A l’occasion d’un merveilleux et saisissant CD « Johan-Helmich Roman – A Violino Solo » par la violoniste Sue-Ying Koang, redécouvrir l’oeuvre superbe de Johan-Helmich Roman (1694 – 1755), parfois qualifié de « père de la musique suédoise »…
19sept
C’est à l’occasion d’un merveilleux et prodigieux (!!!) CD Indesens-Calliope IC 038 « Johan-Helmich Roman – A Violino Solo » par la violoniste Sue-Ying Koang _ enregistré à Pompigny (canton de Vaud) au mois de mai 2023 ; et pour des œuvres ici en première mondiale !!! _,
que j’ai pu redécouvrir, dans les rayons de ma discothèque personnelle, trois autres échantillons discographiques de l’œuvre superbe _ et un tantinet perdue de vue ces dernières décennies, au moins en France _ de Johan-Helmich Roman (Stockholm, 26 octobre 1694 – Kalmar, 20 novembre 1755), considéré parfois comme « le père de la musique suédoise » _ cf aussi, à Stockholm, la dynastie des Düben, à partir de Gustav Düben (1628 – 1690), le créateur de la préciosissime collection Düben…
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Il s’agit des CDs
_ Swedish Society Discofil SCD 1019 « The Drottningholm Music – Sinfonias – Violin Concerto« , par le Drotningholm’s Chamber Orchestra dirigé par Stig Westerberg _ enregistré à Stockholm en septembre 1958, avril 1965 et novembre 1965 ; le CD est paru en 1996… _ ;
_ Musica Sveciae CAP 21344 « Sonatas and Assagi« , par Jaap Schröder, violin, et Johann Sonnleiter, harpsichord _ enregistré à Stockholm en mai 1986 ; le CD est paru en 1987 _ ;
_ Naxos 8-553733 « Music for a Royal Wedding – Drottningholm Music« , par l’Uppsala Chamber Orchstra dirigé par Anthony Halstead _ enregistré à Bälsta en avril 1996 ; le CD est paru en 1997.
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Alors que ce magistral CD « Johan-Helmich Roman – A violino Solo » de la violoniste Sue-Ying Koang n’a été chroniqué jusqu’ici par aucun de mes blogs musicaux préférés,
c’est l’article enthousiaste _ et le Diapason d’or qui, dans la foulée, a été conféré à ce très brillant CD _ de Loïc Chahine à la page 95 du numéro 736 de ce mois de septembre 2024, qui m’a fait me précipiter, pour mon bonheur de mélomane, sur ce CD, chez mon disquaire préféré.
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Voici donc ce justissime article de Loïc Chahine :
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Après celui de Fabio Biondi (Naïve, cf. n° 735) _ mais je suis allergique au jeu boursouflé de Fabio Biondi ! _, un nouvel album met à l’honneur le « père de la musique suédoise ». Sue-Ying Koang a choisi neuf pièces pour violon seul inédites _ en effet _ au disque et mêle aux Assaggi des Etudes (Övningar). On admire l’autorité, l’aplomb _ oui _ avec lesquels l’interprète aborde ces pages difficiles – dès les Etudes en ut mineur, mi bémol majeur et fa majeur, quelle maestria ! _ voilà. Si, conformément à leur genre, chacune développe un motif relativement répétitif, Koang leur insuffle variété et relief par la diversité des attaques, l’intelligence de l’agogique et une inspiration constamment renouvelée _ tout cela est très juste. « Captivée par l’originalité, la qualité » _ mais oui ! _ de ces œuvres _ trop méconnues _, elle nous en convainc à chaque instant _ c’est tout à fait cela…
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Quel chic !
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Les grandes _ virtuoses ! _ exigences techniques de Roman ne prennent jamais la violoniste en défaut, et elle paraît n’avoir rien à craindre des bariolages, doubles cordes, accords, lignes polyphoniques qu’elle déploie avec bravoure. La manière délicate lui réussit tout autant _ oui, oui _ : écoutez le début de l’Assaggio en mi mineur BeRI 312, aux allures d’improvisation que Koang restitue à la perfection _ voilà ! _ sans pour autant perdre le fil ! A entendre comme elle murmure ici, comme elle décoche là une note longue qui semble briser la ligne, comme elle relance le discours et varie les inflexions, on se dit que le mot panache _ oui, mais sans aucune vaine gratuité _ résume à merveille son interprétation. La mélancolie dont elle pare le Non troppo adagio est prenante, l’enchaînement avec l’Allegro moderato expertement géré. Et quel chic _ voilà ! _ dans la Giga finale !
La douceur solaire mise à l’entame de l’Andante de l’Assaggio BeRI 313, ses accélérations et rallentissements, les attaques « arrachées » de l’Allegretto, les légers portamentos qu’elle ose dans le finale du BeRI 317, par exemple, sont autant de trouvailles efficaces qui retiennent l’attention et confèrent une grande personnalité _ oui _ à cette vision partout empreinte de fantaisie _ qui convient bien évidemment à ces pièces, dans la ligne d’un Pisendel et d’un Telemann, que Roman a fréquentés, notamment lors d’un long séjour à la cour de Dresde, ainsi que lors de son passage à Hambourg…
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Aux œuvres originales de Roman, Koang joint deux arrangements par le Suédois de mouvements du Stabat mater de Pergolesi (Fac ut ardeat et Amen). Le pari qui consiste, pour le transcripteur, à confier à un violon seul des pages destinées à deux voix et un petit orchestre, et, pour l’interprète, à restituer cette richesse, est gagné haut la main : superbe ! _ voilà, voilà, voilà…
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Johan Helmich Roman :
Assaggi pour violon seul BeRI 312, 313 et 317. Etudes BeRI 332, 336, 337, 339, 347, 348.
Pergolesi/Roman : Stabat mater (extraits, arr. pour violon seul).
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Sue-Ying Koang (violon).
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Indésens. Ø 2023.
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TT : 1 h 07’.
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Diapason d’or
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Ce jeudi 19 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa