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Et Lars Vogt continue de venir chanter pour nous…

30sept

Lars Vogt, maintenant disparu, continue cependant de venir nous parler et chanter, ici par exemple Mozart,

pour notre enchantement ;

ainsi que vient nous le rappeler cette petite chronique de Jean-Charles Hoffelé, sur son site Discophilia, en date d’hier 28 septembre,

joliment intitulée « Opéra secret » :

OPÉRA SECRET

Cela aura été probablement _ peut-être pas… _ l’ultime enregistrement de Lars Vogt (octobre 2021), avec le Schwanengesang bouclant le triptyque entrepris par Ian Bostridge pour Pentatone autour des trois derniers cycles de Schubert. Ici, le label Mirare montre Vogt non au piano, mais baguette en main, dirigeant ses Parisiens qui le pleurent tant, et avec raison.

Le pur enchantement de la clarinette melliflue _ voilà _ de Raphaël Sévère, si éduquée, au son si noble, se transforme en Dorabella au long d’un concerto que Lars Vogt pense comme un opéra, récitatif, arioso, rondo, et au centre la nuit emplie d’étoiles d’un des plus surréels Adagios que le disque ait capté, rêve de voie lactée d’une tendresse désarmante _ celle de Lars Vogt lui-même…

Après un tel Concerto, vous ne serez pas en reste en écoutant le Quintette si tendre, si joueur, sur le fil de l’émotion, où les archets relancent le discours avec esprit, teintant le giocoso d’une fine mélancolie _ et le sublime Trio des Quilles ?..

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart(1756-1791)


Concerto pour clarinette et
orchestre en la majeur, K. 622


Quintette pour clarinette et
cordes en la majeur, K. 581

Raphaël Sévère, clarinette
Quatuor Modigliani
Orchestre de chambre de Paris
Lars Vogt, direction

Un album du label Mirare MIR6266

Photo à la une : le clarinettiste Raphaël Sévère – Photo : © DR

Et, en effet, les CDs de musique, y compris ceux qui, encore inédits, nous restent à découvrir, sont bien là afin de nous offrir à poursuivre rncore et encore, à jamais, à chaque nouvelle un peu attentive écoute, le formidablement vivant, plus que jamais même, dialogue, par cette grâce inépuisablement ressourcée ainsi que ressourçante, d’un tel  jeu si intense, si léger et profond à la fois, de la musique, que ce soit par le piano, en soliste, ou aussi dans la connivence joyeuse de la musique de chambre, ou  par l’orchestre qu’il a, pour toujours, l’enthousiasmante joie de diriger ainsi, et faire, à l’infini, et danser et chanter…

Ce vendredi 29 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Parmi l’offre discographique ravélienne (plus ou moins) récente, deux CDs de réunions d’oeuvres bien spécifiques : orchestrales, par John Wilson ; et pour violon et piano, par Elsa Grether et David Lively… Ou l’éloge du medium disque…

01sept

Ce soir du jeudi 1er septembre 2022, 

faisant une petite revue d’intéressantes _ ou enthousiasmantes ! _ productions discographiques ravéliennes des huit premiers mois de 2022,

je remarque d’une part le CD « Ravel Ma mère l’Oye Boléro (Premières recordings of original ballets) » du Sinfonia of London sous la direction de John Wilson _ le CD Chandos CHSA 5280  _

et d’autre part le CD « Ravel Complete Works for violin and piano » d’Elsa Grether, violon, et David Lively, piano et direction _ le CD Aparté AP295.


Pour le premier, c’est, en effet, un article de Bertrand Balmitgere, « Les Œuvres orchestrales de Ravel chez Chandos : le choc John Wilson« , paru sur le site Crescendo le 20 février 2022,

et pour le second, un article de Jean-Charles Hoffelé, « Paradis Ravel« , paru sur le site Discophilia, ce jour même, 1er septembre 2022,

qui ont sollicité et retenu ici mon attention _ mais j’aime tant Ravel…

Les œuvres orchestrales de Ravel chez Chandos : le choc John Wilson

LE 20 FÉVRIER 2022 par Bertrand Balmitgere

Maurice Ravel(1875-1937) :

La Valse, Ma Mère l’Oye (version ballet), Alborada del Gracioso, Pavane pour une infante défunte, Valses nobles et sentimentales, Bolero (version ballet 1928).

Sinfonia of London, John Wilson. 2021.

Livret en français, anglais et allemand.

83’45.

Chandos. CHSA 5280

 

La musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre pourvu qu’elle charme et reste enfin, et toujours, de la musique. Comment ne pas penser à ces mots essentiels de Maurice Ravel _ restant à interroger ce que Ravel dit bien avec son expression de « rester enfin, et toujours, de la musique«  ; et ne pas devenir autre chose de parasite… _ alors que nous allons évoquer le dernier enregistrement consacré à une partie _ seulement _ de ses œuvres orchestrales par l’excellent chef britannique John Wilson à la tête du Sinfonia of London. Ce disque est une véritable tempête musicale et bouleverse _ voilà _ notre regard sur un pan essentiel _ oui ! _ du répertoire occidental du XXe siècle.

