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Un formidablement exaltant « Les Sept Péchés capitaux » de Kurt Weill (et Bertolt Brecht) par une faramineuse Katharine Mehrling en Anna, dans le CD « The Kurt Weill Album » de Joana Mallwitz, pour Deutsche Grammophon…

23sept

C‘est un diaboliquement saisissant « Die Sieben Todsünden » _ créé à Paris au Théâtre des Champs-Elysées le 7 juin 1933 _

de Kurt Weill (Dessau, 2 mars 1900 – New-York 3 avril 1950) et sur un texte de Bertolt Brecht (Augsbourg, 10 février 1898 – Berlin, 14 août 1956),

que vient nous offrir, en un abrasif et formidablement décapant CD Deutsche Grammophon 486 5670 « The Kurt Weill Album« , Joana Mallwitz dirigeant le Konzerthausorchester Berlin _ un enegistrement à Berlin aux mois de Janvier et février 2024 _,

avec, surtout, la très efficacement incisive présence, en Anna, de Katharine Mehrling, accompagnée de Michael Porter, Simon Bode, Micael Naegl et Oliver Zwarg : une équipe de chanteurs absolument idoine pour ce chef d’œuvre enthousiasmant et vénéneux de Kurt Weill…

Écoutez ici ses 7 moments, c’est bouleversant ! :

1 : Prolog  (3′ 24)
2 : Faulheit (4′ 04)
3 : Stolz (4′ 02)
4 : Zorn (4′ 11)
5 : Völlerei (2′ 57)
6 : Unzucht (4′ 54)
7 : Habsucht (2′ 53)
8 : Neid (4′ 26)
9 : Epilog (1′ 24) 

À coté d’un article bien peu convaincant (et à côté de la plaque) de Pierre-Jean-Tribot intitulé « Kurt Weill symphonique avec Joana Mallwitz » paru le 29 août dernier sur le site du magazine Crescendo,

voici un article autrement judicieux du très fin et fiable Jean-Charles Hoffelé, et justement intitulé, lui, « Péchés capitaux« , paru le 16 septembre dernier sur son excellent blog Discophilia : 

PÉCHÉS CAPITAUX

Dès l’abrasion  _ voilà : Kurt Weill est merveilleusement abrasif, en effet _ des accords qui ouvrent la Symphonie berlinoise, la messe est dite : Joana Mallwitz et son orchestre signent un disque Kurt Weill majeur, d’abord pour les deux Symphonies, peu mais toujours bien enregistrées (De Waart, Bertini surtout, la Première de Sawallisch, les Seconde de Jansons et de Shani), plongée dans un brasier _ voilà _ qui en exalte la radicalité moderniste _ oui, oui _, mais surtout _ voilà !!! _ pour une interprétation faramineuse _ oui ! _ des Sept péchés capitaux _ de 1933, et sur un texte formidable de Brecht… _ où Katharine Mehrling sera désabusée, cruelle, ironique, fataliste, terrible _ absolument !

Elle a entendu _ bien sûr _ le modèle laissé par Lotte Lenya _ Vienne, 18 octobre 1898 – New-York, 28 novembre 1981  _, s’en inspire sans copier _ oui _, elle sait les subtilités _ oui, encore _ qu’Ute Lemper _ Münster, 4 juillet 1963 _ y a joutées, à leur égal elle est totalement _ voilà, voilà ! _  Anna, jusque lorsque la narratrice qu’elle devient décrit l’ultime étape du voyage, ce San Francisco où semble passer le souvenir de Lulu face à Jack l’Éventreur _ et c’est encore tout à fait juste… Les boys sont au diapason _ oui _, formidables _ tout à fait !

Sur son chant blessé _ comme l’apparence que le timbre écorché donne idéalement à la voix de Katharina Mehrling _, Joana Mallwitz met son orchestre délétère _ oui : et c’est là la tonalité majeure de l’œuvre... _, si intimement lié à la voix de la chanteuse _ oui ! _ que déjà je rêve _ moi aussi… _ de les retrouver dans un album herborisant les songs de la période américaine _ dont le bouleversant « Speak low« , par exemple : écoutez-ici l’interprétation glamour d’Anne Sophie von Otter, parmi bien d’autres… _, il ne faut pas qu’elles en restent là !

LE DISQUE DU JOUR

The Kurt Weill Album

Kurt Weill (1900-1950)


Symphonie No. 1
« Berliner Sinfonie »


Die sieben Todsünden


Symphonie No. 2
« Fantaisie symphonique »

Katharine Mehrling
(Anna I & II)
Michael Porter, Simon Bode, ténors
Michael Nagl, baryton
Oliver Zwarg, baryton-basse

Konzerthausorchester Berlin
Joana Mallwitz, direction

Un album du label Deutsche Grammophon 4865670

Photo à la une : la cheffe d’orchestre Joana Mallwitz –
Photo : © Sima Dehgani/Deutsche Grammophon

Une intelligence magnifique et justissime du génie de Kurt Weill (et de Bertolt Brecht) !

Ce lundi 23 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

La remarquable singularité du programme, et la parfaite réalisation musicale, du passionnant CD « Forbidden Fruit » de Benjamin Appl et James Baillieu

30juil

Dans la suite annoncée de mon article d’hier 29 juillet 2023 « « 

que j’avais consacré à la formidable interprétation de la mélodie « À Chloris » de Reynaldo Hahn sur les 10 premiers vers des Stances de Théophile de Viau _ qui en comportent 100 _,

je porte mon attention ce jour, dimanche 30 juillet, sur la magnifique unité dans la diversité du programme de 28 pièces musicales de ce « Forbidden Fruit«  _ le CD Alpha 912 _,

tel qu’il a été très finement composé par Benjamin Appl.

Et qui se comprend fort bien,

à considérer et prendre en compte comment l’image et symbole de la Pomme (Apple), comme séduisant très tentant fruit défendu et proscrit du jardin d’Éden, a pu solliciter l’imageance fertile de celui, Benjamin Appl, qui s’est avec délices laissé aller à composer le beau, sensuel, jouissif, mais parfois aussi amer ou carrément vénéneux et mortifère, et ainsi terriblement _ subtilement _ ambivalent _ Freud est donc ici présent, sous-jacent… _, programme de ce passionnant musical CD « Forbidden Fruit« , autour des variations toujours complexes et à jamais incertaines du désir,

à partir de tels jeux de tourbillons entés à la lettre même de son nom de famille, Appl…

Et que Benjamin Appl vient excellemment expliciter en son très beau texte de présentation, aux pages 20 à 23 du livret du CD,

avec l’exergue suivant, extrait des « Amours » d’Ovide (III, 4, v.17) : « Nous convoitons toujours ce qui nous est défendu et désirons ce qu’on nous refuse« . 

Des 28 pièces musicales de ce programme _ toutes ici accessibles à l’écoute par un clic _,

6 d’entre elles _ d’un compositeur anonyme anglais : « I will Give my Love an Apple » ; d’Ivor Gurney (1890 – 1937) : « The Apple Orchard«  ; de Roger Quilter (1877 – 1953) : « Now Sleeps the Crimson petal » ; de Leonello Casucci (1885 – 1975) : « Just a gigolo«  ; d’Edvard Grieg (1843 – 1907) : « To a Devil«  ; et de Jake Heggie (1961) : « Snake«  _ sont chantées en anglais 

6 d’entre elles _ de Kurt Weil (1900 – 1950) : « Youkali«  ; de Francis Poulenc (1899 – 1963) : « L’Offrande« , « Couplet bachique«  et « Le Serpent«  ; de Reynaldo Hahn (1874 – 1947) : « À Chloris«  ; et de Claude Debussy (1862 – 1918) : « La Chevelure«  _ sont chantées en français (+ 2 fois l’instrumental « In paradisium« , tiré du Requiem de Gabriel Fauré (1845 – 1924), en un arrangement pour le piano de James Baillieu : d’abord à la plage 2 ; puis à la plage 40 du CD)

et 14 d’entre elles _ de Hugo Wolf (1860 – 1903) : « Ganymed« , « An die Geliebte«  et « Und willst du deinen Liebsten sterben sehen«  ; de Richard Strauss (1864 – 1949) : « Das Rosenband«  ; d’Arnold Schönberg (1874 – 1951) : « Arie aus dem Spiegel von Arcadien : Seit ich so viele Weiber sah«  ; de Robert Schumann (1810 – 1856) : « Lorelei« , « Frühlingsfahrt«  et « Wer nie  sein Brot mit Tränen ass«  ; de Fanny Mendelssohn-Hensel (1805 – 1847) : « Die Nonne«  ; de Lothar Brühne (1900 – 1958) : « Kann den Liebe Sünde sein«  ; de Franz Schubert (1797 – 1828) : « Heidenröslein«  et « Gretchen am Spinnrade«  ; de Hanns Eisler (1898 – 1962) : « Die Ballade vom Paragraphen 218«  ; et de Gustav Mahler (1860 – 1911) : « Urlicht«  _ sont chantées en allemand.

Et cela, en une diction et une intelligence des textes superlatives : stupéfiantes !

Voilà.

Je remarque aussi l’article _ une fois encore très juste en son appréciation… _ de Jean-Charles Hoffelé, intitulé « Arcadie multiple« , paru sur le site Discophilia, avant-hier 28 juillet 2023…

ARCADIE MULTIPLE

Un simple song _ I will Give my Love an Apple, d’un compositeur anonyme _ sans accompagnement _ de piano _ ouvre l’album _ à la plage 1. Lui répond _ à la plage 4 _ une pièce pour piano seul _ ici Jean-Charles Hoffelé fait erreur : cette pièce, délicieuse, est bel et bien chantée ! _ d’Ivor Gurney, The Apple Orchard où s’évoque illico _ à la plage 2 _ l’In paradisum hypnotique du Requiem de Fauré que James Baillieu fera résonner dans la scripture de l’auteur _ Gabriel Fauré _ des Barcarolles à la coda _ à la plage 40 de l’album. La boucle se referme _ à la plage 41 et dernière, il y sura encore le « Urlicht » de Gustav Malher… _ sur un disque d’esthète _ oui _ qui ne m’étonne pas de Benjamin Appl. Il glisse son baryton caméléon de l’Arcadie érotique du Ganymed d’Hugo Wolf _ à la plage 6, sur des vers de Goethe… _ aux pamoisons exotiques sur fond de rumba rêveuse du Youkali de Kurt Weill _ à la plage 7.

Se prendrait-il pour Lotte Lenya ? Il a le talent, les audaces, le charme juste dosé d’un peu d’amer _ oui _, et n’hésite pas à prendre chez les dames Gretchen am Spinnrade _ à la plage 35 _ mais aussi _ l’hyper-sensuelle, sur un texte archi-brûlant de Pierre Louÿs, extrait des « Chansons de Bilitis« La Chevelure de Debussy, cultivant non l’ambigüité mais l’ambivalence _ oui ! _ : cette voix peut tout dans le champ clos et pourtant infini des « chansons », y compris À ChlorisReynaldo Hahn célèbre son antiquité digne de Poussin. Sublime simplement _ voilà ! _ et jusque dans Just a Gigolo, clin d’œil à la périphérie qu’autorise le charme nostalgique _ assez fréquenté, en effet, ici… Benjamin Appl dit aussi _ lui-même, en forme d’énoncés de titres de chapitres _ de brèves phrases, didascalies volées aux partitions ou simples appréciations qui font le voyage fluide.

Ecoutez les couplets bachiques de Poulenc, avec leur goût d’anis, et comparez son Serpent au Snake de Jack Heggie. Des ponts imaginaires se tendent _ voilà ! _ au-dessus de l’Atlantique, mais le disque s’ancre _ surtout, en effet _ dans le romantisme de Schubert, et de Schumann, dans le rare Die Nonne de Fanny Hensel, dans les crépuscules de Strauss ou du premier Schönberg que couronne l’Urlicht de Gustav Mahler.

LE DISQUE DU JOUR

Forbidden Fruit

Œuvres de Ivor Gurney, Hugo Wolf, Kurt Weill, Francis Poulenc, Reynaldo Hahn, Richard Strauss, Roger Quilter, Claude Debussy, Arnold Schönberg, Leonello Casucci, Edvard Grieg, Robert Schumann, Fanny Hensel, Lothar Brühne, Jack Heggie, Franz Schubert, Hanns Eisler, Gustav Mahler, Gabriel Fauré

Benjamin Appl, baryton
James Baillieu, piano

Un album du label Alpha Classics 912

Photo à la une : le baryton Benjamin Appl – Photo : © Manuel Outumuro

J’ajoute ici cette très intéressante chronique aussi,

publiée sur le site Operaramblings en date du 12 mai 2023 :

Forbidden Fruit

ALPHA COVERITUNES.inddForbidden Fruit is a CD by baritone Benjamin Appl and Pianist James Baillieu due for release on June 23rd.  It’s a sort of themed recital dealing with the Garden of Eden and the Fall _ telle en est donc la thématique qui en fait l’unité. It starts with the English traditional song “I Will Give My Love an Apple” and finishes with “Urlicht” from Mahler’s setting of text from Das Knaben Wunderhorn.  In between there are about 25 songs _ yes indeed _, some solo piano and quotes from the Bible which take us on a journey from all kinds of temptation, through consequences, to (maybe) some kind of redemption.  In all there’s 69 minutes of music.It’s musically varied with songs in English, French and German ranging from well known Lieder and Chansons to cabaret and other genres _ oui.  Appl is excellent _ absolument !!! _ in all three languages with exceptional diction _ oui ! Quelle aisance ! _ and sense of text _ magnifique d’intelligence.  He’s also stylistically versatile _ en effet : voilà pour sa diversité…  Those who have seen him live will not be surprised that his Schubert, Debussy and Quilter songs sound like a most excellent Liederabend but he can also find something darker and edgier for Eisler, Weill, Brühne and Heggie _ oui.  I particularly liked the his grim take on the Eisler setting of Brecht’s “Die Ballade vom Paragraphen 218”.  It’s a very fine performance by Appl with sensitive contributions _ il faut aussi le souligner ! _ from Baillieu.

The sound quality is excellent and very natural _ oui.  It was recorded in high resolution (96kHz/24bit)  in the Auditorio Stelo Molo RSI in Lugano in July 2020 and is being released as a standard resolution CD or as Hi-res and standard res FLAC and MP3.  I listened to the hi-res version.  There’s a digital booklet with lots of useful information and full texts in it too.

Highly recommended.

Catalogue number: Alpha Classics ALPHA912

Ainsi que ceci, de très pertinent encore,

placé en commentaire d’une vidéo consacrée à ce CD :

« Temptation, prohibition, good, evil… ‘how relevant are these in today’s world?’ asks Benjamin Appl. With the complicity of pianist James Baillieu, we are taken on a musical arc from simple folk songs through to the great song composers such as Schubert, Schumann and Wolf, along the way visiting the French masters Debussy and Poulenc, exploring ‘new objectivity’ with Weill and Eisler and enjoying compositions by Casucci, Heggie and others. The metaphor of forbidden fruit gives Benjamin and James a wide range of possible interpretations. Whilst some of the song settings centre on sensuality, others focus on socially immoral topics such as incest or sensitive subjects such as abortion. The German baritone embodies each of these stories with a passion and dramatic sense that makes this album a kaleidoscopic and astonishing journey through time and space« .

Une rareté discographique, donc, que ce très singulier CD « Forbidden Fruit« ,

qui vaut mille fois le détour d’un minimum de curiosité de la part des mélomanes !!!

Bravissimo !

tant pour la composition très originale, fine et variée, du programme,

que pour la rare performance musicale idéalement expressive,

tant du chanteur, Benjamin Appl, que de son compère pianiste, James Baillieuplus que parfaits tous les deux dans la justesse et pertinente beauté des émotions qu’ils nous offrent ainsi à partager !!!

Ce dimanche 30 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

En hommage à Milva (suite)

26avr

Pour poursuivre mon article d’hier

,

en hommage très ému à Milva,

voici la vidéo d’un extraordinaire concert (de 85′) donné au Piccolo Teatro de Milan, en 2010, en hommage à Bertolt Brecht,

un concert intitulé « Milva canta Brecht« .

Avec en complément

l’article de Wikipedia, en anglais, d’une utile biographie assez exhaustive de Milva (Goro, 17 juillet 1939 – Milan, 23 avril 2021)…

Milva
Milva

Milva at a theatre presentation of La variante di Lüneburg (2009)

Maria Ilva Biolcati ; 17 July 1939 – 23 April 2021),[1] known as Milva, was an Italian singer, stage and film actress, and television personality. She was also known as La Rossa (Italian for « The Redhead« ), due to the characteristic colour of her hair, and additionally as La Pantera di Goro (« The Panther of Goro« ), which stemmed from the Italian press having nicknamed the three most popular Italian female singers of the 1960s, combining the names of animals and the singers’ birth places. The color also characterized her leftist political beliefs, claimed in numerous statements.[2][3] Popular in Italy and abroad, she performed on musical and theatrical stages the world over, and received popular acclaim in her native Italy, and particularly in Germany, where she often participated in musical events and televised musical programmes. She also released numerous albums in France, Japan, Korea, Greece, Spain and South America.[4]

She collaborated with European composers and musicians such as Ennio Morricone in 1965, Francis Lai in 1973, Mikis Theodorakis in 1978 (Was ich denke became a best selling album in Germany), Enzo Jannacci in 1980, Vangelis in 1981 and 1986, Franco Battiato in 1982 and 1986.

Her stage productions of Bertolt Brecht’s recitals and Luciano Berio’s operas toured the world’s theatres. She performed at La Scala in Milan, at the Deutsche Oper in Berlin, at the Paris Opera, in the Royal Albert Hall in London, and at the Edinburgh Festival, amongst others.[5]

Having received success both in Italy and internationally, she remained one of the most popular Italian personalities in the fields of music and theatre. Her artistic stature was officially recognised by the Italian, German and French republics, each of which bestowed her with the highest honours. She was the only Italian artist in contemporary times who was simultaneously : Chevalier of the National Order of the Legion of Honour of the French Republic (Paris, 11 September 2009), Commander of the Order of Merit of the Italian Republic (Rome, 2 June 2007), Officer of the Order of Merit of the Federal Republic of Germany (Berlin, 2006) and Officier of the Ordre des Arts et des Lettres (Paris, 1995).

