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Un émouvantissime hommage à l’humanité si vraie de l’admirable « plus que vivant » Lars Vogt par les musiciens de l’Orchestre de Chambre de Paris…

07juil

Et en magnifique hommage _ par l’Orchestre de Chambre de Paris _  au « plus que vivant« , et à jamais, Lars Vogt (1970 – 2022),

lire ceci _ qui me tire des larmes des yeux ! _ :

Lars Vogt

1970 – 2022

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Une étoile brille au firmament

La disparition de Lars Vogt, notre directeur musical, le 5 septembre dernier _ 2022 _ nous a tous plongés, membres du Conseil d’administration, artistes musiciens, personnels administratifs et techniques de l’orchestre, dans une profonde tristesse, tant la relation que Lars avait su construire avec chacun et chacune était empreinte d’une profonde humanité _ et c’est bien là le fond, si rare, des choses !.. Si les mots continuent à nous manquer, nous voudrions lui rendre hommage par ces quelques lignes.

Lars était, chacun le sait _ et le mélomane passionné que je suis, aussi, dès ma première écoute ; je renvoie ici à mon article du 14 novembre 2009 : « «  _, un artiste d’exception _ oui ! _ : soliste international, chambriste recherché, chef d’orchestre…
Il y a bien sûr le pianiste qu’on ne présente plus depuis 1990 et sa révélation lors du concours de piano de Leeds. Déjà à cette époque, Sir Simon Rattle lui prédisait un futur vers la direction d’orchestre. Ce n’est pourtant que bien des années plus tard, en 2014, qu’il devient directeur musical
du Royal Northern Symphonia Newcastle. Et c’est en 2018 qu’il fait sa première rencontre avec les musiciens de l’Orchestre de chambre de Paris, au cours de laquelle il joue le Concerto pour piano de Schumann et dirige la Quatrième symphonie de ce même compositeur lors d’un concert mémorable.

Nommé à la direction musicale de l’Orchestre de chambre de Paris en juillet 2020, il a pu y développer encore ses talents artistiques indéniables, son appétence pour le joué-dirigé et pour la direction d’orchestre. Bien au-delà de ses qualités de directeur musical, nous avons découvert un véritable leader. Fidèle à l’homme qu’il était dans la vie, sa direction était remplie de bienveillance et d’humanité _ oui, oui, oui. Il savait établir avec chaque musicienne et musicien une relation particulière et individuelle pour faire en sorte que leur communauté d’artistes s’épanouisse dans une excellence partagée _ voilà. En à peine quelques mois, il était parvenu à gagner non seulement la confiance mais l’adhésion totale de ses musiciens.

Son mandat à la direction musicale de l’orchestre, malgré la pandémie, aura été un condensé de temps forts artistiques. Dès l’été 2020, il marque son arrivée avec un formidable concert capté du Concerto dit « Jeunehomme » de Mozart tourné dans les jardins de l’hôtel de Sully, Centre des monuments nationaux à Paris, et diffusé sur France télévisions. Plus tard encore, il illuminera de son talent une retransmission du Concerto pour piano en la mineur de Schumann dirigé depuis le piano à la Philharmonie de Paris. En janvier 2021, il retrouve les ténors Christoph et Julian Prégardien dans un concert « Père et Fils » chorégraphié par Thierry Thieû Niang. Lars Vogt avait conquis en très peu de temps les publics du théâtre des Champs-Élysées et de la Philharmonie de Paris, les deux principaux lieux de résidence de l’orchestre.

Son activité d’enregistrement fut elle aussi intense. Un premier enregistrement Mendelssohn est paru chez Ondine en mars 2022 avec un accueil unanime. Un enregistrement autour des concertos nos 9 et 24 de Mozart reste à paraitre. Cette même énergie _ si manifiquement contagieuse _ se retrouve dans le plaisir _ formidable _ qu’il prenait à jouer en formation chambriste avec les musiciens de son orchestre comme avec ses amis tels que Christian Tetzlaff ou Antje Weithaas.

Comme il aimait à le dire « En musique, beaucoup de choses sont une question d’alchimie ». Lui qui « voulait aller encore plus loin dans l’intensité de l’orchestre et décrocher la lune » nous manque cruellement. Il est aujourd’hui pour nous tous une étoile qui brille au firmament de l’orchestre, dont la lumière continuera à nous éclairer pour toujours.

À son épouse Anna _ Anna Reszniak _ qui l’a tant soutenu, à ses filles et à sa famille, nous adressons toutes nos pensées, toute notre affection et nos sincères condoléances.

Brigitte Lefèvre, présidente du Conseil d’administration

Nicolas Droin, directeur général

« Il voulait aller encore plus loin dans l’intensité de l’orchestre et décrocher la lune. »

Lars Vogt par Christian Merlin

Lars Vogt est né à Düren, dans la Ruhr, à côté de Cologne, le 8 septembre 1970. C’est sa première professeure de piano, à Aix-la-Chapelle, qui instille en lui l’idée que non seulement il est fait pour la musique, mais que celle-ci pourrait devenir son métier. Une pédagogue très artiste, qui développe énormément son imagination, mais pas assez sa solidité technique. Solidité technique qui lui sera donnée par son second maître, puisqu’il n’en aura jamais eu que deux : Karl-Heinz Kämmerling, légende de l’enseignement du piano en Allemagne. Professeur d’Igor Levit et d’Alice Sara Ott, pour n’en citer que deux parmi l’incroyable cohorte d’élèves à qui il a permis de se réaliser _ voilà _, il enseigne alors à Hanovre. Ayant école un samedi sur deux, le petit Lars prend, chaque samedi libre, le train pour Hanovre : quatre heures de trajet. Il reçoit ses deux heures de leçon et rentre en Rhénanie : à nouveau quatre heures de train. Kämmerling lui apprend qu’un pianiste doit creuser par deux côtés en même temps : le côté technique et le côté artistique, la technique n’étant qu’un moyen pour exprimer l’artistique. Plus tard, Kämmerling apprendra à l’une des filles de Lars, encore toute petite, que chaque note a sa vie propre. Patient, il ne le tance même pas lorsqu’il se met à imiter Horowitz : « C’est une phase, ça te passera. » Vogt lui succédera naturellement comme professeur à la Hochschule de Hanovre en 2012, année de la mort de Kämmerling.

Le jeune Vogt est un jeune soliste nerveux et traqueur. Cela se sent encore à son début de carrière au sommet. On a pu, à l’époque (on s’en veut rétrospectivement !), trouver son jeu abrupt par son aspect minéral, tout d’une pièce. Déjà un souci de sérieux et de rigueur, comme pour échapper à toute superficialité. Allemand ? Cela n’a pas empêché le jury du Concours de Leeds de lui attribuer en 1990 un deuxième prix, ni Simon Rattle de le prendre sous son aile dans l’écurie EMI en lui faisant enregistrer Beethoven, Schumann et Grieg avec lui et le City of Birmingham Symphony Orchestra.
Il avait perçu, derrière ce jeu encore brut, tout le potentiel d’un artiste qui se remet constamment en question et interroge les textes avec un sens de la profondeur et du tragique _ voilà _ qui explique son affinité élective avec Brahms _ et Schumann _ et son clair-obscur mélancolique. En se détendant (sans se relâcher !), son jeu gagne alors de plus en plus en souplesse et en arrière-plans, ajoutant à sa sonorité puissante et sans concession une science particulière des contrastes, quand un pianissimo d’une grande douceur succède soudain à la tempête.