A qui doit-on ce bonheur ? A La fidèle restitution des intentions du compositeur par la Ravel Edition, à un orchestre en fusion ou au regard neuf que nous apporte Wilson ? En tout cas la rencontre de ces trois ambitions fait des merveilles pour ne pas dire des étincelles… Pour compléter notre propos nous vous renvoyons à l’interview très éclairante donnée _ à Pierre-Jean Tribot, pour Crescendo _ par le chef il y a quelques semaines _ le 22 janvier 2022 _ au sujet de cet opus _ discographique du label Chandos.

Armé d’une légitimité musicologique grâce au travail des équipes de François Dru _ je le connais et l’apprécie (et l’ai rencontré, au moment de ses très remarquables travaux pour Jean-Paul Combet et Alpha, il y a déjà pas mal d’années : il nous a même interviewés une heure durant pour France-Musique lors de célébrations musicales à Versailles, pour le dixième anniversaire du CMBV, en 1997)… _, Wilson peut laisser aller toute sa virtuosité et son allant qui n’ont de pair que celles de sa formation. Quel tandem !

Commençons notre tour d’horizon de ce qui est sûrement le disque de l’année 2022 _ rien moins ! C’est dire le niveau de l’enthousiasme de Bertrand Balmitgere … _avec Bolero (dans la version originale et inédite ballet 1928) qui est hors norme et justifie à lui seul _ voilà ! _ l’achat de cet album _ et c’est fait désormais. On en prend plein les oreilles pendant près de quinze minutes, une véritable invitation à la danse qui ne laissera personne stoïque. On en redemande !

Le plus dur est fait !? C’est que ce l’on peut se dire après une telle réussite, mais Wilson et ses Londoniens ne s’arrêtent pas là ! La Valse est renversante (c’est le principe vous me direz mais c’est tellement rare…) ! Un tourbillon de sonorités et d’émotions entremêlées, bien servi par des cordes tout simplement hallucinantes. Nous avons rarement entendu cela ces dernières années. Il faut également encenser la prise de son _ de Ralph Couzens _ qui est superlative et participe à la totale réussite de ce projet.

Le ballet intégral Ma Mère l’Oye (dans sa version originale inédite telle que restituée par la Ravel Edition _ et c’est bien sûr à relever aussi… _), les Valses nobles et sentimentales et Alborada del gracioso ne sont pas en reste, mais c’est Pavane pour une infante défunte qui achève de nous convaincre. Le rythme lent, élégiaque, sensuel nous étreint littéralement pendant six minutes. Les hautbois chantent, la douceur des harpes, la retenue des cordes, la grâce flûtes tout est là. C’est parfois si beau la tristesse et la mélancolie _ tout particulièrement chez Ravel…

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Bertrand Balmitgère

PARADIS RAVEL

Une Sonate avec un Blues, une autre Sonate qui regarde Debussy dans les yeux, un hommage à Fauré, un éblouissant numéro de virtuosité qui n’en est pas un (Tzigane), voilà tout ce que Ravel aura destiné au violon _ voilà _, capturant dans son écriture absolument originale les possibilités de l’instrument dont il magnifie les ondoiements et les griffes de chat.

Cette poésie fugace, cette opulence des couleurs, Elsa Grether les saisit du bout de l’archet, féline _ elle-même, donc, en son jeu _, subtile, d’une élégance sans failles, ravélienne absolument _ voilà _, et chantant comme les grands archets français, de Zino Francescatti à Jeanne Gautier, de Jacques Thibaud à Michèle Auclair, y auront chanté.

Le piano de David Lively n’est pas du genre à accompagner, d’ailleurs Ravel ne le lui permet pas : à lui l’imaginaire des timbres, soit gamelan, soit cymbalum, toujours impertinent, et poète aussi, et surtout un piano qui n’est pas qu’en noir et blanc : des couleurs, des respirations, des accents, du grand soleil et des sfumatos. Magnifique !, je rêve qu’il nous grave tout le piano solo, et les Concertos tant qu’à faire, car il a la sonorité naturellement ravélienne.

Tzigane fabuleux car jamais déboutonné, Première Sonate d’une eau de rêve, Sonate majeure pleine de fantasque, petites pièces parfaites (et de l’émotion dans les Mélodies hébraïques, même étranglées de pudeur), deux ajouts inédits, le songe du Concerto en sol pudiquement (et minimalement) arrangé par Samazeuilh _ je me souviens de lui aux derniers jours de sa vie (Bordeaux, 2 juin 1877 – Paris, 4 août 1967) : Gustave Samazeuilh, grand Monsieur très digne et extrêmement cultivé, était en effet un fidèle des conférences de la Société de Philosophie de Bordeaux, auxquelles il venait assister à l’Amphi Alline de la Faculté des Lettres, Cours Pasteur à Bordeaux, quand j’y étais étudiant… _, le Foxtrot de L’Enfant transformé café-concert par Asselin, quelle belle fête au cœur de l’été _ quel enthousiasme en cet article aussi…

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
L’Œuvre complète pour violon et piano

Concerto pour piano et orchestra en sol majeur, M. 83 (extrait : II. Adagio assai – arr. pour violon et piano : Samazeuilh)


Sonate pour violon et piano No. 2, M. 77

Pièce en forme de Habanera, M. 51 (arr. pour violon et piano : Théodore Doney)