Life and career

Early life and career beginnings

Maria Ilva Biolcati was born in Goro, Province of Ferrara, Italy, on 17 July 1939.[6] In 1959, when she was twenty, she won a contest for new voices, and was named the overall winner from more than seven thousand six hundred participants. In 1960 she recorded her first 7″ single with Cetra Records : Édith Piaf’s song « Milord« . Her real debut was on the stage of the Sanremo Music Festival in 1961, where she took third place.[7]

1960s

Claudio Villa, Milva and Nicola Arigliano in 1964

In 1962 Milva was the first singer to sing Édith Piaf’s repertoire at the prestigious Olympia theatre in Paris. In 1983 she performed the repertoire at the venue again and again received an ovation from the audience and the French press, very surprised how a non-French artist could interpret with such a feeling and energy the songs of Piaf. Music critics named her singer of the year.[8]

Shortly afterwards, Milva released her second LP record, Milva canta per voi, a studio album that compiled several songs previously published as singles, in addition to covers of Édith Piaf songs, such as Non, je ne regrette rien, translated to Italian as Nulla rimpiangerò, and Et maintenant, written by composer Gilbert Bécaud and lyricist Pierre Delanoë (a song which, in English, would later become known as What Now, My Love ?« ).[9]

In 1962 Milva co-starred in the Italian film La bellezza di Ippolita alongside Gina Lollobrigida and Enrico Maria Salerno in a comedy film directed by Giancarlo Zagni, playing the role of Adriana. The film was entered into the 12th Berlin International Film Festival.[10] In the same year, she also appeared in the film Canzoni a tempo di twist, an Italian film directed by Stefano Canzio.[11]

In February, Milva participated in the Sanremo Musical Festival of 1962, competing with Tango italiano, a jazz-infused song written by Bruno Pallesi and Walter Malgoni. Her performance earned her second place in the competition and the single that followed reached number one on the Italian charts.[12]

From 30 April to 4 May 1963, Milva was a television presenter on the Italian variety show Il Cantatutto.[13]

Shortly after, Milva released her third LP record Da Il Cantatutto con Milva e Villa, in which she performed studio versions of the songs she had sung on Il Cantatutto. In the album, she performed Quattro Vestiti, composed by Ennio Morricone, a song which would be released on an EP by the same name.[14][15] Milva also recorded the songs from the EP in Spanish, releasing the Spanish-language EP Milva canta en español, which was released in Spain.[16]

Later in the year, she released her fourth studio album Le Canzoni del Tabarin – Canzoni da Cortile, an Italian-language album that covered Italian songs from the 1920s and 1930s, featuring new musical arrangements, released on the Fonit Cetra label.[17]

In January 1965, Milva released the multilingual studio album Canti della libertà, an album in which she sang revolutionary songs and songs of freedom, including the national anthem of France, La Marseillaise, written by Claude Joseph Rouget de Lisle,[18] and La Carmagnole, a French song created and made popular during the French Revolution. Amongst the other songs that composed the album were Italian-language versions of the marching song John Brown’s Song, the Spanish Los cuatro generales, and Fischia il vento, an Italian popular song based on the music of the Russian popular song Katyusha.[18]

In 1965, a meeting led to a definitive change in her career : Italian director Giorgio Strehler _ Trieste, 14 août 1921 – Lugano, 25 décembre 1997 _ helped to develop her skills in staging and singing in Italian theatres (especially the Piccolo Teatro in Milan) and she began to perform a more committed repertoire, including songs of the Italian resistance movement, songs from Bertolt Brecht’s pieces). In the following years she starred in Giorgio Strehler’s production of Brecht’s The Threepenny Opera which was performed in several cities of Western Europe. Milva’s albums were certificated gold and platinum in West Germany.[19]

Milva in 1970

In 1968, Milva released her fifth studio album, Tango, an album that consisted of tango standards sung in Italian. The album was released in Italy, Germany, Spain and Brazil and featured an orchestra conducted by Iller Pattacini.[20] In 1969, she released her sixth studio album Tango Inspirationen, an album released in Germany and composed of tango standards performed in German and Italian. Amongst the songs performed on the album were La Cumparsita, A Media Luz (Guardando intorno a te) and Adios, Pampa Mía.[21] In 1975, the album was reissued as Milva singt Tangos deutsch und italienisch.[22]

In late 1969, Milva co-starred in the Italian musical comedy Angeli in bandiera, alongside Gino Bramieri. The musical was written by Italian playwrights Pietro Garinei and Sandro Giovannini and featured music by Bruno Canfora and premiered on 20 October, at the Teatro Sistina, in Rome, Italy.[23] An original cast recording of the musical featuring I cantori moderni di Alessandroni was released in Italy and Canada in the same year.[24]

During the same year, Milva appeared in the Italian film Appuntamento in Riviera, a musical comedy directed by Mario Mattoli. [25]

1970s

1970 saw the release of the studio album Ritratto di Milva, an Italian-language featuring orchestrations composed and conducted by Detto Mariano, infused with pop and chanson elements.[26]In September 1970, Milva performed concerts at Sankei Hall, in Tokyo, Japan, accompanied by Nobuo Hara and his big band, the Sharps & Flats. Excerpts of the recordings of the concerts were compiled and published on the live album Milva on Stage (Live at Tokyo Sankei Hall), released shortly thereafter on the Ricordi label.[27]

In 1971, Milva released Milva canta Brecht, an album of music written by Bertolt Brecht and music composed by Hanns Eisler and Kurt Weill, directed by Giorgio Strehler.[28]

In 1972, Milva appeared in the Italian film D’amore si muore, directed by Carlo Carunchio, starring in the role of Leyla.[29] She also covered the title song of the movie, titled D’amore si muore, a song composed and conducted by Italian composer, conductor and orchestrator Ennio Morricone with lyrics written by Carlo Carunchio and Giuseppe Patroni Griffi, which was included in her album Dedicato a Milva da Ennio Morricone, released in the same year.[30] Following Milva’s appearance in D’amore si muore, Ennio Morricone dedicated a series of songs from his film scores to Milva for her to sing lyrics to.[31] The collaboration between the two musicians produced the studio album Dedicato a Milva da Ennio Morricone (Dedicated to Milva by Ennio Morricone), an album that featured music entirely written, composed, orchestrated and conducted by Morricone in which Milva covered twelve of his works, such as Chi Mai, La Califfa, and the bossa novainfused Metti, una sera a cena.[32]

During the same year, Milva released a Japanese-language album, Love Feeling in Japan, containing twelve songs sung entirely in Japanese, released on the Ricordi label.[33] She then released the live album Milva in Seoul in South Korea, accompanied by the Korean Broadcasting System Symphony Orchestra. It includes her singing « Barley Road » in Korean.[34]

1972 additionally saw the release of her compilation album La filanda e altre storie.[35]

In 1973, Milva collaborated with French composer Francis Lai, the output of their work resulting in the studio album Milva & Francis Lai – Sognavo Amore Mio, which was directed and orchestrated by Lai. Amongst the ten Lai compositions covered by Milva in the album were A Man and a Woman (Un homme et une femme) and Love Story. Milva also duetted with Lai on the song Oltre le colline.[36]

In 1974, she released the studio album Sono matta da legare.[37] The song Monica delle bambole was its lead single, released in 7″ format in Italy and Yugoslavia.[38]

Milva and Italian composer Giorgio Gasliniin 1975

In 1975, Milva released Libertà, a studio album composed of military hymns, marches and folk songs whose central themes revolve around freedom and liberty. Among the songs featured on the album was Bertolt Brecht’s Kälbermarsch, a parody of the song Horst Wessel Lied. The album was released on the Ricordi label in Italy, Germany and Japan.[39]

In 1977, Milva released the eponymously titled studio album Milva,[40] in which she performed Andrew Lloyd Webber’s Don’t Cry for Me Argentina from the musical Evita, in Italian, titled Non pianger più Argentina, which was the album’s lead single.[41] Milva was released in Italy, Spain, Belgium, Austria and Japan.[42] In Germany, the album was released as Non pianger più Argentina.[42]

In 1977, Milva released the studio album Auf den Flügeln bunter Träume, an album composed of popular German film and cabaret standards, including a version of Lili Marleen and Tango notturno. The album was released in America, Canada and Germany and in 1998 was reissued in Japan.[43]

In 1978, she released the live album Canzoni tra le due guerre, an album flavoured with chanson and jazz elements that was recorded live at the Piccolo Teatro di Milano in October 1977, in a musical show produced by Filippo Crivelli.[44] The album was released in Germany as Lieder Zwischen den Kriegen.[45]

In 1978, Milva began collaborating with Greek composer Mikis Theodorakis, resulting in the release of the studio album Von Tag zu Tag in Germany and Austria, which became a best-selling album in Germany.[46][47] In 1979, the album La Mia Età, the Italian-language counterpart of Von Tag zu Tag was released.[48] The album was released in Italy, Germany, Austria, Brazil, Japan, Greece, Spain, and Venezuela.[49]

In 1979, Milva released the studio album Wenn wir uns Wiederseh’n, a German-language album that consisted of songs written by Austrian songwriter, composer and conductor Robert Stolz.[43] The album was also released under the alternate title Schön war’s heute Abend (Milva singt Robert Stolz).[50]

From 1973 to 1980, Milva was on tour (Italy, USA, Greece, France, Germany, Canada, Russia and Japan) with the band « I Milvi » with Neno Vinciguerra on piano, Franco Paganelli on guitar, Claudio Barontini on bass, Giovanni Martelli on drums and Marco Gasperetti on flute.[51]

1980s

In 1980, Milva released the studio album, Attends, la vie, a French language album featuring songs composed by Greek composer Mikis Theodorakis, whose orchestrations were arranged by Italian composer Natale Massara. The album was released on the RCA Victor label in France, and on Metronome label in Germany. Milva had already worked with Mikis Theodorakis two years earlier, when she recorded Von Tag zu Tag and La Mia Età.[52]

1980 also saw the release of La Rossa, a studio album featuring songs written and composed by Italian composer Enzo Jannacci. The album was released in Italy, Germany and Argentina. The title song, La Rossa, was released on the single La rossa/Quando il sipario and would come to be considered Milva’s signature song.[53] In the course of the same year, Milva released the multilingual compilation album Milva International which she sang in English, French, Spanish, Italian and German. It was released in Germany.[54]

1981 saw the commencement of a collaboration between Milva and Greek composer Vangelis, with whom she has collaborated on several occasions.[55] The 1981 collaboration would result in the release of both a French and a German language album. The first, sung in German, was Ich hab’ keine Angst. It was released in Germany, Austria, Japan and South Korea,[56] and produced the German 7″ single Ich hab’ keine Angst/Christine.[57] The title song, Ich hab’ keine Angst, is based on Vangelis’ composition To the Unknown Man, a song which, in French, would become the title of her next album of 1981, Moi, je n’ai pas peur, which was released in France, and covered the songs included on the German release.[58]

In 1982, Milva starred in the role of Veronica in the Italian film Via degli specchi, a crime-drama film directed by Giovanna Gagliardo.[59] The film was entered into the 33rd Berlin International Film Festival.[60] Later in the year, Milva released the German studio album Immer mehr,[61] as well as the live double album Das Konzert. The album was released in Germany, Austria and Japan.[62]

In 1983, Milva hosted an episode of the Italian variety show Al paradise, a television series directed by Antonello Falqui.[63] That same year, Milva released the Italian language studio album Identikit, distributed in Italy under the Metronome label. She collaborated with Vangelis for the album, covering two of his songs; To the Unknown Man, this time recorded in Italian under the title Dicono di me, as well as an Italian language version of I’ll Find My Way Home.[64] Later that year, she released the studio album Unverkennbar, an album sung entirely in German.[65] In 1984, the single Vielleicht war es Liebe/Eva was released in Germany.[66] 1983 additionally saw the release of the original cast recording of the German ballet chanté Die sieben Todsünden der Kleinbürger (The Seven Deadly Sins [of the Petty Bourgeoisie]), which had been recorded in Berlin in January 1981. The cast recording featured all nine movements of the musical in which Milva had starred two years earlier, in the leading roles of Anna I and Anna II. In 1990, the album was re-released in Japan.[67]

On 29 September 1984, Milva performed with Argentine tango composer, arranger and bandoneón player Ástor Piazzolla and his quintet, the Quintette de tango contemporain, at the Théâtre des Bouffes du Nord, in Paris, France. [68] A recording of the performance would become the basis of Milva’s next album and would mark the beginning of a series of future collaborations with Ástor Piazzolla in which Milva interpreted the composer’s nuevo tango compositions.[69] Later that year, Milva released the live album Milva & Ástor Piazzolla – Live at the Bouffes du Nord, released in collaboration with Ástor Piazzolla. The album featured nuevo tango compositions composed by Piazzolla and sung by Milva, in a musical style that incorporates elements from jazz and classical music, with Piazzolla accompanying his quintet on his bandoneón. Milva interpreted his compositions in French, Italian and Spanish. The album was published in Argentina, Japan, France, Germany and Italy.[70]

On 1 January 1985, she released the studio album Mut zum Risiko, an album containing schlager and europop musical styles. It was released in Germany on the Metronome and Bertelsmann Club labels. The release of singles Die Kraft unserer Liebe/Du bist ein Freund and Nein – Ich ergeb mich nicht/Rosa soon followed.[71]

In April 1985, Milva participated in the Italian supergroup Musicaitalia per l’Etiopia, recording Domenico Modugno’s Volare (Nel blù di pinto di blù) as part of a fundraising effort for the benefit of those affected by the 1983–85 famine in Ethiopia.[72] A 12″ single and an EP were released.[73]

Over the course of the same year, she released Corpo a Corpo, a studio album infused with schlager, italo-disco, europop, and synthpop influences. The album was released in Italy, Japan and Germany.[74] The album produced the single Marinero, an italo-disco pop song sung in English, released in Italy, Germany, Japan and Spain in various 7″ and 12″ formats.[75]

In March 1986, Milva played the role of Renata Palozzi in the French film Mon beau-frère a tué ma soeur (My Brother-in-law Killed My Sister), a film by Jacques Rouffio which received a nomination for a Golden Bear Award at the Berlin International Film Festival.[76]

In 1986, Milva returned to collaborating with Greek composer Vangelis, five years after her success with Ich hab’ keine Angst and Moi, je n’ai pas peur. This new collaboration would result in the release of two new studio albums, one in Italian and one in German; Tra due sogni and Geheimnisse.[77] The studio album Tra due sogni was released on the Metronome label in Germany, Greece, Spain, Japan and Argentina. In Italy, it was released on the Dischi Ricordi label, while in France it was released on the Polydor label.[78] It was released in Argentina as Tra Due Sogni – Entre Dos Sueños on the Polydor label in 1987.[79] The album spawned three singles; the Maxi single Canto a Lloret, released in Italy, the 7″ single Canto a Lloret/Blue Notte, released in France on the Barclay label, as well as the 7″ single Canto a Lloret/Spring, Summer, Winter and Fall, which was released by the Polydor label in Spain. The album was released on the Seven Seas label in Japan in 1987, and was reissued in 1992.[80][81] Shortly after the release of Tra due sogni, Milva recorded a German version of the album, entitled Geheimnisse, which was released on the Metronome label.[82] The album contained German versions of the songs presented on Tra due sogni, plus one song, Venedig im Winter, which was omitted from the Italian version. The Italian version, Tra due sogni, contained an Italian language version of the song Da oben ist sein Zimmer, In sogno, which had appeared on her 1981 album Ich hab’ keine Angst. Geheimnisse produced two 7″ singles; Du gibst mir mehr/Etwas mehr and Deine Frau/Arie, both released in West Germany on the Metronome label in 1986.[83][84] Vangelis was credited with composing all songs on both Tra due sogni and Geheimnisse and was credited as the arranger on the songs « Canto a Lloret » (Du gibst mir mehr), « Cuori di passagio » (Wunche) and « L’Ultima Carmen » (Die letzte Carmen). Milva covered Spring, Summer, Winter and Fall, originally by Aphrodite’s Child, in English, a track which appeared on both Italian and German versions of the album. She also covered Bizet’s Habanera.[77]

In 1988, Milva released the studio album Unterwegs nach Morgen, written by Tony Carey and Peter Maffay, released in Germany and Japan, on the Metronome and Seven Seas labels, respectively.[85] In the album, she covered Tony Carey’s Wenn der Wind sich dreht and Melanie Safka’s To Be a Star in German, titled Wer niemals stirbt. The album spawned three singles; Wenn der Wind sich dreht, released in both Maxi single and 7″ formats, as well as Komm zurück zu mir, released in 7″ format, all of which were released in Germany.[86][87] Following the success of Wenn der Wind sich dreht, Milva recorded an Italian version of the song called Vento di Mezzanotte, which was released as a 7″ single by the same name, under the Metronome label, in the Netherlands.[88] Vento di Mezzanotte also appeared on the Italian album Milva, published under the Ricordi label, in the same year.[89]

At the end of 1988, Milva appeared in the French film Prisonnières (Women in Prison), a crime drama written and directed by Charlotte Silvera, in the role of Lucie Germon, a prisoner in a women’s prison who has given up on life and fears the day of her release. The film was released on 12 October 1988.[90]

In 1989, she appeared in Ludi Boeken’s film Wherever You Are…, playing the role of a wife of an Italian diplomat.[91] That same year, Milva returned to collaborating with composer Franco Battiato, producing a total of three studio albums containing synth-pop arrangements, in which Milva sings in Italian, Spanish, French and German. This collaboration between Milva and Battiato produced the studio album Svegliando l’amante che dorme,[92] released in Italy. Milva also recorded the album in Spanish, with the album released as Una historia inventada, released in Spain later that year.[93] The Spanish version of the album generated the 7″ single Una historia inventada, which was released in Spain.[94]

In December 1989, Milva participated for a second time in the Italian supergroup Musicaitalia in a fundraising project organised and spearheaded by Charles Aznavour for the benefit of those affected by the 1988 earthquake in Armenia, contributing vocals for the song Per te, Armenia, which was released as a single.[95] Two music videos to accompany the song were later recorded and released in May 1990 as part of the fundraising effort.[96]