Il ne va pas plus vite que la musique. À rebours de la mode des intégrales, il préfère laisser mûrir les œuvres et ne les jouer que quand il se sent prêt.
Il aura attendu la cinquantaine pour aborder la sonate Hammerklavier de Beethoven, dans laquelle beaucoup se lancent avec l’intrépidité de leurs vingt ans. Assez vite se dessine une constante dans son approche de la musique : le partage _ voilà. Chambriste naturel _ oui, oui, oui ! _, il semble n’aimer rien tant que jouer avec d’autres. C’est dans cet esprit qu’il fonde dès 1998 son propre _ admirable !!! _ festival _ Spannungen _ dans l’ancienne centrale hydroélectrique de Heimbach, dans l’Eifel, à quelques kilomètres de sa ville natale. Là, il invite ses meilleurs amis à faire de la musique de chambre : les violonistes Christian Tetzlaff et Isabelle Faust, le violoncelliste Boris Pergamenchtchikov en font partie. Un critique allemand a écrit qu’il n’était « jamais aussi bon que quand il vacillait » : autrement dit quand il oubliait l’assurance robuste de son jeu pour le faire vivre et réagir dans l’instant. L’interaction de la musique de chambre est pour cela le lieu idéal _ oui _, mais pas seulement : la direction d’orchestre aussi, où tant de choses se décident dans l’instant _ voilà.

« Lorsque je joue du piano, j’ai l’impression de diriger un orchestre, en quelque sorte », disait-il au micro de France Musique. « Je joue avec mes doigts, mais dans ma tête il y a un chef d’orchestre. J’aspire à obtenir le son d’un violon, d’une flûte, d’un hautbois, d’un basson, des couleurs qui ne sont pas uniquement les couleurs d’un piano », répondait-il à Jean-Baptiste Urbain sur la même antenne. Ce jeu orchestral allait le conduire à diriger les concertos du piano, tout en continuant à être l’un des solistes préférés de l’Orchestre Philharmonique de Berlin (dont il est artiste en résidence en 2003-2004), mais aussi de Mariss Jansons, Herbert Blomstedt, Christian Thielemann ou Paavo Järvi. Fort de cette nouvelle expérience, il est nommé en 2014 directeur musical du Royal Northern Sinfonia, un orchestre de formation Mozart basé au bord du fleuve Tyne, dans le nord de l’Angleterre. Et voici qu’il s’attaque à forte partie, enregistrant les deux concertos de Brahms qui, avec leur réputation de symphonies avec piano obligé, semblent exiger la double présence d’un soliste et d’un maestro. Non seulement ça marche, mais on y découvre des allégements et des couleurs insoupçonnées, sans perdre en substance. Il emmène l’orchestre en Asie et aux « Proms » de Londres.

Pendant ce temps, l’Orchestre de chambre de Paris est à la recherche d’un successeur à Douglas Boyd comme directeur musical. Pour une formation de cet effectif se pose la question du profil : un maestro symphonique risquerait d’y être disproportionné, un soliste sans expérience suffisante de la direction d’y être contre-productif. Vogt apparaît alors comme une solution possible. Le courant passe si bien avec les musiciens que l’option envisageable devient une évidence. Dans les concertos de Mozart, Beethoven ou Schumann, bien sûr, qu’il dirige du piano comme si cela allait de soi. Mais aussi, et ce n’était pas gagné d’avance, seul face à l’orchestre dans des symphonies. On se souvient en particulier de la Deuxième symphonie de Brahms qui couronnait son concert inaugural en septembre 2020 : si sa gestuelle n’avait pas le délié de maestros aguerris, le flux musical coulait de source _ oui _, avec une parfaite logique des enchaînements et maîtrise des équilibres, jouant le jeu chambriste sans édulcorer l’éloquence de l’orchestre brahmsien. Testamentaire _ oui _, leur enregistrement des concertos de Mendelssohn (Ondine) reste pour témoigner de cette trop brève _ hélas _ alchimie _ merveilleuse : la grâce même… On se souvient aussi de son engagement bienveillant dans ses fonctions, par exemple pour superviser le concours Play-Direct pour jeunes pianistes dirigeant du clavier, organisé par l’Orchestre de chambre de Paris.

En mars 2021 est diagnostiqué un cancer de l’œsophage ayant déjà métastasé au foie. Lorsque les médecins lui expliquent que le traitement auquel il sera soumis risque de lui faire perdre la sensibilité dans les doigts, il répond : « Je préfère être en vie plutôt que jouer du piano. » Quand certains préfèrent se terrer dans leur tanière, lui n’hésite pas à parler de la maladie, en interview et sur les réseaux sociaux. Le partage _ toujours formidablement généreux _  de la musique et de l’amitié _ les deux allant très évidemment de pair… _ semble décupler son énergie vitale _ puissante _, sans parler de l’apport de sa seconde femme, la violoniste d’origine polonaise Anna Reszniak, premier violon de l’Orchestre symphonique de Nuremberg où ils vivent, et de ses filles, dont la petite dernière a quatre ans et demi et à qui il voudrait encore laisser des souvenirs de père. Chacun de ses concerts semble gagné contre la maladie, il y fait passer des émotions décuplées _ oui, et sans jamais rien forcer… _, tantôt rageuses (Beethoven), tantôt tendres (Brahms), tantôt les deux à la fois (Mozart) : humaines, tout simplement _ voilà ! Lars Vogt, ou l’humanité la plus vraie… Il joue à son festival le 24 juin 2022, donnant en bis cet Intermezzo op. 117  n°1 de Brahms _ en regarder ici la vidéo (d’une durée de 5′ 42), titrée « Letzter Soloauftritt von Lars Vogt bei SPANNUNGEN«  _ qui est une invitation _ selon ses mots… _ à s’endormir paisiblement, et dirige encore du piano l’Orchestre de chambre de Paris à l’hôtel de Sully les 9 et 10 juillet. Son visage s’est creusé, mais reste ce menton volontaire qui pourrait être intimidant s’il n’était adouci par un regard lumineux et intense _ oui _ et un sourire désarmant _ voilà. Dans les premiers jours de septembre il envoie un message d’au revoir à ses amis, pour leur dire combien ils ont compté pour lui, et s’éteint le 5 septembre 2022 à la clinique d’Erlangen, trois jours avant son 52e anniversaire, laissant le monde musical désemparé mais nourri du souvenir de son rayonnement.

« Lorsque je joue du piano, j’ai l’impression de diriger un orchestre, en quelque sorte. »

Lars Vogt et l’Orchestre de chambre de Paris en 2021 à la Philharmonie de Paris

À Lars

Ta lumière, ta bienveillance, ton talent, ta capacité à mettre tous les sentiments humains _ oui _ dans ta musique, ton authenticité, ta générosité _ sans compter _, ton humour, ta liberté, ta souplesse, ton ouverture _ tout cela allant très simplement de pair _, ta tolérance, ton courage, ton désir d’amener tout le monde sur un terrain d’entente, ton talent pour réunir _ oui _, ton sourire chaleureux et communicatif, tes expressions tendres et uniques font de toi une des personnes, si rares _ oui ! _, capables en si peu de temps – en trop peu de temps ! – de nous guider et de changer nos vies.

La musique, entre tes mains, était comme la matière du sculpteur, chez toi, une matière infinie. À propos d’une phrase sublime d’un concerto, tu nous disais un jour que Mozart ouvrait une fenêtre sur le monde du divin : en fait, c’est toi qui ouvrais cette fenêtre, avec simplicité _ oui _, sur un monde immense. Toujours dans la joie _ voilà ! la plus rayonnante et pure joie… _, tu as partagé avec nous ton amour absolu pour la musique.

Tu laisses, en chacun de nos cœurs, une empreinte magnifique, et nous sommes tous conscients de la chance inouïe _ en effet _ d’avoir pu cheminer avec toi, d’apprendre de toi en musique comme dans la vie. Nous allons continuer de t’honorer et de grandir comme groupe, unis par la force tellurique _ oui _ que tu nous as transmise _ voilà _, sachant que tu aurais sans doute voulu que l’on te chante plutôt que l’on te pleure.

Que ton extraordinaire lumière nous inonde éternellement, cher Lars !

Les musiciens de l’Orchestre de chambre de Paris

Lars Vogt et l’Orchestre de chambre de Paris en quelques dates…

20 DÉCEMBRE 2018

Théâtre des Champs-Élysées

Premier concert de Lars Vogt avec l’orchestre autour d’une œuvre de Schumann qu’il affectionne particulièrement, le Concerto pour piano. Le chef et pianiste est rapidement séduit par le travail en profondeur de l’orchestre et ce premier contact avec les musiciens.

26 SEPTEMBRE 2019

Théâtre des Champs-Élysées

De nouveau invité par l’orchestre, Lars Vogt donne le Concerto pour piano no 1 de Mendelssohn, œuvre qui le suit dans les moments importants de sa vie musicale. Il indique à plusieurs reprises s’être toujours senti très proche de l’esprit du compositeur _ et c’est absolument évident.

 

24 JUIN 2020

Extrait du Concerto « Jeunehomme », Mozart

Confinés et isolés lors de la crise sanitaire, Lars Vogt et les musiciens et musiciennes de l’orchestre interprètent à distance un extrait du Concerto pour piano no 9 en mi bémol majeur de Mozart. Cette prouesse musicale et technique aboutit à une vidéo mise en ligne et contribue à rassembler virtuellement les artistes et le public.

11 ET 12 JUILLET 2020

Hôtel de Sully

Dans le cadre exceptionnel des jardins de l’hôtel de Sully – Centre des monuments nationaux à Paris, Lars Vogt donne en joué-dirigé le Concerto pour piano n° 9 en mi bémol majeur, dit « Jeunehomme », de Mozart. Ce concert est capté et diffusé par ARTE Concert.

 

30 SEPTEMBRE 2020

Théâtre des Champs-Élysées

Lars Vogt donne son premier concert en tant que directeur musical de l’Orchestre de chambre de Paris, avec son ami violoniste Christian Tetzlaff.

« Ma relation avec Lars est intense, c’est ma plus profonde amitié musicale. Il est mon « artiste-héros » et aussi mon meilleur ami dans la vie. »
Christian Tetzlaff

 

5 OCTOBRE 2020

Philharmonie de Paris

Premier concert de Lars Vogt dans la Grande salle de la Philharmonie en tant que chef d’orchestre. Aux côtés d’un chef-d’œuvre de la musique classique, le Requiem de Mozart, il était heureux de présenter la création d’une jeune compositrice française, Clara Olivares.

6 JANVIER 2021

Philharmonie de Paris

A travers la production « Père et fils » mêlant danse, théâtre et musique avec les ténors Christoph et Julian Prégardien et le chorégraphe Thierry Thieu Niang sur de la musique de Beethoven et Schubert, Lars Vogt témoigne de son approche intimiste et personnelle de la musique. En raison de la situation sanitaire, ce concert fait l’objet d’une captation et d’une diffusion sur les sites ARTE Concert et Philharmonie Live.

1ER FÉVRIER 2021

Philharmonie de Paris

Lars Vogt se sentait proche de Schumann et exprimait son bonheur de transmettre cette musique au public, ce jour-là sous forme
de captation diffusée sur Philharmonie Live. Une musique pleine de joie, d’amour et de poésie mais aussi de tristesse, qu’il aimait particulièrement.

AVRIL 2021

Philharmonie de Paris

Lars Vogt et l’orchestre enregistrent le Concerto pour clarinette de Mozart avec le clarinettiste Raphaël Sévère, pour le label Mirare.

« J’ai beaucoup d’admiration pour Lars Vogt car il déborde d’une énergie foisonnante qui toujours se conjugue avec naturel vers les bonnes choses. Dans tout ce qu’il fait il est profondément sincère et il a cette flamme qui fait vivre la musique. Jouer avec lui est un bonheur. »

Raphaël Sévère

5 – 9 SEPTEMBRE 2021

Philharmonie de Paris / Paris Play-Direct Academy

Profondément investi dans les actions de transmission, Lars Vogt parraine cette 10ème édition de l’académie de joué-dirigé de l’orchestre consacrée au piano. Au cours de masterclasses, il accompagne et conseille les jeunes instrumentistes dans cette pratique.

16 OCTOBRE 2021

Théâtre des Champs-Élysées

Lors de ce concert, Lars Vogt réunit une nouvelle fois l’entente personnelle et artistique en invitant un ami de longue date, le violoncelliste Alban Gerhardt. Ce lien que Lars Vogt entretient avec les musiciens sur scène, toujours sincère et fort, offre au public des instants musicaux de grâce.

« Mon vieil ami, colocataire et partenaire de musique de chambre Lars Vogt est l’un des musiciens avec lesquels je préfère travailler. »
Alban Gerhardt

2-5 NOVEMBRE 2021

Philharmonie de Paris

Lars Vogt enregistre avec l’Orchestre de chambre de Paris un premier disque qui aurait dû marquer le début du cycle Mendelssohn, paru au printemps 2022 chez Ondine.

17 DÉCEMBRE 2021

Philharmonie de Paris

Kurtàg était pour Lars Vogt le plus grand compositeur vivant de notre époque. Lors de cette soirée consacrée à Bach, le directeur musical met en relation ses courtes pièces avec celles du « dieu de la musique » comme il appelait alors Bach.

13 JANVIER 2022

Théâtre des Champs-Élysées

Invité par l’orchestre pour ce concert consacré à Mahler, Strauss, Fauré et Britten, le ténor Ian Bostridge est frappé par la merveilleuse atmosphère de collaboration et d’amitié que Lars Vogt a réussi à créer avec les musiciens.

 

10 MARS 2022

Théâtre des Champs-Élysées

Lars Vogt retrouve son complice Alban Gerhardt, violoncelliste, dans le Premier concerto pour violoncelle de Chostakovitch. Avec l’orchestre, il interprète la Symphonie classique de Prokofiev et la Sérénade pour cordes de Tchaïkovski.

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12 MARS 2022

Salle Cortot

Lors de ce concert de retrouvailles avec les solistes de l’orchestre, Lars Vogt et les musiciens interprètent un mémorable quintette de Schumann et le premier quatuor avec piano de Mozart.

21 MARS 2022

Philharmonie de Paris

Intégralement dédié à Mendelssohn, ce concert accompagne la sortie du disque Mendelssohn consacré aux œuvres concertantes et annonce de futurs projets d’enregistrement du répertoire symphonique.

« Les mouvements lents des œuvres de Mendelssohn m’émeuvent aux larmes. »
Lars Vogt

21 AVRIL 2022

Théâtre des Champs-Élysées

Antje Weithaas, artiste associée de la saison 2021/2022, joue sous la direction de Lars Vogt, le Concerto pour violon de Beethoven.

Antje Weithaas dit de Lars Vogt qu’il est probablement le meilleur musicien qu’elle connaisse pour interpréter la musique de Schumann.

« Les musiciens de l’Orchestre de chambre de Paris et moi sommes déjà parvenus à développer une authentique et forte relation musicale et humaine. » Lars Vogt

22 AVRIL 2022

Philharmonie de Paris / Académie de jeunes compositrices

Lors de la première lecture publique de l’Académie de jeunes compositrices de l’Orchestre de chambre de Paris, Lars Vogt dirige quatre œuvres nouvelles pour ensemble instrumental. Désireux de « trouver l’expression et la voix de la jeunesse de notre temps », il incite les jeunes compositrices à présenter leurs œuvres – voire à les diriger.

9-10 JUILLET 2022

Hôtel de Sully

Empreints d’une émotion palpable, ces concerts sont les derniers de Lars Vogt avec l’Orchestre de chambre de Paris. Il y dirige du piano l’ultime concerto pour piano de Mozart et a choisi pour bis l’Andante du deuxième concerto pour piano de Chostakovitch.

Sensible à la démarche citoyenne de l’orchestre à l’adresse des plus fragilisés, engagé dans le programme de transmission et fervent chambriste, Lars Vogt a entamé avec l’orchestre une riche aventure à la fois humaine et musicale.

Retrouvez les concerts de Lars Vogt en vidéo

ARTE rend hommage au pianiste et chef d’orchestre Lars Vogt et rediffuse trois concerts sur ARTE Concert.

Lars Vogt dans le Concerto « Jeunehomme » de Mozart.
Lors de ce concert enregistré en juillet 2020 dans les jardins de l’Hôtel de Sully, Lars Vogt, à la direction de l’Orchestre de chambre de Paris et au piano,
a également donné le Concerto pour piano n° 21 de Mozart.

Lars Vogt dirige Beethoven et Schubert

Les ténors Christoph et Julian Prégardien ont interprété avec l’Orchestre
de chambre de Paris des lieder de Beethoven et de Schubert en janvier 2021 à la Philharmonie de Paris.
Diffusé également sur Philharmonie Live.

Concerto pour piano n° 3 de Beethoven
Invité du HR-Sinfonieorchester en avril dernier à Francfort, Lars Vogt a interprété le Concerto pour piano n° 3 de Beethoven sous la direction de Karina Canellakis.

Retrouvez ces concerts pendant plusieurs mois sur ARTE Concert : arte.tv/larsvogt

Également disponible :

Lars Vogt dans Schumann

Une histoire particulière liait Lars Vogt au Concerto pour piano de Schumann, « l’une des œuvres les plus splendides du répertoire pour piano ». Lors de ce concert Lars Vogt a également dirigé l’Orchestre de chambre de Paris dans la Deuxième Symphonie.

Enregistré en avril 2021 à la Philharmonie de Paris par France Musique et diffusé sur Philharmonie Live : philharmoniedeparis.fr/fr/live

LARS VOGT VU PAR LA PRESSE

« Gestuelle élégante et souple, corps mobile et visage ouvert, capacité à être à la fois un soliste habité et un chef très présent. »
Sophie Bourdais, Télérama

« Un artiste authentique, simple et chaleureux. »
Emmanuelle Giuliani, La Croix

« Son jeu vigoureux et naturel ignore la tentation virtuose, déployant au contraire un sens raffiné des couleurs et des nuances. Que ce soit dans Bach, Mozart, Brahms ou Mendelssohn, le musicien déploie un toucher ductile, capable de passer de l’ombre à la lumière, de la poésie à l’humour, du tragique à la joie. » Marie-Aude Roux, Le Monde

« Si sa gestuelle de chef n’était pas la plus académique, le résultat sonore était passionnant, obtenant dans Mendelssohn, Schumann ou Brahms une richesse sonore, un sens de l’architecture et une pulsation naturelle qui promettaient énormément. Sans parler de son énergie communicative et de son attention aux autres. »
Christian Merlin, Le Figaro

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L’Orchestre de chambre de Paris utilise pour ses supports de communication des papiers recyclés (Papier FSC : gestion responsable des forêts) et de l’encre végétale.

De bien merveilleux témoignages  sur un musicien à jamais plus que vivant

en sa naturelle humanité généreuse vraie !

Ce vendredi 7 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le grand Michael Spyres dans les sublimes « Nuits d’été » d’Hector Berlioz et Théophile Gautier (version, avec orchestre, de 1856) : qu’en penser ?..

14avr

Les « Nuits d’été » d’Hector Berlioz sur des poèmes de Théophile Gautier, sont le plus sublime monument de la mélodie française ;

et Michael Spyres est un des plus merveilleux chanteurs en activité aujourd’hui.