Sonate pour violon et piano No. 1, Op. posth., M. 12

Berceuse sur le nom de Gabriel Fauré, M. 74

Five o’Clock Foxtrot (d’après “L’Enfant et les sortilèges, M. 71”)
(arr. pour violon et piano : André Asselin)


Kaddisch (arr. pour violon et piano : André Asselin)


L’Énigme éternelle (arr. pour violon et piano : Lucien Garban)


Tzigane, M. 76 (Rapsodie de concert)

Elsa Grether, violon
David Lively, direction

Un album du label Aparté AP295

Photo à la une : la violoniste Elsa Grether et le pianiste David Lively – Photo : © DRà 

Réussir à saisir et donner, au concert comme au disque, l’extrême subtilité, si discrète, de la singulière magie enveloppante de l’infini profond mystère ravélien, au-delà de son extrême précision artisanale et étonnamment lumineuse clarté,

n’est certes pas donné à tous les interprètes…

Il nous faut donc rendre infiniment grâce à ceux-ci,

et remercier aussi le disque de nous permettre d’approfondir la découverte et l’enchantement de ces musiques ainsi interprétées à chaque ré-écoute et re-découverte, oui ! _ pour peu que nous y soyions nous-mêmes assez réceptifs : cela varie aussi… _, à loisir, de ces œuvres, telles qu’eux-mêmes, les interprètes, les ont rencontrées, ressenties, et ainsi données à en partager l’écoute, lors des prises des séances d’enregistrement en studio, ou du live du concert,

grâce à la permanence un peu durable _ et renouvelable, améliorable surtout, en s’affinant… _, pour nous, mélomanes, de l’objet disque, ainsi écouté et ré-écouté…

La gratitude est grande…

L’enchantement _ miraculeux, ces rares fois-là, il faut le reconnaître, des prises de tels enregistrements (et j’en ai eu l’expérience personnelle : réussir les prises est toujours infiniment délicat et assez difficile)… _ étant à même ensuite, là, à notre écoute et ré-écoute du disque, de se renouveler et, mieux encore, enrichir, affiner, venir nous surprendre et ré-enchanter _ l’expérience-épreuve de la ré-écoute étant à la fois nécessaire, et l’indice-preuve (résistante) confirmant, ou venant infirmer, cela arrive, la qualité supérieure de l’interprétation de la musique…

Merci à de tels disques !

Ce sont eux que nous attendons et désirons avec ardeur…

Ce jeudi 1er septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et la merveille des merveilles que sont les Concertos pour piano de Mozart par Ronald Brautigam, et la Kölner Akademie sous la direction de Michael Alexander Willens…

04juin

Et parmi les interprétations musicales absolument géniales,

il faut absolument relever et retenir celles de Ronald Brautigam dans les Concertos pour piano de Mozart,

avec la Kölner Akademie, sous la direction de Michael Alexander Willens,

_ enregistrés entre 2006 et 2015 _,

dont le label Bis vient de réunir, en un très commode magnifique coffret de 12 CDs, l’intégrale

_ le coffret Bis 2544 SACD…

Sur ce magistral coffret Mozart/Ronald Brautigam,

cf ce très judicieux article de Pierre Carrive,

paru le 8 juin 2021, sur le site de Crescendo Magazine,

« Une très enthousiasmante intégrale des concertos pour piano de Mozart sur instruments d’époque » :

Une très enthousiasmante intégrale des concertos pour piano de Mozart sur instruments d’époque

LE 8 JUIN 2021 par Pierre Carrive

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : les 27 Concertos pour piano (dont Concerto pour deux – deux versions – et trois pianos) ; 3 Concertos d’après J. C. Bach ; les 2 Rondos pour piano et orchestre ; Air « Ch’io mi schordi di te ? ».

Ronald Brautigam, pianoforte ; Die Kölner Akademie dirigée par Michael Alexander Willens (sauf Concertos pour deux et trois pianos) ;  Carolyn Sampson, soprano, Alexis Lubimov, pianoforte ; Haydn Sinfonietta ; Manfred Huss, pianoforte et direction ; Carolyn Sampson, soprano.

2006-2015. 11h 48m 03s.

Livrets séparés en anglais, en allemand et en français.

12 SACD BIS-2544.

Cette intégrale des Concertos pour piano de Mozart est en fait une réédition de 12 albums, qui ont été enregistrés et sont sortis séparément entre 2006 et 2015. Le coffret reprend l’ensemble, avec pour chaque volume son livret d’origine.

Ronald Brautigam a à son actif une discographie impressionnante, avec notamment trois monumentales intégrales pour piano seul de Haydn, Mozart et Beethoven. Mais son répertoire ne se cantonne pas à cette période, ni à jouer seul, puisque l’on peut trouver aussi, par exemple, de nombreuses œuvres du XXe siècle, en musique de chambre (notamment avec la violoniste Isabelle van Keulen), et aussi avec Riccardo Chailly et l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam.

Die Kölner Akademie et son directeur musical Michael Alexander Willens ont également une discographie très étoffée, dans laquelle Mozart, en-dehors bien entendu de cette intégrale de Concertos pour piano, est représenté par trois albums récents. En 2017 et 2020, ils ont enregistré quatre Sérénades de Mozart, remarquables de vivacité, de sens du drame, d’humour, de tendresse ; elles ne tombent jamais dans l’excès ni la caricature. L’orchestre est incisif, sans brutalité ; il trouve d’étonnantes couleurs, et la mise en valeur des voix intermédiaires lui donne une plénitude grisante. Deux albums absolument savoureux (comme s’était enthousiasmé Jean Lacroix), entre lesquels il y en eut un autre consacré à des œuvres d’inspiration maçonnique, à l’interprétation un peu plus attendue.