In 1990, the Italian version of the album was released in Japan under the original Italian title but contained two additional tracks that were not present on the original Italian release; Via lattea and Centro di gravità permanente, the latter of which is a duet with Battiato.[97] The album was also released as Una Storia Inventata [Eine erfundene geschichte] in Germany.[98]

1990s

 

In 1990, Milva returned to the Sanremo Music Festival for the first time since 1974, this time competing with Sono felice, a song written and composed by Rosalino Cellamare,[99] finishing in 4th place.[100] On 3 October 1990, Milva released the German language studio album, Ein Kommen und Gehen. The album contained pop/rock ballads and a cover of Udo Lindenberg’s Ein Kommen und Gehen, which was also released as a single. For the album, Milva collaborated with German songwriters and composers Udo Lindenberg, Peter Maffay, Udo Jürgens, Herbert Grönemeyer, Heinz Rudolf Kunze, Roland Kaiser and Tony Carey. The album was produced by German producers Edo Zanki and Vilko Zanki and was considered a success.[101][102]

The following year, on 27 September 1991, Milva released the studio album Gefühl und Verstand, an album containing pop/rock ballads sung in German.[103]

In 1992, Ich weiß es selber nicht genau and Mein Weg mit dir, two singles recorded by Milva, were released in Germany. [104][105]

In 1993, Milva released the studio album Uomini addosso, which was released in Italy, Germany, Japan and Spain.[106] The title track of the album, Uomini addosso, was presented by Milva at the Sanremo Music Festival.[107] Two songs from the German and Japanese editions of the album, Se ti va and Le ombre del giardino, written by G. Conte and Natale Massara, were used as the opening and closing theme songs of the 1993 Italian mini television series Private Crimes (Delitti privati).[108][109]

Later in the year, she starred as the protagonist in the acting and singing role of Zazà, in the Italian musical La Storia di Zazà (The Story of Zaza), a stage musical directed by Giancarlo Sepe and produced by the Comunità teatrale di Italia, premiering on 26 October 1993, at the Teatro Nuovo di Milano.[110] An original cast recording of the musical was produced and an album was released as Milva in La Storia di Zazà, with music composed by Stefano Marcucci and lyrics written by Giancarlo Sepe, on the Hollywood Records (Italy) label. The album, however, only saw a limited release.[111]

In 1994, Milva collaborated in the promotional album Milva in Café Chantant, a studio album featuring Café-chantant-inspired songs recorded in studio by Milva in Italian and Napolitan, with music arranged by Italian film composer and arranger Natale Massara. The musical release was part of the promotional Café chantant volumes distributed to the public by the Italian coffee manufacturer Lavazza. The overall theme of the album was coffee, with songs arranged and presented in a belle époque and nuevo tango style. In the album, Milva performs Édith Piaf’s 1956 song Les amants d’un jour in Italian language as Albergo an Ore, with lyrics translated by Herbert Pagani, a song Milva had once recorded in 1970 for her album Canzoni di Édith Piaf, and interprets Venezuelan composer Hugo Blanco’s Moliendo café with Italian lyrics, in addition to ‘A tazza ‘e café, a song made famous by Claudio Villa, in Napolitan language.[112] The album concludes with Milva’s EuroPop song Im Schatten der Träume, a song she had previously released on her 1991 German album Gefühl und Verstand.[113]

In 1994, Milva collaborated with German composer and big band leader James Last, releasing the studio album Milva & James Last – Dein ist mein ganzes Herz, in which she sings a number of pop ballads and classical-oriented pieces in German, Italian and French.[114] Milva had previously worked with James Last, who arranged a cover of Manos Haddidakis’ Greek folksong The Children of Piraeus, popularly known in English as Never on Sunday, which she sang in German and was released on James Last’s 1982 album Nimm mich mit, Käpt’n James, auf die Reise, under the title of Ein Schiff wird kommen.[115] Milva had previously covered the song in Italian, twice. In Dein ist mein ganzes Herz, she covered a version of the title song, known in English as « Yours Is My Heart Alone » or « You Are My Heart’s Delight« , an aria from the 1929 operetta The Land of Smiles (Das Land des Lächelns), with music composed by Franz Lehár and libretto by Fritz Löhner-Beda and Ludwig Herzer [de], arranged by James Last. In French, she covered French composer Georges Bizet’s Les Pêcheurs de Perles. She sang the second movement of Spanish composer Joaquín Rodrigo’s Concierto de Aranjuez, as well as an interpretation of Ombra mai fu, the opening aria from the 1738 opera Serse, by George Frideric Händel. In addition to other classical pieces composed by Russian composer Pyotr Ilyich Tchaikovsky and Czech composer Antonín Dvořák, all of which were arranged by James Last for the album, Milva covers some pop ballads, including a German interpretation of American recording artist Richard Marx’s Now and Forever, under the title Immer und Ewig. She also covered Italian singer-songwriter Lucio Dalla’s ballad, Caruso, a song dedicated to Italian tenor Enrico Caruso.[114] In 1995, the album was released in Japan.[116]

Beginning in 1994, Milva once again collaborated with Greek composer Thanos Mikroutsikos, releasing the studio album Volpe d’amore (Milva sings Thanos Mikroutsikos), an album featuring music composed by the composer and sung completely in Italian, with the exception of one song, Thalassa, which she sang in Greek. The album was released in Greece, Japan and Italy. In 1995, the album was re-released in Japan with the title Volpe d’amore[117] and the album was subsequently re-released as Milva canta Thanos Mikroutsikos in 1998 with a new song replacing Volpe d’amore entitled Vento d’amore.[118] In 2006, Volpe d’amore was re-released in Greece with the original album track listing.[119]

Following the release of Volpe d’amore in 1994, Milva re-recorded the album in German, an album that was released in Germany under the title Tausendundeine Nacht, featuring the same orchestrations by Thanos Mikroutsikos. The title track featured a choir, differentiating it from Il canto di un’eneide diversa, its Italian-language counterpart.[120]

In May 1994, she embarked on her fourteenth Japanese tour.[110]

In 1995, Milva starred in the Werner Herzog television film Gesualdo: Death for Five Voices (Tod für fünf Stimmen), in a film inspired by the life and music of Carlo Gesualdo, portraying the role of Maria d’Avalos, the adulterous wife murdered by Gesualdo along with her lover.[121] In the same year, she appeared in the Italian film Celluloide, a dramatic film directed and written by Carlo Lizzani, playing the role of an Italian countess, a portrayal that garnered her praise.[122][123] Later that year, Milva was appointed Officer of the Order of Arts and Letters (Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres) by the French Ministry of Culture.[124]

In 1996, the album Milva canta un Nuovo Brecht produced by Jimmy Bowien was released in Germany.[125] The album consisted of songs written by Bertolt Brecht and Giorgio Strehler set to music primarily composed by Kurt Weill, sung in German and Italian. In the same year, Milva released Fammi Luce – Milva ha incontrato Shinji, an album written by and recorded in collaboration with Japanese composer Shinji Tanimura. The album was released in Japan, Germany and Italy.[126]

In September 1997, Milva released the album Mia Bella Napoli, a studio album in which she interpreted covers of Napolitan folksongs in the Napolitan language.[127][128]

In 1998, she sang with Alexia Vassiliou on Alexia’s album, Alexia – Mikis Theodorakis, a double album with new approaches to 26 Mikis Theodorakis compositions.[129]

Milva performing live, 31 January 2009

In 1999, Milva released Stark sein, a studio album produced by Chris Flanger and Isabel Silverstone and sung in the German language. In the album, Milva covered Amália Rodrigues’ fado song Canção do mar in German, titled as Das ja zum Leben. She also duetted with Italian singer Al Bano Carrisi, recording a new version of Io di notte, in German and in Italian under the title Zuviel nachte ohne dich (Io di notte), a duet of a song that both singers had individually recorded at the end of the 1960s.[130][131] The duet also appeared on Al Bano’s 1999 compilation album Grazie (Meine Schönsten Lieder – Meine Größten Erfolge). Stark sein was released in Europe under the BMG Ariola München label, and on the Seven Seas label in Japan.[132]

2000s

In 2001, Milva released the German studio album Artisti, in which she performed songs in German, Italian, Spanish and Latin. The album was released and distributed by BMG Ariola. In the album, she covered Julio Iglesias’ « Abrázame« , a Spanish language pop standard rewritten with German lyrics, titled Komm halt mich Fest, as well as an Italian-language cover of John Denver’s Perhaps Love. She also performed Da troppo tempo, a song which she had previously recorded in Italian and competed with at the Sanremo Music Festival of 1973, finishing in 3rd place, this time in German. In Spanish, she sang Yo soy María, a song from Ástor Piazzolla’s tango opera María de Buenos Aires. In Latin and Italian, she performed the classical aria Ave Maria, arranged and given to her by Ástor Piazzolla before his death.[133]

In the same year, Milva released La chanson française, a studio album sung entirely in the French language, revisiting and covering songs from the French popular music repertoire originally composed and performed by Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Jacques Brel and Édith Piaf, some of which Milva had previously recorded in French, Italian and German at different points throughout her career. The album featured symphony orchestrations composed by Hubert Stuppner and performed by the Haydn Orchestra of Bolzano and Trento, under the conductorship of Peter Keuschnig. The album was first released in Italy on the Agorá label and then reissued on the Accademia Crossover label in 2004.[134]

In 2004, Milva released the studio album Sono nata il 21 a Primavera – Milva canta Merini, an Italian-language album featuring the poetry of contemporary Italian poetess Alda Merini, whose poetry was set to music composed by Italian singer and composer Giovanni Nuti and interpreted by Milva in sung form. The album was subsequently released in Japan and Germany.[135]

In May of the same year, Milva performed Milva canta Merini, a series of recitals at the Teatro Stehler di Milano of the Piccolo Teatro di Milano, in collaboration with Alda Merini and Giovanni Nuti, in which Milva performed the songs from her album Sono nata il 21 a Primavera, released earlier that year. Milva again performed a concert at the Teatro Strehler di Milano in 2005, a performance that was recorded and released on the live DVD Milva canta Merini – Live, in March 2006.[136]

In 2006, Milva was awarded the Grand Cross 1st Class of the Bundesverdienstkreuz, the Order of Merit of the Federal Republic of Germany (Verdienstorden der Bundesrepublik Deutschland)by the then President of the Federal Republic of Germany Horst Köhler, in « recognition and appreciation of her extraordinary career and artistry in Germany ». The medal was personally presented to her by German President Horst Köhler on Thursday, 2 June 2006.[137][138][139]

In February 2007, Milva released the single The Show Must Go On, a song written and composed by Giorgio Faletti, published in anticipation of her upcoming album. On 27 February 2007, she performed The Show Must Go On at the 2007 edition of the Sanremo Music Festival, finishing the 57th edition of the competition in 16th place.[140]

On 2 March 2007, Milva released the studio album In territorio nemico, an Italian-language album written, composed and produced by Giorgio Faletti.[141]

On 2 June 2007, in Rome, Milva was made Commander of the Order of Merit of the Italian Republic (Ordine al merito della Repubblica italiana), the highest ranking honour and most senior order of the Republic of Italy, an honour bestowed upon her by the then President of the Italian Republic Giorgio Napolitano, for her « intense and luminous career » during which she went from music to theatre performances, cinema, to lyric opera. [142]

Milva was made Knight (Chevalier) of the National Order of the Legion of Honour of the French Republic in 2009.[143] The knighthood was conferred upon her by French ambassador to Italy, Jean-Marc de La Sablière, who presented the honour to her at a ceremony held on 11 September 2009 at the Palazzo Farnese in Rome.[144][145]

In 2010, Milva released the studio album Non Conosco Nessun Patrizio! – Dieci canzoni di Franco Battiato. The album marked her third produced in collaboration with Italian composer Franco Battiato.[146] Milva had previously collaborated with Battiato on her 1982 Italian album Milva e dintorni, and its French-language counterpart released the same year, as well as on her 1989 album Svegliando l’amante che dorme (released and known as Una storia inventata [Eine Erfundene Geschichte]) in Germany,[147] and Una storia inventada, its Spanish-language counterpart.[93] In this album, Milva performed nine new versions of songs written and composed by Battiato that she had previously recorded in 1989, in addition to two newly composed songs. The title song, Non Conosco Nessun Patrizio! is based on a text written by philosopher Manlio Sgalambro. The album was produced by Fonit Cetra and distributed by Universal Music.[148]

In 2011, Milva released the Italian album La Variante di Lüneburg [Fabula in Musica], composed by Valter Sivilotti and written by Paolo Maurensig, in which she performed with actor Walter Mramor the songs from the musical La Variante di Lüneburg. It was released on the Artesuono label.[149]

On 2 March 2012, Milva released the German single Der Mensch, der Dich liebt, a single containing two songs composed by Sascha Merlin and Kersten Kenan.[150]

Personal life

Milva had a daughter, Martina, born during her marriage to Maurizio Corgnati in the early 1960s.[151]

She also dated film star Luigi Pistilli for four years; Pistilli committed suicide.[152]

On 23 April 2021, Milva died in her Milanese house.[153]

Discography

  • See main article List of songs recorded by Milva for an international listing of Milva’s songs.

Source:[154]

Albums

Studio albums

  • 14 Successi di Milva (1961)
  • Milva canta per voi (1962)
  • Da Il Cantatutto con Milva e Villa (1963)
  • Le Canzoni del Tabarin – Canzoni da Cortile (1963)
  • Canti della libertà (1965)
  • Milva (1965)
  • Milva (1966)
  • Milva (1967)
  • Tango (1968)
  • Un sorriso (1969)
  • Tango Inspirationen (1969)
  • Ritratto di Milva (1970)
  • Milva Canta Brecht (1971)
  • Dedicato a Milva da Ennio Morricone (1972)
  • Love Feeling in Japan (ミルバ日本の愛を歌う) (Milva, Nippon no ai o utau) (1972)
  • Sognavo, amore mio (1973, lyrics and music by Francis Lai)
  • Sono matta da legare (1974)
  • Libertà (1975)
  • Milva Brecht Volume 2 (1975)
  • Auf den Flügeln bunter Träume (1977)
  • Milva (1977)
  • Von Tag zu Tag (1978, with Mikis Theodorakis)
  • La Mia Età (1979, with Mikis Theodorakis)
  • Was ich denke (1979)
  • Wenn wir uns wiederseh’n (1979)
  • Attends, la vie (1980, with Mikis Theodorakis)
  • La rossa (1980, with Enzo Jannacci)
  • Milva International (1980)
  • Ich hab’ keine Angst (1981, with Vangelis)
  • Moi, je n’ai pas peur (1981, with Vangelis)
  • Immer mehr (1982)
  • Milva e dintorni (1982, with Franco Battiato)
  • Milva e dintorni (1982, with Franco Battiato, French version)
  • Identikit (1983)
  • Unverkennbar (1983)
  • Corpo a corpo (1985)
  • Mut zum Risiko (1985)
  • Geheimnisse (1986, with Vangelis)
  • Tra due sogni (1986, with Vangelis)
  • Milva Canta Della Giapponesi (1987)
  • Milva – Vento di Mezzanotte (1988)
  • Unterwegs nach Morgen (1988, written by Tony Carey & Peter Maffay)
  • Svegliando l’amante che dorme (1989, with Franco Battiato, Italian version)
  • Una storia inventata (1989, with Franco Battiato, German version)
  • Una historia inventada (1989, with Franco Battiato, Spanish version)
  • Ein Kommen und Gehen (1990)
  • Gefühl & Verstand (1991)
  • Uomini addosso (1993)
  • Café Chantant (1994)
  • Milva & James Last – Dein ist mein ganzes Herz (1994)
  • Volpe d’amore (Milva sings Thanos Mikroutsikos) (1994)
  • Tausendundeine Nacht (1995)
  • Fammi Luce – Milva ha incontrato Shinji (Tanimura) (1996)
  • Milva Canta un Nuovo Brecht (1996)
  • Mia Bella Napoli (1997)
  • Stark sein (1999)
  • Artisti (2001)
  • La chanson française (2004)
  • Milva canta Merini (2004, lyrics by Alda Merini, music by Giovanni Nuti)
  • In territorio nemico (2007, lyrics and music by Giorgio Faletti)
  • Non conosco nessun Patrizio! (2010, music by Franco Battiato)
  • La variante di Lüneburg (2011)

Live albums

  • Milva / Villa – Concert in Japan (1968)
  • Milva on Stage – Live in Tokyo at Serkey Hall (1970)
  • Milva in Seoul (1972)
  • Canzoni Tra Le Due Guerre (1978)
  • Das Konzert (1982)
  • Milva & Ástor Piazzolla – Live at the Bouffes du Nord (1984)
  • Das Beste Milva Live (1988)
  • Milva Dramatic Recital ’92 (Best Live in Japan) (1992)
  • Milva Dramatic Recital ’92 – Canzoni tra le due guerre (Al Tokyo Metropolitan Art Space) (1992)
  • El Tango de Ástor Piazzolla live in Japan (1998)
  • Lili Marleen – Best live in Japan (1992)
  • Live and More (1988, Milva Collectors’ Club, limited edition album)
  • Milva & Ástor Piazzolla – Live in Tokyo 1988 (2009)
  • Milva canta Brecht (Live) (2010)

Soundtracks and cast recordings

  • Angeli in bandiera (1969, with Gino Bramieri)
  • Die sieben Todsünden der Kleinbürger (1983)
  • The Threepenny Opera (1989) as Pirate Jenny
  • La storia di Zaza (1994)
  • Hommage à Ástor Piazzolla (with Tangoseís) (2000)