Cependant, la prestation de celui-ci dans le CD « Les Nuits d’été Harold en Italie«  _ le CD Erato 5054197196850, paru le 18 novembre 2022 _, en un enregistrement à Strasbourg du 12 au 15 octobre 2021, sous la direction de l’excellent berliozien qu’est John Nelson, à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg,

constitue une relative déception à mes oreilles et à mon goût :

pae ce que j’estime être un certain manque de naturel de l’interprète,

un peu trop opératique…

Voici l’opinion de Jean-Charles Hoffelé, en un article significativement intitulé « Timothy«  _ en l’honneur de l’altiste Timothy Ridout, en verve dans le « Harold en Italie » de ce CD Erato…en date du 7 janvier 2023, sur son site Discophilia :

TIMOTHY

…Passons à pieds joints _ rien que cela !!! _, sur le tour de force parfois pénible _ hélas, oui… _ des Nuits d’été selon Michael Spyres : si son « baryténor » lui permet d’offrir chaque mélodie dans sa tonalité originale, les dotant d’un français plus étudié que naturel _ hélas ! _, comment ne pas entendre que les notes lui résistent pourtant, plus que les sentiments d’ailleurs : Sur les lagunes est vraiment bien senti _ personnellement, je le trouve un peu trop théâtral, opératique… _, et évidemment John Nelson met à son orchestre une poésie, un art d’évoquer qui suffisent à rendre l’écoute attractive.

Pourtant, lorsque l’alto de Timothy Ridout murmure la première méditation de Byron de son archet diseur, soudain ce personnage qui manquait aux Nuits d’été parait. Il ne quittera plus l’auditeur au long de cet Harold en Italie débarrassé de toute grandiloquence jusque dans les tonnerres de l’orgie de brigands, voyage dans des paysages dont l’orchestre de peintre rêvé par Berlioz s’incarne enfin avec toutes ses subtilités : décidément les Strasbourgeois y sont étonnants, tout comme hier dans la Messe Glagolitique de Janáček. Mais c’est d’abord la sonorité ambrée du jeune altiste anglais qui vous cueillera.

Cet ambre des cordes, ce fluide de l’archet, quel altiste les aura possédés avant lui ? Lionel Tertis, et comme Tertis Timothy Ridout sait ce que chanter suppose, le phrasé, les mots imaginaires derrière les notes, les couleurs pour les émotions. Justement, il grave la transcription que Tertis réalisa à son usage du Concerto pour violoncelle d’Elgar, le compositeur l’ayant adoubée jusqu’à diriger la création de ce que l’altiste espérait comme un ajout majeur au répertoire de l’instrument.

Las, cette mouture singulière ne s’imposa pas, affaire de sonorité certainement, l’alto de Tertis était un mezzo haut et sa transcription tire à l’aigu, mais justement la sonorité claire de Timothy Ridout retrouve l’esprit de celle du transcripteur et dans l’orchestre savamment allégé par Martyn Brabbins donne à l’œuvre une couleur nostalgique émouvante.

Contraste total avec la Suite pour alto et orchestre aux couleurs extrêmes orientales que Bloch composa en 1919. C’est l’univers balinais qui ouvre le voyage (initialement Bloch avait intitulé le premier mouvement « Jungle »), le compositeur emportant son alto dans un orchestre hautement évocateur.

L’œuvre est demeurée rare, même au disque, elle culmine dans les lacis vénéneux d’un Nocturne ténébreux, moment magique où le jeune altiste déploie une incantation inquiète, phrasée pianissimo, d’une poésie fascinante, hypnose et sortilèges. Quelle œuvre !

LE DISQUE DU JOUR

Hector Berlioz (1803-1869)


Les nuits d’été, Op. 7, H. 81
Harold en Italie, Op. 16, H. 68

Timothy Ridout, alto
Michael Spyres, ténor
Orchestre Philharmonique de Strasbourg
John Nelson, direction

Un album du label Erato 5054197196850

Sir Edward Elgar (1857-1934)


Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur, Op. 85 (arr. pour alto : Lionel Tertis)


Ernest Bloch (1880-1959)


Suite pour alto et orchestre, B. 41

Timothy Ridout, alto
BBC Symphony Orchestra
Martyn Brabbins, direction

Un album du label harmonia mundi HMM902618

Photo à la une : l’altiste Timothy Ridout – Photo : © Kaupo Kikkas…

Et lire aussi _ et surtout _ l’excellent article très détaillé, lui, de Laurent Bury, intitulé « Les Nuits d’été par Michael Spyres – et si en plus il était soprano ? » en date du 19 novembre 2022, sur le site de Première Loge :

Les Nuits d’été par Michael Spyres – Et si en plus, il était soprano ?

19 novembre 2022

Le label Erato poursuit son projet Berlioz dirigé par John Nelson, après notamment des Troyens très remarqués et un Benvenuto Cellini qui n’est pas non plus passé inaperçu. Le chef américain a trouvé ses interprètes de prédilection, que l’on retrouve donc d’un disque à l’autre (Joyce DiDonato, par exemple), mais pour graver Les Nuits d’été, il n’a pas choisi de respecter le souhait du compositeur, qui prévoyait _ en 1856 _ des chanteurs différents pour les six poèmes de Théophile Gautier. Ou du moins, il a préféré un seul interprète qui se targue d’avoir plusieurs voix. Ce n’est en effet plus un secret pour personne : après avoir longtemps été ténor, Rossini étant d’abord son terrain d’élection, Michael Spyres se présente désormais comme baryténor _ voilà ! cf par exemple mon article du 23 octobre 2021 : « «  _, alternant à volonté ces deux timbres, comme il le faisait récemment dans un disque portant exactement ce titre. C’est ce qui lui permet un exploit supplémentaire : respecter la tonalité d’origine pour chacune des pièces.

Heureusement, il ne prétend pas encore pouvoir être aussi soprano, mezzo, ou contre-ténor. Car, par-delà la performance physique, il n’est pas sûr que l’auditeur s’y retrouve vraiment _ aïe – aïe… D’une part, parce que l’on a plus d’une fois l’impression que Michael Spyres s’écoute chanter _ hélas… _ , tout content d’étaler des graves de baryton, voire de baryton-basse. C’est en particulier le cas dans « Le Spectre de la rose » _ ampoulé, en effet _ et dans « Sur les lagunes »  _ trop théâtral, opératique… _ : le chanteur se fait plaisir, s’enivre du beau son qu’il est capable de produire dans une tessiture où l’on ne l’attendait pas a priori, mais il en perd de vue l’émotion qui devrait affleurer _ avec bien plus de naturel… _ et qu’ont si bien su traduire d’autres artistes _ mais oui, à commencer par Régine Crespin ou Janet Baker, ainsi que pas mal d’autres… Il y a là un peu trop d’art et pas assez de naturel _ voilà, voilà ! C’est exactement ça ! De même, la Villanelle initiale manque _ voilà ! _ de fraîcheur : le tempo en est bien _ trop _ lent, et il manque surtout l’entrain _ voilà encore ! _ que l’on aimerait y entendre. De manière générale _ et c’est parfaitement juste _, c’est une approche très « opéra » qui a été adoptée ici  _ à tort !  en effet… _ , dont on peut penser qu’elle n’est pas forcément le meilleur choix pour cette partition qui, même orchestrée, n’est pas si éloignée de l’univers des salons _ mais oui _ auquel elle était au départ destinée.

