27 et 28 mai 2023 à Neumarkt in der Oberpfalz, en Allemagne, pour la « Sonate pour violoncelle seul Op. 134«  _ écoutez ici  _ et la « Sonate en Do majeur pour Violoncelle et Piano Op. 119 » _ écoutez ici _, avec le Lahti Symphony Orchestra placé sous la direction d’Anja Bihlmaier, et le piano de Juho Pohjonen…

Un modèle de musicalité, grave et chantante…

Ce mardi 18 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Comparer quelques interprétations, au disque, des Suites n°1 et n°2 pour deux pianos de Sergei Rachmaninov : Babayan et Trifonov en 2024, Ashkenazy et Previn en 1975, Vronsky et Babin en 1934, Ginzburg et Goldenweiser en 1948…

17juin

Pour résumer et compléter mon article enthousiaste d’avant-hier 15 juin « « ,

je désire proposer ici une comparaison à l’oreille et au goût de quelques interprétations au disque des Suites n°1 Op. 5, et n°2 Op. 17 pour deux pianos, de Sergei Rachmaninov.

Pour la Suite n°1, Op. 5 :

le podcast de l’interprétation superlative de Sergei Babayan et Daniil Trifonov, en leur CD « Rachmaninoff for two« , de la sublimissime « Barcarolle »  (d’une durée de 8′ 29) ;

_ puis celui de l’interprétation ici de cette même « Barcarolle » par Grigory Ginzburg et Alexandre Goldenweiser, en un enregistrement de 1948 (d’une durée de 7′ 27) ;

_ et encore celui de l’interprétation de cette « Barcarolle » ici par Vladimir Ashkénazy et André Previn, en 1975 (d’une durée de 7′ 39).

_ et puis le podcast du second mouvement, « La nuit… l’amour« , en le CD de Babayan et Trifonov (d’une durée de 5′ 59) ;

_ et le podcast de ce même second mouvement par Ashkenazy et Previn (d’une durée de 6′ 20).

Puis pour la Suite n°2, Op 17 :

_ les podcasts de l’interprétation de Babayan et Trifonov de l’Introduction (3′ 28), de la Valse (5′ 48), de la Romance (7′ 10) et de la Tarantelle (5′ 23) ;

_ puis le podcast de l’interprétation de Vronsky et Babin, en un enregistrement du 22 janvier 1934 (d’une durée totale de 19′ 24) ;

_ et le podcast de l’interprétation, en 1975, d’Ashkenazy et Previn (d’une durée totale de 23′ 08)…

Voilà.

À vous de vous faire ainsi, à l’oreille et au goût, votre opinion…

Ce lundi 17 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découverte de la touchante « Rusalka » d’Antonin Dvorak, par le DVD de la production du Teatro Real de Madrid, sous la direction d’Ivor Bolton, en novembre 2020…

16juin

Ce dimanche de Fête des Pères,

j’ai découvert _ car je l’ignorais jusqu’ici… _ l’opéra « Rusalka » d’Antonin Dvorak (créé à Prague le 31 mars 1901), grâce au DVD Unitel (et Nicolas Bartholomée) de la production du Teatro Real de Madrid, en novembre 2020, sous la direction du chef Ivor Bolton, avec la Rusalka d’Asmik Grigorian et le Prince d’Eric Cutler _ cf ici un article de réception de ce DVD par Pierre Degott, sur le site de ResMusica, en date du 26 février 2022 : « Rusalka transposée dans le monde du théâtre et de la danse«  _,

que m’ont offert ma fille Marianne et mon gendre Sébastien…

Rusalka transposée dans le monde du théâtre et de la danse

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Intéressante relecture du mythe de la Petite Sirène. Dans un spectacle habile et globalement cohérent, la soprano se détache d’une distribution de haute tenue.

Le présent Blu-ray est le reflet des représentations de l’opéra de Dvořák données à Madrid en novembre 2020, au moment où le deuxième confinement avait mis un terme, presque partout en Europe, à la programmation de nombreux spectacles lyriques. La mise en scène de fait partie de ces nombreuses lectures destinées à révéler les sens cachés _ voilà _ qui, selon les spécialistes des contes de fée _ tel Bruno Bettelheim _, se dissimulent dans les multiples plis du texte. Oublions donc les lac, dryades, clair de lune et château princier des mises en scène traditionnelles, remplacés ici par une explicitation des nombreux désirs et substrats psychanalytiques _ voilà : Eros et Thanatos… _ qui parcourent le livret.

