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Puissance et génie de deux chefs d’oeuvre incisifs de deux compositeurs éblouissants du XXe siècle : le Quatuor n°3 (de 1934) de Lucien Durosoir et le Quatuor n°1 (de 1954) de György Ligeti, par un stupéfiant d’intelligence et sensibilité Quatuor Tana pour un très marquant concert « Durosoir invite Ligeti » au Festival Lucien Durosoir (Mai musical 2024) en Chalosse… Une révélation pour beaucoup et un émerveillement pour chacun !

19mai

C’est d’un éblouissant concert du plus-que-parfait Quatuor Tana _ Antoine Maisonhaute, Ivan Lebrun, violons ; Takumi Nozawa, alto ; Jeanne Maisonhaute, violoncelle : merveilleux d’incisivité et grandeur-puissance tragique ; cf aussi cette éclairante présentation de leur travail d’Ensemble, réalisée par Antoine Maisonhaute, et intitulée « Des Racines pour horizons nouveaux« , en date du 7 avril 2017… _ que je rentre ce soir, de Saint-Lon-les-Mines _ au château de Mombet _, non loin de Belus, en Sud-Chalosse

_ cf mon article de présentation de ce « Mai musical Lucien Durosoir » en pays d’Orthe, en date du 16 mars dernier : « «  _,

comblé de sublimissime transcendante musique ; et avec quelle merveille d’interprétation lumineuse !, incarnation splendidissime, devrais-je dire, de la part de ces musiciens absolument investis, intelligents et sensibles, et si magistralement justes en leur compréhension des œuvres, du Quatuor Tana :

le Quatuor n°3 (de 1934 _ écoutez-ici le podcast (de 9′ 52) de son formidablement survolté et décapant premier mouvement par le Quatuor Diotima en son CD pionnier des 3 « Quatuors à cordes » de Lucien Durosoir, le génial CD Alpha 125, enregistré à La Borie en Limousin en décembre 2007 ; et cf là-dessus mon article de découverte éblouie « Musique d’après la guerre«  en date du 4 juillet 2008… _) de Lucien Durosoir (Boulogne-sur-Seine, 5 décembre 1878 – Belus, 4 décembre 1955),

associé _ « en miroir«  : sur une géniale intuition de Luc Durosoir lui-même… _ au Quatuor n°1 (de 1954 _ écoutez-ici le podcast (de 20′ 41) de ce magistral Quatuor n°1 « Métamorphoses nocturnes » dans l’enregistrement de l’Arditti String Quartett, à Londres du 13 au 15 juillet 1994… ; les péripéties subies par cette œuvre magistrale de Ligeti avant de pouvoir être enfin publiée, n’étant pas sans me rappeler l’extraordinaire récit « Le Refus«  d’Imre Kertesz (Budapest, 9 novembre 1929 – Budapest, 31 mars 2016), cet écrivain majeur, Prix Nobel de Littérature en 2002, auquel j’ai consacré sur mon blog de nombreux détaillés articles, dont mon très long travail « Lire « Liquidation » d’Imre Kertész » (cf mon article «  » du 8 novembre 2022 _) de György Ligeti (Dicsőszentmárton, 28 mai 1923 – Vienne, 12 juin 2006) :

deux chefs d’œuvre intensément puissants _ quelle hauteur de stature !!! _ de la musique du XXe siècle.

Avec, en généreux bis par les Tana, les très belles Variations n°5 (« Blood Oath« ) du Quatuor n°3 « Mishima » (de 1985) de Phil Glass (Baltimore, 31 janvier 1937), et comme pour conclure un peu plus en douceur (!) ce magistral programme _ cf ici une vidéo (de 3′ 02) de ce morceau par les Tana en date du 21 juin 2019…

Des Tana, je possède personnellement leurs 2 CDs consacrés aux Quatuors de Phil Glass :

le double CD Megadisc Classics « Philip Glass – Seven String Quartets by Tana Quartett » (n°1 à n°7)enregistré à La Grande des Villarons et paru en 2018, et le CD SND 22020 « Philip Glass – Tana Quartet » enregistré à Arras en septembre 2020, et comportant les Quatuors n°8 et n°9 « King Lear », ce dernier spécialement composé pour les Tana par Philip Glass…

Ainsi que le CD Megadisc classics MDC 7877 « Steve Reich – WTC 9/11 – Different trains« , enregistré au Studio Acoustique en juin 2016.