La deuxième partie du recueil est en revanche beaucoup plus enthousiasmante _ et je partage complètement cet avis _, avec deux mélodies dans lesquelles on retrouve celui qui fut le plus somptueux des titulaires du Faust de La Damnation, qui savait nous tirer des larmes lorsqu’il invoquait la Nature immense. « Au cimetière » est une réussite totale _ oui, oui : sobre et juste, ai-je noté pour ma part… _, sur un texte qui convient à merveille au ténor – car c’est bien un ténor que l’on y entend, avec un chant qui relève bien plus de l’évidence _ oui ! et c’est cela qu’il faut pour entraîner la conviction… _ dès lors qu’il ne cherche plus à prouver quoi que ce soit. Michael Spyres y convainc pleinement _ oui _ et trouve _ enfin _ sans effort les accents les plus adéquats, avec cette diction stupéfiante du français qui est depuis longtemps sa caractéristique. « L’île inconnue » fonctionne aussi très bien _ c’est exactement ce que j’ai moi-même aussi noté ! _, prise à un tempo allant _ oui, oui _, et avec un bel effet de dialogue entre le nautonier et sa belle.

Le programme est complété par Harold en Italie avec le jeune altiste britannique Timothy Ridout en soliste. Déjà protagoniste des deux intégrales d’opéra mentionnées plus haut, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg y livre également une fort belle prestation, John Nelson excellant à traduire les atmosphères évoquées par Berlioz, comme le montrait déjà « Au cimetière », décidément le sommet _ oui, avec L’île inconnue _ de ces Nuits d’été. Ah, si monsieur Spyres avait bien voulu partager avec ses camarades…

Voici aussi un choix de quelques liens _ au nombre de 5 _ à un florilège de précédents articles miens à propos de diverses belles interprétations de ces sublimes berlioziennes « Nuits d’été » que j’aime tant… :

_ le 24 octobre 2011 : « « 

_ le 19 janvier 2019 : « « 

_ le 12 février 2019 : « « 

_ le 22 février 2019 : « « 

_ le 23 mai 2020 : « « 


Voilà.

Ce vendredi 14 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

La merveilleuse surprise d’un Jean Rondeau enfin justissime, et non hystérisé, en un magnifique programme « Gradus ad Parnassum », sur un superbe clavecin de Jonte Knif et Arno Pelto : de Palestrina à Debussy, en passant par Haydn, Mozart, Clementi et Beethoven, et bien sûr Fux, l’auteur du « Gradus ad Parnassum », en 1725 ; un miraculeux CD. Ou la révélation de ces oeuvres en leur absolu « naturel » par leur interprétation au clavecin…

02mar

C’est une magnifique _ divine… _ surprise que Jean Rondeau, enfin justissime et non hystérisé _ peut-être parce que le fond de l’affaire, cette fois-ci, est, au moins en son départ, et à sa base, l’assez exigeant contrepoint (de Fux : célèbre Kapellmeister de la cour de Vienne, organiste, compositeur, pédagogue estimé et auteur du Gradus ad Parnassum, en 1725, un traité de composition dont la force et le très durable succès résident dans sa consolidation des traditions contrapuntiques héritées des deux siècles précédents. Les interprétations qui s’ensuivent, en ce CD de Jean Rondeau, étant, elles, tout au contraire, et il faut bien le souligner, rayonnantes de « naturel« , d’élégance et même de tendresse ; sans la moindre once de rigide ni de forcé… _, vient nous offrir en un vraiment splendide, absolument maîtrisé, et d’une fluidité merveilleusement naturelle _ oui, oui, il me faut bien y insister _ et inventive, CD intitulé « Gradus ad Parnassum«  _ le CD Erato 5054197416170  _,

avec un merveilleux programme d’œuvres bâties autour et à partir de ce fameux Traité de contrepoint et composition musicale, de 1725, qu’est le « Gradus ad Parnassum« , du compositeur Johann-Joseph Fux (Hirtenfeld, 1660 – Vienne, 13 février 1741),

et cela sur un superbe clavecin de Jonte Knif & Arno Pelto (de 2006) _ et avec une superlative prise de son d’Aline Blondiau, en la fameuse salle de musique de La Chaux-de-Fonds, à l’acoustique parfaite ! où ce miraculeux enregistrement a eu lieu du 8 au 12 octobre 2021 _ :

un programme tout à la fois ingénieux, inventif _ et d’abord dans le choix, au départ audacieux, d’interpréter toutes ces œuvres, jusqu’à celle de Debussy, Doctor Gradus ad Parnassum, un pastiche de la série d’exercices pour le piano Gradus ad Parnassum, composée par Muzio Clementi, qui constitue la première pièce de « Children’s corner« , entre 1906 et 1908), sur clavecin ! Un choix qui n’a rien d’arbitraire et gratuit, et permet rien moins que leur lumineuse révélation !!!.. _ et absolument splendide,

qui va de Giovanni-Pierluigi da Palestrina (1525 – 1594) à Claude Debussy (1862 – 1918),

en passant par Joseph Haydn (1732 – 1809), Wolfgang-Amadeus Mozart (1756 – 1791), Muzio Clementi (1752 – 1832) et Ludwig van Beethoven (1770 – 1827),

et bien sûr Johann-Joseph Fux (1660 – 1741), l’auteur du célébrissime Traité de contrepoint intitulé « Gradus ad Parnassum« , en 1725…

Qu’on écoute, en particulier, les merveilles tout simplement admirables _ et quasi inouïes jusqu’ici à un tel degré de perfection en leur absolu « naturel«  ! _ qu’obtient ici, sur le clavecin, Jean Rondeau,

dans les 28′ de la Sonate Hob. XVI.46 de Joseph Haydn,

dans les 6′ 24 de la Fantaisie n°3 K. 397 et les 6’23 de l’Andante de la Sonate n°16 K. 545 de Mozart,

ou dans les 6’07 de l’Étude n°14 du Gradus ad Parnassum de Muzio Clementi…

C’est renversant de beauté de classicisme libre et lumineusement, tout en sourire, épanoui,

voilà ;

et qui, sans la moindre précipitation un peu trop virtuose, sait merveilleusement prendre tout le temps, serein, lumineux et joyeux, qu’il y faut, pour que ces pièces, en toute plénitude de leur « naturel« , viennent vraiment s’épanouir…

Ce à quoi il faut ajouter aussi que l’instrument qu’est ce clavecin magnifique _ de Jonte Knif et Arno Pelto (de 2006) _, et cette prise de son superlative _ d’Aline Blondiau _, aident aussi, afin de servir en toute perfection la gracilité toute simple splendidement épanouie, déjà, de ces pièces _ la majorité d’entre celles-ci (8/12) étant postérieures à l’invention (au mitan du XVIIIe siècle), et rapide triomphe, du piano-forte…

Ces Haydn et Mozart, servis donc ici au clavecin par Jean Rondeau, sont ainsi comme enfin révélés à eux-mêmes, voilà, mieux encore que par le pianoforte, ou le piano classique de concert :

j’en prendrai pour exemple une comparaison de cette si heureuse et radieuse interprétation-ci par Jean Rondeau (en 28′) de la Sonate Hob. XVI.46 de Joseph Haydn _ probablement l’acmé de ce si beau CD ! _avec l’interprétation _ qui m’avait pourtant bien plue : « épatamment jeune« , « pétulante« , disais-je…  _ du cher Christian Zacharias (en 17′ 39″ _ contre les 28′ de Jean Rondeau : une différence considérable… _) sur un Steinway Concert Grand Piano D. 1901, en son récent très réussi CD « Haydn Sonatas » MDG 940 2257-6cf mon article du 31 janvier dernier : « « 

Quelle interprétation de Jean Rondeau en tout ce CD « Gradus ad Parnassum » ! Quel jeu !!! quelles délices !