Compilation albums

  • Milva (1966)
  • Milva singt Tangos deutsch und italienisch (1969)
  • Milva (1972)
  • La filanda e altre storie (1972)
  • Milva (1975)
  • Portrait (1975)
  • Canzoni da cortile / Le canzoni del Tabarin (1976)
  • Canzone dall’ Italia (1976)
  • Canti della libertà (1976)
  • Gold (1976)
  • Special 3000 (1976)
  • Starlight (1976)
  • I successi di Milva (1976)
  • The Original (1976)
  • Ein Portrait (1978)
  • Schön war’s heute Abend (1979)
  • Star Edition (1979)
  • Star Gold Super (1980)
  • Hit Parade International (1982)
  • Milva Vol. 2 (1983)
  • Milva Vol. 3 (1983)
  • Tango (1983)
  • Canzoni di Edith Piaf (1983)
  • Gesichter eine Frau (1984)
  • Tango – Gefühl und Leidenschaft (1984)
  • Grandi Scelte (1987)
  • I successi di Milva
  • Milva (1990)
  • Mon amour… sono canzoni d’amore (1992)
  • Milva History 1960–1990 (1992)
  • Meisterstücke (1993)
  • I successi (1995)
  • I successi di Milva (1995)
  • Mein Weg mit dir – Goldene Geschenksausgabe (1995)
  • Meisterstücke II (1996)
  • Balladen (1996)
  • Gli anni d’oro (1997)
  • I grandi successi (1997)
  • Selbstbewusst (1997)
  • La favolosa Milva (1999)
  • Milva canta le sue più belle canzoni (1999)
  • I grandi successi originali (2000)
  • Il fascino della voce (2000)
  • In Gedanken (2000)
  • Die unvergessliche Milva (2000)
  • Grosse Gefühle – Con tutti emotioni (2000)
  • Milva (2000)
  • Meisterstücke (2000)
  • Die grossen Erfolge – Nur das Beste (2001)
  • Ich hab’ keine Angst (2001)
  • Ganz viel Liebe (2001)
  • Le signore della canzone / Il giornale (2003)
  • Mein Weg (Stationen Einer Karriere 1977–98) (2004)
  • Best Collection (2006)
  • Classics (2006)
  • The Best of Milva (2006)
  • Le più belle di… Milva (2007)
  • Tutto Milva (La Rossa) (2007)
  • Flashback (2009)
  • Una storia così (2011)
  • Le più belle di sempre / L’immensità (2011)
  • Glanzlichter (2011)

Songs

  • 1960 Flamenco Rock
  • 1960 Les Enfants du Pirée (Uno a te, uno a me)
  • 1960 Milord
  • 1960 Arlecchino gitano
  • 1961 Il mare nel cassetto
  • 1961 Al di la
  • 1961 Tango della gelosia
  • 1961 Venise que j’aime by Jean Cocteau
  • 1961 Il primo mattino del mondo
  • 1961 Et maintenant
  • 1962 Tango italiano
  • 1962 Quattro vestiti by Ennio Morricone
  • 1962 Stanotte al luna park
  • 1962 La risposta della novia
  • 1962 Abat-jour
  • 1963 Ricorda
  • 1963 Non sapevo
  • 1963 Balocchi e Profumi
  • 1963 Tango delle capinere
  • 1965 Bella ciao
  • 1966 Nessuno di voi
  • 1966 Blue Spanish Eyes
  • 1966 Little Man
  • 1966 Tamburino, ciao
  • 1967 Dipingi un mondo per me
  • 1967 Love Is a Feeling (Co-composed by Pino Donaggio) / Seasons of Love
  • 1968 Canzone by Don Backy
  • 1969 Un Sorriso
  • 1970 Iptissam
  • 1970 Canzoni di Edith Piaf
  • 1971 Surabaya Johnny
  • 1971 La Filanda
  • 1972 È per colpa tua
  • 1973 Da troppo tempo
  • 1974 Monica delle bambole
  • 1977 Non piangere più Argentina by Andrew Lloyd Webber
  • 1978 Zusammenleben by Mikis Theodorakis
  • 1979 Typisch Mann
  • 1979 Libertà (Freiheit in meiner Sprache)
  • 1980 La Rossa by Enzo Jannacci
  • 1981 Alexanderplatz by Franco Battiato
  • 1981 Poggibonsi by Franco Battiato
  • 1981 Ich hab keine Angst by Vangelis
  • 1981 Du hast es gut
  • 1982 Immer mehr
  • 1982 Wieder mal
  • 1983 Hurra, wir leben noch
  • 1985 Die Kraft unserer Liebe
  • 1985 Nein ich ergeb mich nicht
  • 1985 Marinero
  • 1986 Du gibst mir mehr (Canto a Lloret)
  • 1988 Wenn der Wind sich dreht
  • 1988 Komm zurück zu mir
  • 1989 Potemkin by Franco Battiato
  • 1990 Sono felice
  • 1990 Ein Kommen und Gehen
  • 1992 Ich weiß es selber nicht genau
  • 1993 Mein Weg mit dir
  • 1993 Uomini addosso
  • 1994 Caruso by Lucio Dalla
  • 1995 Tausendundeine Nacht
  • 1995 Flauten & Stürme
  • 1998 Rinascerò by Ástor Piazzolla
  • 2004 Sona Nata il 21 a Primavera by Alda Merini and Giovanni Nuti
  • 2004 I Sandali by Alda Merini and Giovanni Nuti
  • 2007 The Show Must Go On (lyrics and music by Giorgio Faletti)
  • 2007 Jacques
  • 2012 Der Mensch, der Dich Liebt by Sascha Merlin and Kersten Kenan…

Sanremo Music Festival

This is a chronologically ordered list of Sanremo Music Festival contests in which Milva had entered. Milva had participated 15 times in the famous music festival, held annually, tying the record for most participations along with Peppino di Capri and Toto Cutugno.[155]

Year Song Partner Writer(s) Place Ref
1961 « Il mare nel cassetto » Gino Latilla Piero Carlo Rolla; Eligio La Valle, Fernando Lattuada 3 [156]
1962 « Tango italiano » Sergio Bruni Bruno Pallesi, Walter Malgoni; Sergio Bruni 2 [157]
1962 « Stanotte al Luna Park » Miriam del Mare Vito Pallavicini, Biri; Carlo Alberto Rossi 5 [157]
1963 « Ricorda » Luciano Tajoli Carlo Donida; Mogol 5 [158]
1963 « Non sapevo » Gianni Lecommare Pino Calvi; Bruno Pallesi 10 [158]
1964 « L’ultimo tram » Frida Boccara Giorgio Calabrese; Eros Sciorilli N.F. [158]
1965 « Vieni con noi » Bernd Spier Franco Maresca; Mario Pagano 12 [159]
1966 « Nessuno di voi » Richard Anthony Gorni Kramer; Vito Pallavicini 9 [160]
1967 « Uno come noi » Los Bravos Umberto Martucci, Giorgio Bertero; Marino Marini N.F. [161]
1968 « Canzone » Adriano Celentano Don Backy; Don Backy, Detto Mariano 3 [162]
1969 « Un sorriso » Don Backy Aldo Caponi; Detto Mariano 3 [163]
1972 « Mediterraneo » Luigi Albertelli; Enrico Riccardi 12 [164]
1973 « Da troppo tempo » Gene Colonnello; Luigi Albertelli 3 [165]
1974 « Monica delle bambole » Luciano Beretta; Elide Suligoj 4 [166]
1990 « Sono felice » Sandie Shaw Rosalino Cellamare 4 [167]
1993 « Uomini addosso » Roby Facchinetti; Valerio Negrini N.F. [168]
2007 « The Show Must Go On » Giorgio Faletti 16 [169]
« — » denotes that Milva entered the contest as a soloist. «  » Denotes a tie.

NOTE: N.F. signifies that the song did not qualify for the main event.

Filmography

This is a chronologically ordered list of films in which Milva had appeared or provided singing vocals for.

 

Year Title Character Director Notes Ref
1962 Canzoni a tempo di twist (Italy: Original title) Stefano Canzio Film [170]
1962 La bellezza di Ippolita
a.k.a. « Die schöne Ippolita » (Austria / Germany: German title)
a.k.a. « La belleza de Hipólita » (Argentina / Spain: Spanish title)
a.k.a. « I oraia amartoli » (Greece: Greek title)
a.k.a. « La beauté d’Hippolyte » (France: French title)
a.k.a. « O erotas kai i gynaika » (Greece: Greek: reissue title)
a.k.a. « She Got What She Asked For » (UK: English title)
a.k.a. « The Beautiful Ippolita » (undefined: English title)
Adriana Giancarlo Zagni Film, co-starring with Gina Lollobrigida and Enrico Maria Salerno. [171]
1962 Appuntamento in Riviera (Italy: Original title) Singing voice Mario Mattoli Film [172]
1963 Mondo Cane 2 (Italy: Original title) Singing voice Gualtiero Jacopetti Film [173]
1972 D’amore si muore (Italy: Original title)
a.k.a. « For Love One Dies » (International: English title)
a.k.a. « De amor se muere » (Spain: Spanish title)
Leyla Carlo Carunchio Film [174]
1982 Via degli specchi (Italy: Original title)
a.k.a. « Die Straße der Spiegel » (Germany: German title)
a.k.a. « La rue des miroirs » (France: French title)
a.k.a. « O dromos ton dolofonon » (Greece: Greek title)
a.k.a. « Street of Mirrors » (English title)
Veronica Giovanna Gagliardo Film, co-starring with Claudio Bigagli and Nicole Garcia [175]
1986 Mon beau-frère a tué ma soeur (France: Original title)
a.k.a. « My Brother-in-Law Killed My Sister » (International: English title)
a.k.a. « They’ve Killed Her! » (UK: festival title)
Renata Palozzi Jacques Rouffio Film, co-starring with Michel Serrault and Michel Piccoli [176]
1988 « Wherever You Are… [pl] »
a.k.a. « Au-delà du vertige » (France: French title)
a.k.a. « Gdzieskolwiek jest, jeslis jest » (Poland: Polish title)
a.k.a. « Onde Quer que Estejas » (Portugal: Portuguese title)
a.k.a. « Wo immer du bist » (Germany: German title)
Italian diplomat’s wife Krzysztof Zanussi Film, starring Julian Sands [177]
1988 Prisonnières (France: Original title)
a.k.a. « Women in Prison » (International: English title)
Lucie Germon Charlotte Silvera Film [178]
1991 Amaurose (Germany: Original title) Dieter Funk Film [179]
1995 Celluloid
a.k.a. « Celluloide » (Italy: Original title)
a.k.a. « Celuloide » (Argentina: Spanish title)
Italian countess Carlo Lizzani Film, starring Giancarlo Giannini and Massimo Ghini [180]
1995 Tod für fünf Stimmen (Germany: Original title)
a.k.a. « Death for Five Voices » (International: English title)
a.k.a. « Gesualdo – Tod für fünf Stimmen » (Germany: long title)
a.k.a. « Gesualdo ja kuoleman varjot » (Finland: Finnish title)
a.k.a. « Gesualdo, thanatos gia pente fones » (Greece: festival title)
a.k.a. « Gesualdo: Death for Five Voices » (International: English title)
Maria d’Avalos Werner Herzog Film, based on the life and music of Carlo Gesualdo [181]
Television
Year(s) Title Role Ref
1963 Il Cantatutto Television presenter [182]
1983 Al paradise Television presenter [183]

Honours

Legion Honneur Chevalier ribbon.svg Chevalier of the National Order of the Legion of Honour of the French Republic — Paris, 11 September 2009

ITA OMRI 2001 Com BAR.svg Commander of the Order of Merit of the Italian Republic — Rome, by President of the Italian Republic Giorgio Napolitano, 2 June 2007

GER Bundesverdienstkreuz 3 BVK 1Kl.svg Officer of the Order of Merit of the Federal Republic of Germany — Berlin, 2006

Ruban de l'Ordre des Arts et des Lettres.PNG Officier of the Ordre des Arts et des Lettres — Paris, 1995

 

Merci, Milva !

Ce lundi 26 avril 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’empire de l’illusion : pour tenter de comprendre enfin ceux qui n’ont pas bien su voir venir la dévoration du Cyclope nazi

08fév

Comme promis hier,

en mon troisième article à propos de 1938, nuits :

j’en viens à l’amorce de solution qu’esquisse, peu à peu _ sans cuistrerie surplombante, et sans lourdeur jamais, tout est parfaitement le plus discret-léger et subtil possible _, Hélène Cixous, en son 1938, nuits,

à l’énigme de ceux qui se sont _ peut-être incompréhensiblement, du moins invraisemblablement, pour nous aujourd’hui, en un regard rétrospectif nôtre souvent beaucoup trop généralisateur, pas assez attentif-respectueux, porté à-la-va-vite qu’il est la plupart du temps !, de l’idiosyncrasie de détail des situations personnelles particulières, voire singulières, ainsi que des macro- ou micro-variations de celles-ci aussi, et c’est crucial, dans le temps… _ progressivement laissés piéger, et in fine briser-détruire, par les mâchoires du Cyclope nazi _ « Clac ! Cyclope amélioré » _,

dont ils n’ont pas assez su bien voir venir _ pour prendre des mesures préventives suffisamment efficaces pour leur sauvegarde vitale personnelle ! _ la dévoration.

Et dont cet opus-ci tout entier, 1938, nuits,

avec son amorce de solution _ nous le découvrirons _ à l’énigme que je viens d’évoquer _ celle de la dévoration dont ont été victimes un grand nombre des siens _,

se révèle constituer, pour Hélène Cixous, l’auteure et narratrice du récit, une sorte de moyen de fortune _ d’imageance par l’écriture _ pour parvenir à « soulever » et « toucher » vraiment Omi _ ces mots absolument cruciaux sont prononcés à la page 107, et c’est pour moi rien moins que le (discret) cœur battant de ce livre !!! _, Omi sa grand-mère _ décédée le 2 août 1977 _afin de réussir par là à obtenir de celle-ci  une sorte d’analogue _ les personnalités, bien sûr, diffèrent beaucoup ! _  à la très chère conversation post-mortem qu’Hélène maintient et perpétue, avec une formidable vivacité, avec Ève, sa mère, plus récemment _ le 1er juillet 2013 _ décédée…

Continuer de très richement converser post-mortem avec ses plus proches,

sur les modèles donnés par Homère _ avec Ulysse _, Virgile _ avec Énée _, Dante _ avec lui-même et Virgile _,

et aussi Montaigne, Shakespeare, Proust, Kafka, etc. _ soit la plus vraie et belle littérature comme secours de vie, par transmission de la benjaminienne Erfahrung aussi.

La splendide _ quel art ! _ expression « Clac ! Cyclope amélioré » _ à la pointe de la modernité technique et technocratique de dernier cri ! des nazis (au premier chef desquels le diaboliquement ingénieux Reinhard « Heydrich SS Gruppenführer« ) _, page 116,

utilisée à propos de cette dévoration d’un grand nombre des siens par l’hyper-efficace ogre nazi,

intervient au sein d’un _ admirable, une fois de plus _ essai de caractérisation, pages 115-116, de ce que fut, d’abord _ en quelque sorte prototypique _, l’Aktion nazie :

« L’Action ?, dit mon fils _ c’est lui qui parle ici, dans la conversation suivie, de fond (effective ou bien imaginée par l’auteure, à son écritoire), avec Hélène, sa mère ; lui, ainsi que sa sœur : les deux assistant activement (dans le récit, au moins, mais effectivement déjà aussi, c’est plus que possible : probable) leur mère dans son enquête-méditation. Hélène Cixous, comme Montaigne, n’aime rien davantage que converser vraiment, en pleine vérité, ou recherche impitoyable et sans concession aucune, de vérité-justesse. Avec des absents comme avec des présents. Et avec certains absents (tels que certains défunts, aussi), la conversation-interlocution peut aller parfois plus profond dans le questionnement-méditation de fond réciproque : Montaigne nous en donne l’exemple parfait en ses Essaisafin de pallier la terrible défection de son irremplaçable partenaire de conversation, La Boétie.

En-acte s’oppose à en-rêve.

L’Action consomme le rêve _ le court-circuite et détruit.

C’est pas imaginable

_ pour des personnes en pleine santé mentale ; ce qui peut aider à comprendre la réelle difficulté d’anticipation-représentation de la part de pas mal, sinon la plupart, des contemporains de ces « Événements » nazis, en commençant par les victimes elles-mêmes, foudroyées dans leur sidération et, bientôt, tétanie (et nous ne quittons certes pas ainsi la question

(à venir dans la méditation-conversation du texte ; je veux dire le dialogue poursuivi entre Hélène et ses deux enfants ; et parfois même aussi sa mère, Ève, quand celle-ci, quoique décédée le 1er juillet 2015, décide d’intervenir d’elle-même en un rêve de sa fille, Hélène)

de l’illusion : nous y venons, tout au contraire !) _,

on n’imagine pas,

_ mais _ on le fait _ ce si peu « imaginable« « on«  l’agit-exécute, cet inimaginable, pour ce qui concerne les « Aktionneurs« -exécuteurs, rendus absolument serviles, à la seconde même de l’ordre, des décideurs-donneurs d’ordre, en leur obéissant aveuglément-automatiquement, à ces ordres, à la seconde même, de la dite « Aktion« .

Les prisonniers _ bétail à KZ, ici _ ne pouvaient _ eux-mêmes _ imaginer _ avec tant soit peu de réalisme prospectif lucide _ les nazis,

ces gardiens

qui eux-mêmes non plus, méthodiquement décérébrés qu’ils sont ; cf la très intéressante analyse du détail du processus de décérébration proposée par Harald Welzer en son très intéressant Les Exécuteurs _ des hommes normaux aux meurtriers de masse _ n’imaginent pas

et qui font _ appliquent-exécutent à la seconde même (selon l’élémentaire schéma-réflexe, Stimulus/Réaction) de tels ordres reçus-aboyés.

Les gens d’Aktion ne se représentent pas _ ni eux-mêmes, ni ce qu’ils font ; et encore moins autrui (autrui n’existant plus, annihilée-néantisée-pulvérisée qu’est désormais la personne).

Ils dorment _ absolument : d’un sommeil de massue ! _ sans rêve.

Ça s’appelle Aktion

parce que c’est _ _ seulement faire.

Même pas seulement faire.

Pouf ! Pan !

Un mouvement _ unique : même pas en deux temps – trois mouvements ; ce serait bien trop complexe (pouvant laisser le temps d’une malencontreuse seconde de prise de conscience-réflexion-interrogation-doute : contreproductive ! _ : c’est fait.