À mon modeste avis,

cette brillantissime performance des Tana, ce dimanche après-midi du 19 mai 2024 au Château Mombet de Saint-Lon-les-Mines (Landes), dépasse en puissance et beauté celles des enregistrements fondateurs des Diotima, en 2007, et Arditti String Quartett, en 1994 !..

En forme de confirmation, en quelque sorte, que ces deux extraordinaires chefs d’œuvre de Lucien Durosoir (de 1934) et György Ligeti (de 1954), sont bel et bien devenus désormais rien moins que de très évidents classiques du XXe siècle…

Le public nombreux, extrêmement attentif et investi en son écoute, et transporté par cette génialissime musique, et tout particulièrement conquis par cette double somptueuse révélation (Durosoir – Ligeti) de cette extraordinaire réalisation si merveilleusement incisive des Tana_ quel cadeau ! _était aux anges…

Ce dimanche 19 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et écouter les singuliers 3 Quatuors à cordes (de 1920, 1925 et 1938) de Pavel Haas (Brno, 1899 – Auschwitz, 1944) par le stupéfiant Pavel Haas Quartet ; en 2006 et 2007, à Prague…

07jan

En continuation de mon article hier samedi 6 janvier 2024 « « ,

j’ai écouté ce dimanche 7 janvier les 3 Quatuors à cordes de Pavel Haas (Brno, 21 juin 1899 – Auschwitz, 17 octobre 1944) _ l’élève préféré de Leos Janacek (Hukvaldy, 3 juillet 1854 – Ostrava, 12 août 1928) ; tous deux moraves… _,

le n°2, Op. 7, « From the Monkey Mountains«  (de 1925),

du CD Supraphon SU 3877-2 _ écouter ici le podcast (de 31′ 28) _ ;

et les n°1 Op. 3, en un seul mouvement (de 1920) _ écouter ici le podcast (de 13′ 47) _ et le n°3 Op. 15 (de 1938 _ écouter ici le podcast (de 22′ 01) _,

du CD Supraphon SU 3922-2, du Pavel Haas Quartet

_ enregistrements de 2006, puis de 2007.

Une extraordinaire interprétation aussi par ce décidément _ déjà en 2006 et 2007 ! _ merveileux Pavel Haas Quartet,

que dirige de son violon la stupéfiante Veronika Jaruskova !

Quelles musiques puissantes et incisives !

Et quelles interprétations !!!

C’est ô combien ! poignant et bouleversant… 

Ce dimanche 7 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

S’entretenir d’interprétations de chefs d’oeuvre de la musique : l’oreille quasi parfaite de Jean-Charles Hoffelé en son Discophilia, à propos, ce matin, du merveilleux « Ravel Piano Concertos » d’Alexandre Tharaud et Louis Langrée, avec l’Orchestre National de France _ ou la chance de pouvoir dialoguer un peu, à la lecture, à défaut de vive voix, avec une telle oreille musicale…

16oct

Une confirmation du coup d’éclat éblouissant d’Alexandre Tharaud _ et Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France : magnifiques, eux aussi… _ dans les deux merveilleux et profonds, par delà leur virtuosité, concertos pour piano et orchestre de Maurice Ravel, en le CD Erato 5054197660719 « Ravel Piano Concertos«  qui vient de paraître vendredi 13 octobre dernier,

avec, au réveil ce lundi matin 16 octobre, le très bel article « Les deux visages » de Jean-Charles Hoffelé _ à la si juste et honnête oreille ! _ sur son si précieux site Discophilia…

Une oreille juste

comme est aussi, tellement de confiance, elle aussi, celle de Vincent Dourthe, mon disquaire préféré ;

et c’est assurément bigrement précieux que de pouvoir s’entretenir un peu précisément et vraiment _ de vive voix, ou à défaut, seulement par dialogue silencieux à la seule lecture… _ avec de tels interlocuteurs sur leur perception ultra-fine, au microscope _ ou stéthoscope musical… _, des interprétations au disque des œuvres de la musique…