Un pur ravissement de musicalité… Et cela grâce au clavecin, mais oui !

Une fête qui nous comble !!!

Une absolue révélation musicale, donc, par ce très évident CD !

Ce jeudi 2 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Partage d’enthousiasme pour cette merveille qu’est le coffret des 3 CDs de l’Intégrale des Mélodies pour voix seule de Gabriel Fauré par Cyrille Dubois, ténor, et Tristan Raës, au piano

06août

Le 3 juin dernier,

dès mon achat du coffret « Complete Songs » de 3 CDs des Mélodies pour voix seule de Gabriel Fauré, par le ténor Cyrille Dubois, et son complice attitré au piano Tristan Raës, pour le label Aparté _ AP284 _,

je n’ai pas ménagé mon enthousiasme

en mon article « « 

Or voici que ce 6 août 2022, sur le site de ResMusica,

Matthieu Roc exprime à son tour son parfait enthousiasme

en un superbe article intitulé, lui, « Dans son Intégrale des Mélodies de Fauré, Cyrille Dubois surclasse tous ses prédécesseurs » :

on ne saurait mieux dire !!!

Voici donc cet article

dont je partage pleinement la satisfaction pour le travail éblouissant, et si simple et évident à l’écoute, de Cyrille Dubois et Tristan Raës :

Le duo ristan Raës et Cyrille Dubois a déjà montré de quelles merveilles il était capable, dans Boulanger et dans Liszt _ 2 CDs dans lequel j’ai personnellement pu, moi aussi, les admirer : cf mes articles du 2 mars 2020 « «  et du 25 novembre 2019 : « «  Chanter Fauré n’était pas sans risque, mais avec tant de talents et de simplicité _ voilà _, la réussite est encore une fois éclatante.

Ce n’est _ certes _ pas la première intégrale des mélodies de Fauré, ni même la première à être entièrement chantée par des artistes français ou francophones « native speaker ». Mais c’est la première à être confiée entièrement à un seul chanteur _ voilà ! _, au risque de quelques discrètes transpositions, qui ne dérangeront pas _ du tout _ les mélomanes. Le choix d’une présentation en trois concerts, un par CD, avec une progression chronologique interne est adroite, et permet d’éviter le didactisme. Mais c’est un peu une précaution inutile : le charme de cette interprétation est tel qu’en écoutant chaque mélodie, on en oublie laquelle vient avant ou après, et même qui l’a déjà chantée, tant est bluffant le « miracle Cyrille Dubois » _ c’est dit !

Il faut expliciter ce miracle… On connait toutes les qualités conjuguées du ténor et du pianiste. L’émission claire et simple du premier (pas opératique du tout _ en effet… ; et c’est bien sûr très heureux ici… _), la délicatesse _ discrète comme il sied _ du second, la fluidité _ oui ! _ de leurs phrasés conjoints, la douceur des timbres _ oui, oui ! _, le raffinement _ parfait _ de leurs couleurs et de leurs nuances, tout cela confère aux mélodies une transparence totale _ d’un naturel parfait ! _ : transparence des lignes, transparence des textures, et transparence du texte _ soit l’idéal de la clarté française ! Tout est fin, tout est clair, tout est évident _ exactement… Les impressions, les climats se créent avec justesse _ comme il le faut absolument ! _ dans chaque mélodie et dans chaque cycle. Mais ce qui est qui est porté à un niveau exceptionnel, c’est la diction _ oui _ de Cyrille Dubois. Sans jamais être ni surarticulée, ni floutée, ni affectée _ en rien, jamais _ , elle restitue à l’oreille de l’auditeur une immédiateté de perception _ et intelligence, et saveur idéale _ des textes admirables de Verlaine, de Renée de Brimont, de Sully Prudhomme, etc. Cette immédiateté a la vertu de recentrer complètement le texte au cœur de chaque mélodie _ voilà _, au cœur de notre émotion _ aussi _, qui devient alors autant littéraire que musicale _ parfaitement. Fini, l’ _ insupportable et rédhibitoire _ effort de l’auditeur pour comprendre un texte qui se surimprimerait à la musique : il apparait immédiatement. Souvent même, on a l’impression que la prosodie de la poésie engendre la musique _ oui… _ au moment-même qu’on l’écoute (Au bord de l’eau ! Lydia !) _ et c’est dire là tout le suprême de l’art de mélodiste de Gabriel Fauré lui-même... Ça, personne encore ne nous l’avait donné, avant Cyrille Dubois et Tristan Raës.

C’est donc avec joie, et même un certain étonnement, que nous redécouvrons _ voilà _ les mélodies de Fauré et les poésies sur lesquelles elles ont été bâties. Les Cinq mélodies « de Venise » et le Clair de Lune de Verlaine expriment à merveille le sentiment amoureux et tous ses sous-entendus d’espoir et d’angoisse. Le lyrisme contenu mais rempli de tendresse de La bonne chanson fait mouche, lui aussi. La luxuriance virginale de La chanson d’Eve, et sa prémonition de la mortalité à venir sont magnifiques _ rien moins ! Tout n’est pas élégiaque, et notre tandem est capable d’emportement, voire de violence dans Fleur jetée. La douleur du lamento de T. Gautier Chanson du pêcheur est glaçante de désespérance. Après un rêve, plus extatique qu’érotique, est riche comme jamais de seconds degrés ambigus. Les célèbres Berceaux, apanage des grandes voix sombres (Denise Scharley, José Van Dam…) qui savent y donner les échos d’une tragédie intense, trouvent ici une distanciation au-delà de l’émotion, mais d’une empathie extraordinaire _ voilà. Une lecture différente, mais tout aussi prenante.