Je reste saisi _ au masculin : c’est donc le fils d’Hélène qui décompose ici, devant sa  mère, la mécanique foudroyante hyper-efficace de l« Aktion » !.. _

devant l’Aktion _ emblématique de bien d’autres qui vont bientôt la suivre _ de la Nuit de Cristal

_ cette nuit-« Événement » déjà un peu spéciale (ne serait-ce qu’en tant que la toute première de son espèce, et devenant modèle) du 9 au 10 novembre 1938:

il est minuit trente _ le 10 novembre 1938 _ ? Aktion !

Le mot _ -ordre aboyé _ parcourt l’Allemagne, c’est-à-dire le Reich en un instant

_ comme une foudre sans coup de tonnerre un tant soit peu préalable d’avertissement, sans le plus infime recul de léger décalage-délai d’une seule seconde de battement, ni pour les acteurs-Aktionneurs, robotisés, ni pour les victimes-Aktionnées, tétanisées et capturées ;

à confronter cependant à l’image de la nuée d’orage, développée à la page 51, à propos de ce à quoi pouvaient s’attendre, et surtout ne s’attendaient pas (les situations et les réactions, toujours un peu diverses, des uns et des autres, sont toujours un peu elles-mêmes, sur l’instant qui les surprend, en balance…), en matière de déluge, « depuis l’attentat de Vom Rath« , le 7 novembre 1938 à Paris (Vom Rath ne meurt de ses blessures que le 9), Hermann et Siegfried Katzmann, à Osnabrück, la nuit du 9 au 10 novembre 1938 :

« ils s’y attendaient sans conviction _ voilà _ avec un espoir idiot _ le pire n’étant, certes, jamais tout à fait sûr ! la question se posant cependant de savoir si cet « espoir idiot« -là, est, ou n’est pas, du simple fait qu’il est déjà « idiot« , de l’ordre de l’illusion ?.. _, on voit _ certes : suffisamment visibles ils sont… _ les nuages noirs accroupis _ voilà _ au-dessus du ciel comme des géants en train de faire _ concocter-mitonner-usiner _ l’orage, pendant des jours ils poussent, éjectent des éclairs menaçants _ ici, c’est un adjectif, et pas un participe présent _ le déluge se prépare _ voilà : il est très méthodiquement organisé-machiné _, ça tonne, et puis parfois _ hasard, accident, ou stratégie perverse ? _ le déluge se retire, je reviendrai une autre fois _ fanfaronne-t-il…, mais _, quand on le croit passé alors l’orage se déchaîne » _ d’autant plus terriblement que nulle parade un peu efficace de sauvegarde n’aura été mise sur pied… :

soient les sans conteste difficiles et un peu complexes tergiversations de la (à la fois frêle et terriblement puissante) croyance, face à l’ambigüité entretenue avec soin des signes objectifs, eux, du réel. Et anticiper avec un tant soit peu de réalisme, pour ceux d’en face et en bas, peut s’avérer aussi plus compliqué à réaliser en actes, cette anticipation et ses réponses, pour certains que pour d’autres…

« _ On n’a pas la même mentalité, dit Ève _ à qui dit-elle cela ?

était-ce à Fred, il y a quelques années ? mais Ève se détournait vivement de telles conversations (absolument stériles et contre-productives, pour elle : « elle est contre le couteau dans la plaie« , page 79) à propos du passé, et qui plus est lointain ;

ou bien est-ce présentement à sa fille Hélène, en leur conversation post-mortem de cet été 2018 à la maison d’écriture d’Arcachon ? Plutôt ! Et c’est bien Hélène qui, soit engage, soit accepte, pareille conversation-enquête sur le passé, avec sa mère, décédée… L’enjeu final étant ici de parvenir à mieux comprendre, via le cas de Siegfried-Fred Katzmann en 1938 (à partir du témoignage de son Bericht) les tergiversations singulières d’Omi, de janvier 1933 à novembre 1938, ne le perdons jamais de vue… _,

je n’étais pas à Osnabrück en 1933, déjà en 1930 _ et même 1929 _ j’étais partie _ dit Ève _,

_ On n’a pas la même mentalité, dit Fred _ à qui Fred dit-il cela ?

est-ce, ou bien était-ce, à son amie Ève ? (« Fred, nous l’avons connu, il était le dernier ami _ à partir de 1986, après leurs retrouvailles de 1985 à la cérémonie d’hommage du 20 avril 1985, à Osnabrück _ de ma mère _ dit Hélène, page 26 : voilà, c’est là dit on ne peut plus clairement _, finalement nous ne l’avons pas _ vraiment _ connu _ un peu vraiment en profondeur… _, dit ma fille. Il a passé inaperçu« , ajoute aussitôt Hélène, page 26 ; « c’était un intellectuel discret« , dit la fille d’Hélène, page 85) ;

ou est-ce plutôt à Hélène que le dit maintenant Fred, au cours de cet été 2018 d’écriture-méditation-enquête d’Hélène Cixous, à Arcachon ?… _,

c’est moi qui suis allé tout seul contre Goliath, faut-il le rappeler à Ève, « , page 52 ; et là ce serait Hélène qui serait directement prise à témoin par Fred-Siegfried, post mortem, maintenant.

Et Hélène de conclure l’échange, toujours page 52, par cette réplique, terrible de bon sens, de sa mère Ève :

« _ A quoi ça sert dit ma mère _ Ève, donc, essentiellement pragmatique ! _ attendre _ passivement _ pour aller en prison, aller dans les camps, est-ce que c’est nécessaire ? » _ ce n’est même pas d’abord utile ! Autant tout faire pour éviter naïveté et procrastination. Unreadiness.

Nous voilà donc toujours ici, page 52, dans les prémisses de la révélation à venir, et ce sera un peu plus loin (la première occurence du mot se trouvera à la page 60), du concept (freudien, et cette paternité sera clairement évoquée, page 107) d’illusion


C’est alors, toujours page 52, et juste avant cet échange imaginé (ou rêvé) par Hélène, l’auteure, entre Ève et Fred,

que l’auteure pense à « faire la liste _ en quelque sorte récapitulative _ de tous ceux qui sont Dehors  _ des « Mâchoires du Cyclope« « Léviathan«  nazi… _ dans les années étranges _ de janvier 1933 à novembre 1938 _ où il y a encore _ bien provisoirement, mais ça, on ne le sait pas, ni ne peut le savoir vraiment ! _ un couloir _ étroit et fragile, certes, mais encore un peu accessible à certains _ entre Dedans et Dehors et entre dehors et dedans un passage avec une porte _ frontalière _ surveillée, et qui _ incroyablement ! pour nous, du moins, qui regardons maintenant rétrospectivement et de loin… _ échangent _ à contresens de l’Histoire !!! _ le dehors où ils logent _ à un moment _ pour le dedans de la cage » _ mot terrible.

et l’auteure précise cette liste, pages 53-54 :

« de ceux qui _ tel Fred, ou plutôt ici et alors, en 1938, Siegfried Katzmann, à Bâle, où il vient d’achever ses études de médecine, et obtenu son diplôme terminal _ sont en Suisse en sécurité _ de l’autre côté de la frontière _ et qui reviennent « chez nous » _ c’est peut-être Ève qui parle _ sans sembler voir _ comprendre _ qu’ils font le voyage de retour dans la cage _ le mot terrible est donc redit _,

et qui confondent _ mortellement pour leur sauvegarde ! _ danger et sécurité,

et de ceux qui dorment profondément _ un péril colossal pour de tels endormis ! _ pendant le déchaînement ?

ceux qui sont arrêtés, envoyés dans un camp pour Feindlicher Ausländer _ par exemple en France : à Gurs, au Vernet, à Rivesaltes ou à Saint-Cyprien, tel un Felix Nussbaum en mai 1940 _, ou dans un Konzentration Zenter première édition _ tel Siegfried Katzmann lui même, encore, à Buchenwald, le 12 novembre 1938 _, qui cessent _ d’un coup de massue _ de ne pas savoir et sont jetés d’un jour à l’autre dans l’impitoyable savoir _ voilà ! et donc devraient perdre (et perdront, de ce coup violentissime !) leurs illusions _ ayant pour exemple _ le peintre _ Felix Nussbaum _ Osnabrück, 11 décembre 1904 – Auschwitz, 9 août 1944. En voilà un qui découvre _ déjà _ Auschwitz _ avant Auschwitz _ à Saint-Cyprien _ en France, à côté du Canet-en-Roussillon _ avec une différence : il n’est pas impossible _ là, dans la France encore de la République parquant déjà ses propres indésirables, et qui va très vite devenir, dès le mois de juillet suivant, la France de Vichy _ de prendre la fuite. En voilà un qui prend la fuite et la suit, mais seulement pour quelques mois _ retournant en Belgique (occupée) _ et quelques tableaux. Ensuite la fuite s’épuise, on la perd, (…)

_ ceux qui sont en Suisse _ tel Siegfried Katzmann, à Bâle, en 1938 _, ils jouent avec suicide, dit ma mère _ Ève ; et c’est sa fille, Hélène, qui rapporte ici son lapidaire propos _

selon moi, Onkel André _ qui parle ? Les voix rapportées interfèrent : s’agit-il ici de la voix d’Ève, la nièce, effectivement, d’Andreas Jonas ? ou bien de la voix d’Hélène, sa petite-nièce, une génération plus tard ?.. _ qui était jusqu’en Palestine _ Eretz-Israël, c’est déjà loin d’Osnabrück ! _ à Tibériade en 1936, il a fait de gros efforts pour revenir _ certes ! _ à Osnabrück depuis Tibériade _ c’est loin ! _, un petit homme commandé par sa brutale Berlinoise _ Tante Else, née Cohn : ici, c’est Ève qui parle _, selon moi _ Ève, par conséquent _ il est déjà mort à Tibériade de mauvais traitements familiaux _ de la part de sa tendre fille Irmgard, qui le chasse de son kibboutz _ et c’est donc _ en quelque sorte _ un _ déjà _ mort qui est rentré _ suicidairement, nazis aidant seulement, à la marge, à pareille autolyse… _ se faire assassiner _ et ce sera effectivement accompli pour lui à Theresienstadt, le 6 septembre 1942 _, comme si c’étaient les nazis _ voilà ! _ et non pas _ en réalité _ la famille _ sa fille Irmgard, donc _ qui l’avaient tué, et en vérité c’était la méchanceté qui se répandait _ oui _ un peu partout en Europe _ une remarque historiquement importante ! _ avec rapidité et virulence comme une _ hyper-ravageuse pandémie de _ grippe espagnole… Il semble qu’ici se mélangent, et le jugement lapidaire, implacablement ironique et formidablement tonique, toujours, d’Ève, la mère, et le commentaire, un peu plus circonstancié et distancié, de sa fille, Hélène, qui tient au final la plume de ce récit, à la fois rapport, conversation et réflexion-méditation, non dénué d’un formidable et merveilleux humour, qui transporte en un continu d’allégresse (grave) le lecteur…

Un peu plus loin, page 57,

l’auteure envisage une autre source-cause d’« envoûtement«  des futures victimes,

encore innocente, enfin presque, celle-ci ;

« envoûtement«  subi par ceux qui ne se décidaient pas à fuir enfin (!) « la cage » nazie _ au nombre desquels, décidément, sa grand-mère Omi :

peut-être soucieuse, elle, de ne surtout pas perdre ses partenaires attitrés de bridge (« Quand Ève revient en 1934 encore une fois et pour la dernière fois rendre visite _ et c’est à Dresde _ à Omi, sa mère ma grand-mère _ raconte Hélène, pages 93-94 _ joue au bridge comme d’habitude, bien des dames jouent encore, ça pourrait être pire, dit ma grand-mère, elle ne comprend pas Ève » ; et Omi ne veut pas partir : le souci de ne pas rompre le fil de ses habitudes joue donc, et puissamment, lui aussi.

Le mot « cage«  se trouvait répété page 52 et 53.

Mais restons ici à ce passage de la page 57 :

« Selon moi _ dit Hélène, page 57 _, parmi les divers et nombreux envoûtements qui ont ensorcelé _ tel le filtre de la magicienne Circé dans l’Odyssée d’Homère _ tant de compagnons d’Ulysse juif,

il y en a un dont le pouvoir trompeur _ non intentionnel, non malveillant, ici _ne sera jamais assez dénoncé, c’est le Visum. Le Visum est _ qu’on le veuille ainsi ou pas _ l’arme du diable : on promet, on promet, on séduit _ et nous avançons ici vers le concept (freudien) d’illusion, où le désir a son rôle (projectif séducteur) pour aveugler sur la qualité et la valeur de crédibilité de la représentation subjective apposée-plaquée sur le réel objectif, quand on confond (et prend) le réel désiré avec (et pour) la réalité objective même _, on enduit, on hypnotise, on transforme des êtres humains _ séduits par leur propre désir ainsi avivé _ en hallucinés, en paralytiques volontaires,

des philosophes

_ tels un Walter Benjamin ou une Hannah Arendt ;

cf l’admirable récit Le Chemin des Pyrénées de Lisa Fittko : à découvrir de toute urgence ! Lisa Fittko a partagé la réclusion

(préventive des Allemandes et amalgamées, même Juives et anti-nazies, comme mesure de rétorsion prise par le gouvernement de la IIIéme République, en France, à la suite du Blitzkrieg d’Hitler envahissant la Belgique et le Nord de la France, le 10 mai 40)

au camp de Gurs, les mois de mai et juin 1940, avec Hannah Arendt, ainsi que leur fuite ensemble, après le 18 juin, vers Lourdes (à Lourdes où se terre alors en une chambre d’hôtel Walter Benjamin) ;

et c’est aussi elle, Lisa Fittko, qui a ouvert, au dessus de Banyuls, ce qui sera nommé, par la suite, la « voie Fittko«  : pour aider à fuir en Espagne (franquiste) ceux qui cherchaient à échapper coûte que coûte aux griffes et mâchoires de l’ogre nazi ; avec, pour le tout premier passage ainsi organisé par les Fittko en Espagne, Walter Benjamin, justement !, qui se fera arrêter au premier village de la redescente du col, Port-Bou, et s’y suicidera (le 26 septembre 1940) de désespoir : sur la menace d’être prestement renvoyé (par la Guardia civil de Franco) d’où il venait… Fin de l’espoir ? ou fin de l’illusion ?) _ ;

(on transforme, donc) des philosophes

en primitifs fétichistes _ forcenés _ de formulaire administratif,

partout sur la terre pétrifiée errent des Suspendus,

suspendus à la poste, suspendus d’être suspendus de tempsau crochet de l’attente _ quel art sublime de l’écriture ! _,

le poil hérissé, les oreilles dressées, la poitrine contractée,

cela rend les gens irritables, nerveux, maniaques, méconnaissables, abattus _ sans assez de ressorts de survie : suicidaires… _,

Brecht _ lui _ aussi attend, _ en Suède _ le sésame américain n’est pas encore, toujours pas, arrivé,

en Suède aussi _ la Suède est théoriquement protégée par sa neutralité ! _ on s’attend à ce que le nazi arrive plus vite que les visas,  »

_ soulignons encore et toujours, au passage, combien est admirable l’écriture ultra-précise et si libre, en même temps que nimbée d’une sublime poésie et d’un humour « ouragant« , d’Hélène Cixous…

« on vit maintenant dans une vie-à-visa _ voilà ! quelle puissante et magnifique formulation ! _,

il faut un visa pour traverser la rue dit Kafka _ expert s’il en est en Château et Procès _, un visa pour aller chez le coiffeur,

vivre est hérissé de guichets _ et contrôles policiers : comme tout cela est merveilleusement dit ! _,

de plus il n’y a pas _ in concreto ! _ de visa, dit Brecht,

le mot de Visum est dans toutes les têtes mais _ hélas _ pas dans les boîtes aux lettres,

et il n’y a pas de visa pour les bibliothèques », pages 57-58  _ on admirera une fois encore le style de l’auteure, sa subtile profonde poésie du réel le plus juste, nimbée d’un merveilleux humour perpétuellement frémissant et rebondissant …

Et encore ceci, pages 58-59 :

« La cousine Gerda _ Gerta Löwenstein (Gemen, 17 octobre 1900 – Auschwitz, août 1942), fille d’une des sœurs aînées d’Omi, Paula Jonas, et d’Oskar Löwenstein ; et épouse de Wilhelm Mosch, décédé comme elle à Auschwitz en août 1942 _, ma préférée, dit Ève, d’une gentillesse infinie, quand elle est coincée à Marseille, avec les enfants _ Bruno et Anneliese Mosch, qui, eux, survivront _, avec son mari _ Wilhelm Mosch enfermé, lui _ à Gurs, je lui écris _ dit Ève _ viens ici, il y a encore un bateau pour Oran, elle reste dans le crocodile _ voilà ! _, et pour qui ? Ça ne peut pas être pour le mari, laid, joueur, paresseux, violent, sans qualités, je ne comprends pas ces femmes qui aiment ce qu’elles n’aiment pas, il y a un défaut dans la vision _ et voilà que recommence à pointer le détail de la mécanique de l’illusion ! _, et pourtant c’est lui _ Wilhelm Mosch _ qui louche, est-ce qu’elle a trouvé une raison à Auschwitz ? »

« Et il y a aussi les anciens combattants, ceux qui font corps avec leur croix de fer » (…),

« et les veuves de guerre, elles aussi » _ telle Omi Rosie, dont le mari, Michaël Klein, est tombé sur le front russe le 27 juillet 1916 _ (…)


Fin ici de l’incise ;

et je reprends maintenant le fil du texte de la page 115 à propos de l’Aktion :

il est minuit trente ? Aktion !

Le mot parcourt l’Allemagne, c’est-à-dire le Reich en un instant _ cette nuit du 9 au 10 novembre 1938.

Toutes les vitres juives tombent _ à la seconde _ dans tout l’Empire, simultanément _ quel génie (Reinhard Heydrich ?) de conception (technico-administrativo-policière) de la précision d’horlogerie de l’enchaînement mécanique de pareil ordre-commandement-exécution-résultat ! _,

ça ne se pense pas _ ça s’obéit-exécute, en robot, à la seconde : par l’Aktionneur.

L’Aktion est une destruction et une consommation.