Et tout spécialement, bien sûr, à propos de chefs d’œuvre d’interprétations de chefs d’œuvre _ pourtant passablement courus de bien des interprètes, qui s’y affrontent, se confrontent à de tels Everests pour eux, les interprètes… _ de la musique ; comme ici ces deux somptueuses merveilles du somptueux merveilleux _ et hyper-pointilleux et exigeant déjà envers lui-même, à l’écritoire, jusqu’au supplice ! _ Maurice Ravel…

Et je renvoie ici à mon article d’avant-hier samedi 14 octobre :

 

« « …

LES DEUX VISAGES

Cette douleur dans l’assombrissement de l’Adagio assai _ voilà _ qui ira jusqu’au quasi cri _ voilà : Ravel, éminemment pudique, demeure toujours dans de la retenue… _ invite _ voilà _ dans le Concerto en sol l’univers si _ plus évidemment _ noir _ lui _ du Concerto pour la main gauche, et rappelle que les deux œuvres furent écrites _ très étroitement _ en regard _ en 1930-1931 _, et de la même encre _ absolument ! Beaucoup _ d’interprètes _ n’auront pas même perçu cette _ infra-sismique _ tension, jouant tout _ de ce concerto en sol _ dans la même ligne solaire ; Alexandre Tharaud, qui connaît son Ravel par âme, s’y souvient probablement de la vision qu’y convoquait _ en 1959Samson François _ oui : c’est en effet à lui, et à Vlado Perlemuter aussi, que, sur les remarques si fines et compétentes de mon disquaire préféré Vincent Dourthe, je me référais hier dimanche matin, en mon post-scriptum à mon article de la veille, samedi, « «  : références d’interprétations marquantes, s’il en est !  _ et ose ce glas qu’on n’entend jamais _ chez les autres interprètes de ce Concerto en sol.

Mais le Concerto en sol majeur est aussi dans ses moments Allegro cette folie _ oui _ d’un jazz en arc-en-ciel _ débridé, voilà : Ravel avait été très vivement marqué par ce qu’il avait pu percevoir de ce jazz lors de sa grande tournée récente aux États-Unis, du 4 janvier au 21 avril 1928… _ dont le pianiste ne fait qu’une bouchée, swing et échappées belles, toute une enivrante suractivité rythmique _ à la Bartok aussi, autant qu’à la Gershwin ; Maurice Ravel avait fait la connaissance de George Gershwin le 7 mars 1928, lors d’un repas organisé pour son anniversaire chez Eva Gauthier à New-York, ainsi que Ravel en témoigne à Nadia Boulanger en une lettre du lendemain 8 janvier (citée aux pages 1162-1163 de sa « Correspondance » éditée par Manuel Cornejo en 2018 : « The Biltmore New-York 8/3/28 Chère amie, voici un musicien doué des qualités les plus brillantes, les plus séduisantes, les plus profondes peut-être : George Gershwin« , et il ajoutait : « Son succès universel ne lui suffit plus : il vise plus haut. Il sait que pour cela les moyens lui manquent. En les lui apprenant, on peut l’écraser. Aurez-vous le courage, que je n’ose pas avoir, de prendre cette terrible responsabilité ? Je dois rentrer aux premiers jours de mai et irai vous entretenir à ce sujet. En attendant, trouvez ici l’expression de ma plus cordiale amitié. Maurice Ravel« ) _ que pimentent les bois du National menés avec une intense fantaisie _ voilà ! l’orchestre lui aussi brûle… _ par Louis Langrée.