Aucune des 103 mélodies de Fauré n’échappe à ce ré-éclairage, à cette revitalisation littéraire et délectable _ oui _ opérée par Cyrille Dubois et Tristan Raës. C’est toute l’intégrale qui est ré-authentifiée, comme si elle était chantée pour la première fois dans _ l’intimité chaleureuse et hyper-attentive de _ notre salon _ tout à fait. Certes, on pourrait trouver quelques très rares et minuscules reproches techniques à leur faire. Certes, ils ne nous feront pas oublier Régine Crespin, Berthe Montmart… Maurane, Souzay, Panzéra… Mais parmi les très honorables intégrales gravées existant déjà – et qui recèlent d’authentiques trésors – il est évident qu’ils occupent désormais la toute première place _ oui _, et sans doute pour longtemps. Dans le monde richissime mais toujours peu fréquenté de la mélodie française, c’est un évènement, si non un avènement _ c’est là parfaitement exprimé.

Gabriel Fauré (1845-1924) : intégrale des mélodies.

Cyrille Dubois, ténor ; Tristan Raës, piano.

3 CD Aparté.

Enregistrés en juillet et aout 2020, et en juin 2021, salle Colonne à Paris.

Présentation en anglais et en français.

Textes des poèmes français fournis, avec traduction en anglais.

Durée totale : 3h 52′

Un événement discographique majeur, donc, que ce coffret si idéalement réussi des Mélodies de Fauré

par l’art parfait de Cyrille Dubois et Tristan Raës !

Ce samedii 6 août 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

En commençant à picorer dans le trésor des 18 h 36′ du coffret Supraphon « Karel Ančerl Live Recordings » : une merveille de naturel…

02août

Sur les conseils de l’article « Karel Ančerl en perspective » de Pierre-Jean Tribot dans le numéro  de Crescendo du 2 février dernier

(cf mon article d’hier « « ),

 

ainsi que le très détaillé article « Le Survivant » de Christophe Huss dans le numéro 712 du Diapason du mois de juin dernier,

voici qu’à la rescousse est venu aussi l’article « Le Moderne » de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia le 29 juillet dernier…

Il n’en fallait guère plus pour me faire me procurer illico presto l’admirable coffret Supraphon de 15 CDs « Karel Ančerl Live Recordings Czech Philharmonic Orchestra«  _ SU 4308-2.

Et pour commencer à y picorer, avec gourmandise,

vue l’affection musicale que je porte à ce chef si juste, clair, net, élégant ;

tel qu’il est si magnifiquement saisi ici en concert à la direction de la Philharmonie de Prague, où il a été en poste de 1945 à 1968… 

En cette salle du Rudolfinum,

dont j’ai pu apprécier l’acoustique splendide en concert, le 12 février 1994… 

Quelle extraordinaire naturelle présence,

en cette merveilleuse direction, si souple, si claire, si nette, si lumineuse,

de Karel Ančerl !

LE MODERNE

Revenu des camps de la mort, Karel Ančerl vécut sa résurrection en retrouvant l’Opéra de Prague et l’Orchestre de la Radio quasi dès sa libération en 1945. En 1950, dix huit années prodigieuses allaient s’ouvrir pour recueillir l’acmé de son art. Il réforme l’Orchestre Philharmonique Tchèque sous l’œil bienveillant de Václav Talich.

À l’art vif et coupant, absolument objectif de Karel Ančerl, Talich allait ajouter une densité expressive qui s’entendra dans Asrael, le chef-d’œuvre de Josef Suk. Le flambeau était passé.

Le disque microsillon naissant illustra d’abondance cette collaboration exigeante entre Karel Ančerl et la Philharmonie Tchèque, Supraphon réglant une prise de son admirable de réalisme et éditant un grand nombre de disques devenus depuis des références intangibles, de la 9e de Mahler à Alexandre Nevsky de Prokofiev en passant par Le Sacre du printemps de Stravinski.

Parallèlement la Radio de Prague engrangea les concerts, et les conserva pieusement, les archivistes ayant conscience de l’importance historique d’un tel trésor, recopiant régulièrement les bandes afin qu’elles ne subissent pas les outrages du temps. C’est dans cette malle aux trésors que Supraphon est allé puiser _ voilà _ pour éditer ce généreux coffret tombé littéralement du ciel _ mais oui !

Deux buts, y révéler des œuvres que Supraphon n’avait pas gravées avec Karel Ančerl – par exemple une prodigieuse Symphonie « Italienne » d’une exactitude, d’une finesse rythmique inouïes _ oui ! C’est là du plus pur et parfait Mendelssohn… _, Supraphon l’avait confiée à Pedrotti (toute belle version d’ailleurs) – et donner un autre visage à des œuvres déjà gravées auxquelles le concert apporte une dimension supplémentaire : écoutez seulement _ voilà !Ma patrie.

Une part congrue de cette manne a pu circuler sous certaines étiquettes (Praga Digitals, Multisonic, Panton), mais jamais dans des reports d’une telle qualité _ en effet !

Quelques perles : un Don Juan prodigieux d’élan, une Shéhérazade ravélienne qui envole Suzanne Danco, plus sublime encore qu’avec Ernest Ansermet, une 8e de Beethoven acérée et volcanique, des Chants et Danses de la mort avec Leonard Mróz dans l’orchestration expressionniste d’Otakar Jeremiáš, Asraël et Maturation de Josef Suk, une Suite scythe de Prokofiev, de stupéfiants Nocturnes de Debussy (Sirènes !!!!).

Découvertes majeures, deux œuvres rares de Vitezslav Novák, la bachique Symphonie automnale et le mystérieux Pan. Un regret : que Supraphon n’ait pas repris le Deuxième Concerto de Chopin avec Wilhelm Kempff ; d’ailleurs les archives conservent largement de quoi composer un second volume tout aussi opulent et essentiel _ voilà !

LE DISQUE DU JOUR

Karel Ančerl
Live Recordings

Œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Ludwig van Beethoven (1770-1827), Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847), Modeste Moussorgski (1839-1881), Bedřich Smetana (1824-1884), Antonín Dvořák (1841-1904), Josef Bohuslav Förster (1859-1951), Vitezslav Novák (1870-1949), Josef Suk (1874-1935), Claude Debussy (1862-1918), Maurice Ravel (1875-1937), Richard Strauss (1864-1949), Sir Edward Elgar (1857-1934), Ralph Vaughan Williams (1872-1958), Walter Piston (1894-1976), Igor Stravinski (1882-1971), Sergei Prokofiev (1891-1953), Paul Hindemith (1895-1963), Witold Lutoslawski (1913-1994), Bohuslav Martinů (1890-1959), Erwin Schulhoff (1894-1942), Miloslav Kabeláč (1908-1979), Iša Krejčí (1904-1968), Jaroslav Ježek (1906-1942), Jan Novák (1921-1984), Jiří Pauer (1919-2007), Jindřich Feld (1925-2007), Jan Klusák (né en 1934)

Orchestre Philharmonique Tchèque
Orchestre Symphonique de la Radio de Prague
Karel Ančerl, direction

Un coffret de 15 CD du label Supraphon SU4308-2

Photo à la une : le chef d’orchestre Karel Ančerl – Photo : © Reg Innell/Toronto Star

 


Un coffret tout simplement indispensable, donc !

Ce mardi 2 août 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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