Ensemble, ils ont enregistré les intégrale des Concertos de Beethoven, de Mendelssohn, et de Weber. Voici donc celle de Mozart, qui a fait l’objet d’un entretien avec Crescendo-Magazine.

Mozart a écrit ses Concertos pour piano tout au long de sa vie, et plusieurs, notamment dans les plus tardifs, peuvent être considérés comme ses plus grands chefs-d’œuvre _ oui ! _, au même titre que ses plus grands opéras _ oui. Il les écrivait pour les jouer lui-même, et c’est probablement dans ce genre qu’il s’est dévoilé le plus. Aucun autre compositeur de quelque envergure n’y est revenu aussi souvent. Ils constituent une somme absolument unique à tous points de vue, d’une richesse et d’un niveau de perfection stupéfiants _ absolument 

Ils sont au nombre de vingt-sept. Mais, en réalité, les quatre premiers sont des « pastiches », réalisés d’après des Sonates accompagnées pour clavier et violon de Johann Schobert, Leontzi Honauer, Johann Gottfried Eckard, Hermann Friedrich Raupach et Carl Philipp Emanuel Bach. Le tout jeune Mozart s’était enthousiasmé pour leurs œuvres lors d’une très longue tournée, et à l’âge de onze ans, probablement aidé de son père, s’est lancé dans l’écriture de ces Concertos Nᵒˢ̊ 1 à 4, K. 37, 39, 40 et 41. Destinés à faire briller le pianiste tout en faisant connaître le compositeur, ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’on prendra conscience de leurs origines. S’ils constituent le premier volume de cette intégrale, ils ont en réalité été enregistrés en dernier. À leur écoute, l’on ne peut s’empêcher de penser à la « cerise sur le gâteau », tant on perçoit le plaisir jubilatoire _ oui _  qu’ont pris Ronald Brautigam, Michael Alexander Willens et la Kölner Akademie avec ces œuvres pleines de fraîcheur, après s’est plongés pendant plusieurs années dans tous les « vrais » et immenses Concertos pour piano de Mozart.

Deux autres sont à mettre à part, car écrits pour plusieurs instruments : le Concerto N° 7, pour trois claviers, K. 242, qui malgré son indéniable attrait tient du divertissement, et le Concerto N° 10, pour deux claviers, K. 365, sans doute le plus abouti de tous ceux composés jusque-là, et véritablement annonciateur des grands chefs-d’œuvre à venir _ oui. S’ils font l’objet du troisième volume de cette intégrale, ils avaient en fait été enregistrés quelques années auparavant, sans qu’il soit question de la suite, et par d’autres interprètes, parmi lesquels, déjà, Ronald Brautigam. Il y rivalise de virtuosité, de volubilité et de piquant avec Alexei Lubimov, lequel se montre sans doute encore plus inventif, mais au détriment d’une simplicité du discours que le héros de notre intégrale ne perd jamais de vue. Ils sont accompagnés par une Haydn Sinfonietta brillante et énergique, mais un peu rude, dirigée par Manfred Huss, qui joue la partie de troisième piano (dont le rôle est plus modeste que les deux autres) dans le tellement spirituel K. 242. Une deuxième version du K. 365 est proposée, qui avait été jouée pour un concert dans une grande salle, avec des parties supplémentaires de clarinettes, de trompettes et de timbales. Il n’est pas absolument certain que Mozart en soit l’auteur ; il est permis de trouver que ce que l’on gagne en puissance sonore et en éclat nuit à la pureté de l’expression.

Il faut ajouter à ces vingt-sept ouvrages les trois courts Concertos K. 107, qui sont également des « pastiches », puisque venant tous des Sonates pour clavier de Jean-Chrétien Bach. De forme sommaire, sans mouvement lent pour deux d’entre eux, avec un accompagnement réduit à deux violons et un violoncelle, leur attrait est indéniable, même si c’est le fils du grand Bach qui doit en être principalement crédité. Ronald Brautigam, avec les solistes de la Kölner Akademie, en offrent une interprétation pleine de soleil et de vigueur. On la trouve à la fin du deuxième volume, lequel commence par le Concerto N° 5, K. 175, le premier que l’on puisse véritablement qualifier comme tel, donc _ voilà. Mozart a alors dix-sept ans, et ce coup d’essai est assurément digne d’un maître. Du reste il a toujours été très attaché à ce concerto, au point de proposer un autre finale, neuf ans plus tard : le Rondo K. 382 (que l’on trouve dans le septième volume). Ronald Brautigam et la Kölner Akademie en rendent la conquérante exubérance avec un étincelant brio. Suit le Concerto N° 6, K. 238, composé trois ans plus tard, dont la légèreté et l’insouciance sont admirablement mises en valeur par les interprètes : nervosité maîtrisée des motifs d’accompagnement des cordes, délicatesse des lignes mélodiques des vents, et bien sûr raffinement distingué de la partie soliste.

Les deux volumes suivants, dans lesquels on trouve également le Rondo K. 386 (considéré par certains comme le finale initial du Concerto N° 14, K. 414), nous permettent de cheminer jusqu’au Concerto Nᵒ 13, K. 415, et à son finale qu’Olivier Messiaen, dans une analyse haute en couleurs, n’hésite pas à placer « parmi les sommets de l’œuvre de Mozart ». Mozart a alors vingt-sept ans. Son propos est encore de plaire au public, et malgré le sens du drame qui s’épanouit dans ces œuvres, et même si dès le mouvement lent du Concerto N° 9, K. 271, qui est pour la première fois en mineur, on entend l’idée de la mort qui ne cessera de préoccuper le compositeur, ce n’est pas encore l’époque où Mozart choisit le concerto pour se livrer le plus intimement. On sent Ronald Brautigam et la Kölner Akademie s’y amuser, s’émerveiller des trouvailles de Mozart, se délecter de jouer tous les personnages de théâtre toujours en embuscade _ oui _ avec ce facétieux compositeur plein d’imagination…

Nous entrons maintenant dans le miracle du concerto pour piano chez Mozart. Il n’écrira en effet plus que des chefs-d’œuvre, et par quatorze fois dans les sept années qui lui restent à vivre (dont douze en moins de trois ans).

Avec le sixième volume, outre la poursuite de la chronologie avec le Concerto N° 14, K. 449, nous abordons l’un des grands chefs-d’œuvre de la série, avec le Concerto N° 21, K. 467. Ronald Brautigam et Michael Alexander Willens n’y recherchent pas la grâce et la légèreté que l’on trouve souvent dans ce concerto, mais se projettent résolument dans une lecture qui va de l’avant, pleine d’énergie. Cela n’empêche pas les violons d’être d’une douceur soyeuse dans le célébrissime Andante, le soliste d’une probe délicatesse, et l’ensemble du mouvement de conserver de bout en bout une atmosphère de rêve ineffable. Cet album a l’excellente idée de proposer également l’air de concert, avec piano obligé, Ch’io mi schordi di te ?, K. 505, qui fait le lien idéal _ oui _ entre les deux univers tellement personnels de Mozart, celui des concertos pour piano et celui des opéras. La soprano Carolyne Sampson y est merveilleuse en amoureuse ardente, irrésistible dans le registre medium et aigu.

Suite de l’ordre de composition avec le volume suivant (Concertos Nᵒˢ̊ 15 et 16, K. 450 et 451 donc). Lors de sa sortie, Bernard Postiau avait affiché de sérieuses réserves, qu’il précise bien être surtout subjectives. Il est intéressant de lire cette chronique, car en effet, elle peut mettre en garde contre un parti pris qui peut gêner, voire heurter, certaines auditeurs. À cet égard, la comparaison entre cette interprétation du Rondo, K. 382 qui termine ce CD, avec l’enregistrement de 1960 d’Annie Fischer avec Ferenc Fricsay est éloquente. Si l’on comprend très aisément que l’interprétation de ce Rondo, que notre chroniqueur « a toujours adoré depuis ses plus jeunes années », par ces musiciens hongrois, « en état de grâce », aient pu en effet « pétiller à ses oreilles comme du champagne », nous pouvons avec lui espérer que, plus d’un demi-siècle plus tard, il y aura « un petit garçon ou une petite fille pour qui ce nouvel album ouvrira les portes du rêve et qui y reviendra encore et toujours tout au long de son existence ».

À partir du huitième volume, nous avons cinq CD qui nous emmènent dans les hautes sphères du génie de Mozart _ oui. Les trois premiers associent un grand chef-d’œuvre (respectivement les Concertos Nᵒˢ̊ 17, 18 et 19) à un chef-d’œuvre absolu _ voilà ! _  (respectivement les Concertos Nᵒˢ̊ 26, 22 et 23). Et les deux derniers nous maintiennent au sommet, avec les Concertos Nᵒˢ̊ 20 et 27, puis les Concertos Nᵒˢ̊ 24 et 25. En effet, nous pouvons considérer que les huit derniers sont comparables, sur le plan de l’intensité dramatique, à ses plus grands opéras _ oui. Ce sont probablement ses œuvres instrumentales les plus abouties _ voilà _, de celles qui justifient que l’on parle du « divin Mozart » ou que l’on emploie les termes les plus élevés.

Une des caractéristiques des concertos pour piano de Mozart, qui arrive ici à un niveau suprême, est l’utilisation des instruments à vent _ oui : Mozart en est aussi un maître… Ils dialoguent avec le piano tels de véritables personnages d’opéra _ oui. Les instrumentistes de la Kölner Akademie nous régalent de leur musicalité et de leur inventivité exemplaires. L’orchestre, bien que relativement peu fourni (huit violons ; altos, violoncelles et contrebasses par deux), sonne de façon ample et généreuse. Les mouvements lents sont le plus souvent pris à un tempo assez allant, ce qui peut bousculer nos habitudes. Pour autant, l’expression est toujours prenante, et les intentions musicales soignées au plus haut point.

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre Carrive

Un magistral régal

que ces interprétations discographiques-ci.

Et un fastueux coffret de CDs-SACD, à thésauriser donc.