Cet accord magique _ oui, oui, oui _ se renouvelle dans le Concerto pour Wittgenstein, mais dans des nuances de cauchemar _ à la ravelienne Scarbo _, le prestidigitateur s’y fait diable, artificier tragique _ Ravel avait traversé et vécu, comme infirmier, les affres de la Guerre mondiale... _ dont le théâtre est un champ de mines _ oui, qui déchire et découpe les corps, comme ici le bras droit de son commanditaire Paul Wittgenstein…  La guerre de tranchées _ qui fut donc aussi celle de Maurice Ravel _ est partout sous les doigts d’Alexandre Tharaud _ oui ! _, qui convoque _ fort justement _ des visions de charnier, fait tonner son clavier en fureur, rage des traits de mitraillette _ oui, oui, oui _, proposition fascinante _ et tellement juste ! _, suivie au cordeau par un orchestre fantasque _ oui _ aux proclamations démesurées _ oui : quel chef aussi est le magnifique Louis Langrée !

Le jazz s’invite ici aussi _ en effet, en ce concerto pour la main gauche _, mais déformé, amer, acide, osant la charge, le grotesque _ oui ; mais qu’on se souvienne aussi de la formidable viennoise ravelienne Valse de 1919-1920 !.. : une course à l’abîme… _, une parodie de Laideronette, impératrice des pagodes faisant diversion. Quel kaléidoscope ! _ voilà un trait éminemment ravélien… _, qu’Alexandre Tharaud fait tourner à toute vitesse _ telle sa propre viennoise Valse, créée le 12 décembre 1920… _ pour saisir cette folle course à l’abîme _ nous y voilà donc ! cf aussi, en sa course, le plus contenu et retenu, mais tout de même.., Bolero de 1928 _ et mieux suspendre les cadences où seul il élève son chant vers une voie lactée inquiète _ une des boussoles nocturnes de Maurice Ravel, sur son balcon en surplomb de la forêt et face à la nuit de Montfort-l’Amaury…

J’attendais _ moi aussi _ un couplage jazz, le Concerto de Gershwin comme réponse au jazz de Ravel _ certes _, mais non, ce seront les Nuits andalouses de Falla, sauvées de tant de ces lectures affadies qui les inféodent à un pâle debussysme _ voilà qui est fort bien perçu…

Alexandre Tharaud hausse leurs paysages fantasques _ oui _ à l’étiage de ceux _ fantasques eux aussi _ de Ravel, ardant leur con fuoco, tout duende, cambrant la gitane de la Danza lejana, implosant le feu d’artifices d’En los jardines de la Sierra de Córdoba dans l’orchestre flamboyant _ oui _ de Louis Langrée, faisant jeu égal avec les ardeurs osées par Alicia de Larrocha et Eduardo del Pueyo _ oui. Et c’est bien sûr qu’est très profond aussi le tropisme espagnol de Maurice Ravel… Ne serait-ce pas dans les jardins d’Aranjuez que se seraient rencontrés et fait connaissance ses parents, lors de leurs séjours madrilènes ?..

Quel disque ! _ voilà ! voilà ! _, splendidement saisi par les micros de Pierre Monteil _ et il faut en effet saluer aussi la splendide prise de son de cet éblouissant raveliennissime CD…

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)


Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, M. 83
Concerto pour piano et orchestre en ré majeur, M. 82 (Pour la main gauche)


Manuel de Falla (1876-1946)


Nuits dans les jardins d’Espagne

Alexandre Tharaud, piano
Orchestre National de France
Louis Langrée, direction

Un album du label Erato 5054197660719

Photo à la une : le pianiste Alexandre Tharaud –
Photo : © Jean-Baptiste Millotune _ _ 

Pouvoir dialoguer vraiment si peu que ce soit avec des mélomanes à l’oreille et au goût ultra-fins et ultra-exigeants, mais capables d’enthousiasmes vrais et sincères,

est plus que jamais indispensable,

eu égard à la solitude grandissante des individus que nous sommes devant la misère en expansion, le désert gagne _ cf mon « Oasis (versus désert) », in le « Dictionnaire amoureux de la librairie Mollat« , aux pages 173 à 177 (celui-ci est paru aux Éditions Plon en octobre 2016) ; une contribution redonnée en mon article du 17 juin 2022 : « « , accessible ici.. _, de la plupart des médias _ le plus souvent très pragmatiquement vendus aux plus offrants… _, pour ne rien dire de pas mal des publics...