Une anticréation _ néantisante _ éclair _ Blitz _

effectuée selon le principe _ de rationalité économique _ du moindre temps _ moindre coût, poursuit page 116, le fils d’Hélène.

La Grande Mâchine _ à crocs monstrueux (de « crocodile«  déchiqueteur démesuré : le mot comporte trois occurrences aux pages 58 et 59) _ ouvre ses mâchoires

et referme le verbe est à l’intransitif.

Clac !

Cyclope amélioré« 

_ la technique devenue technologie a progressé à pas de géants depuis le temps d’Homère et de l’Odyssée

Dans ce passage-ci, pages 115-116,

le mécanisme de l’illusion est abordé-commencé d’être un peu détaillé en l’articulation complexe de ses divers rouages,

mais non pas, cette fois, du côté de ceux qui « se font des illusions« , et vont s’y enliser-perdre-détruire,

mais du côté de ceux qui vont organiser l’efficacité optimale de ce dispositif illusionnant de séduction-sidération-capture-dévoration cyclopéen

_ mensonges colossaux, avec un minimum d’anesthésie préalable des piégés (à surprendre-prendre-capturer, sans déclencher de fuite immédiate !), compris _

pour que les malheureux illusionnéss’illusionnant _ l’un renforçant l’autre, et retour-montée en spirale et accélération du processus fou d’encagement, si difficile à rompre !.. _ n’en réchappent sûrement pas _ cf le processus nécessairement très lent d’ébouillantement de la grenouille en son bocal doucement et très progressivement chauffé jusqu’à finale ébullition, pour éviter un saut au dehors immédiat ! La grenouille se laissant ainsi ébouillanter…

A plusieurs reprises dans le récit,

Hélène la narratrice se heurte à la difficulté

rémanente,

résistante aux pourtant tenaces tentatives d’élucidation siennes _ et de ses enfants : sa fille et son fils, qui l’y aident : s’entrecomprendre est facilitateur.

Mais elle non plus, Hélène,  pas davantage qu’Ève sa mère, n’abdique pas, jamais :

à essayer sans cesse ni relâche de comprendre

_ et de comprendre chacun, si possible, en son idiosyncrasie de situation (ainsi que dans le temps, qui diversifie les perspectives) _ ;

de même que sa mère, ne renonçait jamais à se tenir prête (« ready. The readiness is all« ) à agir

dans la brève fenêtre de temps Kairos oblige… Ève le sait parfaitement ! _ qu’il fallait mettre très vite à profit : à temps ;

et pas à contretemps… :

« Aucune explication

_ qui soit enfin, et au final, satisfaisante ! Même si « la bêtise, c’est _ parfois, souvent, toujours _ de _ précipitamment _ conclure« … La phrase, nominale, est a-verbale.

Je ne comprends _ décidément _ pas pourquoi je ne comprends pas« ,

se répète obstinément, et assez stupéfaite, Hélène, page 107

_ et ces mots-là (« Je ne comprends pas pourquoi je ne comprends pas« ) sont repris tels quels, au mot près, en haut de la seconde page du très clair et absolument lumineux Prière d’insérer volant _ ;

plutôt irritée _ contre elle-même et l’inefficacité de ses efforts renouvelés d’élucidation de ces illusions peut-être singulières des siens (et surtout, in fine, d’Omi, sa chère grand-mère) ; dont parvient encore, souvent (mais pas toujours), à lui échapper l’ultime infime ressort de sa conduite, mortifiée… _, à vrai dire,

que vraiment désespérée face à la chose _ elle-même :

elle cesserait, sinon, de continuer à rechercher toujours et encore à vraiment comprendre ces diverses complexités, l’une après l’autre in fine singulières, oui, car tenant à la particularité (peut-être infinie…) du détail (à retrouver et élucider) des situations effectivement particulières de chacun (soit le pascalien « nez de Cléopatre« …) ; détail qu’il faut alors, chacun après chacun, réussir à débusquer et éclairer pour arriver à vraiment bien comprendre ces complexités idiosyncrasiques singulières ! ;

et avec le recul du temps, et la minceur (ou carrément absence, bien souvent !) de certains témoignages, cette recherche minutieuse infiniment pointue dans le détail (et c’est bien là, en effet, que le diable se cache !) tient quasiment de l’exploit ; telle cette recherche-ci, à partir du cas (et Bericht) de Siegfried Katzmann, et de ce que ce cas-ci peut révéler, ou pas, du cas, à élucider et comprendre, surtout !, celui de la grand-mère d’Hélène : Omi ; recherche-enquête-méditation-réflexion à laquelle se livre ici, et à nouveau, mais jamais complètement toute seule (ses enfants sont eux aussi bien présents auprès d’elle!), dans ce magnifique 1938, nuits, Hélène Cixous ;

or, plus que jamais, la voici qui résiste aux moindres tentations de défaitisme, à tout relâchement de renoncer (à comprendre vraiment !)… _, page 107, donc.

Et, page 101 déjà,

et à propos de ceux qui sont rentrés à la maison

_ tel « Oncle André«  de retour d’Eretz-Israël en 1936, à un mauvais moment (du développement du nazisme), mortellement dépité qu’il était par le comportement que leur avait réservé, à lui et son épouse Else, venus à Tibériade la rejoindre, leur chère tendre fille Irmgard (une Regane, hélas, et non une Cordelia, du roi Lear !), qui les avait repoussés-chassés de son kibboutz du Lac de Tibériade, renvoyés, morts de chagrin les deux, en Allemagne :

d’où cet impossible si absurde retour d’Andreas Jonas et son épouse, née Else Cohen, à Osnabrück… _ :

« Ceux qui sont rentrés à la maison

_ comme, donc, Oncle Andreas Jonas et son épouse, Tante Else, à Osnabrück _,

alors qu’objectivement on ne pouvait _ déjà _ plus _ avec un minimum de lucidité et bon sens… _ rentrer à la maison,

je ne cesse de me dire

que _ décidément, non _ je ne les comprends _ toujours _ pas.

Mais pourquoi _ donc _ je ne les comprends pas ?

_ voilà ce qui obsède plus encore, de façon lancinante au fur et à mesure de ses efforts en continu, la lumineuse Hélène en sa méditation-réflexion-conversation, menée et poursuivie avec ardeur avec ses proches (présents au moins en pensée et imageance), à son écritoire d’été, aux Abatilles, en ce 1938, nuits. Et qu’il lui faut absolument mieux résoudre si peu que ce soit. Une mission impérative ! Parce que y renoncer serait renoncer à ce qui fait le vrai sol (ou les plus solides « racines« ), voilà, de son soi ; ainsi que son œuvre propre.

Et pourquoi mon esprit revient-il _ si obstinément, et patiemment _ depuis tant d’années

cogner _ sans parvenir encore à l’éclaircir-ouvrir vraiment enfin, tout à fait _

à la vitre _ décidément encore opaque et obstruée  _

de cette scène ? »

_ de cet absurde retour (tellement suicidaire, dans le cas de l’« Oncle André«  !) à Osnabrück, « dans la gueule du loup«  nazi…

Voilà un des défis

que se lance à elle-même, en ce 1938, nuits,

celle qui ne cesse, année après année, été après été, en sa Tour d’écriture d’Arcachon-les-Abatilles,

et tant qu’il y aura au monde de l’encre et du papier,

de se lancer-jeter à corps perdu, mais âme bien affutée,

dans l’écriture-imageance visionnaire

de ses questionnements de fond lancinants : pour comprendre.

Comprendre vraiment ce qui advint.

À ses proches.

Et qui quelque part _ plus ou moins insu, mais encore et toujours au travail… _ est aussi fondateur

du vrai soi _ son vrai soi,

qui opus après opus, se découvre-réalise. Splendidement.

« L’Artiste est celui qui n’est pas là et qui _ pourtant _ regarde,

l’invisible qui admire,

le sans nom qui est caché sous le rideau noir et laisse la lumière ruisseler _ plus généreusement _ sur les créatures« , page 27.

C’est là ce que l’auteure nomme le « paradoxe _ visionnaire, en et par le travail de son imageance propre _ de la Création« .

J’en arrive donc à l’apparition progressive des occurrences, dans le texte, du mot (et concept)

d’illusion,

même si à nul moment la méditation-enquête d’Hélène Cixous ne dérive dans le conceptuel ! et encore moins le dogmatique. Certes pas.

Il s’agit d’un voyage d’imageance. D’Art _ en effet ; et pas de philosophie, ni de recherche historique ; même si peuvent en être tirées de telles applications, mais seulement à la marge de cet Art.


En même temps que,

à un détour de la page 60, et presque anecdotiquement à première lecture,

le concept et le mot d’illusion apparaissent,

à propos du lieu _ Bâle _ de la soutenance de thèse de médecine, « en janvier » 1938, de Siegfried Katzmann,

apparaît aussi pour la première fois

le nom même de Freud

_ il y en aura dix occurrences, avec en plus la référence (sans mention alors du nom de l’auteur : « un texte publié en 1916 (…), le sujet : l’illusion« , simplement…) à son L’Avenir d’une illusion, page 107… _

dans cet opus-ci, 1938, nuits.

_ (…) Fred _ ou plutôt Siegfried Katzmann, alors, en 1938 _, dit alors, page 60, Hélène à sa fille, « a soutenu sa thèse de médecine en janvier, Où ? » _ et elle cherche… _

« Où ? Á Munster ? Pas à Munster,

à Hamburg ? non,

à Dresden, c’est non,

l’idée naïve ? non,

désespérée ? non,

auto-illusoire _ nous y voici ! et c’est là carrément un pléonasme ! Peut-on jamais être victime d’une illusion sans en rien ni si peu s’illusionner déjà soi-même ? _

de soutenir sa thèse _ de médecine _ en Allemagne en 1938 quand on est devenu _ voilà ! _ Juif-à-détruire depuis _ déjà _ 1933,

voilà une des idées sur lesquelles Freud _ nous y voici toujours ! _ songe _ tout spécialement, lui-même _ à écrire

s’il a encore _ à bientôt 82 ans, et, qui plus est, rongé-usé par son cancer à la mâchoire _

le courage d’écrire en 1938 _ il va bientôt quitter Vienne (pour gagner Londres) le 4 juin 1938, après l’Anschluss du 12 mars ; et il mourra à Londres le 23 septembre 1939… _

quand lui-même se surprend si souvent _ alors _ dans la position anti-réelle _ donc s’illusionnant ! Oui, lui Freud, lui aussi… _ de saint-Antoine courtisé et jusqu’à harcelé par _ les voici : elles arrivent ! _ les Illusions tentatricesfilles, bien sûr, de ses propres désirs ! y compris, et d’abord, des désirs masochistes, et Thanatos, la sournoise puissante pulsion de mort… _,

des idées en tutu qui viennent faire des pirouettes gracieuses et terriblement perverses autour de la cervelle du vieux sage,

qui font la queue dans la Berggasse en lui sussurant des messages de sirènes _ et re-bonjour Ulysse ! _,

reste avec nous mon chéri, tout cela ne va pas durer, tu ne vas pas changer de carapace à ton âge, ma vieille tortue, un peu de patience, et tous ces tracas seront transformés en mauvais souvenirs,

et lui de se boucher _ à la différence d’Ulysse ligoté sur son mat à l’approche des sirènes dont lui Ulysse ardemment désirait apprécier sans danger (ligoté qu’il était) le chant si beau !… _ les oreilles

et secouer la tête pour ne plus _ cependant _ les entendre _ ainsi _ froufrouter _ quel admirable style, une fois encore ! et quel humour décapant-« ouragant«  ! _,

il y aura _ au futur, mais pas au conditionnel _ une étude à faire _ voilà, voilà ! _ sur la prolifération _ historique, ces années trente-là… _ des automensonges, mauvaises bonneraisons, sophismes auto-immunitaires

_ soient diverses espèces (ou facettes) du phénomène irradiant et irisé de l’illusion !.. _

qui infecte _ vilainement _ les facultés mentales de toute une population

lorsqu’elle se trouve soudain enfermée dans l’enceinte invisible mais infranchissable d’une Allemagne envoûtée et mutée _ tout d’un coup de cliquet sans retour à chaque cran passé _

comme une forêt maléfiée _ victime de quelque maléfice lancé sur elle _ dans la Jérusalem délivrée _ du Tasse.

Tout le monde _ et pas que les victimes juives _ est sous maléfice _ généralisé ! _ dans le pays,

mais ce n’est pas moi qui l’accomplirai

_ cette « étude«  à réaliser… _,

trop vieux, trop tard, pense _ à ce moment 1938 _ Freud à Vienne

à qui _ aussi, peut-être depuis Bâle _ pense Fred _ à lui écrire : la lettre partira ! mais restera sans réponse… _

tandis qu’il volète à l’aveuglette comme un insecte désorienté,

jusqu’à ce qu’il cesse de se cogner à la muraille de verre _ des multiples interdits vis-à-vis des Juifs ;

là-dessus se reporter à l’inifiniment précieux (irremplaçable !) témoignage au jour le jour de Victor Klemperer, dresdois, en son sublimissime Journal (1933 – 1945) _

et se retrouve par miracle _ lui Fred, ou plutôt lui encore Siegfried _ en Suisse en janvier 1938  _ Freud, lui, se trouvant encore à cette date (de juste avant l’Anschluss du 12 mars 1938) à Vienne. À Bâle.

Á ce moment-là, il est _ le bienheureux Siegfried ; mais mesure-t-il assez bien sa chance ? Non ! _ à l’extérieur du _ vaste _ Camp _ tout _ envoûté _ « maléfié« , qu’est désormais le Reich…

Alors le père _ Hermann Katzmann _,

qui est _ lui _ à l’intérieur de l’envoûtement

lui envoie _ d’Osnabrück _ quelques Illusions _ de type familialiste : comme venir à Osnabrück embrasser sa mère (« quand je suis revenu, le 14 octobre ma mère a pleuré de soulagement« , raconte Fred à la page 55 ; et « quand j’ai disparu le 9 novembre, ma mère a pleuré d’épouvante dit Fred, c’est ce qu’on appelle bitter ironie, qui sait ce que le sort nous réserve« , poursuit-il sa phrase, page 55…).

Fred _ ou plutôt Siegfried _ revient _ ainsi, séduit par ce malheureux appât d’affection familiale _ à Osnabrück _ le 14 octobre 1938, page 55, toujours _ juste à temps pour se faire arrêter _ moins d’un mois plus tard _ le 9 _ non déjà le 10 _ novembre _ dans la nuit, à deux heures du matin : eh! oui, nous sommes dèjà le 10 ! _ 1938 avec son père _ Hermann Katzmann.

_ Tu vois, tu vois, dit ma mère _ Ève, à la page 61 : en ce début d’été 2018 de l’écriture, à Arcachon, de 1938, nuits _,

qu’est-ce que tu penses de ça ? _ envoie-t-elle directement à sa fille _

un homme jeune, en bonne santé, pas marié, avec un diplôme, il ne manque pas d’un peu d’argent, l’anglais il parle déjà très bien un peu de français, il est libre _ surtout, bien sûr ! _, il a une chance suisse _ voilà ! _ que des milliers lui envient qui sont déjà derrière les barreaux à venir _ à partir du 10 novembre 1938 : mais c’est très bientôt ! _,

et il rentre lui-même _ le 14 octobre, page 55 _ dans la cage _ nouvelle occurrence de ce terrible mot, page 61 _

pour se faire arrêter _ le 10 novembre suivant _ avec son père, et ça n’a pas tardé,

ça ne me dit rien qui vaille _ conclut ici Ève, à propos des qualités de vigilance-lucidité de son nouvel (et « dernier« , page 26) « ami«  Fred :

« c’était un intellectuel discret (soulignera, à son tour, page 85, la fille d’Hélène),

et pas un pragmatique sur le qui-vive et perpétuellement aux aguets, comme Ève, _,

en 1938 à Osnabrück _ ou bien plutôt à Dresde ? _

avec son frère _ Andreas, ou avec quelque autre de ses parents Jonas et alliés, si c’est à Dresde ;

demeure là, depuis, déjà au moins Gare d’Osnabrück, à Jérusalem, un point d’ambiguïté sur la domicilation d’Omi, tant en 1934, lors de la visite d’Ève Klein, sa fille, à sa mère, Rosie, qu’en novembre 1938, lors du départ-déguerpissage d’Allemagne, enfin, d’Omi, sur les conseils pressants du consul de France à Dresde… A Dresde, avait exercé un temps (puis ensuite à Essen) le beau-frère banquier de Rosie, Max Stern, le mari de sa sœur Hedwig, dite Hete, et née Jonas ; Max Stern est décédé à Theresienstadt le 8 décembre 1942 ; alors que sa veuve, Hete-Hedwig, lui a survécu, et est décédée, un peu plus tard, d’un cancer, aux États-Unis ; et ils avaient une fille, Ellen Stern. Il ne m’est pas encore  aisé de bien me repérer dans les parcours de vie (et mort) des divers membres des fratries Jonas… _

Omi non plus je ne la comprends _ décidément _ pas _ ajoute encore Ève, au bas de la page 60 _,

_ C’était pour attendre mon Visum pour les États-Unis, écrit _ écrit Fred (au lieu de dit ?), écrit Fred dans le Bericht ? Ou bien plutôt dans la correspondance retrouvée plus récemment chez sa mère Ève, par Hélène, correspondance échangée à partir de 1985 (et conservée) entre sa mère Ève, et Fred, « le dernier ami de ma mère » (selon la formule d’Hélène, à la page 26)… _

écrit _ donc _ Fred _ alors encore Siegfried, ces années-là, afin de se justifier de son retour si terriblement malencontreux à Osnabrück le 14 octobre 1938, lit-on, immédiatement en suivant, en haut de la page 61.

_ Ach was ! J’appelle ça un manque de bon sens,

ma mère _ Ève _ balaie _ aussitôt _ Fred le jeune _ c’est-à-dire encore Siegfried en 1938 _,

qui sait si Fred 1985  _ ou 1986 : ce serait-là le moment d’un tout premier échange (et dispute) épistolaire entre Fred, rentré d’Osnabrück (où il s’était rendu pour la rencontre-hommage aux Juifs d’Osnabrück du 20 avril 1985) chez lui à Des Moines, et Ève revenue elle aussi (de la rencontre-hommage d’Osnabrück) chez elle à Paris… _ a changé ? » _ s’interroge avec sa foncière prudence pragmatique Ève Cixous, à ce stade de leurs retrouvailles, qui vont se révéler de stricte « utilité«  de compagnonnage touristique d’agrément (de par la planète), du moins pour elle ; page 61.