Ce samedi 4 juin 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Deux nouveaux absolument merveilleux petits livres de presque rien de l’ami Plossu : « Pneus » et « A day with the Creeleys », qui viennent de paraître aux Editions Filigranes

14mai

Un excellent article de Fabien Ribery,

intitulé « Métaphysique du pneu, grâces de l’amitié, par Bernard Plossu, photographe« , paru sur son blog L’Intervalle le 12 mai 2022,

vient très opportunément, et à nouveau, souligner l’inestimable intérêt _ absolument désintéressé ! gratuitissime !!! _ des merveilleux petits livres pas chers de l’ami Bernard Plossu,

en l’occurrence « Pneus » et « A day with the Creeleys« ,

qui viennent tout juste de paraître presque confidentiellement aux Éditions Filigranes de Patrick Le Bescont.

Métaphysique du pneu, grâces de l’amitié, par Bernard Plossu, photographe

le 12 MAI 2022

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©BERNARD PLOSSU

« LA NATURE SAUVAGE, L’INATTENDU À QUELQUES CENTIMÈTRES DE NOUS. DES MOMENTS IDYLLIQUES, NOTRE SUBSISTANCE, NOS PRÉPARATIFS, NOTRE MOTIVATION. NOUS ÉTIONS AMIS. NOUS LE SOMMES TOUJOURS. L’ATTRAIT DE L’AVENTURE, DES DÉFIS, DE L’EXOTISME ENCORE ET TOUJOURS LÀ. » (PENELOPE CREELEY)

IL FAUDRAIT UN TERME POUR DÉSIGNER CES PETITS LIVRES DE BERNARD PLOSSU D’UNE VINGTAINE DE PHOTOGRAPHIES NE SE MONTANT PAS DU COL, MAIS ADORANT LA VIE DANS SES MOINDRES CAILLOUX.

DEUX PÉPITES TOMBENT CES TEMPS-CI DE L’ESCARCELLE DE PATRICK LE BESCONT (FILIGRANES EDITIONS), PNEUS ET A DAY WITH THE CREELEYS.

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©BERNARD PLOSSU

QUOI DE PLUS BANAL QU’UN PNEU, ET POURTANT QUOI DE PLUS MERVEILLEUX EN SA ROTONDITÉ À LA FOIS MOLLE ET RÉSISTANTE ?

ELLES SAUVENT DES VIES (LES BOUÉES), ÉVITENT AUX NAVIRES QUELQUES CHOCS MAJEURS AU MOMENT DE L’APPONTEMENT, AMUSENT LES ENFANTS SANS LE SOU.

ELLES SYMBOLISENT LA BEAT GENERATION, LE MACADAM BRÛLANT, LES FILLES AUX LARGES SOURIRES PORTANT DES ROBES À FLEURS DANS DES DÉCAPOTABLES RUTILANTES, OU MORDUES PAR LA POUSSIÈRE DU DÉSERT MEXICAIN.

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©BERNARD PLOSSU

« LES PNEUS EN PHOTO, DÉCLARE BERNARD PLOSSU, ÇA N’A PAS VRAIMENT D’INTÉRÊT, C’EST POUR CELA QUE ÇA M’INTÉRESSE ! C’EST PEUT-ÊTRE ÇA LA PHOTOGRAPHIE, CES PETITES NÉVROSES D’EXPÉRIENCE UTILE, CETTE PULSION NARRATIVE D’ENVIE UTOPIQUE… COMME UNE PRATIQUE NATURELLE D’EXPRESSION UBUESQUE. »

OUI, ILS SONT DRÔLES CES BOUTS DE CAOUTCHOUC PENDUS SUR DES MURS EN PISÉ, COMME DES TOTEMS MALADROITS, OU DES PIÈGES MÉTAPHYSIQUES.

ILS ATTIRENT TOUT L’ESPACE DANS LEUR CERCLE VIDE, CE SONT DES BOUDDHAS DE COMPASSION FLOTTANT SUR LE FLEUVE DU TEMPS.

ON LES JETTE, ON LES MÉPRISE UNE FOIS USÉS, ON LES ENTASSE NÉGLIGEMMENT, EN OUBLIANT TOUTE LA NOBLESSE DE CES ÊTRES DE PEU POUVANT BEAUCOUP.

QUOI DE PLUS POIGNANT QU’UN PNEU ABANDONNÉ CONTRE DES BRIQUES BLANCHES UN JOUR DE PLEIN SOLEIL ?

BERNARD PLOSSU CRÉE DES ENSEMBLES, ASSOCIE, ET SAUVE DE L’OUBLI LES FRAGMENTS D’UN CONTINENT À LA DÉRIVE APPELÉ RÉALITÉ.

NOUS SOMMES AVEC LUI, À BREST, À COIMBRA, À LISBONNE, À TAOS, À MARSEILLE, À ALMERIA OU À CHARLEROI, ENTRE 1978 ET 2009.

LA VIE EST BELLE, TOUT ROULE, IL FAUT LAISSER LA BILE NOIRE AUX ACRIMONIEUX, EN CHANTANT AVEC TOUS CEUX QUI CRISSENT ET VROMBISSENT À PLEIN TUBE (BONJOUR HERBERT LIST).

SAVOIR VIVRE, C’EST SAVOIR REMERCIER, PARVENIR À TRANSMETTRE, CÉLÉBRER SES AMIS.