Car c’est ainsi qu’il arrive parfois un peu heureusement, telle une étape enfin rafraîchissante (et bien évidemment vitale) en une oasis verdoyante en la traversée assoiffante du désert si aride et si morne, que des œuvres de la civilisation _ ici musicale _ rencontrent un infra-minimal plus juste écho qui, en son petit retentissement, les prolonge, et surtout et aussi réanime leur flamme, en un partage irradiant de vraie joie…

Et écouter de telles interprétations de tels chefs d’œuvre de musique fait un immense bien…

Et ces tous derniers temps,

les grandes interprétations, majeures et magistrales, véritablement marquantes, qui ont vu le jour, cette année 2023,

_ celles de « L’Heure espagnole » et du « Bolero » par François-Xavier Roth et ses Siècles _ Harmonia Mundi HMM 905361 _,

_ celle du « Trio pour piano et violoncelle » de 1914 par le Linos Piano Trio _ CAvi-Music 8553526 _,

_ celles de l’intégrale de « L’Œuvre pour piano » du double album par Philippe Bianconi _ La Dolce Volta LDV109.0 _,

_ et maintenant celles du « Concerto en sol » et du « Concerto pour la main gauche » par Alexandre Tharaud, Louis Langrée et l’Orchestre National de France _ Erato 5054197660719 _,

toutes,

savent faire enfin entendre en toute sa clarté et fluidité, allègre, intense, tonique, la puissance incisive et au final impérieuse en son irradiante tendresse, jubilatoire, de Maurice Ravel compositeur…

Une force de plénitude absolument accomplie…

Ce lundi 16 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Suite au passionnant entretien d’hier 9 février de François Bégaudeau (avec Sylvie Hazebroucq) à la Station Ausone, à propos du bigrement intéressant « Boniments » (aux Editions Amsterdam) : François Bégaudeau, étincelant de subtilité..

10fév

Suite au passionnant entretien, d’hier 9 février, de François Bégaudeau (avec Sylvie Hazebroucq) à la Station Ausone, à propos du bigrement intéressant « Boniments » (aux Éditions Amsterdam),

et en attendant la publication de la vidéo (d’environ une heure) de cet entretien sur le site Mollat,

cet échange-ci de courriels avec mon ami Philippe Trouvé

_ c’est Philippe qui m’avait proposé d’aller écouter tous les deux cet entretien-là à la Station Ausone _ :

_ ce premier envoi mien,

à propos de la bibliographie la plus récente de François Bégaudeau, ce vendredi matin, à 8h 51 :

« Le nouveau monde _ tableau de la France néolibérale » (Éd. Amsterdam, 2021, 29 Euros)
est un collectif _ de 1046 pages ! _ dirigé par Antony Burlaud, Allan Popelard et Grégory Rzepski,
paru aux Éditions Amsterdam le 18 août 2021 (29 Euros).
 
Sur le 1046 pages de l’ouvrage
on compte 6 contributions de François Bégaudeau :
« L’empire du faux » p. 157
« J’assume » p. 927 
« Le mercato » p. 987
« La résilience » p. 999
« Prendre son risque » p. 1003
« La série » p. 1015
 
« Boniments » (Éd. Amsterdam, février 2023, 13 Euros)
s’inscrit dans la série comprenant  « Histoire de ta bêtise (Éd. Pauvert 2019, 8 Euros) et « Notre joie » (Éd. Pauvert 2021, 10 Euros).
 
Et dans la postérité des « Mythologies » de Barthes…
 
Un très bon moment donc hier soir !
La réjouissante vivacité (et incisivité) d’esprit de François Bégaudeau est tout à fait stimulante…
Vraiment intéressant…
Et à suivre…
 
Merci de l’avoir repéré.
Francis

Suivi de ce second courriel à 10h 14,

titré « Vidéo Mollat de François Bégaudeau sur son roman « Ma cruauté » (Éd. Verticales 2022) » :

La vidéo d’un magnifique entretien (d’une heure ; et à distance) le 25 mars 2022,

et déjà avec la même Sylvie Hazebroucq qu’hier soir,
à propos de ce roman, « Ma cruauté« , paru, lui, le 3 mars précédent, aux Éditions Verticales.
Francis

Avec cette réponse-ci de Philippe, à 15h 07 :

Étincelant de subtilité.

Et donc à suivre de près,

concluerai-je,

dans l’attente assez impatiente toutefois de la publication à venir prochainement de la vidéo de l’entretien d’hier, « en présentiel » cette fois, à la Station Ausone à Bordeaux, entre François Bégaudeau _ ayant donc physiquement fait le voyage de Bordeaux ; et la Station Ausone, absolument comble, étant noire de monde ! _ et la même très attentive Sylvie Hazebroucq, à propos de ce passionnant et subtilissime « Boniments » (paru le 13 janvier dernier, 2023, aux Éditions Amsterdam)

_ pouvoir revoir-réécouter, et à loisir, plus attentivement encore les entretiens grâce à ces podcasts et vidéos demeurant accessibles de partout dans le monde sur le site de la librairie Mollat, constituant un magnifique considérable plus de cette singulière et unique formidable librairie…

Ce vendredi 10 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un court livre jubilatoire qui dispense (presque) de lire tout le reste, la Bible y compris : « Pensées bleues _ aphorismes » de Dominique Noguez

18oct

C’est avec enthousiasme que je me plonge (et re-plonge, à plaisir _ et en ressors immensément réjoui... _ dans le génialissime petit volume  _ illustré de 13 dessins de Pierre Le-Tan _ intitulé Pensées bleues _ aphorismes, de l’excellent Dominique Noguez, qui vient de paraître aux Editions Equateurs :

un très alerte et incisif petit très grand livre de 112 pages _ sans gras aucun, ni pesanteur le moins que ce soit lourdingue _ qui donne inépuisablement à penser, par aphorismes, donc _ et non pas calembour : « Le calembour est la démangeaison des mots : ce n’est pas une raison pour se gratter« , lit-on page 14 _ ;

avec infiniment de finesse (et profondeur, mine de rien : comme il convient à cet exercice), et un humour _ tout d’élégance preste et vive _ tout bonnement jubilatoire pour le lecteur…

 

Quelques exemples _ de mon choix, en picorant ; et en mettant en gras, parmi ceux-là, ceux que je préfère… :

« Au bout de la fatigue, la vraie pensée ; au bout de la nudité, le vrai vêtement ; au bout de l’éclat de rire, les vraies larmes« , page 18 ;

 

« Le plus bel aphorisme n’est rien auprès du silence. Oui, mais, après des jours de solitude, une petite phrase, même murmurée, fait du bien« , page 18 ;

 

« L’aphorisme est l’arme des paresseux. Chacun d’eux est le reliquat d’une thèse non écrite, d’un système non construit. Mais c’est aussi la solution humaine : faute de pouvoir dire tout de tout, dire de tout un peu« , page 20 ;

 

« L’homme se croit un peu vite le roi de la création. Il lui manque pourtant un certain nombre d’attributs qui rehaussent tant d’autres espèces : ailes, trompe, queue, cornes, sabots, suçoirs, tentacules. Ne serait-ce qu’une jolie petite crête« , page 21 ;

 

« Il y a moins loin de la grâce au ridicule que du ridicule à la grâce« , page 25 :

 

« Les trois pires engeances : ceux qui font mal leur travail ; ceux qui vous forcent la main ; ceux qui prétendent savoir mieux que vous ce qui est bon pour vous « , page 25 ;

 

« Être un jusqu’au-boutiste hésitant« , page 26 ;

 

« À peine un écrivain est-il vaguement content d’un texte qu’il a mis tout son cœur à rendre beau, dix gredins s’acharnent à le saccager : l’imprimeur en y ajoutant des coquilles ; le maquettiste en y choisissant une typo illisible, le comédien en le défigurant dans son rythme et son sens, le musicien en l’écrasant de sons parasites… et les lecteurs en ne le lisant pas « , page 26 ;

 

« La parfaite bonne conscience rejoint souvent la parfaite mauvaise foi« , page 27 ;

 

« Quand on va prendre l’avion, soigner ses sous-vêtements : on pourrait retrouver le cadavre après la catastrophe« , page 27 ;

 

« Ces inscriptions en anglais sur les T-shirts de milliards de gogos dans le monde, comme le putride cordon ombilical qui les relie au ventre de la grosse Mère Amérique« , page 30 ;

 

« Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas vous voir« , page 31 ;

 

« Etre un polygraphe intéressant, tel Gourmont, Schwob ou Barthes : ambition stimulante pour l’écrivain, plus modeste que celle de poète, plus variée que celle de romancier, plus ludique que celle de philosophe« , page 34 ;

 

« Trop peu sûr de lui pour avoir la force de douter« , page 36 ;

 

« Quand depuis très longtemps, les heures,les jours, les mois se suivent et se ressemblent, c’est vraisemblablement qu’on est déjà mort« , page 40 ;

 

« Le doute : noble grill de l’esprit. S’il ne garantit pas la vérité, il donne au moins des chances d’éviter l’injustice« , page  43 ;

 

« Le mieux est l’ennemi du bien, mais le pire reste l’ami du mal« , page 50 ;

 

« Si tout n’avait lieu qu’une fois, harcelés de surprises fugaces, nous mourrions tôt d’épuisement et de regrets« , page 52 ;

 

« L’âge où l’on ne sait pas quoi dire. Puis celui où l’on se répète« , page 54 ;

 

« L’oisiveté est la mère de tous les vices ; l’égocentrisme en est le père« , page 54 ;

 

« Il y a trois choses que les acteurs font très mal au cinéma : les baisers sur la bouche, les gifles, et la sortie du lit de façon qu’on ne voie pas leur zizi« , pages 55-56 ;

 

« Le comble de l’élégance, c’est le flegme, et le comble du flegme, c’est la rigidité cadavérique« , page 58 ;

 

« Avec leurs idiots tabous alimentaires, les religions vont à l’encontre de la souhaitable convivialité universelle ; elles ne relient pas, elles séparent« , page 61 ;

 

« Cette impression, somme toute assez désagréable, soudain, de n’être que ce qu’on est« , page 62 ;

 

« Plutôt Cioran que Coran ; Thoreau que Torah ; Bayle que Bible ; Boudu que Bouddha« , page 62 ;

 

« Anosognosie du vieillissement. On s’habitue aux changements de son corps. Avec un peu de chance on devient une ruine complète avant d’avoir remarqué la moindre lézarde« , page 64 ;

 

« Cette inclémence que nous inspire autrui dès que nous reconnaissons en lui nos défauts« , page 65 ;

 

« Être de gauche ? c’est garder toujours en soi une part de mauvaise conscience ; de droite , une part de mauvaise foi« , page 68 ;

 

« Pince-sans-pleurer« , page 68 ;

 

« Réfléchissons une seconde avant de démolir, pour le plaisir d’un bon mot, une amitié de vingt ans. Vive l’esprit de l’escalier, gare à l’esprit du toboggan !« , pages 68-69 ;

 

« Un texte est un organisme vivant : en quoi, avec ses plaies et ses bosses, ses laideurs et ses merveilles, il est intouchable. Ou alors, on tombe dans la chirurgie esthétique« , page 71 ;

 

« Ce n’est pas le tout d’être humble. Il faut encore que cela ne se voie pas« , page 71 ;

 

« L’avare : il reprend d’une main ce qu’il ne donne pas de l’autre« , page 72 ;

 

« Après un certain âge, à chaque fois qu’on achète un vêtement on n’est pas sûr que ce n’est pas celui qu’on portera dans la tombe« , page 72 ;

 

« Peu de lecteurs vont jusqu’au bout des livres qu’ils lisent. Et ne parlons pas des revues seulement feuilletées, des catalogues d’exposition, des « œuvres complètes » qu’on garde chez soi pendant des siècles sans les ouvrir. Moralité : on imprime chaque année dans le monde cent fois plus de livres que les hommes n’en pourront jamais lire « , page 74 ;

 

« Ces émissions « culturelles » à la télévision où des animateurs ignares reçoivent en boucle les mêmes invités flanqués de « livres » qu’ils n’ont pas écrits ; c’est comme si, au lycée, c’était le prof de gym qui faisait le cours de philo, et, en plus, en langue des signes« , page 78 ;

 

« L’érotisme est à la sexualité ce que le grand écart est à l’affaissement« , page 80 ;

 

« Un aphorisme n’est jamais assez court. Un recueil d’aphorismes jamais assez long« , page 81 ;

 

« Plutôt jamais que toujours. Mais plutôt un peu que rien« , page 81 ;

 

et « Je n’ai pas dit mon dernier mot« , page 81 : ces trois derniers-là ont été choisis par Dominique Noguez pour conclure, en ces Pensées bleues, la série des aphorismes proposés cette fois-ci.