Le parti pris proposé par cette production consiste ainsi à situer l’action dans le monde de l’art et du ballet. C’est donc le foyer ou le hall d’entrée d’un théâtre XIXᵉ siècle que représente l’imposant dispositif scénique de Johannes Leiacker, dont l’environnement aquatique original est à peine suggéré par des statues de sirènes ornant quelques colonnes. Il est plus difficile d’interpréter les importantes coulées de lave qui s’échappent de l’extérieur de la salle. Cristallisations des non-dits de l’histoire ? Marques informes des désirs inconscients _ et pulsions érotiques _ des différents personnages ? Quoi qu’il en soit, le théâtre est clairement vu comme la métaphore des difficultés de communication entre deux mondes qui s’opposent tout en coexistant, le monde du réel occupé par les humains « normaux » (le Prince, la Princesse étrangère, le Garde-forestier, le Marmiton …), et le monde du rêve, du fantasme et de l’art, celui qu’habite, tout particulièrement, le personnage éminemment « féérique » de Rusalka _ oui. Cet univers mystérieux est parcouru par des figures énigmatiques liées à l’univers des arts du spectacle (Pagliaccio, Charlot). Dans un tel contexte, le Roi des Eaux Vodník est vu comme un directeur de théâtre tyrannique et presque malfaisant (relation incestueuse avec sa fille ?) tandis que la sorcière Ježibaba, avec qui il est apparemment marié, engrange les recettes du théâtre _ derrière son guichet. Rusalka est montrée comme une jeune femme infirme munie de béquilles laquelle ne songe, pour être distinguée _ et aimée _ du Prince, qu’à danser aussi bien que ses trois sœurs et les autres nymphes qui parcourent la scène. Le concept est plutôt séduisant et l’on ne saurait remettre en cause la cohérence de la proposition, même si certaines outrances scéniques – la chorégraphie _ violemment désinhibée, hard et quasi trash : nous sommes loin de l’état du monde de Dvorak en 1901… _  à la fin du deuxième acte – pourraient parfois compromettre la clarté du discours. En tout cas, le parti pris est globalement convaincant et certainement préférable aux mises en scène « premier degré » qui continuent à être affichées dans certains théâtres.

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La distribution réunie sur le plateau du Teatro Real est très nettement dominée par la formidable présence _ très émouvante, en effet, en sa sobriété et son partiel mutisme… _de la soprano . Sans être intrinsèquement belle ou soyeuse, sa voix est puissante et expressive et se joue des difficultés vocales du rôle. Scéniquement, elle incarne à la perfection toutes les aspirations et frustrations _ voilà _ de ce personnage simple qui, finalement, ne demande qu’à être aimé. Scéniquement, elle parvient également à faire illusion en tant que danseuse, notamment par son aisance avec les pointes. N’allez pas chercher un énième degré dans les béquilles arborées par le ténor . Elles ont été nécessaires à l’artiste, victime d’un accident lors des répétitions _ ah ! bon... On n’en appréciera pas moins le chant franc et direct du jeune chanteur, peu nuancé certes, mais toujours ardent et vaillant. Beau chant également du côté du Vodník de la basse , artiste plus jeune que les figures paternelles que l’on voit d’habitude dans ce rôle. Faut-il voir un lien _ je me le suis aussi demandé… _ dans la blondeur de Ježibaba et celle de la Princesse étrangère ? Ainsi que dans le choix de sopranos dramatiques pour incarner ces deux personnages, qui seraient chacune la rivale de Rusalka dans ses deux mondes parallèles ? Contentons-nous de saluer l’extraordinaire performance vocale et scénique de et de , la fulgurance de la deuxième, en vamp sur-vitaminée, comptant parmi les grands moments _ théâtraux, au moins… _ de ce spectacle. Tous les autres interprètes parviennent à proposer un portrait convaincant de leur personnage, parfaitement inséré dans la conception globale du spectacle. On aura presque gardé pour la bonne bouche l’excellence de la réalisation musicale _ oui _ proposée par le chef d’orchestre , qui sait rendre justice à la fois à la composante folklorique de la partition de Dvořák et aux déferlements quasi wagnériens _ parfois, en effet _ de l’écriture orchestrale. L’enivrement musical issu de la fosse est en tout cas parfaitement en phase avec la fébrilité scénique affichée sur le plateau, même si l’on ne peut s’empêcher de trouver encore davantage de maîtrise du côté musical.

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Antonín Dvořák (1841-1904) : Rusalka, conte lyrique en trois actes sur un livret de Jaroslav Kvapil.

Mise en scène : Christof Loy. Décors : Johannes Leiacker. Costumes : Ursula Renzenbrink. Lumières : Bernd Purkrabek. Chorégraphie : Klevis Elmazaj.

Avec : Asmik Grigorian, soprano (Rusalka) ; Eric Cutler, ténor (le Prince) ; Maxim Kuzmin-Karavaev, basse (Vodník) ; Katarina Dalayman, mezzo-soprano (Ježibaba) ; Karita Mattila, soprano (la Princesse étrangère) ; Manuel Esteve, baryton (le Garde-forestier) ; Juliette Mars, mezzo-soprano (le Marmiton) ; Julietta Aleksanyan, soprano (le premier Esprit de la forêt) ; Rachel Kelly, mezzo-soprano (le deuxième Esprit de la forêt) ; Alyana Abramova, mezzo-soprano (le troisième Esprit de la forêt) ; Sebastià Peris, baryton (le Chasseur) ; Chœurs du Teatro Real (chef de chœur : Andrés Máspero) ; Orchestre du Teatro Real, direction : Ivor Bolton.

Réalisation : Xavi Bové. 1 Blu-Ray Unitel.

Enregistré sur le vif en novembre 2020 au Teatro Real de Madrid.

Sous-titres : anglais, allemand, français, espagnol italien, japonais, coréen et japonais.

Notice de présentation en anglais, allemand et français.

Durée : 180:00

Une œuvre qui m’avait donc jusqu’ici échappé, et qui, dans sa singularité (de Bohème) _ au moins pour moi _, m’a touché musicalement _ déjà j’apprécie beaucoup Dvorak (Nelahozeves, 28 septembre 1843 – Prague, 1er mai 1904) _,

et que j’ai reliée à l’œuvre si importante d’un autre natif majeur (!) de Bohème-Moravie, et, à une génération près, le contemporain de Dvorak : Sigmund Freud _ Freiberg, 6 mai 1856 – Londres, 23 septembre 1939…

Une musique très touchante, et excellemment interprétée et incarnée avec finesse ici…

Ce dimanche 16 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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