Oui ! ! Cf, retrouvé le 26 avril 2016, ce texte auquel je tiens beaucoup, intitulé « Pour célébrer la rencontre« ,

écrit en 2007, inspiré par ma rencontre _ dans les rayons de livres de la Librairie Mollat, en décembre 2006 _ avec Bernard Plossu : 

«  « …

Plossu_Creeley_27

©BERNARD PLOSSU

A DAY WITH THE CREELEYS, DEUXIÈME CARNET PLOSSU, EST À CETTE AUNE, ET C’EST UNE NOUVELLE FOIS TRÈS BEAU, TRÈS TOUCHANT, DANS LA MODESTIE MÊME DE LA FORME NE CILLANT PAS.

« IL FAISAIT AGRÉABLEMENT BEAU, CE JOUR OÙ NOUS SOMMES DESCENDUS DE SANTA FE À ALBUQUERQUE POUR VOIR NOS AMIS LES CREELEYS, PENELOPE ET BOB, CONFIE LE PHOTOGRAPHE. LE SOLEIL EN HIVER EST PLUS DOUX QU’EN ÉTÉ, DANS CET IMMENSE OUEST AMÉRICAIN. WILL, LEUR FILS, AVAIT TROIS ANS, ET SHANE, LE NÔTRE, EN AVAIT CINQ. DANS LA MAISON, LE FEU DU POÊLE RONRONNAIT. ON EST RESTÉS SURTOUT DEHORS, SUR LE PATIO, À BAVARDER, À ÊTRE SIMPLEMENT BIEN ENSEMBLE ! ON A SÛREMENT PARLÉ DE NOTRE AMI COMMUN DENIS ROCHE, LOIN LÀ-BAS À PARIS. C’ÉTAIT LE GENRE DE JOURNÉE OÙ LE TEMPS GLISSE DÉLICIEUSEMENT, D’OÙ ON SORT HEUREUX DE PARTAGER DES INSTANTS DE LA VIE… »

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©BERNARD PLOSSU

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CES INSTANTS DE VIE DÉLICIEUX, LES VOICI MAINTENANT REVENUS PAR LA GRÂCE DU BOÎTIER MÉDIUMNIQUE.

ROBERT CREELEY (1926-2005), POÈTE AMÉRICAIN MAJEUR AYANT CONNU SON HEURE DE GLOIRE DANS LES ANNÉES 1950, EST SANS NUL DOUTE, EN NUANCE DE GRIS, EN APPROCHE SENSUALISTE ET SANS AFFECTATION DE LA VIE BRUTE, UN FRÈRE EN INSPIRATION DE BERNARD PLOSSU.

PENELOPE CREELEY TENANT SON ENFANT DANS LES BRAS, C’EST FRANÇOISE TENANT JOAQUIM SUR UNE ÎLE GRECQUE, C’EST LA FIGURE ARCHÉTYPIQUE DE LA JOIE ET DE LA FIERTÉ D’ÊTRE MÈRE JUSQU’AU BOUT DU MONDE.

A DAY WITH CREELEYS EST UN OPUSCULE, MAIS C’EST UN MOMENT DE BONHEUR ENTRE AMIS OFFERT À TOUS ALORS QUE LA SIXIÈME EXTINCTION DES ESPÈCES S’INTENSIFIE.

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©BERNARD PLOSSU

UN HOMME ÉCRIT, UN ENFANT JOUE, UNE FEMME SOURIT.

UNE FEMME ÉCRIT, UN ENFANT JOUE, UN HOMME SOURIT.

DANS LA RONDE KARMIQUE DE NOS EXISTENCES, DANS L’ÉTERNEL RETOUR DU MÊME, IL Y A LA TENDRESSE ET L’AMOUR, COMME DES POINTS IRRÉDUCTIBLES.

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BERNARD PLOSSU, PNEUS, CONCEPTION GRAPHIQUE PATRICK LE BESCONT, TIRAGES FRANÇOISE NUNEZ, FILIGRANES EDITIONS, 2022 – 600 EXEMPLAIRES

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BERNARD PLOSSU, A DAY WITH THE CREELEYS, CONCEPTION GRAPHIQUE PATRICK LE BESCONT ASSISTÉ DE CÉLESTE ROUGET, TIRAGES FRANÇOISE NUNEZ, TEXTE DE PENELOPE CREELEY, POÈME DE ROBERT CREELEY, JOCELYNE BOURBONNIÈRE ET GARY SUTHERLAND, FILIGRANES EDITIONS, 2022 – 500 EXEMPLAIRES

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Se procurer ces deux ouvrages – Filigranes Editions

Ce samedi 14 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un atelier familial Bach jubilatoirement effervescent : ce que nous en révèle de merveilles en gestation le flamboyant CD « Little Books _ Johann-Sebastian Bach » du magnifique magistral Francesco Corti

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C’est le double CD « Winged Hands _ The Eight Great Suites & Overtures _ George Frideric Handel » Arcana A499 _ enregistré à Lonigo en février 2021 _,

qui m’a fait _ enfin ! _ découvrir _ comment avait-il échappé jusqu’alors à mon attention ?.. _ et admirer ce prodigieux musicien _ un génie de l’interprétation la plus vivante et la plus juste ! _ qu’est l’arétin Francesco Corti _ toscan, il est né à Arezzo en 1984.