 

Puis, en un Appendice, pages 83 à 107, l’auteur nous gratifie encore d’un Bref traité de l’aphorisme, en 6 courts chapitres.

 

Au chapitre IV, à la page 94,

Dominique Noguez liste 8 caractéristiques de l’aphorisme :

« L’aphorisme

1) a une structure particulière,

2) est comme un tour de magie difficile à réussir,

3) est comme la pièce d’un puzzle, mais

4) supporte mal la compagnie,

5) cherche l’universalité plus que l’originalité,

6) la concision plus que la simplicité,

7) il est souvent amer

et 8) il est mal aimé« .

Ce que l’auteur s’emploie à développer (un peu) dans les pages qui suivent, les pages 94 à 98.


Au chapitre V (pages 98 à 106),

Dominique Noguez classe et analyse les divers types d’aphorismes, qui selon lui sont au nombre de 8 :

« 1) La maxime ou le conseil

2) Le constat désabusé

3) La vacherie, la condamnation féroce

4) Le sottisier

5) Le retournement ou le détournement de proverbes

6) L’aphorisme drôle ou à jeu de mots

7)  Le concentré d’existence, le micro-récit

et 8) La métaphore cocasse, la drôlerie poétique« .

Et Dominique Noguez conclut ce petit chapitre V par une remarque notée « 9) Asymptote du rien« 

dans laquelle il s’interroge : « jusqu’à quel degré de concision peut-on aller dans le genre bref ?« …


Quant au chapitre VI et dernier,

Dominique Noguez nous fait part de notre devoir, à chacun, de nous préparer à,

et même « peaufiner

de façon qu’il dise vraiment le plus de choses en le moins de mots possible et résume toute une vie en quelques syllabes à peine,

ce texte brévissime, donc cet aphorisme des aphorismes« ,

qu’est « notre épitaphe

ou notre dernier mot _ ou mieux, car mot est encore de trop, notre dernier soupir »…

Page 94, Dominique Noguez évoque au passage « deux recueils au moins de textes littérairement très importants (quoique assez différents l’un de l’autre) » qui « portent depuis longtemps ce titre » d’Aphorismes :

« les Aphorismes de Lichtenberg

et les Aphorismes de Kafka« .

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Il me faut citer aussi , et très vivement recommander, le très réjouissant La Véritable origine des plus beaux aphorismes, toujours du magnifique Dominique Noguez, paru l’année dernière (= avril 2014), aux Éditions Payot & Rivages ;

pourvu, lui aussi, d’une excellente Postface, sous-titrée « Pourquoi et comment j’ai écrit ce livre » ;

livre (de 240 pages) qui est assurément indispensable à tout lecteur tant soit peu vraiment curieux!..

Titus Curiosus, ce 18 octobre 2015

 

P. s. : je pense aussi, ici et maintenant, à notre ami commun (et philosophe _ il a enseigné à philosopher aux lycéens de Terminales aux lycées François Mauriac, puis Michel Montaigne, à Bordeaux) Hervé Brevière,

à l’enterrement duquel Dominique Noguez et moi-même nous sommes croisés _ plutôt que vraiment rencontrés _ en décembre 2006. Hervé me parlait souvent de son ami Dominique Noguez, rencontré en Classes préparatoires au lycée Montaigne, à Bordeaux.

Dominique Noguez que je lis donc depuis ces conversations-là avec attention ; et tant de plaisir !

Comme l’ami Hervé Brevière aurait aimé ce livre !

Et je pense aussi à Woody Allen.

 

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