Apparaissent donc concomitamment pour la première fois, page 60,

et le mot d’illusion,

et le nom de Freud.

…     

Nouvelles occurrences (au nombre de quatre en cinq lignes) du mot illusion, à la page 63,

lors d’une conversation, en 1937 _ semble-t-il, ou peut-être 1935 ; la mémoire de Fred manque ici de sûreté temporelle… _ à Paris, de Siegfried Katzmann avec Walter Benjamin, « dans le café près de l’ambassade des États-Unis » _ la mémoire visuelle étant plus fiable, pour lui _, en vue d’obtenir le fameux Visum pour gagner les États-Unis d’Amérique :

« il s’agissait de visas,

il faut être sans illusion,

le visa me sera sans doute _ probablement _ refusé _ ou peut-être pas ! _,

mais une petite illusion doit être entretenue,

on ne peut pas ne pas espérer _ voilà : ce serait trop désespérant ! L’espoir aide beaucoup à vivre…

Mais comment distinguer vraiment l’espoir, tant soit peu réaliste-rationnel dans le calcul de ses perspectives, malgré tout,

de l’illusion, aveuglante ?

Même Walter Benjamin a un peu de mal (et en aura jusqu’à sa propre fin ! le 26 septembre 1940, à Port-Bou) à ne pas les amalgamer…

Il n’y aura pas de réponse

_ du moins un peu rapide de la part de l’ambassade américaine, en 1937 ; en tout cas pas avant cette sinistre Nuit de Cristal du 10 novembre 1938, pour Siegfried ; pas plus pour Walter Benjamin, non plus, d’ailleurs…

Gardons l’illusion _ subjective _, dit Benjamin _ plutôt que l’espoir (un tant soit peu réaliste) ? Penser cela semble plutôt désespérant !..

Et Fred _ ainsi conforté, en 1937, par l’autorité du philosophe de renom qu’est Walter Benjamin _ garde _ par conséquent _ une petite illusion« 

_ or ce fut peut-être ce visa américain-là qui, de façon complètement inespérée, surtout à ce moment (de décembre 1938) de l’enfermement de Siegfried à Buchenwald, réussira à le faire quasi miraculeusement sortir, le 13 décembre 1938, de la « cage«  du KZ de Buchenwald (ainsi que de la « cage«  du Reich ! quelques mois plus tard, début 1939) ;

même si le récit,

pas plus celui du Bericht de Fred, en mars 1941,

que celui d’Hélène, en ce 1938, nuits de 2018,

n’en dit (et heureusement) rien.

Car cela tiendrait un peu trop du trop beau pour être vrai ! lieto fine opératique, ou du happy end cinématographique hollywoodien, pour être cohérent, et avec le caractère d’absolue vérité tragique du Bericht, et avec la volonté de lucidité-vérité jusqu’au bout de l’écriture-Cixous elle-même… Et on imagine ici ce que serait le commentaire ironique d’Ève !!! Ces récits risquant de prendre bien trop, par une telle chute, une allure idyllique de conte de fées…

Si un timide espoir luit, au final de ces deux récits, celui du Bericht de Fred, comme celui du 1938, nuits d’Hélène Cixous, c’est très discrètement, et fort brièvement, dans les deux cas de ces deux récits ; mais tout (et même l’impossible !) peut toujours arriver et se produire-survenir au pays de l’Absurdie…

Car cette notule d’« espoir » (plutôt que d’« illusion« … : mais peut-on vraiment, et comment ?, absolument les départir ?…),

est tout de même bien présente in extremis, le lecteur le découvrira,

et dans le Bericht de Fred, de mars 1941, ne serait-ce que parce que Siegfried aura très effectivement survécu à de telles épreuves pour avoir pu, devenu Fred, en témoigner de fait ainsi,

et dans le 1938, nuits d’Hélène, de cet été 2018, que nous lisons, avec un tel dernier chapitre intitulé « Je voudrais parler de l’espoir«  ;

même si c’est assez indirectement, mais pas complètement non plus, dans le Bericht de Fred : page 55, nous avons pu en effet lire sous la plume de Fred : « à la fin est arrivé le Visum pour les États-Unis _ voilà ! c’était annoncé dès ici !, page 55 _, mon père venait de partir pour le Pérou, la lettre de Freud n’est jamais arrivée, ça ne veut pas dire qu’elle ne soit pas partie de Vienne, tout peut ne pas arriver  » ; l’auteure a ainsi l’art de brouiller aussi un peu, mais pas trop, non plus, jusqu’à complètement nous perdre !, ses pistes, histoire de ne pas trop faciliter, non plus, le jeu amusant de nos propres efforts d’orientation de lecteurs, en son récit volontairement un peu éclaté (soit ce qu’elle-même nomme « le poème effiloché d’Osnabrûck« , l’expression se trouve à la page 103) aussi de sa part… C’est là aussi une manifestation de son humour un peu vache… Mais, à qui, lecteur, fait l’effort de chercher et patiemment bien lire, pas mal des pièces du puzzle sont déjà bien là présentes, sur les pages ; à nous d’apprendre à efficacement les ajointer ! Et c’est un des plaisirs fins de la lecture Cixous…

Et c’est à la page 107

que nous trouvons un long développement, important

_ mais toujours léger et sans cuistrerie, ni le moindre dogmatisme de la part de l’auteure-narratrice : ce sont de simples hypothèses envisagées et essayées dans la conversation avec ses proches par Hélène _,

concernant à la fois,

et la personne de Freud,

et le mot/concept d’illusion

_ avec trois occurrences de ce mot en cette page 107 ; et une quatrième à la page suivante, page 108:

« Moi aussi _ c’est Hélène qui parle,

et elle se réfère ici aux lettres-prières pragmatiques, demeurées sans succès, de sa mère, Ève Cixous, née Klein, cherchant à convaincre sa propre mère Rosie Klein, née Jonas (soit Omi, grand-mère, pour Hélène), de venir (d’Osnabrück ; ou de Dresde ?) prestement la rejoindre à Oran, où Ève réside désormais, de l’autre côté de la Méditerranée, depuis son mariage, le 15 avril 1936, à Oran, avec le médecin oranais Georges Cixous, qu’elle a rencontré à Paris en 1935 _ 

je lui écris _ à Omi, et en toute imageance ; c’est donc Hélène qui s’exprime ici _,

en vain _ pour oser espérer quelque réponse effective d’elle !

Et c’est probablement ici la raison de fond ultime et vraiment fondamentale de tout cet opus-ci, pas moins !, qu’est ce 1938, nuits :

obtenir enfin quelque réponse et reprise de conversation avec Omi, en ayant su trouver « les mots qui pourraient la soulever » et devraient « la toucher« , va écrire juste aussitôt après sa petite-fille, Hélène !… _,

je ne connais pas son adresse _ post mortem, à la différence de l’adresse post mortem de sa mère Ève, avec laquelle la communication-conversation, plus que jamais vive et vivante, est et demeure presque continue entre elles deux (soit dans les rêves, la nuit, soit dans l’imageance, les jours de l’écriture…), elles deux qui ont si longtemps vécu côte à côte, tout spécialement les dernières années d’ultra-dépendance d’Ève, décédée le 1er juillet 2013 en sa 103 ème année…  _,

dans les rêves _ voilà ! _ on n’a jamais l’adresse de la grand-mère,

je ne sais pas _ bien _ les mots qui pourraient _ et devraient _ la soulever _ maintenant ! au point de l’amener à y répondre vraiment autrement que par son silence… _,

je lui envoie un texte de Freud _ L’Avenir d’une illusion ! _ ça devrait la toucher _ et susciter sa réaction : une réponse un peu précise, comme celles que sait si bien lui donner, et régulièrement, Ève, sa mère… ; 1938, nuits, est donc aussi (et c’est peut-être même là le principal !!!) une tentative de susciter quelques réponses d’outre la mort, de sa grand-mère Omi, de la part d’Hélène, cette fois-ci, et via cet envoi de l’opus _,

dans sa rêverie trempée de sang le soldat meurt saintement pour l’Allemagne, il laisse derrière lui femme et enfants à manger pour l’Allemagne,

un texte _ de Freud _ publié _ effectivement _ en 1916,

en 1916 le mari d’Omi _ Michaël Klein _ est tué sur le front _ russe _,

le sujet : l’illusion.

Moi aussi _ dit Hélène, au présent de son écriture _ je me fais des illusions _ par partialité, forcément, du point de vue, au moins de départ, de la réflexion (et des échanges) _ : parce qu’Omi est ma grand-mère, et la mère d’Ève.

Pendant qu’elle _ Omi, à Osnabrück ; mais Omi, en 1938, ne se trouve-t-elle pas plutôt à Dresde ?.. Car c’est bien, page 104, le consul français à Dresde qui finit par la décider, aussitôt après la Nuit de Cristal, à quitter dare-dare l’Allemagne, afin de rejoindre sa fille Ève en Algérie… ; de même que c’était à Dresde, aussi, qu’Ève était venue pour la dernière fois, en 1934, en Allemagne, rendre visite à Rosie pour quinze jours… Que penser de cette persistance de Dresde (en 1934, en 1938) dans la vie d’Omi ?.. À méditer ! Bien sûr, la communauté juive d’Osnabrück a bénéficié d’un colloque marquant, le 20 avril 1985 ; et des pavés dorés sur les trottoirs marquent désormais les anciens lieux de résidence des Juifs assassinés par les nazis, dont les Jonas, à Osnabrück… Ce qui n’est peut-être pas le cas à Dresde… _

répond par lettre à sa fille _ Ève _, en Afrique tout le monde est noir (sic),

la brigade Kolkmeyer défile sur la place _ d’Osnabrück _

mais tout est illusion

_ comment vraiment bien comprendre cette formulation ? Est-ce là s’incliner devant un invincible perspectivisme, d’ordre par exemple monadologique, à la Leibniz ? Page 46, se trouve la formulation « Chacun sa tragédie, chacun pour soi«  ; et nous retrouvons à nouveau ici la très grande difficulté de parvenir à vraiment « s’entrecomprendre«  (le mot se trouve à la page 101) ; cf mon précédent article du 6 février dernier :  _,

je n’arrive pas à croire _ se disent définitivement, et Ève, et Hélène _ qu’Omi ne déménage pas demain.

Elle récite _ irréalistement, se berçant-grisant d’illusions humanistes inappropriées à la situation du nazisme… _ du Gœthe.

_ Ce n’est pas un raisonnement, dit ma fille, c’est un comportement conjuratoire _ une conduite irrationnelle magique.

On n’arrive pas à croire _ vraiment _ ce qu’on voit » _ sans le voir vraiment, non plus,

en ses trop partiales focalisations.

Or, quand Siegfried Katzmann réussit

_ par quels invraisemblables biais ? nous ne le saurons pas, du moins directement ; probablement grâce à l’obtention inespérée du visa américain demandé à Paris en 1937 ; mais lui-même, Fred, par anticipation, l’a annoncé, mais comme subrepticement, pour nous lecteurs; à la sauvette, à la page 55 : « à la fin est arrivé le Visum pour les États-Unis«  _

à quitter le camp de Buchenwald, en décembre 1938 (le 13 ?),

mais on ignore _ et le lecteur ici ne l’apprendra pas ! _ par quels détours compliqués ou absurdes des administrations _ américaine et allemande nazie _ ;

et que,

« la tête rasée« ,

il croise-contemple, au passage, la maison de Gœthe, à Weimar _ qu’il traverse en quittant Buchenwald, tout proche _,

« relâché _ qu’il vient d’être du KZ _ dans les rues de la ville,

chaque rue 1939 _ ou plutôt 13 décembre 1938 ? _

qui autrefois _ à lui, lui aussi, lecteur de Gœthe _ lui était aussi familière qu’une cousine _ assez régulièrement fréquentée _

est maintenant irréparablement _ voilà ! _ étrangère.


C’est Siegfried qui a changé : il est devenu orphelin d’illusions
« 

_ maintenant décédées au KZ de Buchenwald ;

car un très crucial fil matriciel a été, et possiblement pour jamais (mais qui sait vraiment ?)

rompu, tranché net,

sans retour.

Le mot illusion revient encore une avant-dernière fois à la page 111 :

en son voyage-aller vers Buchenwald, dans l’Omnibus _ « C‘était un Mercedes, puissant, avec cette carapace qui donne à ces véhicules l’allure d’un mastodonte. On se sent enfourné dans un ventre, petite bouchée de viande mastiquée« qui transporte les Juifs prisonniers vers le KZ,

Siegfried-Fred est particulièrement sensible, durant tout le trajet, au « Silence.

Un silence armé violent, silence _ terrorisé _ de plomb.

Même l’oiseau que Fred a cru entendre,

illusion, plomb« .

Et encore une toute dernière occurrence de ce mot « illusion« , à la page 139,

en la page d’ouverture du quatrième et dernier chapitre, intitulé « Je voudrais parler de l’espoir » _ et c’est Hélène qui parle, avec recul, en ce titre de dernier chapitre _ :

« à aucun moment _ là c’est Fred qui raconte en son Bericht de mars 1941 _ on n’a pensé _ car c’était bien impossible, et le « on«  est un « on«  collectif des prisonniers du KZ… _ à _ raisonnablement _ espérer

_ et il était encore bien plus difficile alors, forcément, de se laisser aller-bercer-prendre à s’illusionner ! _,

chaque minute était abrupte _ et d’une violence implacable, en son tranchant comme en sa terrible écrasante pesanteur _ comme un rocher,

on ne pense rien,

on va _ seulement _ de défaite en défaite

_ voilà !

nul espace mental, pas davantage que physique, ne laisse, ici et alors, le moindre interstice pour quelque projection fantasmatique que ce soit, de désirs à plaquer sur pareille massivement « abrupte«  violentissime absurde effroyable réalité ! Désirs et réel étant totalement absolument incompossibles, voilà !, en cet Enfer du KZ !!! ;

je pense ici au détail descriptif si remarquable de l’Être sans destin, d’Imre Kertész, qui se déroule, lui aussi, comme le Bericht de Fred Katzmann, en grande partie à Buchenwald ; ainsi, encore, qu’à son saisissant et extraordinaire récit de retour, Le Chercheur de traces, de Kertész lui-même se racontant, très ironiquement, revenant longtemps après son premier séjour au camp, à la fois à la gœthéenne Weimar, qu’il visite, et à un Buchenwald muséifié (de même qu’à Zeitz, un camp-chantier subordonné à Buchenwald, et laissé, lui, quasiment tel quel ; ce texte admirable, publié en 1977 à Budapest, a été aussi republié plus tard, après 1989-90 et la chute du Mur, au sein du superbe recueil Le Drapeau anglais ! _,

on n’a pas d’illusion _ à laquelle tenter d’imaginer se raccrocher fantasmatiquement si peu que ce soit,

se bercer… _,

on n’a rien _ rien du tout _,

on ne veut pas, c’est tout,

il n’y a que du temps à l’infini le même

et pas d’avenir » _ sans destin, donc ; soit l’intuition même de Kertész !

Avant qu’in extremis,

ne surgisse l’improbable libération _ « du kamp et pour la vie« , page 144 _ d’un prisonnier,

Max Gottschalk, d’Osnabrück

_ « le fils du marchand de bestiaux« , page 144, dont ses concitoyens prisonniers au KZ savaient tous qu’il avait sollicité un visa de sortie d’Allemagne pour les États-Unis _,

donnant enfin une mince occasion,

à chacun de ses concitoyens et coréligionnaires d’Osnabrück,

d’espérer si peu que ce soit aussi, à son tour, et pour soi-même,

car « tous ceux d’Osnabrück savaient que Gottschalk avait demandé un visa pour l’Amérique.

C’est comme s’il l’avait eu dans sa poche » :

« Chacun a sursauté en sentant revenir _ _ l’espoir

_« dans les ténèbres une lueur d’espoir. Schimmer. Scintille« , page 143 _

dans le cadavre _ en putréfaction déjà _ de l’existence » _ dans le KZ de Buchenwald _, page 143…

A coté de la dangereuse illusion,

scintille donc une mince lueur d’espoir, un tout petit peu réaliste, ou rationnelle, par conséquent

_ mais espoir et illusion sont toujours si difficiles (ou impossibles ?) à distinguer-dissocier…

Mais il faut souligner aussi que

c’était alors l’époque _ cet automne 1938-là _ où Hitler ne désirait pas encore nécessairement _ et surtout n’avait pas commencé d’entreprendre très méthodiquement _ la destruction massive immédiate de tous les Juifs d’Europe (dont, aussi, ceux d’Allemagne),

commençant par mettre en œuvre d’abord la simple expulsion _ soit le plan dit Madagascar _ de ses Juifs hors du territoire du Reich ;

c’est ainsi qu’allait être organisée en octobre 1940 la déportation au camp de Gurs, par train,

dans le lointain sud-ouest de la France, au pied des Pyrénées, 

des Juifs du Land de Bade

_ parmi lesquels Wilhelm Mosch, mari de Gerta (ou Gerda) Löwenstein,

la cousine « préférée«  et « d’une gentillesse infinie » d’Ève ! comme Ève l’indique à la page 58 de 1938, nuits) ;

Gerda et son mari finissant un peu plus tard en fumée à Auschwitz, au mois d’août 1942.

Il y a donc bien des illusions mortelles.


Ce vendredi 8 février, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sur la recollection dérangeante du « dossier » « Fumée humaine » : la contribution littéraire de Nicholson Baker à la curiosité historique sur la seconde guerre mondiale

25juin

Avant de me mettre à lire « Human smoke« 

que m’a chaleureusement recommandé dès sa parution, le 14 mai 2009, le toujours d’excellent conseil David Vincent,

voici, sur cet opus, un petit dossier d’articles mettant « l’eau à la bouche« …

En commençant, comme souvent, par un article d' »El Pais« , le 22 juin :

 « El mal estaba en todas partes« 


Nicholson Baker muestra en « Humo humano« 
_ qui vient de paraître aussi en traduction française (par les soins d’Éric Chedaille) aux Éditions Christian Bourgois le 14 mai dernier : le titre originel, « Human smoke« , a été conservé… _ cómo la pulsión destructiva de la II Guerra Mundial no era sólo de un bando _ El autor rinde homenaje al pacifismo

JOSÉ MARÍA RIDAO _ Madrid _ 22/06/2009

Desde que, con motivo de la conmemoración del medio siglo del final de la II Guerra Mundial, la investigación historiográfica empezó a confundirse con el denominado « trabajo de memoria« , la idea de que el conflicto más devastador de todos los tiempos revestía los caracteres de una lucha escatológica, de un combate contra el Mal Absoluto, ha ido ganando terreno. Poco a poco, la indagación sobre los procesos políticos, diplomáticos y económicos que condujeron a la guerra se fue abandonando en favor de una reflexión de otra naturaleza, a medio camino entre la filosofía y la teología, y en la que lo más relevante es responder a la pregunta de por qué el ser humano fue capaz de tantas atrocidades como tuvieron lugar entre 1939 y 1945. Podría tratarse, sin duda, de una reflexión interesante, incluso necesaria, pero a condición de que no parta del equívoco que Nicholson Baker denuncia en su ensayo _ sic ! _ « Humo humano« , que acaba de publicar en España Debate _ et en France les Éditions Christian Bourgois _ : ese genérico ser humano que se libró a la destrucción y el asesinato en masa no se encontraba únicamente en las filas del nazismo, sino también, en mayor o menor medida, en cada uno _ voilà... _ de los bandos enfrentados.

Churchill: « Estoy a favor de emplear gas tóxico contra tribus incivilizadas »

El abogado Roosevelt propuso reducir el número de judíos en la Universidad

El propósito declarado de Baker es saber si la II Guerra Mundial fue una « guerra buena » _ une « guerre juste« , disons-nous… _ y si, hechos todos los balances, « ayudó a alguien que necesitara ayuda« . Tal vez la sensación de que, al emprender esta tarea, se vería obligado a nadar a contracorriente de un relato historiográfico que consagra a Churchill y a Roosevelt como héroes haya llevado a Baker a plantear su obra, no como un volumen de historia al uso, sino como un texto coral _ polyphonique _ en el que son los protagonistas quienes toman la palabra. El autor, por su parte, se ha limitado a seleccionar _ en un dossier purement historiographique + un montage _ las declaraciones, los artículos de prensa, las cartas o los diarios en los que los protagonistas se expresan en primera persona, añadiendo de vez en cuando breves comentarios sobre el contexto y, siempre, la fecha de los documentos _ cf mon article du 14 avril 2009 sur le livre de Georges Didi Huberman, « Quand les images prennent position _ LŒil de l’Histoire 1« , à propos de l’extraordinaire (et trop méconnu encore !!!) montage de documents photographiques, principalement, par Brecht en son livre « L’ABC de la Guerre » : « L’apprendre à lire les images de Bertolt Brecht, selon Georges Didi-Huberman : un art du décalage (dé-montage-et-re-montage) avec les appoints forts et de la mémoire activée, et de la puissance d’imaginer«  El resultado es perturbador, como si, de pronto, hubieran sido convocados a escena todos los silencios _ oui ! cf sur ces silences, aussi, le plus que passionnant livre à paraître à la rentrée de Yannick Haenel, à propos du livre magnifique de Jan Karski : « Mon témoignage devant le monde (histoire d’un secret) » : « Jan Karski » !.. _, todos los equívocos imprescindibles para que la historia de la II Guerra Mundial se pueda seguir contando como hasta ahora.

Baker no expone una tesis, la ilustra _ par sa seule récollection (+ montage) de documents authentiques. Y para ello concentra la mirada _ le principal est dans la focalisation _ sobre dos de los dramas mayores del conflicto : el sistemático bombardeo de poblaciones civiles y las iniciativas, o mejor, la absoluta ausencia de iniciativas oficiales, para salvar a los judíos perseguidos por el nazismo. En realidad, la posición de Baker, la tesis que se propone ilustrar en « Humo humano« , sólo queda fijada en la dedicatoria con la que concluye un breve epílogo de apenas dos páginas : « Dedico este libro« , escribe Baker, « a la memoria de Clarence Pickett y otros pacifistas estadounidenses y británicos. Jamás han recibido realmente el reconocimiento que se merecen. Intentaron salvar refugiados judíos, alimentar a Europa, reconciliar a Estados Unidos y Japón e impedir que estallara la guerra _ cela, c’est sans doute une autre Histoire… Fracasaron, pero tenían razón« .

« Humo humano » establece un implícito paralelismo entre la guerra total que inspira la estrategia de todos los contendientes en la II Guerra Mundial y los ataques aéreos en los territorios coloniales. Es entonces cuando aparecen por primera vez protagonistas como el futuro jefe del Bombing Command, Arthur Harris, y el también futuro primer ministro británico, Winston Churchill. « Estoy decididamente a favor de emplear gas tóxico« , escribe Churchill al jefe de la Royal Air Force, « contra tribus incivilizadas« . La confianza del primer ministro en la eficacia del bombardeo contra civiles, aunque ya no con gas tóxico, que había sido prohibido, se mantiene intacta al iniciarse la II Guerra Mundial, sólo que ahora Churchill pretende que la lluvia de fuego que descarga sobre las ciudades de Alemania transmitan el mensaje de que los alemanes deben rebelarse contra Hitler. Con el implícito y aterrador corolario de que, si no lo hacen, se convierten en cómplices del dictador.

Los textos que reproduce Baker recuerdan que el antisemitismo no fue sólo un sentimiento alimentado por el nazismo, sino un clima general _ là-dessus, lire de Georges Bensoussan : « Europe, une passion génocidaire« , aux Éditions Mille et une nuits, en 2006… Cuando aún era un simple abogado, el futuro presidente Roosevelt se dirigió a la Junta de Supervisores de Harvard proponiendo que se redujera el número de judíos en la Universidad hasta que sólo representaran un 15%. Y Churchill, entretanto, publicaba en febrero de 1920 un artículo de prensa en el que decía que judíos « desleales » como Marx, Trotski, Béla Kun, Rosa Luxemburgo y Emma Goldman habían desarrollado « una conspiración mundial para el derrocamiento de la civilización« . Creía, sin duda, en la existencia de « judíos leales« , a quienes exigía en ese mismo artículo que vindicasen « el honor del nombre de judío« , pero la obsesión antibolchevique le jugó la mala pasada de elogiar, también en la prensa, a Mussolini, de quien se declaró « encantado por el porte amable y sencillo » y « por su actitud serena e imparcial« . E incluso a Hitler, de quien, dejándose influir por los comentarios de los que lo conocían, estima que era « un funcionario harto competente, sereno y bien informado de porte agradable y sonrisa encantadora« . En contraposición, Trotski « era un judío. Seguía siendo un judío. Era imposible no tener en cuenta este detalle« .

Es probable que quienes defienden la interpretación de la II Guerra Mundial como una « guerra buena« , como una lucha escatológica contra el Mal Absoluto, reprochen a Baker la selección de los textos que ha incluido en su provocador « Humo humano » . Pero, aun así, esos textos seguirán estando donde están, y obligan, cuando menos, a repensar _ oui ! _ la relación entre la historia y el tan traído y llevado « trabajo de memoria« .

JOSÉ MARÍA RIDAO

A l’inverse de cet éloge,

voici, maintenant, une « critique » de « Human smoke » par l’excellent Philippe Lançon, dans le cahier « Livres » du « Libération » de ce jeudi 25 juin,

en un article intitulé « Updike dans la peau« 

en « contrepoint » à un éloge, il est vrai, d’un (vieil) hommage d’il y a maintenant vingt ans, à ce maître d’écriture que fut pour lui John Updike,

« Updike et moi« ,

de ce même Nicholson Baker à John Updike, donc _ lequel vient de disparaître le 27 janvier 2009 _,

mais un Nicholson Baker plus jeune, lui aussi (forcément !) de vingt ans (il avait trente deux ans en 1989) :

en effet, cet « Updike et moi » fut écrit en 1989-90 ;

et s’il a paru aux États-Unis en 1991, et fut traduit assez tôt, ensuite, en français (par Martin Winckler),

l’éditeur Julliard renonça cependant alors à le publier ;

ce livre devant surtout, ou du moins d’abord, sa parution actuelle, dix-huit ans plus tard, en traduction française (aux Éditions Christian Bourgois)

d’abord, et hélas, à l’événement du décès de John Updike, le 27 janvier dernier.

Le jeune Nicholson Bake, né le 7 janvier 1957, avait, en 1989, trente-deux ans …

Voici ce que dit Philippe Lançon, donc, de ce « Human smoke » :

Ecot. Le nouveau livre de Baker, « Human smoke« , est surprenant mais moins intéressant _ que « Updike et moi« , pour Philippe Lançon… C’est une elliptique et édifiante anthologie parfaitement écrite, et une performance : 500 pages de faits et déclarations réels, inventoriés puis miniaturisés sans commentaire, à la manière des « Crimes exemplaires » de Max Aub, qui permettent de suivre, de 1917 à 1941, non pas seulement la remontée vers la guerre, mais le spectacle du goût des Etats pour le crime et la guerre. Baker cherche à montrer, par ses microrécits, que tout se tenait : les méchants hitlériens et les vilains staliniens sont aussi les produits d’une enchère dans laquelle les démocraties ont versé leur écot. Il n’a pas tort, mais on ne peut pas dire qu’on l’ignorait, et la démonstration, bien que composée avec le sens du contraste et de la progression, tourne à l’amas d’anecdotes _ j’en jugerai en le lisant… Ses sources sont citées, page par page, en particulier les journaux de l’époque. On y verra que, si la presse attisa bien des passions tristes, elle fit d’abord son travail : de l’anticolonialisme, de l’antisémitisme et des expériences meurtrières les plus imaginatives, tout fut aussitôt dit, écrit et relaté. Mais le monde ne voulait, simplement, pas le savoir _ c’est un point certes dirimant!

Dont acte.

Quant au début de l’article, consacré à « Updike et moi« ,

c’est un bijou d’article ! Qu’on en juge aussi :

« Updike dans la peau »

Critique

Mélange. Un hommage de Nicholson Baker à l’auteur de «Rabbit».

Par PHILIPPE LANÇON

Nicholson Baker : « Updike et moi«  Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Martin Winckler Christian Bourgois, 194 pp., 17 euros.

« Human smoke«   Traduit par Éric Chedaille Christian Bourgois, 574 pp, 26 euros.

Quiconque est intéressé par la vie d’un écrivain _ oui ! _ plutôt que par sa biographie lira avec plaisir « Updike et moi« . Il découvrira quels liens, d’admiration et de jalousie, de gratitude et de complexes, peuvent unir un auteur _ lecteur _ aux aînés (vivants ou pas) qui l’ont justifié. Parce que c’était eux, parce que c’était moi _ en leur singularité se révélant dans l’œuvre ouverte d’écriture.

A l’été 1989, Nicholson Baker apprend la mort de l’écrivain Donald Barthelme (1). Il a suivi ses cours à Berkeley, l’admire, se sent incapable d’écrire le moindre texte sur lui. Un écrivain mort peut en cacher un autre, qui ne l’est pas forcément : réfléchissant sur cet exercice à perspective faussée qu’est l’hommage nécrologique, il se souvient de celui que John Updike publia sur Nabokov (un écrivain que Baker aime également par-dessus tout _ et si je puis m’insérer modestement en cette « chaîne«  d’admirations, à mon tour…). Ainsi en vient-il à écrire, de digression en digression, la manière dont Updike, cet «ami imaginaire», vit en lui _ et « travaille » ainsi sa propre écriture. Il parle de son idée au rédacteur en chef d’une revue. On lui répond que le résultat pourrait aussi bien être excellent que «tout à fait sinistre».

Le livre est publié aux Etats-Unis en 1991. Baker est un jeune romancier _ de trente quatre ans, maintenant _, auteur de nouvelles et de « la Mezzanine » _ à découvrir, pour qui ne l’a pas encore fait… Updike a encore dix-huit ans à vivre : on ignore si et comment il a réagi. Martin Winckler, l’auteur de « la Maladie de Sachs« , amateur de George Perec et de séries télévisées, explique dans la préface qu’il a traduit « Updike et moi«  sur proposition d’un éditeur, Julliard, qui renonça _ cependant _ à le publier. Il a fallu qu’Updike meure pour qu’il finisse par paraître _ en forme d’hommage non plus à un vivant, mais à un disparu. L’amour des livres est plus patient _ oui : chez quelques uns… _ que les regrets qu’ils inspirent.

Virus. John Updike, né en 1932, vit en Nicholson Baker, né en 1957, comme un virus enchanteur _ quelle belle formule ! On ne peut donc pas dire que Baker écrit sur Updike, mais plutôt sur lui-même révélé par Updike _ voilà ! le « génie », en plus de sa « singularité » atypique, a aussi la vertu d’une « exemplarité » forcément problématique : il ne se copie pas ! il « inspire » !!! L’envie concrète de le faire lui vient le jour où, «avec une stupéfaction jalouse», il voit sa mère se marrer en lisant la description par l’auteur de « Rabbit » d’un morceau décollé de gazon de golf : «Rien n’est plus impressionnant que le spectacle d’une personne complexe _ d’une grande capacité de sensibilité admirative _ éclatant de rire _ en ce que Baldine Saint-Girons appelle un « acte æsthétique« … _ à la lecture de quelques mots dans un livre ou un journal sérieux», surtout si cette personne est sa mère. Baker observe le virus que la sienne lui a peut-être refilé.

Son effet est permanent et sa victime, assez négligente. Permanence : «Au cours des treize dernières années écoulées, il ne s’est guère passé de jours sans qu’Updike occupe au moins une ou deux de mes pensées.» Négligence : quand Baker répertorie ses lectures d’Updike, il s’aperçoit qu’il n’a fini presque aucun de ses livres, et qu’il n’en a le plus souvent lu que quelques pages. C’est que l’écrivain est plus constant dans sa production que le lecteur dans ses assiduités : «De même que nous voyons rarement nos amis les plus proches parce que leur proximité nous ôte le pressant besoin de débarquer chez eux, de même la productivité constante de l’écrivain vivant émousse notre impatience de combler les lacunes de notre lecture» _ pas toujours, heureusement…

En revanche, Baker est intarissable lorsqu’il s’agit de se poser des questions comme : qu’aurait fait Updike à ma place dans ce Mac Donald’s où je m’humilie avec des centaines de pièces jaunes tout en lisant William Blake ? Comment aurait-il décrit cette histoire de bonbons passés au rayon X par peur des bombes pendant un Halloween ? Et quand l’écrivain Tim O’Brien lui apprend, l’air de rien, qu’il joue au golf avec Updike, mais qu’ils ne parlent jamais de livres, Baker n’en finit plus de décrire comment il jouerait, lui, au golf avec son héros. Il faut le consoler en pensant que, s’il l’avait fait réellement, jamais il n’aurait pu l’imaginer _ l’activité se déployant, à l’œuvre, de la faculté de « génie »…

Ce que Baker a lu d’Updike, des phrases, des bouts de phrases, un personnage par-ci, une manière de décrire par-là, tout cela vit en lui profondément et à tout moment _ l' »inspire », en toute légéreté… Il tient des fiches mais cite de mémoire, donc de travers, puis rétablit les vraies phrases entre crochets. Elles sont souvent moins bonnes que leurs déformations : Borges _ l’ami de mon cousin Adolfo (Bioy Casares) et de ma cousine Silvina (Ocampo) _ pensait qu’il fallait faire confiance aux torsions _ « inspirées », à leur tour _ de la mémoire ; et il avait raison _ la vertu se propage…

« Updike et moi » est une histoire d’amour et, comme toute histoire d’amour bien racontée, elle se suffit à elle-même : inutile d’avoir lu Baker ou Updike pour aimer ce que l’un dit sur l’autre. Julien Gracq se fichait des critiques comme étant ces animaux impossibles, des «experts en objet aimé». Un mérite secondaire d’« Updike et moi » est de montrer l’ineptie _ ouaf ! ouaf ! Gracq n’est pas très doué pour l’amour : cf son calamiteux « Les Sept collines » où il réussit le tour de force de s’insensibiliser à la beauté de Rome ! _ de cette affirmation : c’est justement _ et uniquement _ quand on aime un écrivain qu’on en devient l’expert, pas besoin de le lire entièrement pour ça _ l’amour (vrai) est tout le contraire d’aveugle : c’est lui la vraie (et unique) voie d’accès à la connaissance !.. Mais aujourd’hui on prend tout et n’importe quoi pour de l’amour authentique. Gare aux contrefaçons, chers lecteurs !

Baker finit par rencontrer Updike, dans un cocktail. Celui-ci se souvient d’avoir lu l’une de ses nouvelles, «une très jolie chose» _ dit-il alors _, et puis s’en va. Baker repart avec ces quatre mots comme une rosière déflorée par un chevalier. Plus tard, il croit retrouver une trace infime de sa nouvelle dans un texte postérieur d’Updike, un détail, la description du pouce d’un violoniste. Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à un écrivain qu’on aime, c’est de l’avoir influencé» _ en retour…

John Updike est mort le 27 janvier 2009. Nicholson Baker n’aura plus à «trouver des preuves savantes _ universitaires, patentées _ de la grandeur d’Updike au lieu d’utiliser celles auxquelles je crois vraiment», les seules qui comptent, puisque ce sont _ plus « artistes », elles… _ des preuves d’amour.

(1) Dont Gallimard publie « La ville est triste » («l’Imaginaire», 184 pp., 6,50 euros)

Philippe Lançon

_ en un bien bel article, comme presque toujours : d’amour _ et désapprobation _ lucide(s)…

Nous irons y regarder d’un peu plus près…

Surtout sur la recommandation de David Vincent…

Cf aussi, de lui-même, le billet « Nicholson Baker n’est pas toujours drôle« , hier, 24 juin, sur le blog « Ces mots-là, c’est Mollat« …

Titus Curiosus, le 22 juin 2009

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