Et le très vif plaisir de ce splendide CD Handel m’a conduit à rechercher illico presto à me procurer le précédent CD _ enregistré à Crema en mai 2019 _ de ce claveciniste toscan, paru peu avant, lui aussi, chez Arcana :

le CD « Little Books _ Johann-Sebastian Bach« , soit le CD Arcana A480.

Et je dois dire que, à l’écoute en boucle de cette nouvelle galette discographique, je suis confondu d’admiration devant, ici et à nouveau, autant de présence, de vie…

ainsi que de la plus parfaite justesse de compréhension tellement intime des œuvres si merveilleusement interprétées

par ce splendide maître _ d’à peine 35 ans lors de l’enregistrement de ce sublime CD « Little Books _ Johann-Sebastian Bach« _ qu’est Francesco Corti.

Vite, vite, découvrir de précédentes réalisations discographiques de cet interprète prodigieux !!!

Quels sont donc les secrets de cette subjuguante maestria musicale de Francesco Corti ?…

Et pas seulement dans l’interprétation de Bach

que, déjà, j’éprouve _ jusqu’à ce point ! _ la bien peu banale impression de percevoir en vérité pour la première fois ! _ rien moins !..

Voilà ! 

Avec ce naturel, cette fluidité, cette joie

à la fois si profonde en même temps que très légère, en sa douce mais magistralement affirmée si juste intensité…

Et c’est vraiment stupéfiant de ressentir cela,

et à ce degré et hauteur-là…

Quelle maestria,

mais qui s’efface complètement au plus grand service de l’œuvre elle-même ! Et rien qu’elle !

Comme quoi le medium de l’interprétation, ici musicale _ et que ce soit au concert ou au disque _,

constitue un décisif maillon déclencheur et passeur de la rencontre-perception vraie avec une œuvre

demeurée, elle, et jusqu’à nous, sur du simple et fragile _ et quasi muet, pour qui ne sait pas, ou sait mal, le lire vraiment _ papier…

Magique transfiguration-réincarnation de l’interprétation quand elle sait confiner au génie…

_ et sans le moindre m’as-tu vu – l’ai-je bien descendu ?, que l’on m’entende bien !..

Une dernière remarque à propos de ce stupéfiant et si évident CD « Little Books _ Johann-Sebastian Bach » de Francesco Corti :

au-delà de la magistrale grâce inouïe de cette interprétation de Francesco Corti ;

et du choix de l’instrument lui-même, un magnifique clavecin du facteur Andrea Rastelli (de Milan, en 1998) d’après un Christian Vater  (de Hanovre, en 1738)

_ et sans rien dire de la parfaite prise de son de ce CD Arcana _ ;

il me faut ici souligner que c’est l’art même de composer le programme (inédit) de ce disque

qui lui aussi est tout simplement merveilleux :

en plus de 5 chefs absolus d’œuvre de Johann-Sebastian Bach lui-même en son atelier de musique,

que sont les BWV

815a (un Prélude _ à visionner et écouter ici _),

815 (un tout premier état de la Suite française n°4 en mi majeur),

998 (un Prélude, Fugue et Allegro en mi majeur),

992 (le Capriccio sopra la lontananza del fratello dilettissimo en si majeur)

et 691 (la transcription du chant « Wer nun den lieben Gott lasst walten« )

Francesco Corti a admirablement choisi aussi,

pris au sein de ces si précieux pour nous « Petits Livres » de musique manuscrits constitués par Johann-Sebastian Bach pour son propre usage et celui des membres de sa famille _ au premier chef son fils aîné Wilhelm-Friedemann, et sa seconde épouse Anna-Magdalena, mais bien d’autres encore… _,

les superbes pièces suivantes de compositeurs qui ont retenu, à un titre ou un autre, mais toujours musicalement, l’attention de Bach :

de son prédécesseur à Saint-Thomas de Leipzig Johann Kuhnau (1660 – 1722) :

la très belle et inspirante Suonata Quarta (extraite des 6 Sonates bibliques) « Hiskia agonizzante  e risanato » ;

de Johann-Adolf Hasse (1699 – 1783) :

l’amusante et distrayante _ »une chansonnette« , disait fort justement Bach… _ Polonaise en sol majeur BWV-Appendice 130 ;

de son maître, à Lunebourg, le grand Georg Böhm (1661 – 1733) :

le grandiose et éblouissant Prélude en sol mineur,

suivi ici de la Fugue et du Postlude qui l’accompagnent ;

de l’admiré maître français François Couperin (1668 – 1733) :

le tendre Rondeau « les Bergeries », extrait du « Second Livre des Pièces de Clavecin« , en si majeur BWV Ans. 183 ;

et de son très cher ami _ et parrain de Carl-Philipp-Emanuel…Georg-Philipp Telemann (1681 – 1767), transcrite ici, et merveilleusement, par Bach pour le clavecin seul :

cet autre chef d’œuvre absolument splendide et rayonnant de joie qu’est l’Ouverture pour orchestre en mi majeur TWV 55:Es4.  

Chapeau, l’artiste,

Francesco Corti !!!

Tout coule de source _ la source Bach… 

Et bien sûr à suivre…

Ce samedi 7 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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